Alpes vaudoises 2020 Position de Pro Natura Vaud et du WWF Vaud - leregional

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Alpes vaudoises 2020 Position de Pro Natura Vaud et du WWF Vaud - leregional
Alpes vaudoises 2020
Position de Pro Natura Vaud et du WWF Vaud

                                         14 janvier 2015

WWF Vaud, Av. Dickens 6, 1006 Lausanne           Pro Natura Vaud, 1002 Lausanne
Tél. 021 966 73 90                               Tél. 021 963 19 55
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Table des matières

1     Le contexte de la prise de position de Pro Natura Vaud et du WWF Vaud .................................... 3
2     Introduction : point de vue général des associations ................................................................... 3
3     Assurer la protection de la biodiversité et des valeurs paysagères des Alpes vaudoises ............... 4
4     Analyse du Rapport final Alpes vaudoises 2020 du 11 juillet 2013 (AV2020) ................................ 5
5     La protection de la nature et du paysage est une nécessité économique ................................... 12
6     La création d’un méga domaine skiable est irréaliste dans les Alpes vaudoises .......................... 13
7     Les nouvelles liaisons endommageraient les derniers espaces naturels intacts .......................... 14
8     La transition vers un tourisme 4 saisons .................................................................................... 14
9     Diversification, tourisme de proximité et tourisme durable ....................................................... 15
10         Glacier 3000 et le hub des Diablerets: échec de la diversification 4 saisons ............................ 16
11         Contestation de projets qui porteraient atteinte à des sites naturels ..................................... 16
    11.1      Domaines skiables de Villars et Gryon................................................................................ 16
    11.2      Liaison Villars – Meilleret ................................................................................................... 16
    11.3      Villars : nouvelle piste de ski Crête du Meilleret – La Rasse (vallée de la Gryonne) ............. 16
    11.4      Villars : remplacement et prolongement du télésiège Perche – Conche - Plan-de-la-Chaux17
    11.5      Villars : nouveau téléski à Chaux-de-Conche et piste Chaux-de-Conche – Perche ? ............ 17
    11.6      Limiter les atteintes dans le secteur du versant nord du Meilleret ..................................... 18
    11.7      Nouveau télésiège Vers-l’Eglise – Meilleret et nouvelle piste à la Combe-des-Beys ............ 18
    11.8      Remplacement du télésiège des Mazots et prolongation jusqu’au hub des Diablerets ....... 18
    11.9      Télécabine Diablerets – Isenau et domaine skiable d’Isenau .............................................. 18
    11.10         Les Diablerets Village ..................................................................................................... 18
    11.11         Liaison Diablerets – Glacier 3000 ................................................................................... 19
    11.12         Changements au domaine skiable de Glacier 3000 ......................................................... 19
    11.13         Rougemont – Saanen – Gstaad ...................................................................................... 20
    11.14         Fermeture de la Braye ................................................................................................... 20
    11.15         Réouverture des Monts-Chevreuils ................................................................................ 20
    11.16         Liaison Mont-Chevreuils – La Lécherette ........................................................................ 22
    11.17         Les Mosses – La Lécherette ............................................................................................ 22
    11.18         Liaison Les Mosses - Leysin ............................................................................................ 22
    11.19         Leysin ............................................................................................................................ 22
12         Conclusions ........................................................................................................................... 23

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1 Le contexte de la prise de position de Pro Natura Vaud et du
  WWF Vaud
Pro Natura Vaud et WWF Vaud ont pris connaissances des nombreux documents
élaborés dans le cadre des réflexions sur l’avenir du tourisme dans les Alpes vaudoises
intitulée « Alpes vaudoises 2020 » que nous raccourcirons sous l’abréviation « AV2020 ».
Les documents que nous avons consultés ont été téléchargés sur le site Internet :
http://www.alpes.ch/fr/av2020.

En tant qu’associations de protection de l’environnement, de la nature et du paysage,
nous sommes favorables à un tourisme qui prenne en compte le changement climatique
et qui ne gaspille pas les ressources naturelles des Alpes vaudoises. La lecture des
documents disponibles sur AV2020 nous a conduit à alerter le Conseil d’Etat du Canton
de Vaud et l’opinion publique et à élaborer le présent document.

Nos remarques sont élaborées sur la base des documents suivants :

         Alpes vaudoises 2020 – Rapport final – 11 juillet 2013

         Alpes vaudoises vision 2020 - Rapport du GT RM Alpes vaudoises – 11 juillet
         2013

         Etude environnementale stratégique – Rapport révisé selon le rapport GT RM EES
         Hintermann & Weber- 1 juillet 2013

         Rapport de la Cour des comptes sur l’enneigement artificiel - 2012

         Changements climatiques, quel avenir pour les destinations touristiques des Alpes
         et du Jura vaudois ? de Gaëlle Serquet et Martine Rebetez, janvier 2013

         Stratégie de diversification touristique des Alpes vaudoises - Rapport final Tomes
         1 et 2

2 Introduction : point de vue général des associations
Alpes vaudoises 2020, quel tourisme pour les Alpes vaudoises ?
Les Alpes vaudoises ont besoin d’une nouvelle stratégie pour leur développement
touristique. En effet, le tourisme est un élément déterminant de l’économie locale à
hauteur de presque un tiers du PIB régional. Or, les performances de ce secteur ne sont
pas à la hauteur : les nuitées hôtelières baissent, les résultats financiers des remontées
mécaniques stagnent et les journées skieurs diminuent. Il était temps de faire quelque
chose, et après plusieurs années de travail, la CITAV (Communauté d'intérêt touristique
des Alpes vaudoises) a publié en 2013 sa stratégie intitulée « Alpes vaudoises 2020 »
demandant au canton près de 700 millions de francs d’investissements afin de
redynamiser le tourisme dans la région.

Cette stratégie présente quelques excellentes initiatives, notamment dans le domaine de
la mobilité, avec une optimisation de l’offre des transports publics, ainsi qu’une meilleure
coordination entre les acteurs locaux. Mais ce document propose aussi la création d’un

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grand domaine skiable permettant aux visiteurs de se rendre de Leysin ou Villars à
Glacier 3000 sans déchausser les skis. Or, il a été établi que d’ici à 2035, le changement
climatique entraînera une diminution de la couverture de neige naturelle aux altitudes
inférieures à 1400m et une prolongation de la saison d’été. Malgré ces conclusions
accablantes auxquelles s’ajoutent les résultats médiocres des sociétés de remontées
mécaniques ces dernières années, Alpes vaudoises 2020 préconise une transition vers
un tourisme 4-saisons qui s’appuie trop lourdement sur le ski.

La stratégie prévoit de presque doubler les pistes enneigées artificiellement, qui
passeraient ainsi de 49 à 88 kilomètres, et met la priorité sur la création d’un nouveau
téléphérique reliant le village des Diablerets à Glacier 3000, qui traverserait le versant du
massif des Diablerets encore intact et inscrit à l’inventaire fédéral des paysages, sites et
monuments naturels (IFP). En parallèle, elle évoque la création de deux nouvelles liaisons
par télécabine reliant Leysin aux Mosses et Leysin à la station de Villars. Ces liaisons
touchent les derniers paysages non altérés de la région, alors que ces derniers jouent un
rôle écologique très important en offrant quelques refuges exempts de perturbations à la
faune et à la flore.

Si le WWF Vaud et Pro Natura Vaud sont fermement opposées à ces mesures
dommageables pour l’environnement, elles ne remettent pas en question la nécessité de
repenser le tourisme dans les Préalpes, mais elles demandent de le faire en tenant mieux
comptes des enjeux climatiques et de la protection de l’environnement. Le projet actuel
accélère encore la course aux nouveaux équipements et, au lieu de diminuer la pression
sur la nature, s’attaque aux toutes dernières zones de tranquillité pour la faune et la flore.
Or, selon l’avis d’experts mandatés pour analyser les perspectives de diversification
touristique, les Alpes vaudoises ne se prêtent pas à la création d’un grand domaine
skiable mais possèdent en revanche un grand potentiel de développement et cela sans se
diriger vers le suréquipement. Ainsi, en améliorant la rentabilité de l’existant et la qualité
des services, en mettant en valeur les richesses patrimoniales et culturelles de la région
et en se développant dans une perspective de parc naturel, le tourisme dans les Alpes
peut retrouver un nouveau dynamisme tout en préservant son fonds de commerce, c’est-
à-dire sa richesse biologique exceptionnelle et la beauté de ses paysages.

3 Assurer la protection de la biodiversité et des valeurs
  paysagères des Alpes vaudoises
Pro Natura Vaud et le WWF Vaud rappellent que les Alpes vaudoises possèdent une
valeur biologique et écologique reconnue niveau national et international. Ainsi de
nombreux inventaires recensent et protègent les milieux, espèces et paysages de cette
magnifique région. De plus, des organisations internationales telles que le WWF
International et Birdlife International les ont désignées respectivement comme « Priority
Conservation Area » et « Zone importante pour la conservation des oiseaux ou ZICO ».

L’évaluation environnementale stratégique (EES) d’AV2020 le souligne aussi en citant la
présence dans les Alpes vaudoises de « plusieurs territoire d’intérêt biologique
prioritaire » (TIBP), en quelques sortes des hot spots biologiques. »

Au vu de l’importance des Alpes vaudoises pour la protection des espèces alpines, il est
crucial que la protection de la biodiversité et du paysage fassent partie de tout plan de

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développement touristique de manière prioritaire. Il n’en est pas suffisamment tenu
compte dans le rapport AV2020.

4 Analyse      du   Rapport   final                                 Alpes        vaudoises   2020
  du 11 juillet 2013 (AV2020)
Pro Natura Vaud et le WWF Vaud ont lu avec attention ce document. Considérant que ce
rapport a pour vocation d’être « appelé à fonctionner comme une référence, à la fois pour
l’action des instances, communes et porteurs de projets des Alpes vaudoises, et pour
l’intervention de l’Etat en matière de développement » les associations exposent ci-après
leurs remarques sur :
- le volet stratégique : contexte, vision et stratégie (objectifs et axes prioritaires)
- le volet opérationnel : mesures, investissements et mise en œuvre.

Les associations ont pris note que le Conseil d’Etat est appelé à valider
uniquement le volet stratégique. Le volet opérationnel, dont en particulier la liste des
mesures et les aspects financiers qui s’y rapportent, est également analysé. Nous
sommes cependant bien conscients que les auteurs du rapport les considèrent comme
des projets dont la faisabilité doit être précisée et confirmée.

Volet stratégique d’AV2020
1.     CONTEXTE
1.2    Évolution du secteur touristique durant la dernière décennie

Evolution du cadre organisationnel durant la dernière décennie
(Page 12)
Parmi les trois défis (reportés ci-dessous a, b et c) qualifiés d’interdépendants et
d’incontournables pour anticiper les changements à venir, deux défis sont pertinents alors
que le troisième est une gageure :

a. la concentration et la coordination des forces par des restructurations et la mise en
place d’une gouvernance touristique régionale ;
Avis des associations : OUI pour l’amélioration de la coordination des forces. OK aussi
pour la restructuration du secteur des remontées mécaniques qui rencontreront des
difficultés financières probablement insurmontables.

b. Le renfort du tourisme 4-saisons par la diversification ;
Avis des associations : OUI sur le principe et dans le sens détaillé dans les chapitres 8 et
9 de cette prise de position (voir p. 15 et 16). Mais NON, dans la mesure où il est question
de l’exploitation estivale de quelques remontées mécaniques très coûteuse et génératrice
d’activités sportives qui peuvent porter atteinte à la nature, telles les trottinettes sur herbe
et le VTT.

c. L’optimisation et la rationalisation de l’offre neige, colonne vertébrale du
tourisme régional ;
Avis des associations : NON, c’est une gageure car les équipements provoquent trop
d’atteintes et consomment trop de ressources environnementales et financières. Il
convient de relever une mesure positive prise pour la nature : le rétablissement de l’état

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naturel au Pic Chaussy, suite au démontage des infrastructures de la remontée
mécanique.

1.3 Enjeux climatiques et environnementaux
(Pages 13 et 14)

Climat
Avis des associations : Etrangement, il n’est pas tenu compte des conclusions des
rapports sur l’évolution du climat. On constate que des investissements à court terme sont
prévus dans des zones d’altitude inférieure, avec l’espoir irréaliste d’atteindre leur
amortissement avant que la pratique du ski n’y devienne impossible.

Nous relevons cependant que les coûts des équipements d’enneigement artificiel sont
reconnus comme facteurs limitant et doivent inciter à la plus élémentaire retenue.

Environnement
Citation : « Les résultats généraux de l’évaluation montrent que ces projets ne devraient
pas permettre de réduire les impacts environnementaux par rapport à l’état préexistant,
cela malgré des améliorations. Les impacts augmenteraient notamment en ce qui
concerne le paysage et la nature – un projet en particulier comportant des risques de
conflits majeurs au niveau du paysage. »
Avis des associations : On aurait pu attendre des auteurs du rapport AV2020 qu’ils
tiennent mieux compte de cette importante étude dont le but devrait être d’inciter à
renoncer à des mesures trop dommageables pour la nature et l’environnement. Sinon à
quoi bon mandater une telle étude ?

2.    VISION
2.1. Accélérer l’adaptation des conditions cadres socioéconomiques et du
tourisme
(Page 15)

Constats généraux 2013
Six constats généraux 2013 sont présentés dans un encadré et font la part trop belle au
ski et au recours d’installations lourdes.

Il est relevé «la faiblesse des capacités d’investissement des entrepreneurs et
communes, et d’un manque d’attractivité pour les investisseurs extrarégionaux.»
Avis des associations : Dans le respect d’une économie libérale, il faut se limiter aux
ressources de financement endogènes plutôt que de fausser les règles du marché en
finançant avec de l’argent public des constructions pharaoniques et destructrices de la
nature et du paysage dont la viabilité économique est d’emblée mise en doute par la
réalité vécue dans les stations voisines et concurrentes.

Il figure le constat que «Le ski doit cependant rester un produit central durant la période
de transition nécessaire au renforcement des offres pouvant minimiser la dépendance à la
neige.»
Avis des associations : Au lieu d’anticiper la mutation majeure du tourisme d’hiver,
AV2020 dessine un avenir illusoire, où la situation de concurrence défavorable avec les
stations de plus haute altitude est ignorée. Il est illusoire de croire qu’il sera possible
d’amortir les très lourds investissements à consentir pour garantir la pratique
concurrentielle du ski. Escompter rentabiliser des investissements massifs planifiés à

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l’horizon 2020 au motif qu’ils ne seraient pas menacés avant le début de la période
climatique critique attendue pour 2035, relève d’une incompréhension du processus du
changement climatique. L’évolution du climat est faite d’aléas difficilement modélisables.
Les effets sont déjà visibles aujourd’hui et menacent déjà l’exploitation des domaines
skiables de basse altitude, même ceux pourvus d’installations d’enneigement artificiel.
Si la complexité du projet est relevée par les auteurs du rapport, on lit en bas de page 15
quelques poncifs qui n’ont pour autre but de rassurer le lecteur en alignant des
généralités non hiérarchisées.

2.2 Vision touristique : une offre dynamisée et un souffle nouveau sur les marchés
de prédilection
(Page 16)
«A la nécessité de rester compétitif en hiver s’ajoute un renforcement prioritaire du travail
de recomposition de l'offre, entamé depuis plusieurs années, permettant d'élargir les
dimensions spatiales (tout le territoire) et temporelles (toutes les saisons) de l'ensemble
de l’offre touristique.»
Avis des associations : On cherche vainement le nouveau souffle sur des marchés de
prédilections. S’il est fait mention d’avis autorisés de nombreux experts qui s’accordent
entre eux…, la conclusion finale est que la contribution des sports de neige restera
essentielle !
Les affirmations d’AV2020 tendent à soutenir la dispersion des infrastructures dans
l’espace des Alpes vaudoises et à en étendre l’exploitation tout au long de l’année. Pour
protéger la nature et le paysage, il faut plutôt concentrer les nuisances et ne pas équiper
tout l’espace d’infrastructures.
Il convient cependant de relever que les associations soutiennent le principe de concevoir
un « Espace de mobilité par le bas » dans la mesure où il implique l’utilisation des
infrastructures routières et ferroviaires existantes, sans en prévoir de nouvelles.

«La revalorisation des produits phares de la région, Glacier 3000, Kuklos, Parc naturel
régional Gruyère Pays-d’Enhaut, va contribuer à moderniser et renforcer l’image de la
destination.»
Avis des associations : ces trois offres sont bien trop hétérogènes pour renforcer l’image
de la destination. Comment lier le décor artificiel des installations démesurées de Glacier
3000 avec le Parc régional dont le but est de valoriser un paysage et une nature
dépourvus d’infrastructures qui les défigurent ?

2.3 Objectifs stratégiques et mise en cohérence transversale
(Pages 17-18)
Avis des associations : fonder toutes les mesures du développement de l’offre quatre
saisons autour de Glacier 3000 est contradictoire. De plus, «viser la réalisation d’une
liaison portée directe entre le village des Diablerets et le Glacier, en remplacement de
l’installation partant du col du Pillon» revient à ignorer le dispositif de protection du
paysage des Diablerets par l’Inventaire IFP. On a l’impression que l’objectif est de
surpondérer l’importance de Glacier 3000 pour tenter de lui donner une importance
nationale dans le but de détourner la protection du site. Faut-il aussi rappeler la faillite de
Glacier 3000 dont la rénovation avait englouti 40 millions de francs d’argent public ?

Remontées mécaniques
Citation : «Valoriser l’offre et améliorer sa compétitivité en toute saison, cela en intégrant
les enjeux climatiques et environnementaux. Dans ce but : assurer l’attractivité du ski,
levier économique majeur, notamment en renforçant l’enneigement artificiel.»

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Avis des associations : pratiquement, il peut être concevable de maintenir l’attractivité du
ski en renforçant localement l’enneigement artificiel; mais la modernisation et la
rationalisation de l’offre doivent être envisagées dans le sens d’une concentration des
nuisances plutôt que de leur extension dans de nouveaux secteurs.

Les enjeux globaux liés à l’énergie, au climat et à la nature ne permettent pas de
poursuivre un développement dans les Alpes vaudoises sans limites précises, mêmes
quand celles-ci ne nous ont pas encore été imposées par des restrictions légales à
l’échelon fédéral ou international. Il faut intégrer dès maintenant les grands enjeux
climatiques et énergétiques ainsi que la mutation qui s’opère dans notre société suisse et
la prise de conscience que les ressources sont limitées. Ainsi, la Stratégie énergétique
2050 de la Suisse doit se concrétiser en mettant fin au gaspillage. Le temps est venu de
renoncer définitivement à tout autoriser partout.

Quant à l’exploitation estivale des téléphériques, elle n’est pas souhaitable partout. Elle
engendrerait des coûts d’exploitations démesurés par rapport à une faible demande.
Comme déjà dit plus haut, cette exploitation ne doit pas engendrer des dérangements à la
faune (VTT et trottinette sur herbe). Malgré tout, une télécabine pourrait fonctionner dans
chaque station en haute saison estivale et de manière temporaire : Kuklos, Roc d’Orsay,
Glacier 3000 (actuel), Isenau, La Braye.

Hébergement touristique et résidentiel
Citation : «Renforcer l’attractivité et la rentabilité de l’hébergement. Dans ce but: favoriser
la restructuration de l’offre et sa mise en adéquation avec les demandes des différentes
catégories d’usagers, cela notamment par le biais de conditions cadres réadaptées; réunir
les conditions aptes à attirer davantage d’hôtes en séjour et, par conséquent, de clients
pour l’ensemble des prestataires touristiques, dont les remontées mécaniques. »

Avis des associations : Les équipements lourds pour les besoins du tourisme d’hiver
contribuent à la faiblesse de l’occupation hôtelière, dans la mesure où ils génèrent un
appel sur une saison très courte. Le flou sémantique de la citation semble cacher le fait
que de nouveaux investissements dans les équipements en faveur du ski ne peuvent
qu’affaiblir encore la « rentabilité de l’hébergement ». Par conséquent, il est urgent, d’un
point de vue économique, de renoncer à attirer davantage d’hôtes par des équipements
lourds que sont les remontées mécaniques, miser sur la qualité humaine de l’accueil et
travailler concrètement à la valorisation de la ressource paysagère et du patrimoine
naturel en développant, par exemple, une offre d’itinéraires piétonniers et de pistes
cyclables entre les villages et les stations. La marche sur la neige avec des chemins
damés remporte un franc succès sans nécessiter aucune infrastructure. Les activités
économiques de proximités peuvent encore être largement valorisées, notamment celles
de l’agriculture de montagne qui jouit d’un grand capital de sympathie, ainsi que tous les
métiers du bois. L’accueil des touristes par les acteurs de l’économie de proximité des
Alpes vaudoises est à développer. Le potentiel existe comme l’explique l’étude de
diversification touristique1 citée en document de référence, lorsqu’elle parle de générer
des revenus à partir de la nature. Citation : « Générer des retombées économiques à
partir de l’accès à la nature nécessite de développer des services plus que des
équipements. En regroupant ces services, il est possible de générer des flux financiers et
des retombées supplémentaires dans l’économie locale ».

1
    « Stratégie de diversification touristique des Alpes vaudoises- Rapport final Tome 1 », p.62

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3. STRATEGIE
3.1 Cadre organisationnel
(Page 19)
Les constats principaux et potentiels nous paraissent cohérents. De même que l’objectif
stratégique en matière de coordination et d’organisation.

D’accord avec les cinq axes 3.1.1 à 3.1.5. mentionnés dans les «axes stratégiques
prioritaires et résultats attendus.»

Les associations demandent à participer aux travaux de la mise en œuvre de la stratégie.

3.2 Glacier 3000, attraction phare 4 saisons
Constats principaux et potentiels.
(Page 21)

Avis des associations : NON au remplacement du téléphérique actuel par une liaison
portée directe entre le village des Diablerets et le Glacier. Il n’est pas du tout démontré, à
ce stade de l’étude, qu’une telle infrastructure serait déterminante ou économiquement
rentable et on ne doit pas la considérer comme fondamentale. La question de la faisabilité
est rédhibitoire et conduit à RENONCER à cette option car l’IFP doit rester protégé.

NON à la construction d’un hub au Diablerets permettant la connexion du train Aigle – Le
Sépey – Les Diablerets avec les télésièges et téléphériques qu’il faudrait prolonger. Bien
que sur le principe la concentration des infrastructures pourrait être souhaitable, il faut
renoncer au gigantisme qui déprécierait la valeur paysagère du village des Diablerets. Il
en résulterait en outre des coûts de gestion démesurés et des problèmes en cas
d’affluence de skieurs arrivant par train ou en voiture (voir p. 12).

Objectif stratégique relatif à Glacier 3000, attraction phare 4 saisons

Avis des associations : elles sont fermement opposées à l’axe stratégique 3.2.1 qui est
d’étudier la faisabilité de la liaison en portée directe entre le village des Diablerets et
Glacier 3000, en remplacement de l’installation partant du col du Pillon.

Éclairage complémentaire (facteurs de risque ou de succès, enjeux spécifiques ou
autres remarques) :
(Page 22)
Avis des associations : l’argument du démantèlement du téléphérique actuel Col du Pillon
– Tête aux Chamois ne saurait justifier l’option d’une nouvelle installation à portée directe
depuis les Diablerets. Le secteur est situé en bord de route et on ne voit pas comment un
réaménagement naturel pourrait être réalisé.
L’argument économique est pour le moins douteux si l’on songe aux difficultés financières
auxquelles ont été confrontés les exploitants par le passé et l’importante dette que le
Canton a dû recouvrir. On peut rappeler la faillite de Glacier 3000 dont la rénovation avait
englouti 40 millions de francs d’argent public.

3.3 Tourisme 4-saisons
(Page 24)
Principales mesures :
Avis des associations : elles sont opposées au développement de bains thermaux aux
Diablerets. Cette idée sort d’on ne sait où car il n’y a pas de source d’eau chaude

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exploitable aux Diablerets. Une telle infrastructure serait coûteuse, difficile à financer et
grosse consommatrice d’énergie et par suite, grande productrice de CO2. Tenir compte
de la Stratégie énergétique 2050 de la Suisse doit conduire à renoncer à ce projet qui
reviendrait, du point de vue marketing à faire du me too en tentant de se placer sur le
même marché que celui occupé par Charmey, Lavey, Ovronnaz, Val d’Illier, Saillon ou
Leukkerbad.
En revanche, elles sont favorables à un tourisme doux fondé sur la valorisation du capital
paysager et naturel, sans le détruire et sans l’altérer par de grosses infrastructures de
types remontées mécaniques et bâtiments surdimensionnés.

3.4 Remontées mécaniques
(Page 25)
Constats principaux et potentiels
Citation : «Pour donner un nouveau souffle au secteur, différentes pistes d’amélioration
ont été proposées. Il s’agit d’abord de viser une optimisation qualitative de l’offre, et non
quantitative. La connexion de produits phares existants aux transports publics constitue
une option en la matière, de même que des réaménagements de domaines permettant la
création de grandes pistes. Une autre option réside dans le renforcement de la mise en
réseau globale des domaines, cela par la route et le rail principalement. Une troisième
option est de moderniser et rationaliser les installations, et d’étendre l’enneigement
artificiel afin de répondre aux attentes de la clientèle. Enfin, c’est par la fusion progressive
des sociétés qu’un renforcement peut encore être obtenu. »

Avis des associations : parmi plusieurs potentiels évoqués ci-dessus, il ne sera pas
possible de réaménager les domaines en permettant la création de grandes pistes
puisqu’ils porteraient des atteintes supplémentaires au paysage. En effet, les lois qui
protègent la nature et le paysage, malgré leur faiblesse intrinsèque, ne permettent plus
des atteintes de cette ampleur si elles ne sont fondées sur un intérêt public ou
économique prioritaire. Le principe d’une mise en réseau paraît irréaliste dans la mesure
où les distances seraient trop grandes pour que les skieurs en bénéficient et cette
extension maintiendrait nos stations en situation concurrentielle défavorable par rapport
aux stations d’altitude voisines du Valais et du canton de Berne. Le gain de rentabilité
n’est pas clairement prouvé en regard de la réalité climatique et économique
concurrentielle.
La troisième option visant à « moderniser et rationaliser les installations, et d’étendre
l’enneigement artificiel afin de répondre aux attentes de la clientèle », utilise un langage
équivoque. Rationaliser n’est pas étendre, et quand il s’agit de doubler la longueur de
piste et de les abaisser jusqu’à 900 m d’altitude, le projet verse clairement dans
l’irrationnel. Le volet de l’extension de l’enneigement artificiel se trouvera confronté à une
forte opposition juridique, car en plus des atteintes à l’environnement (nature, paysage,
consommation d’énergie), il n’est pas du tout certain que ce soit une attente significative
des nouveaux segments potentiels de clientèle. D’ailleurs, il est dit juste après que la
faisabilité financière est dépendante des soutiens qui seraient accordés par le Canton, ce
qui révèle que la rentabilité économique n’est même pas attendue.

Avis des associations : il n’est ni sensé, ni politiquement acceptable, ni possible, de tenir
compte des enjeux climatiques et environnementaux et en même temps de viser au
renforcement de l’enneigement artificiel et de son extension. Si on peut maintenir
l’attractivité du ski, il convient de renoncer à le considérer comme levier économique
majeur, et de ne pas renforcer l’enneigement artificiel. La modernisation et la
rationalisation de l’offre est par contre envisageable dans le sens d’une adaptation à la

Alpes vaudoises 2020 | Position de Pro Natura Vaud et du WWF Vaud | 14.01.2015                10
baisse et d’une concentration des nuisances plutôt que leur extension à des secteurs pas
encore touchés.

Axe prioritaire 3.4.1
Avis des associations : Il s’avèrera conflictuel, compte tenu des enjeux environnementaux
évoqués ci-avant, de renforcer l’enneigement artificiel. A noter que vouloir assurer une
offre en matière de ski d’apprentissage s’oppose à la création de liaisons entre les
domaines skiables, car il est reconnu que les skieurs débutants se satisfont d’une ou deux
pistes et qu’il leur est tout simplement impossible de parcourir des longues distances.

Escompter rentabiliser des investissements massifs planifiés à l’horizon 2020 en
prétendant qu’ils ne seraient pas menacés avant le début de la période critique attendue
pour 2035, relève d’une mauvaise compréhension des changements climatiques qui sont
des aléas difficilement modélisables puisque les effets sont déjà visibles aujourd’hui et
menacent, certes de manière irrégulière, l’exploitation des domaines skiables de basse
altitude, même pourvus d’installations d’enneigement artificiel.

Parmi les principales mesures, il faut exclure :
-      les projets d’enneigement artificiel pour les raisons évoquées ci-avant ;
-      le projet de grande piste aux Monts-Chevreuils (voir plus loin les arguments
       développés).

3.5 Mobilité
(Page 27)
Parmi les mesures principales, dont certaines se heurtent à de forts obstacles légaux
d’aménagement du territoire et de protection du paysage, on pourrait utilement prévoir
d’élargir le forum de discussion sur la réorganisation des terminaux d’installations de
transports et la création de «l’interface train-remontées mécaniques (point de départ,
notamment de la liaison portée directe Diablerets-Scex Rouge) » pour les raisons
suivantes :
     la portée directe Les Diablerets - Scex-Rouge traverserait l’IFP :
     une telle interface n’est pas une attraction motivante pour les skieurs qui arrivent en
     train car ils sont aptes à parcourir des distances à pied (puisqu’ils l’ont fait depuis leur
     domicile jusqu’à la gare d’où ils sont partis).

De plus, une concentration sur un seul site de tous les skieurs, voyageurs en train et en
voiture, et touristes hébergés en station ou résidants, provoquerait des encombrements
permanents. La dispersion, relative des départs de remontées mécaniques permet de
mieux répartir la clientèle avec une approche multi-sites. A noter qu’au Diablerets le
temps de marche à pied est d’environ 8 minutes entre la gare et le départ de la télécabine
d’Isenau. Pour des sportifs, une telle distance est négligeable. Pour les moins sportifs, le
transfert peut être facilement assuré par des bus navette lors de l’arrivée des trains. Cette
solution est moins coûteuse et ne nécessite pas de nouvelles infrastructures.

3.6 Hébergement
(Page 29)
Les objectifs stratégiques en matière d’hébergement touristique et résidentiel n’appellent
pas d’autres commentaires que ceux que nous émettons sur le respect de la nouvelle
LAT. L’habitat dispersé et le développement de hameaux décentrés constitue également

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un risque majeur pour l’environnement avec une forme déguisée d’étalement urbain et
une dispersion des nuisances dans le paysage.

Volet opérationnel d’AV2020
(Page 31-34)
Bien que le volet opérationnel, dont en particulier la liste des mesures et les aspects
financiers qui s’y rapportent aient des statuts de projets, WWF Vaud et Pro Natura
prennent également position sur les conflits avec la protection de la nature et du paysage.

4. MESURES, INVESTISSEMENTS ET MISE EN ŒUVRE

Avis des associations : plusieurs mesures sont contestables et il faut y renoncer a priori
pour les raisons exposée ci-avant:
8     Groupe(s) de travail, montée directe Diablerets-Scex Rouge À initier
10 Réalisation au plus vite de la montée directe Diablerets-Scex Rouge, si faisable À
      initier
27 Diablerets : développement de bains thermaux Étude
31 Gryon : extension et réaménagement de Gryon-Parc (parc d'activités estivales)
37 Mosses : renforcement du produit "Plateau des Mosses" Étude (site marécageux
      d’importance nationale)
46 Rougemont : animation estivale à la Videmanette Étude (réserve naturelles de la
      Pierreuse)
67 Château-d'Oex : télésiège débrayable Mts-Chevreuils / modernisation, grande piste
      Étude
68 Château-d'Oex : téléski Monts-Chevreuils zone apprentissage / modernisation
      Étude
70 Château-d'Oex : enneigement Monts-Chevreuils Étude
80 Diablerets : interface train/bus/RM Réflexion

4.2 Les acteurs et leur organisation : une condition pour la réussite de la mise en
œuvre
(Page 34)
On regrette que les associations de protection de la nature, du paysage et de
l’environnement ne figurent pas de manière explicite sur les listes de partenaires à
associer.

5 La protection de la nature et du paysage est une nécessité
  économique
L’étude sur la diversification du tourisme, citée parmi les documents de référence, insiste
sur l’importance de la protection du paysage pour une véritable diversification touristique
dans les Alpes vaudoises et recommande de «Poursuivre la préservation et
l'enrichissement des zones naturelles, notamment en s’inscrivant dans la logique de Parc
Naturel Régional »2.

2
    P.58 Tome I, § « 1.2. Préserver le fonds de commerce »

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Une autre étude, réalisées dans le cadre du programme de national de recherche PNR
483 dédié aux Alpes, s’est intéressée à la perception des touristes vis-à-vis du paysage.
L’étude aboutit à la conclusion suivante 4 : « un paysage créateur d’identité et offrant une
grande biodiversité est jugé souhaitable, et les transformations du paysage liées au
tourisme (y compris la forte extension des résidences secondaires) sont ressenties
comme une perte esthétique. La perception négative des transformations du paysage
liées au tourisme, surtout par les touristes, met en évidence que la sauvegarde de la
beauté du paysage dans les régions touristiques ne constitue pas seulement un
engagement moral mais aussi, à moyen terme, une nécessité économique. »

La beauté et la richesse biologique des Alpes vaudoises sont donc des atouts touristiques
majeurs. Les préserver est donc important non seulement pour la nature mais aussi pour
l’attrait économique des Alpes vaudoises. A ce titre, il convient de renoncer aux mesures
qui y porteraient des atteintes et qui sont prévues dans AV2020.

6 La création d’un méga domaine skiable est irréaliste dans les
  Alpes vaudoises
La diversification des activités touristiques et le développement d’un tourisme 4-saisons
sont présentés comme une des priorités d’AV 2020. Pourtant, la vision AV 2020 prétend
ne pas pouvoir se passer du ski à moyen-terme et prévoit même la création d’un grand
domaine skiable reliant Villars à Leysin ou à Glacier 3000. Le projet prévoit une
augmentation considérable de l’enneigement artificiel et la création de nouvelles
télécabines traversant des secteurs protégés afin de relier les domaines skiables entre
eux. Ainsi, selon les chiffres de l’EES, les kilomètres de pistes enneigées artificiellement
passeraient de 49 kilomètres (légalisés) à 88 kilomètres5.

Or le diagnostic, effectué en 20046 par les experts mandatés pour fournir des
recommandations sur la diversification touristique, est très clair : «Les Alpes Vaudoises
ne peuvent pas prétendre offrir de grands domaines de ski, tels qu’ils continuent à se
constituer par l’interconnexion de vallées alpines, pour offrir à la clientèle l’image d’une
variété inépuisable du domaine skiable. Seules les liaisons entre Villars et Les Diablerets
d’une part, Rougemont (Videmanette) et Gstaad d’autre part, ouvrent des domaines
suffisamment diversifiés pour satisfaire une clientèle de séjour motivée par la pratique du
ski. L’hypothèse de nouvelles connexions pour désenclaver les domaines skiables isolés
se heurte à des difficultés topographiques qui induiraient des liaisons horizontales peu
attractives ou à des incompatibilités avec les enjeux de protection de sites naturels qui
bénéficient de statuts de protection. »

On peut rappeler qu’en 2012, la Cour des Comptes a critiqué l’approche tout pour le ski et
la rentabilité de l’enneigement artificiel à long terme7. Les coûts financiers et
environnementaux de l’enneigement artificiel sont extrêmement élevés, tant du point de

3
  Programme national de recherche intitulé : « Paysages et habitats de l’arc alpin : Entre valeur ajoutée et
valeur appréciée »
4
  PNR Rapport de synthèse – Utilisation des sols et diversité biologique dans les Alpes : faits, perspectives,
recommandations, p. 112
5
  P. 32 EES
6 Etude de diversification touristique – Diagnostic – Rapport final, 2004, p.63
7
  Audit de performance de l’enneigement artificiel dans le Canton de Vaud, Rapport no 21, 14 novembre
2012, Cour des Comptes du Canton de Vaud

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vue de la mobilisation des ressources hydriques que par l’impact qu’il produit sur la faune
et la flore alpine. On mentionnera, à toute fin utile, que les eaux destinées à
l’enneigement artificiel sont pompées au fond des vallées, ou dans des rivières en étiage
hivernal ou sont stockées en altitude dans des retenues hautement dommageables pour
le paysage.

Il apparaît que cette mesure consistant à créer un seul domaine skiable ne figure plus
dans le volet opérationnel du Rapport final AV2020 du 11 juillet 2013. Il convient
cependant de s’en assurer.

7 Les nouvelles liaisons endommageraient les derniers espaces
  naturels intacts
Malheureusement, loin de prendre en compte la protection du paysage dans sa stratégie
de diversification, la vision AV 2020 préconise des mesures portant encore davantage
atteintes au paysage et à la nature. Ainsi :

Le versant sud du Mont-d’Or présente encore un paysage intact d’une beauté particulière
et constitue l’une des dernières zones refuges pour les animaux en période hivernale.
Une nouvelle liaison Les Mosses-Leysin dans ce secteur empièterait des paysages et
milieux naturels classés aux niveaux fédéral et cantonal avec des impacts négatifs sur la
flore et la faune que l’EES juge importants. Il semblerait cependant que cette mesure ait
été abandonnée car elle ne figure pas dans le Rapport final AV 2020 du 11 juillet 2013

La liaison Leysin-Villars pose, selon l’EES, des problèmes similaires à la liaison Les
Mosses-Leysin. En effet, la vallée des Ormonts est très naturelle et sauvage. La nouvelle
télécabine traverserait la vallée et porterait une atteinte sans précédent au paysage. Il
semble cependant que cette mesure ait heureusement été abandonnée car elle ne figure
pas dans le Rapport final AV 2020 du 11 juillet 2013.

La liaison Diablerets – Glacier 3000 traverserait, elle aussi, une région intacte, sauvage
avec très peu de dérangement pour la nature. De plus, ce versant de la montagne est
entièrement protégé au niveau fédéral par l’IFP et comporte plusieurs réserves naturelles
et écosystèmes particulièrement précieux.

Ces installations, qui sont présentées comme des atouts majeurs pour le tourisme « 4-
saisons », porteraient atteintes à des paysages encore intacts et les banaliseraient par les
balafres qu’elles y laisseraient de manière permanente sans apporter d’avantage
particulier pour le tourisme. De plus leur financement et leur amortissement paraissent
impossibles sans des aides publiques qu’il faudrait gaspiller à fonds perdu.

8 La transition vers un tourisme 4 saisons
Une véritable transition vers un tourisme 4-saisons ne nécessite pas davantage
d’infrastructures mais l’optimisation de l’existant et la préservation des valeurs naturelles
et paysagères qui confèrent aux Alpes vaudoises leur attractivité.

Le tourisme étant un élément central de l’économie des régions préalpines, il convient de
préserver la ressource paysagère qui en fonde l’attractivité. Les Alpes vaudoises doivent

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rester accessibles aux nombreux visiteurs qui viennent s’y ressourcer. Cette vision figure
d’ailleurs parmi les recommandations d’experts du tourisme.8 .

Nous l’avons vu, le terrain de prédilection de la diversification touristique des Alpes
vaudoises repose sur leur qualités intrinsèques, et en particulier :
    Le caractère de montagnes à la morphologie douce et accessible,
    La richesse de son environnement naturel préservé,
    La qualité et la représentativité du patrimoine architectural traditionnel,
    La présence d’un tissu économique diversifié, notamment dans les secteurs de
    l’agriculture, de la formation, de l’artisanat et du commerce,
    La persistance des valeurs de la ruralité, et un patrimoine identitaire original.

Le maintien de ces qualités est la condition nécessaire à la réussite d’une diversification
basée sur la préservation des ressources naturelles à maintenir au centre des
problématiques de développement de façon à :
    Poursuivre la préservation et l'enrichissement des zones naturelles, notamment en
    s’inscrivant dans la logique de Parc Naturel Régional ;
    Contrôler les extensions urbaines, tant sur le plan quantitatif que qualitatif (plans
    d’affectation concertés entre les communes), pour préserver le caractère authentique
    de la destination, et maintenir une place de choix à la ruralité,
    Définir des zones et des modalités de protection du patrimoine architectural et
    urbanistique.
Cette démarche permettra de répondre à la demande de touristes en recherche
d’authenticité, de dépaysement et de calme.

Ainsi, les associations insistent pour que la stratégie AV2020 :
    optimise les installations existantes et n’en crée pas de nouvelles dans les rares
    milieux préservés,
    rationnalise la consommation de sols et l’urbanisation des stations de montagnes,
    préserve la ressource paysagère et respectent les zones protégées.

9 Diversification, tourisme de proximité et tourisme durable
L’étude sur la diversification touristique met en évidence l’importance de la nature, du
besoin de ressourcement, etc. Elle donne aussi la priorité, avant la clientèle étrangère, à
la clientèle de proximité qui est constituée de segments de demande parmi les moins
travaillés aujourd’hui par les stations des Alpes vaudoises. C’est le plus grand potentiel
touristique capable de générer des revenus à long terme.

Les rapports sur la diversification du tourisme notent d’ailleurs que les touristes
d’aujourd’hui aiment de moins en moins le ski, car il coûte cher. Ils sont nombreux à
rechercher d’autres types de loisirs liés à une nature intacte et préservée et à ne pas
apprécier les grosses infrastructures défigurant le patrimoine naturel et architectural (le
hub des Diablerets en serait la pire expression). Pour offrir le dépaysement, le
ressourcement, la découverte de la nature et du patrimoine, les grosses infrastructures ne
sont pas nécessaires. Une offre respectant la nature et le paysage des Alpes vaudoises
serait parfaitement à même de répondre aux besoins et attentes des touristes
d’aujourd’hui.

8
    « Stratégie de diversification touristique des Alpes vaudoises- Rapport final Tome 1 », p.58

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10 Glacier 3000 et le hub des Diablerets: échec de la
   diversification 4 saisons
D’après le rapport final, l’approche 4-saisons de la diversification d’AV2020 est
essentiellement basée sur l’organisation d’évènementiels, la mise en valeur de quelques
lieux du patrimoine et le ski nordique, et sur Glacier 3000 et son hub. Or les projets de
nouveau téléphérique et de hub aux Diablerets, qui paraissent fonder toute la stratégie AV
2020, seraient des infrastructures qui auraient d’énormes impacts en artificialisant le
paysage et en portant atteintes aux milieux naturels. Où serait la durabilité proclamée
dans plusieurs rapports?

Les Alpes vaudoises doivent pouvoir attirer des touristes sans qu’il faille créer de telles
infrastructures qui nécessitent le bétonnage du paysage.

11 Contestation de projets qui porteraient atteinte à des sites
   naturels
Les appréciations des impacts des projets sont basées sur le rapport d’Evaluation
environnementale stratégique (EES) – rapport révisée selon le rapport GT RM et publié le
1er juillet 2013. Il est à noter que cette évaluation porte principalement sur les impacts que
produiraient les remontées mécaniques. Il ne traite pas des impacts que produiraient
d’autres mesures sur l’environnement et la nature, tel que l’hébergement.

11.1     Domaines skiables de Villars et Gryon
Bien que l’EES ne mentionne aucun impact pour ce secteur, la construction d’une
nouvelle piste avec enneigement artificiel entre Chaux-Ronde et Les Fracherets
consisterait à enneiger une piste secondaire. Nous y sommes donc fermement opposés
car son utilité n’est pas démontrée.

11.2     Liaison Villars – Meilleret
Le remplacement de plusieurs installations existantes par des installations plus longues et
de plus grandes dimensions causerait des impacts importants sur des habitats encore
fonctionnels pour la faune, particulièrement le tétras lyre, espèce vulnérable. L’impact
serait la fragmentation de son habitat, les dérangements en hiver et durant la période de
reproduction au printemps.

11.3    Villars : nouvelle piste de ski Crête du Meilleret – La Rasse (vallée de la
       Gryonne)
Page 39 EES : Ce versant, exposé au sud, constitue aujourd’hui une zone bien connue
de refuge et d’hivernage pour le tétras lyre. Son habitat a déjà été très fortement réduit
par les installations et pistes construites sur le versant nord : Chaux-de-Conche, Perche
et Laouissalet.

La création d’une nouvelle piste de descente sur La Rasse serait particulièrement
problématique et nous y sommes fermement opposés. Elle toucherait un IFP,
nécessiterait le nivellement de la crête sur une longueur de 600 mètres (!), impacterait
des bas-marais classés et causerait un dérangement inacceptable à une population de
tétras lyres déjà rudement mise à l’épreuve. Ce versant, très étendu dans sa largeur,

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