Changement climatique et prévention du risque sur le littoral - LES CONTRIBUTIONS
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S É M I N A I R E S U R L A P R É V E N T I O N D E S R I S Q U E S N AT U R E L S M A J E U R S 19 SEPTEMBRE 2007 Changement climatique et prévention du risque sur le littoral LES CONTRIBUTIONS
PRÉFACE C réé en 2001 par le ministère de l’Écologie et du Développement durable (MEDD), le « réseau risques » contribue à la mise œuvre de Plusieurs diagnostics menés sur le réseau ont la politique nationale de prévention des risques confirmé que les clubs correspondent à une naturels majeurs en favorisant les échanges attente des acteurs de la prévention des risques de pratiques et les débats techniques entre les majeurs, notamment pour l’accompagnement différents acteurs locaux en charge de cette des nouveaux arrivants dans ce domaine. politique. Il convient cependant d’améliorer la diffusion Dans ce cadre et sur l’ensemble des régions fran- de l’information, en particulier entre les clubs, çaises, les directions régionales de l’environne- de poursuivre la professionnalisation des servi- ment (DIREN) et les directions régionales de l’in- ces, notamment en fonction des orientations dustrie de la recherche et de l’environnement gouvernementales ou sur des thématiques (DRIRE) animent des « clubs risques », régionaux stratégiques et émergentes, et par conséquent ou interrégionaux, avec l’appui des Centres de renforcer l’animation du réseau tant au niveau d’études techniques de l’équipement (CETE). régional qu’au niveau national. Les agents des services déconcentrés de l’État Dans ce cadre, le MEDAD a souhaité organiser en charge de la prévention des risques s’y réu- à Paris une manifestation de deux journées, les nissent en présence d’un représentant du 18 et 19 septembre 2007, pour réunir les services ministère de l’Écologie, du Développement et déconcentrés, la première consacrée à la valo- de l’Aménagement durables (MEDAD). Tous les risation des productions des « clubs risques », la champs de la prévention des risques y sont abor- seconde à un sujet stratégique : le changement dés à savoir : la connaissance du risque, le suivi climatique et la prévention des risques naturels et la surveillance des aléas, l’information pré- sur le littoral. ventive, la prise en compte du risque dans l’amé- nagement, la réduction de la vulnérabilité, la préparation à la gestion de crise et le retour d’ex- L a seconde journée a été organisée par la DPPR, la DIACT, la DGMT, la DGUHC, le CGPC et le Cete de l’ouest. Elle doit permettre de pré- périence. senter l’état des connaissances sur la question Contribuant à l’harmonisation et à la profession- de l’impact du changement climatique en nalisation des pratiques, les clubs peuvent ainsi matière de risques sur le littoral, de présenter les être des lieux de « productions », en particulier premières réponses techniques apportées par de doctrines régionales, de diffusion de métho- les acteurs locaux et d’échanger sur leurs actions des, de valorisation d’actions intéressantes et et difficultés. Au-delà des enjeux exposés en ter- de réflexion pour l’amélioration des politiques mes scientifiques, la journée pose la question du publiques. cadre institutionnel, des compétences et des Le Centre d’études sur les réseaux, les transports, principes d’actions à développer pour répon- l’urbanisme et les constructions publiques (CERTU) dre à ce nouveau défi. Cet ouvrage, diffusé à assure en outre auprès du MEDAD un appui à cette occasion, présente la plupart des interve- l’animation de ce réseau au niveau national. nants à ce séminaire ainsi qu’une synthèse de leur présentation et regroupe des documents qu’ils ont jugé utile de diffuser. Michel SEGARD sous-directeur de la prévention des risques majeurs, adjoint au délégué aux risques majeurs 3
SOMMAIRE Présentation Mauricette STEINFELDER . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 1re partie L’état de la connaissance : quel impact du changement climatique sur le littoral ? ................................................................................................ 9 Pascale DELECLUSE L’état des connaissances sur le changement climatique, son impact sur les risques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13 Joël L’HER L’impact du changement climatique sur les risques côtiers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17 2e partie L’organisation des acteurs : quelle gouvernance adaptée au littoral ? ........................................................................................................ 21 Jean-Luc HALL La Mission interministérielle Mer en Normandie (MIMEL) et l’appréhension des risques littoraux liés aux changements climatiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25 Jean-Baptiste MILCAMPS Un sous-préfet chargé de mission pour le littoral . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27 François CLERC Le programme de travail des services de l’État en région Nord-Pas-de-Calais . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29 Christophe LEVISAGE Le littoral, laboratoire d’une nouvelle gouvernance ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37 3e partie Les outils de la connaissance : quels sont les moyens dont on dispose pour réduire les incertitudes ? .............................................. 39 Nicole LENÔTRE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43 Sébastien COLAS Les travaux de l’Observatoire du littoral, les autres travaux français et européens en cours . . . . . . . . . . 45 Serge ALLAIN Le SHOM, le modèle numérique terre/mer LITTO 3D® . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49 Franck LEVOY Orientations scientifiques concernant les environnements sédimentaires côtiers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53 Xavier CHAUVIN L’Observatoire de la côte Aquitaine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55 4
4e partie Le littoral et l’activité touristique : quelles réponses spécifiques ? ................................................................................. 59 Noël LE SCOUARNEC Changement climatique et développement durable du tourisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63 René FEUNTEUN La problématique des campings . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65 Christelle GRATTON L’information préventive à destination des touristes ..................................................................... 71 Guillaume GABACH/Adeline PAGES La problématique en DDE, la réflexion engagée sur Lacanau ..................................................... 73 France POULAIN 2054. Campement littoral . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75 5e partie Le développement et l’aménagement durables du littoral : en quoi une démarche transversale permet-elle de traiter les risques liés au changement climatique sur le littoral ? ....................... 77 Pascale ARNOLD De la défense contre la mer à la gestion du trait de côte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81 François AMIOT Les risques spécifiques au littoral et l’urbanisme : quelles questions ? quelle prise en compte ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85 Michel SEGARD La place et l’évolution des PPR et des outils de la prévention, la concertation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87 Violaine ALLAIS Les orientations du Conservatoire du littoral en matière de gestion du trait de côte en général, et de dépoldérisation en particulier. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89 5
Changement climatique et prévention du risque sur le littoral Mauricette STEINFELDER Administratrice civile HC, directrice régionale de l’Environnement de Languedoc-Roussillon depuis septembre 2006. Précédemment directrice déléguée de la DIREN DRIRE PACA. Auparavant, plusieurs postes en administration centrale, dont celui d’adjointe au chef de service des affaires internationales du ministère de l’Environnement, chargée du suivi des conventions de Rio, dont les changements climatiques. Les zones côtières densément urbanisées les recherches et d’améliorer les connaissan- sont particulièrement vulnérables à divers aléas ces en rapprochant chercheurs en sciences de tels que érosion, inondations-submersions mari- la Terre et urbanistes (géologie, hydrogéomor- nes ou glissements de terrain… Le changement phologie, bathymétrie, affiner les scenarios), de climatique va exercer une pression croissante les mutualiser et de les faire connaître ; sur les installations urbaines, touristiques, indus- – d’échanger les expériences pour mieux maî- trielles et agricoles du littoral : exposition aggra- triser les méthodes de gestion du rivage (passer vée aux aléas naturels et population en aug- de protections ponctuelles à des approches plus mentation constante sur les zones côtières globales) ; accroissant les risques, défis majeurs pour l’État – sur ces bases, d’élaborer des doctrines parta- et les collectivités locales. gées à l’échelle régionale pour les PPR de sub- Le GIEC prévoit en effet que les impacts des mersion marine et les PPR multirisques (inonda- changements climatiques se traduiront par une tion-submersion-glissement de terrain…) ; montée du niveau de la mer, des pluies hiverna- – enfin, de mettre en œuvre sans tarder, avec les plus abondantes et des orages plus violents les collectivités, des politiques d’adaptation et et plus fréquents. de réduction de la vulnérabilité, économique- Pour assurer un développement durable des ment efficaces afin d’écarter de nouveaux déve- zones côtières, il est essentiel pour les services : loppements dans les zones les plus vulnérables – d’avoir une meilleure connaissance des aléas et de réduire les risques dans les zones déjà amé- et des enjeux, d’où la nécessité d’approfondir nagées. 7
L’état de la connaissance Quel impact du changement climatique sur le littoral ? Le changement climatique est un phénomène admis par la communauté scientifique. Les travaux du GIEC permettent d’évaluer le changement en cours et, selon plusieurs scénarios, les projections du changement climatique pour la fin du siècle. Ses effets prévisibles en termes de risques naturels sont plus difficiles à évaluer, mais l’état de la connaissance scientifique sera présenté, sous deux perspectives : quel impact peut avoir le changement climatique sur le littoral et quelles sont les pistes de travail actuelles ? Comment les risques naturels sur le littoral et les techniques de protection peuvent-ils évoluer dans le cadre du changement climatique ? Intervenants Pascale DELECLUSE CNRM/DA MÉTÉO FRANCE Directrice adjointe de la Recherche L’état des connaissances sur le changement climatique, son impact sur les risques Joël L’HER CETMEF Chef du département Environnement littoral et Cours d’eau L’impact du changement climatique sur les risques côtiers 11
L’état de la connaissance
L’état de la connaissance Pascale DELECLUSE Directeur de recherche CNRS, Pascale DELECLUSE a rejoint le Centre national de recherche météorologique, à Météo-France depuis septembre 2006, pour y exercer les fonctions de directeur adjoint. Domaine scientifique d’origine : dynamique océanique, modélisation numérique, variabilité climatique et changement du climat. Responsable du Programme national de la dynamique du climat à l’INSU pendant huit ans. Participation à la délégation gouvernementale lors de la réunion finale du groupe 1 du GIEC en janvier 2007. L’état des connaissances sur le changement climatique, son impact sur les risques Le report du GIEC en cours de finalisation fait le point sur l’évolution du climat. Le réchauffement de la planète est maintenant un fait incontestable et les observations montrent une accélération soutenue de ce phénomène depuis le début de l’ère industrielle. La majeure partie de ce phénomène est attribuée à l’augmentation des gaz à effet de serre. Des modifications importantes sont maintenant visibles, dont certaines (fonte des glaciers et des calottes, réchauffement des océans) contribuent à la montée du niveau des océans. Suivant les projections pour le XXIe siècle, le niveau des océans pourrait monter de 20 à 50 cm, mais ces estimations ne tiennent pas compte d’une évolution possible dans les vitesses de fonte des glaciers. Ce chiffre global ne rend pas compte de la répartition spatiale qui sera, quant à elle, très sensible à l’évolution de la dynamique du système. L’état des connaissances sur le changement La majeure partie de ce phénomène est attri- climatique fait l’objet d’une grande consulta- buée à l’augmentation des gaz à effet de serre, tion de la communauté scientifique dans le cadre dont la concentration dans l’atmosphère a for- du GIEC, à l’initiative de l’UNFCCC et de l’OMM. tement progressé sous l’impact des activités Le dernier rapport du GIEC dû fin 2007 a réuni le humaines. La concentration en dioxyde de consensus de la communauté scientifique sur carbone, par exemple, a augmenté de 30 % l’évolution du climat en cours, les impacts et la depuis le début de l’ère industrielle, bien que vulnérabilité, les stratégies d’adaptation et de plus de la moitié des émissions anthropiques ait réduction des émissions. Depuis le dernier rapport, été absorbée par la biosphère terrestre et par qui date de 2001, ce sont six années supplémen- l’océan. L’augmentation de la concentration taires de recherche et d’observations qui ont per- des gaz à effet de serre se traduit par un forçage mis de confirmer un certain nombre de points, de radiatif « additionnel » atteignant de 2,3 W.m-2 préciser les mécanismes moteur de ces évolu- et en considérant d’autres effets anthropiques tions et de repousser les limites de la connaissance, comme le refroidissement lié aux aérosols, le soulevant parfois d’autres questions. changement d’usage des terres, la modifica- La nouvelle valeur de la vitesse moyenne du tion de l’albédo, on arrive à une évaluation de réchauffement au cours des cent dernières l’augmentation du forçage radiatif de 1,6 W.m-2 années (1906-2005) est de 0,74 °C (0,56 à 0,92 °C), depuis 1850. Ce réchauffement global entraîne des modifications importantes, à présent visibles l’augmentation totale de température depuis dans de nombreux domaines. le début de l’ère industrielle étant de 0,76 °C. La vitesse moyenne du réchauffement au cours des Le contenu moyen de l’atmosphère en cinquante dernières années, soit 0,13 °C par vapeur d’eau s’est accru au-dessus des terres décennie, est environ le double de la pente et des océans, ainsi que dans la haute tropos- moyenne pour les cent dernières années, et cette phère en accord avec l’idée qu’un air plus chaud vitesse s’est encore accélérée lors des trois peut contenir un supplément de vapeur d’eau. dernières décennies où onze des douze derniè- Les observations depuis 1961 montrent que res années figurent au palmarès des douze la température moyenne de l’océan mondial années les plus chaudes depuis 1850. a augmenté jusqu’à des profondeurs d’au moins 13
L’état de la connaissance 3 000 mètres et que l’océan a absorbé plus de tion océanique. Les courants océaniques s’en- 80 % de la chaleur ajoutée au système climati- roulent dans le sens anticyclonique autour de que. Un tel réchauffement provoque une expan- bosses du niveau marin et dans le sens cycloni- sion de l’eau de mer, contribuant ainsi à l’aug- que autour de creux. La surface de la mer appa- mentation du niveau de la mer. raît comme une succession de creux et de bos- Les glaciers de montagne et la couverture ses qui illustrent les grands courants de surface. neigeuse ont décliné en moyenne dans les deux C’est ainsi que l’Atlantique subtropical est le hémisphères. La décroissance généralisée des siège d’une bosse importante et qu’il y a plus glaciers et des calottes glaciaires a également d’un mètre de dénivelé entre le sommet de cette contribué à l’augmentation du niveau de la mer. bosse et la côte, différence correspondant au flux du Gulf Stream. Une remontée du niveau de Cette contribution des calottes a donné lieu la mer le long de la côte américaine peut s’in- à d’importants débats, car de nombreux pro- terpréter comme un signe de la montée globale cessus interviennent dans cette estimation. Le ou d’un ralentissement du Gulf Stream. bilan d’un glacier résulte de la différence entre l’accumulation des précipitations hivernales et La distribution spatiale de l’évolution du niveau de la perte par fonte. Par exemple, un climat la mer sur la décennie 1993-2003 montre une plus chaud intensifie la fonte, mais favorise des grande disparité spatiale du signal, avec de gran- précipitations neigeuses plus abondantes, des régions où s’imprime en particulier l’empreinte comme en Antarctique. De nouvelles données spatiale de grands modes de variabilité climati- in situ et spatiales ont été nécessaires pour pré- que, comme El Niño. Sur cette échelle de dix ans, ciser le comportement des calottes glaciaires séparer la variabilité « naturelle » du signal anthro- du Groenland et de l’Antarctique, et celles-ci pique lui-même affecté par des modifications ont significativement contribué à l’augmenta- de circulation est un exercice très délicat. tion du niveau de la mer de 1993 à 2003. La vitesse En réponse à différents scénarios d’émission, d’écoulement de certains glaciers du Groenland tous les modèles simulent une élévation du niveau et de l’Antarctique a augmenté, entraînant la moyen de la mer à la fin du XXIe siècle. Le chif- glace depuis l’intérieur de la calotte glaciaire. fre indiqué par les modèles varie dans une four- Cette perte de masse a souvent suivi l’amincis- chette de 18 à 38 cm pour un scénario modéré sement, la réduction ou la perte de plates-for- à une fourchette de 25 à 51 cm pour un scéna- mes glaciaires, ou la perte de langues glaciai- rio d’émission sans contrainte. Ces chiffres tien- res flottantes. Ces pertes de glace par effet nent compte de la dilatation océanique cal- dynamique peuvent expliquer la plus grande culée par les différents modèles, ainsi que d’un part de la perte nette de masse de l’Antarctique flux constant de fonte de glace, estimé avec et approximativement la moitié de la perte nette les vitesses observées en Groenland et en de masse du Groenland. Le reste de la perte Antarctique de 1993 à 2003. Ces vitesses pour- de glace du Groenland est dû au fait que la raient croître ou décroître à l’avenir, mais il fau- fonte des glaces a dépassé l’accumulation drait pouvoir inclure une véritable représenta- des précipitations nivales. tion de la dynamique des calottes pour en avoir L’augmentation totale sur le XXe siècle est une meilleure représentation. estimée entre 12 et 22 cm, avec une vitesse Sur les côtes françaises, on peut s’attendre moyenne de 1,8 mm (1,3 à 2, 3 mm) par an de à une élévation globale du niveau de la mer, de 1961 à 2003. Cette vitesse a été plus rapide de l’ordre de grandeur du signal moyen. Reste 1993 à 2003, soit environ 3,1 mm (2,4 à 3,8 mm) que cette estimation comporte encore plusieurs par an, mais cette estimation sur une décennie incertitudes importantes sur les scénarios d’émis- doit être considérée avec précaution car elle sion, sur l’évolution de la circulation océanique peut être forte variation décennale ou bien de surface, sur la vitesse de fonte des calottes… accroissement de la tendance à long terme. Une augmentation du niveau de la mer fragili- L’augmentation globale du niveau des mers sera le rivage actuel non seulement par l’aug- doit être interprétée avec précaution en regard mentation du niveau moyen, mais également de la distribution spatiale. Le niveau de la mer par les phénomènes de variabilité (surcotes, est en effet fortement contraint par la circula- vagues…) qui y seront associés. 14
Contributions au niveau de la mer 15
L’état de la connaissance Joël L’HER ICPC-Chef du département Environnement littoral et Cours d’eau (DELCE)-CETMEF (Centre d’études techniques maritimes et fluviales) MEDAD Au sein du CETMEF, le département DELCE emploie trente agents. Il effectue des recherches, rédige des recommandations méthodologiques et réalise des prestations d’ingénierie dans les domaines suivants : – hydraulique maritime et fluviale, – sédimentologie, – évaluation environnementale, – impacts des aménagements maritimes et fluviaux, – pollution marine accidentelle. Dans ces domaines, l’impact du changement climatique est une préoccupation importante et le CETMEF participe à plusieurs projets de recherche (Discobole, Implit) et à des groupes de travail. Il a produit des rapports sur ces sujets. joel.lher@equipement.gouv.fr tél. : 02 98 05 67 27 L’impact du changement climatique sur les risques côtiers La présentation porte sur une description des risques littoraux et des impacts prévisibles du changement climatique. Un panorama des aléas littoraux est établi et les phénomènes naturels générateurs sont présentés pour chacun des risques côtiers : recul du trait de côte, submersions marines, avancées dunaires, chutes de falaises, aggravation d’inondations fluviales. Les grandeurs caractéristiques et les lois gouvernant ces phénomènes sont définies. Les dernières connaissances et prédictions des impacts du changement climatique sur ces grandeurs sont rappelées. Les conséquences potentielles sont évaluées de plusieurs points de vue : effet sur le littoral, impact sur les ouvrages maritimes, déséquilibre des écosystèmes… La présentation s’attache à mettre en lumière la complexité et la variabilité géographique des phénomènes qui sont souvent présentés de manière trop simpliste. 1. Les risques naturels littoraux chissement. Le littoral est soumis à des risques naturels 2. Les conséquences du changement que la montée du niveau des mers est suscep- climatique sur les niveaux de la mer et sur tible d’aggraver. Ces risques recouvrent trois les tempêtes types d’aléas : le recul du trait de côte, les sub- Les modélisations réalisées sur la base des mersions marines et les avancées dunaires. En scénarios d’évolution climatiques présentés dans France près d’un tiers du littoral métropolitain est le dernier rapport du GIEC indiquent que sur les soumis à l’un de ces risques. Le recul des côtes côtes françaises l’on peut s’attendre à une élé- concerne environ 1 800 kilomètres de côtes. La vation globale du niveau de la mer, de l’ordre régression porte à la fois sur des zones basses où de grandeur du signal moyen. Celui-ci est éva- l’on observe l’érosion de plage et sur des côtes lué à une surélévation pour la fin du XXIe siècle à falaise. Cette régression peut aggraver l’aléa de 18 à 38 cm pour un scénario modéré et de de submersion marine en particulier sur les côtes 25 à 51 cm pour un scénario d’émission sans basses où, à l’occasion de phénomènes météo- contrainte. En ce qui concerne la fréquence et rologiques, peuvent se produire des submersions l’intensité des tempêtes, les dernières modélisa- marines résultant d’envahissement ou de fran- tions semblent en revanche ne pas indiquer de fortes évolutions dans les années à venir pour les 17
L’état de la connaissance différents scénarios étudiés. Il convient cepen- pondérantes pour ses caractéristiques. La réfrac- dant de rester prudent sur ce dernier point. tion sur les fonds provoque une variation d’in- 3. Les incertitudes de l’impact tensité (le shoaling) et une variation de direc- du changement climatique tion. L’élévation du niveau de la mer induit une sur les phénomènes naturels à l’origine augmentation des profondeurs qui peut être des risques littoraux compensée ou aggravée par des évolutions des Plusieurs phénomènes naturels sont impliqués fonds. Aussi les conséquences attendues du dans les aléas littoraux, ce sont le niveau de la changement climatique peuvent selon les lieux mer, l’agitation et les évolutions sédimentologi- avoir des effets inverses sur ce paramètre. ques. Ces trois phénomènes interagissent entre eux. Le niveau de la mer a d’importantes inci- 3.3. Mouvements sédimentaires dences sur l’agitation et sur les mouvements sédi- La difficulté pour évaluer l’impact du chan- mentaires. gement climatique sur les mouvements sédimen- taires provient du fait que les variations bathy- 3.1. Niveau de la mer métriques qu’ils provoquent modifient, comme Il est important de rappeler que les prévisions on l’a vu plus haut, les phénomènes qui les génè- du GIEC portent sur le niveau moyen (MSL : mean rent, à savoir la houle et les courants. sea level) qui peut différer un peu de la moyenne des niveaux de mi-marée (MTL : mean tide level), 4. Les méthodes pour évaluer l’effet de niveau servant le plus souvent de référence pour l’élévation du niveau de la mer sur la ligne les données anciennes (à Brest par exemple la de rivage différence est évaluée MSL - MTL = 0,023 m). Une surélévation du niveau de la mer peut D’autre part, il convient de noter que l’aléa avoir plusieurs conséquences sur la position de du risque de submersion est principalement gou- la ligne du rivage. De façon générale, une suré- verné par les niveaux maximums. Une variation lévation du niveau de la mer s’accompagne du niveau moyen ne s’accompagne pas néces- d’un recul général de la ligne du rivage, par sairement d’une même variation des niveaux de inondation ou par érosion. L’inondation est pro- pleine mer. Une modélisation de la marée réa- duite par envahissement ou par franchisse- lisée par le LEGOS montre par exemple, qu’une ment et l’érosion résulte d’un enlèvement de surélévation de 60 cm du niveau moyen n’en- sédiments. Dans certains cas cependant une traîne qu’une surélévation de 41,9 cm de la pleine surélévation de la mer peut se traduire au mer pour une vive-eau extrême dans la baie du contraire par une avancée ou une stabilité de Mont Saint-Michel. la ligne de rivage. Ceci peut notamment résul- Enfin, les niveaux extrêmes dépendent for- ter de la modification des régimes de transport tement de l’apparition de surcotes qui sont des sédimentaire qu’occasionne l’élévation du phénomènes dus principalement à des facteurs niveau marin. météorologiques (vents et pression barométri- Compte tenu de la complexité des phéno- que) et l’impact de la fréquence des tempêtes mènes hydrosédimentaires, il n’est pas simple de est donc au moins aussi important à prendre en connaître la configuration finale de la ligne de compte. rivage en fonction de la surélévation du niveau de la mer. Il est important de souligner la grande 3.2. Effets de la houle variabilité géographique des phénomènes. Cette variabilité résulte à la fois de l’origine des actions L’intensité de la houle est elle aussi fortement produisant les mouvements sédimentaires qui dépendante de la météorologie puisque le phé- sont fortement dépendants de facteurs météo- nomène a le vent pour origine. Lors de sa pro- rologiques et de la géomorphologie des côtes. pagation, les variations de profondeurs sont pré- Il existe plusieurs méthodes pour évaluer la 18
position de la ligne de rivage après élévation du fonds qui se fera au détriment du haut de la niveau de la mer : plage, lequel reculera en conséquence. 4.1. Concept de « vallée ennoyée » 4.4. Modélisation physique Cette méthode consiste à supposer que La modélisation physique peut être exploi- la topographie du rivage reste fixe. Ce concept tée pour évaluer l’impact hydrosédimentaire du très simple n’est réaliste que pour des côtes changement climatique sur des ouvrages ou sur fixes, comme les côtes rocheuses ou pour des des zones du littoral. Compte tenu de son coût, secteurs ou l’agitation est très faible comme cette approche ne peut cependant être envi- dans des baies fermées ou des côtes très abri- sagée que pour des aménagements importants tées. Appliquée sur des estrans de faible pente ou des zones particulièrement sensibles. Des essais tels que les plages, cette approche montre réalisés sur des modèles physiques sédimento- qu’une élévation métrique peut se traduire par logiques confirment que dans certaines zones un recul de plus d’une centaine de mètres. où la sédimentation est forte, l’élévation du Compte tenu des limites de la méthode, il niveau de la mer peut conduire à une diminu- convient cependant de ne pas tirer de conclu- tion des profondeurs compte tenu de l’éléva- sions trop hâtives. tion des fonds. 4.2. Tendance historique 4.5. Modélisation numérique L’évolution historique peut donner une ten- Il existe plusieurs types de modèles numéri- dance que l’on peut tenter d’extrapoler. ques pour étudier l’impact d’une élévation de Cependant les variations récentes pour lesquel- la mer sur la ligne de rivage. Certains assez rudi- les l’on dispose de données précises sont des mentaires mettent en œuvre des lois fondées sur variations faibles qu’il peut être hasardeux d’in- le principe du profil d’équilibre, d’autres cher- terpoler d’autant qu’en général d’autres phé- chent à reproduire le plus exactement les phé- nomènes peuvent intervenir. Pour certaines nomènes de transports sédimentaires. régions basses naturelles et de faibles pentes, D’importants progrès ont été réalisés récemment, cette approche permet cependant de prédire mais l’état de l’art ne permet pas encore de les évolutions avec plus de réalisme que la garantir pour le long terme une grande fiabilité méthode précédente tant que les variations aux résultats obtenus. de niveau restent faibles. Conclusions 4.3. Concept du profil d’équilibre Malgré les incertitudes qui ont été dévelop- La méthode s’appuie sur l’existence d’un pées, une tendance globale au recul du trait de profil d’équilibre pour la dune, la plage et l’avant- côte par érosion des plages et recul des falai- plage qui se maintient tant que les actions hydro- ses est prévisible. Les zones les plus vulnérables dynamiques demeurent constantes. Cette hypo- sont les deltas comme la Camargue, les zones thèse, appelée principe de Bruun, exige plusieurs estuariennes et les zones de marais. Par ailleurs, conditions pour représenter correctement l’évo- il est à attendre des impacts sur les ouvrages lution d’un estran et notamment la conservation maritimes qu’il faudra sans doute adapter pour du stock sédimentaire dans un plan transversal. qu’ils résistent et qu’ils demeurent efficaces en La méthode est de ce fait critiquée par beau- attachant une attention particulière aux évolu- coup d’auteurs. Lorsque l’on accepte le prin- tions bathymétriques. cipe de Bruun, l’on peut déduire l’évolution de Pour bien anticiper ces évolutions, il appa- la ligne de rivage en considérant que la surélé- raît nécessaire de réaliser des études locales de vation de la mer entraînera une surélévation des 19
L’état de la connaissance caractérisation de l’aléa prenant en compte les Environment and Sustainability – Marine and évolutions prévisibles comme cela est cours sur coastal dimension of climate change in Europe plusieurs secteurs du littoral français. – a report to Water Directors Bibliographie Lefevre Fabien et al. - LEGOS – Étude de l’in- Andrew, J., Cooper, G., Pilkey, H. (2004). Sea fluence de la variation du niveau moyen de level rise and shoreline retreat : Time to abandon locéan sur la marée dans la baie du Mont Saint the Bruun Rule. Global and Planetary Change, Michel – Rétablissement du caractère maritime 43, 157-171. du Mont Saint-Michel Brunel, Cédric et François Sabatier (2006) Ministère de l’Aménagement du Territoire et Recul du rivage et montée de la mer sur les pla- de l’Environnement et ministère de l’Équipement, ges contrôlées par la houle et sur les plages de des Transports et du Logement (1997) Plans de poche - actes des XIe journées nationales Génie prévention des risques littoraux (PPR) - Guide Civil - Génie Côtier - Brest 12, 13 et 14 septem- méthodologique - 58 pages - la documentation bre 2006- Centre Français du Littoral - tome II - française. 391-399. Ministère de l’Aménagement du Territoire et EUROSION - Vivre avec l’érosion côtière en de l’Environnement (1997) – La défense des côtes Europe - Conclusion de l’étude EUROSION - contre l’érosion marine – Pour une approche glo- mai 2004 - office for official publications of the bale et environnementale – 146 pages european communities, 2004. RESPONSE (Répondre aux risques liés au chan- GIEC - Groupe d’experts intergouvernemen- gement climatique dans les zones côtières) taux sur l’évolution du climat - Changement cli- projet européen LIFE 2003-2006 : dossier de for- matique 2001 - rapport de synthèse. mation – guide des bonnes pratiques. GIEC - Groupe d’experts intergouvernemen- Teisson, Charles (1992) Surélévation future du taux sur l’évolution du climat - Changement cli- niveau de la mer - conséquences et stratégies matique 2007 - rapport de synthèse. dans l’aménagement du littoral - 70 pages - publi- Hoepffner Nicolas et al. - Institute for cation du CETMEF. Violeau, Damien (2001) Analyse des impacts possibles de l’effet de serre sur l’environnement maritime - Étude statistique succincte sur le litto- ral français - 43 pages - publication du CETMEF. 20
2e partie L’organisation des acteurs
L’organisation des acteurs Quelle gouvernance adaptée au littoral ? Cette table ronde est l’occasion de présenter les structures concernées par la prévention des risques sur le littoral, le paysage institutionnel dans sa spécificité (diversité des services, mais également des fonctions comme les délégués de façades pour fédérer les services), le cadre européen, ainsi que certaines expériences locales intéressantes de gouvernance adaptée à la gestion du littoral. La complexité des problématiques et la diversité des acteurs, tant au sein de l’État que des collectivités territoriales, justifient en effet de mutualiser les moyens. Le point de vue d’un élu viendra éclairer ces réflexions et permettra de poser la question de la place des élus. Intervenants Jean-Luc HALL Christophe LEVISAGE DIREN Basse-Normandie DIREN Bretagne Adjoint au directeur, adjoint au délégué Délégué adjoint pour la façade de façade maritime Manche-Mer du Nord, maritime Atlantique administrateur des Affaires maritimes La délégation de façade maritime La Mission interministérielle Mer en Normandie (MIMEL) et l’appréhension des risques littoraux Janick MORICEAU liés aux changements climatiques Conseil Régional de Bretagne Vice-présidente du Conseil Régional, Jean-Baptiste MILCAMPS chargée de la mer Préfecture de région Le point de vue des élus, les actions engagées du Languedoc-Roussillon, en Bretagne sous-préfet pour le littoral Un sous-préfet chargé de mission pour le littoral Modérateur François CLERC Dominique BRESSON DIREN Nord-Pas-de-Calais MEDAD/DIACT Responsable de la cellule Chargé de mission littoral Risques naturels Le programme de travail des services de l’État en région Nord-Pas-de-Calais 23
L’organisation des acteurs Jean-Luc HALL La Mission interministérielle Mer en Normandie (MIMEL) et l’appréhension des risques littoraux liés aux changements climatiques Décidée par le Comité interministériel pour l’aménagement du territoire (CIADT) de septembre 2004, la MIMEL, rassemblant Hauts- et Bas-Normands, vise à renforcer la coordination et la transversalité des approches des services de l’État intervenant sur les questions littorales et maritimes. On attend également de cette organisation originale, copilotée par deux préfets de région et un préfet maritime, la constitution de véritables bases d’informations communes. Les axes de travail de la MIMEL peuvent lui permettre d’appréhender, sous différents angles, les risques littoraux liés aux changements climatiques. Le développement de ses relations avec la Le développement d’une vision prospective, communauté scientifique lui facilite l’accès aux à laquelle prendra part la MIMEL, devra désor- connaissances, l’identification des lacunes à mais tenir compte des nouveaux risques littoraux combler et donc une meilleure compréhension annoncés par les changements climatiques de de certains phénomènes. plus en plus avérés. Le souci de faire converger le travail des La BDD Sextant sur laquelle s’appuie la MIMEL services de l’État a déjà conduit la MIMEL à for- pour la mise en place d’un pôle géomatique mer des groupes techniques au sein desquels il « Mer » constitue un outil pérenne et polyvalent. est possible de partager une véritable analyse Sa mutualisation devrait se traduire par un enri- des enjeux et de proposer des orientations stra- chissement de cette base, et donc des suivis et tégiques. Un prochain GT sur le thème « Risques des prédictions plus fins. littoraux liés aux changements climatiques » est manifestement envisageable. 25
L’organisation des acteurs Jean-Baptiste MILCAMPS Sous-préfet pour le littoral chargé de mission auprès du préfet de la région Languedoc-Roussillon. Ses missions sont particulièrement centrées sur la coordination de l’ensemble des actions conduites par l’État en faveur du développement et de la protection du littoral à l’échelle régionale. En lien avec les services de l’État et les organismes publics de recherche, il a notamment la responsabilité d’élargir la réflexion menée sur les problématiques de submersion marine et d’impacts sur le littoral liés au changement climatique. Un sous-préfet chargé de mission pour le littoral 1. Historique des interventions et missions conseil régional, est l’instance partenariale qui en Languedoc Roussillon suit et évalue la mise en œuvre du plan. En 1963, en Languedoc-Roussillon, l’État inter- La mission a bénéficié, pour la mise en œuvre venait, dans un paysage géographique et admi- du plan, d’une dotation de gestion intégrée du nistratif vierge, pour donner une vocation tou- littoral (DGIL) de 26,4 M€ (FNADT hors CPER) pour ristique à une côte sablonneuse jusque-là la période 2003-2006. pratiquement inhabitée et inexploitée. La mis- Après la dissolution de la mission, le préfet sion Racine, qui a mis en œuvre l’aménagement de la région Languedoc-Roussillon a demandé touristique de la côte Languedoc-Roussillon, a la nomination d’un sous-préfet qui puisse repren- été dissoute en 1983. dre au niveau régional la coordination opéra- En 2001, pour prendre en compte les nou- tionnelle des programmes lancés sur le littoral veaux enjeux et les nouvelles problématiques du et être l’« interlocuteur État » privilégié pour les littoral (réhabilitation des milieux naturels, réno- nombreux acteurs qui agissent sur le littoral. vation du bâti, structuration du développement Des moyens importants sont inscrits sur le volet urbain, professionnalisation des filières producti- littoral du CPER 2007-2013 (25 M€ FNADT) com- ves, développement de l’emploi spécifique aux plétés par le Programme opérationnel (32 M€). activités du littoral), l’État a souhaité créer une Concernant directement le littoral, sont ins- nouvelle mission Littoral, avec la double voca- crits au CPER : tion de faciliter la concertation et la coordina- tion interministérielle, dans l’activité des services – un programme d’aménagement de huit de l’État, et de favoriser les relations partenaria- sites côtiers, sur lesquels sont entrepris des tra- les, dans l’action conjointe de l’État et des col- vaux de gestion de l’érosion et de rétablisse- lectivités territoriales sur le littoral. ment des équilibres naturels, de gestion de la fréquentation et de développement des circu- Cette mission interministérielle d’aménage- lations douces ; ment du littoral Languedoc-Roussillon a été créée par le CIADT du 9 juillet 2001 pour la période 2003- – un volet étude sur l’érosion côtière et sur les ris- 2006. ques de submersion ; Placée sous l’autorité du préfet de région, – un volet sur l’amélioration de la qualité des elle avait pour objectif d’assurer un développe- eaux des systèmes lagunaires littoraux. ment équilibré et durable du littoral Languedoc- Roussillon. 2. Le Languedoc Roussillon, Dans ce cadre, elle a élaboré un Plan de un littoral riche, convoité et fragile développement durable du littoral, constitué de Le littoral constitue un patrimoine environne- quinze programmes d’actions, en concertation mental fragile et convoité, qui contribue pour avec les collectivités territoriales et les organis- une large part au développement de l’écono- mes professionnels et associatifs concernés. Ce mie régionale. plan a été approuvé et doté d’une enveloppe Il dispose d’atouts considérables qui fondent financière par le CIADT du 13 décembre 2002. son attractivité et qui doivent être préservés : Le Conseil de développement du littoral, copré- – un ensoleillement garanti presque toute l’an- sidé par le préfet de région et le président du née et 220 km de sable fin ; 27
L’organisation des acteurs – une côte peu urbanisée en comparaison de – l’idée qu’il est illusoire d’envisager de fixer le PACA ou de la Catalogne ; trait de côte partout ; – un patrimoine environnemental et culturel d’une – le recul stratégique, qui doit être favorisé en grande richesse, aux caractéristiques parfois uni- tant que réponse la plus favorable à l’érosion ; ques, comme ses 40 000 ha de lagunes et de – la prise en compte des phénomènes et des vastes espaces naturels ; enjeux, qui doit s’effectuer à l’échelle pertinente – un maillage de villes proches offrant des servi- de la cellule sédimentaire ; les choix techniques ces de bonne qualité ; retenus doivent s’opposer le moins possible à – des infrastructures de loisirs modernes et un l’évolution naturelle du trait de côte et l’accom- parc immobilier de loisirs qui constitue une pagner. Le recul stratégique et la restauration réponse potentielle aux demandes générées de la fonctionnalité naturelle des milieux sont les par la pression démographique ; seuls modes de gestion envisageables pour les secteurs à dominante naturelle ; – un réseau de dessertes autoroutières, ferroviai- res et aériennes permettant une bonne acces- – la modification du transit sédimentaire, qui doit sibilité. être réservée aux secteurs à enjeux forts et indé- plaçables. Mais le littoral concentre également des difficultés, dues pour partie à un mode de déve- loppement largement fondé sur son attractivité résidentielle et touristique, et sur les rentes patri- moniales qu’elle procure. Dans un contexte de changement climati- que, la protection du littoral et la gestion du trait de côte constituent des enjeux stratégiques. Les problèmes rencontrés portent notamment sur : – la dégradation des cordons dunaires ; – la pollution des lagunes ; – l’érosion des plages ; – la surfréquentation de certains espaces natu- rels associée à la place dominante de la voiture ; – la « cabanisation » ; – la faiblesse de l’emploi ; – la consommation foncière associée à une hausse des prix et des risques ségrégatifs ; – un parc immobilier sous-utilisé. 3. Une nécessité de gestion intégrée et de coordination La création de ce poste de sous-préfet témoi- gne de la volonté de l’État d’avoir, aux côtés des collectivités, une gestion coordonnée des politiques publiques qui s’appliquent sur la bande littorale. Les mentalités évoluent et, aujourd’hui, les acteurs parviennent à partager des principes d’action, tels que : 28
François CLERC Responsable de la cellule Risques naturels – Direction régionale de l’Environnement du Nord-Pas-de-Calais, – Service de l’Eau, des Milieux aquatiques et des Risques Naturels Missions actuelles : – élaboration des atlas de zones inondables – coordination du programme de travail régional des services de l’État sur les risques naturels littoraux intégrant le changement climatique – animation du réseau régional Risques naturels et coanimation du Club Risques interrégional francois.clerc@npdc.ecologie.gouv.fr Le programme de travail des services de l’État en région Nord-Pas-de-Calais Le littoral de la région Nord-Pas-de-Calais est soumis à des phénomènes d’érosion et de submersion marine, spécialement dans une zone de polders. Les services de l’État ont amorcé en 2005 un programme de travail qui a pour objectifs d’anticiper les conséquences prévisibles de l’élévation à terme du niveau de la mer et d’apporter des réponses d’ordre informatif, réglementaire et opérationnel à ces risques naturels littoraux prévisibles. L’approche partenariale des risques littoraux a été impulsée par le préfet de région Nord-Pas-de-Calais. Le partage de l’information avec les acteurs du littoral permettra d’envisager une vision harmonieuse du développement littoral, en prenant soin de ne pas exposer de nouvelles personnes et de nouveaux biens à des risques, dans le respect du développement durable des territoires. Les actions menées par les autres pays de la mer du Nord serviront également de référence pour le Nord-Pas-de-Calais. Contexte travaux intègre désormais l’Institution interdé- La région Nord-Pas-de-Calais est particulière partementale des wateringues, le SMCO ainsi du point de vue des risques naturels littoraux. que le conseil régional. L’érosion y est assez intense, tant sur les côtes Ce partage de l’information et ce travail en basses meubles que dans les secteurs de falai- partenariat des différents acteurs sont très impor- ses. Le risque de submersion marine y est impor- tants ; le préfet de région veillera personnelle- tant de par l’existence d’une importante zone ment à ce qu’il se poursuive. Cela permettra basse, le territoire des wateringues, formé par d’envisager une vision harmonieuse du déve- l’ancien delta du fleuve Aa, situé pour partie loppement littoral, en prenant soin de prendre en dessous du niveau moyen de la mer et assé- des décisions judicieuses (ne pas exposer de nou- ché par l’homme au fil des siècles. velles personnes et de nouveaux biens à des ris- Le niveau de l’océan va s’élever tout au long ques), ainsi que dans le respect du développe- du XXIe siècle ; le nombre et l’intensité des tem- ment durable des territoires. pêtes pourraient augmenter. Il est important d’analyser les conséquences que ces éléments Contenu du programme de travail peuvent avoir sur les risques d’érosion ou de sub- Le programme de travail des services de mersion marine. l’État fait suite à plusieurs études, notamment du Ces questionnements, impulsés par le pré- Syndicat mixte de la côte d’Opale (SMCO) ; il a fet de région en 2005, ont donné lieu à un impor- pour objectif de mieux appréhender les consé- tant programme de travail des services de l’État, quences du changement climatique sur les ris- qui a été présenté le 17 juillet 2007, lors d’une ques liés à l’érosion côtière et aux submersions journée d’échanges entre les services de l’État, marines sur le littoral Nord-Pas-de-Calais et les les organismes publics et les collectivités territo- zones basses arrière-littorales. Il comprend les riales concernées. Le comité de pilotage de ces actions suivantes : 29
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