L'heure est à l'action - PROBLÉMATIQUE DE L'EAU AU MAROC - EN PARTENARIAT AVEC
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AL CI PÉ S DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : MOHAMMED HAITAMI LUNDI 16 OCTOBRE 2017 PROBLÉMATIQUE DE L’EAU AU MAROC L'heure est à l'action EN PARTENARIAT AVEC
EN PARTENARIAT AVEC 2 Spécial Eau LUNDI 16 OCTOBRE 2017 Problématique de l’eau au Maroc Priorité à la rationalisation des ressources hydriques L ors du Conseil des ministres pré- raison de la forte démographie et du tionale de l'eau, tente d'apporter des maine de l’agriculture par exemple, les sidé, lundi 2 octobre dernier, par changement climatique, entre autres, la solutions aux problèmes de l'augmen- pouvoirs publics ont compris qu’il exis- S.M. le Roi Mohammed VI, le part d’eau réservée pour chaque Maro- tation de la demande, de la pollution des tait une dualité entre les zones irriguées Souverain a donné ses Hautes Orien- cain peut chuter à 700 mètres cubes par ressources et de la gouvernance dans la et les zones pluviales. Le Maroc s’est très tations au Chef du gouvernement pour an, alors qu’elle était de 2.500 mètres gestion de ces ressources. Ce plan, qui tôt orienté vers la création de grands qu'il préside une commission qui se cubes en 1960. Elle a même exhorté les a pour objectif de répondre aux be- barrages alimentant des périmètres ir- penchera sur le problème du manque autorités à intervenir pour appliquer soins du Maroc en eau à l'horizon 2030, rigués qui contribuent de manière pré- d'eau potable et des eaux d'irrigation avec plus de rigueur la loi 10-95 sur est une synthèse des plans directeurs pondérante à la production agricole. dans les zones rurales et montagneuses. l’eau, généraliser les techniques d’ir- d'aménagement intégré des ressources Plus de 140 grands barrages et plus de Cette commission ministérielle, qui doit rigation moderne pour mettre fin au hydrauliques, élaborés par les Agences 200 petits barrages en exploitation ont se réunir dans les prochains jours, aura gaspillage qui conduit à l’épuisement des bassins hydrauliques du Maroc, dit- été recensés. Un patrimoine, auquel pour mission d’accompagner les actions des nappes phréatiques, opter pour le elle. s’ajoutera à l’horizon 2030 une trentaine et les efforts menés par le secrétariat dessalement de l’eau de mer et surtout Le plan ambitionne de réaliser 167 de grands barrages portant l’effectif d’État en charge de l’Eau dans la mise en sensibiliser l’ensemble de la population projets à l’horizon de 2030 répartis dans cette catégorie à 170, sans compter place du Plan national de l’eau, en tant à la nécessité de préserver l’eau, denrée sur 9 bassins hydrauliques, à savoir le Un rapport ceux réalisés par les particuliers. À titre que plan stratégique à même d’assurer névralgique. Loukkos, Moulouya, Sebou, Bouregreg de la Banque d’exemple, la zone d’action de l’Agence la sécurité hydrique du Royaume. Les Hautes Orientations royales in- Chaouia, Oum Errabia, Tensift, Souss- mondiale du bassin hydraulique de l’Oum Errabia Pour rappel, la Stratégie nationale de terviennent quelques jours après les Massa-Draa, Guirziz Rhéris et Sakia El compte 15 grands barrages qui permet- l’eau, présentée devant S.M. le Roi par le mesures d'urgence dévoilées par Saâd Hamra-Oued Eddahab. Il prévoit éga- publié en tent de mobiliser, en moyenne, près de département de l’Eau et de l’environne- Eddine El Othmani et qui consistent à lement la mise en place de mesures lé- mai dernier a 3.550 millions m³, selon des données ment le 14 avril 2009 à Fès, et qui visait à trouver des solutions d’ordre straté- gislatives et réglementaires pour pro- indiqué que officielles. Le potentiel de la région en pousser les mobilisations des ressources gique à travers notamment la mise en mouvoir la réutilisation contrôlée des le Maroc est termes d’ouvrages hydrauliques se ren- non conventionnelles en eau à un degré œuvre de tous les décrets organiques eaux usées. Il s’agit en l’occurrence de forcera par la construction de grands parmi les pays optimal en agissant parallèlement sur la relatifs à la loi sur l’eau. la révision des normes de réutilisa- barrages, notamment ceux de Tagzirte, rationalisation de la demande, de l’offre Pour la ministre déléguée chargée de tion des eaux usées en irrigation, selon qui seront d’Ouzoud et de Tioughza, ainsi que la et de l’environnement, n’a pas donnée l'Eau, Charafat Afailal, le nouveau Plan l’approche et les nouvelles directives confrontés à construction de barrages consacrés à la ses fruits. À cela s’ajoute l’inadaptation de l'eau, qui traite de toutes les problé- de l’OMS (Organisation mondiale de la la rareté de production de l’hydroélectricité dans du cadre juridique et de la gouvernance matiques concernant la gestion des res- santé), la fixation des normes de réuti- l'eau à l'ho- les provinces de Béni Mellal, Azilal et de l’eau de manière concertée avec sources hydrauliques, est érigé en prio- lisation des eaux usées pour les usages Khénifra. l’ensemble des acteurs du secteur. rité en vue d'accompagner les grands non couverts par les normes actuelles rizon 2020 à Les ressources en eau de la région Tan- Il faut dire que la situation est grave projets mis en œuvre au Maroc et les (recharge de nappes, usage industriel…), cause de la ger-Tétouan-Al Hoceïma seront aussi et la question de l’eau et de la sécurité politiques sectorielles de développe- la réglementation des déversements en sécheresse et renforcées d'environ 1 milliard de m³ hydrique est cruciale pour le dévelop- ment. Mme Afailal explique que ce pro- mer, ainsi que la réglementation de la de la surex- supplémentaires grâce à la construction pement durable du pays. D’ailleurs, un jet, qui a pour objectif de préserver les gestion, de la valorisation et de l’élimi- de cinq nouveaux barrages, d'une ca- rapport de la Banque mondiale publié ressources, les diversifier et mieux les nation des boues d’épuration. ploitation des pacité d'environ 1 milliard de m◊ d'eau. en mai dernier a indiqué que le Maroc gérer, s’inscrit dans le cadre des actions C’est pourquoi le gouvernement a per- nappes phréa- Tous ces barrages seront encadrés par est parmi les pays qui seront confron- menées par son département pour l’en- fectionné un Plan de réutilisation des tiques. un dispositif juridique et règlementaire tés à la rareté de l'eau à l'horizon 2020 couragement et la promotion de l’uti- eaux usées, qui vise deux objectifs es- qui garantit leur sécurité. D’où l’intérêt à cause de la sécheresse et de la surex- lisation des eaux usées épurées, tous sentiels, à savoir l’éradication de l’uti- de la loi qui viendra fixer les règles re- ploitation des nappes phréatiques, ce usages confondus, notamment l’arro- lisation non contrôlée des eaux usées latives à la sécurité des barrages, en vue qui lui coûterait 6% du PIB (produit in- sage des espaces verts et des golfs, l’irri- d’ici 2020 et la réutilisation d’une ma- d’assurer la protection des personnes et térieur brut). Et la société civile n’a de gation et l’industrie. La ministre relève nière directe ou indirecte de la totalité des biens contre les risques associés à la cesse de tirer la sonnette d’alarme quant que ce nouveau plan, qui constitue la du potentiel en eau utilisable d’ici 2030, présence de ces ouvrages. n à la pénurie d’eau en déclarant qu’en référence principale de la politique na- soit 325 millions de m³/an. Dans le do- El Mahjoub Rouane
EN PARTENARIAT AVEC 4 Spécial Eau LUNDI 16 OCTOBRE 2017 Stress hydrique Charafat Afailal «optimiste» quant à l'avenir de l’eau au Maroc veau du Conseil supérieur de l'eau et du climat, du Conseil de bassin et des Com- missions préfectorales et provinciales de l’eau, avec des quotas réservés aux femmes, s’est-elle réjouie. La loi 36-15 relative à l’eau a aussi donné la possi- bilité aux usagers de l’eau ou à leurs as- sociations de participer à la gestion du domaine public hydraulique dans un cadre contractuel définissant les droits et les obligations des contractants, a-t- elle poursuivi. S’agissant des préparatifs de son dé- partement à la COP 23, prévue le mois prochain à Bonn, Mme Afailal a relevé la participation du Maroc à la deuxième Conférence internationale sur l’eau et le climat (CIEC), tenue les 3 et 4 octobre à Marseille, et qui a consisté principale- ment à présenter le bilan d’étape COP 22-COP 23 ainsi qu’à participer à la réu- nion préparatoire de la journée d’action eau. Dans le cadre de l’Initiative Water for Africa, lancée par la réunion des mi- nistres africains lors de la CIEC tenue à Rabat en juillet 2016, le secrétariat d'État à l'Eau organisera un Side-Event sur cette initiative dans le pavillon Maroc lors de la COP 23, a-t-elle indiqué. Cette initiative a pour objectif de concrétiser l’Appel de Rabat à travers notamment Mme Afailal : �Il est nécessaire d’adopter un mode de gouvernance favorisant la participation et la responsabilisation des acteurs dans le respect de la réglementation et basé notamment sur les dispositions de la nouvelle loi relative à l’eau�. l’élaboration et l’adoption d’un plan d’action prioritaire (PAP) pour la réali- La secrétaire d’État chargée de l’Eau, Charafat Afailal, se dit optimiste quant à positions de la nouvelle loi 36-15 rela- sation des Objectifs du développement l’avenir de l’eau au Maroc, et ce en dépit du contexte de rareté et de la menace des tive à l’eau», a-t-elle martelé. durable (ODD) en Afrique, l’améliora- changements climatiques. Dans le cadre de la gouvernance, la res- La loi 36-15 tion et la facilitation de l’accès des pro- ponsable a fait état de la réalisation de relative à l’eau jets africains aux financements climat «On se doit d’être optimiste, de prendre de nous des sacrifices» pour combiner projets de partenariat avec la société existants, ainsi que le renforcement des a aussi donné des décisions et d'engager des réformes la mobilisation des ressources en eau civile, en particulier dans le domaine capacités et de la coopération, notam- courageuses pour infléchir la tendance conventionnelles et non convention- de l’eau potable et de l’assainissement la possibilité ment Sud-Sud, pour l’échange et la dif- de surexploitation des ressources renou- nelles «de plus en plus chères», la ges- en milieu rural, faisant savoir que les aux usagers fusion du savoir-faire et des bonnes pra- velables, d'assurer une gestion viable de tion de la demande, la rationalisation et Agences de bassins hydrauliques oc- de l’eau ou à tiques, a rappelé Mme Afailal. l’eau et d'être au rendez-vous», a dit l’efficience de l’utilisation de l’eau et la troient des aides aux associations de Le Maroc contribue également à la Jour- leurs asso- Mme Afailal dans une interview accor- lutte contre la pollution. la société civile qui entreprennent des née de l’Action Eau «Water Day», dont dée à la MAP. «L’approvisionnement Afin de relever ce défi, elle juge néces- opérations visant la préservation et la ciations de l’organisation à la COP 23 a été confir- en eau du pays à long terme dans un saire d’adopter un mode de gouvernance gestion durable de l’eau. participer à la mée par le Global Climate Action Agen- contexte de rareté et sous la menace des favorisant la participation et la respon- Interrogée sur l’implication de la so- gestion du do- da et qui a pour objectif de permettre changements climatiques est un défi à sabilisation des acteurs dans le respect ciété civile dans le processus décision- maine public aux communautés internationales de relever. C’est un challenge difficile, mais de la réglementation et basé notamment nel en matière de gestion de l’eau, elle l’eau et du climat de poursuivre leur faisable si on s’y prend convenablement sur les dispositions de la nouvelle loi re- a indiqué que la loi 36-15 a renforcé la hydraulique plaidoyer afin de mettre les enjeux liés à dès à présent», a-t-elle assuré. Pour Mme lative à l’eau. «C’est ce mode de gouver- participation de la société civile dans la dans un cadre l’eau au cœur des négociations des par- Afailal, la sécurité hydrique et l’appro- nance que nous voulons mettre en place gestion de l’eau. La société civile a ainsi contractuel. ties, a-t-elle renchéri. n visionnement durable en eau «exigent en nous basant notamment sur les dis- vu sa représentation renforcée au ni- Soumia Al Arkoubi - MAP Vision stratégique La mise à jour de l'arsenal réglementaire est inévitable La secrétaire d’État chargée de l’Eau, Charafat Afailal, a promis une mise à jour de l’arsenal réglementaire en vigueur pour l’application des lois relatives à l’eau et aux barrages et une rentrée sous le signe de la coopération Sud-Sud. «C e qui est prévu dans le les domaines de l'eau, de l'assainisse- programme de l’actuel ment et de la météorologie, en signant gouvernement, c’est la plusieurs accords dans ces domaines et mise en application de ces deux lois» en explorant de nouvelles opportunités (la loi relative à l’eau et la loi relative à de coopération et de renforcement des la sécurité des barrages, ndlr), a déclaré capacités, a-t-elle ajouté. Le secrétariat Mme Afailal dans une interview accor- d’État chargé de l’Eau s’engage égale- dée à la MAP. S’agissant de la nouvelle ment à poursuivre le processus prépa- loi relative à l’eau, la secrétaire d’État a ratoire de la sixième édition du Grand fait état de la programmation de la mise Prix mondial Hassan II de l’Eau, qui sera Le secrétariat à jour et de l’élaboration d’une tren- organisée lors du huitième Forum mon- taine de décrets, précisant que 6 projets dial de l’eau (18-23 mars 2018 à Brasi- d’État char- de décret sont préparés et 4 en cours lia), notamment par la tenue de la deu- gé de l’Eau de préparation. Pour ce qui est de la loi xième réunion du comité permanent de s’engage à 30-15 relative à la sécurité des barrages, ce Grand Prix, a-t-elle poursuivi. poursuivre le elle a indiqué que le décret et les arrêtés Dans le cadre de ces préparatifs, la se- une occasion pour mettre en exergue les veau global et de l’Afrique en particulier d’application sont en cours d’élabora- crétaire d’État a annoncé la tenue de la processus pré- progrès réalisés et les efforts entrepris (arrêt sur les efforts du secrétariat d’État tion. première réunion du jury vers la fin du paratoire de la par le Maroc dans le secteur de l’eau, chargé de l’Eau pour l’opérationnali- Pour cette rentrée, le secrétariat d’État mois de janvier 2018 et l’organisation sixième édi- que ce soit en termes de réalisation d’in- sation effective de l’initiative Water for chargé de l’Eau prévoit de consolider d’une matinée d’information durant tion du Grand frastructures hydrauliques, d’améliora- Africa), selon la responsable. Ainsi, les l'orientation stratégique globale choi- ce mois d’octobre au profit du monde tion de la gouvernance ou bien d’avan- grands sujets qui ont été débattus lors de sie par le Royaume pour développer académique et universitaire, des par- Prix mondial cement dans la réalisation des Objectifs cette semaine traduisent des défis pour davantage la coopération Sud-Sud et tenaires au développement et des re- Hassan II de du développement durable liés à l’Eau, la communauté internationale, en rela- faire face aux aléas climatiques et leurs présentants du Système des Nations l’Eau. a-t-elle précisé. L’événement a aussi été tion avec le développement durable, et répercussions, non seulement sur le unies. Mme Afailal a également évoqué l’opportunité de «réaffirmer la détermi- qui sont de nature sociale, économique développement en Afrique, mais aussi la participation du Maroc à la «Semaine nation du Royaume à militer pour que et environnementale et en lien avec le sur la paix et la sécurité. Il prévoit éga- mondiale de l’eau» à Stockholm, un les questions liées à l’eau soient qua- partenariat. Tous ces défis font déjà par- lement un échange d’expériences et de événement qui a permis, entre autres, lifiées de prioritaires et aient une place tie de l’agenda et des priorités définies bonnes pratiques, en particulier avec les de faire le point sur les initiatives «eau centrale au cœur des négociations et des par le secrétariat d’État chargé de l’Eau pays africains dans le cadre de la coopé- et climat» de l’Agenda de l’action cli- débats», a-t-elle enchaîné. qui a anticipé la mise en œuvre de plu- ration Sud-Sud et la coopération trian- matique et sur l’initiative Water for Cette semaine a également permis d’in- sieurs actions inscrites dans ces axes, gulaire, a fait savoir la responsable. Africa qui sera présentée prochaine- viter les différents acteurs politiques, dans le cadre du programme du gouver- Le département envisage le renforce- ment au Conseil des ministres africains institutionnels, techniques et financiers nement et en respect des engagements ment des efforts de coopération entre pour l’eau (AMCOW). La participation à s’engager et à se mobiliser en faveur de internationaux du Maroc, a conclu la le Maroc et ses partenaires internatio- de la délégation marocaine à cette ma- la cause de l’eau et de confirmer l’im- grande responsable de l’eau au Maroc. n naux (bilatéraux et multilatéraux) dans nifestation internationale a constitué portance de la justice climatique au ni- S.A.A. - MAP
EN PARTENARIAT AVEC LUNDI 16 OCTOBRE 2017 Spécial Eau 5 Entretien avec Ahmed Iraqi, président de l’Association Plan national de l’eau marocaine sur le climat et l’environnement Priorité à la préservation et la valorisation «La pénurie des ressources en eau est aggravée par la mauvaise gestion» des ressources hydriques Le Matin : Quel diagnostic faites-vous de la situation de l’eau au Maroc ac- tuellement ? Ahmed Iraqi : Pour résumer la situa- tion de l’eau au Maroc, on peut parler de 150 milliards de m³ de précipitations chaque année, d’un potentiel de mo- bilisation de ces eaux à hauteur de 21 Ahmed Iraqi. milliards de m³ et d’une consomma- tion avoisinant les 14 milliards de m³. Il s’agit là d’une réalité qu’il faut gérer. En ce qui concerne les barrages, malheureusement leur gestion reste toujours favorable aux gros propriétaires terriens et c’est d’ailleurs là le point de départ de la loi sur l’eau élaborée en 1995. Dans Changements climatiques, raréfaction des ressources hydriques… le Maroc n’est ce premier pilier prévoit le prolongement cette loi, nous avons essayé de rendre équitable la distribu- pas le seul pays du monde à souffrir des problèmes liés à l’eau potable, mais il fait du programme de reconversion à l’irri- tion de cette eau mobilisable. On a d’ailleurs mis en route partie des pays qui disposent des plus faibles ressources en cette substance vitale. gation localisée basée sur les objectifs du le Conseil supérieur de l’eau afin de définir une stratégie de Pour faire face à cette problématique, le gouvernement a procédé à l’élaboration Plan Maroc vert (2020) jusqu’à l’horizon l’eau ainsi que les agences des bassins pour veiller sur sa du Plan national de l’eau. Celui-ci a pour objectif de préserver les ressources, de 2030. La poursuite de la mobilisation des distribution. les valoriser et de mieux les gérer. eaux de surface par les barrages ainsi que la mise en valeur locale des eaux de sur- Et qu’est-ce qui s’est passé depuis ? L es changements climatiques et solidarité dans ses diverses dimensions. face par le biais des petits barrages font Malheureusement, depuis 1995 et jusqu’à aujourd’hui, le la raréfaction des ressources hy- Les plans d’action se basent également partie des composantes du deuxième pi- Conseil supérieur dont la mission est politique ne s’est réuni driques ont placé le secteur de l’eau sur la promotion de la bonne gouver- lier du PNE relatif au développement de que très rarement et les agences du bassin se sont retrouvées au Maroc au centre des intérêts des pou- nance du secteur de l’eau et la recherche l’offre. Dans le même sens, les autorités obligées de gérer en fonction des lois antérieures. Ainsi, voirs publics, et ce en raison de son rôle de l’efficacité de l’action des acteurs. La prévoient de recourir aux ressources en l’eau des barrages a continué à bénéficier aux gros proprié- déterminant dans la sécurité hydrique du recherche de la convergence et la mise eau non conventionnelles, notamment le taires terriens alors que la gestion de l’eau consommable a pays et l’accompagnement de son déve- en cohérence des programmes sectoriels dessalement de l’eau de mer et la réutilisa- été déléguée à des agences privées. loppement, notamment l’agriculture irri- ainsi que la recherche des mécanismes tion des eaux usées épurées et la possibi- Ces agences reçoivent l’eau en contrepartie d’un montant guée. C’est dans ce sens que le ministère et des moyens de financement du sec- lité de transférer l’eau à partir des bassins dérisoire. Cette même eau est revendue aux consommateurs délégué chargé de l’Eau a élaboré le Plan teur de l’eau combinant les subventions excédentaires en eau du nord-ouest vers à des prix élevés. Donc je peux dire que la problématique est national de l’eau (PNE), qui constitue le publiques et le recouvrement direct des les bassins déficitaires du centre-ouest. encore à résoudre et il va falloir revenir à un projet partagé prolongement des orientations de la Stra- coûts par les tarifs des services de l’eau fi- Quant à la préservation des ressources en de gestion de l’eau. tégie nationale de l’eau présentée au Sou- gurent également sur cette liste, lit-on sur eau du milieu naturel et l’adaptation aux verain le 14 avril 2009 à Fès. le document de présentation du PNE éla- changements climatiques, le PNE en a fait Peut-on aujourd’hui parler d’une pénurie d’eau au Maroc ? Se basant sur trois fondements, le plan boré par le ministère de tutelle. S’agissant son troisième pilier. Se basant sur la pré- Oui effectivement, on peut parler d’une pénurie de l’eau, en question a pris en considération plu- des piliers du PNE, le ministère précise servation de la qualité des ressources en mais qui est aggravée par la mauvaise gestion des ressources. sieurs éléments relatifs à la nature des qu’il s’agit premièrement de la gestion de eau et la lutte contre la pollution ainsi que À mon avis, il faut revenir à la loi et essayer de l’appliquer ressources en eau du pays. Selon le mi- la demande en eau et de la valorisation de sur la protection et la gestion durable des dans les règles de l’art. Il y a beaucoup de compétences qui nistère de tutelle, la liste des principes pris l’eau. À ce niveau, et notamment en ce eaux souterraines, ce volet stratégique ont beaucoup à apporter dans ce sens, mais le problème en considération dans l’élaboration des qui concerne le domaine de l’eau potable, repose également sur l’aménagement reste ouvert sur le meilleur comme le pire. Aujourd’hui, le plans d’action du PNE comprend, entre le ministère précise qu’en plus des objec- et la protection des bassins versants et la Chef du gouvernement s’est emparé du dossier après les ins- autres, la gestion intégrée et concertée de tifs de généralisation de l’accès à l’eau po- sauvegarde et la préservation des zones tructions royales données dans ce sens. On verra dans les la demande, le renforcement de la sécu- table, il est question de l’amélioration des sensibles, notamment les zones humides prochains jours ce qu’il pourra apporter à une probléma- rité hydrique du pays et l’adaptation aux rendements des réseaux de distribution et les oasis. n tique aussi simple que compliquée. n changements climatiques ainsi que la d’eau potable. Dans le domaine agricole, Ayoub Lahrache propos recueillis par A.L.
EN PARTENARIAT AVEC 6 Spécial Eau LUNDI 16 OCTOBRE 2017 Ressources hydriques du Maroc Des réserves à la limite du seuil critique «Les ressources naturelles en eau au Maroc sont parmi les plus faibles au monde», Tangérois, des bassins côtiers méditerra- danger : «Les volumes annuels des rejets reconnaît le secrétariat d’État chargé de l’Eau. Ce département estime le potentiel néens et du Sebou. «Les plus importants des eaux usées des villes ont fortement Les volumes des ressources en eau naturelles à 22 milliards de m³ par an, soit l’équivalent de systèmes aquifères couvrent une super- augmenté au cours des dernières décen- annuels des 700 m³ par habitant et par an. Ce ratio est «communément admis comme seuil ficie totale de près de 80.000 km², soit nies. Ils sont passés de 48 à 506,2 mil- rejets des eaux critique indiquant l’apparition de pénuries et de crise latente d’eau», comme environ 10% du territoire», poursuit le lions de m³/an entre 1960 et 2012. Près de 61% de ces volumes sont déversés di- usées des l’indique une étude de ce département ministériel. secrétariat d’État. Cette répartition géo- graphique inégale est aggravée par la va- rectement dans l’océan. Le reste (39%) villes attein- L e Maroc dispose de l’une des plus spécialement inégale entre les diffé- riabilité interannuelle : «Le régime hy- est rejeté dans le réseau hydrographique dront 741 mil- faibles ressources hydriques au rentes régions. Selon l’étude déjà citée, drologique de l’ensemble des bassins est ou directement dans le sol. Les prévi- lions de m³/ monde, rapporte dans son portail plus de la moitié de ces ressources sont caractérisé par une très grande variabilité sions établies montrent que ces rejets an à l’horizon électronique le secrétariat d’État chargé concentrées dans les bassins du nord et interannuelle marquée par l’alternance continueront à croître rapidement pour de l’Eau. Si sa position géographique, le Sebou couvrant atteindre 741 millions de m³/an à l’hori- 2030. entre l'Atlantique, la Méditerranée, les seulement 7% du zon 2030», indique l’étude de 2014. chaînes de l’Atlas et le Sahara, lui per- territoire national. Samir Benmalek met de bénéficier de l’une des réserves de biodiversité la plus riche de la région, en revanche elle pénalise son potentiel en eau. «Le poten- tiel des ressources en eau naturelles est éva- lué à 22 milliards de m³ par an. Pour se rendre compte de des sé- la faiblesse de ces réserves, il quences humides et faut avoir à l’esprit que le Maroc sèches, intercalées par des dispose actuellement de 700 m³ années de forte hydraulicité ou par an et par habitant». Selon une de sécheresse sévère. Le bassin étude sur les sources de pollution de de l’Ouergha, à titre d’exemple, l’eau réalisée en 2014 par le minis- l’un des bassins les plus pro- tère délégué chargé de l’Eau, ce ratio ductifs du pays, avec un apport est «communément admis comme D’autre part, le secrétariat d’État moyen de 2,5 milliards de m³ par seuil critique indiquant l’apparition chargé de l’Eau nous apprend an, a enregistré des apports extrêmes de pénuries et de crise latente d’eau». que l'écoulement d’eau de sur- variant de 0,1 milliard de m³ en 1994- À ce propos, l’Organisation des Nations face varie de quelques millions 1995 à 4,2 milliards de m³ en 1996-1997. unies avertissait, lors du Forum mondial de m³ pour les bassins les plus arides, La quasi-totalité des 4,2 milliards de m³ de l’eau qui s’est tenu en 2015 à Daegu tels que les bassins sahariens, du Souss- a été enregistrée durant les mois de no- et Gyeongbuk, en Corée du Sud, que le Massa-Tiznit-Ifni, du Ziz, Rhéris, Guir, vembre et décembre 1996». Royaume pourrait subir un stress hy- Bouâanane et Maïder à des milliards de Enfin, l’action humaine est la goutte qui drique dans les 15 prochaines années. m³ par an pour les bassins les plus ar- fait déborder le vase. La pollution ur- À cette rareté s’ajoute une répartition rosés, tels les bassins du Loukkos, du baine et industrielle demeure un réel WORLD RESOURCES INSTITUTE Changements climatiques Ces dangers qui pèsent sur les ressources hydriques du Maroc En plus de disposer de faibles ressources en eau, le Maroc est également soumis aux risques des changements cli- matiques et ne réutilise que faiblement les eaux usées. Les changements climatiques pourraient provoquer un dérè- glement des régimes naturels saisonniers des oueds, la ré- duction de la capacité de stockage des retenues des barrages en raison d’un envasement accéléré par une érosion accen- tuée des sols des bassins versants. S itué en Afrique et disposant d’une façade méditerranéenne impor- tante, le Maroc est un pays très vul- nérable à la variabilité du climat, selon le quatrième rapport d’évaluation du climat du Groupe d'experts intergouvernemen- tal sur l'évolution du climat (GIEC). Les projections climatiques établies par la Direction de la météorologie nationale prévoient une augmentation des tem- pératures moyennes estivales de l’ordre de 2 à 6 °C et une régression de 20% en moyenne des précipitations d’ici la fin À la fin du du siècle. Ce réchauffement climatique siècle, les a une incidence directe sur la pluviomé- projections trie dont dépendent le taux de remplis- font état d’une sage des barrages, la réalimentation des nappes et les eaux de surface. baisse des En 2014, le ministère de l’Environne- précipitations ment, dans une étude intitulée «Poli- d’environ tique du changement climatique au Ma- 20% et qu'elle roc», prévoit une baisse significative des atteindrait Le Maroc est passé d’une sécheresse tous les dix ans pendant les années 1950-1960 à deux à trois sécheresses par décennie depuis les années 1980. précipitations oscillant entre 3 et 30% selon les régions, une accélération des 40% dans les à deux à trois sécheresses par décen- bit, selon le scénario optimiste, chuter qui provoquerait l’accentuation de l’ap- phénomènes extrêmes (notamment les zones situées nie depuis les années 1980. Durant la de -7,6% à l’horizon 2080 et de -40% à profondissement des niveaux des nappes sécheresses et les inondations), une ten- à l’ouest de période 1955-2004, le Maroc a dû faire même échéance d’après le scénario pes- d’eau souterraine et l’augmentation de dance à la hausse des vagues de chaleur la chaine de face à 7 périodes de sécheresse généra- simiste. la salinité des nappes côtières, en raison et la baisse des vagues de froid et une élé- lisée, dont 5 après 1975. L’École Hassania D’autres impacts sont également à d’une invasion plus importante des eaux vation du niveau de la mer. l'Atlas. des travaux publics a publié une étude, craindre à en croire la même étude. Les marines. Sur un autre chapitre, le Maroc L’Institut royal des études stratégiques «Vulnérabilité et adaptation au change- changements climatiques pourraient laisse filer un filon sans le valoriser : la rappelle dans son rapport «Le Maroc ment climatique des ressources en eau et provoquer le dérèglement des régimes réutilisation des eaux usées. En mars de face au changement climatique. Inci- des secteurs socio-économiques clés du naturels saisonniers des oueds, la réduc- cette année, la secrétaire d'État chargée dences sur la trajectoire de développe- Maroc». Il en ressort qu’à la fin du siècle, tion de la capacité de stockage des rete- de l'Eau, Charafat Afailal, a indiqué que ment et perspectives d'adaptation» que les projections font état d’une baisse des nues des barrages en raison d’un envase- le taux de réutilisation des eaux usées les sécheresses, qui représentent un trait précipitations d’environ 20% et qu'elle ment accéléré par une érosion accentuée n’est actuellement que de 9%. Le Rap- structurel de notre climat, sont devenues atteindrait 40% dans les zones situées à des sols des bassins versants, engendrée port mondial 2017 des Nations unies sur particulièrement aiguës et fréquentes. Le l’ouest de la chaine de l'Atlas. Le barrage par de fortes intensités de pluie. La su- l'eau indique que chaque dollar dépensé Maroc est passé d’une sécheresse tous les Idriss 1er sur l’oued Inaouene (bassin du rexploitation des nappes d’eau souter- en assainissement en rapporte 5,5. n dix ans pendant les années 1950-1960 Sebou), selon cette étude, verrait son dé- raines pourrait également s’aggraver, ce S.B.
EN PARTENARIAT AVEC 8 Spécial Eau LUNDI 16 OCTOBRE 2017 Dessalement de l’eau de mer Le Maroc passe à la vitesse supérieure coûts d’investissements, d’exploitation et de maintenance plus compétitifs. L’usine de Souss-Massa est présentée comme le plus grand projet au monde de dessalement de l’eau de mer mu- tualisé d’irrigation et d’eau potable, ali- menté par des énergies renouvelables. Censé entrer en service cette année, ce projet a été relancé en juin dernier. De nouvelles conventions pour sa réa- lisation ont été, en effet, signées le 29 juin à Rabat, entre les porteurs du pro- jet (l’ONEE et le ministère de l’Agri- culture), le développeur (le consor- tium mené par la société espagnole Abengoa) et le financeur, le groupe BMCE Bank of Africa (voir www.le- matin.ma). Conformément aux termes du contrat initial, signé en 2014 avec l’ONEE (alors unique porteur du pro- jet), le consortium conduit par Aben- goa, qui comprend aussi la filiale du groupe CDG Inframaroc, reste chargé de la conception, du financement, de la construction et de l’exploitation de l’usine de dessalement d’eau de mer, et ce pour une période de 27 ans (au lieu de 20 comme initialement pré- vu). L’usine sera construite à environ 30 km au sud d’Agadir vers Tiznit. Le coût global s’élève à près 4 milliards de DH, dont 2 milliards rien que pour la composante eau potable. Les travaux devront durer environ 24 mois pour une mise en service avant fin 2019. Le projet implique la construction d'une usine de dessalement avec une capa- cité de production totale de 275.000 m3 d'eau dessalée par jour. Il prévoit une capacité au démarrage de 150.000 m3/ jour pour la composante eau potable. À ce jour, l’ONEE dessert une dizaine de localités en eau potable à partir d'installations de dessalement. S’y ajoute une production supplémen- taire de 125.000 m3/j d'eau d'irrigation Capitalisant sur une expérience de plus de 40 ans, l’Office national de l’électricité avec une capacité de près de 7.000 m3 au profit de 13.600 hectares, promue et de l’eau potable accélère le développement d’usines de dessalement de l’eau de par jour pour la première tranche qui par le ministère de l'Agriculture. Le mer dans plusieurs régions. L’usine de Souss-Massa est présentée comme le plus a été renforcée pour atteindre actuel- La première contrat prévoit également l'extension grand projet au monde de dessalement de l’eau de mer mutualisé d’irrigation et lement environ 26.000 m3/j après la installation possible de la capacité globale (eau d’eau potable alimenté par des énergies renouvelables. réalisation de deux autres tranches en potable et irrigation) jusqu'à 450.000 de dessale- 2005 et 2010. m3/jour. Selon l’ONEE, pour la com- P our faire face aux besoins crois- Sud. En effet, la première installation Aujourd’hui, l’ONEE dessert une di- ment a été posante eau potable, le nouveau projet sants en eau potable et au stress de déminéralisation par électrodialyse zaine de localités en eau potable à par- mise en ser- vise la sécurisation de l’alimentation hydrique, le Maroc accélère le de l’eau saumâtre a été mise en service tir du dessalement d’eau de mer pour vice en 1976 à en eau potable au profit d’une popula- développement d’usines de dessale- en 1976 à Tarfaya, avec une capacité de une capacité en service de 100.000 m3/ Tarfaya, avec tion de 2,3 millions d’habitants à l’ho- ment de l’eau de mer. Le pays capita- production de 75 m3 d'eau dessalée par jour. D’autres projets sont en cours de rizon 2030 dont 20% en milieu rural. Il lise sur l’expérience de l’Office natio- jour. Depuis, plus d'une dizaine de sta- développement par l’Office à l’hori- une capacité permettra également de porter le taux nal de l’électricité et de l’eau potable tions de dessalement ont été mises en zon 2020, pour une capacité d’environ de production d’accès à l’eau potable en milieu rural (ONEE) qui, depuis les années 1970, a service, principalement à Laâyoune, 300.000 m3/j, notamment à Lâayoune, de 75 m3 d'eau à 100% au niveau du Grand Agadir et réalisé plusieurs projets de stations de Boujdour, Tarfaya, Tan-Tan et Es-Se- Dakhla, Sidi Ifni, Zagora, Tarfaya, dessalée par d’accompagner le développement so- dessalement, essentiellement en vue mara. Cela avec parfois des capacités Tan Tan, Souss-Massa et Al Hoceïma. cio-économique de la région ainsi que de répondre aux besoins en eau dans plus importantes, notamment le projet L’évolution des technologies a incité à jour. de préserver les ressources en eaux les villes côtières des provinces du de la ville de Laâyoune réalisé en 1995 ce développement, car elle a rendu les souterraines. n Moncef Ben Hayoun Maroc-Espagne Rapport CESE Plusieurs stations de dessalement en cours 12 millions d’euros pour l'usine Al Hoceima et Nador de réalisation D ans son dernier rapport annuel, cordé à l’augmentation du volume d’eau le Conseil économique, social et traitée. Notons ici que la capacité actuelle environnemental (CESE) a mis est estimée autour de 109,5 millions de l’accent sur les actions engagées par le m3/an et que l’ambition du département Maroc sur différents niveaux pour pré- concerné est de renforcer cette capacité server les ressources hydriques notam- pour atteindre 400 millions de m3/an en ment dans le domaine de la rationalisa- 2030. D’ailleurs pour atteindre cet objec- tion de l’usage de l’eau dans l’irrigation, tif, plusieurs stations de dessalement sont l’approvisionnement groupé des zones en cours de réalisation, notamment dans rurales en eau potable ou encore le des- les villes d’Agadir, de Sidi Ifni et de Tan salement de l’eau de mer. S’agissant de Tan. Une généralisation de ces procédés ce dernier procédé, le CESE indique qu’il qui pourrait, selon le CESE, améliorer s’agit d’un programme d’une importance l’offre hydrique dans plusieurs régions capitale pour certaines régions notam- touchées par des coupures intermittentes ment au sud et au nord du pays. Le CESE et des durées d’arrêt d’approvisionne- souligne qu’un intérêt particulier est ac- ment prolongées. n L’Espagne accorde au Maroc un prêt l’eau potable (ONEE) «pour la planifi- de 12 millions d’euros pour la réalisa- cation et la construction d’une usine de tion d’une usine de dessalement d'eau dessalement d'eau de mer qui approvi- de mer sionnera en eau potable les populations des régions d’Al Hoceima et Nador». L e gouvernement espagnol, réuni L’entreprise fournisseur de ce projet, dé- Le prêt sera vendredi en Conseil des ministres, nommée Tedagua, compte trente ans accordé, à tra- a approuvé un accord portant sur d’expérience dans le domaine de des- vers le Fonds l’octroi au Maroc d’un prêt de 12.177.323 salement d’eau de mer et de traitement espagnol pour d’euros pour la réalisation d’une usine des eaux de manière générale, relève la de dessalement d'eau de mer qui ap- même source. l’internatio- provisionnera en eau potable les régions Ce projet d’une usine de dessalement nalisation de d’Al Hoceima et Nador. d'eau qui sera réalisé au Maroc contri- l’entreprise. Selon un communiqué du gouverne- buera au renforcement du positionne- ment espagnol, le prêt sera accordé, à ment des entreprises espagnoles actives travers le Fonds espagnol pour l’inter- dans le secteur de l’eau au niveau régio- nationalisation de l’entreprise (FIEM), nal, conclut la même source. n à l’Office national de l’électricité et de L.M.
EN PARTENARIAT AVEC LUNDI 16 OCTOBRE 2017 Spécial Eau 9 Développement industriel et préservation des ressources hydriques Le groupe OCP vise l'autosuffisance Le groupe OCP, conscient de la problématique de la gestion des ressources hy- Programme de réutilisation industriel, OCP investit dans le dessale- drique et des défis que le Maroc doit relever pour assurer la pérennité de cette des eaux urbaines ment d’eau de mer. Grâce à ce proces- ressource, ne cesse de déployer d’importantes stratégies pour rationaliser ses be- Le Groupe vise la réalisation de plusieurs sus, le groupe est parvenu à réaliser une soins et réduire les impacts sur les ressources hydriques. stations d’épuration (Step) des eaux usées autosatisfaction sans aucune demande urbaines et principalement leur réutili- complémentaire en eaux convention- L’ industrie des phosphates, de l’eau sur toute la chaîne de valeur (ac- sation industrielle à travers des techno- nelles. Résultat de cette démarche : la connue pour être une grande tivités minières, transport, valorisation) ; logies de pointe. Trois Step ont d’ailleurs plateforme industrielle de Jorf Lasfar consommatrice d’eau, met le gestion optimale de l’utilisation des res- été réalisées à Khouribga, Benguerir et est désormais alimentée par une station Grâce à la groupe OCP, leader du secteur, devant le sources en eau douce ; mobilisation des Youssoufia, permettant l’épuration et la de dessalement d’eau de mer récem- mise en défi de rationaliser l’usage de cette res- ressources en eaux non conventionnelles réutilisation de plus de 10 millions de m³ ment mise en service avec une capa- place du pro- source vitale, compte tenu de la situation (eaux usées épurées, eaux de mer dessa- d’eaux usées urbaines par an dans le la- cité annuelle, pour sa première phase, gramme eau, alarmante de la gestion de l’eau au Maroc. lées)», note un communiqué du groupe. vage du phosphate. À noter qu’une partie de 25 millions de m³. Une autre station Ainsi, le groupe multiplie les initiatives L’un des objectifs majeurs de cette straté- des eaux usées épurées de la Step de Ben- est prévue à Phosboucraa afin de satis- plus de 60% dans ce domaine afin que son dévelop- gie est, à juste titre, la concrétisation de son guerir sert aussi à l’arrosage des espaces faire les besoins en eau du programme des besoins pement industriel soit sans impact sur les programme industriel en maintenant à un verts de la Ville verte Mohammed VI. Fait de développement industriel d’OCP. Au industriels en ressources en eau. Grâce à ces efforts, plus niveau constant sa consommation en res- remarquable, la valorisation du biogaz total, le Groupe a ainsi réduit de moitié eau seront à de 60% des besoins industriels en eau du sources en eau conventionnelles, le besoin issu du processus de traitement des eaux sa consommation en eau convention- Groupe seront à terme satisfaits à partir additionnel étant assuré par le recours aux usées permet une production d’électri- nelle à la tonne produite. terme satis- d’eaux non conventionnelles. ressources en eaux non conventionnelles. cité qui couvre les besoins énergétiques À noter également le Programme d’ad- faits à partir En effet, «l’accroissement des capacités des Step à hauteur de 30%. Des projets de duction des eaux de barrage qui re- des eaux non du Groupe s’accompagne naturellement Slurry Pipeline, pour une Step supplémentaires sont aujourd’hui à présente une solution pérenne pour convention- par l’augmentation des besoins en eau. optimisation de l’utilisation l’étude dans d’autres villes marocaines : préserver les eaux souterraines. Il se Dans ce cadre, le Groupe a mis la préser- de l’eau Kasbat Tadla, Fkih Ben Salah, El Jadida traduit par le transfert d’eaux de surface nelles. vation des ressources hydriques en tête de Grâce au Slurry Pipeline reliant Khourib- et Safi. à partir du barrage Aït Messaoud pour le ses priorités, l’enjeu majeur étant d’allier ga à Jorf Lasfar, l’acheminement du phos- cas de Khouribga et du barrage Al Mas- rationalisation de l’utilisation de l’eau et phate lavé sous forme de pulpe permet Dessalement de l’eau de mer sira pour le cas de Gantour (Benguérir et satisfaction des besoins actuels et futurs une économie de près de 3 millions de m³ Pour couvrir la totalité des besoins addi- Youssoufia). n des installations minières et industrielles. d’eau par an (pour un objectif de 4,5 mil- tionnels requis par son développement S.Ba. De 62 millions de m³ en 2010, ces besoins lions de m³ avec le second Slurry Pipeline dépasseront à terme les 160 millions de reliant Gantour à Safi). m³ annuellement. Par ailleurs, et grâce à la mise en place du programme eau, plus de Ce mode de transport hydraulique est particulièrement écologique, la progres- Des programmes d’envergure 60% des besoins industriels en eau seront sion de la pulpe étant favorisée par la gra- La Stratégie «Eau» appuie le programme national ce sont 100 millions de mètres cubes qui seront à terme satisfaits à partir des eaux non vité naturelle, ce qui permet de conserver de protection des ressources en eaux de surface et produits par désalinisation sur différents sites conventionnelles», explique le groupe. son humidité, tandis que l’intégralité de souterraines. Pour OCP, l’usage optimisé de l’eau du Groupe OCP. Pour ce qui est du recyclage des Un programme qui s’inscrit en droite ligne l’eau servant à son transport est réutilisée est devenu un élément stratégique de ses projets boues de lavage, OCP a mis en place à Khouribga et avec la devise du Groupe : assurer une au niveau des installations de valorisation industriels qui est en train d’être intégré harmo- à Youssoufia des usines de lavage équipées de sys- croissance industrielle à la fois prospère et du phosphate. Le Groupe est également nieusement dans un nouveau concept d’inves- tèmes de décantation des boues et de traitement durable. engagé dans la récupération et le recy- tissement plus respectueux de l’environnement. des eaux usées, ainsi que des systèmes de recy- clage de plus de 80% des eaux utilisées Le Groupe a mis en place des programmes qui clage qui permettront d’économiser et de récupé- Industrie éco-reponsable, dans les procédés d’enrichissement, en valorisent mieux les ressources en eau comme la rer annuellement environ 5,8 millions de mètres une stratégie concrète système continu, par lavage-flottation au désalinisation d’eau de mer, le retraitement des cubes d’eau. Des projets similaires sont à l’étude Pour OCP, le besoin en eau est certes très niveau des unités des sites de production eaux usées domestiques urbaines, le recyclage de pour Benguerir. Autre programme, et pas des grand à chaque étape de la chaîne de va- du Groupe : Khouribga, Youssoufia et l’eau boueuse, ainsi que la récolte et le stockage moindres : le recyclage de l’eau urbaine à Khou- leur, mais le groupe en a fait un élément prochainement Laâyoune. Cette perfor- des excédents d’eau de pluie. La désalinisation de ribga. Ce projet, mené conjointement avec l’Office incontournable dans la réalisation de ses mance est le résultat des améliorations l’eau permettra de satisfaire la demande en eau de national de l’électricité et de l’eau potable, permet projets industriels en intégrant la préser- apportées au procédé, aux équipements la plateforme de Jorf Lasfar. Elle se fera en utili- le traitement et le recyclage annuels de 5 millions vation durable de l’eau sur tout son pro- de séparation et de décantation utilisés et sant l’énergie récupérée du processus industriel. de mètres cubes d’eau qui seront utilisés pour le cessus de production. À cet effet, et afin de au système de pilotage et de suivi instauré. Elle permettra de satisfaire les besoins de la pla- lavage des boues et l’arrosage des espaces verts «garantir une gestion intégrée et durable Grâce à l’adoption de nouvelles technolo- teforme de Jorf Lasfar, estimés à 47 millions de urbains. Deux projets identiques sont en cours des ressources hydriques, le Groupe a mis gies, la consommation spécifique en eau mètres cubes d’eau douce par an, et remplacera de réalisation à Benguerir et à Youssoufia avec en place une Stratégie Eau qui repose sur dans les nouvelles unités de valorisation à terme les 25 millions de mètres cubes pompés des capacités respectives de 2,6 et 2,7 millions de trois leviers : optimisation de l’utilisation industrielle est également réduite de 25%. annuellement au barrage de Daourat. Par la suite, mètres cubes par an. (Source : OCP)
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