L'heure est à l'action - PROBLÉMATIQUE DE L'EAU AU MAROC - EN PARTENARIAT AVEC

 
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   CI
 PÉ
S
              DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : MOHAMMED HAITAMI   LUNDI 16 OCTOBRE 2017

          PROBLÉMATIQUE DE L’EAU AU MAROC

   L'heure est à l'action

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Problématique de l’eau au Maroc

Priorité à la rationalisation des ressources
hydriques

L
       ors du Conseil des ministres pré-       raison de la forte démographie et du           tionale de l'eau, tente d'apporter des                             maine de l’agriculture par exemple, les
       sidé, lundi 2 octobre dernier, par      changement climatique, entre autres, la        solutions aux problèmes de l'augmen-                               pouvoirs publics ont compris qu’il exis-
       S.M. le Roi Mohammed VI, le             part d’eau réservée pour chaque Maro-          tation de la demande, de la pollution des                          tait une dualité entre les zones irriguées
Souverain a donné ses Hautes Orien-            cain peut chuter à 700 mètres cubes par        ressources et de la gouvernance dans la                            et les zones pluviales. Le Maroc s’est très
tations au Chef du gouvernement pour           an, alors qu’elle était de 2.500 mètres        gestion de ces ressources. Ce plan, qui                            tôt orienté vers la création de grands
qu'il préside une commission qui se            cubes en 1960. Elle a même exhorté les         a pour objectif de répondre aux be-                                barrages alimentant des périmètres ir-
penchera sur le problème du manque             autorités à intervenir pour appliquer          soins du Maroc en eau à l'horizon 2030,                            rigués qui contribuent de manière pré-
d'eau potable et des eaux d'irrigation         avec plus de rigueur la loi 10-95 sur          est une synthèse des plans directeurs                              pondérante à la production agricole.
dans les zones rurales et montagneuses.        l’eau, généraliser les techniques d’ir-        d'aménagement intégré des ressources                               Plus de 140 grands barrages et plus de
Cette commission ministérielle, qui doit       rigation moderne pour mettre fin au            hydrauliques, élaborés par les Agences                             200 petits barrages en exploitation ont
se réunir dans les prochains jours, aura       gaspillage qui conduit à l’épuisement          des bassins hydrauliques du Maroc, dit-                            été recensés. Un patrimoine, auquel
pour mission d’accompagner les actions         des nappes phréatiques, opter pour le          elle.                                                              s’ajoutera à l’horizon 2030 une trentaine
et les efforts menés par le secrétariat        dessalement de l’eau de mer et surtout         Le plan ambitionne de réaliser 167                                 de grands barrages portant l’effectif
d’État en charge de l’Eau dans la mise en      sensibiliser l’ensemble de la population       projets à l’horizon de 2030 répartis                               dans cette catégorie à 170, sans compter
place du Plan national de l’eau, en tant       à la nécessité de préserver l’eau, denrée      sur 9 bassins hydrauliques, à savoir le           Un rapport       ceux réalisés par les particuliers. À titre
que plan stratégique à même d’assurer          névralgique.                                   Loukkos, Moulouya, Sebou, Bouregreg            de la Banque        d’exemple, la zone d’action de l’Agence
la sécurité hydrique du Royaume.               Les Hautes Orientations royales in-            Chaouia, Oum Errabia, Tensift, Souss-              mondiale        du bassin hydraulique de l’Oum Errabia
Pour rappel, la Stratégie nationale de         terviennent quelques jours après les           Massa-Draa, Guirziz Rhéris et Sakia El                             compte 15 grands barrages qui permet-
l’eau, présentée devant S.M. le Roi par le     mesures d'urgence dévoilées par Saâd           Hamra-Oued Eddahab. Il prévoit éga-
                                                                                                                                                  publié en      tent de mobiliser, en moyenne, près de
département de l’Eau et de l’environne-        Eddine El Othmani et qui consistent à          lement la mise en place de mesures lé-        mai dernier a        3.550 millions m³, selon des données
ment le 14 avril 2009 à Fès, et qui visait à   trouver des solutions d’ordre straté-          gislatives et réglementaires pour pro-          indiqué que        officielles. Le potentiel de la région en
pousser les mobilisations des ressources       gique à travers notamment la mise en           mouvoir la réutilisation contrôlée des          le Maroc est       termes d’ouvrages hydrauliques se ren-
non conventionnelles en eau à un degré         œuvre de tous les décrets organiques           eaux usées. Il s’agit en l’occurrence de                           forcera par la construction de grands
                                                                                                                                           parmi les pays
optimal en agissant parallèlement sur la       relatifs à la loi sur l’eau.                   la révision des normes de réutilisa-                               barrages, notamment ceux de Tagzirte,
rationalisation de la demande, de l’offre      Pour la ministre déléguée chargée de           tion des eaux usées en irrigation, selon           qui seront      d’Ouzoud et de Tioughza, ainsi que la
et de l’environnement, n’a pas donnée          l'Eau, Charafat Afailal, le nouveau Plan       l’approche et les nouvelles directives         confrontés à        construction de barrages consacrés à la
ses fruits. À cela s’ajoute l’inadaptation     de l'eau, qui traite de toutes les problé-     de l’OMS (Organisation mondiale de la            la rareté de      production de l’hydroélectricité dans
du cadre juridique et de la gouvernance        matiques concernant la gestion des res-        santé), la fixation des normes de réuti-        l'eau à l'ho-      les provinces de Béni Mellal, Azilal et
de l’eau de manière concertée avec             sources hydrauliques, est érigé en prio-       lisation des eaux usées pour les usages                            Khénifra.
l’ensemble des acteurs du secteur.             rité en vue d'accompagner les grands           non couverts par les normes actuelles          rizon 2020 à        Les ressources en eau de la région Tan-
Il faut dire que la situation est grave        projets mis en œuvre au Maroc et les           (recharge de nappes, usage industriel…),          cause de la      ger-Tétouan-Al Hoceïma seront aussi
et la question de l’eau et de la sécurité      politiques sectorielles de développe-          la réglementation des déversements en         sécheresse et        renforcées d'environ 1 milliard de m³
hydrique est cruciale pour le dévelop-         ment. Mme Afailal explique que ce pro-         mer, ainsi que la réglementation de la          de la surex-       supplémentaires grâce à la construction
pement durable du pays. D’ailleurs, un         jet, qui a pour objectif de préserver les      gestion, de la valorisation et de l’élimi-                         de cinq nouveaux barrages, d'une ca-
rapport de la Banque mondiale publié           ressources, les diversifier et mieux les       nation des boues d’épuration.
                                                                                                                                            ploitation des       pacité d'environ 1 milliard de m◊ d'eau.
en mai dernier a indiqué que le Maroc          gérer, s’inscrit dans le cadre des actions     C’est pourquoi le gouvernement a per-        nappes phréa-         Tous ces barrages seront encadrés par
est parmi les pays qui seront confron-         menées par son département pour l’en-          fectionné un Plan de réutilisation des                tiques.      un dispositif juridique et règlementaire
tés à la rareté de l'eau à l'horizon 2020      couragement et la promotion de l’uti-          eaux usées, qui vise deux objectifs es-                            qui garantit leur sécurité. D’où l’intérêt
à cause de la sécheresse et de la surex-       lisation des eaux usées épurées, tous          sentiels, à savoir l’éradication de l’uti-                         de la loi qui viendra fixer les règles re-
ploitation des nappes phréatiques, ce          usages confondus, notamment l’arro-            lisation non contrôlée des eaux usées                              latives à la sécurité des barrages, en vue
qui lui coûterait 6% du PIB (produit in-       sage des espaces verts et des golfs, l’irri-   d’ici 2020 et la réutilisation d’une ma-                           d’assurer la protection des personnes et
térieur brut). Et la société civile n’a de     gation et l’industrie. La ministre relève      nière directe ou indirecte de la totalité                          des biens contre les risques associés à la
cesse de tirer la sonnette d’alarme quant      que ce nouveau plan, qui constitue la          du potentiel en eau utilisable d’ici 2030,                         présence de ces ouvrages. n
à la pénurie d’eau en déclarant qu’en          référence principale de la politique na-       soit 325 millions de m³/an. Dans le do-                                                     El Mahjoub Rouane
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4                                                                                                 Spécial Eau                                                                                                        LUNDI 16 OCTOBRE 2017

                                                                                                          Stress hydrique

                     Charafat Afailal «optimiste» quant à l'avenir
                                   de l’eau au Maroc
                                                                                                                                                                                               veau du Conseil supérieur de l'eau et du
                                                                                                                                                                                               climat, du Conseil de bassin et des Com-
                                                                                                                                                                                               missions préfectorales et provinciales
                                                                                                                                                                                               de l’eau, avec des quotas réservés aux
                                                                                                                                                                                               femmes, s’est-elle réjouie. La loi 36-15
                                                                                                                                                                                               relative à l’eau a aussi donné la possi-
                                                                                                                                                                                               bilité aux usagers de l’eau ou à leurs as-
                                                                                                                                                                                               sociations de participer à la gestion du
                                                                                                                                                                                               domaine public hydraulique dans un
                                                                                                                                                                                               cadre contractuel définissant les droits
                                                                                                                                                                                               et les obligations des contractants, a-t-
                                                                                                                                                                                               elle poursuivi.
                                                                                                                                                                                               S’agissant des préparatifs de son dé-
                                                                                                                                                                                               partement à la COP 23, prévue le mois
                                                                                                                                                                                               prochain à Bonn, Mme Afailal a relevé
                                                                                                                                                                                               la participation du Maroc à la deuxième
                                                                                                                                                                                               Conférence internationale sur l’eau et le
                                                                                                                                                                                               climat (CIEC), tenue les 3 et 4 octobre à
                                                                                                                                                                                               Marseille, et qui a consisté principale-
                                                                                                                                                                                               ment à présenter le bilan d’étape COP
                                                                                                                                                                                               22-COP 23 ainsi qu’à participer à la réu-
                                                                                                                                                                                               nion préparatoire de la journée d’action
                                                                                                                                                                                               eau.
                                                                                                                                                                                               Dans le cadre de l’Initiative Water for
                                                                                                                                                                                               Africa, lancée par la réunion des mi-
                                                                                                                                                                                               nistres africains lors de la CIEC tenue à
                                                                                                                                                                                               Rabat en juillet 2016, le secrétariat d'État
                                                                                                                                                                                               à l'Eau organisera un Side-Event sur
                                                                                                                                                                                               cette initiative dans le pavillon Maroc
                                                                                                                                                                                               lors de la COP 23, a-t-elle indiqué. Cette
                                                                                                                                                                                               initiative a pour objectif de concrétiser
                                                                                                                                                                                               l’Appel de Rabat à travers notamment
Mme Afailal : �Il est nécessaire d’adopter un mode de gouvernance favorisant la participation et la responsabilisation des acteurs dans le respect de la réglementation et basé notamment
sur les dispositions de la nouvelle loi relative à l’eau�.                                                                                                                                     l’élaboration et l’adoption d’un plan
                                                                                                                                                                                               d’action prioritaire (PAP) pour la réali-
La secrétaire d’État chargée de l’Eau, Charafat Afailal, se dit optimiste quant à                          positions de la nouvelle loi 36-15 rela-                                            sation des Objectifs du développement
l’avenir de l’eau au Maroc, et ce en dépit du contexte de rareté et de la menace des                       tive à l’eau», a-t-elle martelé.                                                    durable (ODD) en Afrique, l’améliora-
changements climatiques.                                                                                   Dans le cadre de la gouvernance, la res-                 La loi 36-15               tion et la facilitation de l’accès des pro-
                                                                                                           ponsable a fait état de la réalisation de             relative à l’eau              jets africains aux financements climat
«On se doit d’être optimiste, de prendre             de nous des sacrifices» pour combiner                 projets de partenariat avec la société                                              existants, ainsi que le renforcement des
                                                                                                                                                                  a aussi donné
des décisions et d'engager des réformes              la mobilisation des ressources en eau                 civile, en particulier dans le domaine                                              capacités et de la coopération, notam-
courageuses pour infléchir la tendance               conventionnelles et non convention-                   de l’eau potable et de l’assainissement                 la possibilité              ment Sud-Sud, pour l’échange et la dif-
de surexploitation des ressources renou-             nelles «de plus en plus chères», la ges-              en milieu rural, faisant savoir que les                  aux usagers                fusion du savoir-faire et des bonnes pra-
velables, d'assurer une gestion viable de            tion de la demande, la rationalisation et             Agences de bassins hydrauliques oc-                     de l’eau ou à               tiques, a rappelé Mme Afailal.
l’eau et d'être au rendez-vous», a dit               l’efficience de l’utilisation de l’eau et la          troient des aides aux associations de                                               Le Maroc contribue également à la Jour-
                                                                                                                                                                     leurs asso-
Mme Afailal dans une interview accor-                lutte contre la pollution.                            la société civile qui entreprennent des                                             née de l’Action Eau «Water Day», dont
dée à la MAP. «L’approvisionnement                   Afin de relever ce défi, elle juge néces-             opérations visant la préservation et la                   ciations de               l’organisation à la COP 23 a été confir-
en eau du pays à long terme dans un                  saire d’adopter un mode de gouvernance                gestion durable de l’eau.                              participer à la              mée par le Global Climate Action Agen-
contexte de rareté et sous la menace des             favorisant la participation et la respon-             Interrogée sur l’implication de la so-                gestion du do-                da et qui a pour objectif de permettre
changements climatiques est un défi à                sabilisation des acteurs dans le respect              ciété civile dans le processus décision-                maine public                aux communautés internationales de
relever. C’est un challenge difficile, mais          de la réglementation et basé notamment                nel en matière de gestion de l’eau, elle                                            l’eau et du climat de poursuivre leur
faisable si on s’y prend convenablement              sur les dispositions de la nouvelle loi re-           a indiqué que la loi 36-15 a renforcé la
                                                                                                                                                                    hydraulique                plaidoyer afin de mettre les enjeux liés à
dès à présent», a-t-elle assuré. Pour Mme            lative à l’eau. «C’est ce mode de gouver-             participation de la société civile dans la             dans un cadre                l’eau au cœur des négociations des par-
Afailal, la sécurité hydrique et l’appro-            nance que nous voulons mettre en place                gestion de l’eau. La société civile a ainsi              contractuel.               ties, a-t-elle renchéri. n
visionnement durable en eau «exigent                 en nous basant notamment sur les dis-                 vu sa représentation renforcée au ni-                                                                   Soumia Al Arkoubi - MAP

Vision stratégique

La mise à jour de l'arsenal réglementaire est inévitable
La secrétaire d’État chargée de l’Eau, Charafat Afailal, a promis une mise à jour de
l’arsenal réglementaire en vigueur pour l’application des lois relatives à l’eau et
aux barrages et une rentrée sous le signe de la coopération Sud-Sud.

«C
                e qui est prévu dans le              les domaines de l'eau, de l'assainisse-
                programme de l’actuel                ment et de la météorologie, en signant
                gouvernement, c’est la               plusieurs accords dans ces domaines et
mise en application de ces deux lois»                en explorant de nouvelles opportunités
(la loi relative à l’eau et la loi relative à        de coopération et de renforcement des
la sécurité des barrages, ndlr), a déclaré           capacités, a-t-elle ajouté. Le secrétariat
Mme Afailal dans une interview accor-                d’État chargé de l’Eau s’engage égale-
dée à la MAP. S’agissant de la nouvelle              ment à poursuivre le processus prépa-
loi relative à l’eau, la secrétaire d’État a         ratoire de la sixième édition du Grand
fait état de la programmation de la mise             Prix mondial Hassan II de l’Eau, qui sera
                                                                                                             Le secrétariat
à jour et de l’élaboration d’une tren-               organisée lors du huitième Forum mon-
taine de décrets, précisant que 6 projets            dial de l’eau (18-23 mars 2018 à Brasi-                   d’État char-
de décret sont préparés et 4 en cours                lia), notamment par la tenue de la deu-                    gé de l’Eau
de préparation. Pour ce qui est de la loi            xième réunion du comité permanent de                        s’engage à
30-15 relative à la sécurité des barrages,           ce Grand Prix, a-t-elle poursuivi.                      poursuivre le
elle a indiqué que le décret et les arrêtés          Dans le cadre de ces préparatifs, la se-                                         une occasion pour mettre en exergue les                  veau global et de l’Afrique en particulier
d’application sont en cours d’élabora-               crétaire d’État a annoncé la tenue de la              processus pré-             progrès réalisés et les efforts entrepris                (arrêt sur les efforts du secrétariat d’État
tion.                                                première réunion du jury vers la fin du               paratoire de la            par le Maroc dans le secteur de l’eau,                   chargé de l’Eau pour l’opérationnali-
Pour cette rentrée, le secrétariat d’État            mois de janvier 2018 et l’organisation                   sixième édi-            que ce soit en termes de réalisation d’in-               sation effective de l’initiative Water for
chargé de l’Eau prévoit de consolider                d’une matinée d’information durant                     tion du Grand             frastructures hydrauliques, d’améliora-                  Africa), selon la responsable. Ainsi, les
l'orientation stratégique globale choi-              ce mois d’octobre au profit du monde                                             tion de la gouvernance ou bien d’avan-                   grands sujets qui ont été débattus lors de
sie par le Royaume pour développer                   académique et universitaire, des par-
                                                                                                             Prix mondial             cement dans la réalisation des Objectifs                 cette semaine traduisent des défis pour
davantage la coopération Sud-Sud et                  tenaires au développement et des re-                      Hassan II de           du développement durable liés à l’Eau,                   la communauté internationale, en rela-
faire face aux aléas climatiques et leurs            présentants du Système des Nations                               l’Eau.          a-t-elle précisé. L’événement a aussi été                tion avec le développement durable, et
répercussions, non seulement sur le                  unies. Mme Afailal a également évoqué                                            l’opportunité de «réaffirmer la détermi-                 qui sont de nature sociale, économique
développement en Afrique, mais aussi                 la participation du Maroc à la «Semaine                                          nation du Royaume à militer pour que                     et environnementale et en lien avec le
sur la paix et la sécurité. Il prévoit éga-          mondiale de l’eau» à Stockholm, un                                               les questions liées à l’eau soient qua-                  partenariat. Tous ces défis font déjà par-
lement un échange d’expériences et de                événement qui a permis, entre autres,                                            lifiées de prioritaires et aient une place               tie de l’agenda et des priorités définies
bonnes pratiques, en particulier avec les            de faire le point sur les initiatives «eau                                       centrale au cœur des négociations et des                 par le secrétariat d’État chargé de l’Eau
pays africains dans le cadre de la coopé-            et climat» de l’Agenda de l’action cli-                                          débats», a-t-elle enchaîné.                              qui a anticipé la mise en œuvre de plu-
ration Sud-Sud et la coopération trian-              matique et sur l’initiative Water for                                            Cette semaine a également permis d’in-                   sieurs actions inscrites dans ces axes,
gulaire, a fait savoir la responsable.               Africa qui sera présentée prochaine-                                             viter les différents acteurs politiques,                 dans le cadre du programme du gouver-
Le département envisage le renforce-                 ment au Conseil des ministres africains                                          institutionnels, techniques et financiers                nement et en respect des engagements
ment des efforts de coopération entre                pour l’eau (AMCOW). La participation                                             à s’engager et à se mobiliser en faveur de               internationaux du Maroc, a conclu la
le Maroc et ses partenaires internatio-              de la délégation marocaine à cette ma-                                           la cause de l’eau et de confirmer l’im-                  grande responsable de l’eau au Maroc. n
naux (bilatéraux et multilatéraux) dans              nifestation internationale a constitué                                           portance de la justice climatique au ni-                                                 S.A.A. - MAP
L'heure est à l'action - PROBLÉMATIQUE DE L'EAU AU MAROC - EN PARTENARIAT AVEC
EN PARTENARIAT AVEC

LUNDI 16 OCTOBRE 2017                                                                             Spécial Eau                                                                                                            5
                                                                                                                                                          Entretien avec Ahmed Iraqi, président de l’Association
 Plan national de l’eau
                                                                                                                                                          marocaine sur le climat et l’environnement
 Priorité à la préservation et la valorisation                                                                                                            «La pénurie des ressources en eau est
                                                                                                                                                          aggravée par la mauvaise gestion»
 des ressources hydriques
                                                                                                                                                                                  Le Matin : Quel diagnostic faites-vous
                                                                                                                                                                                  de la situation de l’eau au Maroc ac-
                                                                                                                                                                                  tuellement ?
                                                                                                                                                                                  Ahmed Iraqi : Pour résumer la situa-
                                                                                                                                                                                  tion de l’eau au Maroc, on peut parler
                                                                                                                                                                                  de 150 milliards de m³ de précipitations
                                                                                                                                                                                  chaque année, d’un potentiel de mo-
                                                                                                                                                                                  bilisation de ces eaux à hauteur de 21
                                                                                                                                                          Ahmed Iraqi.            milliards de m³ et d’une consomma-
                                                                                                                                                                                  tion avoisinant les 14 milliards de m³.
                                                                                                                                                          Il s’agit là d’une réalité qu’il faut gérer. En ce qui concerne
                                                                                                                                                          les barrages, malheureusement leur gestion reste toujours
                                                                                                                                                          favorable aux gros propriétaires terriens et c’est d’ailleurs là
                                                                                                                                                          le point de départ de la loi sur l’eau élaborée en 1995. Dans
Changements climatiques, raréfaction des ressources hydriques… le Maroc n’est                             ce premier pilier prévoit le prolongement       cette loi, nous avons essayé de rendre équitable la distribu-
pas le seul pays du monde à souffrir des problèmes liés à l’eau potable, mais il fait                     du programme de reconversion à l’irri-          tion de cette eau mobilisable. On a d’ailleurs mis en route
partie des pays qui disposent des plus faibles ressources en cette substance vitale.                      gation localisée basée sur les objectifs du     le Conseil supérieur de l’eau afin de définir une stratégie de
Pour faire face à cette problématique, le gouvernement a procédé à l’élaboration                          Plan Maroc vert (2020) jusqu’à l’horizon        l’eau ainsi que les agences des bassins pour veiller sur sa
du Plan national de l’eau. Celui-ci a pour objectif de préserver les ressources, de                       2030. La poursuite de la mobilisation des       distribution.
les valoriser et de mieux les gérer.                                                                      eaux de surface par les barrages ainsi que
                                                                                                          la mise en valeur locale des eaux de sur-       Et qu’est-ce qui s’est passé depuis ?

L
       es changements climatiques et                     solidarité dans ses diverses dimensions.         face par le biais des petits barrages font      Malheureusement, depuis 1995 et jusqu’à aujourd’hui, le
       la raréfaction des ressources hy-                 Les plans d’action se basent également           partie des composantes du deuxième pi-          Conseil supérieur dont la mission est politique ne s’est réuni
       driques ont placé le secteur de l’eau             sur la promotion de la bonne gouver-             lier du PNE relatif au développement de         que très rarement et les agences du bassin se sont retrouvées
au Maroc au centre des intérêts des pou-                 nance du secteur de l’eau et la recherche        l’offre. Dans le même sens, les autorités       obligées de gérer en fonction des lois antérieures. Ainsi,
voirs publics, et ce en raison de son rôle               de l’efficacité de l’action des acteurs. La      prévoient de recourir aux ressources en         l’eau des barrages a continué à bénéficier aux gros proprié-
déterminant dans la sécurité hydrique du                 recherche de la convergence et la mise           eau non conventionnelles, notamment le          taires terriens alors que la gestion de l’eau consommable a
pays et l’accompagnement de son déve-                    en cohérence des programmes sectoriels           dessalement de l’eau de mer et la réutilisa-    été déléguée à des agences privées.
loppement, notamment l’agriculture irri-                 ainsi que la recherche des mécanismes            tion des eaux usées épurées et la possibi-      Ces agences reçoivent l’eau en contrepartie d’un montant
guée. C’est dans ce sens que le ministère                et des moyens de financement du sec-             lité de transférer l’eau à partir des bassins   dérisoire. Cette même eau est revendue aux consommateurs
délégué chargé de l’Eau a élaboré le Plan                teur de l’eau combinant les subventions          excédentaires en eau du nord-ouest vers         à des prix élevés. Donc je peux dire que la problématique est
national de l’eau (PNE), qui constitue le                publiques et le recouvrement direct des          les bassins déficitaires du centre-ouest.       encore à résoudre et il va falloir revenir à un projet partagé
prolongement des orientations de la Stra-                coûts par les tarifs des services de l’eau fi-   Quant à la préservation des ressources en       de gestion de l’eau.
tégie nationale de l’eau présentée au Sou-               gurent également sur cette liste, lit-on sur     eau du milieu naturel et l’adaptation aux
verain le 14 avril 2009 à Fès.                           le document de présentation du PNE éla-          changements climatiques, le PNE en a fait       Peut-on aujourd’hui parler d’une pénurie d’eau au Maroc ?
Se basant sur trois fondements, le plan                  boré par le ministère de tutelle. S’agissant     son troisième pilier. Se basant sur la pré-     Oui effectivement, on peut parler d’une pénurie de l’eau,
en question a pris en considération plu-                 des piliers du PNE, le ministère précise         servation de la qualité des ressources en       mais qui est aggravée par la mauvaise gestion des ressources.
sieurs éléments relatifs à la nature des                 qu’il s’agit premièrement de la gestion de       eau et la lutte contre la pollution ainsi que   À mon avis, il faut revenir à la loi et essayer de l’appliquer
ressources en eau du pays. Selon le mi-                  la demande en eau et de la valorisation de       sur la protection et la gestion durable des     dans les règles de l’art. Il y a beaucoup de compétences qui
nistère de tutelle, la liste des principes pris          l’eau. À ce niveau, et notamment en ce           eaux souterraines, ce volet stratégique         ont beaucoup à apporter dans ce sens, mais le problème
en considération dans l’élaboration des                  qui concerne le domaine de l’eau potable,        repose également sur l’aménagement              reste ouvert sur le meilleur comme le pire. Aujourd’hui, le
plans d’action du PNE comprend, entre                    le ministère précise qu’en plus des objec-       et la protection des bassins versants et la     Chef du gouvernement s’est emparé du dossier après les ins-
autres, la gestion intégrée et concertée de              tifs de généralisation de l’accès à l’eau po-    sauvegarde et la préservation des zones         tructions royales données dans ce sens. On verra dans les
la demande, le renforcement de la sécu-                  table, il est question de l’amélioration des     sensibles, notamment les zones humides          prochains jours ce qu’il pourra apporter à une probléma-
rité hydrique du pays et l’adaptation aux                rendements des réseaux de distribution           et les oasis. n                                 tique aussi simple que compliquée. n
changements climatiques ainsi que la                     d’eau potable. Dans le domaine agricole,                                       Ayoub Lahrache                                              propos recueillis par A.L.
L'heure est à l'action - PROBLÉMATIQUE DE L'EAU AU MAROC - EN PARTENARIAT AVEC
EN PARTENARIAT AVEC

6                                                                                      Spécial Eau                                                                                                     LUNDI 16 OCTOBRE 2017

Ressources hydriques du Maroc

Des réserves à la limite du seuil critique
«Les ressources naturelles en eau au Maroc sont parmi les plus faibles au monde»,              Tangérois, des bassins côtiers méditerra-           danger : «Les volumes annuels des rejets
reconnaît le secrétariat d’État chargé de l’Eau. Ce département estime le potentiel            néens et du Sebou. «Les plus importants             des eaux usées des villes ont fortement                Les volumes
des ressources en eau naturelles à 22 milliards de m³ par an, soit l’équivalent de             systèmes aquifères couvrent une super-              augmenté au cours des dernières décen-                  annuels des
700 m³ par habitant et par an. Ce ratio est «communément admis comme seuil                     ficie totale de près de 80.000 km², soit            nies. Ils sont passés de 48 à 506,2 mil-             rejets des eaux
critique indiquant l’apparition de pénuries et de crise latente d’eau», comme                  environ 10% du territoire», poursuit le             lions de m³/an entre 1960 et 2012. Près
                                                                                                                                                   de 61% de ces volumes sont déversés di-
                                                                                                                                                                                                              usées des
l’indique une étude de ce département ministériel.                                             secrétariat d’État. Cette répartition géo-
                                                                                               graphique inégale est aggravée par la va-           rectement dans l’océan. Le reste (39%)                 villes attein-

L
      e Maroc dispose de l’une des plus        spécialement inégale entre les diffé-           riabilité interannuelle : «Le régime hy-            est rejeté dans le réseau hydrographique              dront 741 mil-
      faibles ressources hydriques au          rentes régions. Selon l’étude déjà citée,       drologique de l’ensemble des bassins est            ou directement dans le sol. Les prévi-                  lions de m³/
      monde, rapporte dans son portail         plus de la moitié de ces ressources sont        caractérisé par une très grande variabilité         sions établies montrent que ces rejets
                                                                                                                                                                                                         an à l’horizon
électronique le secrétariat d’État chargé      concentrées dans les bassins du nord et         interannuelle marquée par l’alternance              continueront à croître rapidement pour
de l’Eau. Si sa position géographique,         le Sebou couvrant                                                                                     atteindre 741 millions de m³/an à l’hori-                    2030.
entre l'Atlantique, la Méditerranée, les       seulement 7% du                                                                                       zon 2030», indique l’étude de 2014.
chaînes de l’Atlas et le Sahara, lui per-      territoire national.                                                                                                                   Samir Benmalek
met de bénéficier de l’une des réserves
de biodiversité la plus riche

de la région,
en     revanche
elle     pénalise
son potentiel en
eau. «Le poten-
tiel des ressources en
eau naturelles est éva-
lué à 22 milliards de m³ par
an. Pour se rendre compte de                                                                                des sé-
la faiblesse de ces réserves, il                                                                       quences humides et
faut avoir à l’esprit que le Maroc                                                                 sèches, intercalées par des
dispose actuellement de 700 m³                                                                 années de forte hydraulicité ou
par an et par habitant». Selon une                                                             de sécheresse sévère. Le bassin
étude sur les sources de pollution de                                                          de l’Ouergha, à titre d’exemple,
l’eau réalisée en 2014 par le minis-                                                           l’un des bassins les plus pro-
tère délégué chargé de l’Eau, ce ratio                                                         ductifs du pays, avec un apport
est «communément admis comme                           D’autre part, le secrétariat d’État     moyen de 2,5 milliards de m³ par
seuil critique indiquant l’apparition                   chargé de l’Eau nous apprend           an, a enregistré des apports extrêmes
de pénuries et de crise latente d’eau».                 que l'écoulement d’eau de sur-         variant de 0,1 milliard de m³ en 1994-
À ce propos, l’Organisation des Nations                face varie de quelques millions         1995 à 4,2 milliards de m³ en 1996-1997.
unies avertissait, lors du Forum mondial       de m³ pour les bassins les plus arides,         La quasi-totalité des 4,2 milliards de m³
de l’eau qui s’est tenu en 2015 à Daegu        tels que les bassins sahariens, du Souss-       a été enregistrée durant les mois de no-
et Gyeongbuk, en Corée du Sud, que le          Massa-Tiznit-Ifni, du Ziz, Rhéris, Guir,        vembre et décembre 1996».
Royaume pourrait subir un stress hy-           Bouâanane et Maïder à des milliards de          Enfin, l’action humaine est la goutte qui
drique dans les 15 prochaines années.          m³ par an pour les bassins les plus ar-         fait déborder le vase. La pollution ur-
À cette rareté s’ajoute une répartition        rosés, tels les bassins du Loukkos, du          baine et industrielle demeure un réel                                                              WORLD RESOURCES INSTITUTE

Changements climatiques

Ces dangers qui pèsent sur les ressources hydriques du Maroc
En plus de disposer de faibles ressources en eau, le Maroc
est également soumis aux risques des changements cli-
matiques et ne réutilise que faiblement les eaux usées. Les
changements climatiques pourraient provoquer un dérè-
glement des régimes naturels saisonniers des oueds, la ré-
duction de la capacité de stockage des retenues des barrages
en raison d’un envasement accéléré par une érosion accen-
tuée des sols des bassins versants.

S
       itué en Afrique et disposant d’une
       façade méditerranéenne impor-
       tante, le Maroc est un pays très vul-
nérable à la variabilité du climat, selon le
quatrième rapport d’évaluation du climat
du Groupe d'experts intergouvernemen-
tal sur l'évolution du climat (GIEC). Les
projections climatiques établies par la
Direction de la météorologie nationale
prévoient une augmentation des tem-
pératures moyennes estivales de l’ordre
de 2 à 6 °C et une régression de 20% en
moyenne des précipitations d’ici la fin
                                                    À la fin du
du siècle. Ce réchauffement climatique               siècle, les
a une incidence directe sur la pluviomé-           projections
trie dont dépendent le taux de remplis-        font état d’une
sage des barrages, la réalimentation des
nappes et les eaux de surface.
                                                    baisse des
En 2014, le ministère de l’Environne-           précipitations
ment, dans une étude intitulée «Poli-                d’environ
tique du changement climatique au Ma-          20% et qu'elle
roc», prévoit une baisse significative des
                                                    atteindrait       Le Maroc est passé d’une sécheresse tous les dix ans pendant les années 1950-1960 à deux à trois sécheresses par décennie depuis les années 1980.
précipitations oscillant entre 3 et 30%
selon les régions, une accélération des          40% dans les         à deux à trois sécheresses par décen-              bit, selon le scénario optimiste, chuter             qui provoquerait l’accentuation de l’ap-
phénomènes extrêmes (notamment les              zones situées         nie depuis les années 1980. Durant la              de -7,6% à l’horizon 2080 et de -40% à               profondissement des niveaux des nappes
sécheresses et les inondations), une ten-          à l’ouest de       période 1955-2004, le Maroc a dû faire             même échéance d’après le scénario pes-               d’eau souterraine et l’augmentation de
dance à la hausse des vagues de chaleur           la chaine de        face à 7 périodes de sécheresse généra-            simiste.                                             la salinité des nappes côtières, en raison
et la baisse des vagues de froid et une élé-                          lisée, dont 5 après 1975. L’École Hassania         D’autres impacts sont également à                    d’une invasion plus importante des eaux
vation du niveau de la mer.
                                                        l'Atlas.      des travaux publics a publié une étude,            craindre à en croire la même étude. Les              marines. Sur un autre chapitre, le Maroc
L’Institut royal des études stratégiques                              «Vulnérabilité et adaptation au change-            changements climatiques pourraient                   laisse filer un filon sans le valoriser : la
rappelle dans son rapport «Le Maroc                                   ment climatique des ressources en eau et           provoquer le dérèglement des régimes                 réutilisation des eaux usées. En mars de
face au changement climatique. Inci-                                  des secteurs socio-économiques clés du             naturels saisonniers des oueds, la réduc-            cette année, la secrétaire d'État chargée
dences sur la trajectoire de développe-                               Maroc». Il en ressort qu’à la fin du siècle,       tion de la capacité de stockage des rete-            de l'Eau, Charafat Afailal, a indiqué que
ment et perspectives d'adaptation» que                                les projections font état d’une baisse des         nues des barrages en raison d’un envase-             le taux de réutilisation des eaux usées
les sécheresses, qui représentent un trait                            précipitations d’environ 20% et qu'elle            ment accéléré par une érosion accentuée              n’est actuellement que de 9%. Le Rap-
structurel de notre climat, sont devenues                             atteindrait 40% dans les zones situées à           des sols des bassins versants, engendrée             port mondial 2017 des Nations unies sur
particulièrement aiguës et fréquentes. Le                             l’ouest de la chaine de l'Atlas. Le barrage        par de fortes intensités de pluie. La su-            l'eau indique que chaque dollar dépensé
Maroc est passé d’une sécheresse tous les                             Idriss 1er sur l’oued Inaouene (bassin du          rexploitation des nappes d’eau souter-               en assainissement en rapporte 5,5. n
dix ans pendant les années 1950-1960                                  Sebou), selon cette étude, verrait son dé-         raines pourrait également s’aggraver, ce                                                         S.B.
L'heure est à l'action - PROBLÉMATIQUE DE L'EAU AU MAROC - EN PARTENARIAT AVEC
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8                                                                                                 Spécial Eau                                                                                            LUNDI 16 OCTOBRE 2017

Dessalement de l’eau de mer

Le Maroc passe à la vitesse supérieure
                                                                                                                                                                                   coûts d’investissements, d’exploitation
                                                                                                                                                                                   et de maintenance plus compétitifs.
                                                                                                                                                                                   L’usine de Souss-Massa est présentée
                                                                                                                                                                                   comme le plus grand projet au monde
                                                                                                                                                                                   de dessalement de l’eau de mer mu-
                                                                                                                                                                                   tualisé d’irrigation et d’eau potable, ali-
                                                                                                                                                                                   menté par des énergies renouvelables.
                                                                                                                                                                                   Censé entrer en service cette année,
                                                                                                                                                                                   ce projet a été relancé en juin dernier.
                                                                                                                                                                                   De nouvelles conventions pour sa réa-
                                                                                                                                                                                   lisation ont été, en effet, signées le 29
                                                                                                                                                                                   juin à Rabat, entre les porteurs du pro-
                                                                                                                                                                                   jet (l’ONEE et le ministère de l’Agri-
                                                                                                                                                                                   culture), le développeur (le consor-
                                                                                                                                                                                   tium mené par la société espagnole
                                                                                                                                                                                   Abengoa) et le financeur, le groupe
                                                                                                                                                                                   BMCE Bank of Africa (voir www.le-
                                                                                                                                                                                   matin.ma). Conformément aux termes
                                                                                                                                                                                   du contrat initial, signé en 2014 avec
                                                                                                                                                                                   l’ONEE (alors unique porteur du pro-
                                                                                                                                                                                   jet), le consortium conduit par Aben-
                                                                                                                                                                                   goa, qui comprend aussi la filiale du
                                                                                                                                                                                   groupe CDG Inframaroc, reste chargé
                                                                                                                                                                                   de la conception, du financement, de
                                                                                                                                                                                   la construction et de l’exploitation de
                                                                                                                                                                                   l’usine de dessalement d’eau de mer,
                                                                                                                                                                                   et ce pour une période de 27 ans (au
                                                                                                                                                                                   lieu de 20 comme initialement pré-
                                                                                                                                                                                   vu). L’usine sera construite à environ
                                                                                                                                                                                   30 km au sud d’Agadir vers Tiznit. Le
                                                                                                                                                                                   coût global s’élève à près 4 milliards de
                                                                                                                                                                                   DH, dont 2 milliards rien que pour la
                                                                                                                                                                                   composante eau potable. Les travaux
                                                                                                                                                                                   devront durer environ 24 mois pour
                                                                                                                                                                                   une mise en service avant fin 2019. Le
                                                                                                                                                                                   projet implique la construction d'une
                                                                                                                                                                                   usine de dessalement avec une capa-
                                                                                                                                                                                   cité de production totale de 275.000 m3
                                                                                                                                                                                   d'eau dessalée par jour. Il prévoit une
                                                                                                                                                                                   capacité au démarrage de 150.000 m3/
                                                                                                                                                                                   jour pour la composante eau potable.
À ce jour, l’ONEE dessert une dizaine de localités en eau potable à partir d'installations de dessalement.                                                                         S’y ajoute une production supplémen-
                                                                                                                                                                                   taire de 125.000 m3/j d'eau d'irrigation
Capitalisant sur une expérience de plus de 40 ans, l’Office national de l’électricité                        avec une capacité de près de 7.000 m3                                 au profit de 13.600 hectares, promue
et de l’eau potable accélère le développement d’usines de dessalement de l’eau de                            par jour pour la première tranche qui                                 par le ministère de l'Agriculture. Le
mer dans plusieurs régions. L’usine de Souss-Massa est présentée comme le plus                               a été renforcée pour atteindre actuel-        La première             contrat prévoit également l'extension
grand projet au monde de dessalement de l’eau de mer mutualisé d’irrigation et                               lement environ 26.000 m3/j après la            installation           possible de la capacité globale (eau
d’eau potable alimenté par des énergies renouvelables.                                                       réalisation de deux autres tranches en                                potable et irrigation) jusqu'à 450.000
                                                                                                                                                            de dessale-
                                                                                                             2005 et 2010.                                                         m3/jour. Selon l’ONEE, pour la com-

P
       our faire face aux besoins crois-              Sud. En effet, la première installation                Aujourd’hui, l’ONEE dessert une di-             ment a été            posante eau potable, le nouveau projet
       sants en eau potable et au stress              de déminéralisation par électrodialyse                 zaine de localités en eau potable à par-      mise en ser-            vise la sécurisation de l’alimentation
       hydrique, le Maroc accélère le                 de l’eau saumâtre a été mise en service                tir du dessalement d’eau de mer pour        vice en 1976 à            en eau potable au profit d’une popula-
développement d’usines de dessale-                    en 1976 à Tarfaya, avec une capacité de                une capacité en service de 100.000 m3/       Tarfaya, avec            tion de 2,3 millions d’habitants à l’ho-
ment de l’eau de mer. Le pays capita-                 production de 75 m3 d'eau dessalée par                 jour. D’autres projets sont en cours de                               rizon 2030 dont 20% en milieu rural. Il
lise sur l’expérience de l’Office natio-              jour. Depuis, plus d'une dizaine de sta-               développement par l’Office à l’hori-         une capacité             permettra également de porter le taux
nal de l’électricité et de l’eau potable              tions de dessalement ont été mises en                  zon 2020, pour une capacité d’environ       de production             d’accès à l’eau potable en milieu rural
(ONEE) qui, depuis les années 1970, a                 service, principalement à Laâyoune,                    300.000 m3/j, notamment à Lâayoune,         de 75 m3 d'eau            à 100% au niveau du Grand Agadir et
réalisé plusieurs projets de stations de              Boujdour, Tarfaya, Tan-Tan et Es-Se-                   Dakhla, Sidi Ifni, Zagora, Tarfaya,           dessalée par            d’accompagner le développement so-
dessalement, essentiellement en vue                   mara. Cela avec parfois des capacités                  Tan Tan, Souss-Massa et Al Hoceïma.                                   cio-économique de la région ainsi que
de répondre aux besoins en eau dans                   plus importantes, notamment le projet                  L’évolution des technologies a incité à
                                                                                                                                                                   jour.           de préserver les ressources en eaux
les villes côtières des provinces du                  de la ville de Laâyoune réalisé en 1995                ce développement, car elle a rendu les                                souterraines. n         Moncef Ben Hayoun

 Maroc-Espagne                                                                                                                     Rapport CESE

                                                                                                                                  Plusieurs stations de dessalement en cours
 12 millions d’euros pour l'usine Al Hoceima et Nador
                                                                                                                                  de réalisation

                                                                                                                                  D
                                                                                                                                           ans son dernier rapport annuel,         cordé à l’augmentation du volume d’eau
                                                                                                                                           le Conseil économique, social et        traitée. Notons ici que la capacité actuelle
                                                                                                                                           environnemental (CESE) a mis            est estimée autour de 109,5 millions de
                                                                                                                                  l’accent sur les actions engagées par le         m3/an et que l’ambition du département
                                                                                                                                  Maroc sur différents niveaux pour pré-           concerné est de renforcer cette capacité
                                                                                                                                  server les ressources hydriques notam-           pour atteindre 400 millions de m3/an en
                                                                                                                                  ment dans le domaine de la rationalisa-          2030. D’ailleurs pour atteindre cet objec-
                                                                                                                                  tion de l’usage de l’eau dans l’irrigation,      tif, plusieurs stations de dessalement sont
                                                                                                                                  l’approvisionnement groupé des zones             en cours de réalisation, notamment dans
                                                                                                                                  rurales en eau potable ou encore le des-         les villes d’Agadir, de Sidi Ifni et de Tan
                                                                                                                                  salement de l’eau de mer. S’agissant de          Tan. Une généralisation de ces procédés
                                                                                                                                  ce dernier procédé, le CESE indique qu’il        qui pourrait, selon le CESE, améliorer
                                                                                                                                  s’agit d’un programme d’une importance           l’offre hydrique dans plusieurs régions
                                                                                                                                  capitale pour certaines régions notam-           touchées par des coupures intermittentes
                                                                                                                                  ment au sud et au nord du pays. Le CESE          et des durées d’arrêt d’approvisionne-
                                                                                                                                  souligne qu’un intérêt particulier est ac-       ment prolongées. n

L’Espagne accorde au Maroc un prêt                    l’eau potable (ONEE) «pour la planifi-
de 12 millions d’euros pour la réalisa-               cation et la construction d’une usine de
tion d’une usine de dessalement d'eau                 dessalement d'eau de mer qui approvi-
de mer                                                sionnera en eau potable les populations
                                                      des régions d’Al Hoceima et Nador».

L
       e gouvernement espagnol, réuni                 L’entreprise fournisseur de ce projet, dé-
                                                                                                                 Le prêt sera
       vendredi en Conseil des ministres,             nommée Tedagua, compte trente ans                      accordé, à tra-
       a approuvé un accord portant sur               d’expérience dans le domaine de des-                    vers le Fonds
l’octroi au Maroc d’un prêt de 12.177.323             salement d’eau de mer et de traitement                 espagnol pour
d’euros pour la réalisation d’une usine               des eaux de manière générale, relève la
de dessalement d'eau de mer qui ap-                   même source.
                                                                                                               l’internatio-
provisionnera en eau potable les régions              Ce projet d’une usine de dessalement                     nalisation de
d’Al Hoceima et Nador.                                d'eau qui sera réalisé au Maroc contri-                   l’entreprise.
Selon un communiqué du gouverne-                      buera au renforcement du positionne-
ment espagnol, le prêt sera accordé, à                ment des entreprises espagnoles actives
travers le Fonds espagnol pour l’inter-               dans le secteur de l’eau au niveau régio-
nationalisation de l’entreprise (FIEM),               nal, conclut la même source. n
à l’Office national de l’électricité et de                                                         L.M.
L'heure est à l'action - PROBLÉMATIQUE DE L'EAU AU MAROC - EN PARTENARIAT AVEC
EN PARTENARIAT AVEC

LUNDI 16 OCTOBRE 2017                                                                            Spécial Eau                                                                                                           9

Développement industriel et préservation des ressources hydriques

Le groupe OCP vise l'autosuffisance

Le groupe OCP, conscient de la problématique de la gestion des ressources hy-                             Programme de réutilisation                    industriel, OCP investit dans le dessale-
drique et des défis que le Maroc doit relever pour assurer la pérennité de cette                          des eaux urbaines                             ment d’eau de mer. Grâce à ce proces-
ressource, ne cesse de déployer d’importantes stratégies pour rationaliser ses be-                        Le Groupe vise la réalisation de plusieurs    sus, le groupe est parvenu à réaliser une
soins et réduire les impacts sur les ressources hydriques.                                                stations d’épuration (Step) des eaux usées    autosatisfaction sans aucune demande
                                                                                                          urbaines et principalement leur réutili-      complémentaire en eaux convention-

L’
           industrie    des     phosphates,            de l’eau sur toute la chaîne de valeur (ac-        sation industrielle à travers des techno-     nelles. Résultat de cette démarche : la
           connue pour être une grande                 tivités minières, transport, valorisation) ;       logies de pointe. Trois Step ont d’ailleurs   plateforme industrielle de Jorf Lasfar
           consommatrice d’eau, met le                 gestion optimale de l’utilisation des res-         été réalisées à Khouribga, Benguerir et       est désormais alimentée par une station            Grâce à la
groupe OCP, leader du secteur, devant le               sources en eau douce ; mobilisation des            Youssoufia, permettant l’épuration et la      de dessalement d’eau de mer récem-                    mise en
défi de rationaliser l’usage de cette res-             ressources en eaux non conventionnelles            réutilisation de plus de 10 millions de m³    ment mise en service avec une capa-            place du pro-
source vitale, compte tenu de la situation             (eaux usées épurées, eaux de mer dessa-            d’eaux usées urbaines par an dans le la-      cité annuelle, pour sa première phase,
                                                                                                                                                                                                        gramme eau,
alarmante de la gestion de l’eau au Maroc.             lées)», note un communiqué du groupe.              vage du phosphate. À noter qu’une partie      de 25 millions de m³. Une autre station
Ainsi, le groupe multiplie les initiatives             L’un des objectifs majeurs de cette straté-        des eaux usées épurées de la Step de Ben-     est prévue à Phosboucraa afin de satis-          plus de 60%
dans ce domaine afin que son dévelop-                  gie est, à juste titre, la concrétisation de son   guerir sert aussi à l’arrosage des espaces    faire les besoins en eau du programme             des besoins
pement industriel soit sans impact sur les             programme industriel en maintenant à un            verts de la Ville verte Mohammed VI. Fait     de développement industriel d’OCP. Au          industriels en
ressources en eau. Grâce à ces efforts, plus           niveau constant sa consommation en res-            remarquable, la valorisation du biogaz        total, le Groupe a ainsi réduit de moitié        eau seront à
de 60% des besoins industriels en eau du               sources en eau conventionnelles, le besoin         issu du processus de traitement des eaux      sa consommation en eau convention-
Groupe seront à terme satisfaits à partir              additionnel étant assuré par le recours aux        usées permet une production d’électri-        nelle à la tonne produite.                       terme satis-
d’eaux non conventionnelles.                           ressources en eaux non conventionnelles.           cité qui couvre les besoins énergétiques      À noter également le Programme d’ad-             faits à partir
En effet, «l’accroissement des capacités                                                                  des Step à hauteur de 30%. Des projets de     duction des eaux de barrage qui re-             des eaux non
du Groupe s’accompagne naturellement                   Slurry Pipeline, pour une                          Step supplémentaires sont aujourd’hui à       présente une solution pérenne pour              convention-
par l’augmentation des besoins en eau.                 optimisation de l’utilisation                      l’étude dans d’autres villes marocaines :     préserver les eaux souterraines. Il se
Dans ce cadre, le Groupe a mis la préser-              de l’eau                                           Kasbat Tadla, Fkih Ben Salah, El Jadida       traduit par le transfert d’eaux de surface
                                                                                                                                                                                                                nelles.
vation des ressources hydriques en tête de             Grâce au Slurry Pipeline reliant Khourib-          et Safi.                                      à partir du barrage Aït Messaoud pour le
ses priorités, l’enjeu majeur étant d’allier           ga à Jorf Lasfar, l’acheminement du phos-                                                        cas de Khouribga et du barrage Al Mas-
rationalisation de l’utilisation de l’eau et           phate lavé sous forme de pulpe permet              Dessalement de l’eau de mer                   sira pour le cas de Gantour (Benguérir et
satisfaction des besoins actuels et futurs             une économie de près de 3 millions de m³           Pour couvrir la totalité des besoins addi-    Youssoufia). n
des installations minières et industrielles.           d’eau par an (pour un objectif de 4,5 mil-         tionnels requis par son développement                                               S.Ba.
De 62 millions de m³ en 2010, ces besoins              lions de m³ avec le second Slurry Pipeline
dépasseront à terme les 160 millions de                reliant Gantour à Safi).
m³ annuellement. Par ailleurs, et grâce à la
mise en place du programme eau, plus de
                                                       Ce mode de transport hydraulique est
                                                       particulièrement écologique, la progres-
                                                                                                          Des programmes d’envergure
60% des besoins industriels en eau seront              sion de la pulpe étant favorisée par la gra-       La Stratégie «Eau» appuie le programme national          ce sont 100 millions de mètres cubes qui seront
à terme satisfaits à partir des eaux non               vité naturelle, ce qui permet de conserver         de protection des ressources en eaux de surface et       produits par désalinisation sur différents sites
conventionnelles», explique le groupe.                 son humidité, tandis que l’intégralité de          souterraines. Pour OCP, l’usage optimisé de l’eau        du Groupe OCP. Pour ce qui est du recyclage des
Un programme qui s’inscrit en droite ligne             l’eau servant à son transport est réutilisée       est devenu un élément stratégique de ses projets         boues de lavage, OCP a mis en place à Khouribga et
avec la devise du Groupe : assurer une                 au niveau des installations de valorisation        industriels qui est en train d’être intégré harmo-       à Youssoufia des usines de lavage équipées de sys-
croissance industrielle à la fois prospère et          du phosphate. Le Groupe est également              nieusement dans un nouveau concept d’inves-              tèmes de décantation des boues et de traitement
durable.                                               engagé dans la récupération et le recy-            tissement plus respectueux de l’environnement.           des eaux usées, ainsi que des systèmes de recy-
                                                       clage de plus de 80% des eaux utilisées            Le Groupe a mis en place des programmes qui              clage qui permettront d’économiser et de récupé-
Industrie éco-reponsable,                              dans les procédés d’enrichissement, en             valorisent mieux les ressources en eau comme la          rer annuellement environ 5,8 millions de mètres
une stratégie concrète                                 système continu, par lavage-flottation au          désalinisation d’eau de mer, le retraitement des         cubes d’eau. Des projets similaires sont à l’étude
Pour OCP, le besoin en eau est certes très             niveau des unités des sites de production          eaux usées domestiques urbaines, le recyclage de         pour Benguerir. Autre programme, et pas des
grand à chaque étape de la chaîne de va-               du Groupe : Khouribga, Youssoufia et               l’eau boueuse, ainsi que la récolte et le stockage       moindres : le recyclage de l’eau urbaine à Khou-
leur, mais le groupe en a fait un élément              prochainement Laâyoune. Cette perfor-              des excédents d’eau de pluie. La désalinisation de       ribga. Ce projet, mené conjointement avec l’Office
incontournable dans la réalisation de ses              mance est le résultat des améliorations            l’eau permettra de satisfaire la demande en eau de       national de l’électricité et de l’eau potable, permet
projets industriels en intégrant la préser-            apportées au procédé, aux équipements              la plateforme de Jorf Lasfar. Elle se fera en utili-     le traitement et le recyclage annuels de 5 millions
vation durable de l’eau sur tout son pro-              de séparation et de décantation utilisés et        sant l’énergie récupérée du processus industriel.        de mètres cubes d’eau qui seront utilisés pour le
cessus de production. À cet effet, et afin de          au système de pilotage et de suivi instauré.       Elle permettra de satisfaire les besoins de la pla-      lavage des boues et l’arrosage des espaces verts
«garantir une gestion intégrée et durable              Grâce à l’adoption de nouvelles technolo-          teforme de Jorf Lasfar, estimés à 47 millions de         urbains. Deux projets identiques sont en cours
des ressources hydriques, le Groupe a mis              gies, la consommation spécifique en eau            mètres cubes d’eau douce par an, et remplacera           de réalisation à Benguerir et à Youssoufia avec
en place une Stratégie Eau qui repose sur              dans les nouvelles unités de valorisation          à terme les 25 millions de mètres cubes pompés           des capacités respectives de 2,6 et 2,7 millions de
trois leviers : optimisation de l’utilisation          industrielle est également réduite de 25%.         annuellement au barrage de Daourat. Par la suite,        mètres cubes par an.                      (Source : OCP)
L'heure est à l'action - PROBLÉMATIQUE DE L'EAU AU MAROC - EN PARTENARIAT AVEC
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