Sécurité sociale CHSS 5/2014 - Politique sociale Pérennité des politiques sociales, jeunes et solidarités - Cicicam-Cinalfa

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Politique sociale
Pérennité des politiques sociales, jeunes et solidarités

Famille, générations et société
Prévention de la violence juvénile : parution d’un guide pratique

Assurance-invalidité
Deux ans de SuisseMED@P

                           Sécurité sociale
                           CHSS 5/2014
sommaire                                        Sommaire       CHSSNo 5/2014 septembre / octobre

    Sommaire Sécurité sociale CHSS 5/2014

    Editorial                                                       261
    Chronique août / septembre 2014                                 262

                                                                            Assurance-invalidité
    Politique sociale                                                       SuisseMED@P a deux ans: où en sommes-nous ?
    Pérennité des politiques sociales, jeunes et solidarités                (Ralf Kocher, Office fédéral des assurances sociales)       288
    (Stéphane Rossini, André Fischer, Haute école de travail social
    et de la santé, Lausanne)                                      267
                                                                            Prévoyance
                                                                            Evolution financière de la prévoyance professionnelle de 1987
    Famille, générations et société                                         à 2012 (Stefan Müller, Salome Schüpbach, Office fédéral
    La police tessinoise effectue un travail de prévention dans             des assurances sociales)                                     291
    les écoles (Leonardo Da Vinci, Chiara Balerna, Elisa Milani,
    Scuola universitaria professionale della Svizzera italiana)    272
                                                                            Parlement
    Prévenir efficacement la violence : état actuel du savoir au plan
    ­international (Margit Averdijk, EPF Zurich, Manuel Eisner,             Interventions parlementaires                                 299
     Université de Cambridge)                                        276   Législation: les projets du Conseil fédéral                  303
    Prévention de la violence juvénile: parution d’un guide pratique
    (Carlo Fabian, Nadine Käser, Haute école spécialisée du                 Informations pratiques
    Nord-Ouest de la Suisse)                                        279
                                                                            Statistiques des assurances sociales                        304
    L’initiative populaire pour un revenu de base inconditionnel
    (Joana Guldimann, Stefan Müller, Thomas Borek, Office fédéral           Calendrier (réunions, congrès, cours)                       306
    des assurances sociales)                                     284       Livres307

                 Interne
                        t:
                                  dmin            .ch
         resse           f a s. a
Notre ad
             ww      w.o

editorial                                   Editorial

Vers une prévention efficace et durable
de la violence des jeunes

                                                                              Le guide « Prévenir la violence », pour sa part, offre un
                                                                           survol des connaissances internationales sur l’efficacité
                                                                           des programmes et présente les approches les plus pro-
                                                                           metteuses intervenant au niveau de l’individu, de la fa-
                                                                           mille, de l’école, de l’espace social et de l’aide aux victimes.
                                                                           Il expose les conditions de base favorisant la mise en
                                                                           œuvre de telles approches, indique les facteurs influant
                                                                           sur leur efficacité et décrit la situation actuelle en Suisse.
                                                                           Cet ouvrage entend aider les responsables de la prévention
                                                                           de la violence à s’orienter et leur servir de guide pour le
                                Ludwig Gärtner                             choix, la mise en œuvre et l’adaptation de mesures
                                Directeur suppléant de l’Office fédéral    concrètes.
                                des assurances sociales                       Quant au guide «Critères de bonnes pratiques. Préven-
                                                                           tion de la violence juvénile», il offre aux acteurs de terrain
                                                                           un nouvel outil propre à sensibiliser à la thématique et à
                                                                           nourrir le débat entre spécialistes, mais qui entend aussi
   Depuis 2011, la Confédération, les cantons, les villes et les           donner des repères et aider les acteurs à évaluer les mesures
   communes mettent conjointement en œuvre le programme                    en cours ou à en élaborer de nouvelles, en choisissant les
   de prévention Jeunes et violence. Prévu sur une durée de                plus prometteuses parmi les multiples formes que peut
   cinq ans, celui-ci vise à promouvoir en Suisse une prévention           prendre la prévention.
   efficace de la violence des jeunes. A cette fin, il fournit des            Le programme de prévention s’achèvera fin 2015, mais
   informations, encourage les échanges et le réseautage, finance          les derniers travaux battent déjà leur plein: un institut ex-
   des projets pilotes et propose des aides pour l’élaboration,            terne procède à l’évaluation finale, examinant dans quelle
   la mise en œuvre et l’évaluation de mesures. Le présent                 mesure le programme est parvenu à inscrire dans la durée
   numéro de «Sécurité sociale» présente trois travaux réalisés            une prévention efficace de la violence. Le rapport final à
   dans le cadre de ce programme, qui sont représentatifs du               l’intention du Conseil fédéral exposera les résultats que le
   travail de fond déjà mené à terme et qui en illustrent bien             programme aura permis d’obtenir, mais aussi dans quels
   l’orientation générale, à savoir fournir aux acteurs de terrain         domaines et pourquoi il n’a pas répondu pleinement aux
   des instruments de travail et des outils de référence.                  attentes. Il indiquera aussi le travail qu’il reste à faire pour
      L’évaluation portant sur le service spécialisé Gruppo                prévenir la violence des jeunes et quelles mesures seraient
   Visione Giovani (GVG) a examiné l’efficacité d’une ap-                  appropriées. Les spécialistes des cantons, des villes et des
   proche préventive testée au Tessin. Le GVG est une offre                communes s’avèrent des partenaires importants pour l’éva-
   de la police tessinoise qui vise les jeunes et les écoles, et qui       luation et pour la discussion sur la suite à donner au pro-
   promeut aussi l’approche préventive au sein de la police.               gramme.
   Les écoles apprécient la disponibilité constante de ce service             Cela dit, il est encore trop tôt pour tirer des conclusions
   gratuit. La désignation d’interlocuteurs dans les écoles                ou pour préciser les mesures à prendre. Diverses études
   garantit une collaboration étroite et constructive entre tous           attestent cependant qu’il existe toujours un grand potentiel
   les acteurs. Les points faibles relevés sont, notamment,                de violence parmi les jeunes et que beaucoup d’entre eux
   l’absence d’une stratégie globale et l’insuffisance de la coor-         en sont aussi les victimes, malgré le recul indiqué par les
   dination avec les autres offres de prévention dans le canton.           statistiques. Les parents, l’école et la société continueront
   Le rapport d’évaluation formule à cet égard des recom-                  donc d’être confrontés au problème, et mis au défi d’y
   mandations concrètes.                                                   trouver des réponses appropriées.

                                                                                                     Sécurité sociale CHSS 5/2014    261
chronique                                 Chronique        août / septembre 2014

                                            Réadaptation professionnelle I               vigueur de la LAMal. Un montant
Assurance-accidents                            Les 4e et 5e révisions de l’AI ont fait   total de 800 millions de francs sera
                                            baisser l’effectif des rentes d’invali-      redistribué aux assurés de neuf can-
Révision de la LAA                          dité plus rapidement que prévu. En           tons (ZH, ZG, FR, AI, GR, TG, TI,
  Le Conseil fédéral a adopté en sep-       revanche, l’effet produit par la révi-       VD et GE) au cours des années 2015
tembre 2014 un message additionnel          sion 6a de l’AI est inférieur aux pré-       à 2017. Il est financé à parts égales par
relatif à la modification de la loi fédé-   visions. Tel est le bilan intermédiaire      les assureurs, la Confédération et les
rale sur l’assurance-accidents. Les         tiré par l’OFAS deux ans après l’en-         assurés des cantons (BE, LU, UR, OW,
Chambres avaient renvoyé le projet          trée en vigueur de la révision 6a. Dans      NW, GL, SO, BL, SH, AR, SG, VS et
1 (assurance-accidents et prévention        l’ensemble, le changement de cap             JU) dans lesquels des primes insuffi-
des accidents) et suspendu le projet 2      opéré pour faire passer l’AI d’une           santes ont été payées entre 1996 et
(organisation et activités accessoires      assurance de rentes à une assurance          2013. Quatre cantons (SZ, BS, AG et
de la CNA) du message proposé en            de réadaptation est réussi, de même          NE) ne sont pas concernés par la cor-
2008 (08.047). Le message présente          que son assainissement. L’optimisa-          rection des primes, car les primes
une nouvelle formulation du projet 1,       tion des activités de réadaptation se        payées en insuffisance y sont négli-
proche de la version originale et s’ins-    poursuit.                                    geables. L’ordonnance sur la correc-
crivant dans le cadre fixé par le Par-                                                   tion des primes règle la mise en œuvre
lement, ainsi que des propositions          Réadaptation professionnelle II              de la modification de la loi sur l’assu-
visant à modifier le projet 2 qui re-          Soucieux de renforcer la réadapta-        rance-maladie (LAMal) adoptée en
prennent les suggestions avancées par       tion professionnelle dans l’AI, le           mars 2014 par le Parlement (www.
les partenaires sociaux dans leur pro-      Conseil fédéral a adapté le règlement        ofsp.admin.ch ➞ Thèmes ➞ Assu-
position de compromis (www.ofsp.            sur l’assurance-invalidité en ce sens.       rance-maladie ➞ Révisions de l’assu-
admin.ch ➞ Thèmes ➞ Assurance-              La modification entre en vigueur le          rance-maladie ➞ Compensation par-
accidents et assurance militaire ➞          1er janvier 2015. Il sera possible d’as-     tielle des primes).
Assurance-accidents ➞ Projets ➞             souplir la mise en œuvre des mesures
Révision de la LAA).                        de réinsertion. Par ailleurs, le conseil
                                            aux employeurs et aux spécialistes des
                                            domaines de l’école et de la formation       Conjoncture
                                            est explicitement inscrit dans la liste
Assurance-invalidité                        des tâches incombant aux offices AI.         Evolution du PIB au 2e trimestre
                                            Les autres modifications concernent          2014
Contribution d’assistance: un pas           notamment la qualité des expertises             Le produit intérieur brut (PIB) réel
de plus en faveur de la                     médicales et les conseils fournis aux        de la Suisse est resté inchangé au
réadaptation professionnelle                personnes qui déposent une demande           2e trimestre par rapport au trimestre
   Une première évaluation intermé-         de contribution d’assistance. La te-         précédent (0,0 %). La balance com-
diaire de la contribution d’assistance,     neur définitive des modifications sera       merciale légèrement négative des
nouvelle prestation de l’AI mise en         bientôt publiée dans le RO (www.             marchandises et des services a été
place avec le 2e volet de la 6e révision    ofas.admin.ch ➞ Informations desti-          contrebalancée par l’impulsion posi-
de l’AI (révision 6a), vient d’être pu-     nées aux médias ➞ Communiqués de             tive de la consommation privée ; les
bliée1. L’enquête menée auprès des          presse par domaine ➞ Assurance-in-           investissements (construction et équi-
bénéficiaires montre que la contribu-       validité AI ➞ AI: un pas de plus en          pements) ont eu un effet quasiment
tion a atteint les objectifs qui lui        faveur de la réadaptation profession-        neutre sur le PIB. Du côté de la pro-
étaient assignés : accroître l’autono-      nelle [19.9.2014]).                          duction (valeur ajoutée par branche),
mie des personnes en situation de                                                        l’industrie, le commerce de gros et les
handicap, leur qualité de vie et leur                                                    services financiers (soit environ 40%
liberté dans l’organisation de leur                                                      du PIB) n’ont eu aucun impact signi-
existence, et décharger les proches qui     Assurance-maladie                            ficatif sur la croissance. La valeur ajou-
leur prêtent assistance. Si, à ce jour,                                                  tée des domaines d’activités proches
les assurés qui recourent à cette pres-     Compensation des primes payées               de l’Etat a également stagné dans
tation sont moins nombreux que              en trop                                      l’ensemble. En glissement annuel, le
prévu, les coûts dépassent pourtant           Le Conseil fédéral a adopté l’or-          PIB a augmenté de 0,6 % au 2e tri-
les prévisions (www.ofas.admin.ch ➞         donnance qui doit permettre de com-
Documentation ➞ Publications ➞              penser partiellement les primes d’as-
                                                                                         1 Cf. Lâamir-Bozzini, Maryka, « Contribution
Etudes, expertises … ➞ Assurance-           surance-maladie payées en trop dans            d’assistance : premières expériences », dans
invalidité).                                certains cantons depuis l’entrée en            Sécurité sociale CHSS, 4/2014, p. 246 ss.

262     Sécurité sociale CHSS 5/2014
Chronique       août / septembre 2014

mestre 2014 (www.seco.admin.ch ➞                                                        plication «Caritas My Money» (pour
Thèmes ➞ Situation économique ➞             Famille, générations et                     l’instant disponible uniquement en
PIB Estimatioins trimestrielles).           société                                     allemand), l’organisation Caritas rap-
                                                                                        pelle les dix règles d’or qui leur per-
                                            Accueil extrafamilial pour enfants          mettront de garder le contrôle de leur
                                               Les Chambres fédérales ont adop-         budget et de leurs dépenses. Dans le
Egalité                                     té l’initiative parlementaire 13.451 qui    même but, l’association Plan B déve-
                                            demandait la prolongation jusqu’en          loppe des produits et services visant
BFEG : réunion de travail                   2019 du programme d’impulsion vi-           à instaurer un rapport raisonnable à
   Egalité salariale et conciliation        sant à promouvoir la création de            l’argent et à la consommation. Soute-
entre travail et famille étaient les        structures d’accueil extrafamilial. Le      nue par Caritas, Pro Juventute, Alpha-
thèmes phares de la réunion de travail      Conseil fédéral avait approuvé l’auto-      pay et le Groupe Aduno, l’association
des présidentes et présidents des orga-     risation d’un nouveau crédit d’enga-        vise aussi à briser le tabou qui entoure
nisations faîtières féminines, mascu-       gement de 120 millions de francs            l’endettement (www.caritas-schul-
lines et de promotion de l’égalité          (www.admin ➞ Droit fédéral ➞                denberatung et www.vereinplanb.ch).
suisses. La rencontre, qui s’est tenue      Feuille fédérale ➞ FF 2014 6369 [rap-
à Berne à l’invitation du Bureau fédé-      port de la CSEC]; FF 2014 6393 [avis
ral de l’égalité entre femmes et            du Conseil fédéral]).
hommes (BFEG), était placée cette                                                       Logement
année sous le signe de la concrétisa-       Initiative populaire «Aider les
tion du principe «à travail égal, salaire   familles!»                                  Promotion du logement
égal ». Elle a également porté sur les         Comme le propose le Conseil fédé-           Le Conseil fédéral entend renou-
moyens de concilier vie profession-         ral et à l’instar du Conseil national, le   veler le crédit-cadre destiné à caution-
nelle et vie familiale, un défi principa-   Conseil des Etats recommande de             ner la promotion du logement. Il
lement évoqué du point de vue mas-          rejeter l’initiative populaire intitulée    propose au Parlement d’adopter un
culin (www.bfeg.admin.ch ➞ Thèmes           « Aider les familles! Pour des alloca-      crédit-cadre de 1900 millions de francs
➞ Travail).                                 tions pour enfant et des allocations        pour des engagements conditionnels
                                            de formation professionnelle exoné-         en faveur de la construction de loge-
Journée internationale des                  rées de l’impôt » et ne lui oppose          ments d’utilité publique. Conformé-
personnes handicapées                       aucun contre-projet. Les allocations        ment au message approuvé le 20 août
  Le 3 décembre est placé cette année       pour enfant et les allocations de for-      2014, ce crédit servira avant tout à
sous la devise «Nous avons notre mot        mation augmentent la capacité éco-          cautionner les emprunts de la Cen-
à dire ! » Par ce slogan, les personnes     nomique des contribuables, ce qui           trale d’émission pour la construction
en situation de handicap revendiquent       explique pourquoi elles sont soumises       de logements (CCL). Il n’entraînera
leur participation active à la vie pu-      à l’impôt sur le revenu. Les Chambres       de dépenses effectives que si une cau-
blique. Citoyens comme les autres –         s’accordent pour penser que les effets      tion devait être honorée (www.admin.
habitants de quartier, membres d’as-        d’une exonération fiscale ne sont pas       ch ➞ Droit fédéral ➞ Feuille fédérale
sociation, personnes actives en             assez ciblés, car celle-ci avantagerait     ➞ FF 2014 6207).
politique ou clients – elles souhaitent,    surtout les familles ayant des revenus
comme tout un chacun, avoir voix au         élevés, en raison de la progressivité
chapitre, contribuer à l’organisation       de l’impôt. Une minorité de la com-
de la société et participer aux déci-       mission préparatoire proposait d’ac-        Migration
sions sur les questions qui les             cepter l’initiative pour alléger les
concernent. Par la parole, par les actes,   charges de la classe moyenne et ren-        Libre circulation
par les idées. C’est la première fois       forcer son pouvoir d’achat, mais le            Dans un rapport du 4 avril 2014, la
que cette journée, animée tradition-        plénum ne l’a pas suivie.                   Commission de gestion du Conseil
nellement par la Conférence des orga-                                                   national (CdG-N) recommande neuf
nisations faîtières de l’aide privée aux    Prévention de l’endettement                 mesures afin de mieux contrôler le
personnes handicapées, est organisée           Vivre dans une société consumé-          droit de séjour des étrangers dans le
en collaboration avec le Bureau fédé-       riste requiert de chacun de bonnes          cadre de l’accord sur la libre circula-
ral de l’égalité pour les personnes         compétences pour gérer son argent et        tion des personnes. Dans son avis sur
handicapées (www.integrationhandi-          ses dettes. Cela concerne particuliè-       ce rapport, le Conseil fédéral renvoie
cap.ch ; www.dfi.admin.ch ➞ Bureau          rement les adolescents et les jeunes        aux travaux en cours concernant les
fédéral de l’égalité pour les personnes     adultes, qui manquent souvent d’ex-         mesures de lutte contre les abus. Ces
handicapées ➞ Actualité).                   périence dans ce domaine. Avec l’ap-        dernières sont en consultation depuis

                                                                                           Sécurité sociale CHSS 5/2014    263
Chronique       août / septembre 2014

le 2 juillet. Le Conseil fédéral estime    Initiative populaire «Pour un             Répartition de la richesse en Suisse
également qu’il faut attendre de voir      revenu de base inconditionnel»            [AFC 2014; PDF 28.8.2014]).
comment évolue la situation en rap-           Le Conseil fédéral rejette l’initia-
port avec la mise en œuvre de l’art.       tive populaire « Pour un revenu de
121a Cst. (www.dfjp.admin.ch ➞ Ac-         base inconditionnel » sans proposer
tualités ➞ Rapport de la CdG-N sur         de contre-projet, direct ou indirect2 ;   Prévoyance professionnelle
la libre circulation des personnes: avis   il a approuvé un message en ce sens
du Conseil fédéral).                       à l’intention du Parlement. Il estime     Fonds patronaux de bienfaisance
                                           que l’introduction d’un revenu de            Le Conseil fédéral se prononce en
Rapport sur la migration 2013              base inconditionnel aurait des consé-     faveur de la proposition de la Com-
   La restructuration du domaine de        quences négatives, notamment sur          mission de sécurité sociale et de la
l’asile, une campagne contre la traite     l’ordre économique, le système de         santé du Conseil national pour la mise
d’êtres humains et l’accueil de            sécurité sociale et la cohésion de la     en œuvre de l’initiative parlementaire
groupes de réfugiés en provenance          société. Le financement d’un tel reve-    «Permettre aux fonds de bienfaisance
de Syrie figurent parmi les nombreux       nu entraînerait en particulier une        de jouer leur rôle» (11.457), tout en y
thèmes qui ont occupé l’Office fédé-       hausse considérable de la charge fis-     apportant des compléments. Cette
ral des migrations (ODM) en 2013.          cale (www.admin.ch ➞ Droit fédéral        initiative vise à encourager le main-
Le rapport sur la migration 2013 pré-      ➞ Feuille fédérale ➞ FF 2014 6303).       tien de ce type d’institution sociale
sente les activités très diverses de                                                 financée par les employeurs et néces-
l’ODM (www.odm.admin.ch ➞ Publi-           Répartition de la richesse en Suisse      site une modification de l’art. 89a CC.
cations & service ➞ Rapports ➞ Rap-           Adopté par le Conseil fédéral, le      Le nombre de dispositions de la LPP
ports divers ➞ Rapports sur la migra-      deuxième rapport sur la répartition       applicables aux fonds patronaux de
tion).                                     de la richesse présente (dix ans après    bienfaisance, qui accordent seulement
                                           le premier) la situation et l’évolution   des prestations discrétionnaires, sera
                                           des revenus et de la fortune en Suisse.   réduit. Le Conseil fédéral estime que
                                           Ces derniers ont augmenté pendant         le projet met fin à l’insécurité juri-
Politique sociale                          la décennie passée. L’évolution des       dique actuelle et encourage les efforts
                                           années sous revue est marquée par la      des employeurs pour maintenir les
Initiative des villes pour la              crise économique et financière inter-     fonds patronaux de bienfaisance. Tou-
politique sociale: indicateurs             nationale, qui a aussi entraîné une       tefois, il propose d’appliquer aussi le
de l’aide sociale                          récession en Suisse en 2009, et par la    principe de transparence aux fonds
   L’Initiative des villes pour la poli-   reprise qui a suivi. L’inégalité des      patronaux (comptabilité et frais admi-
tique sociale a publié ses indicateurs     revenus est restée en grande partie       nistratifs) et juge indispensable de
annuels de l’aide sociale. Il en ressort   stable à l’échelle nationale de 1998 à    préciser les conditions relatives à leur
que la durée de perception moyenne         2011. A l’échelon cantonal, dans un       exonération fiscale, afin d’en éviter
de l’aide sociale a nettement aug-         passé récent (de 2007 à 2010), l’iné-     l’utilisation abusive à d’autres fins que
menté ces dernières années. La part        galité des revenus mesurée d’après le     la prévoyance (www.admin.ch ➞
des bénéficiaires qui perçoivent l’aide    coefficient de Gini a augmenté dans       Droit fédéral ➞ Feuille fédérale ➞
sociale pendant plus de cinq ans se        quatorze cantons et diminué dans          FF 2014 5929 [rapport CSSS-N]; FF
situe déjà dans la plupart des villes      douze. En comparaison européenne          2014 6399 [avis du Conseil fédéral]).
entre 20 et 30 %. La comparaison des       et en parité de pouvoir d’achat, le
chiffres sur une longue période            revenu disponible en Suisse est en        PUBLICA
montre que les circonstances qui           moyenne 2,6 fois plus élevé qu’au           Les rendements escomptés des pla-
mènent à l’aide sociale ont sensible-      Portugal et 1,3 fois plus élevé qu’en     cements financiers affichent une fai-
ment changé: tant les révisions de l’AC    Allemagne et en France. Après le          blesse persistante ; c’est pourquoi la
et de l’AI que le changement structu-      Luxembourg et la Norvège, la Suisse       commission de la Caisse fédérale de
rel de l’économie et l’évolution de la     se place au troisième rang de la sta-     pensions PUBLICA a décidé, le 18
société ont une influence sur les          tistique des revenus. Par ailleurs, la    décembre 2012, de baisser de 3,5 à
chiffres de l’aide sociale. L’Initiative   répartition des revenus est moins iné-    2,75 %, à compter du 1er janvier 2015,
des villes pour la politique sociale       gale en Suisse que dans la moyenne        le taux d’intérêt technique appli-
plaide en faveur d’une vision globale      des pays européens (www.ofs.admin.        qué par les caisses de prévoyance
de la sécurité sociale et pour des         ch ➞ Thèmes ➞ 20 – Situation éco-
mesures innovantes à l’égard des           nomique et sociale de la population          2 Cf. Joana Guldimann et al., « L’initiative popu-
                                                                                          laire pour un revenu de base inconditionnel»,
groupes à risque (www.staedteinitia-       ➞ Revenus, consommation et fortune             dans le présent numéro de Sécurité sociale
tive.ch).                                  des ménages ➞ Analyses, rapports ➞             CHSS.

264    Sécurité sociale CHSS 5/2014
Chronique       août / septembre 2014

ouvertes. Pour éviter une diminution         problèmes de locomotion, de vue         sente également les facteurs sociaux
des rentes à l’avenir, l’organe pari-        et d’ouïe multiplient le risque de      qui peuvent influencer le traitement
taire a également décidé de relever          subir des limitations. Les personnes    et les soins administrés aux personnes
le montant des cotisations d’épargne.        qui connaissent des limitations         migrantes. Elaborée en collaboration
Le Conseil fédéral a approuvé cette          fonctionnelles dans leurs activités     avec le corps médical et le personnel
décision. L’augmentation sera sup-           quotidiennes souffrent plus souvent     soignant, la formation se compose de
portée à raison de 80 % par l’em-            de détresse psychique élevée et         trois modules différents destinés aux
ployeur – part entièrement compen-           présentent plus souvent des symp-       médecins, aux infirmiers ainsi qu’au
sée par l’abaissement de la prime de         tômes de dépression modérée à           personnel soignant et au personnel
risque, la suppression de l’allègement       grave que les autres. Elles ont éga-    d’accueil.
des cotisations et la réforme de la          lement plus souvent un faible ni-
rente transitoire. Le cinquième res-         veau d’énergie et de vitalité. Enfin,   OMS: rapport sur la prévention
tant de l’augmentation sera à la             elles qualifient moins souvent leur     du suicide
charge des salariés, dont les cotisa-        qualité de vie de bonne ou très            Pour la première fois, l’Organisa-
tions mensuelles individuelles aug-          bonne et elles sont moins nom-          tion mondiale de la santé (OMS) fait
menteront de 0,6 point au maximum,           breuses à bénéficier d’un fort sou-     le point sur le nombre de suicides dans
toutes classes de salaire et tous âges       tien social.                            le monde et sur les mesures de pré-
confondus.                                 • Un peu plus de la moitié des per-       vention ayant cours dans les différents
                                             sonnes actives sont exposées dans       pays. Chaque année, plus de 800 000
Taux d’intérêt minimal LPP                   leur travail à un cumul de risques      personnes à travers le monde se
   Les membres de la Commission              physiques. C’est 10 points de plus      donnent la mort. En Suisse, 972 per-
LPP se sont prononcés à une forte            qu’en 2007 (42 %). Par rapport à        sonnes ont mis fin à leurs jours en
majorité pour le maintien du taux            celles qui n’y sont pas exposées,       2012. Ce chiffre n’englobe pas les
d’intérêt minimal à 1,75% pour 2015.         elles déclarent deux fois et demie      quelque 350 suicides ayant eu lieu
La décision incombe au Conseil fédé-         plus souvent un état de santé géné-     avec le concours des organisations ad
ral. Ce taux détermine l’intérêt mini-       ral qui n’est pas bon. La part des      hoc. Le taux de suicide est trois fois
mal auquel doivent être rémunérés            personnes craignant de perdre leur      plus élevé chez les hommes que chez
les avoirs de vieillesse relevant du         emploi n’a cependant pas augmen-        les femmes. La Confédération et les
régime obligatoire de la prévoyance          té depuis 2007 (13 %) ; mais elles      cantons mettent actuellement en
professionnelle. La formule préconi-         sont deux fois plus nombreuses à        place, dans le cadre du Dialogue Poli-
sée par la majorité de la commission         déclarer des symptômes de détresse      tique nationale de la santé, un plan
pour le calcul de ce taux donnait en         psychologique que celles qui n’ont      d’action pour la prévention du suicide
septembre 2014 une valeur de 1,5 %.          pas de craintes à ce sujet (www.bfs.    (www.santenationale.ch ➞ Projets ➞
Mais vu la situation globalement satis-      admin.ch ➞ Thèmes ➞ 14 – Santé          Santé mentale ➞ Plan d’action pré-
faisante que connaissent les marchés         ➞ Santé de la population ➞ Etat         vention du suicide).
financiers, une majorité (11 voix) s’est     de santé et maladies ➞ Enquêtes,
prononcée en faveur du maintien du           relevés ➞ Enquête suisse sur la
taux. Six membres ont voté pour un           santé [ESS]).
taux de 2 %. L’inflation étant basse,                                                Travail
1,75 % représente une bonne rému-          Migration et santé
nération en valeur réelle.                    Pour améliorer la qualité des trai-    ESPA 2e trimestre 2014:
                                           tements des personnes issues de           offre de travail
                                           l’immigration, l’Office fédéral de la       Le nombre d’actifs occupés en
                                           santé publique (OFSP) lance une for-      Suisse a progressé de 1,8 % entre le
Santé                                      mation continue en ligne gratuite,        2e trimestre 2013 et le 2e trimestre
                                           destinée aux professionnels de la         2014. Durant la même période, le taux
Enquête sur la santé 2012                  santé, intitulée « Interaction et qua-    de chômage selon la définition qu’en
• Deux personnes sur dix âgées de          lité dans le domaine de la santé »        a donnée le Bureau international du
  65 ans et plus et vivant en ménage       (www.elearning-iq.ch). La nouvelle        travail a légèrement augmenté, de
  privé connaissent des limitations        formation fournit en français, en ita-    4,2% à 4,4%. Au sein de l’UE, le taux
  fonctionnelles dans leurs activités      lien et en allemand des exemples pra-     de chômage a reculé de 10,8 % à
  de tous les jours. Plus de la moitié     tiques qui permettent de mieux com-       10,2% (www.bfs.admin.ch ➞ Thèmes
  d’entre elles reçoivent une aide de      prendre la situation sanitaire de la      ➞ 03 – Travail, rémunération ➞ Bases
  la part de proches ou d’un service       population migrante et de supprimer       statistiques ➞ Enquêtes, sources ➞
  d’aide et de soins à domicile. Les       les barrières linguistiques. Elle pré-    Enquêtes actives ➞ ESPA).

                                                                                        Sécurité sociale CHSS 5/2014   265
Chronique              août / septembre 2014

Lutte contre le travail au noir               porter leur soutien. Par ailleurs, le           Département fédéral des finances
   La lutte contre le travail au noir         Conseil fédéral a décidé de revenir             (DFF) doit poursuivre les travaux en
sera optimisée. Le 20 août 2014, le           sur son arrêté du 13 décembre 2013              vue de supprimer la discrimination
Conseil fédéral a chargé le Départe-          et de ne pas supprimer l’obligation             fiscale des couples mariés au niveau
ment fédéral de l’économie, de la             d’annoncer les nouveaux employés                de l’impôt fédéral direct. Le Dépar-
formation et de la recherche (DEFR)           en cours d’année à la caisse de com-            tement fédéral de l’intérieur (DFI)
de préparer, d’ici fin mars 2015, un          pensation.                                      et le DEFR analyseront la croissance
projet de révision de la loi sur le travail                                                   de l’emploi dans les domaines de la
au noir. L’échange facilité de données        Renforcement de l’initiative visant             santé, du social et de la formation.
et d’informations entre les différentes       à combattre la pénurie de                       De plus, le Département fédéral de
autorités engagées dans cette lutte           personnel qualifié                              justice et police (DFJP) dévelop-
sera au cœur du projet. Comme l’exé-            Le Conseil fédéral a pris acte de             pera, en collaboration avec les can-
cution des contrôles se fonde sur la          la note de discussion consacrée au              tons et les associations profession-
communication de soupçons à l’or-             renforcement de l’initiative visant à           nelles, des projets concrets visant à
gane de contrôle par d’autres autori-         combattre la pénurie de personnel               créer des incitations à l’intégration
tés, l’idée est de mieux utiliser le po-      qualifié (FKI). Le document pré-                professionnelle (www.defr.admin.ch
tentiel à disposition. La révision aura       sente un train de mesures touchant              ➞ Thèmes ➞ Formation, recherche,
donc notamment pour but d’élargir             plusieurs départements et que le                innovation ➞ Davantage de person-
le cercle des autorités à même d’ap-          DEFR est chargé de coordonner. Le               nel qualifié).

Statistique de poche 2014:
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                                                   2014
                                                   Assurances sociales
                                                   en Suisse
                                                   Statistique de poche

266     Sécurité sociale CHSS 5/2014
politique sociale                                        Politique sociale    Pérennité des politiques sociales, jeunes et solidarités

Pérennité des politiques sociales,
jeunes et solidarités
Quelle est l’origine des politiques de solidarité? Pourquoi ont-elles été                           environnement. Elle s’articule pour
instaurées? Comment sont-elles organisées? Ces questions, dans une                                  ce faire autour de deux axes empi-
                                                                                                    riques.
perspective de pérennisation des politiques sociales et dans une
                                                                                                       D’une part, l’analyse des pro-
démocratie exigeante, sont essentielles. Car, il faut veiller à ce que la                           grammes scolaires des cantons de
perte de mémoire et la méconnaissance des questions sociales par les                                Genève, du Valais et de Vaud identifie
jeunes générations n’affaiblissent les instruments de cohésion sociale.                             la manière dont l’école aborde les
                                                                                                    solidarités. L’école est l’espace par
                                                                                                    excellence de transmission des valeurs
                                                                                                    et des savoirs. Quels moyens met-elle
                                                                                                    à disposition des jeunes pour connaître
                                                                                                    et comprendre les politiques de soli-
                                                                                                    darité ? Que contiennent les pro-
                                                                                                    grammes scolaires? Quelle place ac-
                                                                                                    corde-t-elle aux questions institu-
                                                                                                    tionnelles et politiques ? Telles sont
                                                                                                    nos interrogations.
                                                                                                       D’autre part, une enquête a été
                                                                                                    réalisée auprès de 3 180 jeunes ro-
                                                                                                    mands pour cerner leur capacité
                                                                                                    d’appréhender les solidarités. Si le
                                                                                                    nombre de personnes interrogées est
                                                                                                    très élevé, nous ne pouvons exprimer
        Stéphane Rossini                     André Fischer                                          une représentativité qualitative de
        Haute école de travail social et de la santé, Lausanne                                      l’échantillon qui se limite à la Suisse
                                                                                                    romande. Ce questionnement, partant
                                                                                                    du général vers le particulier, traite
                                                                                                    plusieurs dimensions : la notion de
                                                                                                    solidarité et ses lieux d’expression; la
        Les politiques de solidarité mises en            soutenu l’élaboration des politiques       concrétisation par les politiques pu-
        œuvre par le système de protection               de solidarité.                             bliques, à l’aide de situations spéci-
        sociale sont constamment au centre                                                          fiques ; l’organisation institution-
        de revendications et de débats. Initia-                                                     nelle par la sécurité sociale.
        tives populaires, processus législatifs          Axes de recherche
        et référendaires ponctuent l’actualité.
        La démocratie helvétique attend                     La recherche qui sous-tend cet ar-      Ecole et solidarités
        ainsi du peuple qu’il redéfinisse régu-          ticle postule qu’une perte de mémoire
        lièrement les contours des politiques            collective sur l’origine des politiques       Au cours des trente dernières an-
        de solidarité. Les citoyens sont donc            sociales croît au sein de la population    nées, les programmes scolaires ac-
        investis d’une lourde responsabilité,            et s’ajoute à une méconnaissance des       cordent une place certaine à des pro-
        pour laquelle ils doivent être accom-            modes de fonctionnement des régimes        blématiques telles que l’ouverture à
        pagnés, formés, informés. Dès lors,              sociaux. Ce double mécanisme, ab-          l’autre, le respect des différences et la
        apprécier la compréhension de ces                sence de repères historiques et igno-      diversité culturelle, le développement
        politiques par les jeunes générations            rance systémique, pourrait provoquer       citoyen responsable, la dimension
        fait sens. D’autant plus que les jeunes          au sein des jeunes générations une         collective de la vie en société. Ces
        accèdent désormais à leur citoyen-               banalisation de la remise en cause des     approches participent à la compré-
        neté, par le droit de vote et d’élection,        instruments actuels de solidarité.         hension de la solidarité, de la cohésion
        sans avoir vécu ni connu, par l’expé-            L’étude tente donc de comprendre la        sociale ou, plus généralement, du
        rience, les mouvements sociaux ayant             posture des jeunes romands, dans leur      vivre ensemble. Elles se révèlent

                                                                                                        Sécurité sociale CHSS 5/2014    267
Politique sociale              Pérennité des politiques sociales, jeunes et solidarités

transversales et interdisciplinaires,
exprimant la diversité des contenus          Degré d’association entre les groupes et l’idée de solidarité                            G1
et des traductions de mise en œuvre          (en moyenne, de 1, tout à fait associé, à 4, pas du tout, n=3 180)
des mesures d’action sociale par
la société civile, les institutions poli-
                                                            Amis            1,17
tiques ou les régimes sociaux. La
double ­dimension «vivre ensemble –                      Famille            1,21
solidarités » apparaît simultanément           Club sportif ou
                                             société culturelle                         1,73
dans des enseignements aussi variés,
et a priori fort éloignés, que sont                         Ecole                                2,11
l’étude des langues, de la biologie, de               Entreprise                                   2,17
l’éducation physique ou de l’instruc-
                                             Réseaux sociaux
tion civique.                                (Facebook, etc.)
                                                                                                                         3,11
   Par contre, la protection sociale
                                                                      1,0       1,5        2,0          2,5        3,0          3,5    4,0
institutionnalisée, dans une perspec-
                                             Source: Op.cit., p. 60
tive de politique publique, ne s’avère
qu’une préoccupation marginale du
système de formation. Dans le temps,         Jeunes et solidarités                                Groupes de référence
en concentrant l’analyse sur le conte-                                                              La solidarité renvoie d’abord à la
nu spécifique des éléments program-             Ont participé à notre enquête                     famille et aux amis, mais aussi aux
matiques consacrés aux politiques de         3 180 jeunes provenant des trois can-                clubs sportifs ou aux sociétés cultu-
solidarité et aux notions d’Etat ou de       tons de Genève (807 jeunes), du                      relles (voir graphique G1). Les amis
politique sociale, de droits sociaux,        Valais (1 132) et de Vaud (1 241).                   et à la famille sont les points d’ac-
d’assurances sociales, on observe que        86 % des jeunes interrogés ont entre                 croche principaux, les lieux d’expres-
la place accordée à ces éléments de          16 et 20 ans, 14 % entre 21 et 26 ans.               sion privilégiés des solidarités. C’est
nature institutionnelle s’est considé-       Par sexe, les filles sont légèrement                 là que les jeunes vivent et peuvent
rablement réduite. Révélateur, cer-          plus nombreuses (54 %) que les gar-                  observer l’émergence ou l’échange
taines assurances sociales, incontour-       çons (46 %). Par type de formation,                  sur les questions difficiles de la vie,
nables pour les gens et au cœur de           39% suivent les enseignements d’un                   parmi lesquels figurent évidemment
l’actualité, telles que les assurances       collège, 15 % d’une école de com-                    les problèmes sociaux. A l’inverse, les
maladie, invalidité ou chômage, n’ap-        merce et 46 % d’une école profes-                    réseaux sociaux internet n’y sont clai-
paraissent quasiment jamais de ma-           sionnelle. L’échantillon est constitué               rement pas associés.
nière explicite dans les contenus.           sur la base d’un engagement volon-
   Relevons que l’appartenance au            taire des enseignants.                               Politiques publiques
collectif et au vivre ensemble, telle           Par thème générique, les résultats                   La solidarité se conjugue au quoti-
qu’émanant des programmes scolaires,         principaux suivants peuvent être mis                 dien et au pluriel, à travers des actes
associe responsabilité individuelle et       en évidence.                                         concrets, auxquels les jeunes ont été
solidarité. Ces deux dimensions vont                                                              confrontés. Six problématiques sont
de pair. Elles s’inscrivent en ce sens       Notion de solidarité                                 retenues dans l’étude : la fiscalité,
pleinement dans la culture politique            Définir la solidarité ne va pas for-              l’école, le travail, les transports pu-
suisse, profondément marquée par le          cément de soi. C’est pourquoi l’idée                 blics, la situation familiale et la pré-
libéralisme et la subsidiarité.              de solidarité a été associée à plu-                  vention de la santé.
   Enfin, le traitement des politiques       sieurs notions : partage, humanitaire,                  Si les jeunes sont favorables à l’im-
de solidarité dépend largement de la         intégration, cohésion, responsabilité,               pôt, les dimensions de redistribution
latitude accordée aux enseignants ou         assurance, profiteur. Pour les jeunes,               sociale et de réduction des inégalités
aux sites de formation. On ne décèle         partage et humanitaire sont manifes-                 ne vont pas de soi. Elles sont peu sou-
aucune approche structurée et coor-          tement les mots les plus à même                      tenues. Par contre, ils considèrent que
donnée de l’enseignement de ces              pour exprimer la solidarité, alors que               l’école publique doit contribuer à la
matières. C’est d’abord la conscience        les notions d’intégration, de cohé-                  réduction des inégalités. Cohérents,
de leur importance par le corps pro-         sion ou d’assurance sont associées                   ils rejettent une école qui favoriserait
fessoral qui dicte le rythme et l’inten-     un peu (seulement) à l’idée de soli-                 les élèves les plus doués, alors que les
sité de diffusion de la mémoire de           darité. Intéressant, la notion de res-               parents devraient pouvoir choisir li-
l’Etat social et de ses institutions, bien   ponsabilité est associée à la solida-                brement entre l’école publique ou
plus qu’une définition de contenu et         rité pour une forte majorité des                     privée pour leurs enfants. Une liberté,
de matières à maîtriser.                     jeunes gens.                                         formulée de manière générale, ne sau-

268     Sécurité sociale CHSS 5/2014
Politique sociale         Pérennité des politiques sociales, jeunes et solidarités

Degré de familiarité avec différentes notions de sécurité sociale                                                                                         G2
(1 souvent, 2 parfois et 3 jamais, en%, n=3 180)

          Assurance-maladie (LAMal)                                                86,2                                                     11,9         1,9

                    Assurance-vieillesse                                                                                                                 3,1
                                                                                  83,7                                                     13,1
                     et survivants (AVS)
              Assurance-invalidité (AI)                                       80,7                                                     15,1              4,2

                  Allocations familiales                                     79,2                                                      18,9              1,9

            Assurance-accident (LAA)                                       72,4                                                     23,9                 3,6

          Assurance-chômage (LACI)                                   62,5                                                 30,3                     7,1

                         Assurance sociale                         56,3                                                 37,0                       6,7

                           Sécurité sociale               37,5                                              55,0                                   7,5

                   Assurance-maternité                 34,6                                     42,0                                   23,4

  Assurance perte de gain maladie                  27,5                               37,9                                      34,6

   Prévoyance professionnelle (LPP)                25,8                            35,4                                        38,8

                                              0   10        20        30          40       50          60          70          80          90        100
                                                                 souvent           parfois       jamais
Source: Op.cit., p. 69

rait être refusée ! En matière d’em-               (fumer, par exemple), doivent béné-                  citent les allocations familiales ; les
ploi, les jeunes admettent, simultané-             ficier de soins.                                     grands-parents perçoivent une re-
ment, que trouver un travail est                                                                        traite. De plus, ces assurances sociales
l’affaire de chacun et qu’il incombe               Organisation de la solidarité                        sont fréquemment au cœur des débats
aussi aux entreprises de fournir des                 De manière générale, la familiarité                publics. Elles profitent dès lors d’une
emplois à la population. Le cas                    des jeunes avec les notions exprimant,               médiatisation qui assoit leur noto-
échéant, le canton ou la commune                   formellement, les références et les                  riété.
doivent pouvoir être sollicités. L’em-             structures institutionnelles du sys-                    Les assurances accidents (LAA) et
ploi est donc l’affaire de tous, dans              tème de protection sociale s’avère très              chômage (LACI) sont elles aussi plu-
une dynamique de solidarité et de                  inégale, variant fortement selon le                  tôt bien connues. La connaissance plus
responsabilité individuelle. La problé-            concept évoqué (voir graphique G2).                  forte de la LAA s’explique par le fait
matique de l’accueil extrafamilial,                La terminologie générique (assurance                 que les apprentis interrogés y sont
facilitant la conciliation entre vie fa-           sociale et sécurité sociale), les jeunes             souvent confrontés au travail par les
miliale et activité professionnelle, est           en ont entendu parler, parfois. Ces                  actions de prévention de la SUVA.
parfaitement acceptée, entrée dans                 notions restent parfaitement incon-                  A l’inverse, certaines notions sont peu
les mœurs. Il importe de créer des                 nues pour 7% des jeunes. Les assu-                   connues, voire quasi étrangères. C’est
crèches pour permettre aux parents                 rances sociales les plus connues (les                le cas de l’assurance maternité, de
de concilier travail et famille. De plus,          jeunes qui ont «souvent» entendu ces                 l’assurance perte de gain en cas de
la société doit venir en aide financiè-            notions) sont les allocations familiales             maladie et de la prévoyance profes-
rement aux familles avec plusieurs                 (79 %), l’assurance-invalidité AI                    sionnelle. De 23% à 39% des jeunes
enfants. Cette solidarité paraît évi-              (81%), l’assurance-vieillesse et survi-              n’en ont jamais entendu parler.
dente. Enfin, les jeunes adhèrent clai-            vants AVS (84%) et l’assurance-ma-
rement à la lutte contre le SIDA et                ladie LAMal (86%). Le fait que ces                   Apparition des politiques sociales
soutiennent les comportements favo-                assurances sociales habitent le quoti-                  Par leur âge, les jeunes interrogés
risant un bon état de santé. Mais, ils             dien de tout un chacun leur confère                  n’ont pas vécu les processus de reven-
refusent de sanctionner financière-                une réelle proximité avec les jeunes.                dication et de décision ayant conduit
ment celles et ceux qui, malgré un                 Dans chaque famille sévissent des                    à la création, puis au développement
comportement nuisible à la santé                   problèmes de santé; les parents solli-               des politiques sociales. Pour eux, les

                                                                                                              Sécurité sociale CHSS 5/2014                269
Politique sociale              Pérennité des politiques sociales, jeunes et solidarités

politiques sociales résultent avant
tout de l’action des mouvements             Appréciation de l’octroi d’un revenu de substitution (rente)                                           G3
ouvriers (syndicats), des pouvoirs          en cas d’invalidité, de chômage, de vieillesse (en%, n=3 180)
publics (Confédération, cantons,              60
communes) et des partis politiques.                                                            51,3
Ils pensent que les entreprises n’ont         50
                                                               43,8                                                             43,3
contribué que « parfois » à ces réali-
sations. Une différence entre le type         40                                                                         34,5
                                                                       28,7                            29,2
d’école fréquentée est statistique-
                                              30
ment significative concernant l’in-
fluence du mouvement ouvrier. Parmi           20       14,1                   13,4     11,3                                            15,3
les jeunes qui fréquentent un collège
                                                                                                              8,2                             6,8
ou un gymnase, 63 % répondent que             10
celui-ci est « surtout » à l’origine des
politiques sociales ; parmi ceux qui           0
                                                       Les personnes qui travaillent         Celui qui ne peut plus      Chacun devrait faire
fréquentent une école profession-                      doivent financer des assurances       travailler doit être aidé   des économies en prévision
nelle, la réponse est de 50%. Ce déca-                 pour aider celles qui ne              par sa famille              d‘une absence de salaire
                                                       travaillent pas
lage peut étonner, les jeunes appren-
tis étant en principe davantage
                                                                      Tout à fait d‘accord                    Pas d‘accord
sensibilisés aux démarches de recru-
                                                                      D’accord                                Pas du tout d‘accord
tement ou de revendication des syn-
dicats au sein des entreprises.
                                            Source : Op.cit., p. 74

L’information
   Les médias (journal, radio, TV, In-      Revenu de substitution                                   Résumé
ternet) et la famille sont les principaux      L’allocation d’un revenu de subs-
vecteurs de transmission d’informa-         titution est au cœur des solidarités et                     En résumé, l’analyse fait émerger
tion et de connaissance sur la poli-        une prestation majeure de plusieurs                      quelques tendances. S’agissant de la
tique sociale et les assurances sociales.   assurances sociales. Elle est évoquée                    solidarité par les politiques publiques,
Ces thèmes ne sont par contre pas           à l’aide des situations d’invalidité, de                 les jeunes adoptent une attitude qui
souvent discutés avec les amis.             chômage et de vieillesse. Les opi-                       allie simultanément solidarité et res-
Contrairement aux adultes, les jeunes       nions émises dégagent des majorités                      ponsabilité individuelle. S’ils sou-
semblent moins enclins à débattre de        d’accord, mais laissent entrevoir cer-                   tiennent les actions de mise en œuvre
ces questions entre eux, alors même         taines hésitations. Si 58 % des jeunes                   de la solidarité, on observe chez eux
qu’elles ponctuent l’actualité. Elles       soutiennent une assurance établis-                       une méconnaissance des structures et
sont encore globalement relativement        sant une solidarité entre actifs et                      des mécanismes institutionnels qui les
éloignées de leurs préoccupations.          inactifs, la minorité ne partageant pas                  concrétisent. Au-delà des éléments
Relevons que, dans ce domaine, les          cette vision atteint 42 %. Une des                       discutés dans les médias ou la famille,
réseaux sociaux ne sont pas mention-        pièces maîtresses de la construction                     le fonctionnement du système de pro-
nés comme un vecteur d’information          des solidarités par la protection so-                    tection sociale n’est pas une problé-
ou d’échange.                               ciale est ainsi mise en doute par une                    matique familière. La crainte d’une
   Lorsque l’on interroge les jeunes        proportion de jeunes qu’il ne faut pas                   perte de mémoire sociale se vérifie
sur les sources d’information néces-        sous-estimer. D’ailleurs, la responsa-                   donc, d’autant plus que l’école ne
saires pour se forger une opinion dans      bilité individuelle (par l’épargne) et                   montre guère d’engagement pour
la perspective d’une votation, ils pri-     le principe de subsidiarité (par le                      accorder à ces thèmes une place pré-
vilégient les parents. Ils reconnaissent,   recours à la famille) apparaissent                       pondérante.
mais dans une moindre mesure, les           comme deux éléments forts, qui
amis, les collègues et les professeurs      nuancent le soutien aux prestations
comme pouvant être aussi des sources        de pure solidarité. Les jeunes tendent                   Conclusions
privilégiées d’information. Les avis        ainsi à montrer que la responsabilité
sont par contre plus nuancés en ce qui      individuelle ne s’oppose pas aux in-
concerne les médias et les partis poli-     terventions de type solidaire (voir                      Déficit de mémoire, déficit de sens
tiques. Leur désaccord est clair envers     graphique G3). Cette complémenta-                          Les jeunes générations n’ont pas
les patrons ; il est total à l’égard des    rité sous-tend plusieurs éléments de                     vécu les événements complexes, par-
réseaux sociaux.                            l’étude.                                                 fois tragiques, qui ont marqué le

270     Sécurité sociale CHSS 5/2014
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