SMART BETA DE PLUS EN PLUS COEUR DE PORTEFEUILLE - L'Agefi

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SMART BETA DE PLUS EN PLUS COEUR DE PORTEFEUILLE - L'Agefi
DÉBATS &                                  SMART BETA
                 OPINIONS                                   DE PLUS EN PLUS
                                                         COEUR DE PORTEFEUILLE

                Nicolas Just                                     Bruno Taillardat                                Étienne Vincent
                Directeur gestion smart beta                     Responsable smart beta                          Responsable de la gestion
                                                                                                                 quantitative globale

Supplément publié dans l’édition de L’AGEFI Hebdo du 14 décembre 2017.
Réalisé en collaboration avec L’AGEFI et avec le soutien de Amundi Smart Beta, BNP Paribas Asset Management, Seeyond.
SMART BETA DE PLUS EN PLUS COEUR DE PORTEFEUILLE - L'Agefi
P  REUVE DE L’ENGOUEMENT DES INVESTISSEURS
                                                  POUR LE SMART BETA ET L’INVESTISSEMENT
                                               FACTORIEL, CES STRATÉGIES NE SONT PLUS UTILI-
                                               SÉES UNIQUEMENT COMME SATELLITES. DE MÊME,
                                               TRADITIONNELLEMENT CONCENTRÉES SUR LES
                                               ACTIONS, CES STRATÉGIES SE DIFFUSENT DÉSOR-
                                               MAIS À L’OBLIGATAIRE, LA GESTION DIVERSIFIÉE
                                               MAIS AUSSI AU MULTI ET CROSS-ASSET.

Le concept de smart beta a évolué
au fur et à mesure de son développe-
ment. Où en est-on aujourd’hui ?
                                               récents chocs de marché, les investis-
                                               seurs – en particulier institutionnels – ont
                                               pris conscience des enjeux de la gestion
                                               des risques, qui devient plus importante
                                                                                                       16 %
                                                                                                  C’EST LE TAUX DE CROISSANCE
Étienne Vincent : Les stratégies smart         en cœur de portefeuille.                          MOYEN ANNUEL ENTRE 2016 ET
beta ont été promues au départ comme                                                            2021 DES STRATÉGIES SMART BETA
apportant une nouvelle approche en             Nicolas Just : Le smart beta découle de                  ET FACTORIELLES.
matière de sélection et de pondération         la recherche d’un moyen de s’exposer               SOURCE : SPENCE JOHNSON, MARKET
des valeurs dans les indices boursiers,        de manière plus «smart » aux marchés
                                                                                                INTELLIGENCE 2016 - SMART BETA FUNDS
pour répondre aux critiques des indices        actions, avec pour objectif de géné-
pondérés par la capitalisation boursière.      rer une surperformance des marchés
Les premières stratégies ont été déve-         actions sur le long terme tout en gérant        mance nette de frais de transaction.
loppées autour d’une approche défen-           de façon plus optimale les scénarios            Mais au-delà de ce débat, il est impératif
sive (optimisation du couple rendement/        extrêmes. C’est aussi un outil pour             de comprendre ce qu’ils attendent d’un
risque) comme les stratégies minimum           mieux discipliner l’exposition aux diffé-       facteur en termes de comportement et
variance ou maximum diversification,           rents risques de marché. Je n’ai pas l’im-      de pay-off. Par exemple, en investissant
puis a suivi une philosophie d’investis-       pression que la définition du smart beta        sur une stratégie value, on achète des
sement plus proche du quantitatif tradi-       ait trop évoluée depuis l’origine. Mais en      titres risqués avec un levier financier
tionnel avec des stratégies plus multi-        comprenant mieux cette appellation, les         prononcé, et parfois un risque de crédit.
factorielles qu’indicielles. Nos travaux de    investisseurs définissent plus finement         On en attend une surperformance quand
recherche ont montré que l’exposition          leurs besoins et objectifs. Pour répondre       les marchés montent mais il faut accep-
factorielle était la source de performance     à une palette de demandes plus large,           ter de sous-performer dans un environ-
de ces stratégies.                             l’offre s’est, de ce fait, étoffée, avec des    nement de marchés baissiers. À l’in-
                                               produits très différenciés, qu’ils soient       verse, un facteur low vol ou quality aura
Bruno Taillardat : Effectivement, les          monofactoriels ou multifactoriels, qu’ils       un comportement plus défensif, et pour-
solutions smart beta ont longtemps             soient actifs ou passifs.                       ra offrir un pay-off inversé par rapport à
été considérées comme indicielles, les                                                         celui d’un facteur value. Donc au-delà de
investisseurs pouvant dans un premier          Sur les approches monofactorielle               la question du timing qui nous semble
temps préférer des ETF ou des fonds            et multifactorielle que vous avez               complexe à mettre en place de manière
indiciels pour leur allocation mono ou         évoquées, la question du timing des             pérenne, pour les investisseurs l’enjeu
multi-factorielle. En parallèle, on voit un    facteurs est cruciale…                          est de définir les facteurs auxquels ils
essor de solutions actives qui se fondent                                                      ont envie de s’exposer, leurs objectifs,
sur une conviction forte : la surperfor-       Bruno Taillardat : Pour les investisseurs       leur structure de portefeuille, les éven-
mance de long terme peut s’obtenir en          qui veulent mettre en place un timing           tuelles contraintes réglementaires qu’ils
gérant les risques. En effet, à la suite des   des facteurs, il leur faut évaluer sa perfor-   doivent intégrer, etc.

DÉBATS & OPINIONS I SMART BETA			                                   2
SMART BETA DE PLUS EN PLUS COEUR DE PORTEFEUILLE - L'Agefi
Nicolas Just : La gestion smart beta          les stratégies « minimum volatilité ». Le
cherche à calculer ou estimer de manière      facteur timing, par exemple, a été utili-
un peu plus fine les équilibres entre les     sé à cet effet, mais avec des résultats
facteurs ou entre les différents biais        souvent très décevants, puisque cela
plutôt que de faire du facteur timing.        fait quand même deux ou trois ans que
Faire du facteur timing, cela veut dire       l’on attend la hausse des taux d’intérêt,
être vraiment capable de sélectionner         voire même plus pour certains, sans
des facteurs de la même manière que           pour autant qu’elle ait eu lieu. En outre,
l’on ambitionnait de faire de la sélection    un fonds « minimum volatilité », qui est
de valeurs il y a dix ans dans la gestion     neutralisé sur une hausse de taux d’inté-
fondamentale de stock picking. En toute       rêt, cela pose un problème : en effet, le
humilité, il faut reconnaître que cela est    risque est que sa volatilité se rapproche
difficile. En tout cas, nous ne considé-      progressivement de celle des indices
rons pas le facteur timing comme un axe       plus classiques. Ce n’est donc plus un
de recherche parmi les plus importants        fonds « minimum volatilité ». Demain, la
dans la construction de portefeuille et       question se posera peut-être de s’immu-
dans l’apport de solutions à nos clients.     niser contre le rebond du pétrole… Chez
Ce n’est d’ailleurs pas ce que les inves-     Seeyond, nous ne souhaitons pas neutra-
tisseurs nous demandent in fine dans la       liser les biais de nos portefeuilles car cela
gestion smart beta.                           risque de provoquer une confusion chez
                                              les investisseurs à qui nous expliquons
Étienne Vincent : Il ne faut pas négliger     nos stratégies depuis des années. Nous
l’importance de la diversification entre      préférons continuer de leur délivrer des
les facteurs car ils sont souvent complé-     stratégies disciplinées, aux biais bien         mance d’un style en particulier selon
mentaires. Le facteur value dont l’écueil     identifiés et diversifiées qu’ils peuvent       les configurations de marchés, et les
peut consister à acheter bon marché des       utiliser comme des briques pour bâtir           facteurs de risque liés aux environne-
actions sur lesquelles il vient d’y avoir     leur allocation globale, et ainsi les aider à   ments de marchés. En effet, le pétrole,
une nouvelle très négative, peut être         définir ce qu’ils veulent faire vis-à-vis de    les taux d’intérêt, même l’inflation ou
équilibré par d’autres facteurs comme         la conjoncture liée aux banques centrales       d’autres types d’éléments, sans être
le momentum. Des processus « iso-             et à l’évolution des taux d’intérêts.           rémunérés en moyenne, ont des effets
vol », c’est-à-dire proposant un niveau                                                       sur les stratégies dans un contexte
de risque constant et prédéfini, peuvent      Étienne Vincent : On peut classer les           donné. On peut accepter ces risques
aussi diversifier la performance d’un         facteurs en deux types. Les facteurs de         comme faisant partie de la stratégie ou
portefeuille value. Il faut donc prendre      style, qui visent à optimiser la perfor-        les neutraliser, selon l’objectif recherché.
en compte ce que l’on perd en termes                                                          Lorsque nous concevons nos modèles
de diversification si on essaie de faire du                                                   pour répondre à certains objectifs, nous
timing. Mais il y a une forte demande par                                                     ne pouvons évidemment pas en changer
rapport au timing des facteurs et il est                                                      si le contexte n’est plus porteur temporai-
difficile de sensibiliser les investisseurs                                                   rement. En revanche, la politique moné-
à l’importance de la diversification et                                                       taire est incontournable pour une autre
des équilibres de long terme plutôt que                                                       famille de stratégies, celles du smart
la recherche de la performance à court                                                        beta fixed income. Les taux sans risque
terme.                                                                                        très bas et le manque de liquidité ont
                                                                                              incité beaucoup d’investisseurs à passer
L’évolution des politiques monétaires                     LA POLITIQUE                        de stratégies indexées sur le marché,
– qui va évoluer vers une hausse des
taux – pèse-t-elle sur ces stratégies ?
                                                            MONÉTAIRE                         dépendant fortement du rendement
                                                                                              de la classe d’actifs, vers plus d’alpha
                                                 EST INCONTOURNABLE                           systématique. Certains investisseurs ont
Nicolas Just : L’objectif d’une approche
smart beta est de construire des porte-
                                                             POUR UNE                         même sauté le pas de la diversification
                                                                                              de leurs actifs pour aller justement vers
feuilles dont on connaît parfaitement                   AUTRE FAMILLE                         plus d’actions, mais défensives. Chez
les biais et dont on arrive à estimer la
diversification. On pourrait imaginer
                                                        DE STRATÉGIES,                        BNP Paribas Asset Management, nous
                                                                                              avons tendance à considérer que ces
immuniser les portefeuilles de manière                CELLES DU SMART                         sujets (allocations avec plus de diversi-
structurelle ou conjoncturelle contre
les hausses de taux d’intérêts, comme
                                                   BETA FIXED INCOME ”                        fication et benchmark) font partie de ces
                                                                                              événements rares qui ne peuvent pas
cela a pu être le cas de certaines stra-                               Etienne Vincent        être gérés de manière statistique mais
tégies smart beta, et notamment dans                                                          plutôt de manière discrétionnaire. Même

                                                                   3
                                                                                                         DÉBATS & OPINIONS I SMART BETA
SMART BETA DE PLUS EN PLUS COEUR DE PORTEFEUILLE - L'Agefi
sa forme obligataire. C’est une façon de
                                                                                             faire sauter les barrières entre les diffé-
                                                                                             rents marchés et de combiner les indi-
                                                                                             cateurs qui les concernent pour créer
                                                                                             de la valeur en maîtrisant les risques par
                                                                                             facteur.

               DANS LE                                                                       Bruno Taillardat : Le smart beta et l’in-
              CADRE DE                                                                       vestissement factoriel se diffusent en
                                                                                             effet à l’obligataire et à la gestion diver-
             SOLUTIONS                                                                       sifiée. Dans ce cadre, l’investissement
    MULTIFACTORIELLES,                                                                       factoriel peut être utilisé pour mieux
                                                                                             structurer et diversifier le portefeuille.
     LA COMBINAISON DE                                                                       Toute la difficulté réside dans l’identifica-
      FACTEURS « PURS »                                                                      tion des facteurs, car ce qui est discri-
                                                                                             minant sur les actions ne le sera pas
  PERMET DE DIVERSIFIER                                                                      sur d’autres classes d’actifs. Selon leur
           LES RISQUES                                                                       nature, d’autres critères comme la liqui-
                                                                                             dité, le risque crédit, la volatilité seront
         EN COMBINANT                                                                        à prendre en compte. Sur l’obligataire,
           LES PAY-OFF ”                                                                     Amundi a développé des solutions de
                                                                                             type risk parity : la construction des
                        Bruno Taillardat                                                     portefeuilles prend ici en compte les
                                                                                             critères de diversification, de volatilité
                                                                                             et de corrélation. Les solutions de smart
si notre approche est quantitative au           de politique monétaire en faisant claire-    beta et d’investissement factoriel adap-
sein des classes d’actifs, nous parlons         ment partie. Le risque ESG et le risque      tées à l’obligataire restent minoritaires
davantage de processus « quantamen-             carbone sont aussi des facteurs qui          aujourd’hui, mais il y a bel et bien un inté-
tal » avec des overlay sur des allocations      selon nous vont gagner en importance         rêt croissant, notamment auprès d’inves-
entre l’alpha et le beta, ou entre les diffé-   auprès des investisseurs, car ce sont des    tisseurs ayant appliqué ces stratégies à
rentes classes d’actifs.                        risques qui peuvent pénaliser à terme les    leur allocation actions. Nous recevons
                                                performances des portefeuilles.              aussi de nombreuses demandes de
Bruno Taillardat : Par définition, chaque                                                    solutions smart beta et d’investissement
facteur a son propre comportement et            Le smart beta se diffuse-t-il à d’autres     factoriel pour du multi-asset et notam-
sera donc impacté différemment par              classes d’actifs que les actions ?           ment pour du multi-asset long short.
les risques macroéconomiques. Dans                                                           Pour répondre à cette demande, nous
le cadre de solutions multifactorielles,        Étienne Vincent : Oui, car BNP Pari-         avons récemment développé des stra-
la combinaison de facteurs « purs »             bas Asset Management est historique-         tégies de primes de risque alternatives.
permet de diversifier les risques en            ment très présent sur le fixed income,
combinant les pay-off. En revanche, la          nous avons des modèles smart beta à la       Nicolas Just : Déjà, nous observons en
notion de risques top-down et bottom-           fois sur le Forex, les obligations d’État,   Europe un besoin d’aller plus loin sur les
up est incontournable quand il s’agit           le crédit corporate et high yield, dont      actions avec des stratégies de type long
de solutions défensives, telles que les         certains depuis 2009. Je pense qu’il         short ou market neutral. La question est
approches minimum variance. Dans ce             existe une similitude dans les sources       de savoir si c’est une tendance pérenne
cas, il est nécessaire de déterminer les        de surperformance. Nous retrouvons           provenant d’une opportunité identifiée ou
risques pouvant impacter négativement           des concepts très équivalents aux            simplement la recherche d’une solution
la performance du portefeuille. Les titres      facteurs connus sur les actions. Dès         à moindre risque répondant au contexte
low vol, par exemple, sont bien adaptés         lors, nous avons tendance à accentuer        de taux bas. Nous avons récemment
dans un environnement de taux très bas          cette similitude. Tenir un discours sur      lancé un nouveau fonds Seeyond géré
et sont parfois même perçus et utilisés à       le security picking sans procéder à une      selon une stratégie market neutral sur la
tort comme un substitut des obligations.        analyse fondamentale au préalable,           base du factor investing qui s’insère tota-
Si les taux venaient à remonter, les stra-      culturellement, c’est une approche           lement dans notre démarche continue
tégies low vol auront moins la capacité à       assez nouvelle et différenciante sur le      de réponse aux besoins spécifiques de
minimiser les baisses de marché, contrai-       fixed income. Sur le multi-asset, il est     nos clients. Concernant l’impact sur les
rement à ce qu’en attendent les investis-       intéressant d’avoir une vision transverse    autres classes d’actifs, je suis beaucoup
seurs. Les stratégies factorielles actives      aux classes d’actifs. On va, par exemple,    plus mesuré car l’essentiel des lance-
peuvent, elles, prendre en compte un            utiliser le momentum de l’action pour        ments concerne surtout l’univers du
spectre de risques plus large, le risque        déterminer s’il faut acheter le titre dans   crédit. C’est une niche qui a un peu les

DÉBATS & OPINIONS I SMART BETA			                                   4
SMART BETA DE PLUS EN PLUS COEUR DE PORTEFEUILLE - L'Agefi
mêmes caractéristiques que le marché           prendre en compte des contraintes qui          lité. Sont aussi réalisés des calculs de
actions sur le thème du factor investing,      leur sont propres. Nous disposons d’une        sensibilité sur des portefeuilles modèles
bien protégée par les deux principes           boîte à outils où il est possible d’intégrer   tels que les investisseurs souhaiteraient
que sont la diversification et la liquidité.   des objectifs, des budgets de risque,          les voir. Dans ce cadre-là, la gestion
Au-delà, il y a le multi ou cross asset        des considérations réglementaires, des         smart beta a un boulevard d’opportuni-
qui est très intéressant. Une demande          critères ESG ou carbone, etc... Cette          tés puisque le risk budgeting en est le
est en train d’émerger depuis quelques         flexibilité de l’investissement factoriel      point de départ. En fonction des besoins
années à la suite d’une demande du             et nos capacités de création sur mesure        des investisseurs, nos produits peuvent
fonds de pension norvégien sur ce genre        nous permettent aujourd’hui de mieux           être utilisés dans cette voie de manière
d’activité. Cependant, il faut noter que       répondre aux besoins très spécifiques          plus facile que des produits classiques
les investisseurs intéressés par du factor     des investisseurs, qu’ils soient assu-         pour construire des portefeuilles qui ne
investing sur une classe d’actifs ne sont      reurs, fonds de pension, fonds souve-          soient pas directement liés à la simple
pas les mêmes que ceux qui sont en             rains, etc.                                    recherche de performance. Du coup,
multi ou cross asset.                                                                         ces produits sont naturellement utilisés
                                               Nicolas Just : L’utilisation du smart          pour répondre à des contraintes régle-
Comment implémentez-vous ces stra-             beta de façon stratégique pour certains        mentaires.
tégies smart beta dans les allocations         objectifs ou calculs de ratio rendement/
de vos clients ?                               risque s’est beaucoup développée.              Étienne Vincent : C’est souvent une
                                               Certains investisseurs utilisent nos           question d’historique. Des investisseurs
Bruno Taillardat : Il y a quelques             solutions pour construire leurs porte-         appréhendent le smart beta comme un
années, les investisseurs voulaient            feuilles en fonction d’un budget de            sujet ETF et ils vont continuer à le faire
mettre en place ces stratégies de façon        risque plutôt que d’un objectif de perfor-     sous ce format. D’autres comme une
satellite. Désormais, le smart beta et         mance. Accorder la primauté au risque,         façon de sauter le pas en changeant de
l’investissement factoriel font partie         c’est aussi l’approche développée par          classes d’actifs ou en remplacement des
des stratégies d’allocation stratégique        l’équipe Portfolio Research & Consulting       hedge funds. Nous constatons que les
plutôt cœur de portefeuille. Ce reposi-        Group de Natixis Investment Managers.          stratégies smart beta sont de plus en
tionnement permet aux investisseurs            Basée à Londres, elle réalise des études       plus présentes en cœur de portefeuille
de mieux utiliser les budgets de risque        de portefeuilles pour tous types de clien-     long only. Il y a beaucoup de façons de
pour une réallocation vers des stratégies      tèle. Les portefeuilles sont passés au         les utiliser avec des objectifs et des
plus alpha, plus satellites. Par ailleurs,     crible, analysant les interactions entre       raisons différentes. Certains investis-
nos clients utilisent beaucoup les solu-       chacun de ses constituants et quanti-          seurs sont venus au smart beta unique-
tions d’investissement factoriel pour          fiant les sources de risque et de volati-      ment parce que cela leur permettait de
                                                                                              gérer des contraintes fiscales qu’ils ne
                                                                                              savaient pas aborder avec des stratégies
                                                                                              non systématiques. En ce moment, le
                                                                                              low carbon est un facteur d’adhésion, car
                                                                                              certaines stratégies factor value peuvent
                                                                                              présenter une empreinte carbone trop
                                                                                              élevée. Cela semble logique car acheter
                                                                                              une action peu cher peut s’avérer moins
                                                                                              judicieux eu égard aux investissements
                                                                                              de l’entreprise dans la décarbonation.
                                                                                              Si on veut ajouter une composante low
            L’UTILISATION                                                                     carbon à un portefeuille, on se doit de
       DU SMART BETA DE                                                                       passer à une approche plus factorielle.
                                                                                              On ne peut pas juste le faire en gardant
     FAÇON STRATÉGIQUE                                                                        un gérant value.
          POUR CERTAINS
                                                                                              Vous avez évoqué les contraintes
            OBJECTIFS OU                                                                      réglementaires. Certaines sont-elles
       CALCULS DE RATIO                                                                       plus impactantes sur le smart beta ?
     RENDEMENT/ RISQUE                                                                        Nicolas Just : Ces stratégies étant
         S’EST BEAUCOUP                                                                       très disciplinées, nous avons une capa-
            DÉVELOPPÉE ”                                                                      cité à adapter les produits en fonction
                                                                                              des contraintes spécifiques des régle-
                            Nicolas Just                                                      mentations par les clients, et notam-
                                                                                              ment des contraintes qu’ils veulent voir

                                                                    5
                                                                                                        DÉBATS & OPINIONS I SMART BETA
SMART BETA DE PLUS EN PLUS COEUR DE PORTEFEUILLE - L'Agefi
respectées dans leurs fonds. Dans le                    mentaire représente un inconvénient                     les gestions quantitatives et systéma-
cadre de Bâle III, nous proposons des                   important pour les stratégies fondamen-                 tiques. En effet, nous réalisons beau-
fonds pour gérer les buffers de liqui-                  tales basées sur du stock picking, ce                   coup de simulations, d’analyses d’uni-
dité des banques. Quant à Solvabilité II,               n’est pas le cas pour le smart beta et l’in-            vers très larges de données. L’avantage
nous travaillons en partenariat avec les                vestissement factoriel, notre approche                  du machine learning ou de tout ce qui
compagnies d’assurance, notamment en                    étant basée sur la gestion, la diversifica-             est intelligence artificielle en général est
termes de documentations et d’explica-                  tion et la réduction des risques.                       qu’on dispose de nouveaux outils pour
tions selon les trois piliers de Solvabilité,                                                                   mieux interpréter ces données. Le but
qui permettent aussi de répondre aux                    En quoi l’intelligence artificielle est-                n’est pas forcément de découvrir un
besoins des assureurs. De même, l’ISR                   elle importante dans vos approches ?                    nouveau facteur, mais plutôt de mieux
peut être vue comme une opportunité                                                                             structurer nos convictions, pour mieux
mais aussi comme une contrainte régle-                  Étienne Vincent : Selon moi, même                       comprendre des données qui sont quand
mentaire pour de plus en plus de fonds                  s’il s’agit pour l’instant de buzz, le déve-            même très nombreuses et en tirer des
de pension, notamment en France. Nous                   loppement du robo-advising pousse                       informations sur les facteurs de manière
savons intégrer des critères ESG ou low                 aussi en faveur du smart beta. Récem-                   plus pertinente. Ces stratégies smart
carbon dans nos stratégies. Pour cela,                  ment, BNP Paribas Asset Management                      beta et d’investissement factoriel sont
nous nous appuyons sur l’expertise de                   a pris une participation majoritaire                    basées sur l’innovation et la recherche.
Mirova, société de gestion spécialisée                  dans Gambit, fournisseur européen de                    L’innovation d’aujourd’hui permettra de
en investissement responsable au sein                   premier plan de solutions digitales de                  délivrer demain des performances plus
du pôle de gestion d’actifs de Natixis.                 conseil en investissement. Cela prouve                  robustes pour nos investisseurs. Mais
                                                        notre grand intérêt pour les plateformes                j’émettrai un bémol important. Nous
Étienne Vincent : Il est vrai que les                   digitales de construction de portefeuilles              exploitons des outils quantitatifs et rien
demandes accrues de transparence au                     et de conseil pour s’adresser aux clients.              ne remplacera l’expérience des gérants
niveau des stratégies, mais également                   Le mode de construction des porte-                      sur les marchés et dans l’utilisation de
au niveau des frais et de l’adéquation                  feuilles par ces plateformes étant plus                 ces outils. Mais ce ne sera jamais non
des stratégies par rapport au profil                    systématique, cela aboutit naturelle-                   plus totalement systématique dans le
des investisseurs, est un élément qui                   ment en amont à l’utilisation de straté-                sens où il faudra toujours quelqu’un
pousse indirectement vers l’indiciel et le              gies systématiques. C’est peut-être cela                pour vérifier que les données extraites
smart beta. Le point commun entre les                   qui a le plus d’impact sur le quant au                  font sens et que la gestion est robuste
différentes réglementations, que ce soit                sein de la myriade de sujets autour de                  dans le temps.
Solvabilité, MiFID, IFRS ou Bâle, porte                 l’intelligence artificielle, du big data et de
principalement sur une demande plus                     toutes les nouvelles technologies. L’en-                Nicolas Just : Nous apportons une
grande de transparence. Les stratégies                  jeu du quant est d’arriver à expliquer les              attention très particulière à l’intelligence
systématiques devraient donc devenir                    stratégies créées, à les rendre utilisables             artificielle. Nous séparons l’approche en
de plus en plus utilisées par tous les                  par les clients, à démontrer leur trans-                deux parties : les données et le traite-
investisseurs.                                          parence. En revanche, sur la gestion au                 ment des données. Chez Seeyond, nous
                                                        sens strict, le big data est présent depuis             travaillons tout particulièrement sur l’in-
Bruno Taillardat : Nos solutions smart                  longtemps. Il y a aussi de nombreuses                   terprétation des données brutes. D’ail-
beta et d’investissement factoriel sont                 recherches autour des nouveaux indica-                  leurs, comme nous n’aurons jamais tous
construites de façon très disciplinée et                teurs. Twitter permet-il d’avoir une meil-              les angles de vue nécessaires, nous
transparente, ce qui nous permet de les                 leure analyse du momentum par rapport                   maximisons les contacts avec toutes
adapter à toute demande spécifique.                     à une simple constatation de l’évolution                les start-up avec lesquelles nous pour-
De plus, faire partie du groupe Amundi                  des prix ? Peut-être, mais cela comporte                rions être amenés à collaborer. Nous
nous permet de bénéficier, entre autres,                aussi un certain nombre de défauts, d’in-               travaillons avec elles sur des sujets
de l’expertise des équipes ESG, des                     terprétations erronées du fait des algo-                précis, nous les aidons aussi à tester
équipes de recherche quantitative mais                  rithmes. Il ne faut pas se laisser aveugler             leurs interprétations de données. Cela
aussi de tout le savoir-faire Solvency                  par la nouveauté.                                       étant dit, les résultats restent encore
pour répondre aux contraintes régle-                                                                            très modestes. Au point de ne pas être
mentaires de nos clients. En outre, si ne               Bruno Taillardat : Je vois l’évolu-                     totalement convaincus de lancer un
plus pouvoir investir sur un titre ou un                tion technologique de manière plutôt                    fonds. Tout reste à démontrer dans ce
secteur en raison d’une restriction régle-              favorable, en particulier pour toutes                   domaine.

Cette table ronde a été réalisée le 9 novembre 2017.
Les performances passées ne préjugent en rien des performances futures et la valeur d’un investissement peut varier à la hausse, comme à la baisse, en fonction
notamment de l’évolution des marchés financiers. Il se peut que les investisseurs ne récupèrent pas l’intégralité de leur placement. Les informations sur les valeurs
ne sauraient être assimilées à des recommandations d’acheter ou de vendre ces valeurs. Avant de souscrire, vous devez lire la version la plus récente du prospectus
et DICI des fonds, pour avoir notamment une description plus complète des risques.

DÉBATS & OPINIONS I SMART BETA			                                                6
SMART BETA DE PLUS EN PLUS COEUR DE PORTEFEUILLE - L'Agefi
AMUNDI SMART BETA
Contact : Infoline : +33 (0) 1 76324774 – info@amundietf.com

Amundi est le premier asset manager européen en termes d’actifs sous gestion, et se
classe dans le top 10 mondial. Avec l’acquisition de Pioneer Investments, le groupe gère
désormais 1.400 milliards d’euros et compte six plateformes de gestion principales.
Les solutions Smart Beta & Investissement Factoriel d’Amundi sont gérées par une
équipe d’experts dédiés affichant un track record solide depuis 2007, pour un encours
de gestion de plus de 18 milliards d’euros. La plateforme regroupe une large gamme
de solutions actives et passives d’investissement factoriel et efficientes en risque afin
de répondre aux besoins et contraintes des investisseurs, disponibles en fonds ouverts
ou en mandat de gestion.

BNP PARIBAS ASSET MANAGEMENT
Contact : Sébastien Denry, spécialiste investissement –
sebastien.denry@bnpparibas.com – www.bnpparibas-am.com

BNP Paribas Asset Management est le métier gestion d’actifs de BNP Paribas, une
des institutions financières les plus importantes au monde. Fort d’un encours sous
gestion et conseillé de 571 milliards d’euros au 30 septembre 2017, BNP Paribas Asset
Management offre une gamme complète de solutions d’investissement actif, passif
et quantitatif, dans un large spectre de classes d’actifs et de zones géographiques.
Avec plus de 700 professionnels de l’investissement et près de 600 collaborateurs
dédiés à la relation clients, BNP Paribas Asset Management s’adresse aux particuliers,
aux entreprises et aux institutions dans 73 pays. Depuis 2002, BNP Paribas Asset
Management est un acteur majeur de l’investissement durable et responsable.

SEEYOND
Contact : Christiaan Kraan, product specialist Seeyond –
christiaan.kraan@am.natixis.com – +33178409733 – www.seeyond-am.com

Avec plus de 16 milliards d’euros sous gestion au 30 septembre 2017, Seeyond* est
le pôle de gestion quantitative active de Natixis Asset Management. Seeyond met
en œuvre une gamme de stratégies allant au-delà de la gestion active traditionnelle,
reposant sur des modèles quantitatifs sous supervision humaine. Seeyond propose des
solutions qui cherchent à combiner génération de performance, optimisation du risque
et diversification autour de trois expertises phares : actions, multi-asset, volatilité. Les
équipes de Seeyond sont composées de spécialistes reconnus en gestion quantitative
disposant d’une longue expérience de marché.
* Seeyond est une marque de Natixis Asset Management

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                                                               DÉBATS & OPINIONS I SMART BETA
SMART BETA DE PLUS EN PLUS COEUR DE PORTEFEUILLE - L'Agefi
Etienne Vincent                                                             Bruno Taillardat                                    Nicolas Just
Responsable de la gestion quantitative                                      Responsable smart beta,                             Directeur gestion smart beta,
globale, BNP Paribas Asset Management                                       Amundi Smart Beta                                   Seeyond
Etienne Vincent a contribué depuis 2011 à dé-                               Bruno Taillardat rejoint Amundi en septembre        Nicolas Just possède plus de vingt ans
velopper l’expertise de gestion quantitative, en                            2016 en tant que responsable smart beta.            d’expérience sur les marchés actions. Il
particulier autour des stratégies smart beta. Il a                          Il a débuté en 1998 chez BNP Paribas AM où il       est directeur gestion actions smart beta de
rejoint BNP Paribas AM en janvier 2004 en tant                              est devenu responsable de la recherche quan-        Seeyond depuis 2012 et gérant des fonds de
que responsable des investissements dans les                                titative au sein de l’équipe International Equity   la gamme Seeyond MinVariance. Expert en
fonds structurés, comprenant les fonds à for-                               Investments. Bruno Taillardat a ensuite intégré     gestion actions modélisée et core, il a com-
mule et les fonds indiciels. Précédemment, il                               Unigestion en 2007 en tant que gérant de por-       mencé sa carrière en trading, puis en analyse
a travaillé trois ans en tant qu’inspecteur pour                            tefeuille senior, avant de devenir directeur des    actions sell-side.
le groupe BNP Paribas sur des missions d’or-                                investissements actions et responsable de la        Nicolas Just est diplômé d’HEC Paris, et titut-
ganisations internationales et cinq ans trader                              recherche quantitative et fondamentale. Bruno       laire d’un master de la CEMS (Community of
spécialisé dans les swaps de taux d’intérêt à                               est titulaire d’un master en mathématiques de       European Business Schools), et du CFA Ins-
Tokyo, Singapour et Paris. Etienne est diplômé                              l’Université Aix-Marseille et d’un Executive Pro-   titute.
des Mines de Paris (1996).                                                  gram de l’IMD Business School de Lausanne.

L’Agence économique et financière fondée en 1911,
Immeuble Le Malesherbes 102-116 rue Victor Hugo                                                                         Nos prochaines thématiques
CS 20106 - 92686 Levallois-Perret Cedex
Tel. : 01 41 27 47 00 - Site Internet : www.agefi.fr
 irecteur général, directeur de la publication, directeur éditorial : Philippe Mudry (4758)
D
Directeur général délégué en charge de la gestion et du développement : François Robin (4768)
Directeur commercial : Laurent Luiset (4748), Directeur de la Publicité : Anne-Sophie Belin (4708)
Directeur de Clientèle : Angélique Bertaut (4710), Justine Drouard (4729)                                            High Yield                   Les perspectives
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Assistante commerciale : Saliha Modugno (4757)
                                                                                                                     Gestion flexible
                                                                                                                     Inflation                    Actions françaises
L’Agefi Hebdo est édité par : AGEFI SA au capital de 7.029.000 euros - Siège social : Immeuble Le Malesherbes
102-116 rue Victor Hugo CS 20106 - 92686 Levallois-Perret Cedex                                                      Actifs réels                 Prévoyance et retraite
RCS : Paris B 334 768 652 - N° Siret : 33476865200052 - N° TVA intracommunautaire : FR 75 334 768 652,               De l’ISR à l’impact
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                                                                                                                     investing
Cedex - N° CPPAP : 0215 T 87083 - N° ISSN : 1777-165X

DÉBATS & OPINIONS I SMART BETA			                                                                      8
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