Sorties de secours + LA CULTURE EN BRETAGNE
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80 SPE Sorties ES CTACL : de secours IQUÉS e LA CULTURE EN BRETAGNE + N° 188 SEPT18 CHRON r d théâtre, danse, musique, cinéma, livres, expos e m e illeuon l a sais l 8/19 201 MAGAZINE GRATUIT
Numéro 188 • Septembre 2018 Sorties de secours ro nume l LA CULTURE EN BRETAGNE + spÉciaeur de théâtre, danse, musique, cinéma, livres, expos N° 188 SEPT18 EN UNE LE MISANTHROPE La nouvelle création de Rodolphe Dana, directeur du Théâtre de Lorient, Sorties de secours + LA CULTURE EN BRETAGNE ill rend hommage au théâtre le me saison la /19 2018 classique, avec sa reprise du Misanthrope de Molière. théâtre, danse, musique, cinéma, livres, expos Toujours d’actualité, le débat entre Alceste et Philinthe oppose deux PPPPPPPP visages de la vie en société, MAGAZINE GRATUIT légèreté et solitude... Le sommaire Un numéro exceptionnel Numéro unique dans la saison, ce magazine offre un panorama mois par mois des spectacles 04 à 33 Le top de la saison 34 à 41 Les expos à ne pas manquer de septembre à mai : des propositions atypiques ou exceptionnelles, toujours porteuses de grâce ou de sens, des Le petit ours rendez-vous avec des artistes émergents, des grandes pointures ou des compagnies que nous suivons depuis longtemps... Sorties de Secours® est un mensuel indépendant Nous avons fait un choix, celui de ne édité par la SAS Drôles de Dames, 42 avenue de la pas publier l’agenda des spectacles Perrière, 56100 Lorient de septembre, pour deux raisons. Publication et rédaction Isabelle Nivet Relations annonceurs Gaëlle Lescombat La première, c’est que notre sélection prend cestparla@sortiesdesecours.com. 06 14 01 95 83 beaucoup de place (nous avons été très gourmandes) et que l’ajout de pages aurait Agenda complet en ligne www.sortiesdesecours.com représenté un surcoût important pour notre économie fragile. Tirage 14000 exemplaires Impression IOV - Arradon La seconde, c’est que nous avons travaillé Distribution Olivier et Stéphane tout l’été sur un site internet flambant neuf, Sorties de Secours remercie ses et qu’il sera juste prêt en septembre. Sur ce annonceurs pour leur fidélité, ses lieux de dépôt tout nouveau media vous découvrirez le pour leur hospitalité, et ses lecteurs pour leur panorama complet du mois, avant de retrouver attachement au papier... l’agenda papier en octobre. Sorties de Secours décline toute responsabilité quant aux visuels, photos, libellés des annonces Avec toujours l’ambition de vous apporter ce fournis par ses annonceurs, omissions ou erreurs qu’aucun algorythme ne saura jamais faire : figurant dans cette publication. Tous droits la passion, l’émotion, le désir... d’auteur réservés et toute reproduction interdite. L’équipe de Sorties de Secours
4 Sorties de Secours • Sept. 2018 le top dE LA SAISON NOUVEAU 2018/1 9 MORBIHAN C’EST NOUVEAU. CET ÉTÉ NOUS AVONS ÉPLUCHÉ LES PLAQUETTES DES SALLES DU MORBIHAN (EN FONCTION DES PROGRAMMES QUI NOUS ONT ÉTÉ COMMUNIQUÉS EN JUILLET) POUR EN EXTRAIRE LE MEILLEUR, LE CALENDRIER D’UNE SAISON IDÉALE. P ET POUR ALLER + LOIN, DES PICTOS : LE TOP DU TOP, L’EXCEPTIONNEL EXPÉ RIENCE LES PROPOSITIONS AUDACIEUSES VU LES SPECTACLES VUS PAR SDS CHOU CHOU LES COMPAGNIES SUIVIES PAR SDS UNE SÉLECTION CHRONIQUÉE PAR ISABELLE NIVET S E P T E M B R E jeanne added Trois ans se sont écoulés depuis ce moment où on découvrait ce « nouveau talent », personnalité affirmée, touffe peroxydée et vestiaire androgyne, parallèle blond de Christine and the Queens. Venue du jazz, passée par le punk, Jeanne Added sortait un premier album d’un rock électro sombre en 2015 avant de se laisser glisser sur une pop rock à la Sia, où sa voix s’autorise des accents plus classiques, avec de belles envolées soutenues par une électro discrète. > L’Archipel/Fouesnant. 07/09. CONCERT DÉCOLORÉ
Sorties de Secours • Sept. 2018 5 surf & skate La deuxième édition d’un festival original, organisé à Guidel, ville labellisée surf, en partenariat avec la West Surf Association et la Ligue de Surf en Bretagne, sous le parrainage d’un invité prestigieux, Alain Gardinier, journaliste mythique, auteur, photographe, réalisateur. Gardinier, représentant du cool devant l’éternel, est associé à l’univers rock, son nom à celui du magazine Rock & Folk, de l’émission Nulle part ailleurs sur Canal, mais aussi à l’esprit surf, puisqu’il est l’auteur de nombreux articles, documentaires et livres sur le sujet, notamment le magnifique « Surf culture », qui en regroupe toute l’imagerie et l’esprit. Rien que pour lui, ce serait déjà une très bonne raison d’enfiler ses tongs et courir à L’Estran pour voir des films et des documentaires, rencontrer des professionnels et des passionnés autour de la pratique de ce qui est davantage qu’un sport, une manière de vivre portée par des valeurs humaines, parfois engagées et souvent environnementales, dans tous les cas en lien avec la nature et les éléments… > L’Estran/Guidel. Du 28 au 30/09 > EN FAMILLE
6 Sorties de Secours • Sept. 2018 EXPÉ RIENCE cambio On n’en sait pas grand-chose, même rien du tout, de cette pièce, un duo signé par deux danseurs lorientais, Phynox et McKenzie, mais voilà, on les a rencontrés il y a longtemps, et on a eu une « prémonition ». Plus sérieusement, on a senti des choses, à travers leurs paroles, leurs attitudes, leurs regards. De l’humilité, de la profondeur, des questionnements, et au delà de ça, la grâce. On n’est jamais parvenues à les voir danser « en vrai », malgré les dates qui commencaient à tomber de ci de là, mais on a vu des bouts de ceci, des extraits de cela, et oui, la grâce, elle était là, dans ces corps qui ne se la racontent pas, qui ne prennent pas de postures, qui cherchent leur langage et le trouvent peu à peu. Un langage fait de fluidité, d’intériorité, de traversée vécue du mouvement. Pour nous, ils sont parmi les danseurs qui ont le mieux fondu le hip hop au contemporain, et on place un pari sur deux personnalités qui devraient aller loin… > L’Hermine/Sarzeau. 21/09. DANSE HOLALA LE MEMO CULTURE ? chaque jeudi au petit-déjeuner, recevez PAR MAIL notre sélection spectacles / expos / DERNIÈRE MINUTE OU BON PLAN POUR LE week-end ET LE DÉBUT DE SEMAINE inscriptions sur www.sortiesdesecours.com
Sorties de Secours • Sept. 2018 7 o c t o B R E mellanoisescape Olivier Mellano, c’est un rock discret teinté d’une électro subtile, des climats, une musique qui embarque et provoque des images mentales, sans doute parce qu’il est l’un des grands du ciné-concert (on se souvient de sa formidable version de Duel de Spielberg ou encore de L’aurore de Murnau) peut- être aussi parce qu’il a croisé régulièrement les champs de la danse (Boris Charmatz…), de la littérature (André Markowicz, Pacôme Thiellement…) ou du théâtre (Stanislas Nordey, David Gauchard…) et qu’il a collaboré avec des artistes « intellos » comme Dominique A... > L’Echonova/Saint-Avé. 05/10. CONCERT NOISE MACHIN TRUCMUCHE sarah murcia PP Impossible de ne pas céder au name dropping sur le parcours de cette contrebassiste atypique, alors prenons l’autoroute : Charlélie Couture, Franck Monnet, Jacques Higelin, Piers Faccini, Las Ondas Marteles (Nicolas et Seb Martel). On la retrouve aujourd’hui dans Beau Catcheur (duo décapant et audacieux avec Fred Poulet), elle écrit pour la danse (Alain Buffard, Mark Tompkins). Et elle tourne avec Rodolphe Burger. Des collaborations qui en disent long sur sa créativité et son univers, à la fois jazz, improvisation, reprises culottées. Dans la salle de bal de La Grande Boutique, décor et musique devraient former un ensemble inoubliable, en duo avec l’oudiste et chanteuse Kamilya Jubran. > La Grande Boutique/Langonnet. 07/10. CONCERT. ATLANTIQUE JAZZ FESTIVAL >> Et aussi à la Médiathèque de Quimperlé. 02/10 altin gün EXPÉ RIENCE silence Un dispositif original, au cœur duquel s’installe On a complètement craqué pour ce groupe le public, conçu par deux musiciens et un luthier psyché-pop turc, découvert aux Transmusicales qui a créé des machines sonores, notamment de Rennes 2017, dont tout l’intérêt réside dans des vielles-violoncelles à roue pilotées numéri- leur absence totale de points communs avec les quement. Un voyage au cœur du son, des vibra- mélanges ethno-world-musiques métissées ou le tions de l’air, des souffles, des frottements, évocations poétiques et inattendues… > L’Estran/Guidel. 28/10 folklore. Sans pour autant oublier leurs racines, > EN FAMILLE À PARTIR DE 4 puisque coule dans leurs veines le souvenir d’un rock turc vintage, la scène d’Istambul des années 70, fusion de la vague psyché venue d’Occident avec les musiques traditionnelles de Turquie. Le groupe est installé à Amsterdam et piloté par le hiroshima mon amour PPP bassiste hollandais Jasper Verhulst, et la voix est celle de Merve Dasdemir, rouquine à frange Une lectrice, un texte. Deux mythes. Fanny Ardant et Duras. Juste ça. au gentil p’tit look rock fifties. Le résultat est pop, groovy, cuivré, joyeux, vintage comme un > Palais des arts (TAB)/Vannes. 07/10 Polaroïd, et surtout irrésistiblement dansant. > THÉÂTRE LECTURE ET PÂMOISON > L’Echonova/Saint-Avé. 18/10. CONCERT
8 Sorties de Secours • Sept. 2018 foé Une hybridation entre Jacques Brel et les frères Amokrane (Zebda). Les accents du rap toulousain se mêlent avec ceux des grandes voix populaires de la chanson française, flow parlé-chanté entre Grand corps malade, Fauve, Eddy de Pretto et Stromae, rocailleux, brut, porté par un piano classique dans de grandes envolées lyriques. Les textes suivent, forts, poétiques, personnels, d’un romantisme déchirant (échevelé ?), à la frontière de la grandiloquence. On hésite entre éclater de rire quand au beau milieu d’une dégoulinade apparaît un « moinsse » très toulousain, ou se laisser entraîner dans ce maelström de sentiments exacerbés. Sans savoir quoi décider. On vous propose donc de vous faire votre opinion avec Bouquet de pleurs, filmé dans la sublime piscine Alfred Nakache à Toulouse. > Les Arcs/Quéven. 12/10. CONCERT LACRYMAL Foé. Bouquet de pleurs la fresque. preljocaj PP Au générique de cette pièce créée en 2016 par le chorégraphe culte Angelin Preljocaj, Nicolas Godin signe une partition très rythmée, qui s’inspire de percussions traditionnelles en jouant sur les tonalités électro chères au musicien du duo Air. Côté costumes, c’est le couturier Azzedine Alaïa, qui joue avec le noir et blanc et la couleur en surprise. Enfin, la scénographie, épurée, est faite en vidéo, dans une esthétique évanescente, presque des hologrammes, entre chevelures, fumées et nuages, par Constance Guisset, dont on connait surtout le travail de design, avec ses luminaires comme des sombreros contemporains, le fameux Vertigo. La pièce s’inspire du conte chinois La peinture sur le mur, et on peut y lire un hommage aux grands chorégraphes de XXe siècle, danses libres, Pina Bausch, Anne Teresa de Kersmaeker, Merce Cunningham, Dominique Bagouet… Sans doute un des ballets les plus toniques et les plus vifs de Preljocaj, qui ravira tout le monde, des amateurs de classique à ceux du contemporain, d’une esthétique très séduisante. > Quai 9/Lanester. 18/10. DANSE BONHEUR >> Et aussi au Palais des Arts/Vannes. 28/05
Sorties de Secours • Sept. 2018 9 l’impératrice On vous conseille le combo pantalon tergal blanc + sous pull lamé argent, pour cette soirée où poses et déhanchés seront de rigueur, avec L’Impératrice, dont le premier album, Matahari, est sorti en mars dernier. L’Impératrice convoque des références électroniques à la Daft Punk, et discos, de Pop Corn à Jean-Michel Jarre. Un chouette univers, à la fois revival mais revisité par la génération Y, son net, tempo légèrement retenu, distance, second degré et incursions très kitsch, comme la bande d’un film de série B fantastique. Du galactico-disco, quoi. > L’Echonova/Saint-Avé. 13/10. CONCERT POUR AURÉOLES SOUS LES BRAS CHOU CHOU 20 danseurs pour le 20e siècle PPP Une proposition de Boris Charmatz avec vingt danseurs parmi les grands du moment : Charmatz lui- même, Ashley Chen, Raphaëlle Delaunay, Emmanuelle Huyn, Latifa Lâabissi, Catherine Legrand, Filipe Lourenço, Mackenzy, Bernardo Montet, Mani A. Mungai… Un vrai bonheur de voir au plus près ces danseurs tous plus magnifiques les uns que les autres. Voir de très près même, et c’est tout le grand intérêt de cette proposition qui se joue dans des lieux ouverts, ici la base de sous-marins de Lorient, après être passée par la Tate Modern de Londres et le MoMa de New-York, rien que ça. La proposition se goûte au gré des envies du spectateur, sur un créneau horaire de trois heures où l’on choisit de suivre tel ou tel danseur, vingt performances qui dessinent vingt extraits du répertoire de la danse, d’Isadora Duncan à Nijinsky, de Merce Cunningham à William Forsythe, de Jérôme Robbins à Pina Bausch, de Bagouet à Michael Jackson. Un rendez-vous exceptionnel en tous points, du cadre patrimonial au contenu, en passant par la qualité des interprètes. > Bloc K3/Base de sous-marins/Lorient (orga Le Théâtre de Lorient). 20/10. DANSE DENSE Kiku feat Blixa Bargeld & Black CrackerPPP La réunion d’artistes de haut vol : Kiku, duo suisse aux bases rock et jazz sombre, nappé d’électro, marié pour l’heure avec un monstre de la musique allemande, figure du noise et de l’indus, Blixa Bargeld, « chanteur » de Einstürzende Neubauten, groupe berlinois des années 80, mythique pour sa musique expérimentale et ses sons issus d’objets et d’outils. Blixa Bargeld est aussi – et surtout ? – l’ancien guitariste des Bad seeds de Nick Cave. Et Cracker est rappeur. L’ensemble est détonnant et étonnant, explorant toutes les strates musicales et sonores possibles dans un climat lourd, fait de tempos implacables et d’incursions vocales et bruitistes stupéfiantes. Probablement LE concert de l’année. Exceptionnel. > Le Manège/Lorient (orga MAPL/Festival Les IndisciplinéEs). 31/10. CONCERT ÇA ALORS les négresses vertes stivell par alan Cool bohème, branchitude gypsy, airs canaille et Un monument. Des classiques. ambiance guinguette. Zobi la mouche et Sous le soleil de bodega ont enchanté les soirées What else ? des années 90 avec des rythmes latinos pas > Océanis/Plœmeur. 26/10. CONCERT ringards et des voix d’anciens punks. Culte. > Les Arcs/Quéven. 20/10. CONCERT
10 Sorties de Secours • Sept. 2018 N O V E M B R E VU la famille semianyki PP Nous avons enfin réussi à voir la saison passée ce spectacle mythique qui tourne depuis des années. Et oui, même si tout ça sent un peu la fatigue du temps, la poussière des décors et l’usure des costumes, oui, c’est formidable. On pouvait craindre qu’à force de tourner, les interprètes aient fini par endosser leurs rôles comme un employé de bureau ses manches de lustrine, mais du tout. Fraîcheur, enthousiasme, complicité sont là à chaque représentation de ce spectacle réglé au millimètre, dont chaque gag – et ils sont nombreux, intelligents, créatifs et bien foutus - fait mouche. Dans cette forme à mi-chemin entre clown et théâtre sans paroles, les corps sont d’une expressivité folle, les gags s’enchaînent tambour battant, suivant le fil d’une histoire familiale faite de rebondissements, de drames et de joies. Un spectacle à voir en famille, générations et chapelles confondues, dont on sort heu-reux ! > Quai 9/Lanester. 09/11. THÉÂTRE PROZAC. EN FAMILLE À PARTIR DE 5 >> Et aussi à l’Athéna/Auray. 10/11 La famille Semianyki baby macbeth PP > Centre Jean Ferrat/Hennebont. 07/11. > THÉÂTRE D’OBJET. EN FAMILLE À PARTIR DE 1 Une date à cocher au gros feutre sur votre agenda, et cette date sera alors la date à laquelle vous vous souviendrez avoir découvert Agnès Limbos. Une belge, encore. Une papesse, une autre. Une voix, aussi. Agnès Limbos fait du théâtre d’objet depuis bien longtemps, avant qu’internet n’existe. Elle a beaucoup mis en scène, inspiré, impulsé, et cette fois, c’est avec du Shakespeare qu’on va pouvoir passer 25 minutes avec elle, autour d’une table où des objets vont raconter Macbeth, symboli- quement parlant. Derrière la table, la Limbos, avec sa bouille impayable, hybridation entre Yolande Moreau et Fiona Gordon, interagit avec le public dans un vieil anglais bousculé par Baby Macbeth. Photo Alice Piemme l’accent belge. Un grand moment.
EXPÉ RIENCE la vie des borde(s) Une création de l’Association Perspective Nevski, dont on ne sait pas encore grand-chose, mais sur laquelle on a envie de parier, d’abord parce qu’on aime beaucoup beaucoup le duo musical à l’origine du projet, Nina Fisher, qui construit des trames rythmiques électro pop très chouettes, doublées par la voix terriblement à part d’Elisabeth Gilly (grande grande chanteuse), et aussi parce que la forme et le propos paraissent simples, philosophiques et poétiques. Entre concert, installation et performance, un travail autour de la notion de mauvaise herbe et le bruit des mots. > Théâtre du Blavet/Inzinzac-Lochrist. 02/11 > ON NE SAIT PAS VRAIMENT CE QUE C’EST MAIS ON SENT QU’ON VA AIMER > EN FAMILLE À PARTIR DE 7 CHOU CHOU fulmine On ne l’a toujours pas vu mais on est toujours aussi attirées par ce spectacle du collectif Aïe Aïe Aïe, dont on aime beaucoup la façon de transcrire une histoire, avec trois fois rien mais beaucoup d’ingéniosité et d’humour (ici des pompons !). Charlotte Blin raconte le mythe de Troie, après s’être solidement documentée sur le sujet, y mêlant les différentes interprétations qui en ont été faites dans l’art, du cinéma à la culture pop. Fulmine, c’est l’expression de la colère, celle qui fait bouillir un frère et une sœur, Arès, dieu de la guerre, et Eris, déesse de la discorde. GrrrrRRR > L’Hermine/Sarzeau. 14/11. > THÉÂTRE DE LAINE. EN FAMILLE À PARTIR DE 8
12 Sorties de Secours • Sept. 2018 EXPÉ RIENCE martial, l’homme-bus Qu’est-ce que ça va donner sur une scène, cette histoire ? Tellement presque une forme fictionnelle dans la réalité, tellement un conte poétique, cette histoire vraie. Ce personnage merveilleux a existé. A Lausanne, dans les années 80, Martial a arpenté les rues de sa ville avec une cabine de bus bricolée, jouet d’enfant à taille adulte, respectant circuits et horaires des lignes régulières, mimant montées et descentes des passagers, soufflant dans ses joues les bruits des bus, freinages et portes qui s’ouvrent. Seul dans un monde rempli de gens imaginaires, Martial n’était pas connecté à notre réel mais au sien, parallèle. Marie Baxerres s’est intéressée à cette figure lunaire et touchante, et par extension à la marginalité dans les villes, travaillant sur des formes en lien avec l’art brut. On tentera. > Le Forum/Nivillac. 17/11. THÉÂTRE & ART BRUT christian olivier & yolande moreau Yolande Moreau, la tendre, la délicate, la différente. Muse belge des Deschiens, comédienne pour Jérôme Deschamps et Macha Makeïeff (Lapin chasseur, Les pieds dans l’eau, C’est magnifique…), réalisatrice (Quand la mer monte...), elle impose depuis des années sa personnalité hors norme et sa voix de petite fille simplette dans des personnages poétiques et décalés. Elle s’acoquine ici avec Christian Olivier, leader du groupe culte des années 90, Têtes raides, inventeur d’un langage et d’une esthétique entre musette, cirque, punk-rock alternatif. A eux deux ils s’attaquent à un poète qui va leur aller comme un gant, Prévert, dans une sorte de théâtre musical : Olivier a fait la musique, il chante, Yolande dit, et dans sa bouche, Prévert devient quelque chose qu’on a jamais entendu… > Les Arcs/Quéven. 21/11. RENCONTRES DU TROISIÈME TYPE >> Et aussi au Palais des Arts/Vannes. 20/11 LE MEMO CULTURE À ÉCOUTER RETROUVEZ SORTIES DE SECOURS SUR RADIO BALISES et notre sélection du week-end CHRONIQUÉE PAR ISABELLE NIVET ET MISE EN SON PAR LAURA ROBERT. Le jeudi à 19h le vendredi à 9h,13h et 19h le samedi à 19h 99.8 FM & radiobalises.com
thérapie taxi On vous en parlait la saison dernière, lorsqu’ils sont passés à l’Echonova, les revoici en Morbihan, ils ont explosé depuis, le groupe de minots émergent est devenu valeur sûre des festivals… Une voix sucrée, très pop, qui s’empare des codes du rap sur une musique électro, et dévide des textes qui ne s’interdisent rien, comme dans le titre Salope ou encore sur le tube entêtant Hit sales. C’est frais et trash, entraînant et provoc, léger comme une bulle de chewing-gum rose pastel, alors on en profite avant de s’en lasser. > Quai 9/Lanester (orga MAPL). 03/11 > CONCERT. FESTIVAL LES INDISCIPLINÉES feu ! chatterton Qu’est-ce qu’on peut dire sur Feu ! Chatterton que vous ne sachiez pas déjà ? Qu’ Arthur, le chanteur, a une nouvelle cravate ? Tout a été dit sur ce groupe élégant, dandy, littéraire, sophistiqué et brut à la fois, qui cumule les cinq étoiles et est devenu en trois ans l’une des figures majeures de la chanson-rock française… Ils repartent en tournée avec un nouvel album, L’Oiseleur, qui fait entrer la poésie d’Eluard et Aragon dans leur univers. Et c’est toujours aussi bien. > Les Arcs/Quéven (orga MAPL). 07/11 > CONCERT. FESTIVAL LES INDISCIPLINÉES >> Et aussi à l’Echonova/Saint-Avé. 21/03 daho + calypso valois Le concert d’Etienne est déjà complet depuis longtemps. Mais on ne résiste pas au plaisir d’écrire trois mots sur Calypso Valois, au cas où vous seriez passé à côté de la jolie fille d’Elli et Jacno, dont le titre Le jour s’incruste dans l’encé- phale comme une version moderne de la pop des années 80. Une « fille de » campée dans son époque, discrètement nimbée de l’aura de ses parents, moins clonesque que Simone Ringer (Minuit), la fille de Catherine Ringer et Fred Chichin. Une présence, un style, une voix. Vamos a bailar Calypso mi amor. > Grand théâtre/Lorient (orga MAPL). 09/11 > CONCERT. FESTIVAL LES INDISCIPLINÉES
14 Sorties de Secours • Sept. 2018 celui qui tombe PP Yoann Bourgeois fut il y a un temps l’une de nos découvertes enthousiastes, il fait partie maintenant des grosses pointures du spectacle, après avoir fait tourner les têtes et humidifié les yeux, avec Cavale, spectacle épuré où un trampoline caché derrière des escaliers faisait rebondir des danseurs comme en apesanteur. Tout le génie de Bourgeois, c’est de travailler avec cet air de rien, ces rebonds ou glissades permis par des dispositifs très simples qui font « flotter » les danseurs, souvent dans la nature, provoquant un émerveillement méditatif. Dans Celui qui tombe, Bourgeois reprend un principe qui n’est pas nouveau (vu chez Mathurin Bolze, notamment) : un plancher tournant sur lequel les danseurs évoluent en formant des marches, des groupes, des figures. C’est très beau, c’est pur, c’est parfait. > L’Hermine/Sarzeau. 21/11. PARQUET (DE DANSE) FLOTTANT the beggar’s opera PPP Comment ne pas se noyer dans les superlatifs pour parler de William Christie ? Comment se retenir pour ne pas dégouliner d’une admiration béate ? Rappelons que William Christie : A- est le pape du baroque et en a montré le sublime, le dépoussiérant des mignardises rococo qui l’alourdissaient ; B- a fondé l’ensemble des Arts Florissants, qui joue sur instruments d’époque, C- n’est pas venu en Bretagne depuis au moins vingt ans. On le retrouve dans une proposition atypique, un énorme spectacle, L’Opéra des Gueux, ancètre de la comédie musicale, une ballad-opera, pièce de théâtre entrecoupée de chansons populaires et d’airs savants compilés par le compositeur de l’ouverture, Pepusch, qui décrit les bas-fonds londoniens au XVIIIe. C’est la première fois que les Arts Florissants s’attaquent à ce type d’œuvre, que met en scène Robert Carsen, avec une troupe de danseurs bondissants, showmen dignes des musicals londoniens – argot londonien en prime – dans un décor contemporain et surdimensionné. Un spectacle étonnant, qui mélange art populaire et art savant. > Palais des arts (TAB)/Vannes. 23 & 24/11. OPÉRA/COMÉDIE MUSICALE mélanie de biasio PPPP On vous en parle parce que malgré tout vous auriez pu passer à côté de cette chose magnifique, ce son feutré, parfait, ces tempos retenus et extatiques, de cette langueur, cette sensualité, qui collerait des frissons aux plus cérébraux, qui remuerait les plus réfractaires au down tempo. Difficile de ne pas craquer, fondre, onduler, suffoquer, s’abandonner totalement à cette voix de dingue - au moins égale à celle de Nina Simone - à ces climats subtils, qui convoquent légèreté du clavier à la Philip Glass, envolées jazzy, grandes chanteuses bluesy, tout autant que les monstres du trip-hop, Portishead, Massive Attack ou Morcheeba. Et ce n’est pas tout. Parce que Mélanie de Biasio possède une arme fatale : une flûte traversière dont elle fait ce qu’elle veut, bruitiste, impro, jazzy, accents à la Debussy, et qui vlan, vous embarque ailleurs, quand vous croyez vous être posé dans un transat, non, on repart en hors-piste, paf un trip à la Moon Martin, sa voix se transforme, bim la Peggy Lee de Fever, hop un coup dans la poudreuse, c’est bon, elle maîtrise toujours, batterie jazz, percus inventives, et bam, elle dévale, elle dévale, piano élégant et dry Martini, James Bond girl passant d’un hélico à un jet ski, électro rock, elle sait tout faire, et nous on s’extasie, on fond, on bave, et on lui file les clefs de la Twingo direct. > L’Archipel/Fouesnant. 30/11. * SOUPIRS *
Sorties de Secours • Sept. 2018 15 VU doreen - david geselson Pour parler de ce spectacle, que nous n’avions pu voir à sa sortie, mais dont nous n’avons cessé d’entendre des éloges, nous avons fait appel à un chroniqueur exceptionnel - dans tous les sens du terme. C’est un pair de David Geselson qui signe cette chronique, l’auteur et metteur en scène Joël Jouanneau, grande figure du théâtre français. «Parvenu à l’hiver de son existence, André Gorz, auteur d’un ouvrage majeur, Le traître, se relit et découvre, effaré, qu’il y parle avec « une sorte de condes- cendance désinvolte » de celle qu’il aime et l’accompagne dans la vie depuis plusieurs décennies. Plus accablant encore, dans le peu de place qu’il lui accorde dans le livre, elle est soit « défigurée », soit « humiliée ». Hanté par le pourquoi de ses oublis et mensonges, ce célèbre visionnaire politique et écologiste écrit Lettre à D. sous-titrée Histoire d’un amour, à la fois tentative de rachat, demande de pardon et poignante confession de 75 pages qui ne s’oublient pas. Peu de mois après la publication du livre, les deux amants font le choix de disparaître ensemble. Deux acteurs décident d’exposer et soumettre ce texte au cordeau aux vérités du plateau. Ce n’est pas leur histoire, ils n’ont pas du tout l’âge de ce couple octogénaire, ce sont d’encore jeunes gens, mais tant par la délicatesse de l’adaptation que par la magie de l’interprétation, nous sommes invités à partager ce bouleversant, bien que tardif, aveu. Invités oui, puisque dès l’amorce de ce grand travail, le couple nous attend chez lui, dans ses meubles, sourire aux lèvres et coupe de champagne à la main. Disons-le, ce n’est pas sans risque de jouer ainsi la connivence avec le public, ce pourrait même être un brin facile, si ce n’est démagogue, mais ici non, pas du tout, ici cela se justifie pleinement, ici cela conduit à l’écoute délicate et attentive de ce qui suit : une heure intense, sans pathos ni cri, où ne se perd dans le vent aucune syllabe, et où l’amour est mis en abîme avec un tact infini. Pure merveille de théâtre portée par David Geselson et Laure Mathis.» > L’Archipel/Fouesnant. 25/11. THÉÂTRE JOËL JOUANNEAU Photo Charlotte Corman
16 Sorties de Secours • Sept. 2018 D É C E M B R E VU the liminanas On s’emballait l’an dernier pour ce duo perpignanais qui fabrique un rock garage au bon gros son crade et vintage, et on avait envoyé tout le monde voir leur concert aux IndisciplinéEs. Bon, certains potes en sont ressortis déçus par rapport à la version audio, notamment notre copine Christelle : « Un certain manque de charisme, pas d’interactions avec le public, un chanteur et une chanteuse rangés sur les côtés pour essayer de se faire oublier, alors qu’on les aurait voulus déchaînés, devant. Pourtant c’est la musique que j’aime et j’étais bien motivée… ». Mais bon, un concert foiré, ça existe, une baisse de régime aussi, nous on leur donne une seconde chance… > L’Echonova/Saint-Avé. 01/12. CRASH TEST skeeq Rien d’extraordinaire là dedans. On ne tombe pas raide foudroyé de sa chaise, on ne grimpe pas aux rideaux, on ne part pas en orbite. Et pourtant. C’est simple et beau comme un regard sur l’homme qu’on aime en train de lire, une balade en forêt un dimanche, une route dans la lande la nuit, le faîte des arbres ondulant dans le ciel. Des images de cinéma poétiques, bonheur simple de l’instant, magnifié par cette musique essentiellement acoustique, d’inspiration scandinave, jouée délicieusement, avec délicatesse et sensibilité par trois jeunes bretons, Floriane Le Pottier, Mael Lhopiteau et Tristan Le Breton. > Le Forum/Nivillac. 14/12. CONCERT TOUT MIGNON CHOU CHOU ze big grande musique Revoilà Meriem Menant, alias Emma la clown, avec une nouvelle création, en train de se faire. Et même si c’est dans ses spectacles de rue (Emma, voyante extra lucide, notamment) qu’elle nous fait le plus rire, on est impatientes de la retrouver. Le principe, comme toujours, utiliser les sujets qui passionnent la femme pour alimenter les délires de la clown. Meriem réfléchit, s’émeut, frémit, Emma met les pieds dans le plat. Et ici dans les pattes d’un trio violon/violoncelle/piano pour s’interroger sur l’oreille et le cœur, au son de Chostakovitch, Ravel, Mendelssohn ou Fauré... > Théâtre du Blavet/Inzinzac-Lochrist. 19/12. CLOWN INTELLO
Sorties de Secours • Sept. 2018 17 sanseverino Qu’est-ce vous pourriez ne pas savoir de lui ? Que son vrai nom c’est Stéphane Sanseverino ? Qu’il est d’origine italienne. Qu’il a commenté le Tour de France à la radio en 2007 ? Qu’il a fait partie du cabaret Achille Tonic de Shirley & Dino ? Et du groupe Les Voleurs de poules. Qu’il est le roi du clin d’œil musical et qu’il a glissé le refrain de Blue Moon dans La cigarette, la mélodie de Take the A Train dans Il se la pète, ou le thème de Mannix dans La valse à Peggy ? Qu’il est chevalier des Arts et Lettres depuis 2008 ? Qu’il s’est présenté sur la liste Europe Ecologie aux élections régionales de 2010 ? > L’Athéna/Auray. 02/12. CONCERT AVEC DU GEL DANS LES CHEVEUX CHOU CHOU le colonel barbaque Si l’on n’a pas vu ce spectacle là de Pascal Guin et Christofer Bjurström, on en a vu pas mal d’autres, et on sait que ce duo fonctionne à bloc. Le premier lit, et bien, de façon plutôt classique, et sait embarquer l’oreille parce qu’il est passionné par la langue, en particulier celle de Laurent Gaudé, auteur de cette nouvelle. Et le second, sensible et élégant, joue et compose, au piano, ouvrant des failles, créant des paysages, des climats, des univers, des images. C’est la quatrième nouvelle de Gaudé (Goncourt des Lycéens 2002 avec La mort du roi Tsongor et Goncourt 2004 avec Le soleil des Scorta) qu’adapte le Théâtre bleu, l’auteur ayant aimé les précédentes adaptations et en ayant autorisé la mise en voix. > L’Hermine/Sarzeau. 04/12. THÉÂTRE-LECTURE CHOU CHOU yannick jaulin Un séduisant parleur – on ne peut pas vraiment le qualifier de conteur, ou alors peut être de raconteur – qui use, voire abuse du charme qu’il dégage. Avec son culot enjôleur, l’homme est charismatique, un Dom Juan des mots à qui il est inutile de résister… On ira donc gentiment se faire rouler dans la farine et enjôler, sans barguigner, en musique, et deux fois s’il-vous-plait. Pour Ma langue maternelle va mourir et j’ai du mal à vous parler d’amour (1) où Jaulin évoque la dualité de son rapport à la langue, avec le français et le patois, dans des questionnements qui nous poussent intelligemment à la réflexion, puis pour Causer d’amour (2), où il décortique le langage amoureux dans les différentes langues du monde. > Le Strapontin/Pont-Scorff. 07/12 (1) et Théâtre du Blavet/Inzinzac-Lochrist. 18/01 (2) EXPÉ RIENCE balthazar Un choix que nous faisons avant tout pour son metteur en scène, Nicolas Liautard, puisqu’on avait été emballées par Il faut toujours terminer qu’est-ce qu’on a commencé, sa formidable version de Moravia et Dante (au CDDB il y a deux ans), et sa façon de réinventer une histoire, fractionner le récit et éclater les formes. Balthazar attirera dans tous les cas le public, par sa tête d’affiche, l’âne Apollon, pour qui le spectacle a été écrit, et qui tient le rôle principal en scène. > Grand théâtre/Lorient. 18 & 21/12. THÉÂTRE ASINIEN EXPÉ RIENCE la nuit, la brume voyages sensibles, intuitifs, dans des univers, souvent emplis de poésie et de délicatesse. Christoph Une création sonore, type de spectacle que nous aimons particulièrement, parce que ce sont des Guillermet a ici créé un dispositif d’immersion sonore et visuelle dans les nuits de brume de son enfance, qu’il active à distance grâce à des capteurs, créant des volutes qui se mêlent à la vidéo et aux bruits de la nature, créant un univers onirique, étrange et poétique. Entre installation et performance, > L’Estran/Guidel. 22 & 23/12. EN FAMILLE À PARTIR DE 4 un temps un peu magique où le spectateur se laisse couler comme dans un rêve…
18 Sorties de Secours • Sept. 2018 barba loutig On a craqué sur ce quatuor féminin qui transforme des chants trad’ en pur tissage vocal et rythmique, par la polyphonie et les canons de manière très tonique, peu genrée, utilisant les voix comme des instruments, mélangées à des percussions. Sur le site de notre partenaire et ami KuB, webmedia culturel breton, on trouvera de quoi se régaler avec un gros stock de vidéos, à regarder autant qu’à écouter, filmées notamment lors du festival NoBorder 2016 (un doc à visionner sur www.kubweb.media). En attendant, voici ce qu’en dit Serge Steyer… « Nous sommes très heureux d'exposer ici la magnifique énergie de Barba Loutig, un quatuor vocal féminin-taquin que nous avons filmé lors de l'édition 2016 de NoBorder. Ça envoie ! ai-je juste envie de dire, tant au niveau des sens que du sens. Femmes flamboyantes et audacieuses, douces et mordantes... Leur ensemble est proprement envoûtant. Les chants polyphoniques de Barba Loutig n'ont que faire des convenances ! Loeiza Beauvir (Teatr Piba, chanteuse et comédienne / Kreiz Breizh Akademi / Duo Tyto Alba avec le guitariste Fred Boudineau), Anjela Lorho-Pasco (Diaoulezed / An tri DipoP / Damp d'er friko / Kreiz Breizh Akademi), Elsa Corre (Kreiz Breizh Akademi / Duo du bas avec Hélène Jacquelot / Pevarlamm) et Lina Bellard (Kreiz Breizh Akademi / élève de Titi Robin) donnent de la voix et du cœur, mènent la danse, à la hussarde ! Polyrythmies, tambours et tambourins... La faim de style et d'énergie musicale justifie les moyens ! Issus de traditions populaires de différentes régions de Bretagne, les chants de Barba Loutig sont en breton et en français et mêlent les influences musicales de quatre chanteuses de la péninsule ». SERGE STEYER > Amzer Nevez/Plœmeur. 14/12. CONCERT DE VOIX WAHOU > Captations à regarder sur www.kubweb.media
Sorties de Secours • Sept. 2018 19 j a n v i e r ronce-rose Joël Jouanneau met en scène ce roman d’Eric Chevillard, lu « en apnée ». Nous en avions publié la critique en octobre dernier, écrite par l’une de nos chroniqueuses livres, Morgane Thomas. On vous la donne à relire... « En entamant Ronce-Rose on pourrait entrevoir de quel bois les enfants sont faits. Et si l'on souhaite feuilleter une fillette, qui serait mieux placé que son carnet secret, pour dévoiler les pérégrinations de son imagination. Elle-même laisse les digressions de pensées alimenter sa curiosité et ce qu'elle pourrait y trouver. Prônant l'abolition de toutes les limites et rendant la liberté aux possibles, elle craint parfois de se vider comme l'encre qu'elle a fraîchement fait couler sur le papier. La petite fait rouler ses billes sur le monde qui l'entoure depuis la fenêtre de sa chambre. Elle analyse des circonvolutions de mésanges, y voit des signes d'agitation stérile dont useraient les volatiles pour se donner une certaine contenance. Avec ses mirettes de fillette, elle tente de cerner les gens qui l'entourent, jusqu'à ce qu'elle s'aperçoive que quelque chose ne tourne pas rond. L'oiseau contrit est alors contraint de quitter son nid, son repaire, pour recouvrer son compère en qui elle croit dur comme « Mâchefer ». Il s'agit à la fois d'un tour sur elle et d'un tour en elle. Tantôt elle flèche son chemin pour être recherchée, tantôt elle se perd pour mieux se retrouver. Forte et fragile, Ronce-Rose a l'âme Chevillard au corps. C'est une écriture délicate posée sur une branche, en équilibre au dessus du vide, et il est doux de se laisser porter par ce vertige raffiné. » > Studio du Grand théâtre/Lorient. Du 9 au 12/01. THÉÂTRE MORGANE THOMAS VU CHOU CHOU le genou de marylin PP On vous a bassiné toute la saison dernière avec ce spectacle, aussi ne devrions-nous plus avoir beaucoup de spectateurs à convertir… Métaphores, images, symboles, Leonor Canales utilise objets et costumes pour raconter la fragilité, les blessures, les failles de trois femmes qui se mêlent et se confondent. Marilou, personnage fictionnel, qui se retrouve en centre de rééducation après une rupture des ligaments croisés. Marilyn, la star, qui apparaît dans les costumes et perruques, l’icône, la féminité, mais aussi la bousillée de l’intérieur. Leonor, l’auteure, cachée derrière l’histoire, parlant d’elle-même avec culot, courage et humour. C’est fort, c’est sincère, sans jamais être de l’impudeur ou du déballage, c’est très intelligemment mis en scène, très bien foutu, touchant, et très drôle. Poupoupidou ! > Athéna/Auray. 22/01. THÉÂTRE D’ÉMOTION
20 Sorties de Secours • Sept. 2018 blond and blond and blond « Homaj » à la chanson française. Pour eux, on a accepté de ressortir du tiroir le cliché journalistique le pire du monde : « On ne va pas bouder son plaisir ». Yep. Pour Blond and blond and blond, on ne le boudera pas, son plaisir. Parce que c’est vraiment fendard, fendard, fendard. Okay Okay, Okay, ils ne sont pas tout seul à creuser le filon de la lol-reprise (La pompe moderne avec Brassens en hip hop, ou Les Franglaises avec Les Beatles traduits en français…) mais c’est trois là sont vraiment drôles et drôles et drôles. Pandi Panda version beatbox, Au bal masqué façon dame patronnesse, Le petit pull marine en yaourt, ou encore un A la quu lu lu neurasthénique, chantés par deux filles en tenue de bourgeoises impeccables et un gars aux airs scandinaves, un trio de faux suédois suédois suédois. Rires et chansons. > Quai 9/Lanester. 11/01. CÖNCERT IKEA Blond and blond and blond. Photo Pascalito People what people ? P On a vu des images de ce spectacle en vidéo, et on accroche bien à ce travail sur la répétition, la pulsation et l’accumulation de mouvements « pauvres », bruts, sans lissage, mais puissamment soutenus par une partition électro entêtante, très belle, très prenante. Une pièce pour sept danseurs, dont dépend la réussite de la pièce, du groupe, de leur connexion, leur relation, des images qui se forment et se défont Bruno Pradet, de la compagnie Vilcanota (Montpellier), met aussi en avant les individualités et la façon à la manière des murmurations, les nuées d’oiseaux dans le ciel. Travail sur le groupe, cette création de devrait séduire ceux qui ont aimé Around de Tango Sumo, comme elle basée sur le chœur et l’énergie. unique dont un danseur s’empare du mouvement, le fait sien, à la fois pareil et différent. Une pièce qui > Athéna/Auray. 12/01. DANSE CHORALE
Sorties de Secours • Sept. 2018 21 VU jusque dans vos bras PP Nous l’avons vu la saison passée au Théâtre de Lorient, le dernier spectacle des Chiens de Navarre, qui balaye (au Kärcher) tous les aspects de l’identité nationale, de l’histoire à la politique, des pique-niques de bobos aux réfugiés, en passant par l’exploration spatiale. Si les spectacles des Chiens ont la particularité de nous faire rire sur nous-mêmes ou sur nos voisins – selon le recul que l’on a sur ses propres travers – ils n’étaient jamais allés jusque là aussi loin, nous prenant littéralement en otage. Piégés dans un rire jaune, le spectateur se retrouve systématiquement en face de ses contradictions et de ses petitesses, une place qui n’est pas forcément agréable à prendre, même si le miroir qui nous est tendu ne ment pas et nous force à réfléchir à ce que nous sommes et comment nous en sommes arrivés là, nous autres, les « bons » français… Au delà de la gêne que l’on peut ressentir, on rit toujours beaucoup, bien sûr, même si, pour les fans de la première heure (dont nous faisons partie), les gimmicks navarrais commencent un peu à sentir la redite, et ce malgré le talent indéniable des comédiens et tout l’amour qu’on leur porte… > Palais des arts (TAB)/Vannes. 10/01. (dernière minute : complet). THÉÂTRE QUI PIQUE VU les amantes PP On l’a vu la saison passée, cet excellent spectacle – quoiqu’un peu trop long, mais on nous a promis quelques coupes – de la compagnie KF Association, adaptation de l’extraordinaire roman de Elfriede Jelinek, auteure autrichienne, prix Nobel de littérature en 2004. Camille Kerdellant et Rozenn Fournier reprennent à leur compte cette langue brute, urgente, ramassée, sans ponctuation, d’une grande poésie, et « racontent » les destins de deux femmes qui n’ont qu’un seul but, se marier pour sortir de leur condition. Féministe, engagé, texte à la langue crue et forte, le propos est sans filtre, cruellement réaliste, et sa dureté d’autant plus violente que les comédiennes la prennent à contrepied, dans un jeu sautillant et léger qui glace littéralement le sang. Un très grand moment de théâtre et de littérature. > L’Archipel/Fouesnant. 10/01. RAPPORT NON PROTÉGÉ les dimanches en classique Une série de concerts avec des musiciens de Bretagne ou d’ailleurs, La parenthèse classique, le dimanche, c’est à l’heure du thé. On y retrouve des artistes en complicité avec le Conservatoire de Lorient. > 13/01 : Le grand violoniste Gilles Apap, personnalité irrévérencieuse et artiste passionné, dont Yehudi Menuhin a dit ceci : « Pour moi, vous êtes l'exemple du musicien du 21ème siècle. Vous représentez la direction dans laquelle devrait évoluer notre musique : d'un côté, le respect du patrimoine précieux des œuvres classiques et en les présentant aussi bien dans le style correct que dans la communication intense qui étaient celle de leur temps; de l'autre côté, la découverte des musiques contemporaines et de l'élément créateur non seulement dans l'improvisation mais aussi dans l'interprétation ». > 10/03 : L’ensemble de violoncelles « Embruns de cordes », soutenu par le conservatoire de Lorient et encadré par Emmanuelle Lamarre, regroupe des amateurs passionnés et défend une formation atypique, au répertoire très riche. > 05/05 : Marie Astrid Arnal, interprète sensible au piano nomade (on connait son piano mobile sur les marchés, les jardins, ou les plages…) en duo flûte traversière > Océanis/Plœmeur. CONCERTS DARJEELING
22 Sorties de Secours • Sept. 2018 juliette Qu’en dire de neuf, à part que c’est une autrice formidable, qu’elle manie les mots avec subtilité, humour et poésie, et que ces concerts sont de grands moments de délire ? Alors laissons-la parler : « J’aime pas la chanson ? Ce spectacle aurait tout aussi bien pu s’appeler “J’aime pas le piano” mais j’aime pas non plus la chanson. Ce qui est rigoureusement vrai, mais ne m’empêche pas d’en faire. Même si je n’aime pas écrire, chercher le mot juste au sens exact, la forme, le fond, patin-couffin, gratter pendant des heures du papier à carreaux ou à musique, tâtonner le piano, et chantonner des lalala pas seulement sous la douche. Remarquez, j’ai bien connu une crèmerie qui proposait des produits sublimes dont la patronne ne mangeait jamais de fromage parce-que, disait-elle, elle n’aimait pas ça. Je suis la crémière de la chanson. » > Quai 9/ Lanester. 25/01. CONCERT À LUNETTES benjamin biolay & melvil poupaud P Cinq comprimés de Lexomil, deux litres de camomille et la version premium de l’appli Petit bambou ont été nécessaires pour servir de préliminaires à la rédaction de cet article, son auteure ayant maintenant atteint l’état de sérénité absolue pour annoncer ce concert sans sauter partout en hurlant comme une adolescente à son premier concert de Justin Bieber. Deux bombes françaises, Melvil Poupaud, LE/LA Laurence anyways de Xavier Dolan, Benjamin Biolay, crooner 2.0 et des chansons, pour ceux qui auraient envie d’écouter, aussi. Songbook, c’est un répertoire de chansons de cœur, grands titres de Biolay et amours classiques, Henri Salvador, Charles Aznavour, Juliette Gréco, Georges Brassens, Claude Nougaro, Nino Ferrer, où Biolay et Poupaud se baladent en costard, comme sortis d’un film de Truffaut, en noir et blanc, cheveux plaqués à la gomina et clope au coin de la bouche. Cinématographique, vous avez dit ? > Les Arcs/Quéven. 26/01. CONCERT POUR FILLES CONSENTANTES >> Et aussi au Palais des arts (TAB)/Vannes. 17/12 VU CHOU CHOU cendrillon P Une compagnie qui nous fait rire à coup sûr, parmi les meilleures du théâtre d’objet. Ce Cendrillon là fait partie d’une série d’entresorts créés par la compagnie Scopitone sous l’entête Ze Patrècathodics : des contes enregistrés sur 45 tours, diffusés dans des caravanes, et joués (en muet, forcément) par des comédiens derrière un poste de télévision vintage. Le visage est donc essentiel pour exprimer des émotions, mais aussi se décaler du texte, dit d’une voix lissée et policée… Dans Cendrillon, c’est Emma Lloyd, comédienne fétiche de la compagnie, qui fait office de récitante, et y excelle, avec beaucoup d’expressivité. Le reste de l’histoire, ce sont des objets qui le racontent, ici des produits d’entretien, puisque l’activité principale de Cendrillon, c’est de faire le ménage. Préparez-vous, dès demain vous ne regarderez plus une éponge double-face de la même manière… > Palais des arts (TAB)/Vannes. 20/01. THÉÂTRE D’OBJETS TÉLÉVISUELS
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