STÉPHANIE D'OUSTRAC MEZZO-SOPRANO MAHLER LES SYMPHONIES - LE CALENDRIER DES CONCERTS ÀPARIS ETEN ÎLE-DE-FRANCE - CADENCES
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L’ AC T UALI T E D E S CO N C ERTS E T D E L’ O PE R A © Perla Maarek Stéphanie d’Oustrac Le calen d ri e r [ n° 321 février 2019 ] mezzo-soprano des co nce rts Mahler Les symphonies à p A ris et en + Wolfgang Rihm Î le-de-Fr a n c e
Anniversaire sommaire LeS dossiers Mahler, Les symphonies 2 © Bernhard Buerklin à Paris © D.R. Portrait 8 2 Stéphanie d’Oustrac Il y a 210 ans… L’actualité des concerts 6 naissait Jakob Ludwig Felix Mendelssohn contemporain 4 Bartholdy, le 3 février 1809 à Hambourg. Il s’illustra dans tous les genres musicaux, Wolfgang Rihm restant dans les mémoires comme l’un des © Benjamin Ealovega plus grands musiciens de la période Opéra 10 romantique. Il connut notamment un succès immense outre-Manche, où il rendait Alexandre Desplat et Solrey régulièrement visite à la Reine Victoria. Compositeur, chef d’orchestre, pianiste et organiste, le moins que l’on puisse dire c’est 6 en famille 12 que Mendelssohn avait plusieurs cordes à son arc ! Plus encore qu’on pourrait le penser car il jouait également d’autres instruments comme les concerts le violon et l’alto, parlait plusieurs langues, lisait le grec ancien et adorait dessiner. Il fut à paris 13 même l’élève de Hegel et côtoya Goethe… © Aurélie Lamachère Sa personnalité brillante nous rappelle ses et en île-de-fr ance racines, car Felix Mendelssohn n’est pas né dans n’importe quelle famille : son ancêtre CD 26 Moses Mendelssohn fut l’un des plus grands philosophes allemands du mouvement des Lumières… E.G. 10 Médias 28 Cadences • ISSN 1760 - 9364 • édité par les Concerts Parisiens • SARL au capital de 10 000 euros • 21, rue Bergère 75009 Paris • Tél. 01 48 24 40 63 • Fax 01 48 24 16 29 • Siret 44156960500013 • Directeur de la publication : Philippe Maillard • Publicité : Alexia Dufayet, tél. 01 48 24 40 63, adufayet@cadences.fr • Rédacteur en chef : Yutha Tep • Chef de rubrique : Élise Guignard • Ont participé à ce numéro : Floriane Goubault, Michel Fleury, Michel Le Naour • Conception graphique : Astrada design • Diffusion : Sophie Borgès, sborges@cadences.fr • Impression : RPN. Livry-Gargan • Tirage : 50 000 exemplaires • Abonnement : 9 nos 40 € .fr Retrouvez nous également sur Les articles du magazine Le calendrier complet des concerts à Paris et en Île-de-France Les conseils de la rédaction, les anciens numéros Des offres exceptionnelles de concerts à tarifs préférentiels* Inscrivez-vous à la Newsletter * nombre de places limitées février 2019 cadences 1
DO s s i e r Mahler Les symphonies En dehors de leur éblouissante écriture et de leur génie mise en scène : Cet homme de théâtre est d’ins- visionnaire, les outrances et le caractère théâtral des tinct un génial comédien et la plupart du temps symphonies de Mahler leur assurent un durable succès en à son insu. Admirable Kapelmeister, directeur une époque friande de spectacle. prestigieux et adulé du Hofoper de Vienne, il M fera mettre en scène et dirigera les opéras des ahler est un autres, mais n’en écrira aucun : est-il sacrilège écorché vif, d’avancer qu’il s’est lui-même mis en scène pour qui la sym- dans de vastes opéras-symphonies, la méta- phonie consti- physique prenant parfois le relai pour conférer tue le cadre idéal pour laisser une dimension cosmique aux tribulations du déferler ses épanchements, héros ? Dans la vie courante, il « jouait » en per- une sorte de vaste journal in- manence, et avec beaucoup de talent et d’habi- time. Pour lui, composer une leté – le témoignage d’Alma est sans équivoque. symphonie est construire un Autoritaire jusqu’à la tyrannie, il d’adressait © Médiathèque Musicale Mahler, Paris univers, et cet univers est à ses interlocuteurs à la manière d’un acteur la somme des expériences dans une pièce, et parvenait toujours à ses fins. vécues, passées au tamis Cette perspective théâtrale confinant au Grand d’une solide formation phi- Guignol explique les outrances et les gesticula- losophique – à cette époque, tions de pages aussi admirables que le final de un savant « docteur en philo- la VIe. On était alors en pleine période vériste : il sophie » pointe l’oreille der- y a du vérisme dans les symphonies de Mahler, rière tout Allemand ou tout ce que l’on oublie trop souvent… Autrichien… Gustav Mahler sut concilier Les coups du destin De véritables une brillante carrière de chef opéras-symphonies d’orchestre avec une intense activité de compositeur. L ’action de ces « opéras » se ramène presque toujours aux expériences de Mahler lui- même, et ces expériences sont foisonnantes, A insi le chromo et la confidence se trouvent- ils « projetés » à la manière d’ombres chinoises sur un gigantesque écran, habillées Le 15 février – Philharmonie Bamberger Symphoniker. Chœur de riches de malheurs et de déconvenues. Les symphonies de Mahler (on serait alors tenté femmes et d’enfants de l’Orchestre de d’écrire son nom « malheur ») sont directement de couleurs technicolor (Mahler a d’ailleurs Paris. Dir. : J. Hruša. B. Fink, mezzo- sorties de ces tribulations. S’y superposent, à sensiblement influencé les musiques de film soprano. Mahler, Symphonie n° 3. l’instigation du bon docteur Freud, les expé- d’Hollywood). Ce gigantisme est une marque de Le 16 février – Philharmonie riences de la prime enfance censées marquer l’époque, tout particulièrement dans les pays Münchner Philharmoniker. Dir. : l’adulte de manière indélébile. Au premier chef, germaniques. Il triomphe aussi dans l’industrie V. Gergiev. G. Kühmeier, soprano ; celles accumulées à Iglau, ville de garnison où a (Kartel de la Ruhr) et, corrélativement, s’ins- C. Mahnke, alto ; S. O’Neill, ténor. grandi ce fils d’aubergiste-bouilleur de cru : des talle la culture de masse : partout s’ouvrent de Mahler, Symphonie n° 4. casernes parviennent les rumeurs de chants de vastes salles de concert ou d’opéra capables Le 18 février – Philharmonie soldats, les rythmes des marches, les sonneries, d’accueillir les foules. Pour ces immenses halls, Philharmonischer Chor München, les commandements, dans une atmosphère les musiciens composeront des œuvres colos- Orfeón Donostiarra, Augsburger de grisaille, d’inquiétude et de contrainte évo- sales… L’heure est aussi au surhomme nietzs- Domsingknaben, Münchner quant Wozzeck – cette conjonction de la haute chéen, qui sommeille alors en chaque artiste. Philharmoniker. Dir. : V. Gergiev. tragédie et des distractions de bas étage est au La nature même de Mahler le prédispose à cette Mahler, Symphonie n° 8. 2 cadences février 2019
paris visant au grandiose (Bruckner, Wagner et Bee- thoven) sont contrebalancées par celle de Schu- bert et du lied, perceptible dans la naïve spon- tanéité et la fraîcheur de certaines sections ou idées mélodiques. © Bernhard Buerklin © Zbynek Maderyc Un tempérament puissamment innovant Jakub Hrůša dirigera la 3e symphonie et Valery M ahler affirme aussi un tempérament puis- samment innovant, qui s’exerce aussi bien dans les recherches de forme que dans la Gergiev les 4e et 8e. cœur de la symphonie mahlérienne, avec son texture et l’orchestration. La texture concrétise alliage paradoxal de pureté et d’élévation avec une rupture avec le modèle postromantique et une vulgarité d’accents en laquelle Romain impressionniste de prééminence de l’harmo- Rolland entendait l’écho des défilés syndicaux nie. Les impressions d’enfance sont également et de leurs flonflons sur le Prater. Une vulga- à l’origine de cette conception : cette prédilec- rité volontaire, un effet de distanciation, un tion pour la polyphonie a été éveillée par le regard au second degré : l’ironie, le grotesque brouhaha de la fête populaire, avec le recou- et le parodique sont un élément central de cette vrement de ses orphéons et le contrepoint libre vision du monde. Images inquiétantes s’impo- apporté par les rumeurs lointaines. Souvent, le sant à un tempérament hanté par la mort, qui dialogue des voix confine au collage, anticipant assombrissent même les nombreuses pages ins- sur la musique concrète. D’autre part, et cela pirées par la nature, comme le titanesque pre- est lié, Mahler est l’un des premiers à travail- mier mouvement de la IIIe, traduisant l’éveil de repères ler directement sur le timbre des instruments. la nature au printemps. Cette vision s’inscrit en Les timbres se détachent nettement les uns des négatif des extases panthéistes des musiciens 7 juillet 1860 : naissance à Kalischt autres, à l’opposé des mélanges et des effets en Bohême impressionnistes (Debussy, Delius, Bridge, …). de flou alors recherchés par les impression- 1875-1878 : études au conservatoire L’arrivée du printemps possède ici une réson- nistes au moyen de la division des groupes de de Vienne nance intimidante, angoissante, terrifiante, l’orchestre. Cette précision méticuleuse confère 1888-1891 : directeur de l’opéra de qui éveille l’effroi irrésistible que le dieu Pan à la texture orchestrale une clarté mettant en Budapest se complaisait à inspirer. Dans ce contexte, la relief les différentes parties ; elle accuse les frot- 1888 : symphonie n° 1 Titan « marche des syndicats » de Romain Rolland tements et les dissonances nées de la rencontre 1891-1897 : premier chef d’orchestre prend sa véritable valeur : celle d’un cortège à Hambourg des lignes mélodiques. À l’inverse, le contenu de Bacchus contrefait et revu dans l’esprit des harmonique des symphonies n’affiche pas 1896 : symphonie n° 3 gravures les plus inquiétantes de Callot ou d’avancées notoires ; il se situe en retrait vis- 1897-1907 : directeur de l’opéra de de Goya. Souvent, chez Mahler, la caricature Vienne à-vis de contemporains tels que Delius, Florent tourne au sinistre. À l’opposé, le mouvement Schmitt ou Debussy. 1900 : symphonie n° 4 suivant (« Ce que racontent les fleurs ») est un Visionnaire jusqu’à la névrose, cosmique, à la 1904 : symphonie n° 6, Kindertoten moment de bonheur insouciant témoignant Lieder fois convulsif, excessif et raffiné, juxtaposant de la pureté et de l’innocence dont Mahler se audacieuses trouvailles et vulgaires lieux com- 1908 : Das Lied von der Erde montre parfois capable… Presque toutes ses muns, Mahler multiplie les contrastes sinon les 1910 : symphonie n° 9 symphonies abondent en onomatopées styli- contradictions, preuve de son absolue sincéri- 18 mai 1911 : mort à Vienne sées de cette « musique de la nature » qui plon- té. Sa musique traduit expériences, sentiments geait l’auteur dans le ravissement. À la suite de et aspirations avec la fidélité et la sensibilité Bruckner, il montre aussi de profondes affinités d’un sismographe. Sa mainmise permanente avec l’âme rustique des paysans qui peuplent sur les programmes parisiens s’exerce, hélas, la montagne autrichienne : Laendler, valses au détriment des symphonistes français de la ou danses sont ainsi de constants leitmotive ; même génération (d’Indy, Ropartz, Koechlin, mais, moins fidèle à l’original que son grand Schmitt), laissés actuellement pour compte devancier, il pétrie sans relâche cette matière bien que leurs grandes œuvres ne le cèdent première pour lui conférer des formes sophis- en rien à celles de Mahler. Ce dernier n’en est tiquées et stylisées adaptées à son propos (« La pas responsable : l’actuelle « mahleromania » mort conduit le bal » dans la IVe). Élargissant la est une preuve supplémentaire qu’en musique portée de ces musiques, il les coupe du folklore comme dans les autres domaines, les Français et de leur terroir d’origine. Enfin, les influences ne semblent guère s’aimer… • Michel Fleury février 2019 cadences 3
contemporain Wolfgang Rihm poète prolixe tivement vertigineuse. On compte à son actif plusieurs centaines d’œuvres abordant tous les genres et tous les effectifs instrumentaux ou vocaux et l’on imagine sans peine les difficultés auxquelles le Festival Présences a dû se heurter pour brosser son portrait en quelques concerts. Il est impossible d’aborder de façon exhaustive un geste créateur qui refuse tout cloisonnement et tout systématisme. De même, il a sans doute été ardu d’arracher quelques propos à un musi- cien rechignant régulièrement à parler de sa musique, préférant inciter l’auditeur à écouter ses œuvres plutôt que d’en lire des présenta- tions de nature musicologique. On se souvient © Radio France / Christophe Abramowitz d’un programme de salle fort drôle, dans le cadre du Festival d’Automne 2003, dans lequel Rihm ne mâchait guère ses mots : « Un composi- teur qui « dit » quelque chose sur sa musique en employant des mots est dans le meilleur des cas un charmant idiot, dans le pire un imposteur ». Et de livrer tout de même un texte confondant de virtuosité sur les partitions alors abordées, dont Blick auf Kolchis (donné le 13 février par l’Ensemble Court-Circuit). Le Festival Présences de Radio France rend cette année hommage Wolfgang Rihm est l’auteur d’un catalogue d’œuvres Poétique protéiforme colossales abordant tous N à l’un des géants de la création é en 1952 à Karlsruhe, Wolfgang Rihm part les genres musicaux. musicale, l’Allemand Wolfgang à Cologne en 1972 suivre l’enseignement Rihm. Véritable gageure quand de Stockhausen (il avoue lui-même avoir éprou- on sait que Rihm est l’un des vé quelques difficultés face à une personnalité compositeurs les plus prolifiques aussi singulière) puis à Fribourg-am-Brisgau de l’histoire musicale. pour étudier notamment auprès de Klaus Hu- O ber, sans oublier un passage à Darmstadt. Très n déplore régulièrement le manque vite, il prend une relative distance vis-à-vis d’un Du 12 au 17 février – Maison de fécondité marquant la création avant-gardisme trop corseté, revendiquant le de la Radio musicale, jusqu’à comparer – défavo- droit à l’expressivité (sa musique possède une Festival Présences rablement, bien sûr – les catalogues Wolfgang Rihm, un portrait. énergie vitale viscérale), au point qu’on lui attri- des compositeurs vivants à ceux des grands www.maisondelaradio.fr bue trop hâtivement un certain attachement à maîtres des siècles passés. Or, et l’Allemagne la Nouvelle Simplicité, à son grand damn. Très s’en est assurément fait une spécialité, nombre vite il retourne à Karlsruhe : tel Bach à Leipzig, de figures peuvent se targuer d’une produc- Rihm fait de sa ville natale l’épicentre de son tion prolifique et, à l’image de certains de ses activité créatrice, enseignant rapidement à la maîtres, Karlheinz Stockhausen et Klaus Huber, Musikhochschule de Karlsruhe. ou du regretté Hans Werner Henze, Wolfgang Sa musique est à l’image de sa culture phéno- Rihm est l’auteur d’une production quantita- ménale : protéiforme, d’une épaisseur histo- 4 cadences février 2019
paris rique impressionnante. Wolfgang Rihm puise largement dans les arts plastiques, la photogra- phie, le cinéma ou, surtout, la littérature et la Les Pages & les Chantres philosophie. Ces dernières constituent le socle Maîtrise du CMBV – Direction Olivier Schneebeli poétique sur lequel s’appuie l’édifice scénique de Rihm : Georg Büchner pour Jakob Lenz (son opéra le plus connue, devenu un classique de- Recrutement de chanteuses puis sa création en 1979 et que l’on reverra par et chanteurs de 18 à 30 ans pour exemple au Festival d’Aix-en-Provence), aussi Sophocle que Friedrich Nietzsche ou Heiner la rentrée de septembre 2019 Müller pour Oedipus (1987), le français Antonin Français et étrangers, tous pupitres Artaud pour Die Eroberung von Mexico (1991) et, plus récemment, Nietzsche pour Dionysos (2009). Cette dimension théâtrale constitue en Formation professionnelle soi une profession de foi, Rihm passant outre supérieure de chant baroque les polémiques qui ont fait rage au sujet de Cours théoriques et Sélection sur dossier l’opéra, genre dont d’aucuns ont stigmatisé pratiques, masterclasses, avant le 19 avril 2019, mises en situation auditions et entretiens le passéisme et les implications sociales. Elle professionnelle les 10 et 11 juin 2019 manque certes à l’hommage que Présences (3 ans, statut étudiant, rend à Wolfgang Rihm mais on pourra cepen- temps plein) 01 39 20 78 19 dant entendre plusieurs partitions fondamen- maitrise@cmbv.com WWW.CMBV.FR tales ainsi que des commandes passées par Radio France. Tradition et liberté C omme pour l’opéra, Wolfgang Rihm n’a nul- lement hésité à écrire concertos et sympho- nies, quitte à prendre parfois le contrepied de ce que l’on attendrait de lui. Ainsi, du Concerto pour piano n° 2 (20 février, avec l’Orchestre National de France) : dédiée à Tzimon Barto, qui sera le soliste du 20 février, cette partition exploite surtout les demi-teintes d’un pianiste comptant pourtant parmi les colosses de l’ins- trument. Quel autre compositeur vivant aurait accepté, comme lui, de répondre avec les quatre mouvements de la Symphonie « Nähe fern » aux quatre symphonies de Brahms (Festival de Lu- cerne en 2012) ? Il doit sans doute à son passé de petit chanteur du chœur d’oratorio de Karls- ruhe, son affection pour les partitions sacrées (on entendra son De profundis le 15 février et sa Missa brevis le 17) et, plus largement, pour la musique vocale – sa production dans ce do- maine est l’une des plus considérables de notre époque. Car Rihm n’est guère un partisan de la tabula rasa et s’inscrit dans la volonté de filia- tion revendiquée en son par un Arnold Schön- berg (un compositeur cher à son cœur, mais qui prend place dans un panthéon personnel étourdissant de diversité et comprenant pêle- mêle Debussy, Elgar, Monteverdi). Il est tentant de dresser de nouveau un parallèle avec Bach, s’agissant d’un musicien qui semble ne jamais être plus libre que lorsqu’il se confronte à la tradition. • Yutha Tep février 2019 cadences 5
les concerts du mois CHÂTEAU DE VERSAILLES Monteverdi, Vêpres de la Vierge 9 & 10 février (Chapelle Royale de Versailles) Monument suprême du corpus reli- gieux de Claudio Monteverdi, les Vespro della Beata Vergine captivent par la synthèse des styles qu’elles réa- © François Berthier lisent. Le compositeur jette en même temps les bases d’un langage musical proche de l’opéra, révolutionnant la musique sacrée. Il emprunte des élé- ments à sa musique profane, notam- ment à l’Orfeo récemment composé, pour arriver à un style très expressif, malgré l’interdiction de l’église. Pour ce concert, ce sont les meilleurs chanteurs de la jeune génération qui ont été réunis : Les Desandre, Eva Zaïcik, Lucile Richardot, Zachary wilder… L’ensemble Pygmalion, dirigé par Raphaël Pichon, les accompagne dans cette aventure. Maxim Vengerov, violon 12 février (Philharmonie) Doué d’une virtuosité qui semble sans limite, le violoniste Maxim Ven- gerov propose un programme d’une grande variété, qu’il interprète avec © Benjamin Ealovega le pianiste franco-russe Roustem Saït- koulov. On y entendra la deuxième Partita pour violon seul de Bach, stu- RAPHAËL PICHON péfiante pour sa longue Chaconne PYGMALION finale, la Sonate pour violon et piano Chefs-d’œuvre à Versailles K 454 de Mozart, qui ouvre la trilogie ultime des sonates pour violon et piano du compositeur, la Fantaisie de Schubert, avec toutes ses variations brillantes sur un thème tiré du lied « Sei MONTEVERDI : VESPRO DELLA BEATA VERGINE mir gegrüsst », le Scherzo de la Sonate F. A. E. de Brahms et les Lea Desandre, Eva Zaïcik, Lucile Richardot, Emiliano Gonzalez Toro, Zachary Wilder très colorées Danses hongroises n°1, n° 2 et n° 5. Sam. 9 février, 19h – Dim. 10 février, 16h – Chapelle Royale Eva Zaicik, mezzo-soprano STRAVAGANZA D’AMORE 13 février (Cité de la musique) Lea Desandre, Eva Zaïcik, Lucile Richardot, Davy Cornillot, Emiliano Gonzalez Toro, Zachary Wilder, Renaud Bres, Nicolas Brooymans C’est en 1707 que Händel composa Lun. 11 février, 20h – Galerie des Glaces le Dixit Dominus. Ce motet, consti- tué de huit parties, reprend le texte du psaume 110 du Nouveau Testa- BACH : MESSE EN SI MINEUR Joanne Lunn, Lea Desandre, Lucile Richardot, ment. Particulièrement émouvant, Emiliano Gonzalez Toro, Thomas E. Bauer il est sans conteste l’un des sommets Mer. 13 et jeu. 14 mars, 20h – Chapelle Royale de la musique religieuse baroque. © D.R. On se réjouit d’avance de l’entendre par les Arts Florissants aux côtés de Raphël Pichon © François Berthier INFORMATIONS – RÉSERVATIONS chanteurs éblouissants dans ce répertoire, comme la soprano 01 30 83 78 89 • www.chateauversailles-spectacles.fr Emöke Baráth, mais également la jeune Eva Zaïcik. Révélation @chateauversailles.spectacles @OperaRoyal lyrique aux Victoires de la Musique 2018, la mezzo française a conquis le milieu lyrique par la beauté d’un timbre rond et lumineux. On pourra également l’entendre à la salle Cortot le 19 février pour un concert de cantates françaises. 6 cadences février 2019
paris Prades à Paris 22 février (Théâtre des Champs-Élysées) Le Festival Pablo Casals de Prades pose une nouvelle fois ses valises à Paris pour un concert au Théâtre des Champs-Élysées, comme c’est mainte- nant la coutume. On y retrouvera des © Jeanne Brost chambristes incomparables, le clari- nettiste Michel Lethiec en tête, dans un programme unissant la France et les états-Unis du XXe siècle : la Sonate n° 1 pour violoncelle et piano de Debussy, entre poésie et iro- nie, le Trio avec piano que Ravel composa après s’être engagé à l’aube de la Première Guerre Mondiale, des extraits de West Side Story de Bernstein et enfin une suite pour clarinette et cordes arrangée par Franck Villard à partir de Porgy & Bess de Gershwin. Elégance et swing en perspective ! François Dumont, piano 24 février (Philharmonie) François Dumont fait partie des pia- nistes les plus dévoués à leur art, ne cherchant pas à se mettre sous le feu des projecteurs, développant sa car- rière au gré de son immense sensibi- lité. C’est avec un lyrisme presque vo- cal qu’il conçoit son jeu pianistique, © D.R. idéal pour le répertoire romantique. Avec l’Orchestre Pasdeloup, passion- nant également dans ce répertoire, il donne l’unique Concer- to pour piano de Schumann. L’œuvre, tout en intériorité, est bien loin d’autres concertos pour piano à la virtuosité parfois gratuite. On pourra également entendre la Symphonie n° 4 de Brahms et les Miniatures n° 2 et n° 3 d’Elzbieta Sikora. Françoise Enock, viole de gambe 24 février (38Riv’) Dans le Marais, une cave voutée du xiie siècle est devenue le repère des amateurs de jazz : le 38Riv. Mais loin de se cantonner à un seul style de mu- sique, ce lieu si séduisant et atypique accueille également des « thés ba- roques » qui raviront les mélomanes © D.R. en quête de dépaysement, lassés peut- être des grandes salles de concert. La viole de gambe y est souvent à l’honneur, comme le 24 février où l’on pourra entendre Françoise Enock. La gambiste fait toujours de ses concerts des moments de partage et de décou- verte, jouant avec un plaisir communicatif. Elle sera accom- pagnée au clavecin par Pascale Chochod pour interpréter des pièces de Tobias Hume et de John Playford. février 2019 cadences 7
les concerts do p urm troa i si t Stéphanie d’Oustrac Tragédienne Au sommet de sa carrière, Stéphanie d’Oustrac incarne tous d’ailleurs pour héritage la tragédie lyrique : ses rôles avec une puissante intensité théâtrale. Nouvelle « J’ai toujours eu l’impression que Cassandre ressemblait aux tragédiennes baroques que preuve ce mois-ci à l’Opéra de Paris où on la retrouve pour j’ai pu incarner. Ce sont des personnages très une prise de rôle à sa mesure : la Cassandre des Troyens grands, et même extrêmes. Je pense d’ailleurs d’hector Berlioz. que c’est ce qui m’a attiré au départ dans ce rôle- là. Mon travail sur Cassandre est un peu dans la Du 25 janvier au 12 février – continuité de mes tragédiennes baroques. » Mais Opéra Bastille musicalement bien sûr, Berlioz est sur une pla- Hector Berlioz, Les Troyens. nète différente : « J’aime beaucoup son écriture, Chœurs & Orchestre de l’Opéra de Paris. et j’ai déjà abordé beaucoup de ses œuvres. Le Dir. : P. Jordan. D. Tcherniakov, mise rôle de Cassandre me fait d’ailleurs penser à en scène. Avec S. d’Oustrac, M. Losier, V. Gens, S. Degout… un autre de ses ouvrages : Cléopâtre. L’écriture est très théâtrale et aboutie. Elle peut être aussi très instrumentale, ce qui n’est pas facile pour les chanteurs, mais c’est une musique qui me parle beaucoup. Je l’ai tellement étudiée qu’elle m’est assez familière aujourd’hui. Il y a des pas- sages absolument magnifiques dans mon rôle, et j’écoute souvent aussi les répétitions de la deu- xième partie, Les Troyens à Carthage, dont le © Perla Maarek du tac au tac cinquième acte me bouleverse, surtout le rôle de Quel aurait été votre métier si Didon qui est extrêmement touchant. C’est tout vous n’aviez pas été chanteuse ? simplement sublime. » Professeur de chant, mais cela aurait été dommage Une Cassandre inédite L de ne pas avoir été a mezzo française assume les réper- chanteuse avant ! toires les plus divers avec la même flamme et le même engagement, de la musique ancienne qui l’a fait connaître Quel est le compositeur que vous auriez aimé rencontrer ? Francis Poulenc. Y a-t-il une œuvre dont vous ne vous P our cette production des Troyens, Sté- phanie d’Oustrac retrouve le metteur en scène Dmitri Tcherniakov avec qui elle a déjà et dont elle ne s’est jamais lassée à la musique lassez jamais ? Toutes. Je ne me travaillé. Une collaboration qu’elle apprécie : suis jamais lassée de quelque romantique, avec notamment plusieurs Car- « L’interprétation que je donne à Cassandre a été chose. men mémorables à son actif. Le rôle si élo- dictée par la mise en scène. J’avais au départ ma Quelle est la qualité que vous quent et profondément tragique de Cassandre appréciez le plus chez un musicien ? propre idée du personnage mais la Cassandre semble taillé pour cette amoureuse de théâtre : La passion, mais aussi de cette production, qu’on a créée avec Dmitri « C’est un rôle intense, même si le rôle d’Enée est la curiosité. Tcherniakov et Philippe Jordan, n’a en fait rien bien plus lourd que le mien comme il est présent Quel est votre livre préféré ? Mon à voir ! Pour avoir déjà travaillé avec Dmitri, dans les deux parties de l’opéra. Je trouve très bel oranger, de José Mauro je savais qu’il aurait forcément une idée sur- excitant de travailler sur un projet d’une telle de Vasconcelos. prenante, et en tant que comédienne il est très ampleur. J’avais chanté Ascagne il y a plus de À quelle époque vous auriez-voulu vivre ? dynamisant de devoir incarner le personnage L’époque actuelle, je ne vais 15 ans au Théâtre du Chatelet, et je rêvais depuis qu’on nous propose quand il n’est pas à pre- pas me plaindre ! ce temps-là d’incarner Cassandre. » La mezzo mière vue ce qu’on aurait imaginé. C’est ce que Quel est votre plus grand rêve ? Que fait le lien entre ce rôle et le répertoire baroque ça continue ! je trouve excitant dans mon métier. » La Cas- qu’elle aime tant interpréter, Les Troyens ayant sandre de cette production a donc une histoire 8 cadences février 2019
en couverture de Berlioz n’est pas la plus compréhensible qui soit de prime abord. Quand on lit le texte, même en étant Français, on trouve parfois les phrases alambiquées. Pour que le texte soit clair, il ne 3 DVD faut pas chanter trop fort. Il faut trouver avec le chef et l’orchestre un juste équilibre. Dans une salle comme Bastille et avec l’orchestre énorme que requiert Berlioz, c’est un challenge. » D’une aventure à l’autre © Werther Lorraine Jean-Baptiste Lully Atys Les Arts florissants, William Christie (direction), A près Les Troyens, on pourra entendre Sté- phanie d’Oustrac à Zurich dans le rôle de Phèdre d’Hippolyte et Aricie de Rameau et on Jean-Marie Villégier (mise en scène). ne peut qu’admirer l’aisance avec laquelle la Avec B. Richter, mezzo chante aujourd’hui tous les répertoires. un peu différente de celle du mythe : « Dmitri 1 DVD FraMusica Cette aisance est le fruit d’une grande sagesse : Tcherniakov a imaginé un drame familial et « Étant donné que notre instrument est un social. Cassandre voit la chute d’un peuple en muscle, on ne peut pas passer rapidement d’un déliquescence mais vit aussi son drame person- style à un autre sans un travail approprié. Il nel puisqu’elle a sans doute été abusée par son faut se respecter, et heureusement on a toujours père dans son enfance. Elle a énormément de le temps des répétitions pour réajuster notre colère en elle, mais elle n’est pas entendue dans Hector Berlioz corps au style qu’on doit chanter, et aussi aux sa peine et dans sa fureur. On veut la marier en Béatrice & Bénédict différentes salles. À l’Opéra de Paris et à Zurich, espérant la calmer mais elle est sans arrêt en London Philharmonic, The Glyndebourne Chorus, ma manière de chanter ne sera pas tout à fait révolte. C’est la grande idée du premier acte. Au Antonello Manacorda (direction), la même. » Pour les mois et les années à venir, deuxième acte, comme elle a perdu ses parents, Laurent Pelly (mise en scène). la mezzo a beaucoup d’envies : « Ce sont avant Cassandre n’a plus de raison de se battre. Elle Avec P. Appleby, P. Sly, F. Caton, tout des aventures humaines qui m’attirent plus souffre tellement de cette situation qu’elle n’a K. Bradic, S. Karthäuser. que des rôles. Je choisis souvent mes projets au pas d’autre solution que de mourir à son tour, 1 DVD Opus Arte. fil des rencontres que je fais. Mais il y a bien entrainant avec elle toutes les femmes. » sûr des rôles que j’ai très envie de faire, comme Octavian dans Le Chevalier à la rose ou le rôle Relever le défi du Compositeur dans Ariane à Naxos. J’ai dû reporter cette prise de rôle parce que j’avais P our cette prise de rôle, la mezzo espère transmettre sa passion de l’œuvre au pu- blic : « J’espère réussir à rendre le personnage Maurice Ravel L’Heure espagnole, pris du retard en raison de problèmes de santé. C’était un rendez-vous manqué et j’espère que j’aurai une autre occasion de le faire. D’autre L’Enfant & les Sortilèges. le plus lisible possible, et montrer au public que part je n’ai fait qu’une seule fois le rôle de Char- London Philharmonic, Les Troyens ne sont pas une œuvre aussi écra- The Glyndebourne Chorus, lotte dans Werther et j’aimerais beaucoup le sante qu’elle ne paraît. Au delà de son aspect tita- Kazushi Ono (direction), reprendre. Je ne me lasse jamais non plus de nesque, l’opéra est très humain et touchant. C’est Laurent Pelly (mise en scène). Carmen parce que j’ai eu la chance de faire des du théâtre, de l’envie, de la passion. » Les défis à Avec E. Madore, F. Piolino, P. Gay, Carmen très différentes. » On attend avec impa- K. Gadela, E. Méchain... relever sont nombreux : « Je veux bien entendu tience les prochains rendez-vous ! 1 DVD FraMusica qu’on puisse comprendre le texte. La prosodie • élise Guignard février 2019 cadences 9
opéra Alexandre Desplat e opéra en silenc de son expression artistique, son thème a par- ticulièrement touché Solrey : « Cette nouvelle n’a pas été choisie par hasard, elle fait écho au silence de mon violon ». C’est en même temps une œuvre « très proustienne » qui propose une réflexion « sur le temps, le passé, la mémoire, la création ». L’adaptation de l’œuvre en opéra ne fut pas une mince affaire et aura pris du temps. L’élaboration du livret s’est avérée être un exercice difficile du fait d’un sujet abstrait sans réelle narration ni action. De ce récit trai- tant de l’invisible, où l’omniprésence des fan- tômes côtoie le conte fantastique, il a fallu « fa- çonner les mots, les construire » en passant par la création d’un narrateur, assumant le rôle d’un « personnage qui se transforme et traverse le récit tout au long de l’opéra, comme un pas- seur ». Il en résulte un livret en 3 actes (chacun composé de 5 à 7 tableaux) où tout s’enchaîne, © Aurélie Lamachère une forme traditionnelle qui correspond néan- moins à l’esthétique de cette nouvelle tenant du classicisme. « Nous sommes très attachés à la période classique » déclare Solrey, pour qui les opéras de Mozart restent des chefs-d’œuvre incontournables. Collaborant sur de multiples Sur scène comme à la projets depuis de nombreuses ville, Dominique « Solrey » Effleurer les choses Limonier et Alexandre années, Alexandre Desplat et C Desplat forment un omposer un opéra était une grande pre- Solrey abordent pour la première couple d’une inventivité mière pour Alexandre Desplat, et ce n’est fois l’univers lyrique avec leur exceptionnelle. pas sans crainte qu’il s’est attaqué à cet univers opéra En silence. Ils signent à deux bien particulier. Il a su trouver dans l’esthé- le livret, adapté de la nouvelle tique japonaise un écrin idéal pour sa musique éponyme de l’écrivain japonais épurée « qui est proche de l’œuvre de Kawaba- Yasunari Kawabata. Rencontre ta dans sa délicatesse, dans l’effleurement des avec Solrey, qui en réalise Les 2 & 3 mars – Théâtre des choses, sans jamais accentuer le pathos ni le Bouffes du Nord également la mise en scène drame de l’histoire ». L’orchestre de chambre Ensemble United Instrument of Lucilin. D A. Desplats, composition ; Solrey, mise en (3 flûtes, 3 clarinettes, trio à cordes et percus- epuis quelque temps déjà, l’idée d’un scène. C. Poul, soprano ; M. Timoshenko, sions) évoque les ensembles du Japon tels que projet pour scène avec voix faisait baryton ; S. Lolov, acteur narrateur. le gagaku, mais la musique en elle-même ne son chemin chez Solrey et Alexandre s’enferme pas dans une référence trop évidente Desplat. Tous deux amateurs de l’es- aux sonorités japonaises : « la relation au japo- thétique japonaise, ils ne pouvaient que tom- nisme est là, dans la musique et la mise en scène, ber sous le charme de cette nouvelle de Kawa- mais on peut l’oublier ou la voir. Rien n’est im- bata, de petite forme et au titre si musical. posé. » Le traitement de la voix rappellera plus Contant l’histoire d’un écrivain paralysé, privé volontiers Pelléas et Mélisande de Debussy : 10 cadences février 2019
paris t Solrey SALLE e D ER X AN LEY LE PA « à la française », avec peu de vocalises, c’est NO PIA « un chant qui suit la phrase et qui n’étire pas les mots ». A Tout aussi épurée est la mise en scène de 8 Solrey, divisée en trois plans. À l’avant-scène FÉV l’espace symbolique du récit et du narrateur. 20:30 Au centre, le huis clos blanc de la maison où se SALLE tient le maître écrivain. De dos, il fait face aux G AV E A U musiciens, placés au fond : partie intégrante de la mise en scène et vêtus de costumes colo- rés, ils symbolisent le verger et « représentent l’amour que Kawabata avait pour la nature ». CHOPIN PROKOF Une disposition de conception zen qui laisse IEV tout l’espace libre au chant des interprètes. Une création vidéo réalisée par la metteuse en www.philippemaillardproductions.fr scène vient parfaire le tout : « la vidéo est un plus qui permet aux metteurs en scène d’alléger les décors et les costumes, et d’offrir un espace mental différent. Je tenais à réaliser cette vidéo et à ne la confier à personne d’autre car c’est une partie intégrante de la scénographie ». Cette expérience de mise en scène est également un exercice inédit pour Solrey, ses créations avec le Traffic Quintet relevant jusqu’ à présent da- vantage de la mise en espace. L’artiste recon- 15 naît que ce fut « un travail immense, global, de FÉV 20:30 créer tout un monde, tout un imaginaire, et de SALLE l’offrir sous forme d’opéra ». Mais elle avoue G AV E A U que ce fut avant tout une expérience passion- nante, magique, et se dit prête à recommen- cer : « Je suis très contente de faire une mise en scène pour le spectacle vivant. Ça me ramène à mes premières amours : la scène avec le violon. Je me sens chez moi dans un théâtre, une salle L MICHE de concert. Je suis heureuse de revenir à cette forme-là. » L’ensemble Lucilin se voit confier la création A L B E RTO de l’opéra après avoir proposé à Alexandre Desplat une collaboration musicale. En silence D PIANO sera ainsi crée au Grand Théâtre du Luxem- bourg avant sa création française aux Bouffes du Nord. Une prochaine présentation au Ja- SCHUBE RT pon n’est ensuite pas à exclure : « nous avons SCHUMA NN BRAHMS très envie de voyager avec ce spectacle. Le Japon LISZT nous a déjà contacté. » • Floriane Goubault PRIX DES PLACES R É S E R VAT I O N S 55 38 22 € 01 48 24 16 97 février 2019 cadences 11
les concerts edn u fmaomi si ll e La musique classique à découvrir en famille Pédagogique Initiatique Dès 9 ans Dès 6 ans Symphonie © Olivier Tallec pour une © Chen Jiang Hong - l’Ecole des loisirs plume Inspirée du texte théâtral Dilun, la Symphonie pour une plume nous plonge dans le monde de l’enfance. Plume est un garçon rêveur et solitaire qui s’invente un ami imaginaire incarné par un orchestre, ici le merveilleux Orchestre national d’Île-de- France. Le compositeur brestois Benoît Menut et la metteuse en scène Florence Lavaud ont mêlé intelligemment texte et musique pour créer une œuvre poétique qui fait découvrir l’or- chestre symphonique et ses différents instruments au fil d’une histoire. Le jeune public sera captivé aussi bien par cette décou- Mon premier festival d’opéra verte que par la délicatesse de la musique elle-même. Du 27 janvier au 24 février, l’Opéra Comique ouvre ses portes Le 16 février – Philharmonie au jeune public pour son festival « Mon premier festival d’opé- Orchestre national d’Île-de-France. Dir. : Aurélien Azan-Zielinski. ra ». Après les portes ouvertes qui se sont tenues fin janvier, la Florence Lavaud, mise en scène. Georgi Varbanov, percussions ; maison accueille trois spectacles en février qui raviront petits Jérémy Barbier d’Hiver, comédien. — Tél. : 01 44 84 44 84. et grands. Les festivités s’ouvrent avec Gretel & Hänsel les 9 et 10 février. Il s’agit d’une adaptation en français par Henri- Alexis Baatsch et Sergio Menozz de l’opéra d’Engelbert Hum- Ludique perdinck. Le conte de Grimm est toujours un succès garanti Dès 3 ans auprès des enfants, et il le sera d’autant plus dans cette ver- sion où légèreté, humour et merveilleux sont au rendez-vous. Les jeunes artistes de la Maîtrise Populaire de l’Opéra Comique mettent tout leur entrain et leur cœur à interpréter l’ouvrage, insufflant beaucoup de fraicheur et d’énergie au spectacle. Les Vox, le mot © Marleen-Rocher 13, 16 et 17 février, c’est ensuite une Petite Balade aux Enfers qui sera proposée. Librement inspiré du chef-d’œuvre de Gluck, le sur le bout spectacle conçu par la plasticienne Valérie Lesort mêle marion- de la langue nettes et voix lyriques, ce qui permettra d’initier les néophytes à l’opéra tout en douceur. La musique pour vaincre la mort et La compagnie La Balbutie imagine un spectacle qui revient à ressusciter l’amour, quel meilleur que thème que celui-ci pour la naissance même des mots et du langage. Vox fait de la voix aborder l’opéra ? Un spectacle autour des contes chinois conclu- un champ d’expérimentation infini, une sorte de chasse au tré- ra le festival les 23 et 24 février. On y découvrira Le Prince Tigre sor jubilatoire où l’on découvre ses possibilités et ses limites. et Le Cheval magique. Ils seront mis en musique et illustrés par Les deux interprètes Juliette Plihon et Nicolas Perrin (une Chen Jiang Hong, fabuleux dessinateur de livres pour enfants chanteuse-comédienne et un créateur sonore) jouent avec une qui travaille notamment pour L’école des loisirs. Ses peintures grande liberté sur toutes les formes d’expressions vocales, du à l’encre entre tradition et modernité donneront un éclairage murmure au hurlement, des balbutiements à la phrase chan- féérique aux histoires contées. tée. Le spectacle est accessible même aux plus jeunes par son Du 27 janvier au 24 février – Opéra Comique format court (environ 35 minutes). Avec la Maîtrise Populaire de l’Opéra Comique, Marie Lenormand, Du 6 au 11 février – Opéra de Paris, Amphithéâtre Judith Fa, Marine Thoreau la Salle, Micha Calvez Richer, Marthe Compagnie La Balbutie. Camille Roux, mise en scène. Avec Juliette Leon, Rachel Masclet, Suzanne Debureaux Estelle Meyer, Sami Plihon et Nicolas Perrin. — Tél. : 08 92 89 90 90. Adjali, Christian Hecq… — Tél. : 01 70 23 01 31. 12 cadences février 2019
paris [ janvier ] [ février ] Gay, The Beggar’s Opera Les Arts Florissants. Dir. : F. Carré. R. Carsen, mise en scène. Avec R. Burt, B. Klein, K. Batter, B. Purkiss, E. K. Nelson… 20h00. Opéra, Massy. • 91 31 jeudi 1 vendredi 51-55,5 €. Tél. : 01 60 13 13 13. Concert-Rencontre Ensemble Hexaméron Evgeny Kissin, piano Avec les artistes de l’Opéra de Paris Beethoven/Hummel, Sedlatzek, Ries. Chopin, Schumann, Debussy, 13h00. Opéra Bastille, Studio. 12h15. Amphithéâtre Richelieu - Sorbonne. Scriabine. 5 €. Tél. : 08 92 89 90 90. 12 €. Tél. : 06 89 17 49 35. 20h00. Théâtre des Champs-Élysées. Eugen Indjic, piano 5-110 €. Tél. : 01 49 52 50 50. Berlioz, Les Troyens Chœurs & Orchestre de l’Opéra de Schumann, Kreisleriana ; Chopin, Ton Koopman, direction Paris. Dir. : P. Jordan. D. Tcherniakov, Ballade op. 23… Philharmonique de Radio France. mise en scène. Avec S. d’Oustrac, M. 19h00. Musée Jacquemart-André. Bach, Mozart, Händel. 45-80 €. Tél. : 01 43 71 60 71. 20h00. Maison de la Radio. Losier, V. Gens, S. Degout… 18h00. Opéra Bastille. Dvořák, Rusalka 10-65 €. Tél. : 01 56 40 15 16. 5-210 €. Tél. : 08 92 89 90 90. Chœurs & Orchestre de l’Opéra Pianos viennois 1800-1850. de Paris. Dir. : S. Mälkki. R. Carsen, A. Planès, E. Torbianelli, F. Albrecht, Scarlatti, Il Primo Omicido overo Cain mise en scène. Avec K. F. Vogt, K. C. Mastropriminao, L. Montebugnoli, B’Rock Orchestra. Dir. : R. Jacobs. Mattila, C. Nylund, T. J. Mayer… R. Castelluci, mise en scène. Avec L. Fernandez Granero, piano ; 19h30. Opéra Bastille. C. Banchini, violon ; P. Langot, K. Hammarström, O. Vermeulen, B. 5-145 €. Tél. : 08 92 89 90 90. Christensen, T. Walker… violoncelle. 19h30. Palais Garnier. Heptaméron 20h00. Salle Cortot. Dir. & création musicale : Geoffroy 25 €. Tél. : 06 70 20 67 34 10-185 €. Tél. : 08 92 89 90 90. Jourdain. Benjamin Lazar, mise en Berio, Sinfonia Franck Braley, piano scène. Avec F. Blondeau, G Carey, Orchestre National des Pays de la Orchestre de Picardie. Dir. : A. Van M. de La Tullaye, T. Gonzalez, Les Loire. Neue Vocalsolisten Stuttgart. Beek. Beethoven, Concerto n° 4 ; Cris de Paris. Dir. : P. Rophé. A. Schuen, baryton. Mendelssohn, Symphonie n° 1. 20h30. Théâtre des Bouffes du Nord. 20h30. Philharmonie. 20h00. Musée de l’Armée, Cathédrale. 14-32 €. Tél. : 0 1 46 07 34 50. 5-25 €. Tél. : 01 44 84 44 84. 20-40 €. Tél. : 01 44 42 54 66. Emőke Baráth, soprano Ensemble Correspondances Alexandre Malofeev, piano Il Pomo d’Oro, clavecin & dir. : F. Dir. : S. Daucé. Toutes les nuits : Liszt, Prokofiev, Tchaïkovski, Corti. Händel, Strozzi, Cesti. Boesset, Chambonnières, Guédron, Rachmaninov, Balakirev. 20h30. Salle Gaveau. Moulinié, Couperin… 20h30. Fondation Vuitton. 22-55 €. Tél. : 01 48 24 16 97. 20h30. Château, Versailles. • 78 15-25 €. Tél. : 01 40 69 96 00. Orchestre Philharmonique 30-130 €. Tél. : 01 30 83 78 89. Orchestre de Paris de Radio France Heptaméron Dir. : D. Harding. C. Stotijn, mezzo- Dir. : MW. Chung. SJ. Cho, piano. Voir au 1er février. soprano ; M. Stone, baryton. Adès, Tchaïkovski, Concerto pour piano 20h30. Théâtre des Bouffes du Nord. Totentanz ; Mozart, Symphonie n° 40. n° 1, Symphonie n° 6 « Pathétique ». 20h30. Philharmonie. 20h30. Philharmonie. 10-75 €. Tél. : 01 44 84 44 84. 3 dimanche 10-50 €. Tél. : 01 44 84 44 84. Berio, Orfeo Prokofiev, Pierre et le loup Puccini, Madame Butterfly D’après Tim Burton. Les La Venexiana. Estudiantina d’Argenteuil. Orchestre Les Métamorphoses. Dissonances, Ensemble Ouranos, E. Orchestre du CRR. Dir. : M. Dini Ciacci. Dir. : A. du Closel. P. Thirion-Vallet, L. Lagarde, scénographie. Jenicot, narrateur. mise en scène. Avec N. Urata, M. 20h30. Cité de la musique. 11h00. Théâtre des Champs-Élysées. Paliès, A. Blodan, J.M. Salzmann… 20-25 €. Tél. : 01 44 84 44 84. 15-30 €. Tél. : 01 49 52 50 50. 20h30. Théâtre, Poissy. • 78 Berlioz, Les Troyens 30-35 €. Tél. : 01 39 22 55 92. 2 samedi Voir au 31 janvier. Dvorak, Messe en Ré 14h00. Opéra Bastille. Jeunes Talents 5-231 €. Tél. : 08 92 89 90 90. Chœur Elisabeth Brasseur ; Quintette N. Natorp, violoncelle ; JB. Doulcet, Anacrouse. Dir. : S. Boucheron. V. piano. Debussy, Stravinsky, Strauss. Scarlatti, Il Primo Omicido overo Champdavoine, alto. Scherzo et Lento Bach, Motets & messe 19h00. Lycée Louis-le-Grand. Cain des Quatuors de Dvorak ; Rhapsodie Les Muses Galantes, Chœur de Paris. 5-16 €. Tél. : 01 40 20 09 20. Voir au 31 janvier. pour alto et voix d’hommes de Dir. : T. Aly. Bach, Motets BWV 227 et 14h30. Palais Garnier. Brahms ; Messe en Ré, op. 86 de Paul Badura-Skoda, piano BWV Anh.159, Missa brevis BWV 232. Dvorak. Schubert, Impromptu D.899, Michael Barenboim, violon 16h00. Église Notre-Dame des Blancs 20h30. Église Notre-Dame du Liban. Sonates D.959 & D.960 Tartini, Sciarrino, Berio, Paganini. Manteaux. 20 €. Rens. : billetterie.ceb@gmail.com. 19h00. Musée Jacquemart-André. 15h00. Cité de la musique, 27-32 €. Tél. : 06.77.58.30.40 45-80 €. Tél. : 01 43 71 60 71 Amphithéâtre. Sergei Babayan, piano 20 €. Tél. : 01 44 84 44 84. Cordes et hautbois Chopin, Polonaise, Polonaise- Mozart, Britten. Gay, The Beggar’s Opera fantaisie, Valse… 20h00. Opéra Bastille, Amphithéâtre. Voir au 2 février. 16h00. Maison de la Radio. 25 €. Tél. : 08 92 89 90 90. 16h00. Opéra, Massy. • 91 10-45 €. Tél. : 01 56 40 15 16. février 2019 cadences 13
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