DESBANCELS LEVENT Octobre-décembre 2013 - Cévennes au Mont Lozère
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Octobre-décembre 2013 LE VENT DES BANCELS VIVRE DES CÉVENNES FRAISSINET DE LOZÈRE LE PONT DE MONTVERT SAINT ANDÉOL DE CLERGUEMORT AU MONT-LOZÈRE SAINT FRÉZAL DE VENTALON SAINT MAURICE DE VENTALON 2105-3626 ISSN
Sommaire Sommaire Crédit photos Couverture: p.3- Edito Vent des Bancels n°19-99 Le Vent des Bancels en fête ! p. 2,23 : p.5- Courriers des lecteurs Simone Cros-Allier Le Vent des Bancels vu par les lecteurs Directeur de publication : p.21: p.8- Dans l’œil du cyclone Étienne Passebois illustration D’où vient le «Vent» ? Camille Debiere et Comité de rédaction : Marie Debiere p.15- Bise-Art, Blizart Christophe Blangero, Pierrette Coudert, Le grand témoin des Céven’ties Simone Cros-Allier, Ghislaine Guignier, p.47 : Jacques et Julie Hugon, Maurice Habitat et développement Jeannet, Annah Lantieri, Magali p.21- L’air de rien Martinez, Daniel Mathieu, Marie- p.18, 45-46 : Avoir ascèse disent ces temps Claude et Christian Mestre, Roland Julie Hugon Mousquès, Josette Roux, Éric Tamisier, p.22- Aura Rossa Philou Thomas, Jeanne et Alain Pantel, p. 20 : Étienne Passebois, Michel Riou, Odile Roland Mousquès Quicòm serà Rival, Jean-Marie Thoyer, Jean-Michel Vandersteen, Alain Ventura p. 2,21-22 : p.24- Ah Lisez Véronique Nunge Témoignage : Mise en page : Magali Martinez Les prisons françaises aujourd’hui p. 15-20 : Etienne Passebois Imprimerie : p.26- Tourbillon IMPRIMERIE DES 4 p. 4, 6-7 : Des séjours sont proposés 48 100 Marvejols Emilie Reydon par le centre de loisirs «Méli Mélo» pour 2014 Abonnement : Cette revue est distribuée gratuite- p.27- Tempête de délibérations ment aux administrés de Saint Andéol de Clerguemort et de St Frézal de p.44- En coup de vent Ventalon ainsi qu’aux résidents perma- nents de Saint Maurice de Ventalon, Pourquoi ne pas Habiter Mieux ? du Pont de Montvert et de Fraissinet de Lozère à leur domicile sur les trois communes. Pour un envoi à une autre adresse, prière de s’abonner. Prix de vente au numéro : 6 euros/no Abonnement à l’année (4 numéros) : 20 euros/an Abonnement de soutien : 25 euros/an et plus… Chèques libellés à l’ordre de : « mairie de St Frézal de Ventalon », et adressés à mairie de St Frézal de Ventalon 48 240. ISSN 21OJ-3626 Dépôt légal : à parution 2 Le vent des bancels no100
Édito Le Vent des Bancels en fête ! Amis lecteurs, La parution du numéro 100 de votre Vent des Bancels mérite bien une fête ! Aussi nous vous informons que cet événement, auquel vous serez bien entendu conviés, se déroulera au printemps prochain (probable- ment un samedi fin mai, début juin 2014). La date précise n’est pas encore fixée, mais dores et déjà retenez votre souffle : pour éteindre 100 bougies, il vous en faudra. Dans le prochain numéro (N°101 – parution en avril 2014), nous vous dévoilerons la date, le lieu et le programme des festivités. En attendant, bonne lecture à tous et merci pour votre fidélité. Le comité de rédaction Un parmi les saints (5), On est allé ensuite à Saint Maurice et, la communauté de communes Le Vent des bancels même si 2 ne le sont pas ! se créant, le Pont de Montvert et I Fraissinet de Lozère ont adhéré. « La mairie se devait de sortir l y a déjà une trentaine d’années Nous voilà maintenant forts d’une du Géripon et je pensais que même que, maire débutant, j’ai pensé à belle revue avec les moyens de son une petite commune avait le droit de un journal communal pour rendre ambition et même s’il n’y a pas de communiquer avec ses administrés. compte de nos activités et conserver le quoi fouetter un chat, nous en serions Il faut dire « je veux » et être obstiné contact avec « nos administrés », puis plutôt fiérots. « comme une tique à la queue d’une le voyant trop rébarbatif avec de seuls Nos lecteurs (tous les habitants de chèvre ». Le numéro 0 est né au tout comptes-rendus de conseils ou d’ac- la communauté et un bon nombre début des années 80. Ce fût un A4 plié tions municipales, nous avons pensé d’abonnés) ne nous présentent pas en deux. Il est bien beau d’avoir une élargir notre réflexion et parler de ce de critiques sévères et même s’ils ne idée, mais encore faut-il la concrétiser. qu’était la commune, ses habitants, nous tissent pas toujours des louanges, C’est Alain Ventura qui en aura été ses hameaux…Cela a déjà constitué semblent apprécier ce travail. l’artisan. Il a joué ici un rôle irrempla- une première revue de conception modeste et très artisanale, mais nette- çable. Notre volonté était de recueillir ment plus étoffée. Alors, célébrons comme il se doit ce une mémoire. La publication est deve- Et puis, les enfants de Saint Andéol N° 100… nue un support d’information et un venant à notre école de Pénens, pour- Et poursuivons notre route avec la élément de coordination pour la com- quoi ne pas faire participer cette com- même volonté et la même ardeur ! munauté de communes ». mune ? Elle a rapidement accepté : territoire élargi, nouveaux partici- n Etienne Passebois pants à la rédaction… un progrès non Etienne Passebois négligeable. lll Le vent des bancels no 100 3
Brise municipale J D L lll ’ai apprécié, depuis le début de éjà un bail que St Andéol par- ors de plusieurs réunions, mon- cette aventure journalistique, ticipe au Vent des Bancels, sieur Passebois propose de ce journal, né à Saint Frézal de c’était je crois bien avant créer un petit journal, lequel Ventalon, qui faisait souffler un air qu’un chat à la queue coupée ne relaterait les diverses réalisations nouveau des Cévennes jusqu’au mont vienne semer le trouble au hameau de ou travaux qui se feraient dans les Lozère. J’ai fait partie des premiers Pénens sur la commune de St Frézal, communes. Grâce à son secrétaire de abonnés, puis en temps qu’élu j’ai bien avant la floraison des jonquilles à l’ASA, monsieur Ventura, tout cela a milité pour qu’il associe les habi- St Maurice de Ventalon, le souffle du été possible et mis en place (Un peu tants de ma commune (et des autres vent des Bancels n’avait pas encore plus de travail). communes du canton). Ce trimestriel atteint le Pont et Fraissinet de Lozère. Cha(t)que maire étant sollicité y est ouvre des débats, valorise les pro- À cette époque il ne se parlait pas en- allé de son petit mot, sur la vie dans jets, les actions et les innovations des core de communauté de communes, sa propre commune, dans l’ancien associations, des collectivités et des c’était juste après les élections muni- temps ou sur le passé de certains vil- forces vives du territoire, ou plus sim- cipales de 1999. Avec nos amis de lages. plement il présente des gens d’ici. Je St Frézal nous partagions depuis les Les habitants pouvant participer garde, personnellement, un souvenir années 80 un certain nombre de com- aussi, quel plaisir de découvrir la ému de la présentation de Nathalie, bats liés à l’installation des jeunes que vie d’autrefois par des récits récoltés ma mère. Le grand atout du Vent des nous étions à l’époque, combat pour auprès d’eux. La plupart apprenaient Bancels, c’est que chacun peut s’y ex- trouver une maison et créer son acti- par ce petit journal l’avancement des primer librement à la différence d’un vité, combat pour conserver l’école, travaux, les services qui se créent journal d’une collectivité. Bravo à ses assurer les ramassages scolaire, la ainsi que les progrès (informatique, créateurs, Étienne Passebois et Alain cantine et bien d’autres choses en- communication, animation). Ventura, Bravo à Magali Martinez qui core. Aussi c’est très naturellement, coordonne aujourd’hui sa conception, que le conseil municipal nouvelle- n fabrication et diffusion. Merci au co- ment élu a pris la décision de partici- mité de rédaction qui a assuré pendant per à la réalisation du journal. Au fil Marinette Dubois 25 ans une ligne éditoriale cohérente, des articles le vent des Bancels contri- sans jamais trop censurer. Grâce au bue à rendre compte des événements site internet de notre communauté d’hier et d’aujourd’hui, il permet une de communes, il est accessible par meilleur connaissance du territoire et tous en version numérique (du 1er au de ses habitants. Outil participant au centième). Demain (rêverie d’un ex- lien social sur nos communes depuis PSU), peut-être, cette revue deviendra maintenant cent numéros, je ne peux elle un « chat » interactif au service de que dire chapeau à tout les bénévoles la démocratie participative. qui le font vivre. n n Jean-Pierre Allier Daniel Mathieu 4 Le vent des bancels no 100
Courrier des lecteurs Le Vent des Bancels vu par les lecteurs Éloge de la démocratie ordinaire Il disait en substance « Faire un journal est une chose assez simple : vous prenez du papier et vous mettez des mots dessus (pour faire un canon, c’est encore plus simple : vous prenez un trou et vous coulez du bronze autour) ». Oui mais. Dans la myriade des journaux municipaux, Le Vent de Bancels est un titre absolument à part. On y voit d’habitude les réalisations communales, pointées par des maires soucieux de leur image, la confiant à des professionnels de la communication et préoccupés de retrouver leur siège. Il s’agit, avec Le Vent des Bancels, d’une œuvre collective, conçue dans le plaisir partagé de soi- rées amicales autour de la parole. Des idées élaborées en commun naissent des projets d’articles et des images, pris en charge par des habitants des communes embarquées dans l’aventure. Volon- taires et bénévoles. On y trouve de la mémoire, de l’information, de l’échange. Bref, de la vie. Quand se font si lourdes les pesanteurs de la finance, les profits à courte vue et l’inattention aux plus modestes, Le Vent des Bancels porte à la cantonade un peu de cette nécessité de démocratie, devenue si précieuse. Le fardeau est léger, la responsabilité est grande. Bernard Bolze Je ne peux résister au plaisir de Quand Maurice Jeannet m’a appelé anciens, enfin ceux qui restent, et qui vous dire: “VIVE LE VENT DES pour me demander de participer au nous racontent comment ils vivaient BANCELS !”. Longue vie à cette 100 eme numéro du vent des Bancels, dans tel hameau ou tel autre. Je dois délicieuse revue que je reçois tou- je me suis sentie à la fois honorée et même vous avouer qu’il y a eu des fois jours avec grand plaisir et qui dore paniquée. Qu’avais-je de particulier avec Maman et mes filles, nous avons les vieux jours du vieux cévenol que à dire ? Et puis après une nuit de som- pris la voiture l’hiver et nous nous je suis. Pour toute l’équipe de rédac- meil, l’inspiration m’est venue. sommes aventurées sur telle ou telle tion qui, par son sérieux, son choix Moi qui n’ai pas cette chance de vivre route, pour aller voir ce hameau dont dans la qualité, la variété, en fait à temps plein à la Cure contrairement le vent de Bancels parlait. Nous avons une revue extrêmement brillante: un à Maman, je me jette sur le Vent de fait de belles découvertes à quelques grand MERCI ! Bancels, à peine arrivée le vendredi kilomètres de la Cure. Notre petit Alfred Velay soir. Ils sont là, posés sur le dessus pays recèle de lieux, véritables petits de la télé (oui 2 exemplaires, Maman trésors, sortis de leurs écrins le temps prend aussi celui de Dédée et Jean- d’une lecture. not sa nièce et son neveu, résidents Ensuite, je lis enfin le mot des maires, Bravo pour votre bulletin. Il y saisonniers de Saint Frézal). Je ne et je dois dire que j’ai souvent esquis- souffle le vent des bancels et celui des vois pas le moment d’être enfin po- sé un sourire à ceux de Passebois, mé- projets à réaliser en Cévennes pour sée, tranquille, à lire les comptes lange de « pagnolade » et de bon sens. y vivre. rendus des Conseils Municipaux (en Comme il faut en garder pour de- Roger Lagrave me disant qu’un jour à la retraite, je main, je réserve au samedi la lecture reprendrai le flambeau familial, mon des articles consacrés à la culture. Grand père Fernand ayant été maire C’est d’ailleurs incroyable tout ce C’est un vrai plaisir d’avoir des à la libération). J’en apprécie la lec- qui se passe dans ce petit bout de nouvelles d’un pays qu’on aime ! ture en me disant que nous avons bien terre : peintre, bâtisseur de murs en de la chance de pouvoir vivre même pierres sèches, sculpteur, musiciens… Bernadette Bidaude par procuration, un peu de notre belle Preuve que nos Cévennes favorisent démocratie. En ville nous n’avons l’épanouissement. jamais l’occasion de lire un compte Quand le dimanche avant de repartir rendu de conseil. pour reprendre le boulot, j’ai enfin Je ne lis pas le vent de Bancels, de fini ma lecture, commence alors avec façon linéaire, mais par centre d’inté- Maman « dis alors t’as vu dans le vent rêt. Et ce qui me passionne, c’est les des Bancels…». Et là on disserte sur ce qui est écrit, on refait le monde. lll Le vent des bancels no 100 5
Courrier des lecteurs lll En réfléchissant, je me dis comment Nous sommes arrivés dans le pays Nous avons acquis en 1975 le mas un si petit pays, peut-il après tant il y a plus de 40 ans, mais les cyclones que nous a vendu Irénée Bastide (née d’années, avoir autant de choses à trimestriels du journal continuent à Roux) au Salson à Saint Frézal de raconter ? Comment tenir en haleine nous faire faire des découvertes. Les Ventalon. ses lecteurs, les fidéliser au point de tempêtes de délibérations abordent de Elle y était née il y a 100 ans (en créer le manque… Et oui il faut at- multiples aspects de la complexité de 1913), ce mas étant celui de sa famille tendre le prochain numéro. la gestion municipale ou communau- depuis de nombreuses générations. taire, parfois encore mise plus en relief Orpheline de père très tôt, son père par le mot du Maire. Bref, pour une Françoise Soustelle ayant été tué au début de la Grande fois nous recherchons les accidents Guerre, elle vécut son enfance au Sal- climatiques ! Nous pourrions conti- son avec sa mère et ses grand parents nuer et décrire toutes les rubriques ; ce où elle resta jusqu’après la fin de la La richesse de l’histoire serait lassant et flagorneur. Seconde Guerre. de nos montagnes Nous allons simplement ajou- Nous avons eu quelques occasions ter une petite pierre (de schiste bien de parler des années d’occupation Cent numéros du Vent des Ban- entendu) à cet édifice de mémoire en avec Irénée Bastide, et également cels ! Les lecteurs assidus que nous évoquant la richesse de l’histoire de avec Yvonne Guin du Tronc. sommes revoient cette lente évolution nos communes. depuis le simple écho communal (et si C’est ainsi que nous avons appris C’est un nombre bien rond, ce important pour donner un peu plus de l’histoire de l’arrivée au Salson d’une nombre 100 qui maintenant fait évi- sens à notre collectivité), pour aboutir famille réfugiée en Cévennes, les demment penser au centième anniver- à ce journal intercommunal que les Juliard famille juive belge. saire de la Première Guerre mondiale, rédacteurs patients de nos six com- la « Grande Guerre ». Certes, mais ce Partis de Bruxelles, c’est vers les munes élaborent au fil des trimestres. n’est pas cette Grande Guerre, qui a Cévennes qu’ils se sont dirigés. Tout C’est une véritable mémoire collec- saigné les serres et les vallées ici, que simplement en raison de l’histoire et tive, et un outil de notre démocratie nous allons évoquer. des traditions cévenoles de résistance citoyenne. et d’hospitalité qu’ils connaissaient. Sans remonter cent ans en arrière, Vialas les a accueillis, puis ils se l’histoire vécue il y a 60 ans et qui sont installés au mas de la Font pour témoigne d’une humanité profonde presque trois années. et constante, mérite d’être racontée et rappelée. 6 Le vent des bancels no 100
Mais la violence et la traque C’est aussi un rappel de la constance Nous avons tenu à évoquer aussi les n’ont pas épargné les Cévennes. du pays cévenol dans sa tradition traditions d’humanité et d’accueil Les Juliard ont dû quitter Soleyrols et d’humanité et d’assistance. rencontrés jusque dans les plus petits ont été répartis sur des lieux de plus hameaux et dont le titre d’un livre Si Yvonne et Léon Guin ont été grande sécurité, car plus isolés, cet connu3. se fait l’écho. reconnus et distingués pour leurs très isolement garantissant une meilleure nombreuses actions, d’autres, plus Merci à toutes celles et à tous ceux protection. C’est au Tronc (Saint anonymes, ont aussi apporté aide, qui font vivre le Vent des Bancels. Maurice de Ventalon) auprès de la soutien et chaleur à celles et ceux qui C’est toujours un heureux moment famille Guin (Yvonne et Léon) que en avaient un si grand besoin. que de découvrir le dernier numé- les hommes de la famille ont trouvé ro. Avec d’autres très belles revues refuge, tandis que trois enfants et leur Plusieurs membres de la famille comme La Garance Voyageuse réa- mère étaient accueillis par la famille Juliard sont souvent revenus en Cé- lisée à Saint-Germain de Calberte et Bastide-Roux au Salson. vennes, et conservent toute leur fidéli- qui a fêté fin 2012 son numéro 100 té et tout leur attachement à nos mon- C’est à tout un pays que cette (quelle coïncidence), le Vent des Ban- tagnes. Nous avons encore beaucoup famille doit sa survie ; d’autres égale- cels nous tient compagnie tout au long d’émotion lorsque nous voyons cette ment. de l’année, que nous soyons loin ou « chambre sur la voûte » où Irénée non du pays. Une des enfants cachés dans avait hébergé France Pruitt. Irénée Catherine Pardoux notre mas du Salson, France Pruitt, Bastide nous a quittés il y a environ et Bernard Goldfarb a raconté son histoire et leur vie en 30 ans ; son souvenir est bien présent. Cévennes dans un livre publié en Les années s’écoulent, comme anglais1. Nombre de détails jalonnent 1 Faith, Courage and Survival in a les numéros – bien vivants et si son récit, de la vie quotidienne, aux Time of Trouble, France J. Pruitt. riches – du Vent des Bancels. surnoms des femmes qui les ont re- 2 Le lien des chercheurs cévenols Un Saint-Frézalien d’adoption, P-A çues, en passant par le trajet quotidien n°170 (juillet-septembre 2012) Clément, a décrit et rappelé2 le ma- pour l’école de Vimbouches via le 3 Cévennes, terre de refuge : quis naissant et combattant. Le site moulin et le torrent ; c’est un témoi- 1940-1944, Ph.Joutard, J.Poujol et de Champdomergue – Camisards gnage important de cette période, P.Cabanel, Presses du Languedoc. et Maquisards – maintient concrè- et une trace écrite de l’engagement tement la mémoire de résistance. de nombreux hommes et femmes. Le vent des bancels no 100 7
Dans l’œil du cyclone D’où vient le Vent ? Voilà une question qu’on se pose parfois pour prévoir le temps qu’il va faire… Mouchoir en main, bras levé, on scrute la direction que nous indique l’étoffe : si c’est le Nord, c’est beau (et parfois frais), si c’est le Sud, c’est pluie ou couvert. Mais pour nous aujourd’hui, le but de cette question est tout autre… O ui, d’où vient le Vent ? Le N° 00 paraît donc au printemps. C’était alors une simple feuille ma- Nous allons tenter d’y nuscrite, format A4, pliée en deux et répondre et c’est une aventure imprimée recto verso sur la machine presque incroyable. à alcool de l’école. Le contenu était En effet, qui aurait pensé qu’en des plus simple puisqu’il s’agissait du créant un petit bulletin d information compte-rendu du Conseil municipal en 1983, le Conseil Municipal de du 13 mars 1983, où furent désignés Saint Frézal de Ventalon allait ouvrir Maire et Adjoints. la voie au Vent des Bancels, dont, Vinrent ensuite 3 publications de 4 exactement 30 ans après, vous décou- à 6 pages (N° 1 à 3 : été, automne, hi- vrez aujourd’hui le N° 100 ! ver 1983) : « Informer la population, être informé de ses souhaits et sugges- Alors voici l’histoire de votre tions, tel est l’objectif que le Conseil « Vent ». Municipal s’efforce de poursuivre sans cesse. Il apparaît désormais Tout commence donc quand qu’un petit bulletin, à la mesure de nos l’équipe municipale de Saint Fré- moyens financiers, peut nous aider les zal, fraîchement élue en mars 1983, uns et les autres dans ce sens », pou- décide, pour informer la population vait-on lire en introduction du N° 1. des décisions du Conseil, de mettre en Ainsi le « bulletin » s’étoffait un peu : place un petit « bulletin municipal » tiré à environ 100 exemplaires. - le texte était désormais sur 2 co- lonnes, tapé à la machine, et confié à une imprimerie. 8 Le vent des bancels no 100
- le contenu prenait aussi de l’im- qui font que le territoire vive, se dé- Les numéros suivants furent portance, avec un édito de Joseph veloppe et se repeuple, tels sont les conçus sur le même modèle (parution IAQUINTA (alors conseiller munici- objectifs fixés. semestrielle), avec les mêmes moyens pal en charge de la commission infor- (textes en colonnes tapés à la ma- mation), un mot du Maire (Étienne Par ailleurs pour donner plus chine, découpés et collés à la main). PASSEBOIS), appel à la participation d’attrait à cette revue, une nouvelle « maquette » voit le jour : texte sur À partir du N° 9 (premier se- des administrés et enfin, courrier des 2 colonnes tapées à la machine à mestre 1987) le « Bulletin Munici- lecteurs. écrire, découpées et collées à la main pal » devint « La vie communale », Et puis vint le N° 4 qui parut en par votre serviteur. Les titres en gras titre plus en adéquation avec le août 1984, dont Joseph, en accord apparaissent ainsi que les « lettrines » contenu plus ouvert défini lors de la avec le Conseil Municipal du 24 juil- (première lettre beaucoup plus grosse réalisation du N° 7. On y retrouvait let (et je les en remercie à nouveau en début d’article), tout ça réalisé à les comptes-rendus de conseils dé- aujourd’hui !) me confia la réalisation partir de « lettrasets » autocollantes coupés dans « La Lozère Nouvelle ». de la couverture sous forme de 9 ta- (alphabet avec lettres de toutes tailles Une nouvelle maquette de couverture bleaux genre bande dessinée… imprimées sur adhésif et transférées voyait le jour et les dessins furent sur le texte)… plus nombreux. Il y eut notamment à Le loup était désormais entré dans la veille des élections municipales de la bergerie ! Maintenant qu’on connaît l’ordi- 1989 (N° 11 – deuxième semestre 88) Il s’agissait alors d’un bulletin nateur et les facilités de montage qu’il les (fausses) affiches électorales de 8 pages recto-verso photocopié, offre quand on sait un peu le manier, humoristiques que j’avais dessinées mais pour ce qui est du contenu l’on on se dit qu’on était un peu timbré ! pour « remercier les conseillers sor- en revenait uniquement aux comptes- Le contenu lui aussi fut largement tants de m’avoir supporté durant ces rendus de conseils municipaux, sans modifié : couverture pleine page, six années », qui firent quelques va- édito ni mot du maire. Le texte se sommaire, édito, mot du maire, infor- gues… C’est vrai qu’avec du recul, retrouvait à nouveau sur une seule mations sur la vie communale, cour- certaines pouvaient mériter le carton colonne. rier des lecteurs, brèves de Madeleine jaune, voire rouge, mais bon, quand SOUSTELLE et même, la « feuille on a un humour à limite du bon goût, Les N° 5 (déc. 84) et 6 (oct. 85) de fou » de l’employé communal (je il faut savoir assumer ! furent calqués sur ce N° 4 avec tou- tefois quelques courriers des lecteurs vous rassure c’est la seule et unique Pour le N° 12 (premier se- et notamment pour le N° 6 un texte qui ait été publiée !) sur une page mestre 89), Paul GACHET vint agré- des enfants de l’école sur leur sortie A4 écrite à la main et accompagnée menter la publication de ses poésies… scolaire. de dessins faits maison. Par contre, le choix avait été fait de ne plus pu- Ensuite, « la vie communale » Le N° 7 (été 86) marqua une nou- blier les comptes-rendus de conseils poursuivit tant bien que mal son velle évolution de ce « bulletin ». municipaux, ceux-ci paraissant dans petit bonhomme de chemin dans les Une équipe rédactionnelle s’était la « Lozère Nouvelle ». Quelques mêmes conditions… jusqu’au numé- mise en place (Étienne PASSEBOIS, illustrations apparaissent également ro 18 inclus (premier semestre 92), Jean-Yves PIN, Henri ROUQUET, et (affiche de la fête communale, plan avec désormais des photos et toujours moi-même). Ne pas être simplement des sentiers…). les mêmes illustrations « limites » que la vitrine du Conseil Municipal, mais je ne savais éviter. lll se faire aussi l’écho des actions asso- ciatives, collectives et individuelles Le vent des bancels no 100 9
Dans l’œil du cyclone lll Et puis, et puis… Il faut dire que l’idée d’ouvrir le journal aux enfants a tout de suite … En juin 1992, quand la séduit les trois partenaires qu’étaient Fédération Nationale des Foyers la municipalité, le foyer « Regain » et Ruraux m’a proposé - j’étais alors l’école. président du tout nouveau Foyer rural de St Frézal « Regain » - de participer Nous avons donc ensemble écha- à une expérimentation sur le thème faudé le projet d’un journal commun de « la communication de proximité que nous avons proposé à la Fédéra- en milieu rural : rôle possible des tion Nationale des Foyer Ruraux. jeunes et de l’école », nous n’avons Et puis, le rêve s’est accompli : en « La vie Communale » faisait peau pas hésité, avec mes amis du Foyer, Octobre, sélectionnés avec 20 autres, neuve, et pour marquer cette nouvelle à poser notre candidature, soutenus nous montions à Paris afin de mettre évolution, le comité de rédaction dont par l’école et la mairie. Il s’agissait au point la suite des opérations… le nombre s’étoffait, décida de « don- de véhiculer l’information locale par Suite positive, puisqu’en novembre ner à cette revue un titre qui soit plus le biais d’un journal ou d’une partie nous fumes dotés d’un ordinateur local et qui reflète davantage l’esprit de journal réalisé par les enfants « Apple – Mac Classic » et conviés, dans lequel elle est conçue », nous de l’école, du foyer rural et de la Nadine VILAS et moi-même, à suivre annonce l’édito du premier numéro commune. Pour se faire, les foyers une formation journalistique très com- nouvelle formule. « Les bancels, ces retenus seraient dotés d’un matériel plète. Cette réussite nous la devons au terrasses cultivées, soutenues par des informatique muni d’un logiciel de soutien indéfectible de la Fédération murettes de schiste que les anciens publication assisté par ordinateur Départementale des Foyers Ruraux et sans cesse remontaient, sont bien une (PAO) afin de mettre en page le notamment à Jean-Luc AIGOUY, son des caractéristiques principales de journal. Une formation journalistique président et à Marie et Sylvie, nos per- nos paysages ; quant au vent, il entre était également prévue.… manentes au dévouement légendaire dans le nom même de notre commune … Oui, mais, seuls dix Foyers que je remercie à nouveau aujourd’hui. et souffle souvent dans certaines de ruraux sur toute la France devaient L’ordinateur fut installé à l’école des nos vallées. De tous temps, ce fut un être retenus ! Quel poids pouvait avoir Abrits, et les enfants se mirent au colporteur de nouvelles et d’histoires St Frézal, fort de ses 100 habitants de travail, aidés par Henri et Olga, les plus fantastiques les unes que les l’époque, face aux autres communes instituteurs de l’époque et par moi- autres. » de France bien plus importantes ? même, qui intervenait alors dans le cadre d’un projet d’école. De mon Ainsi naissait « Le Vent des Ban- Et pourtant nous y croyons… ! cels » avec le N° 19 (deuxième se- côté, j’avais dû me familiariser avec C’était pour nous un tel espoir l’appareil et les nombreuses possibili- mestre 1992). de redynamiser notre « Vie Commu- tés qu’il offrait… apprentissage labo- La mise en page a déjà de nom- nale », de la rendre plus attractive, rieux s’il en est ! breuses ressemblances avec celle plus vivante, plus en phase avec que vous connaissez. Les noms des l’actualité et le monde moderne, tout membres du comité de rédaction Et voilà, c’était parti… en disposant de moyens modernes de apparaissent et un directeur de publi- composition et de mise en page que, cation est désigné : il s’agit tout na- financièrement, nous n’avions pas les turellement d’Étienne PASSEBOIS. moyens de nous offrir… 10 Le vent des bancels no 100
Un système d’abonnement de sou- Nouvelle évolution en 1994 : bouclé… Du coup, la ponctualité de tien est également mis en place pour le comité de rédaction, qui se réunis- parution devenait plus aléatoire. financer l’impression (photocopie sait pour la préparation de chaque pa- C’est alors que le « Vent » se sur papier format A3 plié en deux et rution, décida de créer à partir du nu- renforça grâce à nouveau souffle… agrafé sur tranche) qui est confiée à un méro 23 (premier trimestre 1994) une venu de la commune voisine ! Saint professionnel. nouvelle rubrique : « Dans l’œil du Andéol entrait dans le comité de cyclone » dont le but était de faire un Les titres de rubriques liés au vent rédaction et s’associait désormais « zoom » sur un hameau afin d’en rap- (brise municipale, souffle de jeu- au Vent des Bancels. Avec cette peler l’histoire, les anciennes condi- nesse, tempête de délibérations…) adhésion de nouvelles idées d’articles tions de vie, mais aussi d’en parler apparaissent. Les photos sont plus vinrent enrichir le contenu du au présent, en faisant s’exprimer ses nombreuses et bien sûr les dessins des journal, notamment avec la création habitants tant anciens que nouveaux. enfants de l’école accompagnent leurs de la rubrique « Bise Art, Blizzart » textes. Ensuite, pour que l’histoire soit destinée à faire connaître les créations complète, il faut relater l’épisode d’un artiste local ou l’action d’un Le foyer rural y produit aussi des de la participation de notre journal passionné en publiant son interview. articles sur ses activités (les samedis au « Festival des Médias Locaux » C’est ce que découvrirent les lecteurs de Julie) et la commune détaille les qui se déroulait à Marne-la-Vallée, avec le numéro 31 (Juin 1996). projets en cours. près de Paris- avec un jury composé Ensuite, à compter du numéro 34 Enfin une nouvelle rubrique pro- de professionnels du journalisme (Mai 1997), la participation des posée par Nadine voit le jour : « sème - dans la catégorie « Journaux de enfants au journal devint plus épiso- le vent » avec un petit sachet de Quartier » où nous fûmes parmi les dique… graines offert au lecteur avec conseils quatre nommés (sur 80 candidatures d’utilisation des futures productions. présentées). Certes, nous ne fûmes pas « lauréats » du premier prix qui revint Les comptes-rendus de conseils Avec le numéro 44 (novembre logiquement à un journal de quartier municipaux sont aussi présents avec 1999) une nouvelle bouffée d’oxy- concernant 14.000 habitants (!), également les brèves « en coup de gène fut apportée par nos amis de mais Étienne se souvient encore de ce vent ». Saint Maurice qui vinrent nous re- moment émouvant où le président dit joindre… Les trois « Saints » étaient Le tout aboutissant à une revue de en public que « Le Vent des Bancels, désormais réunis dans une même pu- 36 pages, s’il vous plait ! réalisé par une équipe dynamique de blication ! Le « Vent » grossissait tant Les numéros qui suivirent furent, petite commune rurale avait beaucoup en nombre de pages qu’en nombre de à partir de ce moment, conçus sur le plu au jury ». Sa rencontre avec Charles tirages : nous en étions alors à 300 même modèle. Le journal, de semes- PASQUA, présent à cette cérémonie, exemplaires, ce qui n’était pas un triel devint trimestriel à compter du fut d’ailleurs immortalisée par un mince travail pour Marie-Claude et numéro 21 (troisième trimestre 1993). poster inédit inclus dans le numéro 24 Christian MESTRE – merci mes amis Les directeurs d’école changèrent (deuxième trimestre 1994). pour votre implication sans faille ! - et Henri ROUQUET laissa la place Et puis, au fil des numéros, l’en- qui depuis déjà pas mal de temps réa- à Jacques HUGON, qui maintint et thousiasme tomba un peu… Les ré- lisaient le tirage sur la photocopieuse même accentua la relation entre les dacteurs, à court de sujets, se firent de la mairie, le montage, l’agra- enfants de l’école et le « Vent » avec plus rares d’autant que le tour des fage… et les envois aux abonnés. lll notamment des narrations de sorties et hameaux de St Frézal était (presque) de voyages scolaires. Le vent des bancels no 100 11
Dans l’œil du cyclone lll En tout plus de 2 jours plus Merci, Magali, d’avoir pris le relais, que complets de travail bé- merci pour ce « coup de jeune » que névole à deux ! Il fallait vrai- tu as apporté. Merci également aux ment qu’on y croit tous ! membres du Conseil Communautaire Ce fut aussi le temps des comités de et à son Président, Daniel MATHIEU, rédactions conviviaux que l’on faisait d’avoir accepté de financer (en partie, le soir chez les uns et les autres avec car je sais qu’il y a beaucoup de un bon repas à la clef mitonné par bénévolat de la part de Magali !) ce l’hôte du jour… travail. Le numéro 50 (mai 2001), fut Alors, oui, qui aurait pu penser fêté comme il se doit par une jour- que la petite feuille de 1983 serait née de rencontre à la salle commu- portée si loin par le Vent… et tirée nale de Saint Frézal, qui permit aujourd’hui à 600 exemplaires ? à nos fidèles lecteurs de partager le « verre de l’amitié » de ren- Voilà donc, d’où vient le Vent… contrer et de découvrir quelques Où va-t-il ? Ça, c’est Magali qui va journaux voisins. Ce fut moment nous le dire ! d’échange riche et marqué par une extrême convivialité. Une formation destinée à tous En conclusion, je voudrais dire à les rédacteurs « en poste » ou quel point j’ai apprécié tout au long potentiels fut même organisée de ce parcours, cette extraordinaire par Bernard BOLZE, journaliste aventure humaine, la convivialité des à Lyon et familier de Pénens-bas : comités de rédaction et la richesse « Vendre du Vent », tel en était le des échanges que nous y rencontrons, titre… †out un programme ! combien je remercie toutes celles et ceux qui y ont participé de près ou de Enfin - et je vais arrêter là mes loin d’y avoir cru sans jamais douter mémoires d’ancien combattant ! - une seconde, certains qu’ensemble, grâce à l’action de notre commu- on ne manquera jamais de souffle. nauté de communes toute jeune de 3 ans, les communes de Fraissinet Nous en aurons du reste bientôt de Lozère et du Pont de Montvert besoin pour souffler nos 100 bougies ! vinrent rejoindre notre équipe en Merci enfin à tous nos fidèles lec- 2007 (numéro 76). teurs et abonnés qui ne manquent pas Le « Vent » soufflait désormais de nous adresser régulièrement leurs sur l’ensemble de notre territoire encouragements. communautaire et s’enrichissait ainsi d’expériences nouvelles, de nouveaux rédacteurs et de nouvelles Alors, bon Vent à tous, et qu’il rubriques. Il pouvait ainsi envisager souffle longtemps, longtemps… ! l’avenir avec un souffle léger. D’autant qu’il venait par la n même occasion de rencontrer Magali MARTINEZ - à laquelle je Alain VENTURA vais maintenant passer la parole pour qu’elle nous livre ses sentiments sur ces 6 années déjà passées - qui s’est tout de suite impliquée dans la conception, la mise en page et la collecte des articles avec la gentillesse, la compétence et le sérieux que nous lui connaissons. 12 Le vent des bancels no 100
Du numéro 76 au numé- la maquette à l’imprimeur, mais ro 100 également après le BAT (bon à tirer), qui signe la dernière étape C’est en 2007 qu’Alain est venu du processus. me trouver à la cyberbase, « une ébauche du journal à la main ». Sans Le résultat final advient avec hésitation, mais consciente de la l’impression du journal qui est tâche qui m’attendait, je décidais de réceptionné puis distribué aux me lancer dans l’aventure. C’est ainsi différentes communes et aux que commençait l’élaboration du nu- abonnés. méro 76 du Vent des Bancels. Mon Vous l’aurez compris, la arrivée au Vent des Bancels s’est ef- chaîne éditoriale est donc un fectuée simultanément à l’intégration travail d’équipe qui lie en- au journal de deux nouvelles com- semble auteurs, correcteurs et munes : Le Pont de Montvert et Frais- compositeurs, distributeurs, sinet de Lozère. et, bien entendu, lecteurs ! Mon premier numéro a été conçu Mais revenons à mes dé- non sans peine. La réalisation d’un buts au Vent des Bancels. Si journal se fait en étroite collaboration je vous ai précédemment avec les auteurs des articles, auprès énuméré les principales desquels je dois récupérer textes et étapes dans l’élaboration photos afin de terminer la mise en des articles du journal, il est page et permettre une parution dans important de rappeler les les temps, ce qui nécessite une bonne moyens utilisés à l’époque coordination de tous les intervenants. pour réaliser le journal. La synergie des acteurs permet de dy- Nous allons maintenant namiser l’élaboration du journal. avoir un petit aperçu de l’aspect tech- Ce qu’il faut savoir concernant la nique. parution d’un journal, c’est qu’elle Après avoir bien entendu recensé induit de nombreuses étapes. Tout les différents articles du numéro, on d’abord, la création de l’ordre du jour réalise un « chemin de fer ». C’est et envoi aux personnes du comité de seulement après la réalisation du che- rédaction. min de fer que l’on peut effectuer le Celui-ci se réunit pour s’accorder travail de mise en page. Mais qu’est- sur l’orientation générale du numéro à ce qu’un chemin de fer ? venir, les sujets qui vont être abordés, On parle de chemin de fer lorsque critiquer de la manière la plus objec- l’on met côte à côte chaque page en tive possible la mise en forme du jour- préparation d’un document donné, nal afin d’améliorer son ergonomie, et afin de visualiser l’ensemble de celui- donc le confort du lecteur. Il faut éga- ci avant sa mise en page finale et son lement se projeter : penser au numéro impression. suivant, à la ligne éditoriale sur une certaine durée. Cela permet également de déter- miner le nombre d’illustrations afin La lecture du courrier des lecteurs d’aider à l’estimation du temps qu’il constitue également une partie impor- faudra pour en créer la totalité. tante du travail. Le logiciel utilisé à cette époque Quant aux auteurs, nous devons pour l’élaboration du vent des bancels veiller à la bonne réception de leurs était AppleWorks, une suite bureau- articles et images, ainsi qu’à un suivi tique produite par Apple pour les qui permette d’échanger avec eux ordinateurs fonctionnant sous Mac corrections et mise en page envisa- OS ou Windows. AppleWorks com- gée. La relecture des articles consti- porte notamment un traitement de tue une étape essentielle. L’équipe du texte. Ce logiciel avait ses limites. journal s’occupe de retoucher et cor- Réaliser 52 pages avec ce dernier riger les textes reçus avant d’envoyer lui demandait beaucoup d’efforts et lll Le vent des bancels no 100 13
Dans l’œil du cyclone lll Le Vent des Bancels Comment y participer ? Faut-il faire partie du comité de ré- daction pour écrire ? Non, toute personne souhaitant écrire peut soumettre sa (ses) proposition (s) ou écrit (s) au comité de rédaction. Y a-t-il des thèmes imposés ? Le Vent des Bancels couvre de nombreux thèmes : historique, actualité, activités, littéra- ture et autres... Donc tout article peut y trouver sa place... Le Vent des Bancels se veut être une source d’expression pour notre territoire, d’où l’impor- tance fondamentale de son contenu. Ce der- nier accorde de l’importance à l’histoire des hommes qui a façonné au fil des siècles notre espace, mais aussi à l’actualité et à son devenir, à la vie locale et associative. Mais nous nous intéressons aussi à des sujets plus globaux, plus généraux ; il s’agit souvent d’articles en rapport avec des thèmes à l’échelle du monde dans le quel nous vivons, comme les questions était donc une entre- portant sur les économies d’énergie (ex. : ques- prise laborieuse. Très A u - tions pratiques, astuces...), les sources d’éner- souvent, on pouvait jourd’hui mes efforts se gie (nouvelles ou pas)... voir apparaître une portent beaucoup sur l’amélioration petite fenêtre dans La vie du Vent des Bancels, c’est vous tous du rendu des photos en noir et blanc. laquelle il était inscrit : « l’appli- qui la faites. Le Vent des Bancels est une revue cation a été quittée inopinément ». Et le programme se fermait immé- fédératrice d’un territoire marqué par Vous avez des informations, l’histoire et ses activités humaines. diatement sans prévenir. des remarques, des questions, faites le savoir : Elle met en exergue au travers de la Bien entendu toute modifica- vie culturelle le dynamisme et l’évo- tion non enregistrée disparaissait. Par mail lution d’un territoire. Afin de limiter au maximum ces Ce que j’apprécie dans ce travail de cybermdepontdemontvert@gmail. désagréments, je devais enregistrer mise en page, c’est de participer à com, toutes les modifications effectuées cette remarquable envie de partage et au cours du travail. de transmission de savoir et de savoir- C’est au numéro 82 (mars-avril faire. Par courrier 2009) que nous avons changé d’im- mairie de Saint Frézal de Ventalon, On ne peut clore cet article sans primerie. Au numéro 84, nous avons remercier toutes les personnes qui 48 240 Saint Frézal de Ventalon, opté pour une qualité de papier dif- contribuent à l’existence de ce jour- férente (octobre 2009). Celui-ci est nal, support de l’histoire d’un terri- Par téléphone désormais mat et permet la mise en toire, journal qui par-delà les Bancels valeur des différentes photographies 04 34 09 06 14 met en avant ses particularismes. qui illustrent le Vent des Bancels. n Magali Martinez 14 Le vent des bancels no 100
Bise-Art, Blizart Étienne Passebois : Le grand témoin des Céven’ties Étienne Passebois a été maire de Saint Frézal-de-Ventalon de 1977 à 2008. Il aura tout connu des Cévennes : la période resplendissante d’avant guerre, l’inexorable déclin, le choc chevelu et salu- taire des années 70, les années contemporaines du repeuple- ment et de l’Internet. Et aura donné vie au Vent des Bancels pour accompagner le mouve- ment. Tour d’horizon. C omme disait Woody Allen, « je Prenons comme exemple ce que l’on La communication n’ai pas peur de la mort, mais peut appeler une belle propriété céve- quand elle frappera à la porte, nole : cinquante hectares, de l’eau. je tacherai de n’être pas là ! ». Vous Selon le souhait de mon grand-père Pour communiquer entre faites de moi une vedette à l’occasion maternel, mon père s’y était installé habitants, il y avait le signal. de ce numéro 100 alors que j’ai l’im- comme paysan, content et fier. Il avait Quand nous avions quelque pression d’avoir mené une petite vie. abandonné pour cela l’opportunité chose à dire aux Hameaux de J’ai rencontré des gens qui ont fait la si enviée à l’époque d’entrer dans la Poussiels, du Cros ou de Pe- guerre, qui ont été par monts et par gendarmerie. Consternation de ma nens, nous placions un drap vaux, qui ont eu des malheurs… il n’y mère pour qui, en 1925, c’eût été une dont la façon de l’installer a rien eu de tel pour moi. promotion suprême : « femme de gen- exprimait le sens du message. darme » ! Les gens se déplaçaient, alors, Mon premier mandat remonte à l’an- On pouvait loger des gens, des bêtes. en marchant à pied, s’ils le née 1977. Avoir vu cette commune On avait des mûriers, des terres, trois pensaient nécessaire. resplendissante dans les années 30-35 hectares de prairies, cinq de châtai- m’a donné envie d’en devenir le maire. gniers. Voilà une propriété qui per- Resplendissante comme peut l’être un mettait de vivre ! C’est une nounou qui pays : il y avait de la vie, de l’activité. s’occupait de moi ! Ça n’empêchait pas ma mère de traire les chèvres. lll Le vent des bancels no 100 15
Bise-Art, Blizart lll Trois à quatre ouvriers agricoles À la Grand-Combe quand ce fût L’agriculture et artisans travaillaient en per- Passebois, je ne savais pas de qui on manence à l’année. J’ai vu une table parlait ! du temps de mon père où l’on mangeait une soupe à laquelle s’ajoutait un morceau de lard d’un Ne sont restés que mes oncles et Nous avions des chèvres, des moutons, kilo ! quelques voisins qui avaient des pa- un cheval, trois vaches, des lapins, des rents et des grands-parents qui pou- poules et des cochons. Et puis en 1937, presque du jour au vaient constituer une main d’œuvre Nous avions des pâturages et le point lendemain, tout s’est effondré : plus dans des propriétés souvent plus mo- fort : des châtaigneraies. Il y avait, bien d’ouvrier agricole pour faucher, destes. sûr, les cultures vivrières : haricots, au- bêcher, garder le troupeau, ramasser Le travail du mineur n’est pas moins bergines, tomates, navets, pommes de les châtaignes. Mon père et ma mère pénible, mais l’attrait est pour les terre et les choux (que l’on plantait avec se sont retrouvés seuls. La mine et femmes… Elles n’ont plus à traire un peu de chaux au pied). Pour nourrir ses promesses ont tout emporté ! les chèvres, à faire les fromages et à les bêtes, nous avions les châtaignes, les Les congés payés ! La semaine de s’échiner à ramasser l’herbe pour les pommes de terre et les topinambours. 40 heures ! Les gens ont préféré tra- lapins. Pour les hommes, c’est un mé- Ces derniers n’ont pas besoin d’être vailler dans un trou plutôt que de tier au rythme assuré et fixe. Certes, replantés, le champ est à vie, le notre s’échiner à venir à 5 heures du matin, on fait les trois-huit, car la mine et le existe encore à ce jour. faucher, rapporter le foin à la ferme. « carreau » (les installations de sur- Il y avait un rucher tronc et des fruits Alors mon père, pratiquement ruiné face) travaillent en permanence, mais presque toute l’année : fraises, cerises, et incapable de faire vivre ainsi la on peut choisir son poste. Ils sont pommes, poires, abricots, raisins et propriété a dit : « nous mettons la assurés chaque semaine d’avoir une vigne qui nous permettait de faire 40 à clé sous la porte », et ce malgré les paie. S’ils estiment que le travail de 60 hectolitres de vin. injonctions de son frère ou de l’une mineur est plus prestigieux que celui Nous plantions de la touselle et du de ses voisines qui lui avait envoyé ce de paysan, le vrai motif pour quitter seigle pour faire du pain. (la touselle est poème : « Aux voix qui vous diront la la condition d’ouvrier agricole est une espèce ancienne de froment dont ville et ses merveilles, n’ouvrez pas d’abord économique. Les ouvriers nous gardions la farine pour le pain du votre cœur, ô paysans mes amis… ». agricoles sont payés à la tâche, avec dimanche). Et nous sommes partis à la Grand- des tarifs variables - et pas très éle- Nous avions là une belle propriété qui Combe en 1937. J’ai ressenti cela vés – selon les activités et la saison, nous permettait presque de vivre en comme une chose catastrophique ! pour les châtaigneurs, les faucheurs… autarcie. J’avais neuf ans. La chose qui m’a Certains viennent à pied et de loin, le plus frappé, en arrivant à l’école, des Ponchets près de Sainte Cécile c’est l’immensité de la cour ! À celle d’Andorge, de Sambuget, du Lauzas, du Cros, on m’appelait Étienne. 1- Léonie VIDAL épouse SERVIERE : soeur de ma mère, mère de Gisèle 1- PLAN : Les Pauses (entre Chaldecoste et Léziniers). CHAPELLE- Poussiels. 2- Albéri ARNAL de Vitaverne, devenu maire et fusillé à Masméjean par les 2- Georgina FELGEROLLE : épouse VIDAL, ma grand-mère maternelle. FTP en septembre 1944. 3- Rosine FELGEROLLE : mère de Gorgina, ma grand-mère maternelle, 3- Emilien SALLE : cordonnier à Lézinier, frère de ma grand-mère paternelle. décédée en 1925, à 94 ans. 4- Henri VIDAL de Poussiels, le maire de l’époque, mon grand-père maternel. 4- Germaine VIDAL : épouse PASSEBOIS, ma mère à 22 ans. 5- Alfred HOURS, le lauzas. 5- Germain Henri PASSEBOIS, mon père à 23 ans 6- Henri VIDAL. 2 1 4 5 1 4 6 3 2 3 5 Photo de 1924 : Poussiels Photo vers 1920 : conseil municipal de Saint Andéol 16 Le vent des bancels no 100
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