UN CASSE-TÊTE POUR LES ÉTATS AFRICAINS - Déchets Numéro 54 - Hysacam

 
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UN CASSE-TÊTE POUR LES ÉTATS AFRICAINS - Déchets Numéro 54 - Hysacam
Le Magazine trimestriel de l’environnement - Avril - Mai - Juin 2018   Numéro 54

        Déchets
        UN CASSE-TÊTE POUR
        LES ÉTATS AFRICAINS
UN CASSE-TÊTE POUR LES ÉTATS AFRICAINS - Déchets Numéro 54 - Hysacam
UN CASSE-TÊTE POUR LES ÉTATS AFRICAINS - Déchets Numéro 54 - Hysacam
Editorial

                                           LES PARADOXES DU MARCHE DES DECHETS
                                              tale : qui doit payer le prix de la pro-          tière première secondaire, dont l’exploita-
                                              preté et de l’hygiène publique ? Les mé-          tion ne connait pas aujourd’hui en Afrique
                                              nages ? A quelle hauteur ? Comment                un développement pourtant utile ?
                                              les Etats doivent-ils se comporter face           Dans plusieurs pays, les grands
                                              à un produit si complexe, dont l’exploi-          groupes dans ce secteur ont dû diversi-
                                              tation mobilise une haute intensité de            fier leurs activités pour pouvoir financer
                                              main-d’œuvre mais de faible qualifica-            la collecte, le transport et le traitement
                                              tion ? Une activité qui est aussi socia-          des déchets ménagers.
                                              lement porteuse, parce que le facteur             Il a fallu attendre les années 90, pour
                                              d’intégration pour les jeunes et donc,            savoir que le déchet, matière première
                                              outil de lutte contre le chômage et la            secondaire, est une source de revenus,
                                              délinquance juvénile.                             une ressource pour le développement
                                              Toutes ces questions au moment où l’on            durable et l’économie verte, que cette
                                              examine le résultat de l’activité des             exploitation peut financer la collecte, le
   Par Michel NGAPANOUN                       prestataires qui ont la charge de rendre          transport et le traitement.
                                              les villes propres, ne sont pas toujours à        Mais sur le continent, la chaine de la
        n spectre hante les sociétés libé-    l’esprit du législateur.                          gestion des déchets est loin d’être mai-

U       rales : comment veiller à l’hy-
        giène et à la santé publique ?
                                                Parfois, face à une difficulté, il a re-        trisée. Et les entrepreneurs qui se sont
                                                                                                lancés dans la collecte, le transport, le

                                          ‘‘
Comment financer ce produit complexe                                                            traitement et la valorisation des déchets
et atypique que constitue le déchet, lui                                                        ont dû avoir recours à des stratagèmes
qui ne génère pas nécessairement                                                                avec les banques pour le financement
rentabilité et profit en espèces son-         « Sur le continent, la chaine de la               de l’activité, et à des négociations avec
nantes et trébuchantes ?                      gestion des déchets est loin d’être               l’Etat pour structurer de manière pé-
C’est à la lumière de cette probléma-                                                           renne le paiement de leurs prestations.
                                              maitrisée. Et les entrepreneurs
tique qu’il faut examiner les tentatives                                                        En examinant les coûts de la de col-
                                              qui se sont lancés dans la collecte,
de nombreux états à vouloir ouvrir le                                                           lecte, du transport, du traitement et de
marché des déchets à la concurrence ,
                                              le transport, le traitement et la                 la valorisation des déchets ménagers,
privatiser même certains segments,            valorisation des déchets ont dû                   on se rend compte que l’activité ne pro-
comme s’il s’agissait d’un vulgaire pro-      avoir recours à des stratagèmes                   duit pas de plus-value financière
duit et non pas d’un service de base.         avec les banques pour le financement              comme par exemple, la téléphonie mo-
Le déchet a, en tant que produit, plu-        de l’activité, et à des négociations              bile. Sa seule rentabilité est une réduc-
sieurs spécificités. Et son exploitation      avec l’Etat pour structurer de                    tion certaine des coûts pour la santé
pose quelques problèmes. En effet, la         manière pérenne le paiement de                    publique et un contrôle social.
propreté n'est pas un produit que l'on        leurs prestations.»                               Par ailleurs, dans le contexte du sous-
peut scinder en unités individuelles,                                                           développement et de la pauvreté endé-

                                                                         ’’
comme les bouteilles de bières ou ac-                                                           mique des sociétés africaines, il est
cessoirement les parcelles d'un terrain.                                                        difficile de faire payer les ménages pour
La construction du prix unitaire à la                                                           ce service de base qui relève au fond,
tonne intègre des agrégats relativement       cours aux normes du marché libéral.               des missions régaliennes de l’Etat.
fixes qui varient avec le marché de l'es-     Cela consiste à ouvrir ce secteur à la            Alors que faire ? Il faut conjuguer la ré-
sence, de la ferraille, des véhicules, des    concurrence en pensant que les méca-              flexion et les efforts, et développer des
pièces détachées, et les niveaux de sa-       nismes du marché libéral, qui induit les          stratégies à long terme, pour le finance-
laire dans cette branche d'activités.         règles « ordinaires » de la concurrence           ment structurel de cette activité en l’ou-
Elles sont en un certain sens, plus sta-      pure et parfaite, implique une certaine           vrant partiellement à la concurrence tout
bles que celles qui structurent le prix       rentabilité du secteur.                           en assurant une forme de monopole
du sucre au consommateur.                     Mais que signifie la détermination du juste       aux entrepreneurs expérimentés dans
Cependant, il reste une question capi-        prix d’un produit comme le déchet, ma-            ce secteur.

  Bosangi
  Une publication de Hysacam     Directeur de publication      Secrétaire de rédaction                    Direction artistique
       B.P : 1420 Douala.        Michel NGAPANOUN              Innocent EBODE                             Valentin OMBIBI
     Tél. +237 233 37 44 14                                    Ont participé à ce numéro :                Marque Plus
    Fax : +237 233 37 47 73      Rédacteur en chef             Jean Célestin Edjangue, Janvier            Tél : +237 696 69 84 02
       B.P. : 781 Yaoundé        Garba AHMADOU                                                            marqueplus@yahoo.com
                                                               Ngwanza Owono, Jean Loîc Amougou
     Tél. +237 222 22 13 79
    Fax : +237 222 22 53 44                                    Eric Vincent Fomo, Julius Taylor, Boris    Impression : Print Industry
                                                               Ngounou.                                   Tél : +237 233 42 63 93

                                              BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Avril - Mai - Juin 2018 / N°54     3
UN CASSE-TÊTE POUR LES ÉTATS AFRICAINS - Déchets Numéro 54 - Hysacam
Sommaire

                                                           6-10
                                                             Actualité
                                                              6.      RDC, 6500 KM² DE CONCESSIONS FORESTIERES
                                                                      RETABLIES par Eric Vincent FOMO
                                                              7.      ENVIRONMENTAL REPORT CARD: UNAVOIDABLE TOOL
                                                                      by JULIUS TAYLOR
                                                              8.      ACCESS TO EMERGENCY CARE (30% OF TOTAL GRADE)
                                                                      by JULIUS TAYLOR
                                                              9-10. Marché carbone L'UE ADOPTE LA REFORME POUR
                                                                    L'APRES-2020 par Jean-Célestin Edjanguè

                                                           12-18
                                                             Dossier
                                                                         LE MARCHÉ DES DÉCHETS EN AFRIQUE
                                       12                                QUELS ENJEUX DE DEVELOPPEMENT ?
                                                              Le marché des déchets dans le monde est caractérisé par la précarité de la
                                                              concurrence. Le processus de concentration y parait irrépressible. Les déchets
                                                              constituent un secteur – ou branche d’activités qui correspond à des marchés
                                                              segmentés, suivant plusieurs arguments.

                                                              12.    Marché des déchets en Afrique, LA FILIERE PEINE A SE
                                                                    STRUCTURER par Eric Vincent FOMO
                                                              13-14. Les déchets, UN CASSE-TETE POUR LES ETATS AFRICAINS
                                                                      par Jean-Célestin Edjanguè
                                                              15.     LE DECHET, UNE SOURCE DE DEVELOPPEMENT
                                                                      par Jean-Loïc AMOUGOU
                                                              16.    Collecte des ordures au Cameroun, LES INCERTITUDES
                                                                     DE LA CONCURRENCE par Boris NGOUNOU
                                                              17-18. IT ISN'T EASY BEING (PROFITABLY) GREEN
                                                                       by Julius TAYLOR

4   BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Avril - Mai - Juin 2018 / N°54
UN CASSE-TÊTE POUR LES ÉTATS AFRICAINS - Déchets Numéro 54 - Hysacam
21               20-24
                                                                     Evènement
                                                                      Maroc, UNE UNITE DE POLICE ENVIRONNEMENTALE VEILLE
                                                                      AU GRAIN
                                                                      Par Boris NGOUNOU
                                                                      Probo Koala, L'INDEMNISATION DES VICTIMES EN QUESTION
                                                                      par Jean-Célestin Edjanguè
                                                                      Agbogbloshie, WORLD'S LARGEST, ICONIC E-WASTE DUMP
                                                                      by Julius TAYLOR

Le 19 août 2006, le pétrolier affrété par Trafigura, une société
multinationale de courtage pétrolier basée aux Pays-Bas, au
                                                                   25-26
Royaume-Uni et en Suisse, déversait une cargaison de 500
tonnes de déchets toxiques à Abidjan, en Côte d'Ivoire. La ca-       Réflexions
tastrophe qui a fait 17 morts et 100 mille autres victimes, dont
                                                                      Gestion de l'environnement en Afrique,LES FEMMES EN
certaines attendent d'être dédommagées...12 ans après !
                                                                      PREMIERE LIGNE par Jean-Célestin Edjanguè

                                                                   27-28
                                             27                      Regards
                                                                      Wangari Maathai, UNE FEMME AUX RACINES DE L’ECOLOGIE
                                                                      AFRICAINE par Boris NGOUNOU
                                                                      Forum de Dar es Salaam Femmes et développement durable,
                                                                      Quelles conclusions pour quels enjeux ? par Janvier NGWANZA OWONO

                                                                   29
                                                                     Portrait
                                                                      Bella Lydie Josiane, LA DAME DE L’EXCAVATRICE
                                                                      par Boris NGOUNOU

              Wangari Maatha
                                                                   30-31
                                                                     La parole à...
                                                                      Christian Yoka, Entretien réalisé par Boris NGOUNOU

                                                                   32
         31                                                          Nouvelles d’ailleurs
                                                                      Semakau, UNE DECHARGE PARADISIAQUE                         par Jean Loïc AMOUGOU

                                                                   33
                                                                     Note de lecture
                                                                      L’HOMME AU CŒUR DE LA GESTION DES DECHETS
                                                                      par Éric Vincent FOMO

                  Christian Yoka
                                                                   34
                                                                     Forum des lecteurs

                                                       BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Avril - Mai - Juin 2018 / N°54   5
UN CASSE-TÊTE POUR LES ÉTATS AFRICAINS - Déchets Numéro 54 - Hysacam
Actualité

RDC
6500 KM² DE CONCESSIONS FORESTIERES RETABLIES

La décision prise par le ministère de l’Environnement en février dernier constituerait une me-
nace pour la biodiversité du pays selon les organisations de protection de l’environnement.
            Eric Vincent FOMO

      e 1er février dernier, le ministre       bution de nouvelles licences d’exploita-        ponsable de la campagne Forêts,

L     congolais de l’Environnement,
      Amy Ambatobe, a rétabli 6500
km² de concessions forestières. Il s’agit
                                               tion forestière industrielles et signé
                                               pour mettre de l’ordre dans le secteur.
                                               Selon ce moratoire, la République dé-
                                                                                               Irène Wabiwa Betoko, l’ONG interna-
                                                                                               tionale « appelle le gouvernement
                                                                                               congolais à révoquer de nouveau ces
de trois concessions attribuées aux            mocratique du Congo ne remplit pas              concessions et cette fois, à sanction-
compagnies d’exploitation forestière           tous les critères de transparence pour          ner les personnes responsables de
chinoises Forestière pour le développe-        attribuer de nouvelles concessions fo-          cette situation ».
ment du Congo (Fodeco) et Société la           restières. Les concessions rétablies ont
Millénaire Forestière (Somifor). Ces ti-       été annulées en août 2016 par l’un des          Le rétablissement de ces concessions
tres ont été conclus en 2015 et concer-        prédécesseurs de l’actuel ministre de           fait surtout planer un péril écologique et
nent 650 000 hectares de forêts. La            l’Environnement, Robert Bopolo.                 environnemental dénoncé par Rainfo-
Fodeco a obtenu un titre forestier dans                                                        rest Foundation Norway. « Toute opé-
la province des lacs Tshopo. La Somi-          Les ONG nationale et internationale             ration d’exploitation forestière à grande
for en a obtenu deux dans les pro-             montent au créneau                              échelle, en particulier des tourbières,
vinces du Tchuapa et de l’Equateur.            La décision prise par les autorités             est susceptible de causer des émis-
Pour motiver sa décision, le ministre a        congolaises ne fait pas l’unanimité.            sions de gaz à effet de serre », déplore
indiqué que « ce sont des concessions          Les défenseurs de l’environnement               son directeur exécutif Simon Counsell.
qui existaient et qui étaient déjà attri-      ont déploré cette réattribution qui             Les menaces de sanctions écono-
buées. Mais par mauvaise lecture de la         constitue une menace pour l’environ-            miques sont également brandies. Glo-
loi ou des textes réglementaires, il y a       nement et la biodiversité. Dans un              bal Witness demande que l’Initiative
eu les prédécesseurs qui ont fait annu-        communiqué conjoint, ils estiment que           pour la forêt de l’Afrique centrale (CAFI
ler cette attribution. Et après, il y a eu     parmi les trois concessions forestières         en anglais) financée par la Norvège à
des recours de la part de ce conces-           rétablies, deux d’entre elles empiètent         hauteur de 41,2 milliards de dollars
sionnaire et nous nous sommes rendus           sur les 145 000 km² de tourbières ré-           pour la réduction des émissions liées à
compte que la concession n’était pas           cemment découvertes et contenant                la déforestation et à la dégradation des
concernée par le moratoire. Voilà pour-        quelque 30 milliards de tonnes de car-          forêts (REDD+) en RDC, soit suspen-
quoi nous avons décidé de lever cette          bone. Ce qui représente autant de               due. La RDC représente à elle seule
annulation ».                                  carbone que les émissions d’énergie             plus de 60% des forêts denses du Bas-
                                               fossile de toute l’humanité sur trois           sin du Congo, deuxième massif fores-
Cette mesure ministérielle violerait l’es-     ans. Greenpeace Afrique n’y est pas             tier du monde derrière la forêt
prit du moratoire de 2002 relatif à l’attri-   allé de main morte. A travers son res-          amazonienne.

  6    BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Avril - Mai - Juin 2018 / N°54
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Actualité

ENVIRONMENTAL REPORT CARD: UNAVOIDABLE TOOL

The role of such cards cannot be overemphasized, as they are show important data on
weather, health, disaster, energy, among others.

             Julius TAYLOR

       nvironmental report card for a        rica's Environmental Report Card.               ability of the nation’s emergency de-

E      particular geographical area is
       issued on purpose. The pur-
pose of the Report Card is to establish
                                             Understanding the Report Card
                                             The Report Card is based on 136 ob-
                                                                                             partments to care for patients.

                                                                                             The Report Card also reviews the emer-
a baseline from which to measure the         jective measures that reflect the most re-      gency medical environments for Puerto
progress toward environmental sustai-        cent data available from high-quality           Rico and Government Services, which
nability, and to create a thought-pro-       sources such as the Centers for Disease         includes health care systems for the mi-
voking tool to catalyze discussions          Control and Prevention, the National            litary and veterans. These, however, pre-
and policy changes that would contri-        Highway Traffic Safety Administration,          sent special cases, since data for these
bute to a healthier environment.             the Centers for Medicare & Medicaid             areas are not comparable to the 50
                                             Services, and the American Medical As-          states and District of Columbia. As such,
It provides a natural opportunity to align   sociation. Additional data were gathered        grades were not calculated. The report
the Report Card with specific goals          from two surveys of state health officials,     for Puerto Rico is based on a limited set
such as related to renewable energy,         specifically conducted to obtain informa-       of indicators for which comparable data
locally-sourced water, and enhanced          tion for which no reliable, comparable          were available and the Government Ser-
ecosystem and human health over a            state-by-state sources were available.          vices report is based on in-depth inter-
given period. TV stations used such re-      The goal of the Report Card is to show          views with representatives of each of the
port cards to inform their audience of       how individual states, and our nation as        military branches and the Veterans
weather situations. For example, Ame-        a whole, measure up in supporting the           Health Administration.

                                             BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Avril - Mai - Juin 2018 / N°54   7
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Actualité

ACCESS TO EMERGENCY CARE (30% OF TOTAL GRADE)

Subcategories: Access to
Pr o v i d e rs ( 2 5 % o f th e
c a t e gory), Access to
Treatment Centers (25%),
Financial Barriers (25%),
Hospital Capacity (25%)

             Julius TAYLOR

       ccess to emergency care is             great advances over the past five               gency visits are for injury-related

A      both fundamental and com-
       plex. Emergency depart-
ments are a vital part of the health
                                              years in the development and im-
                                              plementation of indicators of health
                                              care quality, and this is reflected
                                                                                              causes. In addition, more than half
                                                                                              of the causes of death and disabi-
                                                                                              lity are due to preventable and be-
care system in each community                 through the expansion in the indi-              havior-related factors, such as
and region. They deliver emer-                cators measured here since the                  smoking, poor diet, lack of physical
gency care day in and day out, and            2009 Report Card. We continue to                activity, alcohol consumption,
they serve as the health care safety          monitor direct state investments in             motor vehicle crashes, firearms,
net for anyone, insured or not, who           quality and safety improvements—                and illicit drug use Consequently,
cannot otherwise obtain timely                for example, whether a state pro-               the impact of public health and in-
health care services when needed.             vides     funding     for    quality            jury prevention on the need for
Access to emergency care is com-              improvements to EMS or for a State              emergency care and other health
plex because the demand for emer-             EMS Medical Director.                           care services is considerable, and
gency services often is related to                                                            state investments in these areas
the capacity of the broader health            Medical Liability Environment                   are important.
care system to deliver services.              (20% of total grade)
Thus, measures of Access to                   According to the U.S. Department                Disaster Preparedness (15% of
Emergency Care must include ele-              of Health and Human Services, the               total grade)
ments that comprise that broader              medical liability system in our na-             Threats of terrorism and the
system.                                       tion is “broken”(11). There are wide            number of disasters of natural
                                              variations in practices and policies            and human origin in the United
Quality and Patient Safety Envi-              across states. In some statesmore               States continue to increase,
ronment (20% of total grade)                  favorable liability environments.               highlighting the fact that at no
One of the critical concerns regar-           The liability crisis has forced the             time in our history has the need
ding the increasing pressures on              closure of trauma centers in some               for disaster preparedness been
emergency medical system is the               states. Physicians may practice                 more urgent or pronounced. Seve-
effect these pressures may have               “defensive medicine”—providing                  ral factors, such as population
on the quality and patient safety en-         extra medical treatments or tests               growth, greater urbanization,
vironment. Therefore, it is important         solely out of concern to avoid litiga-          population migration to states at
to be able to measure that environ-           tion. For patients, the result is grea-         higher risk of natural disasters,
ment and how improved systems                 ter costs, longer waits, and more               and decreased health care ac-
and technologies can contribute to            difficulty accessing care.                      cess and capacity have magni-
its enhancement. State govern-                Public Health and Injury Preven-                fied the potential effects of
ments and private institutions, led           tion (15% of total grade)                       disasters on individuals and in-
by federal agencies, have made                Nearly one-third (31.5%) of emer-               frastructure

 8    BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Avril - Mai - Juin 2018 / N°54
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Actualité

Marché carbone
L'UE ADOPTE LA REFORME POUR L'APRES-2020

Un an après avoir arrêté sa position commune concernant la modification du fonctionnement
du système des émissions de gaz carbonique(CO2), le 15 février 2017, le Parlement européen
a validé par une large majorité, le 6 février 2018, le principe. L'Union européenne(UE) est le
troisième plus gros émetteur de CO2 dans le monde.
      Jean-Célestin EDJANGUÈ

        ystème d'échange de droits       lutter contre la pollution et l'accord          trales électriques et sites industriels

S       d'émissions de gaz à effet de
        serre (GES), de crédits car-
bone et de quotas carbone, le mar-
                                         du 10 novembre 2017 entre le
                                         Conseil des ministres de l'Union eu-
                                         ropéenne et le Parlement européen.
                                                                                         parmi les plus importants émetteurs
                                                                                         de gaz carbonique et concernés par
                                                                                         le marché carbone européen doi-
ché carbone est un mécanisme             Un accord, certes avec des visées               vent réduire d'environ 43% leurs
permettant le troc des droits d'émis-    beaucoup plus politiques, paraphé               émissions par rapport à l'année
sion de gaz carbonique (CO2),            sous la présidence estonienne du                2005. L'un des objectifs de la ré-
exactement comme des titres finan-       Conseil des ministres de l'UE mais              forme est donc de faire face, à
ciers. C'est pour cela que les mar-      qui n'en démontre pas moins la                  terme, aux quelques 2 milliards de
chés carbone sont aussi appelés          préoccupation écologique de l'insti-            quotas en surplus et qui perturbent
«Système d'échange de quotas             tution communautaire. Le document               totalement le marché carbone avec
d'émissions» ou «Système de per-         final, signé le 6 février 2018, couvre          incidence directe sur la chute des
mis d'émissions négociables». La         la période 2021-2030.                           prix. Le Conseil de l'Union euro-
réforme post-2020 du marché car-                                                         péenne et le Parlement européen se
bone, dont l'avant-projet a été          «La question des réductions                     sont mis d'accord sur 2,2% de ré-
adopté par le Parlement européen,        annuelles des crédits car-                      duction annuelle de l'allocation des
mi-février 2017, par 379 voix pour,      bone»                                           quotas comme le suggérait d'ailleurs
263 contre et 57 abstentions, a été      Si l'Union européenne semble au-                la Commission européenne. Pour-
validé par une majorité de Parle-        tant préoccupée par la réforme du               tant, les discussions n'ont pas été
mentaires encore plus large, le 6 fé-    marché carbone, c'est que l'institu-            simples. On peut même dire qu'elles
vrier 2018, à Strasbourg. Un             tion communautaire, du fait de ses              ont parfois été très serrées. Ian Dun-
processus qui semble souligner une       infrastructures industrielles, est              can, député conservateur britan-
véritable volonté politique symboli-     grandement concernée par le fléau               nique et rapporteur parlementaire,
sée par le lancement en 2015, dans       des émissions de gaz carbonique,                voulait que cette réduction soit por-
le sillage de l'accord de Paris sur le   un des agents les plus pollueurs de             tée à 2,4% par an. Et même si le
Climat, du projet de réforme visant à    la planète. Quelques 11.000 cen-                Parlement ne l'a pas suivi sur cette

                                         BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Avril - Mai - Juin 2018 / N°54   9
UN CASSE-TÊTE POUR LES ÉTATS AFRICAINS - Déchets Numéro 54 - Hysacam
Actualité

proposition, la question devrait reve-        doit pas financer la modernisation              nécessaires pour soutenir les effets
nir sur la table des négociations à           des centrales au charbon «sauf les              liés à la protection du Climat comme
partir de 2024. La Commission eu-             projets impliquant l'utilisation du             gage de la mise en place des méca-
ropéenne pense que la réforme                 chauffage urbain dans les deux                  nismes de réduction beaucoup plus
ainsi adoptée débouchera sur un               Etats membres les plus pauvres                  efficaces et de manière quasi immé-
prix de gaz carbonique d'environ 8            pour les investissements n'incluant             diate. Des Organisation non gouver-
euros la tonne aujourd'hui à jusqu'à          pas de combustibles fossiles so-                nementales de Pologne pensent,
30 euros à l'horizon 2030.                    lides», précise le communiqué du                par exemple, que l'Europe commu-
On comprend donc aisément que                 Parlement européen relatif à la ré-             nautaire aurait dû imposer aux cen-
derrière la réduction annuelle des            forme. Quant à l'autre fonds, il vise à         trales électriques, aux sociétés
émissions de CO2, il y a surtout une          la promotion de l'innovation et s'in-           adeptes de l'utilisation du charbon
affaire de gros sous. Comme si la             téressera particulièrement aux éner-            ou même d'autres substances pol-
lutte contre le réchauffement de la           gies renouvelables, la capture et le            luantes de financer les technologies
planète est aussi une question d'in-          stockage du carbone, de même que                qui minimisent les émissions de
térêts financiers qui semblent très           les projets d'innovation à faible in-           dioxyde de carbone.
éloignés de l'urgence de bichonner            tensité de carbone.                             La réforme du marché carbone vali-
l'espace environnemental, pour le             Le      système       communautaire             dée par l'Union européenne semble
préserver afin de le léguer aux gé-           d'échange de quotas d'émis-                     donc avoir donné du grain à moudre
nérations futures, comme un héri-             sion(SCEQE) intègre aussi des pays              à des organisations de lutte contre le
tage digne.                                   comme la Norvège, l'Islande, le                 réchauffement climatique. Déjà, alors
Cela dit, on ne peut passer sous si-          Liechtenstein, en plus des 28 Etats             que le Conseil de l'UE et le Parlement
lence le véritable enjeu de la ré-            membres de l'Union européenne.                  européen venaient à peine de para-
forme du marché carbone adoptée               Mais cette réforme du marché car-               pher l'accord sur le projet de réforme,
par le Conseil de l'UE et la Parle-           bone, à peine votée le 6 février                Greenpeace, le Fonds Mondial pour
ment européen, en février 2018: le            2018, soulève déjà une levée de                 la Nature et le Client Earth ont pressé
doublement de la capacité de la ré-           boucliers du côté des Organisation              le Conseil d'Etat grecque d'annuler
serve de stabilité qui devrait entrer         non gouvernementales. Et parfois                une décision du ministère de l'envi-
en vigueur dès 2019. Une réserve              avec des arguments qui tombent                  ronnement de renouveler la licence
qui sera alimentée, au moins au               sous le coup du bon sens.                       d'exploitation d'une centrale élec-
début de sa mise en place, par                Ainsi pour Cécilia Gautier, responsa-           trique fonctionnant au Fioul lourd et li-
quelques 900 millions de quotas ré-           ble des politiques européennes et               gnite pour la Compagnie d'électricité
cupérés dans le cadre de la réforme           internationales au Réseau Action                de la Grèce, dans la région de Mega-
de court terme adoptée en janvier             Climat, le Parlement européen s'est             lopolis en Arcadie. Le Conseil d'Etat
2014, au moment où la crise du                tout simplement couché au pied des              avait alors, par l'arrêté ministériel du 8
marché carbone commençait à de-               puissances industrielles: «En adop-             septembre 2017, reconduit la licence
venir de plus en plus oppressante. Il         tant une réforme à minima du mar-               d'exploitation de cette centrale, en
s'agissait alors d'enrayer la chute du        ché carbone de l’UE (...), la majorité          dépit du préjudice que son fonction-
prix du carbone sur le système com-           des eurodéputés a cédé aux sirènes              nement causait à l'environnement.
munautaire de quotas d'émission               des lobbies industriels et des éner-            Quoi qu'il en soit, la réforme du mar-
(SCEQE), ce qui a conduit l'Union             gies fossiles», pense-t-elle. Cécilia           ché carbone, votée début février
européenne à revoir le calendrier             Gautier est en effet persuadée qu'              2018, par le Parlement européen,
des enchères (backloading) sur une            «il s'agit d'une trahison de l'accord           doit encore être mise en application
période de 7 ans (2013-2020) et re-           de Paris». Un accord qui se veut                pour la période 2021-2030. C'est
tarder l'allocation de certains quotas        beaucoup plus ambitieux dans la                 seulement après cette période que
de gaz carbonique en attendant de             lutte contre la pollution industrielle.         l'on pourra, comme le maçon au
gérer le surplus.                             Pour sa part, l'ONG WWF affirme                 pied du mur, mesurer de son effica-
                                              que «la réforme du marché carbone               cité. En attendant, l'Europe commu-
«Une réforme superficielle»                   échoue à sauver la crédibilité de               nautaire reste le troisième plus gros
Toujours dans l'optique de la réserve         l'Union européenne».                            émetteur de CO2 avec 3,47 milliards
de stabilité, deux fonds sont mis en          Au total, ce sont plus de 140 organi-           de tonnes (en 2015), derrière la
place pour encourager l'innovation            sations et associations d'une tren-             Chine et ses 10, 96 milliards de
et la transition vers l'économie bas          taine de pays, réunies au sein du               tonnes et les 5, 1è milliards de
carbone. L'un concerne l'améliora-            réseau Climate Acion Net Work                   tonnes des Etats-Unis d'Amérique.
tion du système énergétique des               (CAN) qui sont vent debout face à               L'UE vise moins de 40% des rejets
Etats membres disposant des reve-             cette réforme. Ces organisations es-            de CO2 en 2030 et jusqu’à moins de
nus modestes avec une richesse in-            timent notamment que la réforme du              80% à l'horizon 2050.
férieure       à     la     moyenne           marché carbone de l'UE aurait dû                Autant le dire, le pari est certes pos-
communautaire. Mais ce fonds ne               prioriser la recherche des moyens               sible. Mais il est loin d'être gagné.

 10   BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Avril - Mai - Juin 2018 / N°54
DOSSIER
LE MARCHÉ DES DÉCHETS EN AFRIQUE
          QUELS ENJEUX DE DEVELOPPEMENT ?

 Le marché des déchets dans le            (DIND). Dans tous les cas le mar-
 monde est caractérisé par la pré-        ché des déchets pour exister et se
 carité de la concurrence. Le proces-     développer, a besoin de la loi ! Dif-
 sus de concentration y parait            ficile que dans ce secteur s’y exerce
 irrépressible. Les déchets consti-       une concurrence parfaite au vue du
 tuent un secteur – ou branche d’ac-      statut de ce produit complexe et
 tivités qui correspond à des             ambigu. Pourtant beaucoup de
 marchés segmentés, suivant plu-          pays sur le continent, dont le Came-
 sieurs arguments.                        roun, ont pensé privatiser le sec-
 Il faut distinguer différentes catégo-   teur et ainsi le libéraliser et l’ouvrir
 ries de déchets qui renvoient à leurs    à la concurrence. Pour quelle effi-
 producteurs ou générateurs, ainsi        cacité de ce service public ? Dans
 qu’à leurs caractéristiques, notam-      ce numéro, votre magazine décor-
 ment : déchets ménagers ou or-           tique les enjeux économiques, fi-
 dures ménagères (Om), déchets            nanciers et sociologiques du
 industriels dangereux (DID) ou non       marché. Lisez plutôt !
Dossier

Marché des déchets en Afrique
LA FILIERE PEINE A SE STRUCTURER

Plusieurs acteurs interviennent dans ce secteur d’activité. Ce qui ne permet pas toujours
d’avoir une traçabilité des actions entreprises.
           Eric Vincent FOMO

      e 25 janvier dernier, le secrétaire     rares et quand ils existent, ils sont in-       fiées dans les segments de la pré-col-

L     général de la présidence de la
      République au Cameroun, Ferdi-
nand Ngoh Ngoh a signé une corres-
                                              suffisants.

                                              Ces quelques morceaux choisis tra-
                                                                                              lecte et de la récupération.

                                                                                              D’autres pays expérimentent avec plus
pondance prescrivant l’ouverture à la         duisent la délicatesse du secteur des           ou moins de succès le partenariat pu-
concurrence des activités de collecte et      déchets dans la plupart des Etats afri-         blic-privé. En octobre 2015, la Côte
de traitement des ordures ménagères           cains. En général, les acteurs impli-           d’Ivoire, en partenariat avec le groupe
dans les centres urbains du pays.             qués sont les autorités publiques qui           Ericsson, a mis sur pied une cam-
Cette mesure a été prise « dans l’op-         sous-traitent ces activités à des entre-        pagne d’élimination et de recyclage
tique d’une meilleure gestion du sec-         prises relevant du secteur privé. Au            des déchets électriques et électro-
teur d’activité » dont la responsabilité      Sénégal par exemple, le gouverne-               niques, baptisée E-Waste. Elle a per-
incombe jusqu’à présent à la société          ment essaie de convaincre les entre-            mis de collecter 60 tonnes de déchets
d’Hygiène et de salubrité du Cameroun         prises à soutenir le projet « Un                en l’espace de trois mois. Le traitement
(Hysacam). Au Maroc, en 2014, le mi-          Sénégal zéro déchet. » D’après le mi-           des déchets s’est effectué à Durban,
nistère de l’Environnement a inscrit à        nistre de la Gouvernance locale, du             en Afrique du Sud et au Pays-Bas. De
son agenda la réhabilitation et la fer-       Développement et de l’Aménagement               sources officielles, l’Afrique génère 80
meture de décharges ou encore l’amé-          du territoire, Abdoulaye Diouf Sarr, «          à 100 millions de tonnes d’ordures
nagement de casiers pour 34 centres           la lutte contre l’insalubrité et l’encom-       chaque année. La Banque mondiale
ruraux et la mise en place de centres         brement ne peut être gagnée sans                révèle même que plus de 50% des dé-
d’enfouissement et de valorisation des        l’engagement et l’implication des en-           chets produits sur le continent sont or-
déchets ménagers pour quatre autres           treprises, quel que soit leur secteur           ganiques. Un rapport du Programme
centres. Le budget retenu était de 54         d’activité ». Dans certains pays, le            des Nations unies pour l’environne-
millions d’euros, soit plus de 35,4 mil-      secteur informel est mis à contribu-            ment (PNUE) indique que la France,
liards de F. A Brazzaville et Pointe-         tion. Une étude menée par l’organisa-           l’Allemagne et la Grande Bretagne sont
Noire au Congo, le marché des                 tion internationale Enda en 2012 à              les principaux pays exportateurs de dé-
déchets fait face au défi du manque           Addis-Abeba (Ethiopie) précise que              chets électroniques en Afrique où ils at-
d’espaces adéquats pour déverser les          100 000 personnes identifiées au sein           terrissent sous forme de produits
déchets. Les bacs à ordures y sont            de 600 associations ont été identi-             d’occasion.

 12   BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Avril - Mai - Juin 2018 / N°54
Dossier

Les déchets
UN CASSE-TETE POUR LES ETATS AFRICAINS
C'est le creuset des civilisations et le berceau de l'humanité. Fort de plus d'un
milliard d'habitants, le continent noir génère 80 à 100 millions de tonnes de déchets
ménagers par an. Il n'en fallait pas plus pour que le secteur du déchet s'organise
en une activité qui créé un marché concurrentiel.

       Jean-Célestin EDJANGUE

La course au marché des déchets
Quand on parle de marché, on ima-
gine forcément un lieu où se rencon-
trent l'offre et le demande pour un       s'agit de sauvegarde de l'environne-            leure gestion du secteur d'activités
bien ou un service. Et lorsque le ser-    ment, c'est une mobilisation géné-              susvisé, et eu égard aux difficultés ré-
vice en question concerne un produit      rale qu'il faut décréter pour que               currentes rencontrées par la Société
aussi atypique que le déchet...le         l'ensemble des acteurs du secteur               d'hygiène et de salubrité du Came-
marché est obligatoirement peu            des déchets jouent, chacun à son ni-            roun(Hysacam), j'ai l'honneur de vous
commun. Surtout dans un continent         veau, toute sa partition pour être à la         faire connaître que Monsieur le Prési-
qui se nourrie d'une multitude de pa-     hauteur des enjeux environnemen-                dent de la République a prescrit l'ou-
radoxes. Continent le plus jeune au       taux de l'Afrique.                              verture à la concurrence de l'activité
monde avec une population dont les        Au Cameroun, la société Hygiène et              de collecte et de traitement des or-
deux tiers ont moins de 25 ans,           salubrité du Cameroun (Hysacam)                 dures dans les centres urbains». Une
l'Afrique est aussi la région du          créée en 1969 par le groupe français            correspondance qui n'empêchera pas
monde où l'accroissement démogra-         Grandjouan et rachetée en 1994 par              Hysacam de décrocher son quinzième
phique est l'un des plus importants.      Michel Ngapanoun, un Camerounais,               contrat-ville, en mars 2017, avec la
Puisque le continent devrait doubler      a fait de la propreté de l'environne-           Communauté urbaine de Bamenda,
sa population pour atteindre les 2        ment des communes du pays son ob-               capitale régionale du Nord-Ouest,
milliards d'habitant à l'horizon 2050.    jectif principal. L'entreprise emploie          pour une durée de 5 ans.
Cette démographie galopante im-           aujourd'hui plus de 5.000 salariés
plique autant de bouche à nourrir et      avec des services qui profitent à plus          «Les conditions d'une concur-
donc une augmentation notable du          de 15 millions de personnes. L'Etat ca-         rence parfaite»
nombre de consommateurs, qui pro-         merounais, tenant compte du nouveau             L'ouverture à la concurrence du mar-
duiront beaucoup de déchets ména-         contexte démographique et de la com-            ché des déchets en Afrique, peut ap-
gers notamment. Une réalité qui           plexité de plus en plus grande de la fi-        paraître, à priori, comme un fait
complexifie encore la filière du dé-      lière du déchet, a décidé en 2017 de            intéressant pour les entités prenantes.
chet, depuis la collecte jusqu'au trai-   réorganiser le secteur et de l'ouvrir à         Encore faudrait-il que toutes les
tement en passant par le                  la concurrence. C'est en tous cas ce            conditions soient réunies pour la réa-
ramassage.                                qui apparaît dans une correspon-                lisation d'un marché concurrentiel par-
Une situation qui implique un travail     dance adressée au Secrétariat géné-             fait du secteur des déchets. Ce qui
encore plus en profondeur en ma-          ral des services du Premier ministre,           suppose le respect d'un certain nom-
tière d'éducation à l'environnement       le 25 janvier 2017 par la Présidence            bre de points. D'une manière géné-
et à la propreté, depuis les centres      de la République, relative à «l'organi-         rale, un marché concurrentiel implique
urbains et périurbains jusqu'aux          sation du ramassage des déchets                 une concurrence pure et parfaite.
contrées les plus reculées des vil-       dans les centres urbains». Le courrier          C'est pourquoi on parle de marché en
lages. Et comme souvent quand il          précise: «Dans l'optique d'une meil-            CPP (Concurrence pure et parfaite).

                                          BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Avril - Mai - Juin 2018 / N°54   13
Dossier

Dans cette optique, il doit y avoir une
rencontre entre plusieurs offreurs et
plusieurs demandeurs autour d'un prix
de marché en rapport avec la de-
mande des consommateurs.
Parmi les conditions requises pour
qu'un marché soit rigoureusement
reconnu comme concurrentiel, on
peut distinguer trois points fonda-
mentaux: l'atomicité de l'offre qui
veut que l'importance de l'offreur, en
fonction de la part du marché, soit
minime pour qu'il ne puisse en aucun
cas influencé ce marché; ensuite, un          voie certes à la valeur économique              trottoir et permet aux usagers de se
marché concurrentiel stipule une              négative, dépréciée, mais également             débarrasser à tout moment du dé-
libre entrée et sortie des firmes, afin       à une notion beaucoup plus com-                 chet et le ramassage se fait comme
de permettre les entreprises de pra-          plexe de valeurs socioculturelles: va-          pour les autres types de déchets, par
tiquer une libre circulation des pro-         leurs, cultures, croyances et même              des camions-bennes jusqu'à la dé-
duits sans qu'ils soient soumis à des         l'archéologie du mental. Pour Gérard            charge pour le traitement.
barrières réglementaires qui pour-            Bertolini et Mustapha Brakey, il ne fait        De l'autre côté, les pays en dévelop-
raient peser sur les coûts supplé-            l'ombre d'aucun doute qu' «un lien              pement semble généralement vivre
mentaires, en plus de ceux inhérents          existe entre le déchet, l'espace-dé-            dans un autre monde. Le tri sélectif a
à l'activité de production. Ultime            chet et «le déchet social». La vraie            toutes les peines du monde à être
condition indispensable pour parler           question est de savoir comment pas-             institué alors que le ramassage et la
de marché concurrentiel, la transpa-          ser du déchet comme produit de rejet            collecte s'effectuent tant bien que
rence en matière d'information et de          au déchet comme projet. Là encore,              mal. Les infrastructures routières,
communication. Ce qui oblige                  la sensibilisation et à l'hygiène, assai-       notamment, ne facilitent guère les
chaque firme à signaler le montant            nissement et à la propreté, apparais-           opérations en particulier dans les
de tarification appliquée, sachant            sent comme les piliers de l'éducation           zones enclavées. Du coup, la col-
que la rétention de l'information dans        à l'environnement. Une éducation in-            lecte et le ramassage sont partiels,
un marché concurrentiel exclue de             dispensable pour appréhender les                concernent plus facilement les quar-
fait du jeu la firme en question.             différents statuts du déchet.                   tiers centraux ou riches des agglo-
Concurrence oblige!                           La complexité du marché du déchet               mérations bénéficiant déjà d'un
En définitive, le marché concurren-           traduit l'existence d'une filière aty-          réseau routier praticable. Une situa-
tiel formalisé par l'économiste               pique, avec un processus pluridi-               tion qui expliquerait, au moins en
Adam Smith puis David Ricardo, au             mensionnel depuis la collecte et le             partie, le fait que dans des cités
19ème Siècle, se définit comme un             ramassage jusqu'à la phase de trai-             comme Le Caire, en Egypte, ce sont
lieu d'échange basé sur la concur-            tement. Une complexité qui se traduit           des chiffonniers qui sont les concur-
rence des offres de services ou de            également dans la fracture entre les            rents des entreprises de collecte et
produits destinés aux mêmes                   pays en développement et les pays               de traitement des déchets. D'une
consommateurs.                                développés. D'un côté, les pays dé-             manière plus générale, l'Afrique est
                                              veloppés où le circuit semble parfai-           certainement le continent qui fait
«Un statut particulier»                       tement organisé avec un tri sélectif            preuve de plus d'ingéniosité en ma-
Nous l'avons déjà dit. Le déchet n'est        des ordures qui s'opère dans des                tière de recyclage des déchets mé-
pas un secteur d'activités comme les          poubelles disposées à cet effet: pou-           nagers que les chiffonniers et
autres. Son marché est nécessaire-            belles jaunes pour le plastic et le car-        autres «travailleurs» des déchets,
ment, lui aussi, peu commun. Dans             ton, grises pour les ordures                    parviennent à leur donner une se-
un    article     publié     en   2008        ménagères, puis une autre couleur               conde vie.
(WWW.cairn.info), les auteurs Gé-             de poubelle pour le verre. Les pou-             Le marché des déchets pour donc
rard Bertolini et Mustapha Brakey             belles destinées au plastic sont col-           être une aubaine pour l'Afrique, à
analysent la «Caution des déchets,            lectées et ramassées une fois par               condition que la concurrence soit
innovations et territoires». Pour eux,        semaine, alors que celles prévues               pure et parfaite. Ce qui suppose que
si la gestion des déchets apparaît            pour les déchets ménagers le sont               tous les acteurs de la filière déchet
comme un thème porteur, c'est                 tous les jours de la semaine sauf le            acceptent de jouer le jeu de la trans-
d'abord parce que la «désappropria-           jour où sont ramassés les déchets               parence pour le bonheur du milliard
tion» et le rejet sont à la base même         en plastique. Quant à la poubelle               de consommateurs du berceau de
du statut du déchet. Ce dernier ren-          pour le verre, elle est moulée sur le           l'humanité.

 14   BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Avril - Mai - Juin 2018 / N°54
Dossier

LE DECHET, UNE SOURCE DE DEVELOPPEMENT
Les déchets, au regard de la complexité de leur gestion, et de leur spécificité,
constituent un secteur qui séduit difficilement les investisseurs. Leur caractère
évanescent, et la difficulté à projeter leur rentabilité rebutent les investisseurs,
en même temps qu’ils épouvantent les financeurs.
         Jean-Loïc AMOUGOU

         ais à y regarder de près, les                                                     à un double objectif de résultat et

M        déchets constituent une
         niche et un potentiel encore
vierges dont l’exploitation aurait un
                                                                                           d’efficacité. En effet, la déficience du
                                                                                           service de collecte de déchets gé-
                                                                                           nère inévitablement toutes sortes de
impact majeur sur le développement,                                                        désagréments directement visibles
la croissance et la lutte contre le chô-                                                   dans les villes : formation de dé-
mage, notamment dans les pays en                                                           charges sauvages, développement
développement.                                                                             de maladies, pollution locale, etc.
Selon « Idées pour le Développe-
ment », un Blog animé par l’Agence                                                         Le compostage, une alternative
Française de Développement, la pro-                                                        très intéressante
duction mondiale de déchets solides                                                        La part des matières organiques
municipaux devrait doubler dans les                                                        dans les déchets urbains des pays
quinze prochaines années. Ce sont                                                          en développement est fort impor-
principalement les pays en dévelop-        Faire de la gestion des déchets ur-             tante. Le compostage permet d’une
pement qui contribuent à cette aug-        bains une source de développe-                  part, de fournir un amendement or-
mentation, sous l’effet conjugué de la     ment                                            ganique pour le développement de
forte croissance urbaine et du déve-       Selon une étude de la Banque mon-               l’agriculture périurbaine locale, et
loppement économique. La gestion           diale publiée en juin 2012, la quan-            d’autre part, de réduire les émissions
des déchets dans ces pays repré-           tité totale de déchets produits par les         de gaz à effet de serre liées à la dé-
sente un défi de taille pour les an-       villes devrait augmenter de 69 % d’ici          composition des déchets. Le tri et le
nées à venir.                              à 2025, davantage encore dans les               compostage des déchets impliquent
Les impacts sont particulièrement          pays du Sud, qui disposent souvent              aussi la création d’emplois locaux.
importants pour les 15 millions de         de moyens financiers limités. Cette             De plus, la vente de produits issus du
personnes du secteur informel qui          équation implique de nombreux défis             recyclage des déchets urbains ne
travaillent sur les décharges et trai-     pour l’établissement de villes dura-            permet pas d’assurer, à elle seule, la
tent de 15 % à 20 % des déchets            bles, mais offre également de nom-              viabilité économique des activités sur
produits.                                  breuses opportunités.                           le long terme : le recours à d’autres
« Idées pour le Développement »             L’un des premiers défis dans la ges-           sources innovantes de financement
précise que « l’augmentation des vo-       tion des déchets urbains est l’organi-          (comme la finance carbone) permet
lumes représente également un              sation de la filière. Celle-ci implique         de pérenniser ces actions de com-
enjeu économique. Le secteur des           de nombreux acteurs publics et pri-             postage.
déchets fournit à lui seul jusqu’à 5 %     vés et demande une forte cohésion               Par ailleurs, les acteurs locaux font
des emplois urbains. Les pays en dé-       entre eux par l’établissement de po-            souvent preuve d’une grande inven-
veloppement dépensent en outre             litiques fortes. Différents schémas             tivité pour faire des déchets urbains
chaque année environ 46 milliards          sont mis en œuvre par les municipa-             de      nouvelles     ressources     et
de dollars pour la gestion de leurs        lités : optimisation des circuits de col-       construire des villes plus durables :
déchets solides municipaux et les          lecte de déchets, gestion autonome              fabrication de pavés à base de plas-
besoins de financement pourraient          de la collecte, délégation de la ges-           tique recyclé, valorisation des pa-
dépasser 150 milliards de dollars an-      tion de la collecte à des acteurs pri-          piers et cartons en briquettes
nuels d’ici à 2025. Les autorités pu-      vés, valorisation matière ou                    combustibles, recyclage du verre,
bliques ont du mal à mobiliser les         énergétique, etc. Toutes ces actions            des déchets d’abattoir, etc. Ces ac-
sommes nécessaires pour faire face         s’intègrent plus généralement aux               tions souvent très locales peinent ce-
à ces besoins. Elles sont souvent          plans d’urbanisme locaux, et leur               pendant à trouver un écho à plus
obligées de se concentrer sur l’ur-        réalisation demande une forte impli-            grande échelle faute de moyens,
gence – la collecte – au détriment du      cation tant des décideurs politiques            d’implication politique, de réelle capi-
traitement, avec in fine des coûts éle-    que des populations locales.                    talisation ou de difficulté à dévelop-
vés pour des résultats mitigés et une      Ainsi, la gestion des déchets oblige            per de nouveaux marchés.
gestion peu durable. »–

                                           BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Avril - Mai - Juin 2018 / N°54   15
Dossier

COLLECTE DES ORDURES AU CAMEROUN
LES INCERTITUDES DE LA CONCURRENCE
Dans l’optique d’une meil-
leure gestion des déchets
ménagers, le président de
la république a instruit
l’ouverture de ce secteur
à plusieurs sociétés.
Mais vu les postures des
acteurs déjà existants, la
mesure risque d’accoucher
d’une petite souris.

             Boris NGOUNOU

      e monopole du marché des déchets           les bacs à ordures de Hysacam. Jusqu’ici         L’Etat

L     ménagers au Cameroun est détenu
      jusqu’ici par la société privée Hy-
giène et salubrité du Cameroun (Hysa-
                                                 l’activité se porte plus tôt bien, les mé-
                                                 nages contribuent à hauteur de 1000
                                                 FCFA par mois. Le GIC est également
                                                                                                  Dans le financement de la collecte des or-
                                                                                                  dures à Yaoundé, Hysacam reçoit 15% de
                                                                                                  ces fonds auprès de la communauté ur-
cam). Créée en 1969, l’entreprise emploie        soutenue par des partenaires internatio-         baine et 85% de l’Etat. Mais le manque à
aujourd’hui près de 15 millions de per-          naux tels que l’Agence Française pour le         gagner induit par l’irrégularité des paie-
sonnes dans 15 villes du pays à savoir :         Développement, la GIZ et l’aide publique         ments de l’Etat, explique principalement le
Yaoundé (chef-lieu de la région du centre)       pour la coopération japonaise, grâce à           fait que la collecte et le traitement des or-
; Douala et Edéa (région du littoral) ; Ba-      qui le GIC créée en 1997 par Roland              dures aient enregistré durant ces dernières
foussam (chef-lieu de l’ouest) ;Ngaoun-          Etoga, a construit un centre de capitalisa-      années, de sérieux désagréments dans les
déré (Adamaoua) ;Garoua (région du               tion de la gestion des déchets solides au        villes telles que Yaoundé et Douala notam-
nord), Maroua (extrême-nord) ; Bertoua           quartier Melen. Le centre reçoit les uni-        ment. Car sur les 6,4 milliards de FCFA at-
(Est) ; Buéa et Limbé (sud-ouest) ; Ebo-         versitaires, les étudiants et autres pas-        tendus vis-à-vis de l’Etat par Hysacam
lowa, Kribi, Sangmélima et Meyomessala           sionnés des questions de protection de           concernant le contrat de la période 2013-
(région du sud) et en fin Bamenda le chef-       l’environnement.                                 2017, seul 1 milliard a été versé. D’ailleurs,
lieu de la région du nord-ouest avec qui un      Dans des villes moins grandes que                à la faveur un tour de ville effectué en
contrat de 5 ans a été signé en mars 2017.       Yaoundé, et donc disposant de plus d’es-         début d’année à Yaoundé, le ministre de
Dans ces villes, Hysacam assure la col-          pace pour le compostage, comme Bafous-           l’Habitat et du Développement urbain,
lecte, le transport, le traitement et le recy-   sam, situé à l’Ouest du pays, le Cercle          Jean Claude Mbwentchou a reconnu
clage des ordures ménagères. Si cette            international pour la promotion de la créa-      qu’Hysacam revendique le paiement par le
entreprise dont le cahier de charge est de       tion (CIPCRE), en occurrence, organise la        gouvernement des arriérés de plusieurs
maintenir les villes camerounaises, pro-         collecte des ordures ménagères par quar-         milliards de FCFA.
pres et insalubres, a jusqu’ici réussi, avec     tier, les traite sur des sites adéquats et les
une relative efficacité à débarrasser les        transforme en un engrais biologique au           Face à la recrudescence des booms d’or-
centres urbains de ces tas d’immondices          compost.                                         dures dans les métropoles, l’Etat a jugé
qui côtoyaient les maisons, les rues et les                                                       mieux d’ouvrir le secteur de la collecte des
centres commerciaux, elle est depuis             Les ménages                                      ordures ménagères à d’autres entreprises,
quelques temps en baisse de régime. Des          Si les autres villes n’ont pas toujours de       lesquelles viendront ainsi en renfort à Hysa-
contraintes budgétaires dues entre autres        statiques sur les quantités de déchets           cam. Le ministre de l’Habitat et du Déve-
à l’augmentation des charges, et surtout         solides produites, à Yaoundé, les popu-          loppement urbain, en sa qualité de ministre
des tensions de trésoreries dues non-paie-       lations produisent près de 1800 tonnes           de tutelle, suit attentivement le dossier et
ment de ses prestations par l’Etat, sont         d’ordures par jour. Les près de trois            assure que les appels d’offre qui seront
évoqués comme raisons de la rupture épi-         millions d’habitants de la ville ne sont         émis dès le mois d’avril 2018, le mode de
sodique et récurrente du ramassage des           pas toujours collaborateurs avec le              paiement des prestataires qui seront rete-
déchets dans les principales métropoles          prestataire Hysacam. Les habitants               nus, est le même qu’avec Hysacam.
du pays.                                         brillent par leur incivisme. Les déchets         Seulement, l’opinion publique se de-
                                                 sont jetés à tout bout vent, et vider les        mande si l’Etat qui se trouve aujourd’hui
La pré-collecte                                  poubelles est une tâche très souvent             insolvable avec un seul opérateur,
La gestion des déchets au Cameroun et            abandonné aux enfants immatures, qui             pourra inverser la courbe lorsqu’ils seront
notamment dans la capitale, est également        les déversent à même le sol. Ces pra-            plusieurs. Surtout que d’ici là, rien n’au-
introduite par des pré-collecteurs à la base.    tiques populaires rendent ainsi la tâche         gure que les contraintes conjoncturelles
La pratique est effective dans le 6ème ar-       de la collecte des ordures plus longue,          évoquées (Crise anglophone dans les ré-
rondissement, où les près de 60 employés         plus endurante et plus coûteuse dans             gions du Sud-ouest et du nord-ouest)
et bénévoles de Tam Tam Mobile, assurent         une chaîne d’acteurs, où l’Etat fait fi-         pour justifier le non-paiement des presta-
le relais des ordures entre les ménages et       gure de mauvais payeur.                          tions seront levées.

 16     BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Avril - Mai - Juin 2018 / N°54
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