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9,50 v no 240 Mai-Juin 2018 entreprise La revue technique des forestiers Dossier : entreprise le nouveau site Forêt-Gibier Revenu net Sapin pectiné Institut pour le Cartographie moyen forestier Développement Forestier
À vos AGENDAs Mai juin 18 au 20 mai, Du 21 au 23 juin, Journée des plantes de Chantilly (60) Euroforest, Saint Bonnet de Joux (71) Les Journées des plantes auront lieu au Domaine de Chantilly du 18 au 20 mai. De nombreux pépiniéristes (France et pays limitrophes) exposeront leurs plantes aux coloris splendides, aux feuillages affichant des teintes extraordinaires pour célébrer un printemps exubérant au cours des prochaines Journées des Plantes de Chantilly ! Informations : www.domainedechantilly. La 7e édition d’Euroforest, le salon de la filière forêt- com/fr/journees-plantes/ bois, se déroulera à Saint Bonnet-de-Joux en Bourgogne-Franche-Comté. Ce 1er salon forestier européen reflète le dynamisme de la filière avec les innovations et avancées technologiques en cours. 30-31 mai et 1er juin, Les 40 000 visiteurs attendus découvriront grâce à un Carrefour du bois, Nantes (44) nouveau circuit plus compact, les 400 exposants et les La 15e édition de ce salon d’affaires démonstrations grandeur nature. Informations p. 64 ou est organisée par les professionnels sur le site : www.euroforest.fr (Atlanbois et le Grand Port maritime de Nantes St Nazaire) 19-21 juin, pour les professionnels. Plus de Nantes, Salon du végétal (44) 550 exposants présentent tous les produits et nouveautés de sciages, panneaux, parquets, solutions constructives bois aux 10 000 visiteurs venus de 80 pays... De nombreuses conférences donneront Le salon du végétal est le rendez-vous annuel des les tendances et les données professionnels de l’univers du végétal. Il rassemble chiffrées sur les évolutions dans la construction, à destination des pendant 3 jours près de 500 exposants et 13 000 prescripteurs, maîtres d’ouvrages, entreprises de construction, visiteurs professionnels. Le salon expose à Nantes du architectes. Ce rendez-vous d’affaires, d’échanges et de commerce 19 au 21 juin, au parc des expositions de la Beaujoire. est le baromètre de la filière, pour mettre en lumière ses atouts et Quatre pôles pour couvrir tous les besoins : production, lever les freins liés au matériau, notamment dans la construction. paysage-espaces verts, distribution-commerce (Jardin & L’évènement incontournable pour les décideurs de la filière bois : Déco), fleuristerie. www.timbershow.com Informations : www.salonduvegetal.com septembre 27 et 28 septembre, Journées nationales InterCetef 2018 en Nouvelle-Aquitaine Les nouvelles technologies au service de la gestion forestière Les prochaines rencontres du réseau national de développement de la forêt privée auront lieu les 27 et 28 septembre C 2018 en Nouvelle-Aquitaine. M Les nouvelles technologies apportent de nombreuses innovations pour améliorer la gestion forestière : J CM - nouveaux moyens d’inventaire forestier : lidar terrestre, lidar aérien, drone, télédétection… MJ - logiciels de gestion forestière avec la cartographie, le suivi des coupes et travaux, comptabilité, fiscalité… CJ GROUPE DE PROGRÈS DE LA FORÊT PRIVÉE CMJ - applications sur tablette pour les diagnostics de terrain : reconnaissance floristique, santé des arbres, N données dendrométriques… - l’internet forestier : s’informer et se former en ligne… - outils d’assistance et de simulation : martéloscopes virtuels, jeux de gestion forestière… Programme définitif et inscriptions prévus en juillet 2018. Retrouvez les InterCetef précédents sur la page du groupe de progrès de la forêt privée : www.foretpriveefrancaise.com/n/le-groupe-de-progres-de-la-foret-privee/n:537/ 19 au 21 septembre, Assises nationales du douglas L’association France Douglas organise la 3e édition des Assises nationales du douglas, après celles de 2004 et 2012. L’avenir du douglas sera abordé avec les dernières évolutions de la filière, dont l’amélioration génétique, les itinéraires de sylviculture, les produits de construction. Créée en 1993, France Douglas rassemble des professionnels autour de résineux, sur des thématiques telles que la normalisation, la recherche ou encore des actions collectives relatives à cette essence. Informations par courriel : contact@france-douglas.com ou sur le site internet : www.france-douglas.com
entreprise N° 240 Institut pour le développement forestier/ Centre national de la propriété forestière 47 rue de Chaillot, 75116 Paris Tél. : 01 47 20 68 15 idf-librairie@cnpf.fr Directeur de la publication Antoine d’Amécourt Directrice de la rédaction Claire Hubert Rédactrice Nathalie Maréchal Conception graphique Mise en page Sophie Saint-Jore Responsable Édition-Diffusion Samuel Six Diffusion - abonnements François Kuczynski La Forêt Bouge… Publicité Bois International quel nom surprenant ! 14, rue Jacques Prévert Cité de l’avenir - 69700 Givors Tél. : 04 78 87 29 41 C’est le nom de marque choisi pour la « plate-forme numérique de services », que le CNPF propose aux propriétaires forestiers, en lien Impression Imprimatur avec le ministère de l’Agriculture et de très nombreux partenaires 43 rue Ettore Bugatti que je remercie ici. 87280 Limoges Tél. : 05 55 04 14 04 Ce nouveau portail Internet complète l’offre du CNPF de ser- vices numériques, comme le site www.cnpf.fr, le portail partagé Tous droits de reproduction ou de traduction www.foretpriveefrancaise.com, la formation en ligne avec réservés pour tous pays, sauf autorisation de l’éditeur. www.jemeformepourmesbois.fr. Nous espérons que les multiples fonctionnalités du portail vous seront utiles. Il évoluera rapidement Périodicité : 6 numéros par an pour rendre à l’ensemble des professionnels de la forêt un service Abonnement 2018 optimum. D’ici la fin de l’année, vous devriez pouvoir ainsi télé décla- France : 50 € - étranger : 63 € rer votre Plan simple de gestion en ligne. édité par le CNPF-IDF Commission paritaire des publications et agences de presse : n° 1019 B 08072 Certes en forêt, tout ne peut être « dématérialisé », par essence, ISSN : 0752-5974 si l’on peut dire, la forêt est bien réelle, cependant, laissons-nous Siret : 180 092 355 004 52 surprendre… L’information sur les forêts, les actions à entreprendre, les échanges entre les acteurs économiques peuvent gagner à être Les études présentées dans Forêt-entreprise dématérialisés pour progresser en précision, en vitesse, en qualité, ne donnent que des indications générales. Nous attirons l’attention du lecteur sur la en classement… et donc en fiabilité. nécessité d’un avis ou d’une étude émanant d’une personne ou d’un organisme compétent Les lecteurs de Forêt-entreprise, bien qu’attachés à notre revue avant toute application à son cas particulier. papier, font partie des propriétaires les plus innovants ; aussi nous En aucun cas le CNPF-IDF ne pourrait être comptons sur chacun d’entre vous pour tester ces services et nous tenu responsable des conséquences – quelles qu’elles soient – résultant de l’utilisation des transmettre votre avis. Nous y serons extrêmement attentifs. Cela méthodes ou matériels préconisés. peut être aussi l’occasion d’échanges pour impliquer vos enfants Cette publication peut être utilisée dans le cadre ou petits-enfants à la découverte du site et de votre forêt. de la formation permanente. Dépôt légal : mai-juin 2018 Ce numéro vous parle donc du début de la révolution numérique du CNPF, toutefois il vous parle surtout du début de votre révolution numérique forestière. Ce n’est pas La forêt qui bouge, mais bien les forestiers ! Soyez parmi les premiers à utiliser laforetbouge.fr et à nous faire vos suggestions de services collaboratifs ! Claire Hubert, directrice générale du Centre national de la propriété forestière Institut pour le Développement Forestier Forêt-entreprise - N° 240 - mai-juin 2018 1
Sommaire N° 240 CNPF 4 L’IDF, institut technique qualifié Olivier Picard sapin pectiné 6 Bruno Borde © CNPF Dépérissement du sapin pectiné : Laurent Larrieu, Grégory Sajdak, Alain Cabanettes et Christophe Drénou Montmelard, région forestière du Haut-Beaujolais en Saône-et-Loire. forêt-gibier 40 Cartographie des zones sensibles Numéro suivant N° 241 aux gibiers Profil de forestiers européens Pierre Beaudesson et Jean-Pierre Villebrun populiculture 44 Parution actus 62 6 Quel(s) cultivar(s) de peuplier planter ? agenda 6 Éric Paillassa actus 64 Parution entreprise 6 ÉCONOMIE 48 Forêt-entreprise, votre revue Évaluation du revenu net moyen deAbonnez-vous à gestionnaire forestier des forêts privées Thierry du Peloux entreprise Oui, ou je m’abonne abonnez (Tarifs 2013) un de vos proches r Abonnement France 1 an — 6 numéros : 48 € La revueétranger r Abonnement technique 1 an — 6 des numéros forestiers : 62 € région 54 r Abonnement France Renseignements sur1: an — spécial étudiant www.foretpriveefrancaise.com Des pistes pour réconcilier — 1 an — rubrique 6 numéros : 40 €(joindre la nature et l’économie Bulletin d’abonnement librairie les publications dejustificatif) la photocopie de votre l’IDF r Abonnement France 1 an ou par courriel : idf-librairie@cnpf.fr Pascal Charoy — Remise de 30 % aux adhérents de Cetef, GDF, et organismes de développement, Fogefor — 6 numéros : 33,60 € septembre - octobre filière bois 56 2017/5 - 9,50e pour les adhérents entreprise de groupes de développement Nom................................................................................................................................. N° 236 La revue technique des forestiers Forinvest, les nouveautés en 2018 Prénom.................................................................................................................................. ABONNEMENT NUMÉRIQUE François Vulser Adresse........................................................................................................................................... • 1 AN + 2 ANS D’ARCHIVES entreprise 39 € ....................................................................................................................................................... Code postal.............................................................................................................................. ABONNEMENT PAPIER + Santé des forêts 58 Commune ...................................................................................................................................... NUMÉRIQUE • 1 AN 60 € • ÉTRANGER : 73 € Tél................................................................................................................................................. Dossier Santé des forêts, bilan 2017 Connaître sa forêt : Courriel....................................................................................................................................... Fabien Caroulle identifier les stations ABONNEMENT PAPIER 1 AN • 6 NUMÉROS Chèque bancaire ou postal à l’ordre de : De l’arbre Appui à la petite Douglas dans l’Allier 50 €à la• librairie à la planche forêt wallonne changement climatique « agent comptable SUF IDF » à retourner ÉTRANGER 63 € de l’IDF, Institut pour le Point de vue Développement Forestier Pour47 rueabonnement tout de Chaillot,numérique, 75116 Parismerci — Tél. de: nous 01 47communiquer 20 68 15 60 Fax : email votre adresse 01 47 afi 23n49d’obtenir 20 — idf-librairie@cnpf.fr votre code d’accès. Pour l’environnement et la forêt, Catalogue Centre de l’Institut pour le développement forestièreforestier consultableInstitut national de la propriété sur lepour site le www.foretpriveefrancaise.com développement forestier - le temps de l’expérimentation et47 gratuit rue desur simple Chaillot demande - 75116 PARIS Bruno Fady et Ivan Scotti Tél. : 01 47 20 68 39 2 Forêt-entreprise - N° 240 - mai-juin 2018
Quoi de neuf ! Une nouvelle icône estime le temps de lecture de l’article Dossier : le nouveau site 16 laforetbouge.fr 34 Focus sur un service : le coach numérique une bourse foncière à l’échelle au service de vos bois ! nationale Grégoire Gonthier Carole Le Néna 18 Le soutien du ministère 36 Focus sur un service : de l’Agriculture le moteur de recherche Véronique Borzeix de la réglementation Richard Lehaut 19 La genèse du projet Jean-Pierre Loudes 38 Des sites privés complémentaires 20 laforetbouge.fr 39 Fibre Excellence un outil phare du CNPF Claire Hubert 23 laforetbouge.fr plate-forme d’outils numériques Richard Lehaut 29 LesNetworkeurs et Camptocamp font librement bouger la forêt avec Drupal et Open Layers 3 Jean Marc Jolivet, Zoé Petty, Pierre Frumillon Sommaire 30 Qui peut utiliser le site ? Richard Lehaut 32 Si l’arbre est profondément enraciné, la forêt se met à bouger ! Jean-Marie Leclercq Forêt-entreprise - N° 240 -mai-juin 2018 3
L’IDF, institut technique qualifié CNPF Interface entre recherche et gestion forestière Par Olivier Picard, directeur Recherche-Développement-Innovation, CNPF-IDF L ’Institut pour le développement forestier d’une part, composé de sylviculteurs élus du (IDF), service Recherche-Développe- CNPF et de représentants des prescripteurs et ment et Innovation (RDI) du CNPF depuis gestionnaires, et par le Conseil scientifique du 2010, est à l’interface entre le sylviculteur et CNPF, représentant la diversité du partenariat la recherche, afin de répondre efficacement scientifique, d’autre part. aux besoins des sylviculteurs et gestionnaires forestiers. Unique institut technique clairement Recherche-Développement orienté « sylviculture » en France, il développe une approche « systémique » de la sylvicul- pour l’Innovation ture, avec une variété de disciplines, des plus Les axes de RDI sont répartis en 6 thèmes : pointues, comme l’évaluation du progrès géné- les sylvicultures qui constituent le cœur de tique, ou le diagnostic des potentialités des métier, le matériel végétal et renouvellement, parcelles forestières, aux plus transversales les risques, la socio-économie, la biodiversité comme l’impact du climat ou la sociologie et environnement et la valorisation. Les actions des propriétaires forestiers. Grâce au réseau marquantes sont : d’expérimentations du CNPF, l’IDF accède à un ➠ la mise au point d’outils de diagnostic sta- grand nombre de données de terrain, indispen- tionnel et sylvicole par l’expérimentation, pour sables pour tester, démontrer, valider des syl- tenir compte de l’impact des changements sur vicultures et ainsi calibrer les modèles. La rela- les essences et les peuplements forestiers, tion de confiance de l’IDF avec les sylviculteurs ➠ les connaissances sur les essences et l’éva- est un atout pour être en prise directe avec la luation du progrès génétique, connaissance et l’évolution de leurs besoins. ➠ les connaissances sur la santé des forêts, Les collaborations avec les autres instituts de pour élaborer des préconisations de sylvicul- recherche et développement sont une richesse tures, à amplifier et à faire fructifier. Les nombreux ➠ l’évaluation de la rentabilité de la sylviculture partenariats ainsi tissés lui donnent accès tout et des services rendus par les forêts, comme à la fois au terrain et aux nouvelles connais- le stockage du carbone, sances indispensables pour conforter sa place ➠ la connaissance des comportements des d’acteur majeur de l’innovation forestière. sylviculteurs pour mieux répondre à leurs attentes, L’IDF, qualifié à nouveau en janvier 2018, est ➠ l’évaluation de la capacité d’accueil de la composé de 36 agents. Ses axes de travail biodiversité par les peuplements forestiers s’articulent sur trois piliers de la boucle de gérés durablement, l’innovation : ➠ les nouvelles techniques de transfert des 1. l’analyse des besoins des acteurs de la connaissances, de formation, et de commu- gestion forestière, pour élaborer des questions nication. adressées à la recherche, 2. l’assemblage des connaissances scienti- Le contexte d’incertitudes exacerbées par les fiques pour co-construire avec le service expé- changements climatiques et globaux, le déve- rimentation, des outils d’aide à la décision, loppement de la bio-économie, la nécessité 3. le transfert des connaissances et l’aide à de préserver la biodiversité, les évolutions la décision vers les prescripteurs et les sylvi- importantes dans les attentes exprimées par culteurs, avec les services édition, formation les sylviculteurs, concourent à développer et communication. des voies qui intègrent les nouvelles connais- Les projets sont ainsi menés en collaboration sances scientifiques et techniques. avec les agents des centres régionaux, qui La question du renouvellement des peuple- assurent le relais et la diffusion des résultats ments forestiers se pose avec acuité. Cette vers les sylviculteurs. question centrale du Plan national forêt bois Son rôle d’interface entre recherche et sylvi- génère une attente forte envers l’IDF, pour culture est assuré par le double ancrage pro- développer une démarche intégrée de dia- fessionnel fort par son comité de direction gnostic (sol, climat, peuplement forestier, 4 Forêt-entreprise - N° 240 - mai-juin 2018
Les trois piliers de la boucle peupliers de l’innovation. w . risque, écosystèmes remarquables…) et Pour demain ww de préconiser des sylvicultures, qui limitent les L’ambition de l’IDF est de développer son impacts des aléas biotiques ou abiotiques et rôle d’interface entre recherche et gestion france.org augmentent la résilience des peuplements. forestière, avec des outils modernes, comme L’équipe RDI de l’IDF concourt à cet objectif à les outils numériques, afin de proposer des travers ses thèmes et les nombreux partena- modèles économiques de gestion forestière riats scientifiques qu’elle anime, notamment au aux différentes échelles. sein du RMT Aforce. Parmi les défis des prochaines années, l’en- Les nouvelles technologies, comme le lidar trée dans l’ère du numérique est stratégique, ou l’analyse d’images automatisées de satel- avec le développement des données cartogra- lites ou de drones peuvent s’appliquer aux phiques, la mise en place d’outils et portails de espaces forestiers. Ces opportunités pro- services en ligne, la modernisation du transfert metteuses de disposer d’informations multi via des supports pédagogiques innovants et sources en temps réel, appelées sylviculture l’utilisation des réseaux sociaux. Cette appro- de précision, assurent une meilleure ingénie- priation des nouvelles technologies de la com- rie de développement forestier et in fine une munication sera poursuivie. C’est le premier meilleure valorisation de la forêt (intensité de sujet de formation interne aujourd’hui. la sylviculture, dégâts diffus en forêts, sur la croissance en biomasse, ou carbone, réparti- tion des essences). La contractualisation Le développement des capacités de RDI de des partenariats l’IDF permettra d’affirmer son rôle dans la La baisse des budgets publics menace le boucle de l’innovation grâce à une collabo- maintien des activités de recherche et déve- ration plus intense avec les CRPF, un renou- loppement. Une diversification des sources de vellement des compétences des personnels, financements est indispensable. Aussi, l’éta- une diversification des partenariats avec des blissement doit-il s’appuyer sur la variété des accords-cadres, particulièrement avec l’ensei- services fournis par la forêt afin d’intéresser gnement technique et supérieur, les autres différents ministères, ainsi que des entreprises instituts techniques agricoles et l’ACTA. Le ou des fondations. Les collaborations, natio- recours et la maîtrise de nouvelles technolo- nale, européenne et internationale déployées, gies, comme l’utilisation de la télédétection, de confirment sa capacité à faire le lien opération- la modélisation, et d’outils numériques sera un nel entre les organismes de la recherche et les axe stratégique important. acteurs de la filière Forêt Bois, et son effica- La valorisation des résultats de l’IDF passera cité à co-élaborer les projets, créer des outils par un effort soutenu de développement des d’aide à la décision, et à assurer un transfert nouveaux outils de communication, notam- de qualité et de proximité via ses délégations ment le numérique, afin d’être en phase avec régionales implantées sur le terrain. Afin de les attentes de nouveaux publics. compléter son financement, l’IDF conven- tionne, avec des partenaires variés régionaux, Son rôle d’interface est également assuré par nationaux ou européens, pour environ la moi- les contacts entre chercheurs et sylviculteurs, tié de ses recettes annuelles. L’IDF diversifiera en étant à l’écoute de leurs besoins et en CNPF ses financements, en élargissant son spectre connaissant leur comportement. C’est au tra- d’expertise au-delà de la seule production de vers des contacts humains, que l’IDF se nourrit bois issus des sylvicultures, pour s’intéresser des expériences pratiques pour alimenter sa à la bioéconomie dans son ensemble. réflexion et stimuler ses innovations. n Forêt-entreprise - N° 240 - mai-juin 2018 5
Sapin pectiné Le château de Montségur surplombant les sapinières du plateau de Sault. Dépérissement du sapin pectiné : influences du diamètre, du gui et des conditions locales 20 min Par Laurent Larrieu 1,2 , Grégory Sajdak1, Alain Cabanettes2 et Christophe Drénou1 1 CNPF - CRPF Occitanie À partir de l’observation de près de 4 000 sapins pectinés (Abies alba) dans et IDF, 7 chemin de la Lacade, 31320 Auzeville- les Pyrénées, une récente étude montre d’une part que, contrairement Tolosane, France 2 aux idées reçues, les arbres les plus gros ne sont pas nécessairement les INRA, UMR 1201 DYNAFOR, Chemin de plus dépérissants ou les plus enclins à dépérir ; que d’autre part, entre le Borde Rouge, Auzeville, CS 52627, 31326 Castanet- gui (Viscum album subsp. abietis) et le dépérissement, les relations expli- Tolosan Cedex, France catives ne sont pas claires ; et qu’enfin, les conditions locales (essentielle- ment les conditions stationnelles, mais aussi l’histoire du peuplement et la sylviculture) influencent indiscutablement l’état de santé des arbres ainsi que l’abondance du gui. 6 Forêt-entreprise - N° 240 - mai-juin 2018
Réponses aux questions posées de la figure 1 Voir en fin Questions Réponses d’article Les sapins les plus gros sont-ils les plus dépérissants Non Résultat n° 1 ou les plus enclins au dépérissement ? Les sapins porteurs de gui sont-ils les plus gros du peuplement? Oui Résultat n° 2 Le gui déclenche-t-il le processus de dépérissement ou l’aggrave-t-il ? Sans réponse Résultat n° 3 Oui, à l’échelle du site(1), de la Les conditions locales influencent-elles l’état de santé des sapins ? Résultat n° 4 forêt(2) et de la placette(3) Non à l’échelle du site Les conditions locales influencent-elles l’abondance du gui? Oui à l’échelle Résultat n° 5 de la forêt et de la placette (1) site : plateau de Sault et vallée d’Aure ; (2) forêt : ensemble boisé continu couvrant plusieurs centaines d’hectares ; (3) placette : quelques milliers de m² Grégory Sajdak © CNPF Figure 1 - Récapitulatif des relations étudiées et des réponses obtenues (les flèches indiquent la direction de la relation étudiée) Avant-propos Le travail présenté ci-après se distingue par un échantillonnage conséquent (2 sites, 30 forêts, 57 placettes, 3 917 arbres), une méthode de diagnostic du dépérissement originale (la mé- thode ARCHI) et des traitements statistiques poussés (modèles linéaires généralisés mixtes, modèles mixtes à liaison cumulative, tests de significativité des résultats). Afin de rendre la lecture agréable et accessible par tous, l’ordre de présentation classique propre aux articles scientifiques (matériel et méthodes – résultats – discussion) se trouve ici inversé. Les réponses aux questions po- sées par la problématique initiale sont d’em- blée dévoilées puis aussitôt discutées. sapin pectiné Dans un deuxième temps, la description des méthodes et l’exposé détaillé des résultats apportent les compléments nécessaires à (schéma : Laurent Larrieu) une compréhension globale et approfondie du sujet. Bien que nous ayons essayé de rédiger cette partie aussi simplement que possible, certains termes ou graphiques sont tech- niques. Ils requièrent une lecture attentive, ainsi que certaines connaissances en statistique. Forêt-entreprise - N° 240 - mai-juin 2018 7
sapin pectiné Figure 2 - Rôles des gourmands vis-à-vis de la circulation hydrique Rôles des gourmands Produire des feuilles et Former des cernes plus Réduire la distance entre Initier des vaisseaux pour réactiver la transpiration, larges et faciliter la circula- les racines et les feuilles contourner les tissus sen- moteur de la circulation tion hydrique pour diminuer la résistance sibles aux cavitations hydrique hydrique du bois restauration de la circulation hydrique Discussion 1er constat : en moyenne pour les résilients et de 52,6 cm Les arbres les plus gros ne sont pas plus en moyenne pour les sains), mais elle est si- B Étude de la dynamique dépérissants que les autres gnificative en raison de la taille importante de temporelle de la croissance Il n’existe aucune relation statistique entre l’état l’effectif (1 751 sains et 1 080 résilients). Bien radiale des arbres, appréciée par la mesure et la datation de santé des sapins (évalué avec la méthode que réalisée sur une autre essence, le chêne précise des cernes annuels ARCHI) et le diamètre (mesuré à 1,30 m et pédonculé, une étude dendrochronologique B de croissance. Vocabulaire désigné par « d 1,30 m » sur les graphiques). récente aboutit à des résultats très proches10. forestier. Éditions IDF p.148. Ce résultat va à l’encontre de nombreuses L’évolution de la largeur moyenne des cernes 10 Lebourgeois et al., 2015 croyances. Les propriétaires, gestionnaires et montre qu’après la sécheresse de 2003, le re- conseillers forestiers semblent quasiment tous tour à des conditions plus favorables (années unanimes et formels : plus les sapins pectinés très humides 2007 et 2008) se traduit par une sont gros ou vieux, plus ils sont actuellement récupération rapide de tous les arbres. Cepen- dépérissants, ou plus ils ont de risque de dé- dant, alors que les chênes dépérissants récu- périr dans un futur proche. Aussi, les gestion- pèrent tout juste le niveau d’avant la séche- naires sont-ils souvent incités à anticiper une resse, les chênes sains et surtout les résilients perte éventuelle de la valeur commerciale des voient leur croissance augmenter fortement. peuplements dominés par le sapin pectiné en Ainsi, pour les résilients, la croissance 2007 et focalisant la récolte sur les plus gros arbres 2008 est supérieure de 30 % par rapport au et en réduisant drastiquement le diamètre niveau moyen d’avant sécheresse alors qu’elle d’exploitabilité (souvent jusqu’à 50 cm). Nos n’est que de 10 % pour les sains. Mieux : en résultats ne sont finalement pas surprenants, 2009, pour un déficit hydrique du même ordre A Dynamique cyclique d’une notamment si on compare l’âge moyen des que celui observé en 2003, les arbres résilients forêt ou d’un peuplement plus vieux peuplements réguliers (moins de réussissent à maintenir un niveau de crois- forestier naturel, subnaturel ou en évolution libre. Vocabulaire 200 ans) ou le diamètre des plus gros arbres sance plus haut que celui des arbres sains. forestier. Éditions IDF p.139. en futaie irrégulière (le plus souvent moins de 80 cm), avec la durée moyenne du cycle syl- Des arbres résilients plus résistants que 7 Gonin 1988 vigénétiqueA des peuplements de montagne les arbres sains ? Cette question ouvre un 9 Larrieu et al., 2014, dominés par le sapin pectiné (350-400 ans vaste champ d’investigation en physiologie. * Larrieu, obs. pers. environ7), ou avec les diamètres qu’atteignent L’arbre résilient se distingue de l’arbre sain régulièrement les sapins pectinés dans les par la présence abondante de gourmands. forêts subnaturelles (fréquemment plus de Ceux-ci, dans le cas du sapin pectiné, sont 100 cm de diamètre9 et jusqu’à 200 cm*). De essentiellement portés par les branches. Ils ne fait, le sapin pectiné peut atteindre naturel- déprécient donc pas la valeur commerciale du lement de très gros diamètres sans dépérir bois. Certains sont orthotropes : direction de systématiquement dès qu’il dépasse 50 cm. croissance verticale et symétrie radiale d’axe vertical ; et d’autres sont de vigoureux plagio- 2e constat : tropes : direction de croissance horizontale Les arbres les plus gros ont même ten- à oblique et symétrie bilatérale. Quels sont dance à être davantage résilients leurs rôles ? Plusieurs hypothèses explicatives Les sapins résilients (au sens de la méthode peuvent être avancées (figure 2). ARCHI, c’est-à-dire ceux qui montrent une dy- namique de retour à la normale) sont plus gros Question subsidiaire : les arbres les plus que les arbres notés comme sains. Certes, gros sont-ils les plus âgés ? la différence est faible (diamètre de 53,2 cm Les arbres les plus gros d’un peuplement de 8 Forêt-entreprise - N° 240 - mai-juin 2018
Louis Girard © Société mycologique et botanique de Neuville-sur-Saône Louis Girard © Société mycologique et botanique de Neuville-sur-Saône Germination de deux graines de gui, l’une futaie irrégulière sont dominants et, de fait, 3e constat : contenant deux subissent moins fortement la concurrence des La place du gui dans le dépérissement embryons, l’autre un seul ; les cônes de voisins, du moins momentanément. Par leur du sapin pectiné n’est pas claire fixation sur le bois grosseur relative, ils expriment soit une plus La question de la place du gui dans le dépé- fonctionnent comme grande vigueur liée à la capacité individuelle, rissement se pose ainsi : le gui est-il un pré- de véritables « clous végétaux » perforant soit de meilleures conditions stationnelles à curseur, c’est-à-dire le facteur déclenchant l’écorce de la branche. une échelle spatiale très fine. Sont-ils les plus le processus de dépérissement, ou bien un à droite : branche âgés ? L’âge est une donnée rarement prise en accélérateur, c’est-à-dire un facteur aggravant écorcée laissant compte dans la gestion en futaie irrégulière car du processus ? Nous avons montré que, dans apparaître les suçoirs chlorophylliens du gui. il faudrait carotter les arbres pour la connaître. le cas du sapin pectiné, la présence de gui Le praticien utilise à défaut le diamètre comme n’est pas indépendante de l’état sanitaire de approximation de l’âge. Mais la relation âge/dia- l’arbre évalué avec la méthode ARCHI, avec mètre est très floue dans le cas du sapin pec- notamment des arbres sains le plus souvent tiné, d’autant plus que le peuplement est géré dépourvus de gui (figure 8). Le pourcentage en futaie irrégulière. Cette essence peut en effet de recouvrement du gui explique l’état sani- supporter de longues phases de compression taire de l’arbre et celui-ci explique le recouvre- (plus de 100 ans) sous des éclairements très ment du gui, mais, dans tous les cas, la part faibles, tout en étant capable de reprendre une de variance expliquée est très faible. D’autre croissance normale en quelques années après part, une augmentation du diamètre de l’arbre levée de la concurrence pour finalement parve- est positivement corrélée à une augmentation nir à des dimensions remarquables12. du recouvrement du gui, mais n’est pas en 12 Pantic et al., 2015. Ainsi, les arbres les plus gros peuvent être même temps corrélée à un changement d’état les moins concurrencés et donc n’être pas sanitaire. Nos données ne nous permettent les plus âgés. À l’inverse, les arbres les plus donc pas de répondre à la question posée. âgés peuvent avoir subi de longues périodes Une étude suisse a néanmoins montré qu’un de concurrence sans mourir (très faible accroissement rapide et intense du niveau croissance), comme en est capable le sapin d’infestation par le gui de sapins pectinés de pectiné, et donc n’être pas les plus gros. La 70 ans a été concomitant à une réduction gamme d’âges des arbres d’une même classe significative de leur croissance en diamètre11. 11 Noetzli et al., 2003. de diamètre est sans doute très large et les Les arbres notés comme sains portent rare- arbres les plus gros d’un peuplement ne sont ment du gui. Est-ce la conséquence d’un pas forcément les plus âgés4. manque de lumière lié à la densité du feuillage ou bien de l’efficacité du système de défense 4 Drénou C., 2016. Nous n’avons pas tenu compte dans nos ana- de l’arbre ? lyses des antécédents sylvicoles du peuple- sapin pectiné ment, car nous avons considéré que les inter- Le gui est une plante hémiparasite : il produit ventions passées, par exemple une éclaircie par photosynthèse une grande partie de ses « sanitaire » visant à exploiter préférentiellement propres sucres et ne fait que détourner de les arbres qui présentaient des symptômes l’eau et des éléments minéraux dans la sève de dépérissement, avaient peu d’influence à brute grâce à des suçoirs perforant le bois8-14. 8 Irving et Cameron, 2009 ; 14 l’échelle de l’arbre sur les relations actuelles Bien que principalement observé à la cime des Watling et Press, 2001. entre son diamètre et son état sanitaire (évalué arbres, le gui a la capacité de photosynthéti- avec la méthode ARCHI) ou entre le recouvre- ser dans des conditions de très faible éclaire- ment du gui et son état sanitaire. ment13. Ainsi, on observe assez couramment 13 Tešitel et al., 2010 Forêt-entreprise - N° 240 - mai-juin 2018 9
sapin pectiné des excroissances induites par un réseau de ou de la forêt dans laquelle nous avons installé suçoirs de gui sur le tronc des sapins pectinés, la placette qui influence le plus la variabilité dans des conditions de très faible éclairement ; de l’état sanitaire de l’arbre (évalué avec la elles portent généralement peu de rameaux méthode ARCHI). Plus l’échelle géographique chlorophylliens. La rareté du gui sur les arbres est fine (du site à la placette), plus la part de sains serait-elle alors plutôt liée à des méca- variance expliquée est importante. Comme nismes de défense performants ? En effet, notre échantillon de forêts couvre un grand l’accumulation de stress semble favoriser le nombre de propriétaires et de gestionnaires 6 Glatzel et Geils, 2009 gui6, probablement en raison de ressources différents, on ne peut exclure totalement une internes insuffisantes pour lutter efficacement influence de l’histoire de la forêt et des diffé- contre les pathogènes. rentes gestions sylvicoles sur ce résultat, mais Le fait que les arbres morts portent peu de gui nous pensons qu’il est essentiellement lié aux est lié en partie à la disparition rapide du gui conditions stationnelles locales, comme par après la mort de l’arbre, mais peut-être éga- exemple le niveau de pluviosité, l’exposition ou lement au fait que le gui n’est pas une cause encore la capacité de rétention en eau du sol. 1 Cailleret, 2011 majeure de mortalité1. Le constat est identique pour le gui, mais seu- 4e constat : le niveau moyen de dépéris- lement aux échelles spatiales les plus fines. sement des sapins ainsi que le recouvre- Dans ce cas, les habitudes comportementales ment moyen du gui sont principalement de la grive draine (la bien nommée Turdus liés aux conditions locales viscivorus) qui est le principal vecteur du gui 2 Cramps et al., 1980 Parmi les variables explicatives du dépérisse- dans les forêts de montagne2 doivent certai- ment que nous avons testées, c’est la localisa- nement s’ajouter aux conditions stationnelles tion géographique de la placette d’observation pour expliquer cet effet. Matériel et méthodes Des données collectées dans et la moitié des arbres ont un diamètre com- des contextes sylvicoles pris entre 43 et 61 cm (voir la distribution des * www.foretprivee arbres observés*). Un indice de présence du francaise.com/ et stationnels variés gui est exprimé en pourcentage de la masse publications/voir/674 La base de données rassemble des obser- foliaire vivante : 0 = pas de gui, 1 = le volume vations effectuées en 2012 dans le cadre du de gui représente moins de 25 % du volume travail d’ingénieur de Flore Giraud et, en 2017, du houppier vivant, 2 = le volume de gui repré- pour le projet international Climtree (« Im- sente plus de 25 % du volume du houppier pacts écologiques et socio-économiques vivant. Au total, 448 arbres portaient du gui du dépérissement des arbres induit par les (soit 11,4 % de l’échantillon). changements climatiques dans les forêts de montagne »). Les positions des centres des La méthode ARCHI : placettes ont été choisies pour échantillonner une observation individuelle de façon équilibrée dans chacun des sites, le gradient de dépérissement aux échelles de la et attentive des arbres placette et de la forêt. Par contre, les arbres La méthode ARCHI est une méthode de dia- observés ont été déterminés par leur position gnostic du dépérissement et des capacités par rapport au centre de la placette, et n’ont de résilience des arbres basée sur l’analyse donc pas été sélectionnés par l’observateur architecturale des parties aériennes (figure 3). sur la base de leur état sanitaire. Au total, 3 917 Faire une analyse architecturale, c’est chercher sapins pectinés ont été observés individuel- à comprendre la logique du développement lement sur 57 placettes distribuées dans 30 d’une plante, étape par étape, en donnant forêts situées sur deux sites distants d’envi- une importance particulière aux évènements ron 150 km : le plateau de Sault et les petites qualitatifs importants de la vie végétale. Les régions naturelles adjacentes (départements connaissances en architecture aident à orien- de l’Ariège et de l’Aude) et la vallée d’Aure et ter les opérations de taille ; savoir si un arbre les petites vallées adjacentes (Hautes-Py- est jeune, adulte, mature ou sénescent (c’est- rénées). Les diamètres varient de 18 cm à à-dire définir son stade de développement) ; 132 cm (moyenne 53 cm, médiane 52 cm) décrire un système racinaire et bien sûr esti- 10 Forêt-entreprise - N° 240 - mai-juin 2018
Figure 3 - Illustration des statuts ARCHI chez le sapin pectiné Schémas et dessins originaux : Ch. Drénou - CNPF-IDF avec évolutions possibles entre eux mer les capacités de réaction d’une essence après un stress. Un outil simplifié de diagnostic Figure 4 - Effectifs des statuts ARCHI sur un total architectural a été mis au point par l’Institut de 3 917 sapins pectinés pour le développement forestier. Le prin- Irréversibles Morts cipe est de réaliser une observation en deux (N = 133) (N = 52) étapes. La première concerne les symptômes de dégradation du houppier (ramification anor- male, mortalité, etc.) ; la deuxième porte sur Stressés les processus de restauration du houppier (N = 898) (présence de gourmands, nature et vigueur de ceux-ci, etc.). Le rapport de force entre ces Sains processus antagonistes – dégradation versus (N = 1 751) restauration – permet de porter sur l’arbre un diagnostic d’état sanitaire. Des clés de déter- mination, se déclinant essence par essence, Résilients hiérarchisent l’ensemble des observations et (N = 1080) + Descente de cime conduisent l’utilisateur vers six statuts pos- (N = 3) sibles : ➠ l’arbre sain : architecture normale, conforme au stade de développement, Ainsi, l’état physiologique d’un arbre n’est pas ➠ l’arbre stressé : écart à la normale, avenir systématiquement linéaire entre un état sain et imprévisible, un dépérissement irréversible mais peut faire par- ➠ l’arbre résilient : dynamique de retour à la tie d’un cycle pouvant amener un arbre stressé normale, à devenir résilient. Quelques années après, cet ➠ l’arbre en descente de cime : construc- arbre peut de nouveau être considéré comme sapin pectiné tion d’un nouveau houppier sous le houppier sain s’il ne subit pas de nouveau stress. d’origine, cette adaptation est ici considérée comme une résilience, La méthode ARCHI a été appliquée au total ➠ l’arbre en dépérissement irréversible : l’arbre sur : 1 751 sains, 1 080 résilients, 3 descentes est bloqué dans une situation de non-retour à de cime, 898 stressés, 133 irréversibles et la normale, 52 morts récemment (présence de ramifica- ➠ l’arbre mort : cambium mort à 1,30 m. tion fine) (figure 4). À cause du très faible effec- La méthode ARCHI est disponible pour le tif, les descentes de cime ont été regroupées 5 Giraud, 2012 ; sapin pectiné depuis 20125-4. avec les résilients dans les analyses. 4 Drénou et al., 2013. Forêt-entreprise - N° 240 - mai-juin 2018 11
sapin pectiné Des traitements statistiques de m²) afin de mieux évaluer la part imputable adaptés aux seules variables que l’on présume expli- catives, en l’occurrence donc ici le diamètre Les modèles statistiques utilisés prennent de l’arbre et le pourcentage de gui. Lorsque en compte la structure spatiale des données les modèles nécessitaient une ordination des (c’est-à-dire la répartition des arbres observés variables qualitatives, les statuts ARCHI ont par placette et la répartition des placettes par été ordonnés de la façon suivante : mort < forêt et par site) pour, d’une part, quantifier irréversible < stressé < résilient < sain, et les les différences de distribution des diamètres recouvrements de gui l’ont été comme suit : en fonction du statut ARCHI et, d’autre part, présence de gui avec plus de 25 % du houp- regarder si le diamètre et le pourcentage de pier concerné < présence mais moins de 25 % gui sont bien des facteurs clés expliquant le du houppier concerné < absence de gui. Les statut ARCHI des arbres. Ce type de modèle détails des méthodes statistiques employées prend donc en compte la part de variabilité (types de modèles, fonctions et packages (variance) observée sur le terrain pour le statut de R) peuvent être consultés en suivant le Archi et expliquée par les conditions locales lien suivant : www.foretpriveefrancaise.com/ à l’échelle de la placette (soit quelques milliers publications/voir/674. Résultats détaillés Figure 5 - Représentation du diamètre de l’arbre en fonction du Résultat 1 : il n’existe pas de relation statut ARCHI ; chaque rond correspond à un arbre ; statistique entre le statut ARCHI et le en rouge, la courbe de tendance du nuage de points diamètre La variabilité des diamètres par classe de score ARCHI est telle qu’il n’y a visuellement aucune tendance de variation du diamètre le long du gradient de dépérissement défini de la façon suivante : sain < résilient < stressé < irré- versible < mort (figure 5). De plus, si on modé- lise le diamètre de l’arbre à l’aide de la notation ARCHI, on n’observe que de très faibles diffé- rences de grosseur moyenne (environ 1,5 cm sur le diamètre) entre les arbres des différents statuts ARCHI. Dans le détail, les arbres notés comme irréversibles ou morts ont un diamètre moyen qui n’est pas significativement différent de celui des arbres sains, résilients ou stres- sés. De plus, les arbres stressés ont un dia- mètre moyen qui n’est pas significativement différent de celui des arbres sains (figure 6). Figure 6 - Relations statistiques entre le statut ARCHI et le diamètre Par contre, les arbres notés comme résilients sont significativement plus gros que les arbres actuellement notés comme sains, mais la différence est aussi très faible : 53,2 cm en moyenne pour les résilients et 52,6 cm en moyenne pour les sains. Fig. 6 : Des lettres différentes (a, b) indiquent une différence significative des moyennes ajustées (test de Tukey) ; « ab » signifie qu’il n’y a pas de différence significative avec les scores ARCHI « a » ou « b ». Précisions pour le lecteur averti : dans ces « boîtes à moustaches »* colorées, la ligne noire et le point noir représentent respectivement la médiane et la moyenne du diamètre des arbres en fonction du score ARCHI ; les limites supérieure et inférieure de la boîte correspondent aux deux quartiles Q1 et Q3 et les moustaches ont une longueur = 1,5 fois l’interquartile adjacent. 12 Forêt-entreprise - N° 240 - mai-juin 2018
Figure 7 - Relations statistiques entre le recouvrement de gui et le diamètre. 0 : absence de gui ; 1 : recouvrement du gui < 25 % du volume du houppier vivant ; 2 : recouvrement du gui > 25 % du volume du houppier vivant ; des lettres différentes (a, b, c) indiquent une différence significative des moyennes ajustées. Voir figure 6 pour * Le diagramme en « boîte à moustaches » résume l’explication détaillée quelques caractéristiques de de ces « boîtes à position du caractère étudié moustaches ». (médiane, quartiles, minimum, maximum ou déciles). Il est utilisé principalement pour comparer un même caractère dans deux populations de tailles différentes. (Wikipédia) Figure 8 - Degré d’indépendance de la présence de gui vis-à-vis du statut ARCHI de l’arbre oui = présence de gui (scores 1 ou 2), non = absence de gui ; la hauteur des parallélépipèdes est proportionnelle au « résidu » d’effectif « observé - théorique» ; leur largeur est proportionnelle à l’effectif observé ; la couleur rouge indique un effectif d’arbres déficitaire par rapport à la valeur théorique calculée en cas d’indépendance ; la couleur noire indique au contraire un effectif excédentaire par rapport à la valeur théorique. À l’inverse, le modèle cherchant à expliquer la Résultat 3 : il existe une relation statis- variabilité du statut ARCHI en utilisant le dia- tique entre le recouvrement de gui et le mètre comme variable explicative montre que statut ARCHI, mais elle est très faible. le diamètre ne joue pas un rôle significatif sur La présence de gui n’est pas indépendante du la variabilité du statut ARCHI. statut ARCHI (figure 8). En effet : ➠ les arbres considérés comme sains et les Résultat 2 : les arbres porteurs de gui arbres morts récemment ne sont préféren- sont significativement plus gros que tiellement pas porteurs de gui (excédent de ceux qui n’en portent pas. non et déficit de oui par rapport aux valeurs Il existe une relation statistique entre le recou- théoriques) ; vrement de gui et le diamètre de l’arbre (fi- ➠ les arbres considérés comme stressés, gure 7). Les arbres à fort recouvrement de gui irréversibles et dans une moindre mesure les sapin pectiné (c’est-à-dire plus de 25 % du houppier vivant) résilients portent préférentiellement du gui sont significativement plus gros que ceux à (excédent de oui et déficit de non par rapport faible recouvrement (c’est-à-dire moins de aux valeurs théoriques). 25 % du houppier vivant). La différence de Lorsque l’on essaie d’expliquer le pourcentage grosseur est néanmoins ténue : en moyenne, de gui par le statut ARCHI, on observe que le les arbres ne portant pas, portant moins de statut ARCHI améliore significativement l’expli- 25 % et portant plus de 25 % de gui ont res- cation de la variation du pourcentage de gui pectivement des diamètres moyens de 52, 59 (sauf dans le cas où l’arbre est mort), mais de et 60 cm. 3 % seulement. Inversement, l’explication des Forêt-entreprise - N° 240 - mai-juin 2018 13
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