VIENS JE T'EMMÈNE 5 place Camille Jullian 33000 Bordeaux www.cinemas-utopia.org 05 56 52 00 03 - Cinéma ...

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5 place Camille Jullian 33000 Bordeaux • www.cinemas-utopia.org • 05 56 52 00 03 • bordeaux@cinemas-utopia.org

  VIENS JE T’EMMÈNE

  Alain GUIRAUDIE                              l’époque trouble et un rien inquiétante       ter simultanément le rire et le sentiment
  France 2021 1h40                             que nous traversons. Une époque où            de toucher précisément aux zones sen-
  avec Jean-Charles Clichet, Noémie            la suspicion généralisée remplace par-        sibles de notre société. Avec l’histoire
  Lvovsky, Iliès Kadri, Michel Masiero,        fois l’idée de « vivre ensemble », où l’ac-   de Médéric, un trentenaire clermontois
  Doria Tillier…                               tualité saturée de menaces parasite nos       en quête d’amour alors que des atten-
  Scénario d’Alain Guiraudie avec              relations. Et quelle meilleure forme pour     tats plongent la ville dans la stupéfac-
  l’aide de Laurent Lunetta                    traiter de choses sérieuses que celle de      tion, Guiraudie signe (après L’Inconnu
                                               la comédie ? En la matière, il faut recon-    du lac et Rester vertical) un retour à la
  Quelle providence ! Il fallait bien un ci-   naître qu’Alain Guiraudie a l’art de po-      pure comédie où les apparences se ren-
  néaste de la singularité d’Alain Guiraudie   ser les situations avec juste ce qu’il faut   versent à mesure que chacun assume
  pour jeter un regard libérateur sur          de décalage et d’absurde pour susci-          ses désirs les plus enfouis.

     No 220 du 2 mars au 5 avril 2022 / Entrée: 7€ / La 1re séance: 4,50€ / Abonnement: 50€ les 10 places
VIENS JE T'EMMÈNE 5 place Camille Jullian 33000 Bordeaux www.cinemas-utopia.org 05 56 52 00 03 - Cinéma ...
VIENS JE T’EMMÈNE                                                                                 À Bordeaux, Mercredi 23
                                                                                                  MARS à 14h, UN PROCÈS
                                                                                                 POUR « VOL DE COMPTEUR
                                                                                                  LINKY » ET POUR « DÉLIT
                                                                                                      DE SOLIDARITÉ »
                                                                                                 Il y a un an, le 3 novembre 2020,
                                                                                                   notre ami Stéphane Lhomme a
                                                                                                   été appelé en urgence par une
                                                                                                   personne vulnérable de son vil-
                                                                                                  lage de Saint-Macaire, confron-
                                                                                                    tée aux sous-traitants d’Ene-
                                                                                                   dis qui voulaient lui imposer un
                                                                                                            compteur Linky.
                                                                                                     Arrivé sur place, Stéphane a
                                                                                                  alors « confisqué » le Linky pen-
                                                                                                  dant quelques minutes avant de
                                                                                                   le remettre volontairement aux
                                                                                                 gendarmes qui avaient été appe-
                                                                                                            lés auparavant.
                                                                                                    L’affaire semblait close – au-
Lundi 28 Mars, après la                                                                           jourd’hui encore cette dame bé-
                                                                                                   néficie de son bon vieux comp-
projection de 20h15, discussion                                                                   teur ordinaire ! – mais quelques
à bâtons rompus entre les                                                                         temps plus tard, Stéphane a été
spectateurs et une ou plusieurs                                                                      convoqué par la justice pour
                                                                                                      « vol de compteur Linky ».
membres de l'équipe d'Utopia                                                                       Après avoir refusé les mesures
                                                                                                    préalables à l’imposition d’un
Comme toujours chez le réalisateur avey-       quoi avoir laissé entrer cet intrus ? Si          bracelet électronique (!) et rejeté
ronnais, politique et sexualité ne sont ja-    on commence, saura-t-on s’arrêter ? Et            la « reconnaissance préalable de
mais très éloignés. La preuve, une fois de     maintenant qu’on en est là, ne devrait-            culpabilité », Stéphane Lhomme
plus, avec l’itinéraire d’un type parfaite-    on pas lui fournir une couverture ? Alors              passe en procès Mercredi
ment ordinaire tiraillé entre un climat mo-    que la menace plane sur la ville, chacun
rose et le besoin de s’en évader…              surréagit comme si le problème du ter-
                                                                                                            23 mars à 14h.
Les corps, chez Alain Guiraudie, sont          rorisme tout entier se trouvait dans le                De toute évidence, outre la
toujours loin des stéréotypes cinémato-        hall de l’immeuble… Médéric n’en ou-                 problématique du Linky, c’est
graphiques. C’est même l’enjeu de ses          blie pas pour autant son histoire d’amour            aussi le « délit de solidarité »
films : construire un autre rapport à nos      naissante. Sa courte relation empêchée
perceptions. En l’occurrence, le corps de                                                            qui est en jeu : de nos jours,
                                               avec Isadora a suffi à attiser son dé-
Médéric est moyen en tout point : rien         sir. D’autant que notre soupirant se met           particulièrement en Macronie, il
d’athlétique, survêtement moulant avec         en tête de sauver cette femme qui lui               est très mal vu d’être solidaire
bandes réfléchissantes, cheveux clairse-       semble prisonnière d’un mari tyrannique.              de ses concitoyens, et c’est
més assortis d’un bandeau en lycra, re-
gard maussade… On peine à le croire,
                                               Il va lui falloir enquêter et traiter en paral-       encore plus suspect lorsque
                                               lèle le cas du sans-abri qui, entre temps                 c’est bénévolement !
mais il vient d’interrompre son jogging        et par des détours savoureux qu’on vous
pour déclarer en pleine rue sa flamme à        laisse découvrir, s’est retrouvé à squatter       Si vous êtes disponible, n’hésitez
Isadora, une prostituée d’une cinquan-         son canapé…                                         pas à venir soutenir notre « re-
taine d’années qu’il ne connaît visible-
ment pas plus que ça. Effet de surprise                                                           pris de justice » et surtout à dé-
ou prime au culot, toujours est-il qu’Isa-     De situations ordinaires en étrangetés            noncer la mise à mal des libertés
                                               répétées, le film de Guiraudie brouille
dora accepte de voir Médéric « hors tari-
                                               habilement l’intime et le politique pour
                                                                                                  fondamentales dans ce pays de
fication ». Mais l’acte est interrompu par                                                            plus en plus sous contrôle.
une terrible nouvelle : un attentat a été      confronter tous les personnages à leurs
commis à deux pas de là, au centre-ville.      aspirations les plus profondes. La mise
La nuit avance, les médias virent à la pa-     en scène assume pleinement le registre                 11h – Cinéma Utopia :
ranoïa. Médéric rentre chez lui et trouve      comique, voire boulevardier, avec une                  Conférence de presse
un sans-abri sur le pas de l’immeuble,         maîtrise qu’on aurait tort de sous-esti-                  ouverte au public
un « Arabe » comme il se présente lui-         mer. Comme si Guiraudie endossait se-
                                               reinement l’exercice, confiant que son
                                                                                                  12h45 (si le temps le permet)
même, qui lui demande à pouvoir pas-                                                              Pique-nique devant le Tribunal
ser la nuit dans la cage d’escalier. Et tout   style franc-tireur percera inévitablement
moyen qu’il est, Médéric hésite un ins-        les codes du genre. Pari réussi tant le           de Grande instance de Bordeaux
tant : un peu emmerdé mais saisi d’un          film affiche une fantaisie jubilatoire et un           (rue des frères Bonie)
élan d’humanité, un peu méfiant mais           regard frondeur qu’on ne rencontre que              13h30 – Rassemblement de-
atteint d’un vague sentiment de culpa-         chez les grands cinéastes humanistes
bilité. Il accepte de lui ouvrir la porte et   (on pense notamment à l’humour d’un                vant le Tribunal de Grande ins-
c’est le début d’une situation qui va ga-      Kaurismaki). Viens je t’emmène : comme                   tance de Bordeaux
gner tout l’immeuble. S’en suit une dis-       un appel de Guiraudie à lâcher les rênes           14h – Procès contre Stéphane
cussion impayable entre voisins : pour-        de nos désirs tétanisés. On le suit !               Lhomme, « voleur de Linky »
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BELFAST
Kenneth BRANAGH                               nos propres imaginations. On admire            Cela bascule très vite, à l’heure du goû-
GB 2021 1h39 VOSTF Noir & blanc               la maestria de la photographie, tout en        ter. Ce sont d’abord des images floutées
avec Caitriona Balfe, Jamie Dornan,           l’oubliant au fur et à mesure que le ré-       dans la tête d’un Buddy soudain hale-
Jude Hill, Ciarán Hinds, Judi Dench…          cit nous submerge, comme l’Histoire            tant, un incompréhensible brouhaha qui
                                              va engloutir la jovialité de la population     bourdonne, puis dont émergent distinc-
Kenneth Branagh réalisateur nous livre        des « Interfaces », les quartiers mixtes       tement deux phrases : « S’il vous plait
ici l’une de ses œuvres les plus accom-       habités à la fois par des catholiques et       on a rien fait ! » et « Faites rentrer les
plies, en même temps que la plus in-          des protestants. Nous voilà ramenés en         enfants ! ». En même temps qu’éclatent
time : « Je me suis perdu pendant pas         1969, à hauteur de l’enfant que fut le ré-     les cocktails Molotov, déferle un flot de
mal de temps, je crois. Ça m’a pris           alisateur. Buddy, son possible alter ego,      violence larvée, trop longtemps accu-
du temps pour retrouver mon chemin            a 9 ans, respire au rythme de son micro-       mulée. Les mères crient, celle de Buddy
jusqu’à la maison, et avec ce film j’y        cosme rassurant : une famille aimante,         aussi, elle d’habitude si légère et gaie.
suis arrivé », constate-il. Nous voilà par-   bosseuse, des grands-parents déca-
dessus les toits de sa ville natale, une      pants auxquels on peut tout confier…           La toile de fond est installée, constituée
Belfast très photogénique, majestueuse        Les seules images qui lui parviennent          de cette joie de vivre mâtinée d’une ten-
et gentrifiée, loin de sa réputation de na-   du vaste monde le font rêver. Tandis que       sion qui va aller en s’amplifiant, entre
guère, avec ses sculptures, ses musées,       L’Homme qui tua Liberty Valance l’im-          deux moments de liesse populaire qui
son port industriel à la géométrie bigar-     pressionne sur grand écran, un homme           font sens. Car les fins de mois ont beau
rée. On ne voit plus guère de traces de la    marche sur la lune à la télé. Dans la rue      être difficiles, elles resteront néanmoins
classe ouvrière paupérisée, sinon dans        grouillante, les mioches jouent à être         longtemps joyeuses et solidaires, ca-
quelques fresques murales commémo-            cowboy, footballeur ou super héros. Ici        tholiques et protestants dansant cœur
ratives. C’est Belfast la résiliante que      tout le monde se salue, se connait, veille     contre cœur, main dans la main. D’autant
nous découvrons, loin des images de           sur la progéniture des voisins. La poli-       que pour notre jeune héros sonne aus-
guerre civile gravées durant les trois dé-    tesse domine, même si l’on garde ra-           si le temps des amours, les toutes pre-
cennies des « troubles » qui ont déchiré      rement la langue dans sa poche, et le          mières où l’on est trop novice pour
l’Irlande du Nord jusqu’à la signature de     garçon a un vrai sens de la répartie, un       aborder l’objet de son cœur, sans pour
l’accord du Vendredi saint, en 1998.          humour et un accent bien irlandais déjà        autant savoir cacher ses sentiments.
                                              empreints de fierté ouvrière.                  Au travers du récit intime, se dessine un
Puis l’œil de la caméra plonge dans une       Mais ces souvenirs idylliques vont s’enta-     pan d’Histoire collective et il n’est pas
autre temporalité, franchit l’un des murs     cher d’un sentiment d’incompréhension          anodin que ce merveilleux film soit por-
de la paix qui sépare deux époques            et d’injustice, premier exil loin des terres   té par des acteurs qui, comme leur réa-
comme il séparait jadis les pratiquants       insouciantes de l’enfance. Les boucliers       lisateur, ont vécu cette période trouble,
de deux religions ennemies. On est sai-       improvisés des chevaliers pourfendeurs         tels Jamie Dornan et Ciarán Hinds… Le
si par un noir et blanc si limpide et sin-    de dragons imaginaires vont s’avérer de        tout bercé par la musique d’un autre ori-
cère qu’il s’enlumine des couleurs de         frêles protections contre la froide réalité.   ginaire du lieu : Van Morrison.
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UTOPIA PASSE À DROITE... (... de la Garonne)                                     tantes avant de vous en parler, no-
                                                                                 tamment une procédure légale de
                                                                                 mise en concurrence qui a pris fin
                                                                                 en décembre dernier par la valida-
                                                                                 tion à l’unanimité de notre propo-
                                                                                 sition en conseil municipal, et sur-
                                                                                 tout l’assurance que les structures
                                                                                 occupant actuellement le Château,
                                                                                 regroupées dans l’Office Culturel et
                                                                                 d’Animation de Cenon, se verraient
                                                                                 proposer des solutions satisfai-
                                                                                 santes pour poursuivre leurs activi-
                                                                                 tés dans d’autres locaux : c’est dé-
                                                                                 sormais en bonne voie.

                                                                                 Alors, où en sommes-nous, et c’est
                                                                                 pour quand ? Ça va demander ima-
                                                                                 gination, prudence et engagement.
                                                                                 On avance par pallier. Il va d’abord
                                                                                 falloir qu’on aille voir de plus près
                                                                                 comment ce château est fait et si
                                                                                 on peut raisonnablement y faire
                                                                                 ce qu’on a imaginé sur le papier :
                                                                                 à savoir environ 250 sièges répar-
Que les amoureux du centre histo-        comme prisme pour comprendre le         tis en trois petites salles au charme
rique de Bordeaux et les habitués        monde, comme outil de réflexion et      intemporel dans l’esprit d’Uto-
de nos vieux murs se rassurent :         de remise en question.                  pia, avec certainement un petit ca-
on ne va pas vous annoncer qu’on                                                 fé donnant sur ce parc magnifique
abandonne notre chère église             Ces quelques idées ont trouvé écho      qu’on prendra soin de préserver.
Saint-Siméon…                            sur les hauteurs de Cenon à l’oc-       L’implantation telle qu’on la conçoit
Mais ça nous trottait dans la tête       casion de collaborations répétées       sera nécessairement raisonnée, hu-
depuis un moment et voilà que            avec le Rocher de Palmer, avec qui      maine et écologique. Il va aussi fal-
maintenant, l’idée prend des allures     nous organisons depuis 2016 des         loir confirmer ce qu’on a imaginé
concrètes. Alors on va vous racon-       séances hors les murs. À un rythme      pour financer le projet, à commen-
ter, si on arrive à retrouver le début   modeste, quelques dimanches par         cer par le soutien des mécanismes
(il y a eu de grosses interruptions      an, on a peu à peu découvert une        et partenaires qui ont historique-
dues à la situation sanitaire), ce qui   population dynamique, un fort an-       ment permis à Utopia de consoli-
nous amène à envisager une drôle         crage culturel et un tissu associa-     der ses actions (le fonds de sou-
d’aventure, aussi enthousiasmante        tif local remarquablement dense.        tien du Centre National du Cinéma,
qu’intimidante : franchir la Garonne     En un mot, l’aventure s’est révélée     l’IFCIC et le Crédit Coopératif), mais
et créer un Utopia dans le Château       humainement passionnante. Ce fut        aussi en sollicitant des coups de
Palmer, perché au cœur du parc du        aussi l’avis d’une équipe commu-        pouces locaux pour nous aider à
même nom à Cenon, sur les coteaux        nale motivée, réceptive à notre fa-     mettre le bateau à flots. Avec pour
de la rive droite qui surplombent        çon d’envisager les choses et prête     idée d’ouvrir à l’horizon 2025 ce ci-
Bordeaux. Nous-mêmes, on se              à nous proposer des lieux où nous       néma qui fonctionnera main dans
frotte les yeux quand on y pense,        installer de manière plus pérenne,      la main avec celui du centre ville de
on se demande si on n’a pas un peu       parmi lesquels le Château Palmer.       Bordeaux, dans la même ligne édi-
trop baigné dans la fiction. C’est       On apprit alors que cette belle bâ-     toriale, étoffée de toutes les pers-
bien possible, après tout… Et c’est      tisse, ancien château viticole de la    pectives qu’offre ce nouveau site.
sûrement ça qui nous plaît ! Car il y    fin du 18e siècle, nécessitait une      Vous en savez un peu plus mainte-
a dans ce projet quelque chose qui       importante mise aux normes que          nant, l’aventure s’annonce formi-
s’écrit, un élan qui aurait commen-      la ville ne pouvait assumer. On ima-    dable. Elle ne se construira pas sans
cé aux premières expérimentations        gina alors conclure un bail emphy-      vous à nos côtés. Dans la gazette,
utopiennes il y a bientôt 50 ans et      téotique afin que la ville reste pro-   nous vous donnerons régulière-
dont la cohérence nous semble au-        priétaire des lieux tout en nous        ment des nouvelles du projet. Nous
jourd’hui toujours intacte : propo-      permettant de rénover le château        serons aussi présents au Rocher
ser un cinéma sur mesure, loin des       et de le transformer en petit ciné-     de Palmer pour les deux prochains
complexes dévitalisés, un cinéma         ma, pour rien de moins que les 99       rendez-vous les dimanches 10 avril
indépendant, de qualité, abordable       prochaines années (oui les projec-      avec la projection du film Gagarine
et sans pub, nourri (sans pop-corn)      tions, c’est notre truc…). Il restait   et 15 mai avec le documentaire
de toutes les cultures. Un cinéma        à lever quelques questions impor-       Indes Galantes. À suivre !
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LICORICE PIZZA
Écrit et réalisé par Paul Thomas ANDERSON
USA 2021 2h13 VOSTF
avec Alana Haïm, Cooper Hoffman, Sean Penn,
Bradley Cooper, Benny Safdie, Tom Waits…

Flash back en 1973 dans la San Fernando Valley, le cœur du rêve
californien. Nous sommes dans un lycée américain typique et on découvre
au fil d’un superbe plan séquence le long rang d’oignons des élèves
mâles sur leur 31 pour la photo annuelle de classe. Et là, remontant la
file, s’avance une fille plus âgée qui fait s’écarquiller les yeux et se clouer
les becs. Alana est l’assistante (à qui on ne la fait pas) du photographe.
C’est alors qu’un des élèves, Gary, pourtant pas forcément le dragueur
attendu (il est rouquin et un peu rondouillard) sort du rang et entreprend la
belle pour l’inviter au restaurant, lui le morveux de quinze ans alors qu’elle
déclare en avoir 25, avec une assurance complètement décalée, déclarant
être un jeune acteur prodige, lui faisant un baratin éhonté tandis que le
génial travelling se poursuit…
On est constamment sous le charme de ce boy meets girl qui nous fait
croire que c’est la première fois qu’une histoire d’amour est racontée au
cinéma comme ça, sous le charme des deux personnages et de leurs
interprètes : la musicienne Alana Haïm et Cooper Hoffman, fils du regretté
Philip Seymour. C’est leur premier rôle au cinéma et ils sont à tomber.

LA LÉGENDE DU ROI CRABE
Écrit et réalisé par Alessio RIGO DE RIGHI et Matteo ZOPPIS
Italie / Argentine 2021 1h45 VOSTF
avec Gabriele Silli, Maria Alexandra Lungu,
Severino Sperandio, Bruno Di Giovanni…

La Légende du roi crabe renoue avec le bonheur des fables, des histoires
qu’on se raconte autour d’une table ou devant un feu de bois… Au xixe
siècle dans l’Italie rurale, Luciano, saint buveur devant dieu et diable, défie
les paysans du coin et l’autorité du Prince. Seule Emma, la plus belle fille
du village, accepte de l’aimer, malgré l’interdiction de son père. Après avoir
commis, dans un accès de fureur, un acte de rébellion irréparable envers
l’autorité, Luciano est exilé outre-Atlantique, en Terre de Feu argentine.
A la fable paysanne succèdent alors la quête aventureuse et le motif
de la perte de soi au cœur de l’immensité, digne du cinéma de Werner
Herzog. Entouré de mercenaires et d’orpailleurs, Luciano, sous une fausse
défroque de prêtre, cherche un trésor dans les solitudes de paysages
arides, avec pour seule boussole un animal totem : un crabe dont la
rumeur dit qu’il doit lui montrer le chemin…
Les somptueuses compositions des cadres, la picturalité des
plans composent un film qui est non seulement une joie pour l’œil,
mais une formidable agrégation de la réalité et de l’imaginaire.
(d’après M. Macheret, Le Monde)

AFTER BLUE                    (PARADIS SALE)

Écrit et réalisé par Bertrand MANDICO France 2021 2h07
avec Paula Luna, Elina Löwensohn, Vimala Pons,
Agata Buzek, Michaël Erpelding…

Des visions fantasmagoriques puissantes, des aventures d’une fantaisie
radicale : après Les Garçons sauvages, l’étonnant Bertrand Mandico
s’impose en alchimiste du cinéma, à la fois inventeur d’images et conteur
un peu sorcier. Il faut tous ces talents pour nous emmener sur la planète
After Blue, lieu d’exil pour une humanité qui a dû quitter la Terre, pourrie
par la pollution et les écrans connectés. Les mâles n’ont pas survécu au
changement : sur After Blue, leurs poils poussaient à l’intérieur… Mais les
femmes, qui avaient réussi à maintenir une politique zéro agression, sont
débordées par une créature violente, une cavalière « capable d’égorger
son cheval en écoutant du disco ». Elle se nomme Kate Bush.
Porté par un réjouissant délire, le film ne perd pourtant jamais son sérieux
et parvient à rendre vraiment troublante l’étrangeté omniprésente. En
pleine science-fiction, un western presque classique se met en place :
coiffeuse sur After Blue, Zora part pour une équipée vengeresse avec sa
fille Roxy, tombée sous le charme dangereux de Kate Bush, dont la tête
est mise à prix. Le voyage aura tout d’initiatique pour la jeune femme…
(F. Strauss, Télérama)
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Lundi 21 MARS à 20h15
                                                                      SÉANCE « PSYCHÉDÉLIQUE »
                                                                      proposée et présentée
                                                                      par l’artiste Nina CHILDRESS
                                                                      dans le cadre de son exposition Body Body
                                                                      au Frac Nouvelle-Aquitaine MÉCA
                                                                      Projection de LA PRISONNIÈRE
                                                                   Plusieurs films courts (clips musicaux et
                                                                   publicités) auxquels Nina Childress a participé
                                                                   pour les décors ou la figuration seront diffusés
                                                                   en première partie.
                                          Henri-Georges Clouzot, suite à l’impossibilité de terminer son film
                                        L’Enfer (1964), avec Romy Schneider, reprend pour La Prisonnière ses
                                       expérimentations cinétiques. Le début du film se situe dans une galerie
                                      d’art dont le modèle est la galerie Denise René, spécialisée dans l’Op-art.
                                     La séquence finale évoque un trip psychédélique. Nina Childress a peint en
                                      1985 et 1986 trois tableaux se référant explicitement à la La Prisonnière.
                                       Achetez vos places à l’avance au cinéma, à partir du Vendredi 11 Mars

                                    LA PRISONNIÈRE

                                    Henri-Georges CLOUZOT                         se dit tout. »
                                    France 1968 1h47                              Elle tombe sur l’inquiétant Stan (Laurent
                                    avec Elizabeth Wiener, Laurent Terzieff,      Terzieff), qui va l’attirer dans son trip SM.
Reporté au Vendredi 11 mars         Bernard Fresson, Dany Carrel, Michel          À cet égard, la toute première scène, où
                                    Etcheverry, Claude Piéplu…                    il manipule et déshabille des poupées,
à 19 h 30 - Marché des Douves       Scénario de H.G. Clouzot,                     fait redouter un symbolisme excessif.
Prix libre - ni gratuit ni payant   avec la collaboration de Monique              Mais Clouzot évite magistralement cet
   En partenariat avec l'UPB        Lange et Marcel Moussy                        écueil en mettant en scène la relation de
                                                                                  soumission consentie qui se noue entre
                                    Le titre n’est pas une référence prous-       Josée et Stan avec un art consommé de
                                    tienne. L’emprisonnement dont il est          l’expérimentation graphique… Ce qui in-
                                    question ici est accepté. Le décor est        téresse profondément Clouzot, c’est l’as-
 Mettez votre PUB                   celui de la libertaire fin des sixties (le
                                    tournage a lieu en plein mai 68). Josée
                                                                                  pect pervers que prend inéluctablement
                                                                                  toute relation passionnelle. Il conclut sur
dans la gazette                     (Elisabeth Wiener, alors à la mode) et
                                    Gilbert (Bernard Fresson) forment un
                                                                                  un constat amer : une histoire d’amour
                                                                                  est faite de deux fictions qui ont peu de
                                    couple affranchi : « Chacun est libre et on   chance de coïncider.
05 56 52 00 15
VIENS JE T'EMMÈNE 5 place Camille Jullian 33000 Bordeaux www.cinemas-utopia.org 05 56 52 00 03 - Cinéma ...
Cinéma de genre, Exploitation, OFNI, auteurs borderline...
Séance mensuelle du troisième type proposée par Monoquini
— lunenoire.org

TRAÎNÉ SUR LE BITUME
(DRAGGED ACROSS CONCRETE)
                                                Dimanche 6 MARS
Scénario, musique et réalisation

                                                à 20h
de S. Craig ZAHLER
USA /Canada 2018 2h39 VOSTF Couleur
avec Mel Gibson, Vince Vaughn, Tory
Kittles, Michael Jai White, Jennifer
Carpenter, Laurie Holden, Udo Kier,
Thomas Kretschmann, Don Johnson…
Inédit en salle

Tout juste sorti de prison, Henry Johns
revient chez lui pour découvrir que sa
mère, endettée jusqu’au cou, doit se
prostituer pour subvenir aux besoins de
son plus jeune fils handicapé. En paral-
lèle, deux inspecteurs de police che-
vronnés sont mis à pied suite à l’inter-
pellation brutale d’un suspect qu’un
anonyme a filmée et diffusée sur inter-
net. Mis sur la piste d’un trafic de stu-
péfiants auquel Henry a accepté de par-
ticiper, ils décident de se mettre à leur
propre compte pour doubler les truands
et ramasser le pactole…

Après le western horrifique Bone toma-
hawk (2015) et le thriller carcéral Section
99 (Brawl in cell block 99, 2017), S. Craig
Zahler confirme avec ce formidable
Traîné sur la bitume sa position de favo-
ri dans le cinéma américain contempo-
rain. Mais ici, américain n’équivaut pas
à hollywoodien, ou bien vraiment à sa
marge. Un rapide coup d’œil au choix de
ses acteurs – Kurt Russell dans son pre-
mier long-métrage et Mel Gibson pré-
sentement, deux énormes stars deve-
nues infréquentables suite à des prises
de position controversées – suffit déjà       (To live and die in L.A.), tout en élaborant   inconditionnel pour un proche transpa-
à percevoir le peu d’intérêt que Zahler       un style éminemment personnel et d’une         raît dans tous les interstices d’une toile
porte à la bienséance et au politique-        grande efficacité.                             de fond résolument sombre, chacun
ment correct. Et la vision de ses films en-   Le duo composé par Vince Vaughn et             portant la croix de ses espérances, aspi-
fonce le clou de son indépendance plus        Mel Gibson – dans un de ses meilleurs          rant à un bonheur et à une dignité que la
à la massue qu’au marteau : languides         rôles en flic bougon et opiniâtre – ne doit    société lui refuse.
et secs, tirés au cordeau, ils jouent sur     surtout pas cacher l’implacable partition      Déjà rompu en tant qu’écrivain (il est
une attente proprement infernale avant        chorale jouée par une galerie de person-       l’auteur de plusieurs romans parus en
un point de rupture aussi inévitable que      nages parfois furtifs mais qui marquent        France chez Gallmeister) à l’art de bros-
libérateur. Loin, très loin des canons de     le récit d’une empreinte absurde ou tra-       ser avec un sens maniaque du détail des
plus en plus formatés du cinéma domi-         gique. Aucun manichéisme ici : pas de          individus tiraillés par leurs désirs et leurs
nant made in USA. Adepte de la com-           bons, pas de méchants, chacun se dé-           contradictions, Zahler excelle ici à dé-
bustion lente, Zahler atteint avec ce         bat dans l’immense zone grise de l’exis-       ployer sur un ton parfois désinvolte des
troisième long-métrage un point d’incan-      tence où il serait illusoire d’attendre du     situations inextricables, capables de
descence ultime et propose une expé-          sens ou de la justice. Dans un tel climat      susciter autant le rire que l’effroi.
rience en tous points singulière et jouis-    de tension, de désespoir et d’affirmation      Ainsi, nourri par l’humanité de person-
sive, renouant avec un certain cinéma         virile de la violence, ce sont paradoxale-     nages prêts à tout pour s’en sortir, le
des années 70-80 dans la veine abrasive       ment les liens affectifs qui motivent les      suspense complexe de Traîné sur le bi-
et amorale des polars de Michael Mann         choix extrêmes auxquels les multiples          tume se dérobe pour mieux nous saisir
(Thief, Manhunter) et de William Friedkin     protagonistes doivent se plier. L’amour        dans ses surgissements sauvages.
VIENS JE T'EMMÈNE 5 place Camille Jullian 33000 Bordeaux www.cinemas-utopia.org 05 56 52 00 03 - Cinéma ...
VIENS JE T'EMMÈNE 5 place Camille Jullian 33000 Bordeaux www.cinemas-utopia.org 05 56 52 00 03 - Cinéma ...
DEUX FILMS DOCUMENTAIRES DÉCOUVERTS À L’OCCASION DU FIFIB 2021

                                                                       SOY LIBRE
                                                                       Film documentaire de Laure PORTIER
                                                                       avec Arnaud Gomez et Jacqueline Puygrenier

                                                                       C’est son frère Arnaud que Laure Portier a choisi de filmer
                                                                       dans son premier et très étonnant long métrage, Arnaud qui
                                                                       ne tient pas en place : malgré ses nombreux démêlés avec la
                                                                       justice, il ne peut s’empêcher de récidiver. Il tague un RER,
                                                                       vole un scooter et prépare son exil en Espagne.
                                                                       Entre Arnaud et Laure s’engage un face-à-face où chacun re-
                                                                       discute la position de l’autre. Le frère se demande pourquoi la
                                                                       sœur filme un moment qui lui paraît particulièrement anodin,
                                                                       ricane à l’idée d’une scène qui plaira aux « babas cool de la
                                                                       culture » (en l’occurrence, nous). Quant à la sœur, elle rappelle
                                                                       à l’ordre le frère lorsque celui-ci s’emporte dans des discours
                                                                       qui ne lui ressemblent pas : « Arrête Arnaud, c’est à moi que
                                                                       tu parles, pas à la caméra, qu’est-ce que j’en ai à foutre de
                                                                       Sarkozy… »

                                                                       Après avoir été cet adolescent sociologiquement déterminé,
                                                                       Arnaud mute, à la faveur de son exil. Il s’enfuit à Alicante, dé-
                                                                       laisse le français subi pour l’espagnol choisi, prend le relais de
                                                                       sa sœur et se filme lui-même. Il vit de menus larcins, devient
                                                                       SDF, on le retrouve au Pérou en train de piller des magasins.
                                                                       Très vite, les repères se brouillent : selon les scènes, le jeune
                                                                       garçon a les cheveux courts ou longs. C’est que, faisant fi de
                                                                       la chronologie, la cinéaste filme son frère tel qu’elle le voit,

NOUS
                                                                       un héros épique qui parcourt le monde. Dans son errance,
                                                                       Arnaud se réinvente : ce n’est plus son environnement qui le
                                                                       détermine, mais cet élan vital qui le porte jusqu’au Pérou, à
                                                                       la recherche d’une chose indéterminée, une forme d’apaise-
                                                                       ment qui l’attendrait à un endroit du monde – il en est cer-
                                                                       tain… Si Soy libre est le cadeau d’une sœur à un frère, il se
                                                                       formulerait sans doute ainsi : tu es seul, mais je te regarde.
Film documentaire d’Alice DIOP                                         (M. Macheret, Le Monde)
France 2020 1h57

Un voyage le long de la ligne B du RER, à la rencontre de
                                                                                                                                        découv
celles et ceux qui habitent ces lieux indistincts que l’on ap-                                                                      rix

                                                                                                                            Utopia • P

                                                                                                                                              e rt
pelle la banlieue…                                                                                                                    PRIX

                                                                                                                                                  e d es s p
                                                                                                                                   DÉCOUVERTE
Que désigne ce « nous », dont Alice Diop fait le titre de son                                                                      2022
documentaire, inspiré plus qu’adapté d’un récit de voyage
                                                                                                                          d’
                                                                                                                                     ect
                                                                                                                                         ateurs
de François Maspero ? De la randonnée que celui-ci a effec-
tuée à travers la banlieue parisienne, il a rapporté en 1990 Les
Passagers du Roissy-Express, livre inclassable et d’une grande
justesse. Trente ans après, la cinéaste de La Permanence a
suivi à son tour la ligne B du RER qui traverse l’Île-de-France,
du Nord populaire où elle a grandi au Sud inconnu, qu’elle a
appris à découvrir. Prenant ses distances avec le texte, le film
dépasse la linéarité du road-movie et opte pour une forme
éclatée, à l’image d’une région dont les populations vivent
sans se mélanger les unes avec les autres.

De ses rencontres avec des mondes qui s’ignorent, Alice Diop
tire une douzaine de séquences parfaitement saisies, pareilles
à des tableaux. Le montage les confronte comme les parties
d’un tout, qui serait cette France chantée par Jean Ferrat à
la fin du film. Et l’on mesure alors l’ampleur du geste ciné-
matographique, qui aura réuni en moins de deux heures un
mécanicien malien d’Aubervilliers, les jeunes d’une cité écou-
tant Édith Piaf, la sœur de la réalisatrice, infirmière libérale ef-
fectuant sa tournée, des royalistes commémorant la mort de
Louis XVI dans la basilique Saint-Denis, le souvenir de Juifs
internés à Drancy dans l’attente de leur déportation vers les
camps de la mort… ou des chasseurs à courre de la vallée de
Chevreuse on ne peut plus exotiques, mais néanmoins partie
prenante de notre nation au même titre que tous les autres.
Tournant le dos à notre société gravement fracturée, Nous ac-
corde une place à chacun, dans un élan d’une grande audace
qui tient de l’utopie politique. (F. Ekchajzer, Télérama)
VIENS JE T'EMMÈNE 5 place Camille Jullian 33000 Bordeaux www.cinemas-utopia.org 05 56 52 00 03 - Cinéma ...
Mercredi 9 MARS à 20h30, première projection du film - CINÉMARGES CLUB #41
           Projection du film suivie d’un échange avec Christine Larrazet, Maître de Conférences
           à l’Université de Bordeaux en sociologie et science politique comparatives.
                                                                                                                                                 découv
                                                                                                                                             rix

                                                                                                                                     Utopia • P

                                                                                                                                                       e rt
                                                                                                                                               PRIX

                                                                                                                                                           e d es s p
                                                                                                                                            DÉCOUVERTE
                                                                                                                                            2022

                                                                                                                                   d’
                                                                                                                                              ect
                                                                                                                                                  ateurs

LES MEILLEURES
                                                                                                  lisent les affrontements à coup de discus-
                                                                                                  sions, d’écoute, de défis musicaux. Et c’est
                                                                                                  là que Nedjma va véritablement découvrir
                                                                                                  Zina, sa nouvelle voisine, l’antithèse de
                                                                                                  ce qu’elle est : plus extravertie, plus assu-
                                                                                                  rée, plus féminine, plus cultivée… et quelle
Écrit et réalisé par                              pénètrent sur certaines chasses gardées         voix ! Les deux s’observent, mues par une
Marion DESSEIGNE-RAVEL                            sans avoir été dûment cooptées. Pour son        attirance irrépressible, mais tout de même
France 2021 1h21                                  premier long métrage, Marion Desseigne-         en chiennes de faïence, puisqu’après tout,
avec Lina El Arabi, Esther Bernet-                Ravel s’attaque à une part d’intimité sociale   elles font partie de deux bandes rivales.
Rollande, Mahia Zrouki…                           jamais franchement dévoilée à l’écran, un       Mais certaines choses semblent en défi-
                                                  monde sans concessions où l’on peut voir        nitive plus fortes, des choses que Nedjma
Ici règnent des codes – ceux de l’adoles-         détruire en quelques secondes une réputa-       ne sait pas nommer, reconnaitre, encore
cence, ceux des réseaux sociaux, ceux             tion forgée longuement. En témoignent les       moins assumer. Le dilemme sera terrible.
du wesh, langage à part – qui tentent de          tags de l’immeuble où réside Nedjma avec        Comment vivre au grand jour cette rela-
s’émanciper de ceux des adultes. On se            sa mère sur-occupée et Leila, sa petite         tion sans tout perdre ? Leur premier ren-
colle des défis drôles, idiots, parfois re-       sœur à la complicité indéfectible… À l’ado-     dez-vous se fera loin des yeux indiscrets,
doutables. On se fout la honte et on a peur       lescence, on ne se construit déjà plus dans     sur le toit de leur immeuble, sous les étoiles
qu’elle retombe sur soi. Souvent au ciné-         le regard des parents, mais bien plus dans      d’une nuit complice…
ma étaient sur-représentées les aventures         celui des camarades du même âge, qui
masculines, voici que les réalisatrices d’une     ne font pas de cadeau. Alors, dans ce mi-       Dans une ambiance pop et bigarrée, la
nouvelle génération essaient de combler           cro-univers impitoyable, où nulle n’est sûre    trame de l’intrigue est plantée, complexe,
le manque de représentations féminines,           d’échapper très longtemps à la rumeur et        intelligente. Jamais il ne sera question de
loin des modèles préformatés. « Les meil-         aux caméras des téléphones portables,           véritable homophobie. Tout est plus dif-
leures », ce pourrait-être un surnom que          Nedjma file doux, sans raser les murs mais      fus que cela. Il n’empêche que Nedjma
des adolescentes se donnent pour se gal-          en se coulant dans le moule de la fille cool,   s’éloigne de ses amies, ne parle pas à sa
vaniser, affronter les arènes de la vie, celles   un brin asexuée, tantôt traînant avec son       mère… Et même si les temps changent, il
de leur quartier, pour se renforcer mutuel-       cercle de copines, tantôt jouant au foot        a été difficile de trouver de jeunes comé-
lement. À l’instar des blancs-becs qui es-        avec quelques gars des immeubles.               diennes pour interpréter certains rôles, par
saient de faire la loi sur leur territoire, les   Le seul havre de paix véritable semble          peur d’être stigmatisées. C’est à coup d’hu-
filles désormais se regroupent en bandes          être le local de l’association de quartier      mour et de courage que les filles devront
à accès très limité. Malheur à celles qui         où les éducateurs et éducatrices cana-          conquérir encore plus de place pour exister !
Et puis
on a sauté !
mar 8 > sam 12 mars
Texte Pauline Sales
Mise en scène Odile Grosset-Grange
[ à partir de 8 ans ]

Kind
mer 9 > ven 11 mars                                Invasion                           création

Un spectacle de Peeping Tom
Mise en scène Gabriela Carrizo
                                                   jeu 17 > sam 26 mars
et Franck Chartier                                 Un spectacle du collectif Crypsum
Séance en audiodescription 11 mars                 Texte Luke Rhinehart
En partenariat avec l’Opéra National de Bordeaux   Traduction Francis Guévremont
                                                   Conception, adaptation, mise en scène

Harlem Quartet                                     Alexandre Cardin, Olivier Waibel
                                                   En partenariat avec le Glob Théâtre
                                                   dans le cadre de leur saison Ici&là et l’IDDAC
mar 15 > ven 18 mars
                                                   La Mouette
D’après le roman Just Above My Head
de James Baldwin
Adaptation et mise en scène Élise Vigier
Traduction, adaptation et dramaturgie              mar 22 > sam 26 mars
Kevin Keiss                                        D’après Anton Tchekhov
                                                   Traduction Olivier Cadiot

People Under
                                                   Mise en scène Cyril Teste - Collectif MxM
                                                   Séance en audiodescription 25 mars

No King                     création

P.U.N.K.
mar 15 > sam 19 mars
                                                                                                        design Franck Tallon

Un spectacle de Renaud Cojo
Direction musicale David Chiesa                                                Théâtre national
                                                                       de Bordeaux en Aquitaine
En partenariat avec l’Opéra National de Bordeaux
                                                                           Direction Catherine Marnas
DEUX PROJECTIONS-RENCONTRES AVEC
  LE GRAND RÉALISATEUR UKRAINIEN SERGEI LOZNITSA
       organisées par l’Université Bordeaux Montaigne et ALCA Nouvelle-Aquitaine
             En présence du réalisateur Sergei Loznitsa, de Joël Chapron,
             traducteur, et de Clément Puget, Maître de conférences en cinéma
                       et audiovisuel, Université Bordeaux Montaigne.
                                       Comme chaque année, depuis sa création en 2005, le Master « Documentaire
                                       et archives » de l’université Bordeaux Montaigne reçoit un documentariste
                                       pour évoquer son œuvre et la manière dont son geste cinématographique
                                       relève autant d’une démarche de recherche que d’un désir de création artis-
                                       tique.
                                       Sensible aux usages de l’archive en documentaire, notre invité, Sergei Loznitsa,
                                       est tout aussi connu de la critique internationale pour ses films de fiction
                                       sélectionnés notamment au Festival de Cannes (My joy, Une femme douce,
                                       Donbass…) que pour son œuvre documentaire débutée en 1996. Passionné
                                       par la porosité manifeste entre « documentaire et fiction », le cinéaste ukrai-
                                       nien témoigne, film après film, d’une volonté constante d’interroger les images
                                       qu’il monte – particulièrement dans le cas de celles dites d’archives – plus
                                       que de les asséner au spectateur en tant que preuves (illusoires) du passé.
                                       Les deux projections prévues – de deux de ses documentaires les plus récents
                                       – nous offriront de (re)découvrir certains pans de l’Histoire de l’URSS durant
                                       la Seconde Guerre mondiale d’une part et au début des années 1950 d’autre
part. Mais au-delà de l’Histoire, c’est bien de la manière dont le cinéma documentaire accueille le réel qu’il sera
question au cours de ces projections-rencontres.
Mercredi 9 Mars à 20h

BABI YAR. CONTEXT
Film documentaire de Sergei LOZNITSA
Ukraine 2021 2h01 VOSTF

29 et 30 septembre 1941 : plus de 33 000 Juifs sont assas-
sinés par les membres de l’Einsatzgruppe C, de l’Armée alle-
mande, dans le ravin de Babi Yar, à proximité de Kiev.
Le documentariste est parti à la recherche d’images et d’ar-
chives multiples pour donner à voir un des événements les
plus marquants mais également invisible de la Seconde
Guerre mondiale.
Soucieux d’offrir au regard du public un matériau à interroger,
le film retrace le moment Babi Yar dans toute sa complexité
terrifiante et originelle. (Clément Puget)
                                                                  Jeudi 10 Mars à 20h

                                                                  FUNÉRAILLES D’ÉTAT
                                                                  Film documentaire de Sergei LOZNITSA
                                                                  Russie 2019 2h15 VOSTF

                                                                  Joseph Vissarionovitch Djougachvili, dit Staline, meurt le 5
                                                                  mars 1953. Il est enterré le 9 mars. Quatre jours de deuil sé-
                                                                  parent ces deux dates, dont Sergei Loznitsa choisit de rendre
                                                                  compte à l’aide des images filmiques tournées par les opé-
                                                                  rateurs officiels du pouvoir au cœur de l’événement. Ce film
                                                                  de montage d’archives donne à voir l’immense émotion du
                                                                  peuple soviétique à l’aune de l’extraordinaire culte de la per-
                                                                  sonnalité qui était en vigueur sous Staline. (Clément Puget)
Vendredi 11 MARS à 20h15
SOIRÉE-DÉBAT SUR L’ADOPTION
organisée par l’association Enfance et Familles
d’Adoption (EFA 33)
Projection de C’EST TOI QUE J’ATTENDAIS
suivie d’un débat avec Eva Sanz, Présidente
d’EFA 33, et Mireille Chatelard, Vice-Présidente
d’EFA 33. Achetez vos places à l’avance au
cinéma, à partir du Mardi 1er Mars.

C’EST TOI QUE
J’ATTENDAIS
Film documentaire de Stéphanie PILLONCA
France 2020 1h27

Sentiment censément universel dans nos civilisations, le dé-
sir d’enfant peut générer une écrasante tension quand il se

                                                                    LA MOUETTE
heurte aux obstacles qui peuvent l’entraver. C’est à ce croi-
sement où s’enchevêtrent joies et souffrances, espérances
et désillusions, miroirs de qui l’on est et de qui l’on sera, que
la réalisatrice a choisi de se placer, privilégiant une approche
plurielle à travers quatre trajectoires d’adoption.

                                                                    ET LE CHAT
Côté pile se trouvent deux couples engagés dans un proces-
sus d’adoption, l’un encore aux prémisses, dans l’anxiété des
entretiens et des visites évaluant sa candidature, l’autre ayant
déjà reçu un agrément mais attendant depuis près de trois an-
nées qu’un enfant lui soit confié. Deux couples qui racontent
des parcours personnels touchants, voire très émouvants.            Fim d’animation d’Enzo D’ALO
Côté face, le film donne la parole à une mère ayant accouché        Italie 1999 1h20
sous X : récit bouleversant d’une adolescente anglaise de 16        D’après la nouvelle de Luis Sepulveda,
ans tombant enceinte à son premier rapport sexuel, réussis-         Histoire d’une mouette et du chat
sant à cacher sa grossesse, accouchant seule dans l’appar-          qui lui apprit à voler (Editions Métailié)
tement des vacances de ski familiales en France et, en état
de choc, convaincue par ses parents de renoncer à son bébé.         DESSIN ANIME EN VERSION FRANCAISE
Elle rêve de retrouver ce fils près de 30 ans après. Une volon-     POUR LES ENFANTS À PARTIR DE 6 ANS
té poignante de renouer le lien qui est aussi celle d’un père
de famille français menant une enquête difficile sur la femme       Epuisée, empoisonnée et couverte de goudron par une nappe
inconnue qui lui a donné naissance sous X en 1972.                  de pétrole, une mouette s’effondre et pond un œuf, qu’elle a
                                                                    tout juste le temps de confier à Zorbas, un brave matou qui
                                                                    passait par là… Avant de mourir, elle a la force de lui faire
                                                                    promettre trois choses : il ne mangera pas l’œuf, il en pren-
                                                                    dra soin jusqu’à éclosion et il apprendra à voler au nouveau-
                                                                    né. Vous parlez d’une mission pour un chat ! Mais Zorba n’a
                                                                    qu’une parole et le voilà obligé de couver, puis bientôt papa
                                                                    d’un oisillon piailleur…

                                                                    Inspiré d’un classique de la littérature enfantine signé Luis
                                                                    Sepulveda et traduit en 12 langues, ce dessin animé est vrai-
                                                                    ment très sympa. Scénario farfelu et pas bête, graphisme
                                                                    chaleureux et original, ça fonctionne d’un bout à l’autre.
                                                                    L’éclosion du bébé mouette est un grand moment : l’oisillon
                                                                    sorti de l’œuf se jette au cou du matou en l’appelant maman !
                                                                    La chasse aux mouches (pour le nourrir) et les travaux pra-
                                                                    tiques (pour lui apprendre à voler) sont tout aussi hilarants.
                                                                    Ce mélange d’humour, de gentillesse… et de suspense, avec
                                                                    une armée de rats affamés qui guettent le zoziau, évite tout
                                                                    dérapage vers la niaiserie.

                                                                    Cela vaut aussi pour la bande son. Pour une fois, les comé-
                                                                    diens qui prêtent leur voix aux humains et aux animaux ne se
                                                                    sentent pas obligés de bêtifier. Ajoutons que la musique et
                                                                    les chansons, mêmes traduites en Français, sont épatantes.
JEAN-MICHEL LE CARIBOU
ET LES HISTOIRES D’AMOUR INTERDITES
Film d’animation de Matthieu AUVRAY France 2020 42 mn
Librement inspiré des albums de Magali Le Huche (Ed. Actes Sud)
Pour les enfants à partir de 4 ans - Tarif unique : 4 euros

Aïe, aïe, aïe !!! Marcel, le maire, décide d’interdire les histoires
d’amour : ça n’engendre que des problèmes et ça rend tout le monde
malheureux !
Interdire les histoires d’amour ? Jean-Michel n’est pas trop pour et sa
petite amie Gisèle non plus… Hélas, la répression commence. Notre
super-héros est fort et courageux, mais il y a tout de même une chose
qui peut le rendre vulnérable, comme le commun des mortels : l’amour
!
Le film aborde avec beaucoup d’humour la question des premiers
émois amoureux, mais surtout les questions de handicap et de
communication.
Les dialogues jouent sur la prononciation et le langage, la besace
du film est pleine de gags qui vont enchanter les enfants, tout en les
entraînant vers un propos très sérieux, et avec le plus grand respect.
Une jolie leçon à partager en famille !

PAS PAREIL... ET POURTANT !
Programme de 4 petits films d’animation
Suisse Allemagne Croatie 2021 Durée totale : 40 mn
Pour les enfants à partir de 3 ans - Tarif unique : 4 euros

Quatre histoires qui montrent que la différence est une richesse, et
qu’il ne faut surtout pas en avoir peur. Que notre couleur ne soit pas la
même, que l’on soit plus petit ou plus grand, chacun peut apporter sa
pierre à l’édifice et cohabiter pour le meilleur.
Noir et blanc : Malgré le rejet dont il est victime, un petit mouton noir
va aider un troupeau de moutons blancs à échapper aux vautours qui
les menacent...
La Corneille blanche : un corbeau blanc n’est pas le bienvenu dans
la famille des corbeaux noirs. Tout le groupe se moque de lui, mais rira
bien qui rira le dernier.
Le Moineau et l’avion de papier : un petit moineau se retrouve seul
pendant que sa maman est partie à la recherche de nourriture. Pendant
ce temps, il fait la connaissance d’un avion de papier...
Le Renard et l’oisille : un renard solitaire fait la connaissance d’un
oisillon à peine sorti de l’œuf. Drôle de rencontre, qui va s’avérer tout à
fait bénéfique...

PETIT VAMPIRE
Film d’animation de Joann SFAR
d’après ses albums de bande dessinée
France 2020 1h20
Pour les enfants à partir de 6 ans

Petit Vampire vit dans une maison hantée avec une joyeuse bande
de monstres plus ou moins craignos et néanmoins formidablement
intelligents et sympathiques… mais il s’ennuie sévère. Cela fait
maintenant 300 ans qu’il a 10 ans, il commence à se lasser. Son rêve ?
Aller à l’école pour se faire des copains et sortir de cette maison qui a
tout de la prison dorée. Mais ses parents ne l’entendent pas de cette
oreille : le monde extérieur est bien trop dangereux, même et surtout
pour un p’tit gars qui est un p’tit vampire. Accompagné par Fantomate,
son fidèle bouledogue, notre héros décide alors de s’échapper du
manoir en cachette, bien déterminé à rencontrer d’autres enfants…
Pour cette nouvelle réalisation haut de gamme, Joann Sfar a assemblé
un casting vocal quatre étoiles avec notamment Jean-Paul Rouve,
Camille Cottin et Alex Lutz… L’auteur-dessinateur-réalisateur s’est
quant à lui octroyé le rôle d’un des amis de Petit Vampire, Marguerite,
un monstre de 200 kilos !
Vendredi 25 MARS à 20h, SOIRÉE-DÉBAT :
   QUAND L’ENFANT ÉLÈVE L’ÉCOLE…
organisée par le Collectif des Associations Partenaires de l’Ecole Publique (CAPE)
        « Ce que les enfants feront, c’est ce qu’on aura fait avec eux,
             pas ce qu’on leur aura dit de faire. » Philippe Meirieu
Projection de ÊTRE PLUTÔT QU’AVOIR suivie d’un débat : comment pré-
 parer l’enfant à remplir ses devoirs envers ses proches et l’humanité dans
son ensemble ? Notre école, si décriée, si malmenée, est-elle adaptée et/ou
adaptable aux enfants d’aujourd’hui ? Peut-on, au quotidien, dans et autour
 de l’école, aider les enfants à construire leur humanité, leur citoyenneté ?
    Achetez vos places à l’avance au cinéma, à partir du Mardi 15 Mars

ÊTRE PLUTÔT QU’AVOIR ?
 À L’ÉCOLE AUTREMENT

Film documentaire                             et rassemblements. Maria Montessori,
d’Agnès FOUILLEUX                             Celestin Freinet, Gustave Monod, Rudolf
France 2017 1h28                              Steiner… L’école de Summerhill voit le
                                              jour…
Agnès Fouilleux, dans un film nourri, vi-     En écho, les voix actuelles d’ensei-
vant, passionnant, interroge l’évolution      gnants, de psychologues, chercheurs…
de l’éducation à travers notre histoire et,   accompagnent et ponctuent les images
tout en faisant un état des lieux actuel      et paroles de gamins en situation d’ap-
des questionnements, nous plonge dans         prentissage.
les alternatives…                             Et toujours cette interrogation qui sous-
En 1921, à peine sortis des horreurs et       tend le formidable engagement passion-
des dévastations de la « grande guerre »,     né et passionnant de tous ceux qui in-
pacifistes, éducateurs et autres per-         terviennent devant la caméra curieuse
sonnes engagées dans l’éducation des          d’Agnès Fouilleux : quel projet de vie
chères têtes blondes s’interrogent :          donnons-nous à nos enfants, pour quel
« changer l’éducation pour changer le         monde les préparons-nous ? Quel monde
monde ». Il y aura de nombreux échanges       souhaitons nous leur transmettre ?

Cette soirée est associée à une mise en pratique à travers des ateliers,
le samedi 26 mars de 10h à 13h, salle Amédée Larrieu, place Amédée Larrieu
à Bordeaux. Ateliers ouverts à toutes et tous, qui vous permettront de découvrir
quelques modestes outils d’émancipation que vous pourrez transmettre à votre tour.
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