Via salina - voies historiques de la Côte de Vuiteboeuf - Sainte-Croix

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Via salina - voies historiques de la Côte de Vuiteboeuf - Sainte-Croix
DÉPARTEMENT DES FINANCES ET DES RELATIONS EXTÉRIEURES
          SERVICE IMMEUBLES, PATRIMOINE ET LOGISTIQUE

via salina – voies historiques
     de la Côte de Vuitebœuf
                                                 Sainte-Croix
Via salina - voies historiques de la Côte de Vuiteboeuf - Sainte-Croix
Ste-Croix
                                                                      532 000

                                                                                              4
                                                1

                                                                                                                        La Mothe
                                                        2
                                                                  3                                                 185 000

                                                                                              Relais

                                                                                      5

              N                                                           Relais

0                              500m                             Baulmes
                                                                                     Vuiteboeuf           Yverdon

    Carte des différents tracés de la Côte,                           route avant 1760
    et emplacement des panneaux,                                      route des années 1760
    numérotés de 1 à 5.                                               route de 1838
    © PLAN, CÉCILE LAURENT, ARCHÉOLOGIE CANTONALE,                    panneau didactique
    SUR LA BASE DU RELEVÉ RÉALISÉ PAR WERNER VOGEL, IVS, 1999         pavillon

    Sentiers, voies à ornières, autoroutes…
    Il s’agit toujours de relier des collectivités humaines
    PASCAL BROULIS — CONSEILLER D ’ ÉTAT, CHEF DU DÉPARTEMENT DES FINANCES ET DES RELATIONS EXTÉRIEURES

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    Comme Sainte-Crix je suis naturellement particulièrement heu- les temps peuvent aussi être hostiles, mais les relevant toujours
    reux de voir mis en valeur l’ancien chemin du sel reliant mon bourg pour poursuivre et intensifier leurs rapports.
    à Vuitebœuf. J’y ai de bons souvenirs, il a été à l’occasion mon ter-        Il n’y a pas d’alternative. C’est par le négoce et l’échange que
    rain de jeu d’écolier. Terrain de connaissances aussi, témoignant la richesse se crée, que le bien-être s’améliore et que les connais-
    de l’ingéniosité et de l’opiniâtreté des hommes lorsqu’il s’agit de sances se développent. La Côte de Vuitebœuf, maillon d’un réseau
    franchir un obstacle naturel. Ancêtre des modernes lacets goudron- qui s’étend loin en France, est un trait d’union dans l’espace et
    nés qui mettent aujourd’hui notre balcon jurassien à quelques dans le temps. Ce bout de chemin rappelle très simplement qu’une
    coups de volant du Plateau et de ses villes, ce chemin fait revivre frontière ne doit pas être une barrière, qu’elle marque des diffé-
    le temps et la peine qu’il fallait jadis pour effectuer le même trajet. rences structurantes et qu’il faut la respecter pour cela, mais que
          Du sentier néolithique à la voie romaine, de la voie à ornière à c’est en franchissant les frontières que les gens se rencontrent, se
    la route et désormais aux autoroutes qui sillonnent le monde, tous connaissent et se mettent à agir ensemble.
    les passages racontent en l’amplifiant la même histoire. Celle des           Merci à tous ceux qui se sont investis dans ce projet et sa réa-
    liens que les collectivités humaines ont toujours entretenus entre lisation et bienvenue à tous ceux qui le découvriront dans son bu-
    elles, les améliorant le plus souvent, les interrompant parfois car colique décor de sous-bois, qui n’est pas le moindre de ses charmes.
Via salina - voies historiques de la Côte de Vuiteboeuf - Sainte-Croix
Un nouveau sentier didactique pour un réseau de voies historiques exceptionnel
CARINE WAGNER – CONSERVATRICE DU PATRIMOINE ARCHÉOLOGIQUE SIPAL

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Les nombreuses générations de voies carrossables aménagées              Plus récemment, Caligae – Groupe de recherche sur la région de
dans la forte pente de la Côte de Vuitebœuf témoignent de l’impor-      Sainte-Croix durant l’Antiquité et la Protohistoire a repris les pros-
tance de cet itinéraire franchissant la chaîne du Jura afin de relier   pections sur le terrain, en coordination avec la Section d’archéologie
le plateau suisse aux plaines de la Saône.                              cantonale. La découverte de traces de fréquentations anciennes,
      Importance pour les populations locales, auxquelles les flux      dès l’âge du Bronze, mais surtout à la transition entre l’âge du Fer
de marchandises convoyées sur ces routes apportaient une cer-           et l’époque romaine, a montré l’énorme potentiel que recèle encore
taine prospérité, mais aussi pour les pouvoirs politiques successifs    l’ensemble de la Côte de Vuitebœuf, du pied du versant jusqu’aux
qui ont tiré bénéfice du contrôle de ce passage.                        ruines de la forteresse médiévale sur laquelle est établi le hameau
      Cette histoire millénaire, encore bien lisible dans le terrain,   du Château.
est marquante non seulement aux yeux des gens de la région,                   Il importe aujourd’hui de préserver et de mettre en valeur les
mais aussi des institutions chargées de la protection du patrimoine,    vestiges archéologiques et historiques de la Côte de Vuitebœuf, en
ainsi que des acteurs du tourisme.                                      raison de leur importance patrimoniale mais aussi de leur fragilité.
      Chaque année, les écoliers de Sainte-Croix, encadrés par le             La mise en place de cinq panneaux didactiques et d’un pa-
Cercle d’histoire de la région de Sainte-Croix, viennent nettoyer les   villon, jalonnant le tracé des voies anciennes s’inscrit dans cette
portions les plus spectaculaires des voies à ornières taillées dans     démarche. Pour la réalisation de ce projet, le Service Immeubles,
le roc, afin que les promeneurs et les randonneurs qui parcourent       Patrimoine et Logistique (SIPaL) a bénéficié du soutien de l’associa-
les itinéraires culturels internationaux de la Via Francigena et de     tion Patrimoine suisse et de la fondation Via Storia.
la Via Salina puissent les admirer.                                           Des explications historiques, mais aussi le rappel systéma-
      Des recherches approfondies dirigées entre 1993 et 2001 par       tique qu’il s’agit d’un site archéologique protégé ont pour but d’in-
Guy Schneider dans le cadre de l’inventaire fédéral des voies de        former et de sensibiliser le public.
communication historiques de la Suisse (IVS) et d’un projet du                L’accent a en outre été mis sur un lieu-clé du réseau de voies,
Fonds national suisse ont permis de mieux comprendre l’imbrica-         grâce à l’aménagement d’un pavillon en bois servant de plate-
tion des nombreux tracés routiers, de recenser et de mesurer les        forme d’observation. De là, il est possible de lire dans le rocher
multiples rainures marquées dans le rocher, qui servaient à guider      les générations de rainures, qui comportent même un tracé d’évi-
les roues des chars. Ces investigations dans les archives et sur le     tement permettant aux chars de se croiser. Dans ce cadre forestier
terrain ont montré le long usage de ces voies, qui connaît son apo-     magnifique, peut-être le promeneur imaginatif entendra-t-il l’écho
gée sous le régime bernois, aux XVIIe et XVIIIe siècles, en lien avec   lointain des attelages tirant de lourds chariots chargés de sel …
le commerce du sel.
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Quand de simples ornières taillées dans la pierre nous révèlent le passé
FRANÇOIS SILVA – CHEF DE PROJET SIPAL

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Durant la domination bernoise en Pays de Vaud, du XVIIe au XVIIIe         Cet inédit et petit projet relève le défi d’une présence architecturale
siècle, le commerce du sel franc-comtois transporté par différentes       au cœur de la nature. Associant valeurs paysagères et culturelles,
voies terrestres et navigables jusqu’à Berne, connaît un essor sans       il est le fruit d’un travail pluridisciplinaire entre l’Ecole Technique
précédent.                                                                du bois de Bienne et la Section d’archéologie cantonale rattachée
      Forteresses, postes de douane, dépôts de sel, relais pour che-      au SIPaL. Sur la base d’un cahier des charges décrivant le concept
vaux, auberges et croix routières ponctuaient les routes du sel reliant   initial, quatre équipes d’étudiants ont élaboré des propositions. Le
les salines du Jura français à la future ville fédérale. Inscrites dans   choix s’est porté sur le projet qui a su faire la meilleure synthèse
la pierre, façonnées par le passage de milliers de convois trans-         entre le thème et le lieu. Constitué pour sa plus grande part de bois
portant « l’or blanc », logées dans les entablements rocheux entre        ainsi que de métal pour ses assemblages, ce projet de pavillon est
les villages de Vuitebœuf et de Sainte-Croix, d’étonnantes ornières,      destiné à se fondre progressivement à son proche environnement,
aujourd’hui encore, témoignent de l’ampleur de ce commerce.               en particulier à se conjuguer délicatement à la roche environnante
      Afin de contribuer à la mise en valeur de ces vestiges, le          et aux proches frondaisons.
SIPaL a souhaité mettre à disposition du public une juste infor-
mation en bordure de l’un des tronçons de cette importante voie           Un simple signe peut parfois nous rendre intelligible l’ensemble
historique. Ainsi, de taille modeste pouvant être décliné à volonté,      auquel il se rapporte : les voies à ornières inscrites dans les roches
offrant accueil, information aux promeneurs, disposé délicatement         jurassiennes trahissent l’équidistance des roues des innombrables
sous une imposante végétation, un élégant pavillon en bois et plu-        et lourds chariots qui ont emprunté la route du sel. Ces traces nous
sieurs totems d’information retiennent le regard des promeneurs           remettent en mémoire les nombreux siècles d’histoire humaine qui
en les invitant à cheminer sur les traces d’un patrimoine très large-     ont façonné la région.
ment méconnu du grand public.
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1. La Table de Peutinger.
                                                                                                                            Sorte de carte routière romaine parvenue
                                                                                                                            jusqu’à nous grâce à une copie médiévale.
                                                                                                                            Elle montre deux itinéraires convergeant
                                                                                                                            à Abiolica (Pontarlier?), l’un en provenance
                                                                                                                            d’Aventicum (Avenches) et Eburoduno
                                                                                                                            (Yverdon), l’autre de Lacum Losonne
                                                                                                                            (une station probablement située à l’est de
                                                                                                                            Morges).
                                                                                                                            En raison du manque d’exactitude des tracés
                                                                                                                            reportés sur cette carte, affirmer que le
                                                                                                                            tronçon Eburoduno-Abiolica correspond bien
                                                                                                                            à la route empruntant la Côte de Vuitebœuf
                                                                                                                            reste pour l’instant impossible.

                                                                                                                            2. Exemple de caliga.
                                                                                                                            Sandale en cuir, portée notamment par les
                                                                                                                            militaires romains, dont les semelles étaient
                                                                                                                            renforcées par des clous en fer.

                                                                                                                            3. Clous de chaussures romains découverts
                                                                                                                            sur la Côte de Vuitebœuf.
                                                                                                                            © PHOTO : ASSOCIATION CALIGAE, GROUPE DE
                                                                                                                            RECHERCHE SUR LA RÉGION DE SAINTE-CROIX
                                                                                                                            DURANT L’ANTIQUITÉ

                                                                                                                            4. Carte des routes du sel.
                                                                                               1                            Lorsque les Bernois prennent le contrôle du
                                                                                                                            Pays de Vaud en 1536, ils développent le
                                                                                                                            commerce du sel en provenance des salines
                                                                                                                            franc-comtoises. La voie principale passe
                                                                                                                            par Jougne et Ballaigues, où l’on peut
                                                                                                                            admirer une voie à rainures très similaire à
                                                                                                                            celle de la Côte de Vuitebœuf. Des voies
                                                                                                                            secondaires cheminent par Sainte-Croix et
                                                                                                                            par le Val de Travers.
                                                                                                                            ILLUSTRATION : VIA STORIA

La voie du sel bernoise
PANNEAU 1

---

Les documents bernois des XVIIe et XVIIIe siècles l’attestent, la voie
de la Côte de Vuitebœuf, comme celle du col de Jougne, était un
chemin saunier, une « Salzstrasse » aux mains de Leurs Excellences
de Berne, qui détenaient le monopole de ce commerce.

Charrettes et haquets y transportaient le sel français en prove-
nance d’Arc-et-Senans et Salins-les-Bains vers Berne et le plateau
suisse. Plus sporadiquement, d’autres marchandises descendaient
la Côte, du vin de Bourgogne notamment. Le trafic montant, moins
intense, paraît se limiter à des transports locaux.
     En 1712, Leurs Excellences de Berne financent la remise en                                           2                                                                         3

état de la voie à ornières de la Côte de Vuitebœuf. Une trentaine
d’années plus tard, la route est considérée comme inadaptée aux
                                                                                                                                                           Nidau
conditions modernes du trafic. Les Bernois font alors le choix de          Arc-et-                                                                                          Büren
                                                                           Senans                  Passage du Chalamont
concentrer le transport du sel sur la route de Ballaigues par le col
                                                                                                                                          Neuchâtel
de Jougne, qui bénéficie d’importants travaux de réfection et de                                    Le Souillot                                                             Berne
                                                                                      L’Entrepôt
correction entre 1745 et 1747.                                            Salins-                          Pontarlier
                                                                          les-Bains                                                                Morat
     Le chemin de la Côte de Vuitebœuf tombe dans un état d’aban-
                                                                                                                        Sainte-Croix
don avancé, jusqu’à ce que les ressortissants de Sainte-Croix et                                                            Vuitebœuf

de Bullet construisent à leurs frais une nouvelle route. Un long mur                  Le Magasin L’Auberson                       Yverdon-les-Bains
de soutènement, visible en amont de ce panneau, fait partie de ces
                                                                                                          Ballaigues      Lignerolle
                                                                                                                                                                                    4
aménagements. A sa base, un bloc porte la date de 1752.
                                                                         ▲ Salines  ■ Magasins et dépôts à sel ● Voies à ornières
                                                                         — Transport par terre - - - Transport par eau
Des fréquentations plus anciennes
Zone de passage et zone stratégique de frontière, la région de
Sainte-Croix est occupée dès la Préhistoire, comme l’attestent dif-
férentes découvertes archéologiques.
      Les nombreux clous de chaussures et divers objets récoltés en      Des voies à ornières existaient-elles déjà à cette époque ? Les rai-
prospection de surface montrent une fréquentation intense de la          nures antérieures à la dernière réfection du début du XVIIIe siècle ne
Côte de Vuitebœuf durant la période romaine. Les mêmes indices           peuvent malheureusement être datées qu’en chronologie relative,
se retrouvent au col des Etroits, entre Sainte-Croix et L’Auberson.      si bien qu’une origine romaine ou médiévale est difficile à établir.
Via salina - voies historiques de la Côte de Vuiteboeuf - Sainte-Croix
1. Profil schématique présentant la succes-
sion de voies à rainures de la génération 9
(la plus ancienne) à 1 (la plus récente).
Lorsqu’une voie à rainures était usée, elle
était remplacée par une nouvelle directement
en-contrebas. Lors de ce processus, l’ancienne
voie à rainures était presque complètement
démolie, excepté l’ornière amont.
Les deux dernières générations de voies ont
été construites en taillant le talus rocheux vers
l’amont. En effet, la pente aval, trop abrupte,
ne permettait plus de déplacement de la voie
en direction de la vallée.

2. Le type de véhicule utilisé sur les voies
à ornières était la charrette à brancards et
à un essieu.
© DESSIN : T. NIGG, AS 2 1979 2                                           1

3. Plusieurs générations d’ornières taillées
dans le roc sont encore visibles.
Des marches ont parfois été taillées pour
faciliter le cheminement des animaux de trait
et des charretiers et leur éviter de glisser.
© PHOTO : VIA STORIA

4. Des pavages de gros blocs ont été
aménagés par endroits.                                                    2
© PHOTO : VIA STORIA

Un secteur remarquable des voies à ornières
PANNEAU 2

---

Sur ce tronçon, jusqu’à 30 rainures creusées dans le calcaire affleu-
rant peuvent être observées. Par endroits, des pavements ont été
aménagés avec de gros blocs, dans lesquels des ornières sont éga-
lement marquées.

Les voies à ornières peuvent être comparées à des rails de tram : le
guidage des roues des chars se fait grâce à des rainures taillées
dans le sol rocheux. Avant le début du XIXe siècle, les véhicules ne
possédaient pas encore de freins avec arrêt contrôlé de la rota-
tion des roues. A la descente, on bloquait une roue au moyen de
chaînes, et le chariot était traîné jusqu’en bas de la pente. Si les
roues n’étaient pas guidées, il n’était pas rare, sur cette surface
rocheuse, que le véhicule sorte du chemin.
                                                                          3
       L’usure provoquée par le passage répété des chariots et des
animaux de trait ainsi que par l’érosion était très importante. La
durée de vie de ces voies à ornières ne dépassait guère quelques
décennies, raison pour laquelle de nouvelles rainures étaient régu-
lièrement aménagées.
       La voie la plus récente présente des rainures jumelles intactes.
Par endroits, on remarque des marches entre les ornières pour facili-
ter le passage des bêtes de trait. Ces aménagements correspondent
à la description des travaux à accomplir, faite par le Capitaine von
Diesbach avant la réfection de 1712.

                                                                          4
Via salina - voies historiques de la Côte de Vuiteboeuf - Sainte-Croix
1

                                    1. Les 12 générations de voies les plus          2. Photo du passage-clé avec mise en                            3. Mesures précises de l’écartement
                                    récentes sont mises en évidence sur ce           évidence des ornières.                                          des ornières.
                                    relevé photogrammétrique.                        La numérotation va des tracés les plus récents                  Cet appareil a été mis au point spécialement
                                    (am = amont; av = aval)                          (1 et 3) aux plus anciens (12).                                 dans le cadre d’un projet d’étude de ces voies,
                                    On distingue très bien le tracé d’évitement 3,   La lettre t signifie ornière aval, b ornière amont.             mené entre 1997 et 2001 par Via Storia
                                    contemporain du tracé 1.                         Dix-huit ornières supplémentaires, plus                         et soutenu par le Fonds national suisse de
                                    © RELEVÉ : O. FEIHL, ARCHEOTECH SA               anciennes, ont été repérées en amont, mais ne                   la recherche scientifique.
                                    © DESSIN : C. LAURENT, ARCHÉOLOGIE CANTONALE     sont pas visibles sur la photo. Leur mauvais                    © PHOTO : VIA STORIA
                                                                                     état de conservation n’a pas permis de prendre
                                                                                     des mesures.
                                                                                     © PHOTO ET DESSIN : VIA STORIA

Le passage-clé
PANNEAU 3 SUR PAVILLON

---

Une trentaine d’ornières successives ont pu être repérées et carto-                                                                                 7b
                                                                                                                                               7t
graphiées à cet endroit, l’un des plus impressionnants et des plus                                                                        6b
                                                                                                                                     5b                  8b                    12b
complexes de tout le réseau de voies à rainures.                                                                   1t
                                                                                                                           1b
                                                                                                                                6t
                                                                                                                                                                              12t

Des mesures systématiques ont été effectuées sur les 12 tracés                                                                                                     9b
                                                                                                                                                                        10b
                                                                                                                                                                                                12t
les plus récents. L’écartement des roues des véhicules varie entre
109 et 115 cm. Il a globalement diminué au cours du temps. Les 18
                                                                                                                                                                                      11b
paires d’ornières plus anciennes repérées en amont n’ont pu être
                                                                                               1t
mesurées en raison de leur mauvais état de conservation, dû à la
friabilité de la roche.                                                                               1b   2b                                                 6b
     Un tracé d’évitement (n° 3) a été aménagé afin de permettre le                                                                                   5b
                                                                                                                                                    4b
                                                                                                                                                                                             10b
croisement des véhicules. Il rejoint le tracé principal à 80 m plus en
aval. En 1712, Leurs Excellences de Berne insistèrent en effet pour
que soit ménagée de place en place une telle possibilité afin que
les chars puissent se croiser.                                                                                                                                                7b        8b/9b
                                                                                                                                                                        3b                             2
     D’une largeur de 4.5 à 5.5 cm, les rainures les plus récentes
sont profondes de 5 à 20 cm.
     Comment se sont-elles formées ?
     Certains chercheurs pensent qu’elles sont artificielles, c’est-
à-dire qu’elles ont été taillées dans la roche de main d’homme.
D’autres sont d’avis qu’elles ont été creusées par le frottement per-
manent des roues bloquées pour la descente.
     Une formation combinée est l’hypothèse la plus vraisem-
blable : une encoche taillée artificiellement dans le rocher permettait
au début un guidage correct des roues, qui, de leur côté, creusaient
davantage les ornières par pression et frottement.
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1. « Charte der Gegend von Iferten nach
Joigne », env. 1668.
On reconnaît le tracé antérieur à 1760, dont
la pente avait une inclinaison de plus de 16 %.
Un embranchement rejoint Bullet.
Les vestiges du château médiéval incendié
en 1475 par les Confédérés sont figurés au
sommet de la Côte de Vuitebœuf (actuel
hameau du Château).

2. « La Côte de Vuitebœuf avec les bois
de LL.EE. », XVIIIe siècle (ACV, GC 279)
On distingue le « Grand Chemin de Sainte-
Croix » (voies à rainures) et le « Nouveau
Chemin de Sainte-Croix », décrivant plusieurs
virages, construit autour de 1760.

Les chemins creux et la chaussée du XVIIIe siècle
PANNEAU 4                                                                                                                                   1

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A proximité de l’embranchement du vieux chemin à destination de
Bullet, l’évolution des tracés routiers successifs est frappante.

Trois profonds chemins creux font partie du tracé doté d’un seul
grand virage antérieur à 1760. Des rainures taillées dans le rocher
y ont été repérées dans plusieurs sondages.
      Lorsque cet axe est abandonné par les Bernois vers 1745, une
partie de la population de Sainte-Croix, qui vivait du convoyage
des marchandises, tombe soudain dans la misère. Les appels à
l’aide de la commune ne sont guère entendus, et ce sont finalement
les habitants de Bullet et Sainte-Croix qui, avec la permission de
Berne, assument dans les années 1760 la construction d’une nou-
velle route.
      Pourvue de lacets qui réduisent le pourcentage des pentes,
elle est d’une largeur constante de 4 mètres, et suscite l’admiration
par l’importance de ses murs de soutènement en gros blocs. Les
deux communes réalisent ainsi le tour de force de créer dans la
Côte de Vuitebœuf la première route moderne ouverte à tous types
de véhicules.                                                                                                                               2

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1. Sur une publicité datant probablement      2. Des deux côtés du sentier actuel (E),
de la fin du XIXe siècle, une vue du hameau   des chemins creux parfois profonds de
du Château, au sommet de la Côte,             près de 4 mètres sont encore visibles.
et de la route empruntée par les diligences   Des sondages ont montré la présence
et les vélocipèdes.                           de pavages et de rainures, attestant que
PHOTO : ASSOCIATION CALIGAE, GROUPE DE        ces voies étaient carrossables.
RECHERCHE SUR LA RÉGION DE SAINTE-CROIX
DURANT L’ANTIQUITÉ

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Des chariots aux automobiles : des siècles d’utilisation
PANNEAU 5

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En délaissant la grande route pour emprunter le sentier pédestre Les routes avant 1760
qui gravit les pentes boisées de la Côte de Vuitebœuf, le promeneur Avant 1760, le trafic se faisait sur les voies dites à ornières : des
peut observer des aménagements inhabituels : imposants chemins rainures ou ornières étaient creusées dans le rocher et servaient
creux, rainures taillées dans le rocher, murs de soutènement …         à diriger les roues des chars. Au cours des siècles, elles ont été
Ils témoignent de la longue histoire de ce passage, emprunté depuis maintes fois réaménagées, formant un réseau complexe de 1.5 km
des siècles par les voyageurs, les soldats et les convois de marchan- de long. Ces tracés gravissent la Côte en ne formant qu’un seul
dises. Les tracés successifs ont été créés en fonction de l’évolution virage. Leur pente moyenne est de plus de 16 %.
des moyens de transports : piétons et mulets, chariots tractés par des      Les voies à ornières de Vuitebœuf forment le réseau le plus
chevaux ou des bœufs, diligences puis automobiles.                     étendu de Suisse. Elles sont encore bien visibles dans le haut de la
                                                                       Côte. Plus bas, les rainures sont enfouies sous la terre et n’ont été
La route cantonale actuelle                                            repérées que dans des sondages limités.
Construite en 1838, elle est dotée de neuf virages en épingle à che-        La datation de cette succession de voies reste ouverte. Si les
veux, avec une pente moyenne de plus de 5 %.                           documents d’archive montrent qu’elles ont été utilisées jusqu’au
      Malgré de nombreuses réfections, des éléments de la route milieu du XVIIIe siècle, la date de leur première fréquentation est
d’origine tels que murs de soutènement, parapets et bornes kilo- incertaine.
métriques sont encore conservés par endroits.
      A Grange de la Côte, la grande maison en aval de la route
était un relais pour les diligences.

La route des années 1760
L’avant-dernière génération date du XVIIIe siècle et a été réalisée
d’après des critères d’ingénieurs. Plus raide que la route du XIXe
siècle (sa pente est de 12 % en moyenne), elle comporte une chaussée
et des murs de soutènement en pierre sèche.
Elle est encore utilisée sur certains tronçons comme chemin forestier.
totem d’information :   pavillon : plan du sol
élévation + coupe

pavillon : coupe        pavillon : élévation

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06 / 2014
#107 _ VIA SALINA – CÔTE DE VUITEBŒUF – SAINTE-CROIX

COMMISSION DE CONSTRUCTION                  MANDATAIRES                                SOUTIEN
CONCEPT ET RÉALISATION                      INGÉNIEUR CIVIL                            VIA STORIA
FRANÇOIS SILVA CHEF DE PROJET SIPAL         2M INGÉNIEURS YVERDON-LES-BAINS            PATRIMOINE SUISSE
                                            GRAPHISTE
RÉDACTION DES PANNEAUX                      CARRÉMAT YVERDON-LES-BAINS                 ÉTUDE ET CONSEIL
CARINE WAGNER CONSERVATRICE                                                            ÉCOLE TECHNIQUE DU BOIS BIENNE
DU PATRIMOINE ARCHÉOLOGIQUE SIPAL           ENTREPRISES                                ÉTUDIANTS GROUPE 4 :
                                            MAÇONNERIE                                 DANIEL BLATTNER
                                            FANTOLI CONSTRUCTION BONVILLARS            MARCEL STRASSMANN
                                            CHARPENTE                                  IVO TOGNELLA
                                            FAVRE SA POMY                              ADRIAN WENGER
                                            SIGNALÉTIQUE
                                            CARRÉMAT YVERDON-LES-BAINS
                                            SERRURERIE
                                            EPO – FABIAN GASSER ORBE

PUBLICATION DU SERVICE IMMEUBLES, PATRIMOINE ET LOGISTIQUE                             graphisme                      impression                          photographie
10, place de la Riponne CH -1014 Lausanne                                              hersperger.bolliger            PCL Presses Centrales SA            Anne-Laure Lechat
                                                                                       Vevey                          Renens                              Lausanne

COÛTS DE L’OPÉRATION                                              RATIOS                                                           TYPE D’INTERVENTION
                                                                  VIA SALINA – CÔTE DE VUITEBŒUF – SAINTE-CROIX                    CONSTRUCTION NOUVELLE

CFC   LIBELLÉ                               MONTANT           %   BÂTIMENT                                                         ÉTIQUETTE ÉNERGIE            CALCULÉE   MESURÉE

                                                                  SP     Surface de plancher                  m2           6.25          A                         [ ]        [ ]
2     Bâtiment                                44'000       100    SUP    Surface utile principale             m   2        6.25           B                        [ ]        [ ]
                                                                  VB     Volume bâti SIA 416                  m3           15.6               C                    [ ]        [ ]
      COÛT TOTAL DES TRAVAUX                  44'000 100.00       Coût par m2 (SP)        cfc 1– 9       chf / m2         7'040               D                    [ ]        [ ]
                                                                  Coût par m3 (VB)        cfc 1– 9       chf / m3         2'820                   E                [ ]        [ ]
                                                                                                                                                      F            [ ]        [ ]
                                                                                                                                                          G        [ ]        [ ]

                                                                                                                                                                   ( pas concerné)
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