UBS outlook Energie Mutation des ressources - Analyse L'énergie devient précieuse
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UBS outlook Impulsions pour la gestion d’entreprise 2013 Energie Mutation des ressources Analyse Perspectives Solutions L’énergie devient précieuse Du vent, du soleil L’efficacité énergétique, et des énergies fossiles une opportunité
Sommaire Editorial ..........................................................................................................................3 En bref............................................................................................................................4 Section 1 – Analyse L’énergie devient précieuse Paysage énergétique suisse .............................................................................................6 Le marché suisse de l’électricité en mutation ...................................................................9 Section 2 – Perspectives Du vent, du soleil et des énergies fossiles Le virage maîtrisé des sources d’énergie primaires .........................................................14 Energies renouvelables : les sources d’énergie de demain ..............................................21 Section 3 – Solutions L’efficacité énergétique, une opportunité L’efficacité énergétique : la meilleure source d’énergie alternative ..................................28 L’efficacité énergétique porte ses fruits ............................................................................36 Photo de couverture: www.gettyimages.com www.ubs.com/outlook No SAP 83418D-1301 83418F-1301 83418I-1301 Cette brochure est une publication marketing qui n’est pas soumise aux dispositions légales régissant l’indépendance de l’analyse financière. 2 UBS outlook
Editorial Energie : transition pour le meilleur ? Chère lectrice, cher lecteur, A en croire le gouvernement, la Suisse peut couvrir, doit couvrir et couvrira ses besoins énergé- tiques à moyen terme sans exploiter aucune centrale nucléaire. C’est en tout cas ce que prévoit la stratégie énergétique 2050 pour notre pays. La procédure de consultation devra définir quand, comment et par quels moyens la sortie du nucléaire se fera. Une chose est certaine, la consommation d’électricité doit diminuer. D’ici 2050, le Conseil fédéral entend pratiquement diviser par deux la consommation annuelle moyenne par personne par rapport à l’an 2000. Il ne fait également aucun doute que l’efficience énergétique doit massive- ment augmenter : l’industrie, l’artisanat et les services recèlent, selon les autorités, des poten- tiels d’économie non négligeables. Pour les exploiter, les entreprises sont invitées, par exemple, à convenir d’objectifs d’efficacité contraignants. UBS s’attache d’ores et déjà à traduire cette exigence dans les faits. Nous avons notamment conclu un partenariat avec l’Agence de l’énergie pour l’économie (AEnEC) et promouvons à cette enseigne son modèle PME. Aux petites et moyennes entreprises clientes chez nous, nous rem- boursons la moitié de la première cotisation d’affiliation annuelle à l’AEnEC et récompensons les mesures durables qu’elles adoptent par le bonus UBS pour l’efficience énergétique. Reportez- vous en page 37 pour en savoir plus sur notre engagement. (A propos d’engagement : en tant qu’entreprise opérant au niveau international, nous sommes conscients de nos responsabilités et agissons en conséquence. En l’espace de six ans, nous avons réduit de 40% les émissions de CO2 de l’ensemble de notre Groupe par rapport à 2004.) Une transition explosive La réorientation stratégique de la politique suisse en matière d’énergie fait de l’approvisionne- ment énergétique du pays un thème brûlant. La sortie du nucléaire donne naissance à des défis technologiques, économiques ou politiques à tous points de vue gigantesques. L’enjeu est de taille également pour la place économique helvétique. Que peut-elle entre- prendre pour préserver sa compétitivité, compte tenu de la hausse probable du prix de l’électri- cité et d’investissements vraisemblablement élevés pour augmenter l’efficacité énergétique ? Dans ce nouveau numéro actualisé d’UBS outlook dédié à l’énergie, nos spécialistes analysent ce thème sous divers angles et dessinent des scénarios possibles. Nous espérons que ces informa- tions importantes vous aideront à prendre vos décisions. Je vous souhaite une agréable lecture. Christine Novakovic, Responsable Corporate & Institutional Clients UBS outlook 3
En bref Section 1 – Analyse : Section 2 – Perspectives : Section 3 – Solutions : L’énergie devient précieuse Du vent, du soleil L’efficacité énergétique, et des énergies fossiles une opportunité Paysage énergétique suisse Sources d’énergie primaires Efficacité énergétique : L’énergie est le nerf de notre pour négocier le virage la meilleure source d’énergie société. Sans énergie, pas de Le virage énergétique est dicté par alternative lumière, pas de chaleur, pas la loi du marché et la politique L’efficacité énergétique permet de de mobilité et pas de prospé- énergétique. Quelles en sont les réaliser des économies d’énergie rité. Coup d’œil sur le pay- tendances, qu’est-ce qui déter- et de réduire les émissions de CO2. sage énergétique suisse. mine la composition du bouquet La hausse des prix de l’énergie Page 6 énergétique primaire et quelle favorise l’investissement dans ce sera son évolution ces prochaines domaine, mais le moteur principal Le marché suisse de l’électricité années ? reste l’application de réglemen- en mutation Page 14 tations plus strictes en vue de pré- La demande augmente. Qui server l’environnement et d’assurer plus est, une sécurité d’approvi- Les sources d’énergie de l’approvisionnement en énergie. sionnement élevée, la sortie demain sont renouvelables Page 28 du nucléaire et le développement Qu’elles soient hydrauliques, bio- de nouvelles capacités de pro- masse, solaires, éoliennes, L’efficacité énergétique duction ont un prix. marémotrices ou géothermiques, porte ses fruits Page 9 les énergies renouvelables UBS a conclu un partenariat avec ont un avenir. L’éolien et le solaire l’Agence de l’énergie pour l’éco- notamment vont connaître nomie (AEnEC). Elle apporte un une forte croissance. soutien financier aux entreprises Page 21 clientes, qui optent pour le modèle PME de l’AEnEC et améliorent leur efficacité énergétique. Page 36 4 UBS outlook
Energie wird kostbarer Thema Analyse L’énergie devient précieuse Jusqu’ici, l’énergie était relati- vement bon marché en Suisse. Mais la sortie prévue du nucléaire, la hausse de la consommation et l’impossibilité d’augmenter encore beaucoup la production pétrolière condui- ront à long terme à un transfert vers des formes d’énergies renouvelables. Le prix du cou- rant continuera probablement d’augmenter en Suisse, car la sécurité d’approvisionnement avec une énergie sans inci- dence sur le climat ne peut être gratuite. UBS outlook 5
Analyse L’énergie devient précieuse Paysage énergétique suisse La consommation énergétique brute s’éta- causer, du moins dans un avenir proche et blit en Suisse à environ 40 000 kilowatt- en l’absence d’innovations techniques révo- heures (kWh) par habitant et par an. Elle lutionnaires, le renchérissement des prix de est couverte à près de 70% par des sources l’énergie. qui devront être remplacées au cours des prochaines décennies, ce qui poussera à Consommation énergétique de la Suisse la hausse les prix de l’énergie. La consom- En 2011, la consommation énergétique brute de mation énergétique brute totale devrait la Suisse s’est élevée à environ 1130 000 téra- toutefois avoir atteint son point culminant joules (TJ) ou 314 térawattheures (TWh), soit en Suisse. 40 000 kWh ou 3,5 tonnes de diesel par habi- tant. Les dépenses énergétiques des consomma- Sibille Duss Economiste, UBS SA L’énergie est au cœur du fonctionnement teurs finaux ont atteint 31,2 milliards de francs de notre société. Elle se cache dans les produits (5,3% du PIB) ou quelque 3900 francs par que nous consommons au quotidien et fait habitant. Hormis l’énergie hydraulique et le bois, tourner notre économie. Sans énergie, pas de la Suisse ne dispose de pratiquement aucune lumière, pas de chaleur et pas de mobilité. source d’énergie. Environ 80% de la consomma- L’énergie est relativement bon marché, si bien tion doit donc être couverte par des importa- que l’économie ne s’en est guère souciée tions, sous forme de pétrole, de produits pétro- jusqu’ici. Mais les choses devraient changer car liers et de combustibles nucléaires. En 2012, la la hausse de la consommation mondiale, la Suisse a dépensé environ 17,5 milliards de francs difficulté d’augmenter encore la production pé- pour ses importations de produits énergétiques trolière de façon significative et la sortie pla- et a parallèlement exporté de l’électricité pour nifiée du nucléaire conduiront à long terme au environ 6,5 milliards. Ainsi, quelque 11 milliards déplacement de la demande vers des formes de francs, soit 1,9% du PIB, sont partis à l’étran- Caesar Lack d’énergie durables. Cette évolution devrait ger pour couvrir ses besoins énergétiques. Economiste, UBS SA Figure 1 Consommation énergétique brute de la Suisse En milliers de térajoule 1300 1100 900 700 500 300 100 –100 1930 1940 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 Electricité importations nettes Bois Déchets Charbon Produits pétroliers Gaz Energie hydraulique Combustibles nucléaires Autres énergies renouvelables Consommation brute totale Sources : Office fédéral de l’énergie OFEN, UBS 6 UBS outlook
L’énergie devient précieuse Analyse « Avec l’orientation haussière des prix de l’énergie, la consommation énergétique en Suisse devrait au moins marquer le pas. » Les principales sources d’énergie de la Suisse selon les branches. Ainsi, le charbon, les déchets sont les produits pétroliers (44%), suivis des industriels et le mazout lourd sont employés combustibles nucléaires (25%), de l’énergie exclusivement dans le secteur industriel. Le sec- hydraulique (11%) et du gaz (10%). Le bois et teur des services en revanche ne consomme les autres énergies renouvelables représentent quasiment que du mazout léger. En 2011 toute- une part de 5% (voir fig. 1). fois, tous les consommateurs ont globalement réduit leur consommation de produits pétro- Stagnation des besoins énergétiques liers. Les ménages se sont inscrits en tête à cet globaux, baisse de l’intensité énergétique égard (–21,9%), suivis du secteur des services La consommation énergétique a augmenté en (près de –20%). moyenne de 3,0% par an depuis 1950. Si la croissance économique et démographique la fait grimper, les progrès techniques et la re- cherche d’une meilleure efficacité énergétique la font diminuer. La hausse s’est nettement ralentie ces dernières années, en raison de la moindre intensité énergétique du PIB (consom- mation énergétique par franc de création de valeur corrigé de l’inflation). L’intensité éner- gétique est en recul depuis le milieu des an- nées 1980 : elle est passée de 0,75 à 0,58 kWh par franc de PIB, ce qui s’explique par des gains d’efficience et des mesures d’économies (voir fig. 2). Ce recul s’est même sensible- Figure 2 ment accéléré au cours des dernières années et aujourd’hui, l’intensité énergétique baisse à Intensité énergétique de l’économie suisse une telle vitesse qu’elle contrebalance la crois- En térajoules/mrd de PIB (réel) sance économique. Cela se manifeste depuis quelques années par une stagnation des besoins 0,8 énergétiques globaux, voire par leur net recul 0,7 observé en 2011. Il est possible que 2010 ait été une année pivot. Avec l’orientation haussière 0,6 des prix de l’énergie, l’intensité énergétique de- 0,5 vrait continuer de baisser et la consommation 0,4 énergétique totale au moins marquer le pas. 0,3 Le secteur des transports, principal 0,2 consommateur d’énergie En 2011, les parts respectives des secteurs éco- 0,1 nomiques de l’industrie et des services dans 0 la consommation énergétique se sont établies 50 55 60 65 70 75 80 85 90 95 00 05 10 à 19,2% et 15,6%. Le secteur des transports, Total avec une part de 36,5%, est le principal Electricité consommateur d’énergie en Suisse, suivi des Pétrole ménages (27,2%). Les différentes sources d’énergie sont utilisées de manière différente Sources : Seco, Office fédéral de l’énergie OFEN, UBS UBS outlook 7
Besoin global inférieur dans le secteur qui devrait conduire à des hausses des prix de l’énergie. des services Ces évolutions recèlent des opportunités, mais aussi des La consommation énergétique dépend forte- risques, pour l’économie suisse et pour les investisseurs. ment de la branche d’activité (voir fig. 3). Le Nous passons en revue ces différents aspects dans les ar- secteur industriel est très gourmand en éner- ticles ci-après. gie, fabricants de ciment et de béton en tête. A titre de comparaison, la consommation éner- gétique totale du secteur des métaux et du fer Figure 3 représente moins du dixième de celle du sec- teur industriel, tout en restant très supérieure à Consommation énergétique totale des différents secteurs la moyenne de 1327 TJ par poste à plein temps En gigajoules, par poste à plein temps observée dans les secteurs industriels analysés. 10 000 900 Les services ont tendance à afficher une 800 consommation énergétique relativement faible. 8 000 700 Dans ce secteur, l’enseignement est le plus 600 6 000 500 gros consommateur d’énergie. A l’inverse, le crédit et l’assurance se sont inscrits en queue 4 000 400 300 de peloton en 2009, avec une consommation 2 000 200 de seulement 38 TJ par poste à plein temps. 100 0 0 Hausse prévue des prix de l’énergie Ciment/béton Métaux/fer Chimie/pharmacie Métaux non ferreux Papier/imprimerie Denrées alimentaires Textile/cuir Enseignement Hôtellerie Appareils métalliques Santé/services sociaux Commerce Machines Administration Crédit/assurance Construction La production mondiale de pétrole est proche de son niveau maximal et, conformément à la stratégie énergétique de la Confédération, l’énergie nucléaire appartiendra elle aussi au passé dans quelques décennies. Ce sont ainsi 70% des sources d’énergie actuelles qui Echelle à gauche se trouvent remises en question. Il faudra donc Echelle à droite augmenter massivement la part des énergies renouvelables, qui est aujourd’hui de 15%, ce Sources : Office fédéral de l’énergie OFEN, UBS 8 UBS outlook
L’énergie devient précieuse Analyse Le marché suisse de l’électricité en mutation Le marché suisse de l’électricité est en l’éolien et le solaire. Un recours accru aux mutation. La sortie du nucléaire et le énergies fossiles (p. ex. installations de couplage développement de nouvelles capacités chaleur-force ou centrales à gaz à cycle com- de production ont un prix. De plus, la biné) est aussi envisagé. En 2011, les centrales demande augmente. hydrauliques produisaient 53,7% de l’élec- tricité en Suisse, les centrales nucléaires 40,7%, L’approvisionnement des entreprises et des mé- celles à combustibles fossiles et autres instal- nages en énergie est l’un des défis mondiaux lations 5,6%. Cette répartition changera dès la de notre temps. La demande d’électricité conti- fin de la décennie en cours. nuera de s’accroître ces prochaines décennies, non seulement dans les économies en forte ex- Un pilier important de cette stratégie éner- Carsten Schlufter pansion des pays émergents, mais aussi dans gétique est constitué de mesures visant une Analyste, UBS SA les pays développés. En Suisse, le Conseil fédéral nette réduction, par une meilleure efficacité estime que faute de mesures d’économies, énergétique, de la hausse attendue de la de- elle pourrait passer d’environ 60 TWh à près de mande d’électricité. La plus importante de 90 TWh en 2050, en raison de la croissance ces mesures concerne le domaine du bâtiment. démographique, du nombre d’appareils élec- Mais il est aussi prévu de faire évoluer les triques et du recours croissant à l’électricité dans réseaux électriques vers des « réseaux intelli- les transports. De plus, la sortie du nucléaire gents » (« smart grids »). a été annoncée. Tout cela transformera le mar- ché suisse de l’électricité. Le législateur définit directement la politique énergétique et influence La stratégie énergétique de la Suisse donc indirectement les décisions à la veille de profonds changements d’investissement Dans le cadre de sa stratégie énergétique, le Une politique énergétique réussie s’articule Conseil fédéral a publié en mai 2011 les « Pers- autour de trois objectifs. Primo, garantir pectives énergétiques 2050 ». La mutation la sécurité d’approvisionnement : l’électricité qui en ressort concerne l’offre, c’est-à-dire le doit être disponible à tout moment, car les parc de centrales (« élargir l’offre d’électri- coupures ont des conséquences graves pour cité »), et la demande (« réduire la consomma- les ménages et les entreprises et pénalisent tion électrique »). L’objectif est en outre de l’économie à coup de milliards de francs. maintenir les importations d’électricité, de dé- Secundo, le prix de l’électricité doit être acces- velopper et moderniser les réseaux et de sible, tant en termes absolus qu’en compa- renforcer la recherche énergétique. raison internationale. Des tarifs élevés peuvent être source de désavantages comparatifs pour La décision de ne plus remplacer les centrales les secteurs très énergivores. Tertio, les effets nucléaires existantes, mais de mener à bien négatifs de la production d’électricité sur l’envi- la sortie de cette technologie contestée, rend ronnement doivent rester limités. Cet objectif nécessaire en Suisse une transformation pro- reste difficile à mesurer. Les centrales nucléaires gressive de l’approvisionnement énergétique. Il ne rejettent quasiment pas de CO2, mais leur est prévu que les cinq centrales nucléaires en bilan écologique n’est pas neutre au vu de l’éli- service seront mises à l’arrêt entre 2019 et 2034. mination des résidus de combustibles ou des Les lacunes qui en résulteront au niveau de conséquences d’éventuels accidents. l’offre seront comblées principalement par le développement des centrales hydrauliques Le mix énergétique (c’est-à-dire la répartition et par des énergies renouvelables telles que des sources utilisées pour produire de l’électri- UBS outlook 9
Analyse L’énergie devient précieuse cité, par exemple énergies fossiles, centrales de CO2, le niveau des prix en Europe centrale a nucléaires ou énergies renouvelables) dépend du peu à peu grimpé pour atteindre environ EUR cadre légal. Ce dernier influe fortement sur 85/MWh à l’été 2008. Or la récession interve- les décisions d’investissement des entreprises nue juste après ainsi que les mesures d’amé- d’approvisionnement, car construire des cen- lioration de l’efficacité énergétique ont entraîné trales électriques nécessite de gros capitaux et une baisse de la demande d’électricité ; le l’horizon temporel de ces investissements est développement simultané des capacités de pro- très long (30 ans au moins). Les modifications duction, notamment dans les énergies renou- de la législation sur l’énergie peuvent se ré- velables, a généré une offre accrue, et les prix percuter négativement sur les marges de la pro- sont retombés à env. EUR 40/MWh (fin duction d’électricité, et un mix énergétique janvier 2013). ne se modifie par du jour au lendemain. Pour construire de nouvelles centrales ou rem- Si la libéralisation a permis d’atteindre l’objec- placer celles qui existent, les investissements se tif de sécurité de l’approvisionnement, elle a chiffrent en milliards. Les milieux politiques fait grimper et fluctuer plus fortement les prix. et les investisseurs ont donc intérêt à s’entendre La question de savoir si la hausse des prix et à ce que soit mise en place une politique aurait été plus ou moins forte dans un modèle énergétique axée sur le long terme. Avec la mu- réglementé demeure sans réponse. Par ail- tation de sa stratégie énergétique, le Conseil leurs, les subventions accordées unilatéralement fédéral a formulé les conditionscadres qui dé- par les Etats en faveur des énergies renou- termineront les investissements des producteurs. velables ont causé des distorsions de marché et influé considérablement sur le modèle de Libéralisation du marché au sein de l’UE : marché. Rien qu’en Allemagne, les capacités de un tableau contrasté production ont progressé d’environ 2 GW par Dans la plupart des pays, y compris en Suisse, an pour l’éolien, et de 5 à 8 GW par an pour le le tarif d’exploitation du réseau est régle- solaire. Fin 2012, les capacités totales dépas- menté, car les réseaux de transport et de distri- saient déjà les 30 GW pour l’éolien comme pour bution d’électricité sont des monopoles. Pour le photovoltaïque : elles représentaient ainsi la production électrique en revanche, il faut dis- près de vingt fois la capacité installée des cen- tinguer entre un modèle de prix réglementé trales nucléaires suisses, qui est de 3,4 GW et un modèle de prix du marché libéralisé. Dans (il faut toutefois distinguer entre la capacité des le premier cas, les tarifs sont fixés par une au- installations et la production réelle d’électricité). torité de réglementation nationale, tandis que dans le second, le prix est fonction de l’offre et Le retour à un modèle de prix mixte ou régle- de la demande. Par ailleurs, il existe des formes menté fait actuellement débat dans nombre mixtes, comme aux Etats-Unis, où l’on trouve de pays européens. Tant les entreprises que les des centrales électriques entièrement réglemen- politiques préconisent de plus en plus d’aban- tées et d’autres soumises aux prix du marché. donner le modèle de prix du marché libéralisé. L’UE a entamé dès les années 1990 la libéralisa- Pour les entreprises d’approvisionnement, les tion complète de ses marchés de l’électricité, prix de la production d’électricité (conditionnés désormais largement achevée. Toutefois, la par les surcapacités) sont trop bas pour per- France s’oppose encore à une ouverture totale mettre de construire par exemple de nouvelles de son marché. centrales à gaz. Or les milieux politiques alle- mands plébiscitent de telles installations, pour A notre avis, les expériences de libéralisation compenser les fluctuations de production dans dans l’UE livrent un tableau contrasté. Ainsi, l’éolien et le solaire. En outre, les exploitants les prix de la production d’électricité ont chuté de centrales envisagent l’arrêt des installations immédiatement après l’ouverture du marché. non rentables. Tout cela compromet la sécurité Cependant, avec la diminution progressive des de l’approvisionnement. En Grande-Bretagne, capacités des centrales électriques, l’augmen- le gouvernement fait avancer ses projets de tation de la demande, la forte hausse du prix construction de nouvelles centrales nucléaires. des matières premières (charbon et gaz) et l’in- Actuellement, il apparaît que des investisseurs troduction du marché des droits d’émission potentiels, pour peu qu’ils acceptent de 10 UBS outlook
L’énergie devient précieuse Analyse financer de nouvelles installations, ne le feraient inférieurs à ceux de pays européens compa- qu’à des prix garantis à long terme et plus rables, les coûts de transport de la centrale au de deux fois supérieurs aux prix du marché. Le consommateur (tarif d’exploitation du réseau) modèle de marché ne fonctionne donc pas y sont supérieurs. comme prévu en Europe. Le marché suisse de l’électricité demain Bilan intermédiaire positif de la politique Le modèle de prix du marché a donné lieu énergétique suisse à des expériences mitigées en Europe. Pour la Si l’on considère ses objectifs de politique éner- Suisse, un modèle de marché étendu reste gétique, la Suisse est bien positionnée, avec une option ; un rattachement plus étroit au ré- une bonne sécurité de l’approvisionnement, des seau électrique européen nous paraît vrai- émissions de CO2 assez faibles et des prix semblable. Le marché européen de l’électricité compétitifs pour le client final par rapport aux a l’avantage d’être suffisamment important autres pays. Depuis 2009, le marché suisse de pour compenser d’éventuelles fluctuations de l’électricité est partiellement libéralisé : les gros la demande. On peut donc estimer que la clients consommant plus de 100 MWh par an sécurité de l’approvisionnement sera meilleure. peuvent choisir leur fournisseur, liberté qui sera Le législateur pourrait toutefois continuer à peut-être étendue à tous les clients dès 2014. réglementer les prix pour les formes de produc- Toutefois, peu d’acheteurs ont profité de cette tion avantageuses (les centrales hydrauliques, possibilité jusqu’ici. En outre, la société de ré- par exemple), ce qui limiterait les éventuelles seau Swissgrid est depuis 2013 le nouveau hausses de prix pour le consommateur. Autre propriétaire du réseau de transport suisse. Elle solution : il serait tout à fait possible de créer, est donc responsable de son exploitation, de dans le cadre d’un système de prix réglementé, sa rénovation et de son extension. des incitations à la construction de nouvelles En Suisse, l’ouverture du marché n’a eu qu’une faible incidence sur les prix de l’électricité. Selon l’Elcom, ces derniers sont en baisse de 1% pour les ménages et les entreprises en 2013 et s’établissent en moyenne, respectivement, à 19,4 centimes/kWh et 19,3 centimes/kWh. Ces baisses tarifaires ont été motivées par des baisses des tarifs d’exploitation du réseau, tandis que les taxes et prestations aux collecti- vités publiques ont augmenté de 6 à 7%. Une comparaison avec d’autres pays européens montre que les prix suisses de l’électricité sont compétitifs et parfois nettement inférieurs à ceux pratiqués en Allemagne, en Italie et en Autriche. Les prix pour les ménages en Alle- magne, les plus élevés d’Europe, sont supé- rieurs de près de 50% aux tarifs suisses moyens. Cela s’explique principalement par le niveau plus élevé des impôts et taxes en Allemagne, qui servent à subventionner le développement des énergies renouvelables. Toutefois, la Suisse applique aux ménages des prix supérieurs à ceux de la France et de la Finlande, dont le mix énergétique comporte également une part importante d’énergie nucléaire et hydraulique et où les coûts de production sont donc moindres. Si les impôts et taxes en Suisse sont UBS outlook 11
Analyse L’énergie devient précieuse centrales électriques. Aux Etats-Unis par exem- Conclusion quant à la mutation ple, la réglementation des centrales électriques du marché suisse de l’électricité est très répandue et garantit la sécurité de l’ap- Le marché suisse de l’électricité est à la veille provisionnement à des prix compétitifs. d’une profonde mutation. Dans les années à venir, les milieux politiques, les investisseurs et S’agissant de la Suisse, le bon mix énergé- les entreprises d’approvisionnement devront tique devrait poursuivre les trois objectifs de la prendre des décisions qui auront un impact fort politique énergétique : prix, sécurité de l’appro- et durable sur les prix de l’électricité et la sé- visionnement et respect de l’environnement. curité de l’approvisionnement. Nous anticipons Grâce à sa topographie, la Suisse a le privilège les évolutions suivantes : de produire une grande part de son électricité 1. Toutes les technologies de production élec- (35 TWh) dans des centrales hydrauliques. Nous trique actuelles ont des avantages et des incon- pensons qu’il serait judicieux de continuer à vénients. Si de nouvelles centrales nucléaires développer cette technologie sur notre territoire. et à charbon semblent irréalistes faute de sou- Durable et écologique, l’énergie hydraulique tien politique, nous sommes critiques vis-à-vis garantit de surcroît des prix avantageux et la sé- des parcs éoliens en Suisse. Selon nous, le curité de l’approvisionnement. Nous sommes développement de l’énergie hydraulique et la sceptiques quant à une extension de l’énergie construction de centrales à gaz et à énergies éolienne et, dans une certaine mesure, de renouvelables (solaire, biomasse) est donc l’hy- l’énergie solaire, surtout au regard des éven- pothèse la plus probable. tuelles subventions (croisées) et hausses de 2. Une société de réseau performante peut taxes. Comme le montre l’Allemagne, les nou- améliorer l’efficacité des réseaux énergétiques, velles énergies renouvelables contribuent nota- réduire les prix de l’électricité et maintenir un blement à la production d’électricité ; mais les bon niveau de sécurité de l’approvisionnement. hausses de taxes et d’impôts les accompagnant Dans des pays comme la Grande-Bretagne, sont un désavantage concurrentiel non négli- l’Espagne et l’Italie, les sociétés de réseau sont geable. En outre, pour exploiter efficacement un facteur de succès. En raison de leur struc- l’énergie éolienne, la situation géographique ture privée, elles contribuent à stimuler l’inves- de la Suisse est loin d’être optimale. Il en va tissement dans des réseaux électriques mo- de même de l’énergie photovoltaïque, quoique dernes ; leur activité étant réglementée, elles son potentiel de développement apparaisse sont gérées plus efficacement et participent meilleur. à la réduction des tarifs de réseau ; et pour les investisseurs, elles offrent des opportunités Les nouvelles constructions de centrales nu- attrayantes dans un domaine aux revenus cléaires ont généré ces dernières années des stables et aux rendements intéressants. coûts croissants en raison des performances 3. Les mesures d’amélioration de l’efficacité technologiques accrues et des exigences sécuri- énergétique sont prioritaires dans la stratégie taires de plus en plus strictes. Ainsi, le prix du énergétique ; il est souhaitable qu’elles soient réacteur de 1,6 GW en construction en Finlande poursuivies et encouragées. Une meilleure effi- avait été évalué à EUR 3 milliards au début des cacité énergétique permet aux consommateurs travaux, en 2005. A présent, la mise en service de réduire leur besoin d’électricité à la source, est prévue pour 2016 et le coût total a quasi- ce qui, du coup, réduit le besoin de nouvelles ment triplé, à EUR 8,5 milliards. De nouvelles centrales. On qualifie d’ailleurs l’efficacité éner- constructions de centrales nucléaires en Suisse gétique de « meilleur combustible alternatif » nous semblent peu probables, compte tenu car elle peut contribuer à réduire les prix de des incertitudes en termes de rentabilité. En l’électricité, donc de la facture. revanche, un développement des centrales à 4. La sortie du nucléaire (lequel produit 25 TWh combustibles fossiles (charbon ou gaz) serait environ) ainsi que la rénovation du parc de moins onéreux, mais plus polluant. L’extension centrales sont chers. Nous tablons donc sur une des centrales à gaz se fait actuellement à hausse durable des tarifs électriques pour le marche forcée dans de nombreux pays. Ces consommateur. centrales, très flexibles et planifiables, émettent deux fois moins de CO2 que celles à charbon. 12 UBS outlook
Energie wird kostbarer Thema Perspectives Du vent, du soleil et des énergies fossiles L’énergie éolienne et l’électricité solaire sont appelées à jouer à moyen ou long terme un rôle clé dans l’approvisionnement en énergie. Mais objectivement, un constat s’impose : même dans vingt ans, leur part dans le bouquet énergétique devrait être encore relativement réduite. Et même en 2030, c’est le gaz naturel et le charbon qui se tailleront sans doute la part du lion dans l’offre énergétique. UBS outlook 13
Perspectives Du vent, du soleil et des énergies fossiles Le virage maîtrisé des sources d’énergie primaires La loi du marché et la politique com- Figure 5 Carsten Schlufter Analyste, UBS SA mandent la négociation du virage énergé- Charbon et gaz sont essentiels pour tique. Du point de vue de l’investisseur, la production d’électricité il est intéressant de connaître la tendance, Bouquet de production par source d’énergie les éléments du bouquet énergétique 3% 6% Pétrole primaire et la manière dont il évoluera au 16% Charbon fil du temps. Gaz Nucléaire La composition des sources d’énergie primaires 41% Energie 13% dans le monde, le bouquet énergétique pri- hydraulique maire, évolue normalement très lentement. Autres (dont énergies C’est parce que les investissements dans le sec- renouvelables) teur de l’énergie sont réalisés sur le très long 21% terme et que les infrastructures sont d’une grande longévité. Entre 1980 et 2009, la part Source: Agence internationale de l’énergie – Key World Energy Statistics 2010 du charbon dans le bouquet énergétique pri- maire est passée de 25 à 27% seulement et la part de l’énergie hydraulique et de la biomasse Le plus gros consommateur d’énergie primaire n’a pas non plus beaucoup évolué. Il en va est le secteur de l’industrie électrique, d’où son autrement du gaz et du pétrole. La part du pé- importance particulière (voir fig. 4). Ces quatre trole s’est réduite de 43% à 33% tandis que dernières années, la demande mondiale en le gaz naturel est passé de 17% à 21%. La part électricité a triplé, affichant ainsi une croissance du nucléaire et des énergies renouvelables a plus forte que la consommation énergétique aussi grimpé, même si elle est restée faible en globale qui n’a « que » doublé. L’électricité valeur absolue. étant un produit de transformation de l’énergie primaire, on parle ici d’énergie secondaire. Le bouquet de production d’électricité, donc la source à l’origine de la production de l’électri- cité, a évolué ces dernières années (voir fig. 5). Figure 4 Avec une part de 41%, le charbon est la prin- Le secteur électrique, principal consommateur cipale source d’énergie. Le gaz naturel, l’énergie Consommation d’énergie primaire par secteur économique hydraulique et le nucléaire jouent aussi un rôle décisif dans la production d’électricité et 7% Production font partie des gagnants ces dernières dé- d’électricité cennies. Les énergies renouvelables ont aussi 16% Autre secteur de l’énergie connu une nette croissance, mais leur part 37% Industrie reste globalement faible. Transport Bâtiment 19% Autres 1 Des hypothèses sont aussi établies sur la croissance écono- mique, l’évolution démographique et le progrès technique. La 8% 13% grande incertitude à propos des hypothèses politiques signifie que les résultats ne s’entendent pas comme des prévisions mais plutôt comme des projections qui donnent une idée de l’évolu- Source: Agence internationale de l’énergie – Key World Energy Statistics 2010 tion, sous réserve que certaines hypothèses se réalisent. 14 UBS outlook
Du vent, du soleil et des énergies fossiles Perspectives « Tous les scénarios prévoient une hausse de la demande en énergie jusqu’en 2035 comprise, selon les cas, entre 23 et 50%. » Scénarios du bouquet Selon le scénario principal, la demande énergétique primaire mondiale d’énergie augmentera de 40% d’ici Dans la projection du futur bouquet énergétique 2035. Dans le scénario de référence, la de- primaire, l’orientation en matière de politique mande fait plus que doubler et dans le scénario énergétique des différents pays et régions est le sévère, la croissance est de seulement 23%. facteur le plus incertain.1 On définit de ce fait Tous les scénarios prévoient donc une hausse de différents scénarios en fonction de la sévérité la demande en énergie. La part des énergies des objectifs environnementaux mis en œuvre. fossiles chute très marginalement de 81 à 80% L’Agence internationale de l’énergie (AIE), dans le scénario de référence, de 75% dans émettrice des plus récentes estimations sur les- le scénario principal et de 62% dans le scénario quelles nous nous basons dans ce chapitre, de protection climatique. D’après les trois prévoit dans son scénario principal (probabilité scénarios, les énergies fossiles seront en 2035 la plus élevée) que les orientations politiques, encore les principales sources d’énergie.3 les objectifs et les programmes connus conti- nueront d’être appliqués. Le scénario de réfé- rence part de l’hypothèse peu vraisemblable qu’il n’y aura pas d’autre impulsion politique, donc que les objectifs connus ne seront 2 L’AIE désigne ce scénario climatique sous le nom de Scénario ni réalisés ni poursuivis. Le troisième scénario 450 car il présuppose que la volonté politique dominante est prévoit la mise en œuvre d’objectifs environ- de limiter la concentration de gaz à effet de serre à 450 ppm d’équivalent dioxyde de carbone. nementaux particulièrement rigoureux, notam- 3 D’autres instituts et groupes du secteur de l’énergie arrivent ment en matière de protection du climat.2 à des résultats pour la plupart similaires. Composition du bouquet énergétique primaire Actuellement, le pétrole occupe une part prépondérante Le gaz naturel est la seule matière première à pouvoir dans le bouquet et augmentera encore en valeur absolue. gagner en valeur absolue et en part relative. La demande Sa part, qui n’a cessé de diminuer sur les 40 dernières de gaz augmentera deux fois plus vite que la demande années, continue de chuter. de charbon et de pétrole. Le charbon arrive au second rang du bouquet énergé- Ces prochaines années, les énergies renouvelables tique global et augmentera en valeur absolue ces pro- gagneront en valeur absolue mais leur part n’augmen- chaines années jusqu’à un pic en 2020, pour retomber tera que peu. Les sources d’énergies fossiles resteront ensuite en part relative. donc dominantes. Les énergies fossiles (pétrole, charbon, gaz) dominent La part du gaz naturel et des énergies renouvelables Bouquet énergétique primaire mondial actuel augmente Evolution prévue du bouquet énergétique mondial 1% 18 000 2% 10% Pétrole 16 000 Charbon 14 000 6% 33% Gaz 12 000 10 000 Nucléaire 8 000 Energie hydraulique 6 000 Biomasse 4 000 21% 2 000 Energies renouvelables 0 1980 2009 2015 2020 2030 2035 27% Pétrole Gaz Energie hydraulique Energies Charbon Nucléaire Biomasse renouvelables Source: Agence internationale de l’énergie – World Energy Outlook 2011 Source: Agence internationale de l’énergie – World Energy Outlook 2011 Agence internationale de l’énergie – Key World Energy Statistics 2010 Agence internationale de l’énergie – Key World Energy Statistics 2010 UBS outlook 15
Perspectives Du vent, du soleil et des énergies fossiles « Dans la production d’électricité et l’industrie, des alternatives meilleur marché comme le gaz naturel devraient à l’avenir se substituer au pétrole. » Pétrole : la part dans le bouquet énergé- Tendances dans l’industrie pétrolière tique primaire continue de baisser Plus d’extraction de pétrole de schiste et de Le pétrole aura de loin le taux de croissance différents gisements de pétrole non conven- le plus bas de toutes les énergies majeures. Il tionnels tels les sables bitumeux ou le pétrole est surtout utilisé dans les transports. Ailleurs, extra-lourd : les schistes bitumeux sont comme dans la production d’électricité et des roches qui renferment des bitumes ou des l’industrie, des alternatives meilleur marché huiles non volatiles. Les sables bitumeux, comme le gaz naturel lui seront à l’avenir mélanges de grès, de silicates, d’eau, de pétrole substituées. brut et d’autres composants, sont le stade préliminaire du pétrole. Surtout utilisés aux La demande de pétrole, en hausse modérée Etats-Unis, les plus gros gisements se trouvent au niveau mondial, provient de la croissance au Canada et au Venezuela. L’AIE table sur effrénée des pays émergents (Chine, Inde une augmentation en flèche de la production. et Proche-Orient) où, selon les estimations de Les nouvelles technologies ont permis l’ex- l’OCDE, la classe moyenne, et donc les ache- ploitation de ces gisements et le prix élevé du teurs potentiels de voitures, passera en 20 ans brut les rend financièrement intéressants. à près de trois milliards d’individus.4 Dans L’extraction du pétrole de schiste en Amérique les pays de l’OCDE, on table à l’inverse sur une du Nord n’est rentable qu’à partir d’un prix baisse continue de la demande de pétrole. du baril de brut de 50 dollars américains. L’in- Ce repli est surtout dû à l’amélioration de l’effi- frastructure aux Etats-Unis n’a pas évolué et cacité des moteurs. Certains pays industria- requiert un surcroît d’investissement. Les gise- lisés s’efforcent par ailleurs de réduire leur dé- ments de pétrole de schiste d’Amérique du pendance aux importations de pétrole en Nord ne pèsent pas encore lourd dans le bou- diversifiant leur bouquet énergétique national. quet énergétique global. Il faudrait pour cela Les pays émergents tels que la Chine et l’Inde une exploitation au niveau mondial des gise- partagent ce souci. Le pétrole n’ayant trouvé ments des nombreuses autres régions (par ex. aucun équivalent en termes de rentabilité et de dans le bassin parisien) ; voilà qui pourrait convivialité d’utilisation dans les transports, contribuer à une meilleure sécurisation de l’ap- il n’existe toujours pas d’alternative, du moins provisionnement. Les méthodes d’extraction dans le transport individuel. (notamment la fracturation consistant à 4 Kharas, Homi, « The emerging middle class in developing countries », OECD Development Centre, Working Paper No. 285, janvier 2010 16 UBS outlook
Du vent, du soleil et des énergies fossiles Perspectives injecter de grandes quantités d’eau et de pro- duits chimiques dans le sol) sont encore contes- tées pour leur impact environnemental, ce qui en freine le développement. Développement des champs pétrolifères des fonds marins de l’Atlantique sud : en 2006, d’importants gisements de pétrole ont été mis à jour au large des côtes brésiliennes. Les diffé- rentes estimations des quantités exploitables divergent, mais il est évident que ces gisements pourraient faire du pays l’un des plus gros pro- ducteurs de pétrole du monde. Les nappes étant profondes et en partie recouvertes d’une couche saline de 2 km d’épaisseur, l’extraction en est techniquement très difficile et requiert des investissements colossaux dans les années à venir. D’après les plans de l’entreprise pétro- lière étatisée Petrobras, près de 142 milliards de dollars américains seront investis d’ici 2016 pour le développement de ces gisements. Charbon : les pays émergents moteurs de croissance La demande de charbon est attisée par la pro- duction d’électricité, à l’origine des deux tiers des besoins. Avec une part de 41%, le charbon est de loin la matière première la plus deman- dée pour la production d’électricité. En Chine, cette part atteint même près de 80%; elle s’élève à 70% en Inde. Ces dernières années, la demande de charbon a littéralement explosé dans les pays émer- gents, qui resteront à l’avenir les plus gros mar- chés. La Chine, l’Inde et l’Indonésie réunissent à elles seules près de 90% de la future crois- sance de la demande de charbon hors OCDE. protection climatique) ramènerait la part du Dans quelques années, la part de la Chine dans charbon à seulement 16% du bouquet éner- la demande mondiale de charbon devrait gétique d’ici 2015. Mais le charbon présente dépasser 50%. un grand intérêt en termes de politique éner- gétique : il est relativement bon marché et Dans les pays industrialisés, le charbon est de assure à de nombreux Etats une grande sécu- plus en plus souvent remplacé par le gaz et rité d’approvisionnement. Compte tenu de les énergies renouvelables. La demande a donc l’utilisation actuelle du charbon, les réserves tendance à reculer, et pour cause : la com- tiendront encore presque 150 ans. Contrai- bustion du charbon, et l’émission de CO2 qui rement au pétrole, ces réserves présentent par l’accompagne, est réputée responsable de la ailleurs une large répartition géographique. dégradation du climat. Dans les pays asiatiques émergents, la pollution de l’air causée par la combustion du charbon constitue un problème de plus en plus sérieux. Selon l’AIE, une politique climatique plus stricte (scénario de UBS outlook 17
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