Teilhard aux ordures ! - Association des Amis de Pierre ...

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                                  Teilhard… aux ordures !
                           Comment ne pas lire un grand penseur religieux
                                             John F. Haught
                                    Commonweal, le 8 février 2019

Est-ce que le prêtre jésuite et homme de science Pierre Teilhard de Chardin était réellement raciste,
fasciste et même opposant génocidaire de la dignité humaine ? Je pensais que, du moins parmi les
Catholiques cultivés, cette question n'avait quasiment plus cours, et que les poches d'hostilité
résiduelles pouvaient disparaître pour de bon, particulièrement après que des papes récents aient
cité avec admiration la vision cosmique de Teilhard en raison de sa beauté théologique et de sa
puissance eucharistique.
Mais mon optimisme était prématuré. Dans un article de Philosophy and Theology daté de décembre
2016 et intitulé "Tendances dangereuses de la théologie cosmique : l'héritage caché de Teilhard de
Chardin", John P. Slattery écrit ceci : "Depuis les années 1920 jusqu'à sa mort en 1955, Teilhard de
Chardin a clairement soutenu les pratiques eugénistes racistes, loué les possibilités des expériences
nazies, et regardé de haut ceux qu'il considérait comme des humains 'imparfaits'." Slattery,
récemment diplômé du Département de Théologie de l'Université Notre Dame, soutient qu'un attrait
persistant pour le racisme, le fascisme et les idées génocidaires "sont explicitement à la base de la
célèbre théologie cosmologique de Teilhard." Voilà, nous informe-t-il, "une tendance largement
méconnue de la recherche teilhardienne."
Un article plus récent du même critique dans Religion Dispatches de Mai 2018 a pour titre "L'héritage
d'Eugénisme et de Racisme de Pierre Teilhard de Chardin ne peut plus être passé sous silence". A
l'appui de son discours, Slattery donne huit citations isolées tirées de lettres de Teilhard et d'autres
écrits épars. La plupart des citations présentent ce qui était des interrogations spéculatives de la part
de Teilhard – des questions que de nombreux autres penseurs, y compris de nombreux catholiques,
ont posées – plutôt que des thèses développées de façon systématique destinées au public. Le style
en est provocateur et interrogateur, ce ne sont pas des déclarations. Ce que Teilhard voulait dire
exactement par chacune d'elles est, dans chaque cas, le vrai sujet d'un débat contradictoire.
Et pourtant ces citations nous sont présentées par Slattery comme des preuves irréfutables que le
véritable "héritage" de Teilhard est hostile à l'affirmation catholique sur la dignité humaine, la justice
raciale et le souci des handicapés. Beaucoup plus important encore, Slattery déclare que c'est
l'engagement de Teilhard envers ces maux la base qui sous-tend sa "théologie cosmologique". Rien
ne saurait être plus absurde.
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Slattery ne nie pas que le corpus des écrits religieux de Teilhard est indéniablement chrétien et en
accord avec l'enseignement catholique. Cependant il ne tient pas compte de ce fait quand il définit ce
qu'il appelle "l'héritage" de Teilhard. Bien qu'il sache que la plupart des lecteurs ne seront familiers ni
de l'homme ni de sa pensée, il a décidé de les confronter d'abord avec ce qu'il considère comme
l'aspect le plus sinistre de Teilhard. Pour ce faire, il choisit la valeur d'un dé à coudre de citations hors
de leur contexte, il les expose sur un fond parfaitement neutre, et il ne dit rien des 99,9% du reste
des écrits de Teilhard. Quand on ne prend pas en compte l'architecture générale de la pensée de
Teilhard, on va droit aux exagérations et aux déformations commises par Slattery.
Il commence par citer la plus célèbre des formules parmi les trésors de teilhardiens : "Quelque jour
[…], nous capterons pour Dieu les énergies de l'amour. – Et alors, une deuxième fois dans l'histoire
du Monde, l'Homme aura trouvé le Feu." Remarquant que les millions de personnes qui ont entendu
ces lignes récitées par l'Évêque de l'Église Épiscopale Michael Bruce Curry dans le sermon émouvant
prononcé lors du mariage du Prince Harry et de Meghan Markle, Slattery remarque que les auditeurs
qui "sont tombés en syncope" en les entendant étaient inconscients des racines empoisonnées de la
façon dont Teilhard envisageait le monde selon sa religion. Il se met à révéler la pourriture qu'il
trouve dans un lot de huit passages choisis parmi la multitude de lettres et d'essais de Teilhard. J'en
condenserai plus bas les plus offensants, mais je souhaite commencer ma réponse à Slattery par un
résumé de ce que d'autres étudiants de la pensée de Teilhard considèrent comme son véritable
héritage. Ce n'est qu'après avoir été initié à ses idées de fond que nous pouvons interpréter
correctement ce que Slattery trouve de si offensant dans l'œuvre de Teilhard.
Les connaisseurs de Teilhard connaissent les remarques ambiguës qu'il montre du doigt; mais le
caractère apparemment offensant de tels commentaires s'évanouit quand nous les lisons en termes
de principes fondamentaux guidant Teilhard homme de science dans sa vision du monde et de Dieu.
Voici quatre de ces principes fondamentaux :

L'univers (la science l'a démontré) est encore en train d'advenir. Il en
découle qu'il n'est pas encore achevé. Sur le plan théologique, cela signifie que la création reste
"inachevée", et que les hommes, qui font partie de cet univers, peuvent contribuer à sa réalisation
de façon significative. L'opportunité de participer à "construire la terre" est une pierre d'angle de la
dignité humaine. (C'est aussi un enseignement de Vatican II). Le fait que notre créativité peut parfois
conduire à des résultats monstrueux ne nous dispense pas de l'obligation d'améliorer le monde aussi
bien que nous-mêmes. Profiter de cette opportunité est parfois dangereux, mais c'est également
essentiel pour entretenir l'espérance et le "goût de vivre", maintient Teilhard. De plus, rien ne "rogne
les ailes de l'espérance" plus sérieusement que l'idée théologique maintenant dépassée selon
laquelle l'univers a été achevé une fois pour toutes au début, et qu'il n'y a que peu de choses, ou
même rien que nous pouvons faire pour le renouveler.

Créer, c'est unir. Le monde advient – et se renouvelle par un processus d'unification. Compris
d'une manière scientifique, le cosmos qui émerge ne devient intelligible qu'en amenant
graduellement des formes de cohérence de plus en plus complexes à partir d'un état de diffusion et
d'une dispersion atomique originels. Au fur et à mesure que l'univers devient plus complexe au cours
du temps, il devient aussi plus conscient. Sur le plan théologique, ce principe est sous-entendu dans
l'espérance chrétienne résumée dans la prière de Jésus "que tous deviennent un" et dans l'attente
paulinienne selon laquelle tout sera ramené à une tête, en Christ, "en qui tout subsiste". Teilhard a
déclaré expressément que toute sa théologie de la nature est en harmonie avec les attentes de
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l'apôtre Paul et avec le Quatrième Évangéliste : "Seigneur, faites-nous un". Son véritable héritage
réside dans le riche sentiment chrétien qui est le sien, d'un univers qui converge sur le Christ et qui
est en route vers l'union finale dans ce qu'il a appelé Dieu-Oméga.

La véritable union différencie.                  De même que l'amour créateur de Dieu apporte une
unité croissante à l'univers inachevé, c'est la volonté de Dieu que la diversité de la création croisse
également, y compris dans l'émergence d'êtres humains uniques et libres. Dans le Christ, Dieu
cherche à s'incarner toujours davantage dans le monde, non pas au travers d'un ordre imposé, mais
par une communion personnalisante, libératrice, différenciatrice par rapport à lui. De nombreuses
déformations des intentions de Teilhard, y compris celles de Slattery, viennent d'une
incompréhension de ce que Teilhard entend par véritable union. Comme nous le verrons, ne pas
saisir la raison profondément chrétienne de l'union différenciatrice dans ses écrits est lui porter
gravement atteinte.

Le seul point d'appui du monde, c'est l'avenir. Tandis que nous suivons le cours
de l'histoire cosmique depuis son lointain passé jusque dans l'avenir, observe Teilhard, nous
découvrons une "loi de récurrence" selon laquelle quelque chose de nouveau, de plus complexe, et
(éventuellement) plus conscient s'est toujours formé "en-haut et en-avant". Scientifiquement
parlant, nous savons maintenant que les éléments subatomiques ont été organisés autour de noyaux
atomiques ; les atomes se sont groupés en molécules ; les molécules en cellules ; et les cellules en
organismes complexes, dont certains ont fait le saut dans la pensée. Cependant, les sortes
d'émergence les plus importantes ne peuvent se produire que si les éléments se laissent organiser
autour d'un centre nouveau et plus élevé, un centre qui les soulève vers une unité différentiée de
façon plus élaborée. Afin de faire l'expérience de la véritable union, de l'être véritable, de la véritable
vertu et de la véritable beauté par conséquent – comme Abraham, les prophètes, et Jésus – il faut
nous laisser saisir par l'Avenir.

Ce n'est qu'après avoir bien compris                          ces quatre principes que nous pouvons
décider en toute connaissance de cause si Teilhard était raciste, fasciste, ennemi des handicapés, un
monstre génocidaire. Passons maintenant à l'examen de ces accusations.
Teilhard était-il raciste ? Slattery note qu'en 1929, alors qu'il travaillait en Chine, Teilhard avait posé
la question : "Est-ce qu'ils [les Chinois] ont la même valeur humaine que les Blancs ?" et il avait
réfléchi ensuite sur le fait que les "inégalités" raciales pourraient ne pas être tant culturelles que
"naturelles". S'il était ici aujourd'hui pour répondre à l'accusation de Slattery, je crois que Teilhard
ferait remarquer que la presque totalité des évolutionnistes sont conscients de l'évidence
paléontologique d'une variété de lignées dans la descendance humaine. Et, de façon
compréhensible, ils se demanderaient si et dans quelle mesure les "inégalités" génétiques peuvent
encore perdurer, chez les humains comme chez les autres espèces.
Pour Teilhard, au moins, le terme "inégalité" n'implique pas une valeur inférieure pour certains
peuples par rapport à d'autres aux yeux de Dieu, mais a davantage à voir avec la "différenciation"
telle que je l'ai décrite dans le troisième principe que j'ai cité ci-dessus. Reconnaître des différences
entre les races et parmi nos ancêtres dans l'évolution ne pose aucun problème théologique, puisque
"la véritable union différencie". En fait, la façon dont Teilhard comprend l'unité intrinsèque du
"phénomène humain" est remplie d'amour et elle est, en outre, très étendue ; il inclut même des
formes éteintes d'hominidés dans la catégorie "humaine". Et finalement, il ne situe pas tellement la
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base métaphysique de l'unité humaine dans notre ténébreux passé biologique, mais dans la future
communion de toute la création avec le Dieu qui vient. En outre, comme il le dit dans le passage
même cité par Slattery, "l'amour chrétien surpasse toutes les inégalités, mais il n'a pas à les nier." Il
est certain que ce ne sont là ni les idées ni les sentiments d'un raciste.
Teilhard était-il fasciste ? Tout en affirmant sa répugnance pour le nationalisme, il s'est carrément
prononcé "très intéressé par la primauté qu'il attribue au collectif," et il s'est demandé ensuite : "Est-
ce qu'une passion pour 'la race' représente une première ébauche de l'Esprit de la Terre ?" Il est
important de comprendre ces méditations d'une façon convenable. Lorsque Teilhard exprime de
l'intérêt pour les expériences fascistes du vingtième siècle, loin de les approuver, comme Slattery le
laisse entendre de façon sournoise, il observe simplement que ces mouvements se nourrissent à la
façon de parasites de la tendance à l'union qui imprègne le cosmos ainsi que décrit ci-dessus dans le
second principe. Le mal du fascisme, compris par Teilhard, consiste dans le fait qu'il échoue dans
l'observation du troisième principe, c'est-à-dire la véritable union différencie. Si nous sommes
honnêtes, nous pouvons reconnaître l'esprit enivrant de l'unification même dans ses formes les plus
retorses; mais la véritable union promeut les différences. Contrairement aux accusations de Slattery,
Teilhard a toujours considéré les expériences fascistes et communistes comme malfaisantes dans la
mesure où ces mouvements ne visaient pas, au-delà de l'uniformité, de l'homogénéité et du
conformisme idéologique, la véritable unité qui différencie, libère et personnalise.
Qu'en est-il de la considération – ou de la prétendue non-considération – de Teilhard pour la dignité
des handicapés ? Slattery le cite :
      Quelle doit être […] l'attitude de fond à adopter, vis-à-vis des groupes ethniques fixés ou
      décidément peu progressifs, par l'aile marchante de l'humanité ? La Terre est une surface
      fermée et limitée. Dans quelle mesure doit-on y tolérer, racialement ou nationalement, des
      aires de moindre activité ? – Plus généralement encore, comment faut-il juger les efforts que
      nous multiplions pour sauver, dans les hôpitaux de toutes sortes, ce qui n'est souvent qu'un
      déchet de vie ? […] Jusqu'à quel point le développement du fort […] ne devrait-il pas primer la
      conservation du faible ?
De façon tendancieuse, Slattery interprète ce passage en tant que "réflexion qui suggère fortement,
à défaut d'un meilleur terme, des pratiques génocidaires en faveur de l'eugénisme." Pourtant, il faut
remarquer ici encore que ce que Teilhard exprime, ce sont des questions plutôt que des déclarations.
Par ces questions, il exprime ses difficultés à faire concorder une vision morale avec les quatre piliers
de sa cosmologie religieuse, particulièrement avec le fait que l'univers est encore en train d'advenir.
Dans un univers non achevé, la vie morale de l'homme doit, d'une façon ou d'une autre, inclure notre
effort pour intensifier la vitalité, la complexité, la conscience et la beauté. Teilhard "n'enfonce pas"
les handicapés, comme le prétend Slattery; et ceux qui ont davantage lu Teilhard plus honnêtement
savent que pour lui les "rebuts de la vie" ne sont jamais assimilés aux "rebuts de Dieu". Loin de se
montrer indifférent à la souffrance des handicapés, il développe une vision de la vie qui leur offre
l'espérance et un sens de la dignité plus important. Teilhard montre comment nos souffrances
peuvent être "divinisées", et il insiste en soulignant que toutes les brindilles brisées sur l'arbre de la
vie contribuent à créer sa richesse. Tandis, par exemple, qu'il réfléchit avec une tranquille empathie
sur les souffrances permanentes de sa sœur invalide, il développe une théologie chrétienne de la
souffrance qui donne aux handicapés une place d'une importance éminente dans le champ plus vaste
de la réalité. L'accuser d'insensibilité morale envers les handicapés est tout simplement erroné.
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Finalement, et par rapport aux accusations ci-dessus que porte Slattery, nous devons poser la
question suivante : Teilhard était-il eugéniste ? C'est vrai qu'il a écrit que "notre génération regarde
encore avec méfiance tout effort ébauché par la science pour mettre la main sur les ressorts de
l'hérédité […] comme si l'Homme avait le droit et le pouvoir de toucher à toutes les conduites du
Monde sauf à celles qui le constituent lui-même. Et pourtant, c'est sur ce terrain, éminemment, qu'il
nous faut tout essayer, jusqu'au bout." Cependant, quand il juge cette idée comme moralement
téméraire, Slattery ne tient aucun compte du fait que pour Teilhard c'est toujours – et seulement –
dans les limites d'une vision morale responsable, enracinée dans l'espérance chrétienne, et dans les
principes énoncés plus haut, selon lesquels il nous faut "tout essayer". A une époque marquée par la
science, Teilhard est à la recherche d'une vie morale plus aventureuse, plus tournée vers la
construction du monde, et plus en faveur de la vie que ce que nous pouvons trouver dans les
modèles de piété classiques de la religion.
Parce que les humains font partie de la nature, et que la nature reste loin d'être achevée, il est
légitime de se demander dans quelle mesure les humains peuvent participer moralement à leur
propre création continue et à celle du monde. Ce faisant, avons-nous le droit de toucher à notre
héritage génétique comme nous le faisons à celui d'autres êtres vivants ? Il se peut que Teilhard ait
été parfois imprudent et trop optimiste sur les capacités de l'homme en ce domaine. Pourtant, il faut
résister aux efforts déployés par Slattery et par d'autres pour l'accuser d'une vision du monde
entachée.
Je souhaite vraiment que Teilhard se soit parfois exprimé plus clairement. Je souhaite aussi qu'il ait
été plus sensible à l'écologie, moins eurocentré, un peu plus darwinien et moins lamarckien, plus
conscient des problèmes de genre, plus en phase avec les ambigüités de la technologie et ainsi de
suite. Eh bien, je souhaite également que Jean Chrysostome et Martin Luther aient retiré de leurs
prêches et de leur prose toute trace d'antisémitisme, et que Thomas d'Aquin nous ait donné une
compréhension plus profonde de la sexualité des hommes. Ce que je veux dire, bien sûr, c'est la
plupart d'entre nous ne considèrent pas les défauts de nos classiques de la religion comme
fondamentaux ou comme des héritages définitifs. Si nous sommes "fair-play", nous pouvons
généralement trouver dans les principaux écrits des saints et des savants les principes mêmes qui
démolissent ces défauts. Il est certain que nous ne pouvons et ne devons pas lire le vaste corpus des
écrits de Teilhard avec moins d'indulgence. Les réflexions et les principes de Teilhard exposent un
cadre à la richesse théologique et morale à l'intérieur duquel nous – et lui – devrions au moins
pouvoir poser les vraies questions sans être accusé de monstruosité éthique.

John F. Haught est Professeur-Chercheur distingué à l'Université de Georgetown. Il est aussi l'auteur
de "The New Cosmic Story: Inside Our Awakening Universe" (Yale University Press, 2017).
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             Trashing Teilhard
  How Not to Read a Great Religious Thinker
                            By John F. Haught
                      Commonweal, February 8, 2019

Was the Jesuit priest and scientist Pierre Teilhard de Chardin really a racist,
fascist, and even genocidal opponent of human dignity? I had thought that,
at least among educated Catholics, this question was almost dead, and that
holdout pockets of hostility might be vanishing for good, especially after
several recent popes admiringly cited Teilhard’s cosmic vision for its
theological beauty and Eucharistic power.

But my optimism was premature. In a December 2016 article in Philosophy
and Theology titled “Dangerous Tendencies of Cosmic Theology: The
Untold Legacy of Teilhard de Chardin,” John Slattery writes that “from the
1920s until his death in 1955, Teilhard de Chardin unequivocally supported
racist eugenic practices, praised the possibilities of the Nazi experiments,
and looked down upon those who [sic] he deemed ‘imperfect’ humans.”
Slattery, a recent graduate of Notre Dame’s Department of Theology, claims
that a persistent attraction to racism, fascism, and genocidal ideas
“explicitly lay the groundwork for Teilhard’s famous cosmological theology.”
This, he informs us, “is a link which has been largely ignored in Teilhardian
research.”

A more recent article by the same critic in Religion Dispatches (May 2018)
is entitled “Pierre Teilhard de Chardin’s Legacy of Eugenics and Racism
Can’t Be Ignored.” In it, Slattery hangs his case on eight stray citations from
Teilhard’s letters and other scattered writings. Most of the quotes present
what were speculative inquiries on the part of Teilhard—questions that
countless other thoughtful people have asked, including many Catholics—
rather than systematically developed theses for public consumption. Their
style is provocative and interrogatory, not declarative. Exactly what
Teilhard really meant by them is, in every single case, highly debatable.

And yet Slattery holds these excerpts out to us as undeniable evidence that
Teilhard’s true “legacy” is one of hostility to Catholic affirmation of human
dignity, racial justice, and concern for the disadvantaged. Still more
important, however, is Slattery’s claim that it was Teilhard’s commitment to
these evils that grounds and undergirds his “cosmological theology.”
Nothing could be more preposterous.
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Slattery doesn’t deny that the bulk of Teilhard’s religious writings are
uncontroversially Christian and in tune with Catholic teaching. Yet he
ignores this fact in defining what he calls Teilhard’s “legacy.” Though he
surely knows that most readers will be unfamiliar with the man and his
thought, he has decided to expose them first to what he considers Teilhard’s
most sinister side. In the process he takes a thimbleful of quotes out of
context, posts them on a blank background, and says nothing substantive
about the remaining 99.9 percent of Teilhard’s work. Failing to take into
account the general architecture of Teilhard’s thought always leads to the
kinds of exaggeration and distortion that Slattery commits.

He begins by reciting the best-known of Teilhard’s treasurable remarks: “If
humanity ever captures the energy of love, it will be the second time in
history that we have discovered fire.” Noting that millions who tuned into
the wedding of Prince Harry and Meghan Markle heard these lines recited
in a moving sermon by Episcopal Bishop Michael Bruce Curry, Slattery
remarks that listeners who “swooned” over them were unaware of the
poisonous roots of Teilhard’s religious worldview. He proceeds to reveal the
rot he finds in a package of eight passages cherry-picked from Teilhard’s
voluminous letters and writings. I shall condense the most offensive of these
below, but I want to begin my response to Slattery by summarizing what
other students of Teilhard’s work consider to be his real legacy. Only after
becoming acquainted with his core ideas can we interpret rightly what
Slattery finds so offensive in Teilhard’s work.

Seasoned Teilhard scholars are aware of the questionable remarks he points
to; but the seeming offensiveness of such comments fades into the shadows
when we read them in terms of the fundamental principles guiding
Teilhard’s scientifically informed vision of the world and God. Here are four
of these fundamental principles:

The universe (as science has demonstrated) is still coming into
being. Hence the world is not yet perfected. Theologically, this means that
creation remains “unfinished,” and that humans, who are part of this
universe, may contribute significantly to its making. The opportunity to
participate in “building the earth” is a cornerstone of human dignity. (It is
also a teaching of Vatican II.) The fact that our creativity can sometimes
lead to monstrous outcomes does not absolve us of the obligation to
improve the world and ourselves. Taking advantage of this opportunity is
sometimes dangerous, but it is also essential to sustaining hope and a “zest
for living,” Teilhard maintains. Moreover, nothing “clips the wings of hope”
more severely than the now obsolete theological idea that the universe was
completed once and for all in the beginning, and that there is little or
nothing we can do to make it new.
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To create is to unite. The world comes into being—and becomes new—by
a process of unification. Scientifically understood, the emerging cosmos
becomes intelligible only by gradually bringing increasingly more complex
forms of coherence out of its primordial state of diffusion and atomic
dispersal. As the universe in the course of time becomes more complex, it
also becomes more conscious. Theologically, this principle is implied in
Christian hope as summed up in Jesus’ prayer that “all may be one” and in
the Pauline expectation that everything will be “brought to a head” in Christ,
“in whom all things consist.” Teilhard stated explicitly that his whole
theology of nature is consistent with the expectations of the Apostle Paul
and the Fourth Evangelist: “Lord make us one.” His true legacy lies in his
rich Christian sense of a universe converging on Christ and being brought
into final union in what he called God-Omega.

True union differentiates. As the creative love of God brings increasing
unity to the unfinished universe, it is God’s will that the diversity of creation
increases as well, including the emergence of free and unique human
persons. In Christ, God seeks to become continually more incarnate in the
world not via an order imposed on it, but by a differentiating, liberating,
and personalizing communion with it. Many distortions of Teilhard’s
intentions, including Slattery’s, stem from a failure to understand what
Teilhard means by true union. As we shall see, to miss the deeply Christian
motif of differentiating union in his writings is to do him grave injustice.

The world rests on the future as its sole support. As we follow the
course of cosmic history from its remote past into the future, Teilhard
observes, we discover a “law of recurrence” in which something new, more
complex, and (eventually) more conscious has always been taking shape “up
ahead.” Scientifically speaking, we now know that subatomic elements were
organized around atomic nuclei; atoms were gathered into molecules;
molecules into cells; and cells into complex organisms, some of which made
the leap into thought. The most important kinds of emergence can occur,
however, only if the elements allow themselves to be organized around a
new and higher center, one that lifts them up to a more elaborately
differentiated unity. To experience true union, true being, true goodness,
and true beauty, therefore, we must allow ourselves—like Abraham, the
prophets, and Jesus—to be grasped by the Future.

Only after becoming familiar with these four principles can we rightly
decide whether Teilhard was a racist, a fascist, an enemy of the disabled,
and a genocidal monster. Let me examine these charges in turn.
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Was Teilhard a racist? Slattery notes that in 1929, while working in China,
Teilhard had asked: “Do [the Chinese] have the same human value as the
whites?” and went on to speculate that racial “inequalities” might be less
cultural than “natural.” If he were here today to respond to Slattery’s
accusation, I think Teilhard would point out that almost all evolutionists are
aware of the paleontological evidence of a variety of lines of human descent.
And they would understandably wonder whether and to what extent genetic
“inequalities” may still remain, in humans as with other species.

For Teilhard, at least, the term “inequality” does not imply a lower value for
some peoples than others in the eyes of God, but rather has more to do with
“differentiation” as set forth in the third principle I cited above.
Acknowledging differences among races and among our evolutionary
ancestors poses no theological problem, since “true union differentiates.” In
fact, Teilhard’s understanding of the overriding unity of the “human
phenomenon” is loving and expansive; he even includes extinct hominid
forms within the category of “the human.” Finally, he locates the
metaphysical basis of human unity not so much in our murky biological past
as in the future communion of all creation with the God who is coming.
Moreover, as he goes on to say in the same passage that Slattery cites,
“Christian love overcomes all inequalities, but it does not have to deny
them.” Surely these are neither the ideas nor the sentiments of a racist.

Was Teilhard a fascist? While he asserted his loathing for nationalism, he
did pronounce himself “very interested in the primacy it returns to the
collective,” and pondered further: “Could a passion for ‘the race’ represent a
first draft of the Spirit of the Earth?” It is important to understand such
musings properly. When Teilhard expresses interest in the fascist
experiments of the twentieth century, far from approving them, as Slattery
sneakily implies, he is simply observing that such movements feed
parasitically on the pervasive cosmic tendency toward union as set forth
above in the second principle. The evil in fascism, Teilhard understood,
consists of its failure to heed the third principle, namely, that true union
differentiates. If we are honest, we can recognize the intoxicating spirit of
unification even in its most twisted forms; but true unity promotes
differences. Contrary to Slattery’s accusation, Teilhard always considered
fascist and communist experiments as evil insofar as they failed to look
beyond uniformity, homogeneity, and ideological conformism to
the true unity that differentiates, liberates, and personalizes.

What about Teilhard’s regard—or alleged disregard—for the dignity of the
disabled? Slattery quotes him:

What fundamental attitude…should the advancing wing of humanity take to
fixed or definitely unprogressive ethnical groups? The earth is a closed and
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limited surface. To what extent should it tolerate, racially or nationally,
areas of lesser activity? More generally still, how should we judge the efforts
we lavish in all kinds of hospitals on saving what is so often no more than
one of life’s rejects?... To what extent should not the development of the
strong...take precedence over the preservation of the weak?

Slattery tendentiously glosses this passage as “a reflection that strongly
suggests, for lack of a better word, genocidal practices for the sake of
eugenics.” Yet notice again that what Teilhard is putting forth are questions
rather than declarations. In these questions we find him struggling for a
moral vision consistent with the four pillars of his religious cosmology,
especially with the fact that the universe is still coming into being. In an
unfinished universe, somehow human moral life must include our striving
to intensify vitality, complexity, consciousness, and beauty. Teilhard is not
“putting down” the disabled as Slattery claims; and those who have read
Teilhard more fully and fairly know that he never equates “life’s rejects”
with “God’s rejects.” Far from being indifferent to the suffering of the
disabled, he consistently fosters a vision of life that offers them hope and a
deeper sense of dignity. Teilhard shows how our sufferings can be
“divinized,” and insists that all the broken twigs on the tree of life contribute
creatively to its richness. As he reflects with quiet empathy on the incessant
suffering of his invalid sister, for example, he develops a Christian theology
of suffering that gives the disabled a place of paramount importance in the
larger scheme of things. Accusing him of moral insensitivity to the disabled
is simply wrong.

Finally, and proceeding from the charge that Slattery levels above, we must
ask: Was Teilhard a eugenicist? He did write that “our generation still
regards with distrust all efforts proposed by science for controlling the
machinery of heredity...as if man had the right and power to interfere with
all the channels in the world except those which make him himself. And yet
it is eminently on this ground that we must try everything, to its
conclusion.” In judging this idea as morally reckless, however, Slattery
ignores the fact that for Teilhard it is always—and only—within the
constraints of a responsible moral vision rooted in Christian hope, and in
the principles listed above, that we must be ready to “try everything.”
Teilhard is looking in the age of science for a more adventurous, world-
building, and life-enhancing moral life than we can find in classical religious
patterns of piety.

Because humans are part of nature, and nature remains far from finished, it
is legitimate to wonder to what extent humans may morally participate in
their own and the world’s continuous creation. In doing so, may we
justifiably tamper with our genetic heritage as well as that of other living
beings? Perhaps Teilhard was at times incautious and too optimistic about
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human potential in this domain. Yet the efforts of Slattery and others to
burden him with a tainted worldview need to be resisted.

I do wish that Teilhard had expressed himself more clearly at times. I wish
too that he had been more ecologically sensitive, less Eurocentric, a bit
more Darwinian and less Lamarckian, more aware of gender issues, more
attuned to the ambiguities of technology, and so on. Well, I wish too that
John Chrysostom and Martin Luther had purged their preaching and prose
of every trace of anti-Semitism, and that Thomas Aquinas had given us a
deeper understanding of human sexuality. My point, of course, is that most
of us do not take the blemishes in our religious classics to be foundational
or legacy-defining. If we are fair, we can usually find in the main writings of
saints and scholars the very principles that demolish those defects. Surely,
we can and should read Teilhard’s vast body of writings no less leniently.
Teilhard’s reflections and principles put forth a theologically and morally
rich framework within which we—and he—should be able at least to ask the
hard questions without having to be accused of ethical monstrosity.

John F. Haught is Distinguished Research Professor at Georgetown University and
author of The New Cosmic Story: Inside Our Awakening Universe (Yale University
Press, 2017).
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                          Teilhard… ¡a la basura!
             Cómo no hay que leer a un Gran Pensador Religioso
                              Por John F. Haught
                        Commonweal, Febrero 8, 2019

¿Fue realmente el sacerdote jesuita y científico Pierre Teilhard de Chardin, un
racista, un fascista, e incluso un oponente genocidiario de la dignidad humana?
Yo pensaba que, por lo menos entre los católicos cultivados, esta cuestión no
era prácticamente de recibo, y que los residuos de hostilidad no tardarían en
desaparecer para siempre, especialmente después que varios papas recientes,
en términos elogiosos, hubieran citado la visión cósmica de Teilhard, por su
belleza teológica y su fuerza eucarística.
Pero mi optimismo era prematuro. En un artículo de diciembre 2016, publicado
en Philosophy and Theology, titulado “Tendencias peligrosas de la Teología
Cósmica: El Legado oculto     de Teilhard de Chardin”. John Slattery escribe
que “desde los años 1920 hasta su muerte en 1955, Teilhard de Chardin, sin
dejar lugar a dudas, apoyó las prácticas eugenésico-racistas, alabó las
posibilidades de los experimentos nazis, y menospreció a aquellos que [sic] él
tenía por “humanos imperfectos”. Slattery, recientemente graduado en el
Departamento de Teología de la universidad de Notre Dame, defiende que una
atracción persistente hacia el racismo, fascismo, e ideas genocidas,
“constituyen abiertamente el fundamento de la famosa teología cosmológica
de Teilhard”. Esta es, según nos informa él, “una tendencia que, ha sido
ampliamente ignorada en la investigación Teilhardiana”.
Un artículo más reciente del mismo crítico, en Religion Dispatches (mayo,
2018), se titula “El Legado de Eugenismo y de racismo de Pierre Teilhard de
Chardin, no puede ignorarse”. En él, Slattery apoya su argumentación en ocho
citas aisladas de cartas y otros escritos diversos de Teilhard. La mayor parte de
las citas presentan lo que eran interrogaciones especulativas por parte de
Teilhard, -preguntas que otras innumerables personas se han planteado,
incluidos muchos católicos-, más que tesis sistemáticamente desarrolladas
destinadas al público. Su estilo es provocativo y cuestionador, no declarativo.
Lo que Teilhard quería decir por medio de ellas en cada caso, es el verdadero
tema de un debate contradictorio.
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Y sin embargo Slattery nos muestra estos extractos como evidencia innegable
de que el verdadero “legado” de Teilhard es el de hostilidad a la afirmación
católica de la dignidad humana, la justicia racial, y la preocupación por los
discapacitados. Sin embargo, todavía más importante es la pretensión de
Slattery de que el compromiso de Teilhard con esos males es lo que constituyó
el fundamento y soporte de su “Teología cosmológica”. Resulta difícil imaginar
algo más absurdo.
Slattery no niega que la mayor parte de los escritos religiosos de Teilhard son
incuestionablemente cristianos y están en sintonía con la doctrina católica. Sin
embargo, ignora este hecho cuando define lo que él llama el “legado” de
Teilhard. Aun a sabiendas de que la mayoría de los lectores no estarán
familiarizados con el personaje ni con su pensamiento, él ha decidido
confortarlos en primer lugar con lo que considera como el lado más siniestro de
Teilhard. Para su propósito recurre a un puñadito de citas fuera de contexto, las
sitúa en un trasfondo neutro, y no dice nada substancial sobre el restante 99,9
por ciento de la obra de Teilhard. Cuando no se tiene en cuenta la arquitectura
general del pensamiento de Teilhard, se cae siempre en estas exageraciones y
deformaciones que comete Slattery.
Comienza recitando la más conocida y apreciable de las afirmaciones de
Teilhard: “Algún día… captaremos para Dios las energías del amor. Y ese día,
una segunda vez en el Mundo, el Hombre habrá descubierto el fuego”.
Haciendo observar que los millones de personas que oyeron esa cita en la boda
de Príncipe Harry and Meghan Markle en un conmovedor sermón del Obispo
anglicano Michael Bruce Curry, y “se desmayaron” al oírla, no eran conscientes
de las venenosas raíces de la visión mundial y religiosa de Teilhard. Abundando
en su crítica Slattery se pone a revelar la podredumbre que cree ver en un
paquete de ocho pasajes escogidos de entre las abundantes cartas y escritos de
Teilhard. Más abajo voy a condensar las más ofensivas de ellas, pero quiero
comenzar mi respuesta a Slattery resumiendo lo que otros estudiosos de la
obra de Teilhard consideran que es su verdadero legado. Sólo después de
familiarizarnos con sus ideas centrales, podremos interpretar correctamente lo
que Slattery encuentra tan ofensivo en la obra de Teilhard.
Los conocedores de Teilhard conocen las observaciones ambiguas que Slattery
subraya; pero el carácter aparentemente ofensivo de tales comentarios se
disipan cuando los leemos en el contexto de los principios fundamentales que
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guían la visión científicamente informada de Teilhard sobre el mundo y sobre
Dios. Recordemos cuatro de estos principios fundamentales:
El universo (como lo ha demostrado la ciencia) está aún en pleno devenir. De
donde se desprende que no está aún acabado. Teológicamente, esto significa
que la creación permanece “inacabada”, y que los seres humanos, que son
parte de este universo, pueden contribuir de una manera importante a su
construcción. La oportunidad de participar en la “construcción de la tierra” es
una piedra angular de la dignidad humana. (Esto es también enseñanza del
Vaticano Segundo). El hecho de que nuestra creatividad pueda a veces llevar a
resultados monstruosos no nos exime de la obligación de mejorar el mundo y a
nosotros mismos. Aprovecharnos de esta ventaja es a veces peligroso, pero
esto también es imprescindible para mantener la esperanza y un verdadero
“deseo de vivir”, sostiene Teilhard. Más aún, nada “corta las alas de la
esperanza” más severamente que la ya obsoleta idea teológica de que el
universo fue completado de una vez para siempre en el comienzo, y que hay
poco, por no decir nada que nosotros podamos hacer para renovarlo.
Crear es unir. El mundo adviene – y se hace nuevo -, por medio de un proceso
de unificación. Entendido científicamente, el cosmos emergente se hace
inteligible sólo porque gradualmente saca cada vez más complejas formas de
coherencia, de su estado primigenio de difusión y dispersión atómica. A medida
que el universo en el decurso del tiempo deviene más complejo, también se
hace más consciente. Teológicamente, este principio está implicado en la
esperanza cristiana, como se sintetiza en la oración de Jesús: “que todos sean
uno” y en la expectativa Paulina de que todo sea “llevado a una cabeza” en
Cristo, “en quien todas las cosas subsisten”. Teilhard afirmó explícitamente que
toda su teología de la naturaleza es consistente con las expectativas del
Apóstol Pablo y el Cuarto Evangelista: “Señor, haznos uno”. Su verdadero
legado se basa en su rico sentido cristiano de un universo que converge en
Cristo, y que está siendo llevado a la unión final en lo que él llamó Dios-Omega.
La verdadera unión diversifica. A la par que el amor creativo de Dios aporta una
creciente unidad al inacabado universo, es voluntad de Dios que la diversidad
de la creación aumente también, incluyendo la aparición de personas libres y
únicas. En Cristo, Dios busca hacerse continuamente más encarnado en el
mundo, no por medio de un orden impuesto sobre él, sino por medio de una
comunión con él, comunión que es diferenciadora, liberadora y
personalizadora. Muchas de las distorsiones sobre las intenciones de Teilhard,
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incluyendo las de Slattery, brotan de un fracaso en entender lo que Teilhard
quiere decir con verdadera unión. Como veremos, no tener en cuenta el
verdadero motivo cristiano de unión diferenciadora en sus escritos, es causarle
una grave injusticia.
El mundo descansa sobre el futuro como su único soporte. Mientras seguimos el
curso de la historia cósmica desde su remoto pasado hacia el futuro, observa
Teilhard, descubrimos una “ley de recurrencia” en la cual algo nuevo, más
complejo, y (eventualmente) más consciente, ha estado siempre tomando
forma “arriba y hacia adelante”. Hablando científicamente, nosotros ahora
conocemos que elementos subatómicos estuvieron organizados alrededor de
núcleos atómicos; los átomos se reunieron en moléculas; las moléculas en
células; y las células en organismos simples, algunos de los cuales dieron el
salto al pensamiento. Sin embargo, los tipos más importantes de emergencia
pueden ocurrir sólo si los elementos permiten ser organizados alrededor de un
nuevo y más elevado centro, uno que los eleva a una unidad más
elaboradamente diferenciada. Por lo tanto, para experimentar la verdadera
unión, el verdadero ser, la verdadera bondad, y la verdadera belleza, nosotros
mismos tenemos que dejarnos captar por el Futuro, -como lo fueron Abraham,
los profetas, y Jesús.
Sólo después de familiarizarnos con estos cuatro principios, podremos decidir
en justicia si Teilhard fue un racista, un fascista, un enemigo de los
discapacitados, y un monstruo genocida. Permítanme examinar estas
acusaciones una por una.
¿Fue Teilhard racista? Slattery advierte que, en 1929, mientras estaba
trabajando en China, Teilhard había preguntado: ¿“Ellos (los chinos), tienen el
mismo valor humano que los blancos”? y llegó a hacer conjeturas sobre que las
“desigualdades” raciales podrían ser menos culturales que “naturales”. Si él
estuviera aquí hoy para responder a la acusación de Slattery, creo que Teilhard
señalaría que casi todos los evolucionistas son conscientes de la evidencia
paleontológica de una variedad de linajes en la descendencia humana. Y
comprensiblemente se preguntarían si, y hasta qué punto, las “desigualdades”
genéticas pueden perdurar todavía, en los humanos al igual que en las otras
especies.
Para Teilhard, al menos, el término “desigualdad” no implica un valor más bajo
para unos pueblos con relación a otros a los ojos Dios, sino más bien tiene que
ver con la “diferenciación” como la he descrito en el tercer principio que cité
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más arriba. Reconocer diferencias entre razas y entre nuestros antepasados en
la evolución, no presenta ningún problema teológico, ya que “la verdadera
unión, diferencia”. De hecho, la manera como Teilhard comprende la intrínseca
unidad del “fenómeno humano” es llena de amor y muy extensa, llegando a
incluir las extinguidas formas homínidas en la categoría de “lo humano”.
Finalmente, sitúa la base metafísica de la unidad humana, no tanto en nuestro
tenebroso pasado biológico, cuanto en la futura comunión de toda la creación
con el Dios que está viniendo. Más aún, como él llega a decir en el mismo
pasaje que cita Slattery, “el amor cristiano supera todas las dificultades, pero
no tiene por qué negarlas”. Ciertamente éstas no son ni las ideas ni los
sentimientos de un racista.
¿Fue Teilhard un fascista? Sin dejar de afirmar su repugnancia por el
nacionalismo, se declaró “muy interesado por la primacía que éste otorga a lo
colectivo”, y se preguntaba seguidamente ¿“Podría una pasión por ‘la raza’
representar un primer esbozo del Espíritu de la Tierra”? Es importante
comprender estas meditaciones convenientemente. Cuando Teilhard expresa
interés por los experimentos fascistas del siglo veinte, lejos de aprobarlos,
como Slattery lo deja entender solapadamente, está simplemente observando
que tales movimientos se alimentan de modo parasitario de la predominante
tendencia cósmica hacia la unión como se estableció anteriormente en el
segundo principio. Lo malo del fascismo, como Teilhard lo entiende, consiste en
el hecho de no tener en cuenta el tercer principio, a saber, que la verdadera
unión diferencia. Si somos honestos, podemos reconocer el embriagador
espíritu de unificación incluso en las más torcidas formas; pero la verdadera
unión favorece las diferencias. En oposición a la acusación de Slattery, Teilhard
siempre consideró los experimentos del fascismo y del comunismo como
perversos, en la medida en que esos movimientos no van más allá de la
uniformidad, la homogeneidad, y el conformismo ideológico, en contraposición
a la verdadera unidad que diferencia, libera, y personaliza.
¿Qué decir sobre la consideración de Teilhard, -o la pretendida
desconsideración- hacia la dignidad de los discapacitados? Slattery lo cita:
¿” Qué actitud fundamental… debería tener el ala de la humanidad que avanza,
ante grupos étnicos estancados o definitivamente no progresivos? La tierra es
una superficie cerrada y limitada. ¿Hasta qué punto se deben tolerar, racial o
nacionalmente, áreas de menor actividad? Todavía de manera más general,
¿cómo juzgaríamos los esfuerzos que prodigamos en todo tipo de hospitales
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por salvar lo que es con tanta frecuencia nada más que desechos de la vida?...
¿Hasta qué punto no debería el desarrollo de los fuertes tener preeminencia
sobre la conservación de los débiles”?
Slattery tendenciosamente glosa este pasaje como “un reflejo que
poderosamente sugiere, a falta de una mejor palabra, prácticas genocidas en
favor del eugenismo”. Sin embargo, hay que recalcar una vez más que lo que
Teilhard está planteando aquí son interrogantes, más que declaraciones. A
través de esas preguntas está expresando sus dificultades en hacer concordar
una visión moral con los cuatro pilares de su cosmología religiosa,
especialmente con el hecho de que el universo está todavía adviniendo. En un
universo inacabado, de alguna manera la vida moral humana debe incluir
nuestro esfuerzo en intensificar la vitalidad, la complejidad, la consciencia, y la
belleza. Teilhard no está “hundiendo” a los discapacitados, como pretende
Slattery; y los que han leído a Teilhard más plena y honestamente, saben que él
nunca iguala “los rechazados de la vida” con los “rechazados por Dios”. Lejos de
permanecer indiferente ante los sufrimientos de los discapacitados, desarrolla
una visión de la vida que les ofrece esperanza y un sentido más profundo de
dignidad. Teilhard muestra cómo nuestros sufrimientos pueden ser
“divinizados”, e insiste en que todas las ramas quebradas del árbol de la vida
contribuyen creativamente a su riqueza. Mientras él reflexiona con tranquila
empatía sobre el incesante sufrimiento de su hermana inválida, por ejemplo, él
desarrolla una teología cristiana del sufrimiento que le otorga al discapacitado
un lugar de suma importancia en el campo más vasto de la realidad. Acusarle
de insensibilidad moral hacia los discapacitados, es simplemente equivocado.
Finalmente, y para responder a las acusaciones de Slattery, debemos
preguntarnos: ¿Fue Teilhard eugenista? Es cierto que escribió que “nuestra
generación todavía mira con desconfianza todos los esfuerzos que propone la
ciencia para controlar la maquinaria de la herencia… como si el hombre tuviera
el derecho y el poder de interferir con todos los canales existentes en el
mundo, excepto aquellos que le hacen a él ser él mismo. Y, sin embargo, es
eminentemente en este terreno donde debemos intentarlo todo, hasta el
final”. Sin embargo, al juzgar esta idea moralmente temeraria, Slattery ignora el
hecho de que para Teilhard es siempre, -y sólo- dentro de las restricciones de
una visión moral responsable, enraizada en la esperanza cristiana, y en los
principios arriba enumerados, donde tenemos que estar dispuestos a
“intentarlo todo”. En una época marcada por la ciencia, Teilhard está en busca
de una vida moral más emprendedora, más volcada a la construcción del
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