Changement climatique et prévention du risque sur le littoral - LES CONTRIBUTIONS

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Changement climatique et prévention du risque sur le littoral - LES CONTRIBUTIONS
S É M I N A I R E S U R L A P R É V E N T I O N D E S R I S Q U E S N AT U R E L S M A J E U R S

                                    19 SEPTEMBRE 2007

                                    Changement climatique
                                    et prévention
                                    du risque sur le littoral
                                    LES CONTRIBUTIONS
Changement climatique et prévention du risque sur le littoral - LES CONTRIBUTIONS
19 SEPTEMBRE 2007

Changement climatique
et prévention du risque
sur le littoral
Les contributions
Changement climatique et prévention du risque sur le littoral - LES CONTRIBUTIONS
Changement climatique et prévention du risque sur le littoral - LES CONTRIBUTIONS
PRÉFACE

C     réé en 2001 par le ministère de l’Écologie
      et du Développement durable (MEDD), le
« réseau risques » contribue à la mise œuvre de        Plusieurs diagnostics menés sur le réseau ont
la politique nationale de prévention des risques       confirmé que les clubs correspondent à une
naturels majeurs en favorisant les échanges            attente des acteurs de la prévention des risques
de pratiques et les débats techniques entre les        majeurs, notamment pour l’accompagnement
différents acteurs locaux en charge de cette           des nouveaux arrivants dans ce domaine.
politique.                                             Il convient cependant d’améliorer la diffusion
Dans ce cadre et sur l’ensemble des régions fran-      de l’information, en particulier entre les clubs,
çaises, les directions régionales de l’environne-      de poursuivre la professionnalisation des servi-
ment (DIREN) et les directions régionales de l’in-     ces, notamment en fonction des orientations
dustrie de la recherche et de l’environnement          gouvernementales ou sur des thématiques
(DRIRE) animent des « clubs risques », régionaux       stratégiques et émergentes, et par conséquent
ou interrégionaux, avec l’appui des Centres            de renforcer l’animation du réseau tant au niveau
d’études techniques de l’équipement (CETE).            régional qu’au niveau national.
Les agents des services déconcentrés de l’État         Dans ce cadre, le MEDAD a souhaité organiser
en charge de la prévention des risques s’y réu-        à Paris une manifestation de deux journées, les
nissent en présence d’un représentant du               18 et 19 septembre 2007, pour réunir les services
ministère de l’Écologie, du Développement et           déconcentrés, la première consacrée à la valo-
de l’Aménagement durables (MEDAD). Tous les            risation des productions des « clubs risques », la
champs de la prévention des risques y sont abor-       seconde à un sujet stratégique : le changement
dés à savoir : la connaissance du risque, le suivi     climatique et la prévention des risques naturels
et la surveillance des aléas, l’information pré-       sur le littoral.
ventive, la prise en compte du risque dans l’amé-
nagement, la réduction de la vulnérabilité, la
préparation à la gestion de crise et le retour d’ex-
                                                       L   a seconde journée a été organisée par la
                                                           DPPR, la DIACT, la DGMT, la DGUHC, le CGPC
                                                       et le Cete de l’ouest. Elle doit permettre de pré-
périence.
                                                       senter l’état des connaissances sur la question
Contribuant à l’harmonisation et à la profession-      de l’impact du changement climatique en
nalisation des pratiques, les clubs peuvent ainsi      matière de risques sur le littoral, de présenter les
être des lieux de « productions », en particulier      premières réponses techniques apportées par
de doctrines régionales, de diffusion de métho-        les acteurs locaux et d’échanger sur leurs actions
des, de valorisation d’actions intéressantes et        et difficultés. Au-delà des enjeux exposés en ter-
de réflexion pour l’amélioration des politiques
                                                       mes scientifiques, la journée pose la question du
publiques.
                                                       cadre institutionnel, des compétences et des
Le Centre d’études sur les réseaux, les transports,    principes d’actions à développer pour répon-
l’urbanisme et les constructions publiques (CERTU)     dre à ce nouveau défi. Cet ouvrage, diffusé à
assure en outre auprès du MEDAD un appui à             cette occasion, présente la plupart des interve-
l’animation de ce réseau au niveau national.           nants à ce séminaire ainsi qu’une synthèse de
                                                       leur présentation et regroupe des documents
                                                       qu’ils ont jugé utile de diffuser.

                                                       Michel SEGARD
                                                       sous-directeur de la prévention
                                                       des risques majeurs,
                                                       adjoint au délégué aux risques majeurs

                                                                                                              3
Changement climatique et prévention du risque sur le littoral - LES CONTRIBUTIONS
SOMMAIRE

    Présentation
           Mauricette STEINFELDER . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

    1re partie
    L’état de la connaissance : quel impact du changement
    climatique sur le littoral ?                                                                  ................................................................................................                                                                      9

       Pascale DELECLUSE
    L’état des connaissances sur le changement climatique, son impact sur les risques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13

        Joël L’HER
    L’impact du changement climatique sur les risques côtiers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17

    2e partie
    L’organisation des acteurs : quelle gouvernance
    adaptée au littoral ?                                                         ........................................................................................................                                                                           21

        Jean-Luc HALL
    La Mission interministérielle Mer en Normandie (MIMEL)
    et l’appréhension des risques littoraux liés aux changements climatiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25

       Jean-Baptiste MILCAMPS
    Un sous-préfet chargé de mission pour le littoral . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27

       François CLERC
    Le programme de travail des services de l’État en région Nord-Pas-de-Calais . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29

        Christophe LEVISAGE
    Le littoral, laboratoire d’une nouvelle gouvernance ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37

    3e partie
    Les outils de la connaissance : quels sont les moyens
    dont on dispose pour réduire les incertitudes ?                                                                                                                                   ..............................................                                 39

           Nicole LENÔTRE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43

       Sébastien COLAS
    Les travaux de l’Observatoire du littoral, les autres travaux français et européens en cours . . . . . . . . . . 45

       Serge ALLAIN
    Le SHOM, le modèle numérique terre/mer LITTO 3D® . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49

       Franck LEVOY
    Orientations scientifiques concernant les environnements sédimentaires côtiers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53

       Xavier CHAUVIN
    L’Observatoire de la côte Aquitaine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55

4
Changement climatique et prévention du risque sur le littoral - LES CONTRIBUTIONS
4e partie
Le littoral et l’activité touristique :
quelles réponses spécifiques ?                                                                                 .................................................................................                                                 59

  Noël LE SCOUARNEC
Changement climatique et développement durable du tourisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63

   René FEUNTEUN
La problématique des campings . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65

    Christelle GRATTON
L’information préventive à destination des touristes                                                                              .....................................................................                                          71

   Guillaume GABACH/Adeline PAGES
La problématique en DDE, la réflexion engagée sur Lacanau                                                                                                   .....................................................                                73

   France POULAIN
2054. Campement littoral . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75

5e partie
Le développement et l’aménagement durables du littoral :
en quoi une démarche transversale permet-elle de traiter
les risques liés au changement climatique sur le littoral ?                                                                                                                                                 .......................              77

   Pascale ARNOLD
De la défense contre la mer à la gestion du trait de côte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81

   François AMIOT
Les risques spécifiques au littoral et l’urbanisme :
quelles questions ? quelle prise en compte ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85

   Michel SEGARD
La place et l’évolution des PPR et des outils de la prévention, la concertation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87

   Violaine ALLAIS
Les orientations du Conservatoire du littoral en matière de gestion
du trait de côte en général, et de dépoldérisation en particulier. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89

                                                                                                                                                                                                                                                          5
Changement climatique et prévention du risque sur le littoral - LES CONTRIBUTIONS
Changement climatique et prévention du risque sur le littoral - LES CONTRIBUTIONS
Changement climatique et prévention
                                                 du risque sur le littoral

Mauricette STEINFELDER
Administratrice civile HC, directrice régionale de l’Environnement de Languedoc-Roussillon depuis
septembre 2006. Précédemment directrice déléguée de la DIREN DRIRE PACA. Auparavant, plusieurs
postes en administration centrale, dont celui d’adjointe au chef de service des affaires internationales
du ministère de l’Environnement, chargée du suivi des conventions de Rio, dont les changements
climatiques.

      Les zones côtières densément urbanisées           les recherches et d’améliorer les connaissan-
sont particulièrement vulnérables à divers aléas        ces en rapprochant chercheurs en sciences de
tels que érosion, inondations-submersions mari-         la Terre et urbanistes (géologie, hydrogéomor-
nes ou glissements de terrain… Le changement            phologie, bathymétrie, affiner les scenarios), de
climatique va exercer une pression croissante           les mutualiser et de les faire connaître ;
sur les installations urbaines, touristiques, indus-    – d’échanger les expériences pour mieux maî-
trielles et agricoles du littoral : exposition aggra-   triser les méthodes de gestion du rivage (passer
vée aux aléas naturels et population en aug-            de protections ponctuelles à des approches plus
mentation constante sur les zones côtières              globales) ;
accroissant les risques, défis majeurs pour l’État      – sur ces bases, d’élaborer des doctrines parta-
et les collectivités locales.                           gées à l’échelle régionale pour les PPR de sub-
     Le GIEC prévoit en effet que les impacts des       mersion marine et les PPR multirisques (inonda-
changements climatiques se traduiront par une           tion-submersion-glissement de terrain…) ;
montée du niveau de la mer, des pluies hiverna-         – enfin, de mettre en œuvre sans tarder, avec
les plus abondantes et des orages plus violents         les collectivités, des politiques d’adaptation et
et plus fréquents.                                      de réduction de la vulnérabilité, économique-
     Pour assurer un développement durable des          ment efficaces afin d’écarter de nouveaux déve-
zones côtières, il est essentiel pour les services :    loppements dans les zones les plus vulnérables
– d’avoir une meilleure connaissance des aléas          et de réduire les risques dans les zones déjà amé-
et des enjeux, d’où la nécessité d’approfondir          nagées.

                                                                                                             7
Changement climatique et prévention du risque sur le littoral - LES CONTRIBUTIONS
Changement climatique et prévention
    du risque sur le littoral

8
Changement climatique et prévention du risque sur le littoral - LES CONTRIBUTIONS
1 re p a r t i e
L’état de la
connaissance
L’état de la connaissance

Quel impact du changement
climatique sur le littoral ?
Le changement climatique est un phénomène admis par la
communauté scientifique. Les travaux du GIEC permettent d’évaluer
le changement en cours et, selon plusieurs scénarios, les projections
du changement climatique pour la fin du siècle. Ses effets prévisibles
en termes de risques naturels sont plus difficiles à évaluer, mais l’état
de la connaissance scientifique sera présenté, sous deux perspectives :
quel impact peut avoir le changement climatique sur le littoral et
quelles sont les pistes de travail actuelles ? Comment les risques naturels
sur le littoral et les techniques de protection peuvent-ils évoluer dans
le cadre du changement climatique ?

Intervenants
Pascale DELECLUSE
CNRM/DA
MÉTÉO FRANCE
Directrice adjointe de la Recherche
L’état des connaissances sur le changement
climatique, son impact sur les risques

Joël L’HER
CETMEF
Chef du département Environnement
littoral et Cours d’eau
L’impact du changement climatique
sur les risques côtiers

                                                                              11
L’état de la connaissance
L’état de la connaissance

Pascale DELECLUSE
Directeur de recherche CNRS, Pascale DELECLUSE a rejoint le Centre national de recherche
météorologique, à Météo-France depuis septembre 2006, pour y exercer les fonctions
de directeur adjoint.
Domaine scientifique d’origine : dynamique océanique, modélisation numérique,
variabilité climatique et changement du climat.
Responsable du Programme national de la dynamique du climat à l’INSU pendant huit ans.
Participation à la délégation gouvernementale lors de la réunion finale du groupe 1 du GIEC
en janvier 2007.

L’état des connaissances sur le changement climatique,
son impact sur les risques
Le report du GIEC en cours de finalisation fait le point sur l’évolution du climat.
Le réchauffement de la planète est maintenant un fait incontestable et les observations
montrent une accélération soutenue de ce phénomène depuis le début de l’ère industrielle.
La majeure partie de ce phénomène est attribuée à l’augmentation des gaz à effet de serre.
Des modifications importantes sont maintenant visibles, dont certaines (fonte des glaciers
et des calottes, réchauffement des océans) contribuent à la montée du niveau des
océans. Suivant les projections pour le XXIe siècle, le niveau des océans pourrait monter
de 20 à 50 cm, mais ces estimations ne tiennent pas compte d’une évolution possible dans
les vitesses de fonte des glaciers. Ce chiffre global ne rend pas compte de la répartition
spatiale qui sera, quant à elle, très sensible à l’évolution de la dynamique du système.

     L’état des connaissances sur le changement             La majeure partie de ce phénomène est attri-
climatique fait l’objet d’une grande consulta-          buée à l’augmentation des gaz à effet de serre,
tion de la communauté scientifique dans le cadre        dont la concentration dans l’atmosphère a for-
du GIEC, à l’initiative de l’UNFCCC et de l’OMM.        tement progressé sous l’impact des activités
Le dernier rapport du GIEC dû fin 2007 a réuni le       humaines. La concentration en dioxyde de
consensus de la communauté scientifique sur             carbone, par exemple, a augmenté de 30 %
l’évolution du climat en cours, les impacts et la       depuis le début de l’ère industrielle, bien que
vulnérabilité, les stratégies d’adaptation et de        plus de la moitié des émissions anthropiques ait
réduction des émissions. Depuis le dernier rapport,     été absorbée par la biosphère terrestre et par
qui date de 2001, ce sont six années supplémen-         l’océan. L’augmentation de la concentration
taires de recherche et d’observations qui ont per-      des gaz à effet de serre se traduit par un forçage
mis de confirmer un certain nombre de points, de        radiatif « additionnel » atteignant de 2,3 W.m-2
préciser les mécanismes moteur de ces évolu-            et en considérant d’autres effets anthropiques
tions et de repousser les limites de la connaissance,   comme le refroidissement lié aux aérosols, le
soulevant parfois d’autres questions.                   changement d’usage des terres, la modifica-
    La nouvelle valeur de la vitesse moyenne du         tion de l’albédo, on arrive à une évaluation de
réchauffement au cours des cent dernières               l’augmentation du forçage radiatif de 1,6 W.m-2
années (1906-2005) est de 0,74 °C (0,56 à 0,92 °C),     depuis 1850. Ce réchauffement global entraîne
                                                        des modifications importantes, à présent visibles
l’augmentation totale de température depuis
                                                        dans de nombreux domaines.
le début de l’ère industrielle étant de 0,76 °C. La
vitesse moyenne du réchauffement au cours des               Le contenu moyen de l’atmosphère en
cinquante dernières années, soit 0,13 °C par            vapeur d’eau s’est accru au-dessus des terres
décennie, est environ le double de la pente             et des océans, ainsi que dans la haute tropos-
moyenne pour les cent dernières années, et cette        phère en accord avec l’idée qu’un air plus chaud
vitesse s’est encore accélérée lors des trois           peut contenir un supplément de vapeur d’eau.
dernières décennies où onze des douze derniè-               Les observations depuis 1961 montrent que
res années figurent au palmarès des douze               la température moyenne de l’océan mondial
années les plus chaudes depuis 1850.                    a augmenté jusqu’à des profondeurs d’au moins

                                                                                                             13
L’état de la connaissance

     3 000 mètres et que l’océan a absorbé plus de         tion océanique. Les courants océaniques s’en-
     80 % de la chaleur ajoutée au système climati-        roulent dans le sens anticyclonique autour de
     que. Un tel réchauffement provoque une expan-         bosses du niveau marin et dans le sens cycloni-
     sion de l’eau de mer, contribuant ainsi à l’aug-      que autour de creux. La surface de la mer appa-
     mentation du niveau de la mer.                        raît comme une succession de creux et de bos-
         Les glaciers de montagne et la couverture         ses qui illustrent les grands courants de surface.
     neigeuse ont décliné en moyenne dans les deux         C’est ainsi que l’Atlantique subtropical est le
     hémisphères. La décroissance généralisée des          siège d’une bosse importante et qu’il y a plus
     glaciers et des calottes glaciaires a également       d’un mètre de dénivelé entre le sommet de cette
     contribué à l’augmentation du niveau de la mer.       bosse et la côte, différence correspondant au
                                                           flux du Gulf Stream. Une remontée du niveau de
          Cette contribution des calottes a donné lieu
                                                           la mer le long de la côte américaine peut s’in-
     à d’importants débats, car de nombreux pro-
                                                           terpréter comme un signe de la montée globale
     cessus interviennent dans cette estimation. Le
                                                           ou d’un ralentissement du Gulf Stream.
     bilan d’un glacier résulte de la différence entre
     l’accumulation des précipitations hivernales et       La distribution spatiale de l’évolution du niveau
     de la perte par fonte. Par exemple, un climat         la mer sur la décennie 1993-2003 montre une
     plus chaud intensifie la fonte, mais favorise des     grande disparité spatiale du signal, avec de gran-
     précipitations neigeuses plus abondantes,             des régions où s’imprime en particulier l’empreinte
     comme en Antarctique. De nouvelles données            spatiale de grands modes de variabilité climati-
     in situ et spatiales ont été nécessaires pour pré-    que, comme El Niño. Sur cette échelle de dix ans,
     ciser le comportement des calottes glaciaires         séparer la variabilité « naturelle » du signal anthro-
     du Groenland et de l’Antarctique, et celles-ci        pique lui-même affecté par des modifications
     ont significativement contribué à l’augmenta-         de circulation est un exercice très délicat.
     tion du niveau de la mer de 1993 à 2003. La vitesse        En réponse à différents scénarios d’émission,
     d’écoulement de certains glaciers du Groenland        tous les modèles simulent une élévation du niveau
     et de l’Antarctique a augmenté, entraînant la         moyen de la mer à la fin du XXIe siècle. Le chif-
     glace depuis l’intérieur de la calotte glaciaire.     fre indiqué par les modèles varie dans une four-
     Cette perte de masse a souvent suivi l’amincis-       chette de 18 à 38 cm pour un scénario modéré
     sement, la réduction ou la perte de plates-for-       à une fourchette de 25 à 51 cm pour un scéna-
     mes glaciaires, ou la perte de langues glaciai-       rio d’émission sans contrainte. Ces chiffres tien-
     res flottantes. Ces pertes de glace par effet         nent compte de la dilatation océanique cal-
     dynamique peuvent expliquer la plus grande            culée par les différents modèles, ainsi que d’un
     part de la perte nette de masse de l’Antarctique      flux constant de fonte de glace, estimé avec
     et approximativement la moitié de la perte nette      les vitesses observées en Groenland et en
     de masse du Groenland. Le reste de la perte           Antarctique de 1993 à 2003. Ces vitesses pour-
     de glace du Groenland est dû au fait que la           raient croître ou décroître à l’avenir, mais il fau-
     fonte des glaces a dépassé l’accumulation             drait pouvoir inclure une véritable représenta-
     des précipitations nivales.                           tion de la dynamique des calottes pour en avoir
         L’augmentation totale sur le XXe siècle est       une meilleure représentation.
     estimée entre 12 et 22 cm, avec une vitesse               Sur les côtes françaises, on peut s’attendre
     moyenne de 1,8 mm (1,3 à 2, 3 mm) par an de           à une élévation globale du niveau de la mer, de
     1961 à 2003. Cette vitesse a été plus rapide de       l’ordre de grandeur du signal moyen. Reste
     1993 à 2003, soit environ 3,1 mm (2,4 à 3,8 mm)       que cette estimation comporte encore plusieurs
     par an, mais cette estimation sur une décennie        incertitudes importantes sur les scénarios d’émis-
     doit être considérée avec précaution car elle         sion, sur l’évolution de la circulation océanique
     peut être forte variation décennale ou bien           de surface, sur la vitesse de fonte des calottes…
     accroissement de la tendance à long terme.            Une augmentation du niveau de la mer fragili-
         L’augmentation globale du niveau des mers         sera le rivage actuel non seulement par l’aug-
     doit être interprétée avec précaution en regard       mentation du niveau moyen, mais également
     de la distribution spatiale. Le niveau de la mer      par les phénomènes de variabilité (surcotes,
     est en effet fortement contraint par la circula-      vagues…) qui y seront associés.

14
Contributions au niveau de la mer

                                    15
L’état de la connaissance

Joël L’HER
ICPC-Chef du département Environnement littoral et Cours d’eau (DELCE)-CETMEF
(Centre d’études techniques maritimes et fluviales) MEDAD

Au sein du CETMEF, le département DELCE emploie trente agents. Il effectue des recherches,
rédige des recommandations méthodologiques et réalise des prestations d’ingénierie
dans les domaines suivants :
– hydraulique maritime et fluviale,
– sédimentologie,
– évaluation environnementale,
– impacts des aménagements maritimes et fluviaux,
– pollution marine accidentelle.
Dans ces domaines, l’impact du changement climatique est une préoccupation importante
et le CETMEF participe à plusieurs projets de recherche (Discobole, Implit) et à des groupes de travail.
Il a produit des rapports sur ces sujets.
joel.lher@equipement.gouv.fr
tél. : 02 98 05 67 27

L’impact du changement climatique sur les risques côtiers
La présentation porte sur une description des risques littoraux et des impacts prévisibles
du changement climatique. Un panorama des aléas littoraux est établi et les phénomènes
naturels générateurs sont présentés pour chacun des risques côtiers : recul du trait de côte,
submersions marines, avancées dunaires, chutes de falaises, aggravation d’inondations
fluviales. Les grandeurs caractéristiques et les lois gouvernant ces phénomènes sont définies.
Les dernières connaissances et prédictions des impacts du changement climatique
sur ces grandeurs sont rappelées. Les conséquences potentielles sont évaluées de plusieurs
points de vue : effet sur le littoral, impact sur les ouvrages maritimes, déséquilibre des
écosystèmes… La présentation s’attache à mettre en lumière la complexité et la variabilité
géographique des phénomènes qui sont souvent présentés de manière trop simpliste.

1. Les risques naturels littoraux                      chissement.
     Le littoral est soumis à des risques naturels     2. Les conséquences du changement
que la montée du niveau des mers est suscep-           climatique sur les niveaux de la mer et sur
tible d’aggraver. Ces risques recouvrent trois         les tempêtes
types d’aléas : le recul du trait de côte, les sub-         Les modélisations réalisées sur la base des
mersions marines et les avancées dunaires. En          scénarios d’évolution climatiques présentés dans
France près d’un tiers du littoral métropolitain est   le dernier rapport du GIEC indiquent que sur les
soumis à l’un de ces risques. Le recul des côtes       côtes françaises l’on peut s’attendre à une élé-
concerne environ 1 800 kilomètres de côtes. La         vation globale du niveau de la mer, de l’ordre
régression porte à la fois sur des zones basses où     de grandeur du signal moyen. Celui-ci est éva-
l’on observe l’érosion de plage et sur des côtes       lué à une surélévation pour la fin du XXIe siècle
à falaise. Cette régression peut aggraver l’aléa       de 18 à 38 cm pour un scénario modéré et de
de submersion marine en particulier sur les côtes      25 à 51 cm pour un scénario d’émission sans
basses où, à l’occasion de phénomènes météo-           contrainte. En ce qui concerne la fréquence et
rologiques, peuvent se produire des submersions        l’intensité des tempêtes, les dernières modélisa-
marines résultant d’envahissement ou de fran-          tions semblent en revanche ne pas indiquer de
                                                       fortes évolutions dans les années à venir pour les

                                                                                                            17
L’état de la connaissance

     différents scénarios étudiés. Il convient cepen-      pondérantes pour ses caractéristiques. La réfrac-
     dant de rester prudent sur ce dernier point.          tion sur les fonds provoque une variation d’in-
     3. Les incertitudes de l’impact                       tensité (le shoaling) et une variation de direc-
     du changement climatique                              tion. L’élévation du niveau de la mer induit une
     sur les phénomènes naturels à l’origine               augmentation des profondeurs qui peut être
     des risques littoraux                                 compensée ou aggravée par des évolutions des
        Plusieurs phénomènes naturels sont impliqués       fonds. Aussi les conséquences attendues du
     dans les aléas littoraux, ce sont le niveau de la     changement climatique peuvent selon les lieux
     mer, l’agitation et les évolutions sédimentologi-     avoir des effets inverses sur ce paramètre.
     ques. Ces trois phénomènes interagissent entre
     eux. Le niveau de la mer a d’importantes inci-        3.3. Mouvements sédimentaires
     dences sur l’agitation et sur les mouvements sédi-
                                                                La difficulté pour évaluer l’impact du chan-
     mentaires.
                                                           gement climatique sur les mouvements sédimen-
                                                           taires provient du fait que les variations bathy-
     3.1. Niveau de la mer                                 métriques qu’ils provoquent modifient, comme
         Il est important de rappeler que les prévisions   on l’a vu plus haut, les phénomènes qui les génè-
     du GIEC portent sur le niveau moyen (MSL : mean       rent, à savoir la houle et les courants.
     sea level) qui peut différer un peu de la moyenne
     des niveaux de mi-marée (MTL : mean tide level),      4. Les méthodes pour évaluer l’effet de
     niveau servant le plus souvent de référence pour      l’élévation du niveau de la mer sur la ligne
     les données anciennes (à Brest par exemple la         de rivage
     différence est évaluée MSL - MTL = 0,023 m).                Une surélévation du niveau de la mer peut
          D’autre part, il convient de noter que l’aléa    avoir plusieurs conséquences sur la position de
     du risque de submersion est principalement gou-       la ligne du rivage. De façon générale, une suré-
     verné par les niveaux maximums. Une variation         lévation du niveau de la mer s’accompagne
     du niveau moyen ne s’accompagne pas néces-            d’un recul général de la ligne du rivage, par
     sairement d’une même variation des niveaux de         inondation ou par érosion. L’inondation est pro-
     pleine mer. Une modélisation de la marée réa-         duite par envahissement ou par franchisse-
     lisée par le LEGOS montre par exemple, qu’une         ment et l’érosion résulte d’un enlèvement de
     surélévation de 60 cm du niveau moyen n’en-           sédiments. Dans certains cas cependant une
     traîne qu’une surélévation de 41,9 cm de la pleine    surélévation de la mer peut se traduire au
     mer pour une vive-eau extrême dans la baie du         contraire par une avancée ou une stabilité de
     Mont Saint-Michel.                                    la ligne de rivage. Ceci peut notamment résul-
         Enfin, les niveaux extrêmes dépendent for-        ter de la modification des régimes de transport
     tement de l’apparition de surcotes qui sont des       sédimentaire qu’occasionne l’élévation du
     phénomènes dus principalement à des facteurs          niveau marin.
     météorologiques (vents et pression barométri-             Compte tenu de la complexité des phéno-
     que) et l’impact de la fréquence des tempêtes         mènes hydrosédimentaires, il n’est pas simple de
     est donc au moins aussi important à prendre en        connaître la configuration finale de la ligne de
     compte.                                               rivage en fonction de la surélévation du niveau
                                                           de la mer. Il est important de souligner la grande
     3.2. Effets de la houle                               variabilité géographique des phénomènes. Cette
                                                           variabilité résulte à la fois de l’origine des actions
        L’intensité de la houle est elle aussi fortement
                                                           produisant les mouvements sédimentaires qui
     dépendante de la météorologie puisque le phé-
                                                           sont fortement dépendants de facteurs météo-
     nomène a le vent pour origine. Lors de sa pro-
                                                           rologiques et de la géomorphologie des côtes.
     pagation, les variations de profondeurs sont pré-
                                                               Il existe plusieurs méthodes pour évaluer la

18
position de la ligne de rivage après élévation du       fonds qui se fera au détriment du haut de la
niveau de la mer :                                      plage, lequel reculera en conséquence.

4.1. Concept de « vallée ennoyée »                      4.4. Modélisation physique
     Cette méthode consiste à supposer que                  La modélisation physique peut être exploi-
la topographie du rivage reste fixe. Ce concept         tée pour évaluer l’impact hydrosédimentaire du
très simple n’est réaliste que pour des côtes           changement climatique sur des ouvrages ou sur
fixes, comme les côtes rocheuses ou pour des            des zones du littoral. Compte tenu de son coût,
secteurs ou l’agitation est très faible comme           cette approche ne peut cependant être envi-
dans des baies fermées ou des côtes très abri-          sagée que pour des aménagements importants
tées. Appliquée sur des estrans de faible pente         ou des zones particulièrement sensibles. Des essais
tels que les plages, cette approche montre              réalisés sur des modèles physiques sédimento-
qu’une élévation métrique peut se traduire par          logiques confirment que dans certaines zones
un recul de plus d’une centaine de mètres.              où la sédimentation est forte, l’élévation du
Compte tenu des limites de la méthode, il               niveau de la mer peut conduire à une diminu-
convient cependant de ne pas tirer de conclu-           tion des profondeurs compte tenu de l’éléva-
sions trop hâtives.                                     tion des fonds.

4.2. Tendance historique                                4.5. Modélisation numérique
     L’évolution historique peut donner une ten-            Il existe plusieurs types de modèles numéri-
dance que l’on peut tenter d’extrapoler.                ques pour étudier l’impact d’une élévation de
Cependant les variations récentes pour lesquel-         la mer sur la ligne de rivage. Certains assez rudi-
les l’on dispose de données précises sont des           mentaires mettent en œuvre des lois fondées sur
variations faibles qu’il peut être hasardeux d’in-      le principe du profil d’équilibre, d’autres cher-
terpoler d’autant qu’en général d’autres phé-           chent à reproduire le plus exactement les phé-
nomènes peuvent intervenir. Pour certaines              nomènes de transports sédimentaires.
régions basses naturelles et de faibles pentes,         D’importants progrès ont été réalisés récemment,
cette approche permet cependant de prédire              mais l’état de l’art ne permet pas encore de
les évolutions avec plus de réalisme que la             garantir pour le long terme une grande fiabilité
méthode précédente tant que les variations              aux résultats obtenus.
de niveau restent faibles.
                                                        Conclusions
4.3. Concept du profil d’équilibre                           Malgré les incertitudes qui ont été dévelop-
      La méthode s’appuie sur l’existence d’un          pées, une tendance globale au recul du trait de
profil d’équilibre pour la dune, la plage et l’avant-   côte par érosion des plages et recul des falai-
plage qui se maintient tant que les actions hydro-      ses est prévisible. Les zones les plus vulnérables
dynamiques demeurent constantes. Cette hypo-            sont les deltas comme la Camargue, les zones
thèse, appelée principe de Bruun, exige plusieurs       estuariennes et les zones de marais. Par ailleurs,
conditions pour représenter correctement l’évo-         il est à attendre des impacts sur les ouvrages
lution d’un estran et notamment la conservation         maritimes qu’il faudra sans doute adapter pour
du stock sédimentaire dans un plan transversal.         qu’ils résistent et qu’ils demeurent efficaces en
La méthode est de ce fait critiquée par beau-           attachant une attention particulière aux évolu-
coup d’auteurs. Lorsque l’on accepte le prin-           tions bathymétriques.
cipe de Bruun, l’on peut déduire l’évolution de              Pour bien anticiper ces évolutions, il appa-
la ligne de rivage en considérant que la surélé-        raît nécessaire de réaliser des études locales de
vation de la mer entraînera une surélévation des

                                                                                                              19
L’état de la connaissance

     caractérisation de l’aléa prenant en compte les      Environment and Sustainability – Marine and
     évolutions prévisibles comme cela est cours sur      coastal dimension of climate change in Europe
     plusieurs secteurs du littoral français.             – a report to Water Directors
     Bibliographie                                            Lefevre Fabien et al. - LEGOS – Étude de l’in-
         Andrew, J., Cooper, G., Pilkey, H. (2004). Sea   fluence de la variation du niveau moyen de
     level rise and shoreline retreat : Time to abandon   locéan sur la marée dans la baie du Mont Saint
     the Bruun Rule. Global and Planetary Change,         Michel – Rétablissement du caractère maritime
     43, 157-171.                                         du Mont Saint-Michel
          Brunel, Cédric et François Sabatier (2006)          Ministère de l’Aménagement du Territoire et
     Recul du rivage et montée de la mer sur les pla-     de l’Environnement et ministère de l’Équipement,
     ges contrôlées par la houle et sur les plages de     des Transports et du Logement (1997) Plans de
     poche - actes des XIe journées nationales Génie      prévention des risques littoraux (PPR) - Guide
     Civil - Génie Côtier - Brest 12, 13 et 14 septem-    méthodologique - 58 pages - la documentation
     bre 2006- Centre Français du Littoral - tome II -    française.
     391-399.                                                 Ministère de l’Aménagement du Territoire et
        EUROSION - Vivre avec l’érosion côtière en        de l’Environnement (1997) – La défense des côtes
     Europe - Conclusion de l’étude EUROSION -            contre l’érosion marine – Pour une approche glo-
     mai 2004 - office for official publications of the   bale et environnementale – 146 pages
     european communities, 2004.                             RESPONSE (Répondre aux risques liés au chan-
        GIEC - Groupe d’experts intergouvernemen-         gement climatique dans les zones côtières)
     taux sur l’évolution du climat - Changement cli-     projet européen LIFE 2003-2006 : dossier de for-
     matique 2001 - rapport de synthèse.                  mation – guide des bonnes pratiques.
        GIEC - Groupe d’experts intergouvernemen-             Teisson, Charles (1992) Surélévation future du
     taux sur l’évolution du climat - Changement cli-     niveau de la mer - conséquences et stratégies
     matique 2007 - rapport de synthèse.                  dans l’aménagement du littoral - 70 pages - publi-
         Hoepffner Nicolas et al. - Institute for         cation du CETMEF.
                                                               Violeau, Damien (2001) Analyse des impacts
                                                          possibles de l’effet de serre sur l’environnement
                                                          maritime - Étude statistique succincte sur le litto-
                                                          ral français - 43 pages - publication du CETMEF.

20
2e partie
L’organisation
des acteurs
L’organisation des acteurs

Quelle gouvernance
adaptée au littoral ?
Cette table ronde est l’occasion de présenter les structures concernées par
la prévention des risques sur le littoral, le paysage institutionnel dans sa spécificité
(diversité des services, mais également des fonctions comme les délégués de façades
pour fédérer les services), le cadre européen, ainsi que certaines expériences locales
intéressantes de gouvernance adaptée à la gestion du littoral. La complexité des
problématiques et la diversité des acteurs, tant au sein de l’État que des collectivités
territoriales, justifient en effet de mutualiser les moyens.
Le point de vue d’un élu viendra éclairer ces réflexions et permettra de poser
la question de la place des élus.

Intervenants
Jean-Luc HALL                                     Christophe LEVISAGE
DIREN Basse-Normandie                             DIREN Bretagne
Adjoint au directeur, adjoint au délégué          Délégué adjoint pour la façade
de façade maritime Manche-Mer du Nord,            maritime Atlantique
administrateur des Affaires maritimes             La délégation de façade maritime
La Mission interministérielle Mer en Normandie
(MIMEL) et l’appréhension des risques littoraux
                                                  Janick MORICEAU
liés aux changements climatiques
                                                  Conseil Régional de Bretagne
                                                  Vice-présidente du Conseil Régional,
Jean-Baptiste MILCAMPS                            chargée de la mer
Préfecture de région                              Le point de vue des élus, les actions engagées
du Languedoc-Roussillon,                          en Bretagne
sous-préfet pour le littoral
Un sous-préfet chargé de mission
pour le littoral                                  Modérateur
François CLERC                                    Dominique BRESSON
DIREN Nord-Pas-de-Calais                          MEDAD/DIACT
Responsable de la cellule                         Chargé de mission littoral
Risques naturels
Le programme de travail des services
de l’État en région Nord-Pas-de-Calais

                                                                                                   23
L’organisation des acteurs

Jean-Luc HALL

La Mission interministérielle Mer en Normandie (MIMEL)
et l’appréhension des risques littoraux liés
aux changements climatiques
Décidée par le Comité interministériel pour l’aménagement du territoire (CIADT)
de septembre 2004, la MIMEL, rassemblant Hauts- et Bas-Normands, vise à renforcer
la coordination et la transversalité des approches des services de l’État intervenant
sur les questions littorales et maritimes.
On attend également de cette organisation originale, copilotée par deux préfets de région
et un préfet maritime, la constitution de véritables bases d’informations communes.

Les axes de travail de la MIMEL peuvent lui permettre d’appréhender, sous différents angles,
les risques littoraux liés aux changements climatiques.

   Le développement de ses relations avec la            Le développement d’une vision prospective,
communauté scientifique lui facilite l’accès aux    à laquelle prendra part la MIMEL, devra désor-
connaissances, l’identification des lacunes à       mais tenir compte des nouveaux risques littoraux
combler et donc une meilleure compréhension         annoncés par les changements climatiques de
de certains phénomènes.                             plus en plus avérés.
      Le souci de faire converger le travail des        La BDD Sextant sur laquelle s’appuie la MIMEL
services de l’État a déjà conduit la MIMEL à for-   pour la mise en place d’un pôle géomatique
mer des groupes techniques au sein desquels il      « Mer » constitue un outil pérenne et polyvalent.
est possible de partager une véritable analyse      Sa mutualisation devrait se traduire par un enri-
des enjeux et de proposer des orientations stra-    chissement de cette base, et donc des suivis et
tégiques. Un prochain GT sur le thème « Risques     des prédictions plus fins.
littoraux liés aux changements climatiques » est
manifestement envisageable.

                                                                                                        25
L’organisation des acteurs

Jean-Baptiste MILCAMPS
Sous-préfet pour le littoral chargé de mission auprès du préfet de la région Languedoc-Roussillon.
Ses missions sont particulièrement centrées sur la coordination de l’ensemble des actions conduites
par l’État en faveur du développement et de la protection du littoral à l’échelle régionale.
En lien avec les services de l’État et les organismes publics de recherche, il a notamment
la responsabilité d’élargir la réflexion menée sur les problématiques de submersion marine
et d’impacts sur le littoral liés au changement climatique.

Un sous-préfet chargé de mission pour le littoral
1. Historique des interventions et missions             conseil régional, est l’instance partenariale qui
en Languedoc Roussillon                                 suit et évalue la mise en œuvre du plan.
     En 1963, en Languedoc-Roussillon, l’État inter-         La mission a bénéficié, pour la mise en œuvre
venait, dans un paysage géographique et admi-           du plan, d’une dotation de gestion intégrée du
nistratif vierge, pour donner une vocation tou-         littoral (DGIL) de 26,4 M€ (FNADT hors CPER) pour
ristique à une côte sablonneuse jusque-là               la période 2003-2006.
pratiquement inhabitée et inexploitée. La mis-
                                                            Après la dissolution de la mission, le préfet
sion Racine, qui a mis en œuvre l’aménagement
                                                        de la région Languedoc-Roussillon a demandé
touristique de la côte Languedoc-Roussillon, a
                                                        la nomination d’un sous-préfet qui puisse repren-
été dissoute en 1983.
                                                        dre au niveau régional la coordination opéra-
      En 2001, pour prendre en compte les nou-          tionnelle des programmes lancés sur le littoral
veaux enjeux et les nouvelles problématiques du         et être l’« interlocuteur État » privilégié pour les
littoral (réhabilitation des milieux naturels, réno-    nombreux acteurs qui agissent sur le littoral.
vation du bâti, structuration du développement
                                                             Des moyens importants sont inscrits sur le volet
urbain, professionnalisation des filières producti-
                                                        littoral du CPER 2007-2013 (25 M€ FNADT) com-
ves, développement de l’emploi spécifique aux           plétés par le Programme opérationnel (32 M€).
activités du littoral), l’État a souhaité créer une
                                                             Concernant directement le littoral, sont ins-
nouvelle mission Littoral, avec la double voca-
                                                        crits au CPER :
tion de faciliter la concertation et la coordina-
tion interministérielle, dans l’activité des services   – un programme d’aménagement de huit
de l’État, et de favoriser les relations partenaria-    sites côtiers, sur lesquels sont entrepris des tra-
les, dans l’action conjointe de l’État et des col-      vaux de gestion de l’érosion et de rétablisse-
lectivités territoriales sur le littoral.               ment des équilibres naturels, de gestion de la
                                                        fréquentation et de développement des circu-
    Cette mission interministérielle d’aménage-
                                                        lations douces ;
ment du littoral Languedoc-Roussillon a été créée
par le CIADT du 9 juillet 2001 pour la période 2003-    – un volet étude sur l’érosion côtière et sur les ris-
2006.                                                   ques de submersion ;

     Placée sous l’autorité du préfet de région,        – un volet sur l’amélioration de la qualité des
elle avait pour objectif d’assurer un développe-        eaux des systèmes lagunaires littoraux.
ment équilibré et durable du littoral Languedoc-
Roussillon.                                             2. Le Languedoc Roussillon,
    Dans ce cadre, elle a élaboré un Plan de            un littoral riche, convoité et fragile
développement durable du littoral, constitué de            Le littoral constitue un patrimoine environne-
quinze programmes d’actions, en concertation            mental fragile et convoité, qui contribue pour
avec les collectivités territoriales et les organis-    une large part au développement de l’écono-
mes professionnels et associatifs concernés. Ce         mie régionale.
plan a été approuvé et doté d’une enveloppe                Il dispose d’atouts considérables qui fondent
financière par le CIADT du 13 décembre 2002.            son attractivité et qui doivent être préservés :
Le Conseil de développement du littoral, copré-         – un ensoleillement garanti presque toute l’an-
sidé par le préfet de région et le président du         née et 220 km de sable fin ;

                                                                                                                 27
L’organisation des acteurs

     – une côte peu urbanisée en comparaison de               – l’idée qu’il est illusoire d’envisager de fixer le
     PACA ou de la Catalogne ;                                trait de côte partout ;
     – un patrimoine environnemental et culturel d’une        – le recul stratégique, qui doit être favorisé en
     grande richesse, aux caractéristiques parfois uni-       tant que réponse la plus favorable à l’érosion ;
     ques, comme ses 40 000 ha de lagunes et de               – la prise en compte des phénomènes et des
     vastes espaces naturels ;                                enjeux, qui doit s’effectuer à l’échelle pertinente
     – un maillage de villes proches offrant des servi-       de la cellule sédimentaire ; les choix techniques
     ces de bonne qualité ;                                   retenus doivent s’opposer le moins possible à
     – des infrastructures de loisirs modernes et un          l’évolution naturelle du trait de côte et l’accom-
     parc immobilier de loisirs qui constitue une             pagner. Le recul stratégique et la restauration
     réponse potentielle aux demandes générées                de la fonctionnalité naturelle des milieux sont les
     par la pression démographique ;                          seuls modes de gestion envisageables pour les
                                                              secteurs à dominante naturelle ;
     – un réseau de dessertes autoroutières, ferroviai-
     res et aériennes permettant une bonne acces-             – la modification du transit sédimentaire, qui doit
     sibilité.                                                être réservée aux secteurs à enjeux forts et indé-
                                                              plaçables.
          Mais le littoral concentre également des
     difficultés, dues pour partie à un mode de déve-
     loppement largement fondé sur son attractivité
     résidentielle et touristique, et sur les rentes patri-
     moniales qu’elle procure.
           Dans un contexte de changement climati-
     que, la protection du littoral et la gestion du
     trait de côte constituent des enjeux stratégiques.
     Les problèmes rencontrés portent notamment
     sur :
     – la dégradation des cordons dunaires ;
     – la pollution des lagunes ;
     – l’érosion des plages ;
     – la surfréquentation de certains espaces natu-
     rels associée à la place dominante de la voiture ;
     – la « cabanisation » ;
     – la faiblesse de l’emploi ;
     – la consommation foncière associée à une
     hausse des prix et des risques ségrégatifs ;
     – un parc immobilier sous-utilisé.

     3. Une nécessité de gestion intégrée
     et de coordination
          La création de ce poste de sous-préfet témoi-
     gne de la volonté de l’État d’avoir, aux côtés
     des collectivités, une gestion coordonnée des
     politiques publiques qui s’appliquent sur la bande
     littorale.
        Les mentalités évoluent et, aujourd’hui, les
     acteurs parviennent à partager des principes
     d’action, tels que :

28
François CLERC
Responsable de la cellule Risques naturels
– Direction régionale de l’Environnement du Nord-Pas-de-Calais,
– Service de l’Eau, des Milieux aquatiques et des Risques Naturels
Missions actuelles :
– élaboration des atlas de zones inondables
– coordination du programme de travail régional des services de l’État sur les risques naturels littoraux
intégrant le changement climatique
– animation du réseau régional Risques naturels et coanimation du Club Risques interrégional
francois.clerc@npdc.ecologie.gouv.fr

Le programme de travail des services de l’État
en région Nord-Pas-de-Calais
Le littoral de la région Nord-Pas-de-Calais est soumis à des phénomènes d’érosion et de
submersion marine, spécialement dans une zone de polders. Les services de l’État ont
amorcé en 2005 un programme de travail qui a pour objectifs d’anticiper les conséquences
prévisibles de l’élévation à terme du niveau de la mer et d’apporter des réponses d’ordre
informatif, réglementaire et opérationnel à ces risques naturels littoraux prévisibles.
L’approche partenariale des risques littoraux a été impulsée par le préfet de région
Nord-Pas-de-Calais. Le partage de l’information avec les acteurs du littoral permettra
d’envisager une vision harmonieuse du développement littoral, en prenant soin de ne pas
exposer de nouvelles personnes et de nouveaux biens à des risques, dans le respect du
développement durable des territoires. Les actions menées par les autres pays de la mer
du Nord serviront également de référence pour le Nord-Pas-de-Calais.

Contexte                                                travaux intègre désormais l’Institution interdé-
    La région Nord-Pas-de-Calais est particulière       partementale des wateringues, le SMCO ainsi
du point de vue des risques naturels littoraux.         que le conseil régional.
L’érosion y est assez intense, tant sur les côtes           Ce partage de l’information et ce travail en
basses meubles que dans les secteurs de falai-          partenariat des différents acteurs sont très impor-
ses. Le risque de submersion marine y est impor-        tants ; le préfet de région veillera personnelle-
tant de par l’existence d’une importante zone           ment à ce qu’il se poursuive. Cela permettra
basse, le territoire des wateringues, formé par         d’envisager une vision harmonieuse du déve-
l’ancien delta du fleuve Aa, situé pour partie          loppement littoral, en prenant soin de prendre
en dessous du niveau moyen de la mer et assé-           des décisions judicieuses (ne pas exposer de nou-
ché par l’homme au fil des siècles.                     velles personnes et de nouveaux biens à des ris-
   Le niveau de l’océan va s’élever tout au long        ques), ainsi que dans le respect du développe-
du XXIe siècle ; le nombre et l’intensité des tem-      ment durable des territoires.
pêtes pourraient augmenter. Il est important
d’analyser les conséquences que ces éléments            Contenu du programme de travail
peuvent avoir sur les risques d’érosion ou de sub-           Le programme de travail des services de
mersion marine.                                         l’État fait suite à plusieurs études, notamment du
     Ces questionnements, impulsés par le pré-          Syndicat mixte de la côte d’Opale (SMCO) ; il a
fet de région en 2005, ont donné lieu à un impor-       pour objectif de mieux appréhender les consé-
tant programme de travail des services de l’État,       quences du changement climatique sur les ris-
qui a été présenté le 17 juillet 2007, lors d’une       ques liés à l’érosion côtière et aux submersions
journée d’échanges entre les services de l’État,        marines sur le littoral Nord-Pas-de-Calais et les
les organismes publics et les collectivités territo-    zones basses arrière-littorales. Il comprend les
riales concernées. Le comité de pilotage de ces         actions suivantes :

                                                                                                              29
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