Côte-d'Or : les notaires à vos côtés au quotidien

 
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                                                                                               Mardi 11 décembre 2018 - Supplément - Côte-d'Or

FAMILLE, FISCALITÉ, IMMOBILIER, SUCCESSION…

      Côte-d’Or :
  les notaires à vos
  côtés au quotidien

■ Acheter sa résidence principale, élaborer un contrat de mariage, investir dans l’immobilier… : les notaires sont à votre service dans toutes vos démarches.
Photo d’illustration Philippe BRUCHOT
Côte-d'Or : les notaires à vos côtés au quotidien
LE BIEN PUBLIC MARDI 11 DÉCEMBRE 2018
 02 SUPPLÉMENT
C Ô TE- D ’ OR IM MOBILIER

J’achète, tu achètes
ou nous achetons ?
Au moment d’acheter sa maison
ou son appartement, que l’on soit
célibataire ou en couple, on pen-
se financement, future déco, en
occultant des points juridiques
pourtant essentiels qui permet-
tent de sécuriser l’avenir.

B   ien sûr, il n’est pas toujours faci-
    le, dans un moment heureux,
d’imaginer le pire. Mais les mariages
durent, aujourd’hui, moins long-
temps que les prêts immobiliers, les
familles se recomposent et il est im-
portant de se mettre juridiquement à
l’abri des aléas de la vie.
Les questions à se poser ne sont pas
les mêmes, selon que l’on soit marié
ou non. Pour les couples mariés,
deux cas de figure : « l’organisation
juridique d’une acquisition immobi-
lière sera radicalement différente se-
lon le régime matrimonial des
époux », rappelle Me Olivier Har-
nisch, notaire à Saint-Usage.

Sous le régime de la communauté
Pour les couples mariés sous le régi-
me de la communauté, c’est-à-dire
une grande majorité, le principe est         ■ Lors de l’acquisition d’un bien immobilier, il est important de se mettre juridiquement à l’abri des aléas
simple : la maison ou l’appartement          de la vie. Photo d’illustration Philippe BRUCHOT
acquis pendant le mariage sera com-
mun. En cas de séparation, chacun            est propre, venant par exemple d’un          « déclaration d’emploi » pour que le          ZOOM
récupère une part égale de la vente          héritage, d’une donation ou d’écono-         bien acquis conserve sa nature de
de la maison.                                mies qu’il aurait réalisées avant le         bien propre », souligne Me Harnisch.        Acheter en SCI ?
À cela, deux exceptions.                     mariage, il le peut, sans que le bien        Lui seul sera propriétaire du bien.
Si l’un des époux souhaite acquérir          tombe dans la communauté. « Pour             Deuxième exception, lorsque l’un            Pour les concubins ou dans le
un bien en utilisant de l’argent qui lui     cela, il doit faire à l’acte notarié une     des époux utilise pour acheter un           cas d’un remariage, la constitu-
                                                                                          bien commun une partie de fonds             tion d’une SCI (société civile
                                                                                          qui lui sont propres, le bien rejoindra     immobilière) peut être une
 « Certains risques peuvent peser                                                         la communauté. Dans ce cas, « il
                                                                                          faut établir une déclaration d’origine
                                                                                                                                      solution pour acheter son bien.
                                                                                                                                      Les apports de chacun sont
 sur le futur acquéreur »                                                                 des deniers, qui sera insérée à l’acte      comptabilisés de façon précise
                                                                                          d’achat, permettant ainsi de se cons-       et, en cas de séparation, les
 Peut-on acquérir un bien                                                                 tituer la preuve de l’apport et de faire    parts de la SCI sont partagées.
 avec sa nouvelle compagne                                                                valoir, le moment venu, sa créance          Mais constituer une SCI a un
 alors que le divorce n’est pas                                                           en cas de divorce ou de décès de son        coût et, surtout, comme toute
 encore prononcé ?                                                                        conjoint », préconise le notaire.           société, elle doit avoir sa vie
 « Une acquisition par l’un des                                                                                                       administrative et juridique. Là
 époux mariés sous le régime                                                              Sous le régime de la séparation             encore, le mieux est de pousser
 de la communauté, mais en                                                                de biens                                    la porte de l’étude d’un notaire
 instance de divorce, reste tou-                                                          Mais tous les couples ne sont pas           pour en parler.
 jours une opération périlleu-                                                            unis sous le régime de la communau-
 se, à appréhender avec son                                                               té. Les plus jeunes optent, de plus en
 avocat et son notaire, sauf en                                                           plus souvent, pour la séparation de        conjoint à tout prix en oubliant, par-
 cas d’emploi en totalité de                                                              biens – près de 20 % des Français          fois délibérément, les risques d’une
 fonds propres. Il faut être ■ Me Olivier Harnisch. Photo B. W.                           sont mariés sous ce régime. La mai-        éventuelle séparation. C’est le cas,
 conscient que certains risques                                                           son ou l’appartement du couple sera        par exemple, lorsque l’un des mem-
 peuvent peser sur le futur acquéreur, comme un décès en cours d’instance ou              acheté, le plus généralement, sous le      bres du couple finance intégrale-
 l’existence de créanciers, dans le cadre de procédure judiciaire par exemple. »          régime de l’indivision, tout comme         ment l’acquisition, réalisée pourtant
 Est-il impératif d’attendre que le divorce soit prononcé ?                               pour les couples pacsés ou les concu-      conjointement par le couple, et le
 « Pour les tiers – tout le monde sauf le couple –, la rupture du mariage n’est           bins. Chacun des acquéreurs devient        plus souvent à concurrence de 50 %
 effective qu’à partir de la mention de divorce sur les actes d’état civil. Pour que le   propriétaire du bien immobilier à          chacun… » Les quotes-parts doivent
 bien acquis reste personnel à l’acquéreur, il faut donc impérativement que la            hauteur d’une quote-part, en fonc-         être établies de manière précise et
 procédure de divorce puisse aller à son terme et que les effets du divorce remon-        tion de sa participation au finance-       réaliste, que ce soit avec les apports
 tent à une date antérieure à celle de l’acquisition. Les époux peuvent parfaite-         ment. « Il est judicieux de pouvoir se     personnels initiaux de chacun ou
 ment s’entendre ensemble sur la date de ces effets. À défaut, la date sera celle du      détacher du traditionnel achat moi-        avec les capacités respectives de
 jugement d’homologation ou de l’acte notarié de dépôt – pour le consentement             tié-moitié, prévient Me Harnisch. Il       remboursement du crédit immobi-
 mutuel – et celle de l’ordonnance de non-conciliation pour les autres divorces. »        est souvent sage de ne pas être aveu-      lier.
                                                                                          glé par la volonté de protéger son                               Bruno WALTER
www.bienpublic.com                                                                                                                                                   WCD - 0
Côte-d'Or : les notaires à vos côtés au quotidien
MARDI 11 DÉCEMBRE 2018 LE BIEN PUBLIC
                                                                                                                                         SUPPLÉMENT                     03
C Ô TE- D ’ OR S O CI ÉT É

Contrat de mariage : choisir
pour l’avenir
Au moment de se marier, mieux
vaut envisager l’élaboration d’un
contrat de mariage. En fonction
de la situation professionnelle et
de l’histoire familiale des futurs
époux ainsi que des choix qu’ils
envisagent pour leur patrimoine,
les régimes seront différents.

«P       révoir l’avenir, à partir d’infor-
         mations claires et bien compri-
ses » : pour Me Xavier Blanquinque,
notaire à Gevrey-Chambertin, réfléchir
à son régime matrimonial permet
d’abord de bien construire son projet de
vie à deux. Il existe trois sortes de régi-
mes, avec des “options” pour chacun.

1 Le régime de la communauté
Le régime de la communauté, que les
juristes disent « réduite aux acquêts »,
est le plus connu et le plus usité, car il
s’applique automatiquement aux                ■ Il existe trois sortes de régimes matrimoniaux. Celui de la communauté est le plus connu et le plus usité.
époux qui n’établissent pas de contrat        Photo d’illustration Philippe BRUCHOT
de mariage. Le principe est simple, c’est
celui de la mise en commun : tout ce qui                                                                                                  ZOOM
est investi ou acheté au cours du maria-
ge par les époux à partir de leurs salai-
                                              } Le régime de la séparation de                                                           Protéger le patrimoine
res, revenus d’activité ou gains tombe        biens peut être amélioré avec une                                                         professionnel
dans la communauté. De même, les              société d’acquêts qui permet aux
dettes contractées au cours du mariage                                                                                                  Lorsque l’un des époux est chef
seront communes. En revanche, les
                                              époux d’avoir, à côté de leur                                                             d’entreprise, qu’importent la taille et
époux conservent en leur nom propre           patrimoine respectif, une masse                                                           le statut d’ailleurs, il faut envisager
ce qui leur appartenait avant le mariage      commune. ~                                                                                de protéger le patrimoine profes-
ou ce qu’ils ont acquis par succession,       Me Xavier Blanquinque, notaire à Gevrey-Chambertin                                        sionnel en le mettant à l’écart du
donation ou legs. « S’ils sont propriétai-                                                                                              partage, en cas de divorce. « Cela
res de nombreux biens, principalement                                                                                                   permettra à l’époux entrepreneur
d’économies, avant le mariage, je leur        à tous les biens des époux, qu’importe     l’ensemble des biens de la communau-           de poursuivre son activité sans
conseille, même s’ils souscrivent à ce        leur origine : on parle alors de “commu-   té. Les enfants du couple ne pourront          subir les aléas d’une évaluation de
régime de la communauté, d’établir un         nauté universelle”. Généralement, il est   aller contre cet avantage, qui doit donc       l’entreprise, toujours délicate,
contrat de mariage pour se ménager la         prévu au contrat des clauses permet-       être bien réfléchi.                            sachant que l’autre pourra éventuel-
preuve de l’existence de ces avoirs au        tant au conjoint survivant de prélever,                                                   lement bénéficier d’une compensa-
moment du mariage », précise Me Blan-
quinque.
                                              avant tout partage, certains bien com-
                                              muns (logement, meubles, somme d’ar-
                                                                                         2de biens
                                                                                             Le régime de la séparation                 tion par l’attribution d’une presta-
                                                                                                                                        tion compensatoire », souligne
Il est possible d’étendre la communauté       gent…) voire même de se voir attribuer                                                    Me Blanquinque, notaire à Gevrey-
                                                                                         Deuxième régime, celui de la sépara-           Chambertin. À défaut, la valeur de
                                                                                         tion de biens. C’est souvent à celui-ci        la société devra être partagée, ce qui
  Quelles questions doit-on se poser avant                                               que l’on pense lorsqu’on évoque le
                                                                                         “contrat de mariage”. Dans ce régime, il
                                                                                                                                        peut mener à de grosses difficultés.

  de choisir son régime matrimonial ?                                                    n’y a pas de biens communs. Chacun
                                                                                         des époux reste propriétaire de ses          tion aux acquêts, est assez spécifique.
  Me Xavier Blanquinque : « La question essentielle, au plan matériel, est celle         biens et les dettes restent personnelles.    Pendant la durée du mariage, il n’existe
  de l’activité professionnelle que les futurs époux envisagent d’exercer. Quelle        Cette absence totale de mise en com-         pas de communauté, comme dans le
  en sera la nature : salariée, libérale, commerciale ? Les conjoints travaille-         mun et de partage des richesses du           régime de séparation. « Mais à la disso-
  ront-ils tous les deux ou bien seulement l’un des deux ? Faut-il dissocier             couple peut être un frein, notamment         lution du mariage, l’époux qui s’est le
  certains intérêts et préserver l’indépendance de chacun, compte tenu des               psychologique, pour les jeunes mariés.       plus enrichi devra à l’autre une dette de
  risques liés aux aléas des affaires ou, au contraire, tout mettre en commun ? »        Mais il existe un biais. « Ce régime peut    participation », explique le notaire gi-
  Cela introduit les questions d’argent au moment où l’on officialise                    être amélioré avec une société d’ac-         briaçois. Autrement dit, il y a un partage
  une relation amoureuse : est-ce un frein ?                                             quêts qui permet aux époux d’avoir, à        de la richesse, mais pas des dettes éven-
  « Traditionnellement, c’est vrai, les mariés ne font pas de contrat et le régime       côté de leur patrimoine respectif, une       tuellement contractées, qui restent per-
  de la communauté s’applique. Celui-ci correspond bien aux personnes pour               masse commune », précise Me Blan-            sonnelles. L’enrichissement est calculé
  lesquelles le mariage est un projet de mise en commun dans tous les sens du            quinque. Dans cette société, chacun ap-      sur la différence de valeur patrimoniale
  terme, y compris patrimonial. Mais j’observe que de plus en plus de jeunes             porte ce qu’il veut : la résidence princi-   au moment du divorce et le patrimoine
  gens réfléchissent à ces questions. Ils vivent dans l’incertitude de leur avenir       pale, par exemple, ou les meubles.           initial de chacun, qu’il convient de re-
  professionnel et, parfois, ont l’expérience du divorce de leurs parents. C’est                                                      censer avec précision.
  aussi le cas des remariages : la plupart de ces couples établissent des contrats,
  notamment car ils prévoient la transmission de leur patrimoine à leurs
                                                                                         3auxLeacquêts
                                                                                                 régime de la participation           Dans ce cas, comme dans tous les
                                                                                                                                      autres, les conseils du notaire seront
  enfants nés d’une précédente union tout en protégeant leur conjoint. »                                                              essentiels.
                                                                                         Le dernier régime, celui de la participa-                               Bruno WALTER
WCD - 0                                                                                                                                                      www.bienpublic.com
Côte-d'Or : les notaires à vos côtés au quotidien
LE BIEN PUBLIC MARDI 11 DÉCEMBRE 2018
 04 SUPPLÉMENT
C Ô TE- D ’ OR S O CI ÉT É

Les diagnostics immobiliers :
pour quoi faire ?
Pour vendre ou louer un bien
immobilier, la loi impose aux
propriétaires d’effectuer diffé-
rents diagnostics : sur la présen-
ce d’amiante, de plomb, sur la
conformité de l’installation élec-
trique, etc. À quoi servent-ils ?
Sont-ils fiables, coûteux ?

L    a première obligation remonte à
     1996 : les vendeurs étaient tenus
d’indiquer la présence d’amiante
dans les immeubles en vente. De-
puis, la loi a élargi ce que l’on appel-
le « les obligations d’information
sur les risques d’exposition des ac-
quéreurs, futurs occupants d’un lo-
gement, à des matériaux ou substan-
ces dangereuses pour la santé ».
Il existe aujourd’hui huit diagnos-
tics obligatoires : performance éner-
gétique ; présence de plomb ;
d’amiante ; de termites (la Côte-
d’Or n’est pas concernée, l’insecte
n’y étant pas présent) ; conformité
de l’installation de gaz ; d’électrici-
té ; de l’assainissement non collec-       ■ Il existe aujourd’hui huit diagnostics obligatoires, tous à la charge du propriétaire. Photo d’illustration Julio PELAEZ
tif ; état des servitudes “risques” et
d’information sur les sols.                                                                                                       REPÈRE
« Il faut compter entre 400 €              } Leur réalisation décharge                                                          n Des diagnostiqueurs
et 500 € pour l’ensemble »                 les propriétaires de leurs                                                           certifiés
« L’ensemble de ces diagnostics est        responsabilités sur les points                                                       Lors de l’apparition des pre-
à la charge du propriétaire », préci-                                                                                           miers diagnostics obligatoires,
se Me Arnaud Nicolardot, notaire à         abordés par les diagnostics. ~                                                       il y a plus de vingt ans, certains
Dijon et Arnay-le-Duc. « En moyen-                   Me Arnaud Nicolardot, notaire à Dijon                                      “professionnels” peu scrupu-
ne, il faut compter entre 400 € et                                        et Arnay-le-Duc                                       leux ont flairé la bonne affaire
500 € pour l’ensemble. Juridique-                                                                                               et se sont installés sans avoir
ment, leur réalisation décharge les                                                                                             nécessairement toutes les com-
propriétaires de leurs responsabili-       retourner contre le propriétaire. Le     tiennent sont aujourd’hui « des             pétences. Ce temps-là est révo-
tés sur les points abordés par les         coût des diagnostics est donc mini-      éléments de négociation du prix »,          lu : depuis 2005, les diagnos-
diagnostics. » Autrement dit, l’ache-      me dans une vente immobilière. Ce-       indique le notaire. Par exemple, les        tiqueurs sont certifiés et sont
teur ou le locataire ne pourra plus se     la étant, les informations qu’ils con-   futurs acquéreurs ont pris l’habitu-        tenus de souscrire une assuran-
                                                                                    de de regarder la performance éner-         ce en responsabilité civile pro-
                                                                                    gétique (notée de A à G), la seule qui      fessionnelle. Lors d’une vente,
 « Malgré les diagnostics,                                                          doit figurer impérativement sur les
                                                                                    annonces immobilières. En fonc-
                                                                                                                                les notaires vérifient d’ailleurs
                                                                                                                                la validité des diagnostics, les
 il faut rester vigilant »                                                          tion du bien – on ne compare pas            qualifications et la souscription
                                                                                    une maison rurale sans confort à            d’une assurance. Vous pouvez
 Les diagnostics immobiliers sont-ils aujourd’hui suffisamment                      aménager dans l’Auxois et un appar-         trouver les adresses des dia-
 fiables et nombreux ?                                                              tement récent dans le centre-ville de       gnostiqueurs certifiés sur l’an-
 Me Arnaud Nicolardot : « Au fil des ans, les diagnostics obligatoires sont         Dijon –, la note peut influer, même à       nuaire officiel du site Internet
 de plus en plus nombreux et de plus en plus fournis, suivant des cahiers           la marge, sur son prix.                     du ministère de l’Écologie.
 des charges précis. Pourtant, les acquéreurs et les locataires doivent rester
 vigilants et responsables. Je leur conseille de ne pas rester passifs et de ne     Chacun a sa spécificité
 pas se contenter des seuls diagnostics. Deux exemples : aujourd’hui, l’état        et sa durée de validité                   de la fourniture en gaz ou en électri-
 de la structure d’un bâtiment n’est pas systématiquement vérifié, car ce           Pour autant, les diagnostics ne sont      cité », précise Me Nicolardot.
 serait un diagnostic difficile à mettre en œuvre et, évidemment, coûteux ;         que des éléments d’information : ils      Chacun de ces diagnostics a sa spé-
 second exemple, en Côte-d’Or, il n’y a pas de diagnostic obligatoire pour          n’entraînent pas d’obligation d’ef-       cificité et sa durée de validité. Ainsi,
 vérifier l’absence de termites, mais nous avons fréquemment la présence            fectuer des travaux, à l’exception de     la conformité des installations de
 d’autres insectes xylophages, comme les capricornes. Dans les deux cas,            l’assainissement non collectif. Ce-       gaz ou d’électricité n’est exigée que
 les conséquences financières peuvent être importantes pour l’acheteur. »           lui-ci concerne les biens situés dans     lorsque celles-ci ont plus de quinze
 Que faut-il faire ?                                                                des zones non pourvues de système         ans. De même, seuls les immeubles
 « Il ne faut pas hésiter, surtout en cas de projet d’acquisition, à venir          collectif. Dans ce dernier cas, l’ac-     datant d’avant 1949 sont concernés
 visiter le bien avec des professionnels qui sauront avoir l’œil ou poser des       quéreur a un an, à compter de la          par la recherche de plomb. Enfin,
 questions pertinentes. Ce n’est pas une démarche facile, bien sûr, et bien         vente, pour mettre son installation –     les diagnostics peuvent être valables
 souvent les futurs acquéreurs n’osent pas la faire. C’est le paradoxe : les        généralement une fosse septique –         six mois – pour les termites – ou
 diagnostics, éléments d’information du consommateur, ont peut-être eu              en conformité. « En cas de danger         définitivement – plomb et amiante,
 comme effet pervers de les déresponsabiliser et parfois de les desservir. »        immédiat, le diagnostiqueur peut          si leur absence est avérée.
                                                                                    également demander la fermeture                                  Bruno WALTER
www.bienpublic.com                                                                                                                                              WCD - 0
Côte-d'Or : les notaires à vos côtés au quotidien
MARDI 11 DÉCEMBRE 2018 LE BIEN PUBLIC
                                                                                                                                SUPPLÉMENT                 05
C Ô TE- D ’ OR S O CI ÉT É

Pacs : pourquoi organiser
notre vie commune ?
Le pacte civil de solidarité (Pacs)
attire toujours plus de couples,
souvent jeunes, séduits par sa
simplicité. Plus protecteur que le
concubinage, plus souple que le
mariage, il a aussi ses limites.

«L         e Pacs (pacte civil de solida-
           rité, ndlr) est souvent une
option choisie par les jeunes cou-
ples qui s’essaient dans la vie »,
constate Me Arielle Bonnotte, notai-
re à Dijon. « Ils y voient d’abord la
simplicité du pacte et de sa dissolu-
tion, bien plus aisée qu’un divorce,
puisqu’elle peut être unilatérale. »
Moins solennel qu’un mariage, le
Pacs a, de fait, une souplesse que ne
permet pas le cadre légal du maria-
ge. « Une simple déclaration con-
jointe auprès de l’officier d’état civil
de la mairie de résidence commune
des partenaires suffit, mais l’enregis-
trement du Pacs établi par [acte]
notarié peut être fait directement
par le notaire depuis 2011 », précise
Me Bonnotte. Un notaire pourra,             ■ « Le Pacs est souvent une option choisie par les jeunes couples », explique Me Arielle Bonnotte, notaire
notamment, conseiller les partenai-         à Dijon. Photo d’illustration Fabrice SIRLIN
res pour la rédaction de la conven-
tion. L’an dernier, près d’un pacte                                                                                              ZOOM
sur cinq a été signé dans une étude.
Il existe, en effet, deux types de Pacs,
calqués sur les deux principales op-
                                            } Le Pacs est d’abord                                                              Le Pacs toujours
                                                                                                                               attractif
tions du contrat de mariage : la sé-        et avant tout un outil fiscal. ~
paration ou la communauté, mais là                     Me Arielle Bonnotte, notaire à Dijon                                    En dix ans, le nombre de Pacs
encore en beaucoup plus simple. En                                                                                             (pactes civils de solidarité)
l’absence de contrat, par défaut, les                                                                                          conclus en France a pratique-
partenaires seront soumis au régime                                                                                            ment doublé, passant de
de la séparation au plan patrimo-           tenaires, leur activité professionnel-   mune, mais mon conseil est de res-        102 000 en 2007 à 192 000 en
nial : le pacte ne crée aucune com-         le, le montant du patrimoine de cha-     ter simple et de privilégier le régime    2016 (dernier chiffre publié).
munauté. Pour que les biens achetés         cun, la présence ou non d’enfants,       séparatiste. Les partenaires choisis-     C’est dix fois plus que lors de sa
par un seul après la signature du           leur volonté de protection… »,           sent le Pacs d’abord pour sa souples-     création en 1999. 96 % sont
Pacs appartiennent pour moitié à            poursuit la notaire dijonnaise.          se, notamment en matière de sépa-         signés entre un homme et une
chacun des partenaires, il faut rédi-       « Dans leur convention, les parte-       ration, et la rédaction d’une             femme (97 % pour les maria-
ger une clause en ce sens. « Ce choix       naires peuvent organiser à l’avance      convention trop complexe peut             ges). Le Pacs fait donc pratique-
s’effectue selon la situation des par-      le fonctionnement de leur vie com-       conduire à une difficulté de liquida-     ment jeu égal avec le mariage
                                                                                     tion. »                                   (228 000 unions l’an dernier). Il
                                                                                                                               n’a donc fait que progresser en
  « Le testament est l’indispensable                                                 Le Pacs est simple mais faible en
                                                                                     matière de droits et de protection
                                                                                                                               nombre, à l’exception de l’an-
                                                                                                                               née 2011, où la fiscalité a chan-
  complément du Pacs »                                                               Le revers de la simplicité du Pacs est    gé, ne permettant plus la triple
                                                                                     sa faiblesse en matière de droits et      déclaration de revenus pour les
  Le Pacs (pacte civil de solidarité) assure-t-il une bonne protection               de protection. En cas de séparation,      pactes conclus en milieu d’an-
  au partenaire survivant en cas de décès ?                                          il n’existe pas de prestation compen-     née. Mais la courbe est ensuite
  Me Arielle Bonnotte, notaire à Dijon : « La protection du Pacs est très            satoire, par exemple, qui permet          repartie à la hausse. L’an der-
  limitée. Il est indispensable de coupler le Pacs avec un testament par             après un divorce d’assurer un train       nier, 85 000 dissolutions de
  lequel les partenaires vont pouvoir se protéger en cas de décès, sur leurs         de vie à un ex-conjoint en cas de         Pacs ont été enregistrées.
  biens et, notamment, sur la résidence principale, qu’elle soit ou non              disparité importante de revenus ou
  acquise en commun. Cette protection s’effectue en franchise d’impôts :             de patrimoine. De même, le Pacs
  les partenaires de Pacs, tout comme les époux, ne payent aucun droit de            n’ouvre pas droit aux pensions de        constituant la résidence principale
  succession en cas de décès, alors que les concubins doivent s’acquitter            réversion. S’il y a des enfants, la      et le mobilier le garnissant. Et il
  de droits au taux de 60 % ».                                                       protection du partenaire est plus        n’existe pas de “donation entre par-
  Et s’il y a des enfants ?                                                          que légère en terme patrimonial en       tenaires” sur le modèle de la dona-
  « La protection n’est totale qu’en l’absence d’enfant, par le biais d’un           l’absence de testament (lire ci-con-     tion entre époux. « Le Pacs est
  legs intégral des biens au partenaire. Mais si le partenaire a des enfants,        tre). Le partenaire de Pacs n’est pas    d’abord et avant tout un outil fis-
  seule une fraction de son patrimoine peut être léguée : c’est la quotité           considéré comme un héritier, con-        cal », conclut Me Bonnotte. Dès lors
  disponible, dont l’importance varie en fonction du nombre d’enfants –              trairement à un conjoint. En cas de      qu’un couple envisage les questions
  la moitié pour un enfant, le tiers pour deux, le quart pour trois et plus. Le      décès, le partenaire survivant n’a       patrimoniales et successorales, le
  Pacs a un régime de protection plus limité que le mariage. »                       qu’un droit de jouissance temporai-      Pacs seul apparaît bien léger.
                                                                                     re d’un an portant sur le logement                            Bruno WALTER
WCD - 0                                                                                                                                          www.bienpublic.com
Côte-d'Or : les notaires à vos côtés au quotidien
LE BIEN PUBLIC MARDI 11 DÉCEMBRE 2018
 06 SUPPLÉMENT
C Ô TE- D ’ OR IM MOBILIER

Défiscaliser ? Oui, mais attention
De nombreuses annonces immo-
bilières promettent aux investis-
seurs particuliers de bénéficier
d’une défiscalisation avantageu-
se. Mais attention : si la défiscali-
sation est un bonus appréciable,
investir dans la pierre nécessite
de se poser les bonnes ques-
tions.

P   lacement préféré des Fran-
    çais, l’investissement immo-
bilier est, depuis plus de quaran-
te ans, accompagné par l’État
par des mesures fiscales incitati-
ves. Au point que les promoteurs
mettent parfois la défiscalisation
en atout numéro un, plus que le
bien lui-même. Qu’importent le
lieu et l’appartement, les récla-
mes vantent d’abord et avant
tout la réduction d’impôts. Ré-
sultat : les notaires, à l’image de
Me Pascal Massip, à Dijon, ren-
contrent de plus en plus « d’in-
vestisseurs dont l’unique motiva-
tion est la défiscalisation ».
Deux dispositifs sont aujour-
d’hui en vigueur dans le neuf :         ■ La loi Pinel offre un avantage fiscal au contribuable qui investit dans un bien immobilier neuf et s’engage
Pinel et Girardin. Quant à la           à le louer pour une période de six ans minimum. Photo d’illustration Philippe BRUCHOT
vieille loi Malraux, qui vise de-
puis les débuts de la Ve Républi-                                                                                         ZOOM
que à préserver et mettre en va-
leur le patrimoine, elle est            } J’ai déjà vu des investisseurs                                                Investir loin de chez soi
réservée aux biens immobiliers
anciens de qualité. Mais c’est
                                        Girardin revendre des biens                                                     Investir dans un programme
bien la loi Pinel qui est aujour-       à perte. ~                                                                      défiscalisé à Toulouse, Lille ou
d’hui mise en avant et a le vent                                                Me Pascal Massip                        Nantes lorsque l’on est Dijon-
en poupe. « C’est avant tout un                                                                                         nais, est-ce une bonne idée ? De
dispositif de défiscalisation qui                                                                                       nombreux promoteurs se font
offre un avantage fiscal au con-        Me Massip. Pour un engagement            dispositif donne la possibilité de     une spécialité de vendre des
tribuable qui investit dans un          de location de six ans, la réduc-        faire deux acquisitions maxi-          biens situés loin du domicile des
bien immobilier neuf et s’engage        tion est de 12 % du montant de           mum par an, avec un double             acheteurs, séduits par des pro-
à le louer pour une période de six      l’investissement et elle atteint         plafond de 300 000 € et de             messes sur papier glacé. Là
ans minimum, avec possibilité           21 % pour une durée de douze             5 500 € du m² », complète le           encore, il est indispensable de
de l’allonger de deux fois trois        ans : de quoi, en effet, attirer les     notaire dijonnais.                     garder la tête froide. Vérifier
ans. Plus la durée de l’engage-         investisseurs. La loi Pinel per-         Le dispositif Girardin, plus an-       d’abord que le bien se situe
ment est longue, plus l’avantage        met, de surcroît, de louer le bien       cien, est aussi plus exotique : il     réellement dans la métropole
fiscal est important », résume          à un membre de sa famille. « Le          permet de bénéficier d’une ré-         annoncée, et non à cinquante ou
                                                                                 duction d’impôt sur le revenu en       soixante kilomètres. Vérifier, et
                                                                                 investissant dans un logement          les outils numériques le permet-
 « Il ne faut pas perdre son bon sens »                                          neuf situé dans une communau-
                                                                                 té d’outre-mer (Martinique, Gua-
                                                                                                                        tent, la situation du bien et les
                                                                                                                        nuisances éventuelles (autorou-
 Pourquoi, aujourd’hui, investir dans l’immobilier ?                             deloupe, Réunion…). Là encore,         te, ligne TGV…) ; s’informer du
 Me Pascal Massip : « Pour les petits épargnants, les particuliers qui           quelques conditions sont à res-        prix moyen de l’immobilier dans
 investissent dans un studio ou deux à Dijon, par exemple, le premier            pecter pour bénéficier de l’avan-      le quartier pour ne pas surpayer
 souci est de se constituer un patrimoine en vue de la retraite. C’est un        tage fiscal : loyers plafonnés, lo-    votre investissement. Enfin,
 placement sécurisé, de long terme, qui apportera un complément de               cation, pour une durée d’au            s’intéresser au taux de vacance
 revenus, et dont le rendement est meilleur que les placements bancai-           moins cinq ans, à un organisme         des logements : dans certaines
 res. Ces investisseurs peuvent aussi avoir une volonté de transmission          de logement social qui se charge-      villes, les locataires sont diffici-
 de ce patrimoine à leurs enfants. Le placement immobilier, c’est d’abord        ra de le sous-louer à des person-      les à trouver. Si vous le pouvez,
 ça. »                                                                           nes aux ressources limitées, etc.      aller voir sur place, comme vous
 La défiscalisation peut donc être un miroir aux alouettes ?                     L’éloignement de l’investisse-         le feriez avant d’acheter un
 « La défiscalisation est intéressante si le bien est bon. Il ne faut pas        ment et un marché local bien           appartement dijonnais.
 négliger cette bonification, mais il faut remettre l’église au centre du        particulier doivent toutefois in-
 village, revenir aux fondamentaux de l’investissement immobilier et             citer à la prudence. « J’ai déjà vu
 l’attrait de la défiscalisation ne doit pas faire perdre le bon sens. Le bon    des investisseurs Girardin reven-     pour la plupart, des milliardaires
 sens, c’est d’abord regarder l’emplacement du bien. Lorsque l’on inves-         dre des biens à perte », prévient     nantis. « Ce sont de petits pro-
 tit dans un studio, mieux vaut être dans une ville universitaire, à             Me Massip.                            priétaires, et il est bon de rappe-
 proximité des facultés, des lycées… Le deuxième critère, c’est la qualité       L’investissement immobilier est       ler, à l’heure où l’immobilier est
 du logement, notamment la qualité des diagnostics énergétiques dans             un choix important qui doit           parfois critiqué, qu’ils permet-
 l’ancien. Dès à présent, cet aspect est important, et il le sera de plus en     donc être raisonné. Car comme         tent de loger de nombreux conci-
 plus dans le futur. »                                                           le souligne le notaire dijonnais,     toyens… »
                                                                                 les investisseurs ne sont pas,                             Bruno WALTER
www.bienpublic.com                                                                                                                                      WCD - 0
Côte-d'Or : les notaires à vos côtés au quotidien
MARDI 11 DÉCEMBRE 2018 LE BIEN PUBLIC
                                                                                                                                       SUPPLÉMENT                   07
C Ô TE- D ’ OR NOTA RI AT

Concubinage : comment bien
se protéger ?
Un Français sur cinq vit en union
libre et ce chiffre ne cesse de
progresser. Le concubinage offre
une liberté totale, qui se paye
par une protection des partenai-
res quasi inexistante.

O    n prête à l’empereur Napoléon
     Bonaparte, initiateur du Code ci-
vil, ce mot d’esprit : « Les concubins
ignorent les lois, la loi ignore les con-
cubins ». Deux siècles plus tard, mal-
gré l’évolution des mœurs, la loi reste
bien peu protectrice pour les concu-
bins. « Elle ne leur accorde aucun
statut juridique », rappelle Me Didier
Levray, notaire à Dijon.

Des droits de succession
exorbitants
Aucun statut et donc aucune protec-
tion, contrairement aux couples pac-
sés ou mariés. Les conséquences peu-
vent être douloureuses. Lors d’un
décès, si l’habitation commune est en
indivision, le concubin peut être mis à
la porte par les héritiers du jour au
lendemain.
En cas de séparation, si l’un veut ra-      ■ Me Didier Levray met en garde les couples face aux conséquences juridiques de l’union libre. Photo B. W.
cheter la part de l’autre dans l’habita-
tion, les droits sont nettement plus                                                                                                    ZOOM
élevés que pour les partenaires de
Pacs et les couples mariés (5,81 %
                                            } Lorsque de jeunes couples veulent acheter,                                              Qui sont les
contre seulement 2,5 %). Quant à la         […] généralement, nous leur conseillons                                                   concubins ?
succession, « le principal “héritier”       de se pacser ou de se marier. ~
est l’État ! », prévient Me Levray. Dans                                                             Me Didier Levray, notaire        Selon l’Insee (Institut national
un couple en union libre, l’héritage                                                                                                  de la statistique et des études
que toucherait le concubin survivant                                                                                                  économiques), plus de
serait taxé à 60 %, après un abatte-        59 044 € et il restera au survivant          lité peu avantageuse, de poursuivre          550 000 couples de concubins
ment de 1 594 €. « Par exemple, si la       40 956 € », illustre le notaire dijon-       leur vie en union libre, il est possible     se forment, chaque année. C’est
valeur des biens laissés par le défunt à    nais. Bref, au niveau fiscal aussi, la loi   qu’ils deviennent héritier l’un de           donc bien plus que les mariages
son concubin est de 100 000 €, les          continue d’ignorer les concubins.            l’autre : il leur suffit de rédiger, cha-    (228 000) et les Pacs (192 000).
droits de succession s’élèveront à          Si ceux-ci décident, malgré cette fisca-     cun, un testament en ce sens. S’il y a       Le concubinage est principale-
                                                                                         des enfants – du couple ou de précé-         ment un choix pour les plus
                                                                                         dentes unions –, la part revenant au         jeunes – en dessous de 30 ans –,
  « Ne pas négliger la piste                                                             concubin ne pourra excéder la quotité
                                                                                         disponible (de 25 à 50 % en fonction
                                                                                                                                      même si 15 % des personnes de
                                                                                                                                      50 ans vivent aussi en union
  des assurances »                                                                       du nombre d’enfants). Seule « conso-         libre. Le concubinage est égale-
                                                                                         lation », les concubins peuvent pré-         ment une période transitoire :
  Comment les concubins peuvent-ils se protéger mutuellement ?                           voir de léguer au survivant l’usufruit       selon l’étude de l’Insee, après
  « En se pacsant ou en se mariant ! C’est notre premier conseil : changer               de leur logement commun – ou de              quatre ans de concubinage, un
  de régime juridique entre eux, car il y a des conséquences légales, au                 tout autre bien, d’ailleurs – pour éviter    quart des couples est séparé, un
  niveau patrimonial. Sur ce plan-là, la loi favorise les couples pacsés et              que l’autre ne se retrouve à la rue. Au      autre quart est marié ou pacsé.
  mariés. Pour ce qui est de la prévoyance, il n’y a que deux solutions pour             risque, s’il y a des enfants nés d’une       Mais la moitié vit toujours en
  les concubins : le testament et les assurances, vie ou décès. Un testament             précédente union, notamment, de              union libre.
  permet de léguer à qui l’on veut tout ou partie de ses biens. Mais la                  créer des tensions au sein de la famille
  fiscalité est rédhibitoire pour les concubins, qui sont considérés comme               et d’engager des procédures judiciai-
  étrangers l’un à l’autre. Les droits de successions sont de 60 %… On en                res longues et difficiles.                  les imposent brutalement. « Le nota-
  revient à l’intérêt du pacs ou du mariage. »                                                                                       riat a un vrai rôle social à jouer à ce
  Et quels sont les atouts des assurances ?                                              « Le notariat a un vrai rôle social         niveau-là », poursuit M e Levray.
  « Il ne faut pas négliger cette piste : avec les assurances, les règles sont les       à jouer »                                   « Lorsque nous voyons de jeunes cou-
  mêmes pour tous. Ce sont des contrats qui ne dépendent pas de la loi                   Évidemment, pour un tout jeune cou-         ples qui veulent acheter, nous leur
  successorale, et leurs conditions fiscales sont intéressantes. Pour l’assu-            ple qui débute dans la vie et qui ne        expliquons les conséquences juridi-
  rance-vie, par exemple, qui est à la fois un outil d’épargne et de                     possède ni patrimoine, ni économie,         ques des différents régimes… et
  prévoyance, le plafond est de 152 500 € en franchise d’impôts, par                     ces aspects importent peu et apparais-      généralement, nous leur conseillons
  souscripteur de moins de 70 ans et par bénéficiaire. Mais attention : c’est            sent bien virtuels. Mais si l’union libre   de se pacser ou de se marier. » Finale-
  un outil qui ne porte que sur l’argent, bien évidemment. Je conseille aussi,           s’installe dans la durée, que l’on ac-      ment, la meilleure façon de protéger
  pour la prévoyance pure, de penser à l’assurance décès. C’est un très bon              quiert un logement en commun,               son (sa) concubin(e), ce serait de lui
  outil avec un bon effet de levier, à souscrire quand on est jeune. »                   mieux vaut se poser les bonnes ques-        passer la bague au doigt !
                                                                                         tions avant que les aléas de la vie ne                              Bruno WALTER
WCD - 0                                                                                                                                                   www.bienpublic.com
Côte-d'Or : les notaires à vos côtés au quotidien
LE BIEN PUBLIC MARDI 11 DÉCEMBRE 2018
 08 SUPPLÉMENT
C Ô TE- D ’ OR NOTA RI AT

Promesse, compromis de vente :
pourquoi faire un avant-contrat ?
L’avant-contrat est une étape
essentielle lors d’une transaction
immobilière. Il en existe deux
types : la promesse et le compro-
mis de vente, aux conséquences
différentes pour les acquéreurs
et les vendeurs.

L   ors d’un achat immobilier, le
    transfert de propriété est réalisé
lors de la signature de l’acte de ven-
te chez le notaire. Mais, en pratique,
cet acte de vente reprend en grande
partie les termes de l’avant-contrat
établi auparavant. « L’avant-contrat
est mal nommé, souligne Me Nico-
lardot, notaire à Dijon. Qu’il s’agis-
se d’une promesse de vente ou d’un
compromis de vente, il s’agit bien
d’un contrat, qui engage les parties
signataires. »
Promesse ou compromis ? Ces ter-
mes sont connus du grand public
mais sans que l’on sache toujours de
quoi il retourne.
La promesse unilatérale de vente
engage principalement le vendeur –
d’où son nom de « unilatérale ».             ■ Lors de la signature de l’avant-contrat, le notaire se charge de l’ensemble des vérifications prévues,
« Le futur vendeur donne son con-            ce qui sécurise grandement la transaction. Photo d’illustration Philippe BRUCHOT
sentement à la vente, explique
Me Nicolardot, et le futur acquéreur         choix pendant le délai prévu – deux       tant de la transaction. Le vendeur          ZOOM
dispose d’une option, lui permet-            à trois mois en règle générale. S’il ne   retrouve alors sa liberté.
tant de choisir entre la conclusion,         lève pas l’option et décide de ne pas     Le compromis de vente engage les          Délai de réflexion
ou non, de la vente. » Autrement             aller au terme de la vente, alors que     deux parties, acquéreur comme
dit, l’engagement du vendeur est ir-         toutes les conditions suspensives         acheteur. Le compromis, juridique-        La loi du 8 août 2015 a porté à
révocable : il ne peut vendre son            sont réalisées, l’acheteur devra tou-     ment, vaut une vente dont « le            dix jours, contre sept aupara-
bien à quelqu’un d’autre. L’ache-            tefois régler une indemnité prévue –      transfert de propriété est presque        vant, le délai de rétractation
teur, de son côté, reste libre de son        classiquement fixée à 10 % du mon-        toujours retardé au paiement du           d’un acquéreur après la signatu-
                                                                                       prix par l’acheteur », précise le no-     re d’un avant-contrat, qu’il s’agis-
                                                                                       taire dijonnais, donc, au moment de       se d’une promesse ou d’un com-
 « En pratique, un avant-contrat                                                       la signature de l’acte de vente. Lors
                                                                                       de la signature du compromis,
                                                                                                                                 promis de vente. Aucun motif
                                                                                                                                 n’est demandé et l’ensemble des
 est indispensable »                                                                   l’acheteur qui a un apport person-        sommes déjà versées – dans le
                                                                                       nel laisse une somme en dépôt de          cadre d’un compromis – doivent
 Me Arnaud Nicolardot,                                                                 garantie – entre 5 et 10 % du mon-        être restituées. Le délai court à
 notaire à Dijon                                                                       tant de la transaction.                   compter du lendemain de la
                                                                                       Promesse ou compromis fixent en           réception par l’acquéreur d’une
 Est-il obligatoire de faire un avant-                                                 détail les modalités de la vente. La      copie de l’avant-contrat. Si le
 contrat ?                                                                             description du bien, le prix, les dia-    dixième jour est un jour férié, la
 « En droit, il n’y a, légalement, pas                                                 gnostics immobiliers obligatoires,        fin du délai est reportée au pre-
 d’obligation et pour des biens de                                                     les travaux éventuels et leur prise en    mier jour ouvrable suivant. Il
 faible valeur, un garage par exem-                                                    charge, les servitudes de passage,        suffit à l’acquéreur d’indiquer à
 ple, il arrive que l’on s’en passe. En                                                l’information sur les charges de co-      son vendeur, par lettre recom-
 théorie, pour les ventes importantes                                                  propriété etc. « Parfois, les acqué-      mandée avec accusé de récep-
 également, il est possible de signer                                                  reurs trouvent les délais de prépara-     tion, qu’il renonce à la vente. Ce
 l’acte authentique de vente sans fai-                                                 tion des avant-contrats un peu            droit, bien évidemment, ne con-
 re d’avant-contrat, puisque, d’après        ■ Photo B. W.                             longs, mais il faut du temps pour         cerne pas le vendeur.
 le Code civil, dès lors qu’il y a accord                                              réunir l’ensemble des pièces prépa-
 sur la chose et sur le prix, la vente est   té à la transaction et notre travail      ratoires, notamment dans le cas
 réputée parfaite. Mais en pratique,         est, notamment, d’attirer l’attention     d’un bien en copropriété », poursuit     frappé de servitude ou si des problè-
 un avant-contrat est indispensable.         des clients sur ces points particu-       Me Nicolardot.                           mes surviennent avec les autorisa-
 La complexité des règles applica-           liers. Par exemple, dans le cas d’une     L’avant-contrat comporte, bien évi-      tions ou les règles d’urbanisme – le
 bles aux ventes immobilières exige          copropriété, l’avant-contrat doit         demment, des clauses suspensives         bien peut, par exemple, être
 que beaucoup d’autres modalités de          bien préciser la répartition des char-    pour permettre à l’acheteur de se        préempté, c’est-à-dire acheté priori-
 la vente soient précisées par écrit. »      ges et des travaux. Et nous veillons à    dégager de la vente sans préjudice       tairement par la municipalité ou
 Quels sont les principaux points à          intégrer les conditions suspensives       financier. Par exemple, le compro-       l’intercommunalité… Les notaires
 surveiller avant de signer un               adaptées qui permettront, le cas          mis ou la promesse deviennent nuls       se chargent de l’ensemble des vérifi-
 avant-contrat ?                             échéant, à l’acheteur de ne pas être      lorsque l’acheteur n’obtient pas les     cations prévues, ce qui sécurise
 « Le notaire rédige un contrat adap-        pénalisé. »                               prêts bancaires escomptés pour fi-       grandement la transaction.
                                                                                       nancer le bien, si le bien se révèle                           Bruno WALTER
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Côte-d'Or : les notaires à vos côtés au quotidien
MARDI 11 DÉCEMBRE 2018 LE BIEN PUBLIC
                                                                                                                                                 SUPPLÉMENT                   09
C Ô TE- D ’ OR NOTA RI AT

De l’intérêt d’une donation
entre époux
Comment protéger son conjoint
sans léser ses enfants ? Quelles
sont les solutions possibles pour les
familles recomposées ? Depuis
2001, la loi a nettement amélioré
les droits du conjoint survivant,
mais n’a pas réglé tous les problè-
mes. La donation entre époux est
une solution à étudier sérieusement.

L   es veuves et les veufs – les conjoints
    survivants en termes juridiques –
étaient globalement les grands oubliés
du Code civil en matière de succession.
En 2001, l’adoption de la loi « relative
aux droits du conjoint survivant » amé-
liore grandement leurs droits, qui seront
encore renforcés en 2006, lors de la ré-
forme du droit des successions. Désor-
mais, à la mort de son compagnon, le
survivant hérite du quart en pleine pro-
priété ou de la totalité en usufruit, si tous
les enfants sont issus du couple, ou d’un
quart en pleine propriété dans une fa-          ■ « La donation va permettre au conjoint survivant d’avoir plus de liberté pour le cas où il aurait besoin, notamment, de
mille recomposée avec des enfants nés           disposer de certains des biens dépendant de la succession », indique Me Xavier Blanquinque. Photo d’illustration Julio PELAEZ
d’une précédente union.
Malgré les avancées légales, une dona-                                                                                                        « Le conjoint survivant peut avoir envie
tion entre époux garde toute sa pertinen-
ce. En effet, en matière de succession, les
                                                } Aujourd’hui, la donation va augmenter                                                       de vendre le logement qui constituait la
                                                                                                                                              résidence principale du couple avant le
mauvaises surprises existent et un              les droits du conjoint survivant. ~                                                           décès. C’est le cas, par exemple, d’une
époux peut tout à fait, parfois par pure                                 Me Xavier Blanquinque, notaire à Gevrey-Chambertin                   personne âgée qui se retrouve seule
méconnaissance du droit, priver son                                                                                                           dans une maison trop grande », expli-
conjoint de son droit d’habiter le loge-                                                                                                      que Me Blanquinque. « Ou d’un con-
ment conjugal après sa mort, s’il a fait un     ter les droits du conjoint survivant et lui    la quotité – la part disponible – de           joint qui, devenu veuf avec des enfants
testament olographe seul dans son coin,         permettre d’avoir plus de liberté pour le      l’époux survivant, qui aura le choix entre     encore jeunes, ne peut plus habiter dans
en pensant favoriser ses enfants !              cas où il aurait besoin, notamment, de         bénéficier de la totalité en usufruit ; d’un   un village trop éloigné des centres ur-
« Avant 2001, comme les droits des              disposer de certains des biens dépen-          quart en pleine propriété et trois quarts      bains. »
époux survivants étaient peu impor-             dant de la succession. Sans donation, s’il     en usufruit ; ou de la quotité disponible      La donation entre époux est un contrat
tants, il était d’usage de consentir à son      hérite d’un quart en pleine propriété, il      ordinaire, modulée en fonction du nom-         complexe, avec de multiples possibilités
conjoint une donation permettant à ce-          se retrouvera en indivision avec les en-       bre d’enfants.                                 esquissées dans cette page. Seul un no-
lui-ci de bénéficier, au minimum, de            fants ; s’il hérite de l’usufruit, en cas de   Ces trois quotités prévues par la loi sont     taire pourra entrer dans les détails et
l’usufruit », explique Me Xavier Blan-          vente, il ne pourra recueillir que la va-      généralement des options laissées au           vous conseiller utilement dans vos dé-
quinque, notaire à Gevrey-Chambertin.           leur de son usufruit. » La donation per-       survivant, qui fait son choix en fonction      marches.
« Aujourd’hui, la donation va augmen-           met d’augmenter, dans certaines limites,       de la situation dans laquelle il se trouve.                             Bruno WALTER
                                                                                                                                                 ZOOM
  « Chaque cas est différent »                                                                                                                 Et pourquoi pas
  Me Xavier Blanquinque,                                                                       Il y a une idée reçue selon la-                 un testament ?
  notaire à Gevrey-Chambertin                                                                  quelle l’époux survivant hérite
                                                                                               automatiquement d’une part de                   Pourquoi faire une donation, acte
  Dans quels cas envisager une                                                                 son conjoint, qu’en est-il ?                    nécessairement notarié donc
  donation entre époux ?                                                                       « La loi du 3 décembre 2001 a                   tarifé, quand on peut gratuitement
  « Il y a notamment grand intérêt                                                             nettement amélioré les droits du                prévoir les mêmes libéralités par
  à régulariser une donation entre                                                             conjoint survivant, c’est vrai,                 testament ? Comme souvent, en
  époux dans trois situations : lors-                                                          mais a pu répandre l’idée que                   matière juridique, la complexité
  que tous les enfants ne sont pas                                                             tous les problèmes étaient réglés.              requiert une expertise et le droit
  issus du couple ; lorsque les                                                                Ce n’est évidemment pas le cas.                 successoral est lui-même particu-
  époux n’ont pas d’enfants mais                                                               Le conjoint hérite seul dans un                 lièrement ardu. La donation entre
  ont encore leurs parents ; ou lors-                                                          cas : lorsqu’il n’y a ni descendant             époux reste financièrement acces-
  que l’un des conjoints a reçu par                                                            ni parents, mais des grands-pa-                 sible – entre 200 et 400 € pour une
  donation ou héritage des biens de             ■ Photo B. W.                                  rents, des frères, des sœurs, des               donation réciproque – et, avec
  famille dont il est resté propriétai-                                                        neveux, nièces, etc. Dans tous les              votre notaire, le moindre détail est
  re et qui dépendront donc de sa               rent, chaque famille est unique et             autres cas de figure, selon que les             passé au crible. Surtout, l’acte
  succession. La donation permet                il est important d’en parler avec              enfants sont issus du couple ou                 notarié a une force probante plus
  d’assurer au minimum au con-                  son notaire pour envisager la so-              non, les quotités, les règles sont              importante qu’un testament olo-
  joint survivant l’usufruit des                lution la plus adaptée à la situa-             différentes et la donation permet-              graphe – rédigé et conservé par vos
  biens dépendant de la succes-                 tion et à ce que souhaitent les                tra d’augmenter les droits du con-              soins – en cas de contestation et il
  sion. Mais chaque cas est diffé-              époux. »                                       joint survivant. »                              ne peut être ni détruit ni détourné.

WCD - 0                                                                                                                                                            www.bienpublic.com
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