Alpes vaudoises 2020 Position de Pro Natura Vaud et du WWF Vaud - leregional
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
Alpes vaudoises 2020 Position de Pro Natura Vaud et du WWF Vaud 14 janvier 2015 WWF Vaud, Av. Dickens 6, 1006 Lausanne Pro Natura Vaud, 1002 Lausanne Tél. 021 966 73 90 Tél. 021 963 19 55 lucie.dupertuis@wwf.ch pronatura-vd@pronatura.ch www.wwf-vd.ch www.pronatura-vd.ch 1
Table des matières 1 Le contexte de la prise de position de Pro Natura Vaud et du WWF Vaud .................................... 3 2 Introduction : point de vue général des associations ................................................................... 3 3 Assurer la protection de la biodiversité et des valeurs paysagères des Alpes vaudoises ............... 4 4 Analyse du Rapport final Alpes vaudoises 2020 du 11 juillet 2013 (AV2020) ................................ 5 5 La protection de la nature et du paysage est une nécessité économique ................................... 12 6 La création d’un méga domaine skiable est irréaliste dans les Alpes vaudoises .......................... 13 7 Les nouvelles liaisons endommageraient les derniers espaces naturels intacts .......................... 14 8 La transition vers un tourisme 4 saisons .................................................................................... 14 9 Diversification, tourisme de proximité et tourisme durable ....................................................... 15 10 Glacier 3000 et le hub des Diablerets: échec de la diversification 4 saisons ............................ 16 11 Contestation de projets qui porteraient atteinte à des sites naturels ..................................... 16 11.1 Domaines skiables de Villars et Gryon................................................................................ 16 11.2 Liaison Villars – Meilleret ................................................................................................... 16 11.3 Villars : nouvelle piste de ski Crête du Meilleret – La Rasse (vallée de la Gryonne) ............. 16 11.4 Villars : remplacement et prolongement du télésiège Perche – Conche - Plan-de-la-Chaux17 11.5 Villars : nouveau téléski à Chaux-de-Conche et piste Chaux-de-Conche – Perche ? ............ 17 11.6 Limiter les atteintes dans le secteur du versant nord du Meilleret ..................................... 18 11.7 Nouveau télésiège Vers-l’Eglise – Meilleret et nouvelle piste à la Combe-des-Beys ............ 18 11.8 Remplacement du télésiège des Mazots et prolongation jusqu’au hub des Diablerets ....... 18 11.9 Télécabine Diablerets – Isenau et domaine skiable d’Isenau .............................................. 18 11.10 Les Diablerets Village ..................................................................................................... 18 11.11 Liaison Diablerets – Glacier 3000 ................................................................................... 19 11.12 Changements au domaine skiable de Glacier 3000 ......................................................... 19 11.13 Rougemont – Saanen – Gstaad ...................................................................................... 20 11.14 Fermeture de la Braye ................................................................................................... 20 11.15 Réouverture des Monts-Chevreuils ................................................................................ 20 11.16 Liaison Mont-Chevreuils – La Lécherette ........................................................................ 22 11.17 Les Mosses – La Lécherette ............................................................................................ 22 11.18 Liaison Les Mosses - Leysin ............................................................................................ 22 11.19 Leysin ............................................................................................................................ 22 12 Conclusions ........................................................................................................................... 23 Alpes vaudoises 2020 | Position de Pro Natura Vaud et du WWF Vaud | 14.01.2015 2
1 Le contexte de la prise de position de Pro Natura Vaud et du WWF Vaud Pro Natura Vaud et WWF Vaud ont pris connaissances des nombreux documents élaborés dans le cadre des réflexions sur l’avenir du tourisme dans les Alpes vaudoises intitulée « Alpes vaudoises 2020 » que nous raccourcirons sous l’abréviation « AV2020 ». Les documents que nous avons consultés ont été téléchargés sur le site Internet : http://www.alpes.ch/fr/av2020. En tant qu’associations de protection de l’environnement, de la nature et du paysage, nous sommes favorables à un tourisme qui prenne en compte le changement climatique et qui ne gaspille pas les ressources naturelles des Alpes vaudoises. La lecture des documents disponibles sur AV2020 nous a conduit à alerter le Conseil d’Etat du Canton de Vaud et l’opinion publique et à élaborer le présent document. Nos remarques sont élaborées sur la base des documents suivants : Alpes vaudoises 2020 – Rapport final – 11 juillet 2013 Alpes vaudoises vision 2020 - Rapport du GT RM Alpes vaudoises – 11 juillet 2013 Etude environnementale stratégique – Rapport révisé selon le rapport GT RM EES Hintermann & Weber- 1 juillet 2013 Rapport de la Cour des comptes sur l’enneigement artificiel - 2012 Changements climatiques, quel avenir pour les destinations touristiques des Alpes et du Jura vaudois ? de Gaëlle Serquet et Martine Rebetez, janvier 2013 Stratégie de diversification touristique des Alpes vaudoises - Rapport final Tomes 1 et 2 2 Introduction : point de vue général des associations Alpes vaudoises 2020, quel tourisme pour les Alpes vaudoises ? Les Alpes vaudoises ont besoin d’une nouvelle stratégie pour leur développement touristique. En effet, le tourisme est un élément déterminant de l’économie locale à hauteur de presque un tiers du PIB régional. Or, les performances de ce secteur ne sont pas à la hauteur : les nuitées hôtelières baissent, les résultats financiers des remontées mécaniques stagnent et les journées skieurs diminuent. Il était temps de faire quelque chose, et après plusieurs années de travail, la CITAV (Communauté d'intérêt touristique des Alpes vaudoises) a publié en 2013 sa stratégie intitulée « Alpes vaudoises 2020 » demandant au canton près de 700 millions de francs d’investissements afin de redynamiser le tourisme dans la région. Cette stratégie présente quelques excellentes initiatives, notamment dans le domaine de la mobilité, avec une optimisation de l’offre des transports publics, ainsi qu’une meilleure coordination entre les acteurs locaux. Mais ce document propose aussi la création d’un Alpes vaudoises 2020 | Position de Pro Natura Vaud et du WWF Vaud | 14.01.2015 3
grand domaine skiable permettant aux visiteurs de se rendre de Leysin ou Villars à Glacier 3000 sans déchausser les skis. Or, il a été établi que d’ici à 2035, le changement climatique entraînera une diminution de la couverture de neige naturelle aux altitudes inférieures à 1400m et une prolongation de la saison d’été. Malgré ces conclusions accablantes auxquelles s’ajoutent les résultats médiocres des sociétés de remontées mécaniques ces dernières années, Alpes vaudoises 2020 préconise une transition vers un tourisme 4-saisons qui s’appuie trop lourdement sur le ski. La stratégie prévoit de presque doubler les pistes enneigées artificiellement, qui passeraient ainsi de 49 à 88 kilomètres, et met la priorité sur la création d’un nouveau téléphérique reliant le village des Diablerets à Glacier 3000, qui traverserait le versant du massif des Diablerets encore intact et inscrit à l’inventaire fédéral des paysages, sites et monuments naturels (IFP). En parallèle, elle évoque la création de deux nouvelles liaisons par télécabine reliant Leysin aux Mosses et Leysin à la station de Villars. Ces liaisons touchent les derniers paysages non altérés de la région, alors que ces derniers jouent un rôle écologique très important en offrant quelques refuges exempts de perturbations à la faune et à la flore. Si le WWF Vaud et Pro Natura Vaud sont fermement opposées à ces mesures dommageables pour l’environnement, elles ne remettent pas en question la nécessité de repenser le tourisme dans les Préalpes, mais elles demandent de le faire en tenant mieux comptes des enjeux climatiques et de la protection de l’environnement. Le projet actuel accélère encore la course aux nouveaux équipements et, au lieu de diminuer la pression sur la nature, s’attaque aux toutes dernières zones de tranquillité pour la faune et la flore. Or, selon l’avis d’experts mandatés pour analyser les perspectives de diversification touristique, les Alpes vaudoises ne se prêtent pas à la création d’un grand domaine skiable mais possèdent en revanche un grand potentiel de développement et cela sans se diriger vers le suréquipement. Ainsi, en améliorant la rentabilité de l’existant et la qualité des services, en mettant en valeur les richesses patrimoniales et culturelles de la région et en se développant dans une perspective de parc naturel, le tourisme dans les Alpes peut retrouver un nouveau dynamisme tout en préservant son fonds de commerce, c’est- à-dire sa richesse biologique exceptionnelle et la beauté de ses paysages. 3 Assurer la protection de la biodiversité et des valeurs paysagères des Alpes vaudoises Pro Natura Vaud et le WWF Vaud rappellent que les Alpes vaudoises possèdent une valeur biologique et écologique reconnue niveau national et international. Ainsi de nombreux inventaires recensent et protègent les milieux, espèces et paysages de cette magnifique région. De plus, des organisations internationales telles que le WWF International et Birdlife International les ont désignées respectivement comme « Priority Conservation Area » et « Zone importante pour la conservation des oiseaux ou ZICO ». L’évaluation environnementale stratégique (EES) d’AV2020 le souligne aussi en citant la présence dans les Alpes vaudoises de « plusieurs territoire d’intérêt biologique prioritaire » (TIBP), en quelques sortes des hot spots biologiques. » Au vu de l’importance des Alpes vaudoises pour la protection des espèces alpines, il est crucial que la protection de la biodiversité et du paysage fassent partie de tout plan de Alpes vaudoises 2020 | Position de Pro Natura Vaud et du WWF Vaud | 14.01.2015 4
développement touristique de manière prioritaire. Il n’en est pas suffisamment tenu compte dans le rapport AV2020. 4 Analyse du Rapport final Alpes vaudoises 2020 du 11 juillet 2013 (AV2020) Pro Natura Vaud et le WWF Vaud ont lu avec attention ce document. Considérant que ce rapport a pour vocation d’être « appelé à fonctionner comme une référence, à la fois pour l’action des instances, communes et porteurs de projets des Alpes vaudoises, et pour l’intervention de l’Etat en matière de développement » les associations exposent ci-après leurs remarques sur : - le volet stratégique : contexte, vision et stratégie (objectifs et axes prioritaires) - le volet opérationnel : mesures, investissements et mise en œuvre. Les associations ont pris note que le Conseil d’Etat est appelé à valider uniquement le volet stratégique. Le volet opérationnel, dont en particulier la liste des mesures et les aspects financiers qui s’y rapportent, est également analysé. Nous sommes cependant bien conscients que les auteurs du rapport les considèrent comme des projets dont la faisabilité doit être précisée et confirmée. Volet stratégique d’AV2020 1. CONTEXTE 1.2 Évolution du secteur touristique durant la dernière décennie Evolution du cadre organisationnel durant la dernière décennie (Page 12) Parmi les trois défis (reportés ci-dessous a, b et c) qualifiés d’interdépendants et d’incontournables pour anticiper les changements à venir, deux défis sont pertinents alors que le troisième est une gageure : a. la concentration et la coordination des forces par des restructurations et la mise en place d’une gouvernance touristique régionale ; Avis des associations : OUI pour l’amélioration de la coordination des forces. OK aussi pour la restructuration du secteur des remontées mécaniques qui rencontreront des difficultés financières probablement insurmontables. b. Le renfort du tourisme 4-saisons par la diversification ; Avis des associations : OUI sur le principe et dans le sens détaillé dans les chapitres 8 et 9 de cette prise de position (voir p. 15 et 16). Mais NON, dans la mesure où il est question de l’exploitation estivale de quelques remontées mécaniques très coûteuse et génératrice d’activités sportives qui peuvent porter atteinte à la nature, telles les trottinettes sur herbe et le VTT. c. L’optimisation et la rationalisation de l’offre neige, colonne vertébrale du tourisme régional ; Avis des associations : NON, c’est une gageure car les équipements provoquent trop d’atteintes et consomment trop de ressources environnementales et financières. Il convient de relever une mesure positive prise pour la nature : le rétablissement de l’état Alpes vaudoises 2020 | Position de Pro Natura Vaud et du WWF Vaud | 14.01.2015 5
naturel au Pic Chaussy, suite au démontage des infrastructures de la remontée mécanique. 1.3 Enjeux climatiques et environnementaux (Pages 13 et 14) Climat Avis des associations : Etrangement, il n’est pas tenu compte des conclusions des rapports sur l’évolution du climat. On constate que des investissements à court terme sont prévus dans des zones d’altitude inférieure, avec l’espoir irréaliste d’atteindre leur amortissement avant que la pratique du ski n’y devienne impossible. Nous relevons cependant que les coûts des équipements d’enneigement artificiel sont reconnus comme facteurs limitant et doivent inciter à la plus élémentaire retenue. Environnement Citation : « Les résultats généraux de l’évaluation montrent que ces projets ne devraient pas permettre de réduire les impacts environnementaux par rapport à l’état préexistant, cela malgré des améliorations. Les impacts augmenteraient notamment en ce qui concerne le paysage et la nature – un projet en particulier comportant des risques de conflits majeurs au niveau du paysage. » Avis des associations : On aurait pu attendre des auteurs du rapport AV2020 qu’ils tiennent mieux compte de cette importante étude dont le but devrait être d’inciter à renoncer à des mesures trop dommageables pour la nature et l’environnement. Sinon à quoi bon mandater une telle étude ? 2. VISION 2.1. Accélérer l’adaptation des conditions cadres socioéconomiques et du tourisme (Page 15) Constats généraux 2013 Six constats généraux 2013 sont présentés dans un encadré et font la part trop belle au ski et au recours d’installations lourdes. Il est relevé «la faiblesse des capacités d’investissement des entrepreneurs et communes, et d’un manque d’attractivité pour les investisseurs extrarégionaux.» Avis des associations : Dans le respect d’une économie libérale, il faut se limiter aux ressources de financement endogènes plutôt que de fausser les règles du marché en finançant avec de l’argent public des constructions pharaoniques et destructrices de la nature et du paysage dont la viabilité économique est d’emblée mise en doute par la réalité vécue dans les stations voisines et concurrentes. Il figure le constat que «Le ski doit cependant rester un produit central durant la période de transition nécessaire au renforcement des offres pouvant minimiser la dépendance à la neige.» Avis des associations : Au lieu d’anticiper la mutation majeure du tourisme d’hiver, AV2020 dessine un avenir illusoire, où la situation de concurrence défavorable avec les stations de plus haute altitude est ignorée. Il est illusoire de croire qu’il sera possible d’amortir les très lourds investissements à consentir pour garantir la pratique concurrentielle du ski. Escompter rentabiliser des investissements massifs planifiés à Alpes vaudoises 2020 | Position de Pro Natura Vaud et du WWF Vaud | 14.01.2015 6
l’horizon 2020 au motif qu’ils ne seraient pas menacés avant le début de la période climatique critique attendue pour 2035, relève d’une incompréhension du processus du changement climatique. L’évolution du climat est faite d’aléas difficilement modélisables. Les effets sont déjà visibles aujourd’hui et menacent déjà l’exploitation des domaines skiables de basse altitude, même ceux pourvus d’installations d’enneigement artificiel. Si la complexité du projet est relevée par les auteurs du rapport, on lit en bas de page 15 quelques poncifs qui n’ont pour autre but de rassurer le lecteur en alignant des généralités non hiérarchisées. 2.2 Vision touristique : une offre dynamisée et un souffle nouveau sur les marchés de prédilection (Page 16) «A la nécessité de rester compétitif en hiver s’ajoute un renforcement prioritaire du travail de recomposition de l'offre, entamé depuis plusieurs années, permettant d'élargir les dimensions spatiales (tout le territoire) et temporelles (toutes les saisons) de l'ensemble de l’offre touristique.» Avis des associations : On cherche vainement le nouveau souffle sur des marchés de prédilections. S’il est fait mention d’avis autorisés de nombreux experts qui s’accordent entre eux…, la conclusion finale est que la contribution des sports de neige restera essentielle ! Les affirmations d’AV2020 tendent à soutenir la dispersion des infrastructures dans l’espace des Alpes vaudoises et à en étendre l’exploitation tout au long de l’année. Pour protéger la nature et le paysage, il faut plutôt concentrer les nuisances et ne pas équiper tout l’espace d’infrastructures. Il convient cependant de relever que les associations soutiennent le principe de concevoir un « Espace de mobilité par le bas » dans la mesure où il implique l’utilisation des infrastructures routières et ferroviaires existantes, sans en prévoir de nouvelles. «La revalorisation des produits phares de la région, Glacier 3000, Kuklos, Parc naturel régional Gruyère Pays-d’Enhaut, va contribuer à moderniser et renforcer l’image de la destination.» Avis des associations : ces trois offres sont bien trop hétérogènes pour renforcer l’image de la destination. Comment lier le décor artificiel des installations démesurées de Glacier 3000 avec le Parc régional dont le but est de valoriser un paysage et une nature dépourvus d’infrastructures qui les défigurent ? 2.3 Objectifs stratégiques et mise en cohérence transversale (Pages 17-18) Avis des associations : fonder toutes les mesures du développement de l’offre quatre saisons autour de Glacier 3000 est contradictoire. De plus, «viser la réalisation d’une liaison portée directe entre le village des Diablerets et le Glacier, en remplacement de l’installation partant du col du Pillon» revient à ignorer le dispositif de protection du paysage des Diablerets par l’Inventaire IFP. On a l’impression que l’objectif est de surpondérer l’importance de Glacier 3000 pour tenter de lui donner une importance nationale dans le but de détourner la protection du site. Faut-il aussi rappeler la faillite de Glacier 3000 dont la rénovation avait englouti 40 millions de francs d’argent public ? Remontées mécaniques Citation : «Valoriser l’offre et améliorer sa compétitivité en toute saison, cela en intégrant les enjeux climatiques et environnementaux. Dans ce but : assurer l’attractivité du ski, levier économique majeur, notamment en renforçant l’enneigement artificiel.» Alpes vaudoises 2020 | Position de Pro Natura Vaud et du WWF Vaud | 14.01.2015 7
Avis des associations : pratiquement, il peut être concevable de maintenir l’attractivité du ski en renforçant localement l’enneigement artificiel; mais la modernisation et la rationalisation de l’offre doivent être envisagées dans le sens d’une concentration des nuisances plutôt que de leur extension dans de nouveaux secteurs. Les enjeux globaux liés à l’énergie, au climat et à la nature ne permettent pas de poursuivre un développement dans les Alpes vaudoises sans limites précises, mêmes quand celles-ci ne nous ont pas encore été imposées par des restrictions légales à l’échelon fédéral ou international. Il faut intégrer dès maintenant les grands enjeux climatiques et énergétiques ainsi que la mutation qui s’opère dans notre société suisse et la prise de conscience que les ressources sont limitées. Ainsi, la Stratégie énergétique 2050 de la Suisse doit se concrétiser en mettant fin au gaspillage. Le temps est venu de renoncer définitivement à tout autoriser partout. Quant à l’exploitation estivale des téléphériques, elle n’est pas souhaitable partout. Elle engendrerait des coûts d’exploitations démesurés par rapport à une faible demande. Comme déjà dit plus haut, cette exploitation ne doit pas engendrer des dérangements à la faune (VTT et trottinette sur herbe). Malgré tout, une télécabine pourrait fonctionner dans chaque station en haute saison estivale et de manière temporaire : Kuklos, Roc d’Orsay, Glacier 3000 (actuel), Isenau, La Braye. Hébergement touristique et résidentiel Citation : «Renforcer l’attractivité et la rentabilité de l’hébergement. Dans ce but: favoriser la restructuration de l’offre et sa mise en adéquation avec les demandes des différentes catégories d’usagers, cela notamment par le biais de conditions cadres réadaptées; réunir les conditions aptes à attirer davantage d’hôtes en séjour et, par conséquent, de clients pour l’ensemble des prestataires touristiques, dont les remontées mécaniques. » Avis des associations : Les équipements lourds pour les besoins du tourisme d’hiver contribuent à la faiblesse de l’occupation hôtelière, dans la mesure où ils génèrent un appel sur une saison très courte. Le flou sémantique de la citation semble cacher le fait que de nouveaux investissements dans les équipements en faveur du ski ne peuvent qu’affaiblir encore la « rentabilité de l’hébergement ». Par conséquent, il est urgent, d’un point de vue économique, de renoncer à attirer davantage d’hôtes par des équipements lourds que sont les remontées mécaniques, miser sur la qualité humaine de l’accueil et travailler concrètement à la valorisation de la ressource paysagère et du patrimoine naturel en développant, par exemple, une offre d’itinéraires piétonniers et de pistes cyclables entre les villages et les stations. La marche sur la neige avec des chemins damés remporte un franc succès sans nécessiter aucune infrastructure. Les activités économiques de proximités peuvent encore être largement valorisées, notamment celles de l’agriculture de montagne qui jouit d’un grand capital de sympathie, ainsi que tous les métiers du bois. L’accueil des touristes par les acteurs de l’économie de proximité des Alpes vaudoises est à développer. Le potentiel existe comme l’explique l’étude de diversification touristique1 citée en document de référence, lorsqu’elle parle de générer des revenus à partir de la nature. Citation : « Générer des retombées économiques à partir de l’accès à la nature nécessite de développer des services plus que des équipements. En regroupant ces services, il est possible de générer des flux financiers et des retombées supplémentaires dans l’économie locale ». 1 « Stratégie de diversification touristique des Alpes vaudoises- Rapport final Tome 1 », p.62 Alpes vaudoises 2020 | Position de Pro Natura Vaud et du WWF Vaud | 14.01.2015 8
3. STRATEGIE 3.1 Cadre organisationnel (Page 19) Les constats principaux et potentiels nous paraissent cohérents. De même que l’objectif stratégique en matière de coordination et d’organisation. D’accord avec les cinq axes 3.1.1 à 3.1.5. mentionnés dans les «axes stratégiques prioritaires et résultats attendus.» Les associations demandent à participer aux travaux de la mise en œuvre de la stratégie. 3.2 Glacier 3000, attraction phare 4 saisons Constats principaux et potentiels. (Page 21) Avis des associations : NON au remplacement du téléphérique actuel par une liaison portée directe entre le village des Diablerets et le Glacier. Il n’est pas du tout démontré, à ce stade de l’étude, qu’une telle infrastructure serait déterminante ou économiquement rentable et on ne doit pas la considérer comme fondamentale. La question de la faisabilité est rédhibitoire et conduit à RENONCER à cette option car l’IFP doit rester protégé. NON à la construction d’un hub au Diablerets permettant la connexion du train Aigle – Le Sépey – Les Diablerets avec les télésièges et téléphériques qu’il faudrait prolonger. Bien que sur le principe la concentration des infrastructures pourrait être souhaitable, il faut renoncer au gigantisme qui déprécierait la valeur paysagère du village des Diablerets. Il en résulterait en outre des coûts de gestion démesurés et des problèmes en cas d’affluence de skieurs arrivant par train ou en voiture (voir p. 12). Objectif stratégique relatif à Glacier 3000, attraction phare 4 saisons Avis des associations : elles sont fermement opposées à l’axe stratégique 3.2.1 qui est d’étudier la faisabilité de la liaison en portée directe entre le village des Diablerets et Glacier 3000, en remplacement de l’installation partant du col du Pillon. Éclairage complémentaire (facteurs de risque ou de succès, enjeux spécifiques ou autres remarques) : (Page 22) Avis des associations : l’argument du démantèlement du téléphérique actuel Col du Pillon – Tête aux Chamois ne saurait justifier l’option d’une nouvelle installation à portée directe depuis les Diablerets. Le secteur est situé en bord de route et on ne voit pas comment un réaménagement naturel pourrait être réalisé. L’argument économique est pour le moins douteux si l’on songe aux difficultés financières auxquelles ont été confrontés les exploitants par le passé et l’importante dette que le Canton a dû recouvrir. On peut rappeler la faillite de Glacier 3000 dont la rénovation avait englouti 40 millions de francs d’argent public. 3.3 Tourisme 4-saisons (Page 24) Principales mesures : Avis des associations : elles sont opposées au développement de bains thermaux aux Diablerets. Cette idée sort d’on ne sait où car il n’y a pas de source d’eau chaude Alpes vaudoises 2020 | Position de Pro Natura Vaud et du WWF Vaud | 14.01.2015 9
exploitable aux Diablerets. Une telle infrastructure serait coûteuse, difficile à financer et grosse consommatrice d’énergie et par suite, grande productrice de CO2. Tenir compte de la Stratégie énergétique 2050 de la Suisse doit conduire à renoncer à ce projet qui reviendrait, du point de vue marketing à faire du me too en tentant de se placer sur le même marché que celui occupé par Charmey, Lavey, Ovronnaz, Val d’Illier, Saillon ou Leukkerbad. En revanche, elles sont favorables à un tourisme doux fondé sur la valorisation du capital paysager et naturel, sans le détruire et sans l’altérer par de grosses infrastructures de types remontées mécaniques et bâtiments surdimensionnés. 3.4 Remontées mécaniques (Page 25) Constats principaux et potentiels Citation : «Pour donner un nouveau souffle au secteur, différentes pistes d’amélioration ont été proposées. Il s’agit d’abord de viser une optimisation qualitative de l’offre, et non quantitative. La connexion de produits phares existants aux transports publics constitue une option en la matière, de même que des réaménagements de domaines permettant la création de grandes pistes. Une autre option réside dans le renforcement de la mise en réseau globale des domaines, cela par la route et le rail principalement. Une troisième option est de moderniser et rationaliser les installations, et d’étendre l’enneigement artificiel afin de répondre aux attentes de la clientèle. Enfin, c’est par la fusion progressive des sociétés qu’un renforcement peut encore être obtenu. » Avis des associations : parmi plusieurs potentiels évoqués ci-dessus, il ne sera pas possible de réaménager les domaines en permettant la création de grandes pistes puisqu’ils porteraient des atteintes supplémentaires au paysage. En effet, les lois qui protègent la nature et le paysage, malgré leur faiblesse intrinsèque, ne permettent plus des atteintes de cette ampleur si elles ne sont fondées sur un intérêt public ou économique prioritaire. Le principe d’une mise en réseau paraît irréaliste dans la mesure où les distances seraient trop grandes pour que les skieurs en bénéficient et cette extension maintiendrait nos stations en situation concurrentielle défavorable par rapport aux stations d’altitude voisines du Valais et du canton de Berne. Le gain de rentabilité n’est pas clairement prouvé en regard de la réalité climatique et économique concurrentielle. La troisième option visant à « moderniser et rationaliser les installations, et d’étendre l’enneigement artificiel afin de répondre aux attentes de la clientèle », utilise un langage équivoque. Rationaliser n’est pas étendre, et quand il s’agit de doubler la longueur de piste et de les abaisser jusqu’à 900 m d’altitude, le projet verse clairement dans l’irrationnel. Le volet de l’extension de l’enneigement artificiel se trouvera confronté à une forte opposition juridique, car en plus des atteintes à l’environnement (nature, paysage, consommation d’énergie), il n’est pas du tout certain que ce soit une attente significative des nouveaux segments potentiels de clientèle. D’ailleurs, il est dit juste après que la faisabilité financière est dépendante des soutiens qui seraient accordés par le Canton, ce qui révèle que la rentabilité économique n’est même pas attendue. Avis des associations : il n’est ni sensé, ni politiquement acceptable, ni possible, de tenir compte des enjeux climatiques et environnementaux et en même temps de viser au renforcement de l’enneigement artificiel et de son extension. Si on peut maintenir l’attractivité du ski, il convient de renoncer à le considérer comme levier économique majeur, et de ne pas renforcer l’enneigement artificiel. La modernisation et la rationalisation de l’offre est par contre envisageable dans le sens d’une adaptation à la Alpes vaudoises 2020 | Position de Pro Natura Vaud et du WWF Vaud | 14.01.2015 10
baisse et d’une concentration des nuisances plutôt que leur extension à des secteurs pas encore touchés. Axe prioritaire 3.4.1 Avis des associations : Il s’avèrera conflictuel, compte tenu des enjeux environnementaux évoqués ci-avant, de renforcer l’enneigement artificiel. A noter que vouloir assurer une offre en matière de ski d’apprentissage s’oppose à la création de liaisons entre les domaines skiables, car il est reconnu que les skieurs débutants se satisfont d’une ou deux pistes et qu’il leur est tout simplement impossible de parcourir des longues distances. Escompter rentabiliser des investissements massifs planifiés à l’horizon 2020 en prétendant qu’ils ne seraient pas menacés avant le début de la période critique attendue pour 2035, relève d’une mauvaise compréhension des changements climatiques qui sont des aléas difficilement modélisables puisque les effets sont déjà visibles aujourd’hui et menacent, certes de manière irrégulière, l’exploitation des domaines skiables de basse altitude, même pourvus d’installations d’enneigement artificiel. Parmi les principales mesures, il faut exclure : - les projets d’enneigement artificiel pour les raisons évoquées ci-avant ; - le projet de grande piste aux Monts-Chevreuils (voir plus loin les arguments développés). 3.5 Mobilité (Page 27) Parmi les mesures principales, dont certaines se heurtent à de forts obstacles légaux d’aménagement du territoire et de protection du paysage, on pourrait utilement prévoir d’élargir le forum de discussion sur la réorganisation des terminaux d’installations de transports et la création de «l’interface train-remontées mécaniques (point de départ, notamment de la liaison portée directe Diablerets-Scex Rouge) » pour les raisons suivantes : la portée directe Les Diablerets - Scex-Rouge traverserait l’IFP : une telle interface n’est pas une attraction motivante pour les skieurs qui arrivent en train car ils sont aptes à parcourir des distances à pied (puisqu’ils l’ont fait depuis leur domicile jusqu’à la gare d’où ils sont partis). De plus, une concentration sur un seul site de tous les skieurs, voyageurs en train et en voiture, et touristes hébergés en station ou résidants, provoquerait des encombrements permanents. La dispersion, relative des départs de remontées mécaniques permet de mieux répartir la clientèle avec une approche multi-sites. A noter qu’au Diablerets le temps de marche à pied est d’environ 8 minutes entre la gare et le départ de la télécabine d’Isenau. Pour des sportifs, une telle distance est négligeable. Pour les moins sportifs, le transfert peut être facilement assuré par des bus navette lors de l’arrivée des trains. Cette solution est moins coûteuse et ne nécessite pas de nouvelles infrastructures. 3.6 Hébergement (Page 29) Les objectifs stratégiques en matière d’hébergement touristique et résidentiel n’appellent pas d’autres commentaires que ceux que nous émettons sur le respect de la nouvelle LAT. L’habitat dispersé et le développement de hameaux décentrés constitue également Alpes vaudoises 2020 | Position de Pro Natura Vaud et du WWF Vaud | 14.01.2015 11
un risque majeur pour l’environnement avec une forme déguisée d’étalement urbain et une dispersion des nuisances dans le paysage. Volet opérationnel d’AV2020 (Page 31-34) Bien que le volet opérationnel, dont en particulier la liste des mesures et les aspects financiers qui s’y rapportent aient des statuts de projets, WWF Vaud et Pro Natura prennent également position sur les conflits avec la protection de la nature et du paysage. 4. MESURES, INVESTISSEMENTS ET MISE EN ŒUVRE Avis des associations : plusieurs mesures sont contestables et il faut y renoncer a priori pour les raisons exposée ci-avant: 8 Groupe(s) de travail, montée directe Diablerets-Scex Rouge À initier 10 Réalisation au plus vite de la montée directe Diablerets-Scex Rouge, si faisable À initier 27 Diablerets : développement de bains thermaux Étude 31 Gryon : extension et réaménagement de Gryon-Parc (parc d'activités estivales) 37 Mosses : renforcement du produit "Plateau des Mosses" Étude (site marécageux d’importance nationale) 46 Rougemont : animation estivale à la Videmanette Étude (réserve naturelles de la Pierreuse) 67 Château-d'Oex : télésiège débrayable Mts-Chevreuils / modernisation, grande piste Étude 68 Château-d'Oex : téléski Monts-Chevreuils zone apprentissage / modernisation Étude 70 Château-d'Oex : enneigement Monts-Chevreuils Étude 80 Diablerets : interface train/bus/RM Réflexion 4.2 Les acteurs et leur organisation : une condition pour la réussite de la mise en œuvre (Page 34) On regrette que les associations de protection de la nature, du paysage et de l’environnement ne figurent pas de manière explicite sur les listes de partenaires à associer. 5 La protection de la nature et du paysage est une nécessité économique L’étude sur la diversification du tourisme, citée parmi les documents de référence, insiste sur l’importance de la protection du paysage pour une véritable diversification touristique dans les Alpes vaudoises et recommande de «Poursuivre la préservation et l'enrichissement des zones naturelles, notamment en s’inscrivant dans la logique de Parc Naturel Régional »2. 2 P.58 Tome I, § « 1.2. Préserver le fonds de commerce » Alpes vaudoises 2020 | Position de Pro Natura Vaud et du WWF Vaud | 14.01.2015 12
Une autre étude, réalisées dans le cadre du programme de national de recherche PNR 483 dédié aux Alpes, s’est intéressée à la perception des touristes vis-à-vis du paysage. L’étude aboutit à la conclusion suivante 4 : « un paysage créateur d’identité et offrant une grande biodiversité est jugé souhaitable, et les transformations du paysage liées au tourisme (y compris la forte extension des résidences secondaires) sont ressenties comme une perte esthétique. La perception négative des transformations du paysage liées au tourisme, surtout par les touristes, met en évidence que la sauvegarde de la beauté du paysage dans les régions touristiques ne constitue pas seulement un engagement moral mais aussi, à moyen terme, une nécessité économique. » La beauté et la richesse biologique des Alpes vaudoises sont donc des atouts touristiques majeurs. Les préserver est donc important non seulement pour la nature mais aussi pour l’attrait économique des Alpes vaudoises. A ce titre, il convient de renoncer aux mesures qui y porteraient des atteintes et qui sont prévues dans AV2020. 6 La création d’un méga domaine skiable est irréaliste dans les Alpes vaudoises La diversification des activités touristiques et le développement d’un tourisme 4-saisons sont présentés comme une des priorités d’AV 2020. Pourtant, la vision AV 2020 prétend ne pas pouvoir se passer du ski à moyen-terme et prévoit même la création d’un grand domaine skiable reliant Villars à Leysin ou à Glacier 3000. Le projet prévoit une augmentation considérable de l’enneigement artificiel et la création de nouvelles télécabines traversant des secteurs protégés afin de relier les domaines skiables entre eux. Ainsi, selon les chiffres de l’EES, les kilomètres de pistes enneigées artificiellement passeraient de 49 kilomètres (légalisés) à 88 kilomètres5. Or le diagnostic, effectué en 20046 par les experts mandatés pour fournir des recommandations sur la diversification touristique, est très clair : «Les Alpes Vaudoises ne peuvent pas prétendre offrir de grands domaines de ski, tels qu’ils continuent à se constituer par l’interconnexion de vallées alpines, pour offrir à la clientèle l’image d’une variété inépuisable du domaine skiable. Seules les liaisons entre Villars et Les Diablerets d’une part, Rougemont (Videmanette) et Gstaad d’autre part, ouvrent des domaines suffisamment diversifiés pour satisfaire une clientèle de séjour motivée par la pratique du ski. L’hypothèse de nouvelles connexions pour désenclaver les domaines skiables isolés se heurte à des difficultés topographiques qui induiraient des liaisons horizontales peu attractives ou à des incompatibilités avec les enjeux de protection de sites naturels qui bénéficient de statuts de protection. » On peut rappeler qu’en 2012, la Cour des Comptes a critiqué l’approche tout pour le ski et la rentabilité de l’enneigement artificiel à long terme7. Les coûts financiers et environnementaux de l’enneigement artificiel sont extrêmement élevés, tant du point de 3 Programme national de recherche intitulé : « Paysages et habitats de l’arc alpin : Entre valeur ajoutée et valeur appréciée » 4 PNR Rapport de synthèse – Utilisation des sols et diversité biologique dans les Alpes : faits, perspectives, recommandations, p. 112 5 P. 32 EES 6 Etude de diversification touristique – Diagnostic – Rapport final, 2004, p.63 7 Audit de performance de l’enneigement artificiel dans le Canton de Vaud, Rapport no 21, 14 novembre 2012, Cour des Comptes du Canton de Vaud Alpes vaudoises 2020 | Position de Pro Natura Vaud et du WWF Vaud | 14.01.2015 13
vue de la mobilisation des ressources hydriques que par l’impact qu’il produit sur la faune et la flore alpine. On mentionnera, à toute fin utile, que les eaux destinées à l’enneigement artificiel sont pompées au fond des vallées, ou dans des rivières en étiage hivernal ou sont stockées en altitude dans des retenues hautement dommageables pour le paysage. Il apparaît que cette mesure consistant à créer un seul domaine skiable ne figure plus dans le volet opérationnel du Rapport final AV2020 du 11 juillet 2013. Il convient cependant de s’en assurer. 7 Les nouvelles liaisons endommageraient les derniers espaces naturels intacts Malheureusement, loin de prendre en compte la protection du paysage dans sa stratégie de diversification, la vision AV 2020 préconise des mesures portant encore davantage atteintes au paysage et à la nature. Ainsi : Le versant sud du Mont-d’Or présente encore un paysage intact d’une beauté particulière et constitue l’une des dernières zones refuges pour les animaux en période hivernale. Une nouvelle liaison Les Mosses-Leysin dans ce secteur empièterait des paysages et milieux naturels classés aux niveaux fédéral et cantonal avec des impacts négatifs sur la flore et la faune que l’EES juge importants. Il semblerait cependant que cette mesure ait été abandonnée car elle ne figure pas dans le Rapport final AV 2020 du 11 juillet 2013 La liaison Leysin-Villars pose, selon l’EES, des problèmes similaires à la liaison Les Mosses-Leysin. En effet, la vallée des Ormonts est très naturelle et sauvage. La nouvelle télécabine traverserait la vallée et porterait une atteinte sans précédent au paysage. Il semble cependant que cette mesure ait heureusement été abandonnée car elle ne figure pas dans le Rapport final AV 2020 du 11 juillet 2013. La liaison Diablerets – Glacier 3000 traverserait, elle aussi, une région intacte, sauvage avec très peu de dérangement pour la nature. De plus, ce versant de la montagne est entièrement protégé au niveau fédéral par l’IFP et comporte plusieurs réserves naturelles et écosystèmes particulièrement précieux. Ces installations, qui sont présentées comme des atouts majeurs pour le tourisme « 4- saisons », porteraient atteintes à des paysages encore intacts et les banaliseraient par les balafres qu’elles y laisseraient de manière permanente sans apporter d’avantage particulier pour le tourisme. De plus leur financement et leur amortissement paraissent impossibles sans des aides publiques qu’il faudrait gaspiller à fonds perdu. 8 La transition vers un tourisme 4 saisons Une véritable transition vers un tourisme 4-saisons ne nécessite pas davantage d’infrastructures mais l’optimisation de l’existant et la préservation des valeurs naturelles et paysagères qui confèrent aux Alpes vaudoises leur attractivité. Le tourisme étant un élément central de l’économie des régions préalpines, il convient de préserver la ressource paysagère qui en fonde l’attractivité. Les Alpes vaudoises doivent Alpes vaudoises 2020 | Position de Pro Natura Vaud et du WWF Vaud | 14.01.2015 14
rester accessibles aux nombreux visiteurs qui viennent s’y ressourcer. Cette vision figure d’ailleurs parmi les recommandations d’experts du tourisme.8 . Nous l’avons vu, le terrain de prédilection de la diversification touristique des Alpes vaudoises repose sur leur qualités intrinsèques, et en particulier : Le caractère de montagnes à la morphologie douce et accessible, La richesse de son environnement naturel préservé, La qualité et la représentativité du patrimoine architectural traditionnel, La présence d’un tissu économique diversifié, notamment dans les secteurs de l’agriculture, de la formation, de l’artisanat et du commerce, La persistance des valeurs de la ruralité, et un patrimoine identitaire original. Le maintien de ces qualités est la condition nécessaire à la réussite d’une diversification basée sur la préservation des ressources naturelles à maintenir au centre des problématiques de développement de façon à : Poursuivre la préservation et l'enrichissement des zones naturelles, notamment en s’inscrivant dans la logique de Parc Naturel Régional ; Contrôler les extensions urbaines, tant sur le plan quantitatif que qualitatif (plans d’affectation concertés entre les communes), pour préserver le caractère authentique de la destination, et maintenir une place de choix à la ruralité, Définir des zones et des modalités de protection du patrimoine architectural et urbanistique. Cette démarche permettra de répondre à la demande de touristes en recherche d’authenticité, de dépaysement et de calme. Ainsi, les associations insistent pour que la stratégie AV2020 : optimise les installations existantes et n’en crée pas de nouvelles dans les rares milieux préservés, rationnalise la consommation de sols et l’urbanisation des stations de montagnes, préserve la ressource paysagère et respectent les zones protégées. 9 Diversification, tourisme de proximité et tourisme durable L’étude sur la diversification touristique met en évidence l’importance de la nature, du besoin de ressourcement, etc. Elle donne aussi la priorité, avant la clientèle étrangère, à la clientèle de proximité qui est constituée de segments de demande parmi les moins travaillés aujourd’hui par les stations des Alpes vaudoises. C’est le plus grand potentiel touristique capable de générer des revenus à long terme. Les rapports sur la diversification du tourisme notent d’ailleurs que les touristes d’aujourd’hui aiment de moins en moins le ski, car il coûte cher. Ils sont nombreux à rechercher d’autres types de loisirs liés à une nature intacte et préservée et à ne pas apprécier les grosses infrastructures défigurant le patrimoine naturel et architectural (le hub des Diablerets en serait la pire expression). Pour offrir le dépaysement, le ressourcement, la découverte de la nature et du patrimoine, les grosses infrastructures ne sont pas nécessaires. Une offre respectant la nature et le paysage des Alpes vaudoises serait parfaitement à même de répondre aux besoins et attentes des touristes d’aujourd’hui. 8 « Stratégie de diversification touristique des Alpes vaudoises- Rapport final Tome 1 », p.58 Alpes vaudoises 2020 | Position de Pro Natura Vaud et du WWF Vaud | 14.01.2015 15
10 Glacier 3000 et le hub des Diablerets: échec de la diversification 4 saisons D’après le rapport final, l’approche 4-saisons de la diversification d’AV2020 est essentiellement basée sur l’organisation d’évènementiels, la mise en valeur de quelques lieux du patrimoine et le ski nordique, et sur Glacier 3000 et son hub. Or les projets de nouveau téléphérique et de hub aux Diablerets, qui paraissent fonder toute la stratégie AV 2020, seraient des infrastructures qui auraient d’énormes impacts en artificialisant le paysage et en portant atteintes aux milieux naturels. Où serait la durabilité proclamée dans plusieurs rapports? Les Alpes vaudoises doivent pouvoir attirer des touristes sans qu’il faille créer de telles infrastructures qui nécessitent le bétonnage du paysage. 11 Contestation de projets qui porteraient atteinte à des sites naturels Les appréciations des impacts des projets sont basées sur le rapport d’Evaluation environnementale stratégique (EES) – rapport révisée selon le rapport GT RM et publié le 1er juillet 2013. Il est à noter que cette évaluation porte principalement sur les impacts que produiraient les remontées mécaniques. Il ne traite pas des impacts que produiraient d’autres mesures sur l’environnement et la nature, tel que l’hébergement. 11.1 Domaines skiables de Villars et Gryon Bien que l’EES ne mentionne aucun impact pour ce secteur, la construction d’une nouvelle piste avec enneigement artificiel entre Chaux-Ronde et Les Fracherets consisterait à enneiger une piste secondaire. Nous y sommes donc fermement opposés car son utilité n’est pas démontrée. 11.2 Liaison Villars – Meilleret Le remplacement de plusieurs installations existantes par des installations plus longues et de plus grandes dimensions causerait des impacts importants sur des habitats encore fonctionnels pour la faune, particulièrement le tétras lyre, espèce vulnérable. L’impact serait la fragmentation de son habitat, les dérangements en hiver et durant la période de reproduction au printemps. 11.3 Villars : nouvelle piste de ski Crête du Meilleret – La Rasse (vallée de la Gryonne) Page 39 EES : Ce versant, exposé au sud, constitue aujourd’hui une zone bien connue de refuge et d’hivernage pour le tétras lyre. Son habitat a déjà été très fortement réduit par les installations et pistes construites sur le versant nord : Chaux-de-Conche, Perche et Laouissalet. La création d’une nouvelle piste de descente sur La Rasse serait particulièrement problématique et nous y sommes fermement opposés. Elle toucherait un IFP, nécessiterait le nivellement de la crête sur une longueur de 600 mètres (!), impacterait des bas-marais classés et causerait un dérangement inacceptable à une population de tétras lyres déjà rudement mise à l’épreuve. Ce versant, très étendu dans sa largeur, Alpes vaudoises 2020 | Position de Pro Natura Vaud et du WWF Vaud | 14.01.2015 16
Vous pouvez aussi lire