PROGRAMMATION 2019 JEU DE PAUME CONCORDE WWW.JEUDEPAUME.ORG
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PARTENAIRES Le Jeu de Paume est subventionné par le ministère de la Culture. Il bénéficie du soutien de la MANUFACTURE JAEGER-LECOULTRE, mécène privilégié. Les Amis du Jeu de Paume soutiennent ses activités.
SOMMAIRE 5 PROGRAMMATION CONCORDE 6 FLORENCE LAZAR 12 | 02 – 02 | 06 | 2019 8 LUIGI GHIRRI 12 | 02 – 02 | 06 | 2019 10 SALLY MANN 18 | 06 – 22 | 09 | 2019 12 MARC PATAUT 18 | 06 – 22 | 09 | 2019 14 LE SUPERMARCHÉ DES IMAGES 15 | 10 | 2019 – 01 | 2020 16 PROGRAMMATION SATELLITE 12 HERVÉ 17 LE NOUVEAU SANCTUAIRE 12 | 02 | 2019 – 01 | 2020 M ARIE HEINRICH 22 PROGRAMMATION CHÂTEAU DE TOURS HERVÉ 23 KOEN WESSING 17 | 11 | 2018 – 12 | 05 | 2019 MARIE HEINRICH 24 ACTIVITÉS CULTURELLES ET CINÉMA 27 LE JEU DE PAUME 32 INFORMATIONS PRATIQUES LE SUPERMARCHÉ DES IMAGES 14 | 10 | 2019 – 01 | 2020 Couverture Vue du Jeu de Paume © Jeu de Paume, photo Adrien Chevrot
FLORENCE LAZAR Jeu de Paume | Concorde Tu crois que la terre est chose morte... 12 | 02 – 02 | 06 | 2019 Florence Lazar (née à Paris en 1966) est artiste, la nouvelle création conçue pour l'occasion par Florence cinéaste et photographe. Elle s’attache dans son Lazar en Martinique. L’artiste y montre le combat d'une œuvre à faire surgir des récits minoritaires dans des agricultrice pour un système qui tienne compte des contextes géographiques et sociaux particuliers. spécificités et des besoins locaux. Le recours à l’enquête et l'attention portée au processus de transmission de l'histoire sont au cœur La Série photographique au collège Aimé-Césaire (2016) de son travail. réanime les débats nationaux et transnationaux autour de la période de la décolonisation, à travers couvertures de livres, L’exposition de Florence Lazar au Jeu de Paume propose une revues, affiches et cartes saisies par de jeunes collégiens. mise en perspective de son œuvre à travers une sélection Objets culturels et corps en devenir produisent un hiatus de films et de photographies datant de 2000 à aujourd’hui. entre toucher et connaissance. À la fin des années 1990, au sortir des guerres d'ex- Yougoslavie, Florence Lazar se saisit d’une caméra vidéo et L’exposition s’attache à montrer comment la pratique se rend sur place. Elle a besoin de comprendre ce qui vient documentaire de Florence Lazar s'est constituée, comment d’avoir lieu sur ce territoire tout à la fois proche, par son le plan fixe vidéo, issu de la photographie et d’une pratique histoire familiale, et étranger, parce qu’elle vit en France et antérieure du portrait, a évolué vers une image qui se creuse n’en parle pas la langue. La forme documentaire fait ainsi et un montage ciselé. Ce cheminement est aussi en soi une irruption et s'impose durablement dans son œuvre. forme de transmission. Il est l’occasion de se rapprocher, de franchir le seuil de l’image pour accompagner ces Elle a ainsi réalisé un ensemble de films sur différentes mouvements, de circuler parmi des récits hétérogènes pour situations issues du conflit en ex-Yougoslavie (la fin de la tenter de démêler les écheveaux de l’histoire qui s’est jouée guerre, la chute de Milošević, la création d’une cour spéciale ou se joue encore. à Belgrade pour juger les crimes de guerre, la réécriture de l’histoire en République serbe de Bosnie). Parallèlement, elle Le corpus d'œuvres de l'artiste traduit aussi une expérience a exploré d'autres contextes géographiques et sociaux, en du regard et de l’attention pour parvenir à discerner et s'intéressant à la restructuration urbaine d’une ville de la à construire un point de vue. Rien n’est donné d’emblée. banlieue parisienne, Montfermeil, ou plus récemment, aux Aucune réponse en tant que telle, mais des fragments à conséquences de l’usage massif du pesticide chlordécone assembler et des liens à tisser à partir de faits et de récits dans les bananeraies antillaises. L’ensemble de ces œuvres subjectifs défiant l'autorité de l'histoire dominante. propose une relecture des évènements et questionne la notion de transmission dans des contextes d’entravement ou Au cours de la dernière décennie, le travail de Florence d’effacement de la mémoire collective. Ces problématiques Lazar a été montré dans un certain nombre de festivals se poursuivent dans son travail photographique où sont de cinéma documentaire, notamment au FIDMarseille, au réanimés les débats nationaux et transnationaux autour de Cinéma du réel de Paris et au Festival international des la période de la décolonisation et des fragments de l’histoire films de femmes de Barcelone. Elle a reçu le prix qualité de la gauche autogestionnaire française. du Centre national de la cinématographie pour son film Les Bosquets (2012) et le prix de l’Institut français Louis L’enjeu de l’exposition est de rendre perceptible ces positions Marcorelles au festival Cinéma du réel pour son film Kamen minoritaires et leur acuité, aussi bien dans l'urgence de (Les Pierres) (2014). Florence Lazar a auparavant exposé au la crise ou de la lutte qu’au regard de l'histoire. Dans le musée d’Art moderne de la Ville de Paris (2010). Ses œuvres film Les Paysans tourné en 2000 au sortir de la guerre, un figurent dans les collections de nombreuses institutions paysan serbe livre sa vision du régime de Milošević. Kamen publiques françaises, comme le Musée de Grenoble, le (Les Pierres, 2014) retrace la manière dont la falsification Centre national des arts plastiques (CNAP), le Musée d’art de l’histoire s’impose comme prolongement de l'épuration moderne de la Ville de Paris et le Musée national d’art ethnique dans l’actuelle République serbe de Bosnie. Faisant moderne/Centre Pompidou de Paris. entendre une voix dissidente et féministe, le groupe de parole des Femmes en noir (2002) montre un hors-champ de Un catalogue est publié à l’occasion de l’exposition. la guerre en ex-Yougoslavie. Dans Confessions d’un jeune Textes de Sandra Cattini, Dean Inkster, Rasha Salti et militant (2008), le père de l’artiste présente sa bibliothèque et Giovanna Zapperi. 192 pages, 100 ill., 35 € redessine un cheminement intellectuel et militant à travers la gauche française. Commissaire : Sandra Cattini Conjointement à cette sélection d’œuvres anciennes, Commissaire associé : Dean Inkster l’exposition du Jeu de Paume dévoile 125 hectares (2019), Production Jeu de Paume 6
Florence Lazar, Kamen (Les Pierres), 2014. Production Sisters production, avec le soutien du Cnap, de la Mairie de Paris et de la FNAGP / 125 hectares, 2019, vidéo. Sister Productions, avec le soutien du Jeu de Paume, de la FNAGP et du Cnap / Numéros du journal Le Progressiste, 1971, 7 2016. Collège Aimé-Césaire, Paris / FMAC, Paris
LUIGI GHIRRI Jeu de Paume | Concorde CARTES ET TERRITOIRES 12 | 02 – 2 | 06 | 2019 Cette première rétrospective des photographies aventure dans le monde de la pensée et du regard, de Luigi Ghirri (1943-1992) hors de son Italie un grand jouet magique qui réussit à faire coïncider natale est centrée sur les années 1970, elle miraculeusement notre connaissance adulte et le fabuleux retrace une décennie au cours de laquelle Luigi monde de l’enfance, un voyage continu dans le grand et Ghirri a bâti un corpus d’images en couleur sans le petit, dans les variations à travers le règne des illusions équivalent dans l’Europe de l’époque. et des apparences, des labyrinthes et des miroirs, de la multitude et de la simulation. » Géomètre de formation, Luigi Ghirri commence à photographier durant le week-end au début des années 1970, arpentant les rues, places et faubourgs de Modène, échafaudant des projets et des thématiques. Il pose sur Un album et un catalogue sont publiés à l’occasion de les signes du monde extérieur un regard attentionné et l’exposition. affectueux en observant, sans les commenter ouvertement, les modifications apportées par l’homme au paysage Textes du catalogue de James Lingwood, Maria Antonella et à l’habitat de sa province d’origine, l’Émilie-Romagne, Pelizzari et Jacopo Benci ; sélection d’écrits de l’artiste (1970- baromètre d’un vernaculaire local exposé à l’avènement 1979). Coédition Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía de nouvelles formes d’habitat, de loisirs et de publicité. / Folkwang Museum / Jeu de Paume / MACK « Je m’intéresse à l’architecture éphémère, à l’univers de Éditions allemande, anglaise, espagnole et française la province, aux objets considérés comme de mauvais Broché, 22 × 18 cm, 350 pages, 250 ill., 45 € goût, kitsch, mais qui, pour moi, ne l’ont jamais été, aux objets chargés de désirs, de rêves, de souvenirs collectifs […] fenêtres, miroirs, étoiles, palmiers, atlas, globes, livres, musées et êtres humains vus par l’image. » À la fin de cette décennie, Luigi Ghirri a accumulé des milliers de vues et élaboré un style singulier et un cadre conceptuel complexe pour présenter son travail. Cette première décennie culmine avec deux temps forts : la publication, en 1978, de Kodachrome, un ouvrage photographique véritablement exceptionnel, et une exposition majeure, « Vera Fotografia », qui se tiendra en 1979 au centre d’exposition de l’Université de Parme, organisée par Arturo Carlo Quintavalle et Massimo Mussini, et qui, à travers quatorze projets et thèmes, retrace le mode de pensée et d’action propre à Luigi Ghirri. « Cartes et territoires » reprend la cartographie poétique de l’exposition de 1979 où l’on trouvait à la fois des projets très cadrés comme Atlante (1973), constitué de photographies de pages d’atlas, et Colazione sull’erba (1972-1974), où l’artiste observe l’interface entre artifice et nature dans les petits jardins de Modène, et des groupes plus diversifiés comme Diaframma 11, 1/125, luce naturale (1970-1979), qui portent sur la façon dont les gens photographient et sont photographiés, ou le Commissaire : James Lingwood paysage des signes de l’Italie provinciale dans Italia Ailati et Vedute (1970-1979). Exposition organisée par le Museo Nacional Centro de Luigi Ghirri éprouve une fascination indéfectible pour les représentations du monde, pour les reproductions, Arte Reina Sofía, Madrid, images, affiches, maquettes et cartes et pour la façon en collaboration avec le Jeu de Paume, Paris, dont ces représentations s’insèrent dans le monde, en et le Folkwang Museum, Essen. tant que signes au sein de la ville ou du paysage. La médiation de l’expérience par l’image dans une Italie Exposition réalisée avec le concours exceptionnel de partagée entre ancien et nouveau a constitué, pour Luigi Ghirri, une source inépuisable d’étude, « une grande la Bibliothèque nationale de France 8 8
Luigi Ghirri Modena, 1977, CSAC, Università di Parma © Succession Luigi Ghirri Marina di Ravenna, 1972. Bibliothèque nationale de France © Succession Luigi Ghirri 9 Orbetello, 1974 © Succession Luigi Ghirri
SALLY MANN Jeu de Paume | Concorde MILLE ET UN PASSAGES 18 | 06 – 22 | 09 | 2019 Depuis plus de quarante ans, Sally Mann (née en dans des techniques anciennes, elle obtient une large 1951) réalise des photographies expérimentales palette d’effets photographiques, dont le « flare » (taches à la beauté obsédante qui explorent les thèmes lumineuses parasites), la brume, les raies et les flous qui essentiels de l’existence : mémoire, désir, mort, font du Sud le lieu de la mémoire, de la défaite, de la liens familiaux, magistrale indifférence de la ruine et de la renaissance. nature envers les hommes. Ce qui fait l’unité de ce vaste corpus – portraits, natures mortes, paysages La quatrième section explore en quatre séries le paysage et études diverses –, c’est qu’il est le « fruit d’un racial de la Virginie. Sally Mann réalise entre 2006 et lieu », le sud des États-Unis. 2015 une série de ferrotypes sur le Great Dismal Swamp (« grand marais lugubre ») et les cours d’eau voisins du Sally Mann, originaire de Lexington (Virginie), a écrit sud-est de la Virginie. Ce marais a accueilli avant la voici bien longtemps sur ce que signifie vivre dans le Sud. guerre de Sécession de nombreux esclaves en fuite. Là, S’appuyant sur un amour profond pour sa terre natale et l’emploi de la ferrotypie – émulsion au collodion sur sur une bonne connaissance de son héritage historique feuille de tôle – offre à Mann une surface d’aspect liquide complexe, elle pose des questions fortes et provocantes et restituent la géographie locale, indissociable de son – sur l’histoire, l’identité, la race et la religion – qui statut de terre d’esclavage. Parallèlement, Sally Mann transcendent les frontières géographiques et nationales. photographie près de chez elle, à Lexington, de petites Cette exposition, la première rétrospective majeure de églises afro-américaines du XIXe siècle. Ces images sont cette artiste éminente, traite de la façon dont sa relation ponctuées de portraits de Virginia « Gee-Gee » Carter, avec sa terre d’origine a façonné son œuvre. cette femme noire qui demeura cinquante ans au service de la famille de l’artiste. Cette section se complète d’un Organisée en cinq parties et dotée de nombreuses groupe de portraits d’hommes noirs tirés en grand format œuvres inconnues du public ou inédites, cette à partir de négatifs au collodion. rétrospective constitue à la fois une vue d’ensemble de l’œuvre de l’artiste sur quatre décennies et une Dans sa dernière section, l’exposition revient à son fine analyse de la manière dont le legs du Sud – à la point de départ en se concentrant sur Sally Mann et sa fois patrie et cimetière, refuge et champ de bataille – famille pour traiter du temps qui passe et de la mort. transparaît dans son travail comme une force puissante et La fascination persistante de la photographe pour la troublante qui continue de modeler l’identité et le vécu de décomposition est manifeste dans une série de portraits tout un pays. fantomatiques de ses enfants et de photographies intimes montrant en détail la transformation physique de son L’exposition s’ouvre avec des œuvres des années 1980, mari gravement malade. L’exposition se termine par une lorsque Sally Mann commence à photographier ses trois sidérante série d’autoportraits de l’artiste réalisés au enfants se livrant aux occupations de leur jeune âge dans lendemain d’un grave accident de cheval. la résidence d’été de la famille à Lexington. D’une beauté sensuelle, traversées de sourdes allusions à la violence, Un catalogue est publié à l’occasion de l’exposition. à la sexualité et à la détresse, ces images réfutent les stéréotypes de l’enfance et lui préfèrent des visions dérangeantes. L’exposition se poursuit par des photographies de marécages suffocants, de champs et de propriétés en ruine que Sally Mann a découverts en sillonnant la Virginie, la Géorgie et le Mississippi. Cherchant à capter ce qu’elle appelle « la lumière radicale du Sud américain », elle a rapporté de Virginie des images comme vues par un somnambule, tandis que celles de Géorgie et du Mississippi sont désolées et austères. Dans ces photographies étrangement statiques, ainsi que dans celles de la troisième section dédiée aux champs Commissaires : Sarah Greenough et Sarah Kennel de bataille de la guerre de Sécession, Sally Mann a opté pour des formats bien supérieurs et fait appel à Production National Gallery of Art, Washington, des objectifs anciens et au procédé des plaques au et Peabody Essex Museum, Salem, Massachusetts, collodion humide en usage au xixe siècle. En puisant en collaboration avec le Jeu de Paume 10 10
Sally Mann Deep South, Untitled (Stick), 1998. Courtesy of the New Orleans Museum of Art: Collection of H. Russell Albright, M.D © Sally Mann Bean’s Bottom, c. 1991. Private collection © Sally Mann Easter Dress, 1986. Patricia and David Schulte © Sally Mann 11 11
MARC PATAUT Jeu de Paume | Concorde 18 | 06 – 22 | 09 | 2019 L’exposition de Marc Pataut (né à Paris en 1952) avec Peuple et Culture Corrèze, il rencontre, photographie et au Jeu de Paume sera élaborée à partir de filme des hommes et des femmes qui, chacun à leur manière, l’ensemble de son œuvre. Réalisée depuis définissent le « pays de Tulle ». Cette enquête est exposée une quarantaine d’années, par l’accumulation dans des villages de la région, puis dans l’exposition intitulée d’expériences successives collectives et « Des territoires » qui se tiendra à l’École nationale supérieure personnelles, l’œuvre de Marc Pataut prend des beaux-arts de Paris en 2001. En 2001-2003, le Bureau appui dans sa pratique de la photographie pour des compétences et des désirs, structure de production et questionner tout d’abord la sculpture, puis le de diffusion d’art contemporain, située à Marseille, propose documentaire. Le travail, composé de nombreux à Marc Pataut de travailler avec l’association Sol en Si projets, qui chacun se réalise sur une longue durée, (Solidarité Enfants Sida) également implanté à Marseille. traite des formes de distance et de proximité Le film Les enfants ont des oreilles est réalisé avec des enfants entre les personnes (les visages, les corps, les et des parents touchés par le VIH. Il reçoit le prix Georges appartenances, les parcours de vie…). de Beauregard au Festival international du documentaire de Marseille en 2004. Toujours ou jamais (2003-2008) est Marc Pataut vit et travaille à Aubervilliers. Depuis 2001, un projet commandité par l’artothèque du Limousin et il enseigne la photographie à l’École nationale supérieure le Centre hospitalier universitaire de Limoges. Ce travail des beaux-arts de Paris où il étudia lui-même dans l’atelier dans une unité de soins pour adolescents fait l’objet d’une du sculpteur Étienne-Martin au début des années 1970. publication. En 2008, à la suite d’une commande du musée Il s’éloigne, dans les années 1980, du reportage pour d’Art contemporain de Barcelone dans une usine de la ville, développer des projets d’enquête documentaire de longue Marc Pataut participe à l’exposition « Archivio universal. La durée engageant des modalités d’échanges adaptées condiciÓn del documento y la utopÍa fotográfica moderna ». à chacune des situations. Une dimension politique et Humaine (2008-2012), initiée par le Centre régional de la humaine importante existe dans son travail où il associe, photographie Nord-Pas-de-Calais, est constituée d’une série dans la conception et l’élaboration de l’œuvre, un de portraits de trois habitantes de la ville de Douchy-les- domaine d’activité, une situation sociale, une histoire et une Mines avec lesquelles l’artiste a travaillé pendant plus de intervention dans le contexte institutionnel. Son travail avec trois ans et qui a donné lieu à une exposition itinérante et à les enfants autistes de l’hôpital de jour d’Aubervilliers en 1981 une publication. Entre 2015 et 2016, Marc Pataut réalise, avec est fondateur de cette démarche. En 1986-1987, Marc Pataut le Centre photographique d’Île-de-France et l’association photographie son propre corps pour la série Apartheid qui La Brèche à Roissy-en-Brie (nord de Paris), un travail avec un sera présentée sur des panneaux d’affichage de la ville du groupe de jeunes de 16 à 25 ans qualifiés « à risque » ou Blanc-Mesnil. En 1990, il est cofondateur de l’association « en voie de marginalisation ». Lors d’une résidence de trois Ne Pas Plier dont l’objet est « de créer, produire et diffuser ans au Centre psychiatrique de jour Victor Hugo, Béziers, des images qui ont du sens, pour des causes et des sujets en partenariat avec le musée régional d’Art contemporain humains d’urgence nationale et internationale » suivant de Sérignan, Marc Pataut met en œuvre une longue un « partage du sujet et de sa coproduction ». En 1995, le réflexion en collaboration avec un groupe de six patients Stedelijk Museum d’Amsterdam consacre une exposition et deux soignantes ainsi qu’une série de portraits et une à l’association NE PAS PLIER. installation intitulée Figurez-vous… une ronde dans la cour Dans les années 1990, il réalise plusieurs projets, suivis du Centre hospitalier de Béziers, Montimaran, 2016. d’expositions et de publications : Aulnay-sous-quoi ? (1990-1991), un travail avec une classe d’élèves de seconde L’exposition au Jeu de Paume sera constituée d’une sélection d’Aulnay-sous-Bois à partir de lettres de lycéens résistants de ces essais photographiques depuis 1981 jusqu’à aujourd’hui, condamnés à mort en 1943 ; Emmaüs et… (1993-1994), des montrant notamment la place importante du portrait portraits à différentes distances de compagnons d’Emmaüs dans l’œuvre de Marc Pataut. Elle interroge le médium à Scherwiller en Alsace ; La Rue (1996-1997), avec des photographique en tant qu'outil dans une relation politique vendeurs du journal La Rue à Paris qui produisent eux- au temps, à la société en tant que communauté humaine, mêmes des photographies. à l’espace et au territoire. Les œuvres, souvent nourries Marc Pataut photographie les habitants du Cornillon, de débats et d’échanges sous différentes formes, constitue un terrain vague situé à l’emplacement du futur Stade de une véritable réflexion sociale et politique qui prendra place France à Saint-Denis de 1994 à 1995. Le Cornillon-Grand au cœur de l’exposition et de l’édition. Stade est publié et exposé à la Documenta X de Kassel en 1997. Il travaille entre 1996 et 2000 à Sallaumines dans Un catalogue est publié à l’occasion de l’exposition. le Pas-de-Calais. Le projet Du paysage à la parole, issu d’échanges avec des habitants, donne notamment lieu à un montage de photographies et de tracts détachables Commissaire : Pia Viewing et à un film-entretien. Dans Sortir la tête (2001-2002), conduit Production Jeu de Paume 12 12
Marc Pataut Portrait de Sophie Raby, Aulnay-Sous-Quoi ?, 1990. © Marc Pataut Malika, Paris, place de la République, le 17 janvier 1998. APEIS/Ne Pas Plier – Manifestations contre le chômage. © Marc Pataut Le Cornillon – Grand Stade, Saint-Denis, 1994-1995. © Marc Pataut 13 13
LE SUPERMARCHÉ Jeu de Paume | Concorde DES IMAGES 15 | 10 | 2019 – 01 | 2020 L’art et l’économie entretiennent des relations complexes Dans le supermarché qui s’expose ici, en somme, les images et décisives depuis la plus haute Antiquité. Mais l’enjeu de l’économie parlent chaque fois de l’économie de l’image. auquel nous sommes confrontés depuis plus d’un siècle Et vice-versa, comme si elles formaient un recto-verso. est bien plus vaste que celui du marché de l’art, des collections ou des mécènes. Il y va, ni plus ni moins, de la marchandisation du visible en général. Un catalogue est publié à l’occasion de l’exposition. Les photographies, dessins, peintures, vidéos, films, œuvres numériques et installations multimédia choisies pour l'exposition du Jeu de Paume « Le Supermarché des images » explorent la fabrique du grand marché des images qui structure notre regard. Elles mettent en exergue les matières premières qui composent ces images, les immenses stocks ou banques dans lesquelles elles s’accumulent, le travail humain (ou non humain) qui participe à leur création ainsi que les valeurs fluctuantes qu’elles acquièrent au cours de leurs circulations globalisées. Elles proposent des points de vue critiques et des perspectives inattendues sur les visibilités dont nous croyons disposer, comme en libre service, dans les rayons d’un supermarché imaginaire. Nous habitons un monde de plus en plus saturé d’images. Leur nombre connaît une croissance tellement exponentielle — sur les réseaux sociaux, sur les écrans en tout genre — que l’espace dans lequel nous vivons déborde littéralement d’images, comme s’il n’était plus possible de les contenir, comme s’il n’y avait plus d’interstices entre elles. (On s’approcherait ainsi de la limite que Walter Benjamin, en 1929 déjà, décrivait comme « un espace chargé à cent pour cent d’images ».) Face à un tel trop-plein, face à une telle surproduction d’images, se pose plus que jamais la question de leur stockage, de leur gestion, de leur circulation et de leur transport (fût-il électronique), de leur poids, de la fluidité ou de la viscosité de leurs échanges, de leurs valeurs fluctuantes — bref, la question de leur économie. Dans l’ouvrage qui a servi de point de départ au projet de cette exposition (Le Supermarché du visible, paru aux Éditions de Minuit en 2017), Peter Szendy propose de donner à la dimension économique de la vie des images le nom d’iconomie. Les œuvres et les artistes choisis pour accompagner le visiteur dans son parcours posent un regard incisif et vigilant sur ces enjeux. D’une part, elles réfléchissent les bouleversements qui affectent aujourd’hui l’économie en général, qu’il s’agisse de stocks aux dimensions inouïes, de matières premières raréfiées, du travail et de ses Commissaire général : Peter Szendy mutations vers des formes immatérielles ou encore de la valeur et de Commissaires associés : Emmanuel Alloa ses nouvelles expressions, notamment sous forme de cryptomonnaies. et Marta Ponsa Mais aussi, d’autre part, elles interrogent chaque fois le devenir des images et des visibilités à l’ère de leur iconomie globalisée. Production Jeu de Paume 14
Aram Bartholl, Obsolete Presence, 2017 © Aram Bartholl Aram Bartholl, Are you human? (prints), 2017. Vue de l’exposition « Ein Gemachter Mensch », Kallmann Museum, Ismaning 2018 © Aram Bartholl Samuel Bianchini, Visible Hand, 2016 © Samuel Bianchini - ADAGP 15 Maximo Gonzalez, Small Money Labyrinth Project, 2013-2015. Collage. Courtesy de l’artiste © Maximo Gonzalez 15
PROGRAMMATION SATELLITE 12
LE NOUVEAU SANCTUAIRE Jeu de Paume | Satellite 12 Satellite 12 12 | 02 | 2019 – 01 | 2020 Quelques repères: « Le Nouveau Sanctuaire ». La programmation Satellite est Les trois expositions sont également confiée, chaque année, à un présentées au Musée Amparo de commissaire indépendant chargé de Puebla en 2019. Les expositions concevoir trois expositions au Jeu de de la programmation Satellite Paume. s’accompagnent de trois publications. Pour la 12e édition de cette Chaque année, le Jeu de Paume programmation, le Jeu de Paume fait appel à des graphistes renouvelle son partenariat avec le indépendants pour imaginer l’identité Musée Amparo de Puebla, Mexique. graphique des trois volumes de la Laura Herman, commissaire programmation. indépendante, est invitée à concevoir Le graphisme de Satellite 12 sera créé cette programmation, intitulée par le Groupe CCC. Laura Herman commissaire de la programmation Satellite 12 © DR « Aujourd’hui, l’architecture est également capable de contribuer de rencontre entre différentes références culturelles, différentes à la réinvention de l’expérience, non pas l’expérience personnelle pratiques, différents rituels, désirs et besoins, comment imaginer un ou sentimentale, mais l’expérience affective et politique. » — Sylvia sanctuaire adapté au monde actuel ? Lavin « Le Nouveau Sanctuaire » propose des œuvres issues de commandes récentes réalisées par les artistes Julie Béna, Ben Comment l’espace détermine-t-il la façon dont nous nous sentons ? Thorp Brown et Daisuke Kosugi, qui, du point de vue de leurs Basée sur l’idée d’un environnement menaçant et hostile, l’une des pratiques individuelles, étudient la capacité qu’a l’environnement définitions fondamentales de l’architecture est de fournir un abri et aménagé d’accueillir le corps et les sens, d’en prendre soin et un certain confort au corps humain. L’idée répandue de l’habitation de les investir. Une nouvelle animation de Julie Béna présente comme « peau de substitution » nous vient de Gottfried Semper, un conte architectural sur la standardisation et la transparence qui décrivait l’enclos de l’animal, fait de peaux et de feuillages dans lequel les objets voyagent et se transforment, résistant ainsi tissés, comme l’origine de l’espace architectural « privé ». à la marchandisation. Dans The Arcadia Centre, installation Aujourd’hui, cette conception de l’architecture comme spatialité cinématographique développée en dialogue avec des chercheurs enveloppante – le désir moderne d’offrir un lieu de refuge – travaillant dans les domaines de la psychologie, des neurosciences n’est plus opérante. Les changements sociaux, technologiques, et de l’éducation, Ben Torp Brown propose un sanctuaire qui crée démographiques et environnementaux se sont de plus en plus une sorte d’expérience « restauratrice » traduits par l’exploitation de l’environnement, la standardisation et réagit à la politique de notre temps. Enfin, le film narratif des modes de vie, les déplacements de personnes liés aux conflits, expérimental de Daisuke Kosugi suit un ingénieur en bâtiment aux persécutions et à la gentrification, la surveillance des lieux de japonais à la retraite à qui l’on a diagnostiqué une maladie du vie « privés », et enfin une négligence du corps et des sens. cerveau. À travers un parcours architectural, ce film révèle le conflit intérieur du personnage, tiraillé entre son désir d’une efficacité Concevoir des espaces d’appartenance et entretenir des absolue et le fait d’accepter son corps à la santé déclinante. Les environnements sûrs et hospitaliers demeurent néanmoins l’une trois expositions de cette série n’offrent aucune histoire simple de des plus grandes préoccupations de la politique architecturale l’architecture, mais soulignent la complexité d’idées en constante contemporaine. Les « non-lieux », ainsi qu’on les nomme – des mutation touchant à nos manières de vivre (et d’être vécus). espaces de nature transitoire et anonyme, souvent construits avec des matériaux de mauvaise qualité et qui ne sont pas assez Laura Herman (1988, Bruxelles) est diplômée du Centre for importants pour être considérés comme des « lieux » –, Curatorial Studies du Bard College (CCS Bard, 2016), à New York, constituent de plus en plus la typologie architecturale de la et titulaire d’un master de littérature moderne comparée (université maison. Alors que l’idée de l’architecture comme havre ou comme de Gand, 2010). Depuis 2016, Laura est curatrice pour La Loge, sanctuaire est devenue une conception privilégiée, des architectes, un espace bruxellois dédié à l’art contemporain, à l’architecture des designers et des artistes s’intéressent depuis longtemps à et à la théorie. Elle est rédactrice pour De Witte Raaf, revue d’art l’expérience corporelle et psychologique de ceux qui habitent les bimensuelle distribuée en Belgique et aux Pays-Bas. Ses critiques lieux. La Lovell Health House de Richard Neutra (1929), l’Endless et essais ont notamment paru dans Mousse, Frieze, Spike Art House de Frederick Kiesler, restée à l’état de projet (1947-1960), Quarterly, Metropolis M, et elle a organisé des expositions et des et la Reversible Destiny Healing Fun House d’Arakawa + Gins événements comme Wild Horses & Trojan Dreams chez Marres, (2011), également restée à l’état de projet et conçue sur le modèle à Maastricht ; Definition Series: Infrastructure au Storefront for Art du sanctuaire d’Asclépios, sont toutes des exemples d’architecture and Architecture, à New York ; Third Nature au Hessel Museum, conçue pour être expérimentée par les sens, selon des modalités à New York, et Natural Capital (Modal Alam) au BOZAR, à affectives et politiques. Ces tentatives – souvent avortées, rejetées Bruxelles. Elle développe actuellement une exposition qui interroge ou oubliées – pourraient-elles servir de modèles aux aspirations la famille en tant que fondement juridique de la citoyenneté, de la architecturales contemporaines ? propriété et de l’État, et qui débutera à Extra City Kunsthal en 2019. Et si nous devons reconsidérer l’architecture comme le point 17
JULIE BÉNA Jeu de Paume | Satellite 12 Anna & the Jester dans La Fenêtre d’Opportunité Satellite 12 12 | 02 – 02 | 06 | 2019 Julie Béna travaille sur des environnements s’inspirant des univers de la littérature, du cinéma, du théâtre et de la culture populaire. Procédant par glissements et second degré, Béna détourne de leur quotidienneté images et objets. Ces derniers deviennent progressivement sujets à une variété de fictions poétiques et étranges. À travers l’installation, la photographie, la vidéo et la performance, l’artiste étudie des moments de transition, comme le passage qui sépare la nuit du coucher de soleil. Julie Béna (1982, France) vit et travaille entre Paris et Prague. Elle est diplômée de la Villa Arson de Nice et a participé au programme d'échanges à la Gerrit Rietveld Academie d’Amsterdam. En 2018, elle est nommée pour le prix AWARE destiné aux artistes femmes. Son travail a été récemment exposé à la Biennale de Rennes ; à Chapter, New York ; à la galerie Joseph Tang, Paris ; à FUSED Space, San Francisco ; à Mathew, New York et à BOZAR, Bruxelles. Elle a pris part à des performances à la Fondation Ricard et au Palais de Tokyo, Paris ; au CAC Brétigny ; au MRAC de Sérignan ; à l’Independent, Bruxelles ; au M Louvain ; à l’ICA et à la Delfina Foundation, Londres, ainsi qu'à la Kadist Foundation, San Francisco. Béna a produit la fin de son projet « Have you seen Pantopon Rose ? » au Centre Pompidou, Paris. En 2019, son travail sera présenté à Paris, Prague, New York, Madrid et Londres. Elle est représentée par la galerie parisienne Joseph Tang. Un catalogue est publié à l’occasion de l’exposition. Coédition Jeu de Paume et Musée Amparo de Puebla, Mexique. Bilingue français-anglais, 15 x 21 cm, 64 pages, 14 €. Également disponible au format e-pub au prix de 6,99 € Commissaire : Laura Herman Ce projet a été sélectionné par la commission mécénat de la Fondation Nationale des Arts Graphiques et Plastiques qui lui a apporté son soutien. Exposition coproduite par le Jeu de Paume, le CAPC Musée d'art contemporain de Bordeaux Julie Béna, Anna & the Jester in Window of Opportunity, et le Musée Amparo de Puebla 2019, vidéo. Coproduction : Jeu de Paume, CAPC musée d’art contemporain de Bordeaux et Museo Amparo, Les Amis du Jeu de Paume contribuent à la Puebla. © Julie Béna et Galerie Joseph Tang production des œuvres de la programmation Satellite. Julie Béna © DR 18
BEN THORP BROWN Jeu de Paume | Satellite 12 Satellite 12 18 | 06 – 22 | 09 | 2019 Le travail de Ben Thorp Brown (1983, New York) s’intéresse à l’expérience incarnée, à la perception et à la mémoire. Réagissant aux changements économiques, environnementaux et technologiques, il cherche à développer pour les êtres humains des possibilités d'intervention au sein de systèmes complexes à travers la recherche, la technologie et la collaboration intégrées avec toute une gamme de participants. Les œuvres récentes de Brown ont été présentées au St. Louis Art Museum et dans les expositions « Dreamlands: Immersive Cinema and Art, 1905-2016 », au Whitney Museum ; « Greater New York », au MoMA PS1 ; « 24/7 the human condition », à la Biennale de Vienne, et « Chance Motives » au SculptureCenter de New York. Il a participé à des résidences par le biais du programme Workspace du Lower Manhattan Cultural Council ainsi qu’à la Chinati Foundation à Marfa, au Texas. Il est titulaire d’une licence obtenue au Williams College, d’un master d’arts plastiques effectué à la School of the Art Institute de Chicago, et il a suivi le programme d’études indépendant du Whitney Museum. Il enseigne actuellement à Parsons The New School. Il a reçu en soutien de son travail des bourses du Creative Capital Award et de la Graham Foundation. Un catalogue est publié à l’occasion de l’exposition. Coédition Jeu de Paume et Musée Amparo de Puebla, Mexique. Bilingue français-anglais, 15 x 21 cm, 64 pages, 14 €. Également disponible au format e-pub au prix de 6,99 € Commissaire : Laura Herman Exposition coproduite par le Jeu de Paume, le CAPC Musée d'art contemporain de Bordeaux et le Musée Amparo de Puebla Ben Thorp Brown Gropius Memory Palace, 2018, 4K vidéo, 5.1 son, 20:17. Les Amis du Jeu de Paume contribuent à la Courtesy de l'artiste © Ben Thorp Brown production des œuvres de la programmation Satellite. Ben Thorp Brown © DR 19
DAISUKE KOSUGI Jeu de Paume | Satellite 12 Satellite 12 15 | 10 | 2019 – 01 | 2020 Par le biais du cinéma, de la sculpture, de la performance et du texte, Daisuke Kosugi met au point des scénarios séduisants qui renferment un conflit sous-jacent entre la liberté personnelle et les systèmes. Que ce soit en décrivant la façon dont la créativité est minée par l’industrie créative à l’œuvre dans un marché du travail postfordiste, ou à travers un récit de créativité qu’on ne peut convertir en mesures de productivité culturelles ou économiques, Kosugi analyse ces combats à travers les vies d’individus. Ses films semi- autobiographiques entraînent le public dans des expériences intimes où le conflit est présenté de façon corporelle et émotionnelle. À travers des couches de fiction et de non-fiction, il élabore un mode actif de visionnage, une méthode de récit développée à partir de son intérêt pour l’empathie et l’incommunicabilité de la douleur. Daisuke Kosugi (1984, Tokyo) vit et travaille à Oslo. Avec Ina Hagen, il est le cofondateur de l’initiative Louise Dany à Oslo. Parmi ses dernières expositions personnelles, on peut citer : Dawning of the Dance Floor, Podium, Oslo (2015) et Forgive Me For I Am Not Gentle en duo avec Ina Hagen, INCA Seattle (2016). Son travail a été présenté au LIAF (Lofoten International Art Festival) en Norvège ; à CPH:DOX 2017 (Mention spéciale à NEW:VISION Award), à la 11e Biennale de Gwangju, en Corée du Sud (2016) et à la Konsthall de Malmö (2016). Il a été présélectionné pour les Grants for Emerging Artist de la DNB Savings Bank Foundation en 2016, l’Oslo Kunstforening et l’International Award of the Spring Exhibition 2016, Kunsthal Charlottenborg, Copenhague. En 2017, il était en résidence au WIELS, à Bruxelles. Un catalogue est publié à l’occasion de l’exposition. Coédition Jeu de Paume et Musée Amparo de Puebla, Mexique. Bilingue français-anglais, 15 x 21 cm, 64 pages, 14 €. Également disponible au format e-pub au prix de 6,99 € Commissaire : Laura Herman Exposition coproduite par le Jeu de Paume, le CAPC Musée d'art contemporain de Bordeaux et le Musée Amparo de Puebla Daisuke Kosugi Meeting Uncle Yuji, 2018, vidéo Les Amis du Jeu de Paume contribuent à la Courtesy de l’artiste © Daisuke Kosugi. Photo : Oscar Qvale production des œuvres de la programmation Satellite. Daisuke Kosugi © DR 20
PROGRAMMATION CHÂTEAU DE TOURS
KOEN WESSING Jeu de Paume | Château de Tours L'IMAGE INDÉLÉBILE 17 | 11 | 2018 – 12 | 05 | 2019 Koen Wessing a témoigné dans son travail de l’histoire de l’après-guerre : la décolonisation, la violence et la barbarie en Amérique latine, la désintégration du bloc soviétique, la guerre en Yougoslavie, l’apartheid en Afrique du Sud ou encore la résurgence de la Chine. Dans l'exposition « Koen Wessing. L'Image indélébile », le Jeu de Paume – Château de Tours présente un ensemble de 80 tirages, ainsi que des projections et un entretien filmé avec le cinéaste et directeur de la photographie néerlandais Kees Hin. Koen Wessing naît à Amsterdam, en 1942, sous l’occupation allemande. Son père, Han Wessing, est architecte d’intérieur ; sa mère, Eva Eisenloeffel, sculptrice. Il meurt en 2011, à la veille d’un voyage au Chili. Très malade, il souhaitait se rendre © Koen Wessing / Nederlands Fotomuseum, Rotterdam, Pays-Bas au vernissage d’« Imágenes Indelebles / Indelible Images », exposition présentant pour la première fois à Santiago du Chili et un immeuble voisin pour contourner le blocus organisé ses célèbres photographies du coup d’État militaire de 1973 et par la police et faire passer ses rouleaux de pellicule. Cette du renversement du gouvernement de Salvador Allende. anecdote deviendra légendaire. Koen Wessing a grandi après guerre dans un milieu Comme ces mots célèbres qu’on n’oublie plus une fois qu’on d’intellectuels néerlandais. Nombreux sont les gens de sa les a lus, certaines des images de Wessing restent gravées génération à avoir été fortement sensibilisés à la violence, à dans la mémoire dès lors qu’on les a vues, ne paraissant la misère et au génocide qui avaient pris fin immédiatement pas porter sur un instant particulier du passé, mais sur avant ou après leur naissance, et à avoir été éduqués dans quelque chose de plus universel. Ses photos nous montrent la pensée de la reconstruction, de la résilience, de l’optimisme les « damnés de la terre », sans toutefois les déshumaniser, et du progrès social qui caractérisèrent les années de leur sans leur assigner un rôle de victime : ils demeurent nos adolescence. Plusieurs grands photographes avaient contribué semblables. Souvent, Koen Wessing part à la recherche de à la production de faux papiers au bénéfice des juifs cachés, ceux qui pleurent les morts qu’il a croisés, ou de ceux qui ou réalisé des photographies déchirantes du dernier hiver de tentent de retrouver leurs « disparus ». la Seconde Guerre mondiale, l’« hiver de la faim », famine au cours de laquelle moururent des milliers de Néerlandais. Tel Koen Wessing est l’auteur de plusieurs ouvrages, parmi était l’essentiel de la photographie documentaire publiée à lesquels Chili, September 1973 ; Nicaragua ’78 ; Flashes l’époque dans la presse, parallèlement à la photographie qui from South Africa ; From Chile to Guatemala: Ten Years in travaillait à la gloire de la reconstruction des Pays-Bas. Ces Latin America ; Koen Wessing in China and Tibet ; Fotografía. deux genres s’enracinaient profondément dans la nouvelle El arte de visibilizar la pregunta. Son travail a été présenté photographie qui avait émergé dans l’entre-deux-guerres. à l’occasion de nombreuses expositions personnelles et de groupe, dont « Nicaragua en El Salvador » et « Koen Une génération plus jeune de photographes néerlandais, Ed Wessing and Susan Meiselas ». van der Elsken, son épouse hongroise Ata Kandó, Johan van der Keuken et bien d’autres, entreprennent à cette époque Un album est publié à l’occasion de l’exposition. de voyager et de travailler à l’étranger, tandis que Wessing apprend son métier de photographe en autodidacte, assistant durant deux ans Ed van der Elsken dans son travail. Avec le soutien de l'Ambassade du Royaume des Pays-Bas en France Globe-trotter né, Koen Wessing commence par sillonner Remerciements au Nederlands Fotomuseum l’Europe en auto-stop ; plus tard, il finance fréquemment ses voyages en empruntant de l’argent, se rendant là où il se sent Commissaire : Jeroen de Vries appelé à aller. En mai 1968, c’est à Paris. En 1969, il prend des Commissaire associée : Pia Viewing photographies dans Het Maagdenhuis, le centre administratif occupé de l’Université d’Amsterdam, et construit une passerelle Exposition organisée par le Jeu de Paume 23 provisoire surplombant une ruelle entre le bâtiment universitaire en collaboration avec la Ville de Tours
ACTIVITÉS CULTURELLES & CINÉMA
CRÉATION EN LIGNE EREWHON http://espacevirtuel.jeudepaume.org 12 l 2018 – 06 | 2019 Erewhon est un récit librement adapté d’une fable philosophique écrite en 1872 par Samuel Butler. Il sera disponible en ligne, en épisodes, et comprend des textes, des images, de la musique et des vidéos. Le projet dresse le portrait d'une ville située dans un présent parallèle. L'automatisation a été poussée jusqu'à ses limites extrêmes. Le travail tel qu'on le connaît a disparu. Des usines produisent tout ce qui est nécessaire à la vie. La production, le stockage et la manutention sont externalisés dans les hangars à l'extérieur de la ville, sans humains. Des fermes processent végétaux et animaux. Des véhicules les livrent. Des logiciels optimisent le système. Les habitants sont débarrassés des fonctions pénibles et s'adonnent à des occupations ludiques. Des robots-loutres s'occupent des personnes âgées et ronronnent selon un logiciel d'intelligence artificielle. D'autres robots s'occupent de masser les habitants, ou encore de leur préparer à manger. Des chats équipés de GPS cartographient les territoires. Des aspirateurs robots s’éveillent à la sensualité. Des cochons aux cerveaux augmentés sont reliés en réseau. Les cerveaux des humains, des animaux et des plantes sont reliés entre eux à égalité, dans un système de data centers interconnectés qui traitent toute la matière mentale. Les travaux du philosophe Pierre Cassou-Noguès interrogent la part imaginaire de la raison scientifique. Ses textes allient la fiction et la théorie. Il a notamment publié Les démons de Godel (Seuil, 2007), Mon zombie et moi (Seuil, 2010), Lire le cerveau (Seuil, 2011), Les rêves cybernétiques de Norbert Wiener (Seuil, 2014). Il est professeur au département de philosophie de l’université Paris 8 à Saint Denis et il est co-éditeur de la Revue SubSistance (John Hopkins University Press). Face à un monde que l’on pourrait tenir pour acquis, les artistes Stéphane Degoutin et Gwenola Wagon spéculent sur des alternatives potentielles avec des films, essais et installations. Ils luttent contre l’obsolescence programmée de l’homme (Cyborgs dans la brume), plaident pour la fin du travail (Institut de néoténie), dénoncent l’automatisation du traitement des produits, du vivant et des données (Le Monde comme entrepôt de livraison), observent la réticulation privative de l’espace public (Prisonniers volontaires du rêve américain), enquêtent sur les lieux d'Internet (Globodrome, World Brain), expérimentent des modes de vie alternatifs pour une société d’hyper information (Laboratoire de schizophrénie contrôlée), proposent à des chercheurs de vivre dans la forêt, nus mais connectés au réseau (Wiki Forest), interrogent les images dansées d'une guerre (Dance Party in Iraq), embarquent des volontaires dans l'espace mental de la terreur (Société nuage) et observent la transmutation des humains en poudre (Société nuage). Stéphane Degoutin enseigne à l’École nationale supérieure des arts décoratifs à Paris. Gwenola Wagon enseigne à l’université Paris 8 à Saint-Denis. d-w.fr Erewhon, 2018 © Pierre Cassou-Noguès, Stéphane Degoutin et Gwenola Wagon. Irrévérence Films 25
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