Lausanne centre d'excellence dans le domaine cardio-vasculaire et de la transplantation
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
Bulletin des Hospices - CHUV août 2005 - n°2 Lausanne centre d’excellence dans le domaine cardio-vasculaire et de la transplantation
a o û t 2 0 0 5 a o û t 2 0 0 5 Maladies cardio-vasculaires et métaboliques Sommaire Le CHUV et la Faculté de biologie et de médecine constitue un pôle d’excellence Maladies cardio-vasculaires et métaboliques Lausanne annoncera officiellement la création d’un pôle d’excellence © CEMCAV RECHERCHE Le CHUV et La Faculté de biologie et médecine dans le domaine des maladies cardio-vasculaires et métaboliques Le cœur virtuel et né constitue un pôle d’excellence Page 2 Les cardiologues du CHUV et les ingénieurs de l’EPFL ont mis au point un modèle informatique Les greffes d’organes sont réparties le 5 octobre 2005. La mise en œuvre de ce pôle correspond à l’un virtuel du cœur humain. Grâce à ce modèle, il est entre Genève et Lausanne depuis 2004 désormais possible de simuler les observations des objectifs de développement du Plan stratégique des Hospices-CHUV cliniques faites sur un cœur malade. Il va notam- Le CHUV centre de transplantation ment permettre d’optimiser le traitement de la du cœur, du poumon et du rein Page 7 2004-2007. Il a pour but d’améliorer encore la prise en charge fibrillation auriculaire, qui est le trouble car- diaque le plus fréquent, en observant ce qui se Jeunes consommateurs des patients souffrant de ces pathologies et de renforcer la recherche passe quand elle se déclenche, ce qu’il est très de substances psychotropes difficile, voire impossible, de faire sur l’être humain ou sur l’animal. Le projet DEPART améliore déjà très active dans ce domaine. leur accompagnement Ce projet résulte de la collaboration des équipes © CEMCAV et leur prise en charge Page 10 du professeur Lukas Kappenberger, chef du Service de cardiologie du CHUV, du professeur néerlandais Adriaan van Oosterom, et du profes- Le Centre de stomathérapie du CHUV seur Murat Kunt, directeur de l’Institut de traite- Un service de soins plutôt méconnu Page 13 ment des signaux de l’EPFL, avec le soutien de la société Medtronic. Les deux objectifs prioritaires Les principes de la sécurité informatique de fonctionnement du pôle Protéger la sphère privée des patients et le fonctionnement du système Page 14 Ce sont les objectifs du pôle qui détermi- nent les principes de son fonctionnement. Développement du dossier Dans le domaine des soins, le pôle est patient informatisé axé sur une prise en charge harmonisée du patient, quel que soit le service d’ac- Le projet a été lancé cueil, au travers de filières par pathologie. en juin dernier Page 16 Il fixe les programmes prioritaires pour optimiser l’information et l’accueil des Troubles hyperactifs avec déficit patients ainsi que le diagnostic, le traite- d’attention (THADA) ment et la prévention des maladies car- Les enseignements d’une vaste enquête Les maladies cardio-vasculaires et métaboliques représentent une part impor- dio-vasculaires et métaboliques. menée dans le canton de Vaud Page 18 tante de la recherche médicale lausannoise. 20% de tous les patients traités au CHUV le sont pour des maladies cardio- Dans le domaine de la recherche, le pôle Le tri et la gestion des déchets vasculaires ou métaboliques. détermine les axes de développement et Le CHUV est le centre unique de réfé- cellement des services qui s’occupent les programmes privilégiés sur lesquels il Une affaire de sécurité rence en Suisse romande pour la des maladies cardio-vasculaires et méta- orientera en premier lieu ses ressources et et de réduction des coûts Page 21 Les maladies cardio-vasculaires et méta- tante de la recherche médicale lau- transplantation cardiaque et pulmo- boliques, en regroupant les ressources son soutien. Les projets favorisant le rap- boliques représentent une part très sannoise. naire (voir l’article sur le pôle transplan- humaines et financières sur des objec- prochement entre la recherche fondamen- Nouvelle grille des fonctions au importante de l’activité du CHUV. tation page 7). tifs communs, la création du pôle per- tale et la recherche clinique seront sélec- sein de l’Etat Plus de 250 collaborateurs des Hospices- mettra : tionnés à travers un processus d’évaluation Le projet DECFO-Santé entre • 20% de tous les patients traités de CHUV et de la Faculté de biologie et de Lausanne a mis au point des collabo- - de mettre en place une prise en char- centré sur l’excellence. Le groupe de tra- dans sa dernière phase Page 22 manière ambulatoire ou hospitalisés au médecine sont actifs dans la recherche car- rations de haut niveau avec les autres ge multidisciplinaire des patients, en vail (voir l’encadré à ce sujet) a déjà prépa- CHUV le sont pour des maladies cardio- dio-vasculaire et métabolique. Environ cinq universités et l’Ecole polytechnique fédé- coordonnant l’intervention des diffé- ré le terrain en listant des programmes de Actualité Santé Page 24 vasculaires ou métaboliques (diabète, millions de francs par an sont accordés à rale de Lausanne ainsi qu’avec l’industrie rents services et en adaptant la filière développement dans les trois secteurs : obésité). Ces patients représentent 28% cette recherche fondamentale ou clinique active dans ce domaine, par exemple d’examens et de soins à leurs profils; cœur, vaisseaux, métabolisme. CHUV-Magazine des soins fournis par les équipes médi- par le Fonds national de la recherche scien- avec Medtronic, Glaxo ou Novartis. - de renforcer le développement des Editeur responsable : co-soignantes de l’hôpital. tifique. Un montant au moins aussi élevé prises en charge ambulatoires et des Une coordination est également prévue Bernard Decrauzat, directeur général provient d’autres fonds de recherche. Les objectifs du pôle interventions peu invasives; dans le domaine de la formation. Il s’agira Rédaction : • Un quart des patients traités au CHUV - de créer des plateformes communes et de promouvoir deux modules d’enseigne- Fabien Dunand Impression : et provenant d’autres cantons que le Le CHUV est dans le peloton de tête des Comme on le voit, les Hospices-CHUV des passerelles entre la recherche fon- ment, l’un sur le cardio-vasculaire, l’autre sur Photos : Imprimerie CEMCAV PAPERFORMS SA canton de Vaud sont pris en charge hôpitaux universitaires suisses dans le et la Faculté de biologie et de médeci- damentale et les soins au lit du malade, le métabolisme, dans le cadre de la restruc- Tirage : pour des pathologies cardio-vasculaires domaine de la chirurgie cardio-vasculai- ne de Lausanne auraient toutes les au travers de ce qu’on appelle aujour- turation en cours des études médicales. La Graphisme : Antidote 11’000 exemplaires ou métaboliques. Ce qui met en évi- re. Son activité est comparable dans ce sec- raisons d’être satisfaits des résultats d’hui la recherche transversale; contribution du pôle interviendra surtout dence l’attractivité du CHUV pour le teur à celle de Zurich et de Berne. obtenus dans ce domaine et des colla- - de promouvoir la recherche de nou- dans la formation postgraduée avec la créa- Vous souhaitez que CHUV-Magazine aborde traitement de ces maladies. borations mises en place. Mais la prise velles thérapies, notamment des thé- tion d’une école doctorale «cardio-vasculai- un thème important ou fasse écho à une Lausanne est le plus important centre de en charge des patients, la formation et rapies cellulaires; re et métabolisme». Dans le secteur de la information intéressante ? Envoyez vos suggestions à l’adresse e-mail : Les maladies cardio-vasculaires et méta- Suisse pour l’activité clinique en matiè- la recherche peuvent encore être amé- - d’améliorer la gestion et la visibilité des formation continue, le pôle harmonisera les Fabien.Dunand@hospvd.ch boliques représentent une part impor- re de métabolisme (diabète et obésité). liorées. En apportant un remède au mor- moyens à disposition. colloques et les formations existants. > 2 3
a o û t 2 0 0 5 a o û t 2 0 0 5 Maladies cardio-vasculaires et métaboliques © CEMCAV Appel aux projets. Un concours inter- caux communs, l’organisation de la for- RECHERCHE Lea structures du pôle ne est en cours pour donner au pôle un mation des médecins assistants et des nom court et attractif et un logo qui par- piquets de garde dans le domaine cli- La canule intelligente Conseil du Pôle Fondation ticipent à sa promotion auprès de la nique, de la création des plateformes Lausanne Région a décerné son premier prix communauté scientifique et du public communes dans le domaine de la «Lausanne Région Entreprendre» à la société Conseil médical Comité Exécutif Conseil scientifique en général. recherche, et de la constitution d’une Smartcanula. Deux hommes sont à l’origine de école doctorale dans le domaine de l’en- cette start-up : le professeur Ludwig von Segesser, Centre d’Investigation Sur le fond, un appel d’offres va être seignement. L’offre présentée conjointe- chef du Service de chirurgie cardio-vasculaire du Clinique (CIC) Unités de Soins Unités de Recherche lancé auprès des départements et ser- ment par les universités de Fribourg, CHUV, et Steven Staub, un Suisse originaire de (CHUV) Plateforme d’Investigation (FBM, CHUV) vices concernés les incitant à proposer Genève et Lausanne pour une Ecole doc- Boston, spécialisé dans la valorisation des tech- Physiologique (RCPU, RMPU) des projets. Cet appel d’offres sera doté torale thématique «cardio-vasculaire et nologies médicales. Smartcanula développe un d’un montant conséquent qui doit enco- métabolique» a été retenue par la nouveau type de canule, ces tuyaux qui servent Assemblée du pôle re être précisé. Conférence universitaire de Suisse occi- à drainer le sang des patients pendant les inter- dentale, qui allouera un financement total ventions cardio-vasculaires. Cette nouvelle Le pôle fédère, dans une organisation Le Conseil du pôle. Les compétences et Certains projets prioritaires sont d’ores de 150’000 francs pour les années 2005- canule «intelligente» est flexible et expansible. transversale, les unités de soins et de le fonctionnement du Conseil sont assimi- et déjà en cours de préparation ou ont 2008. Le pôle cardio-vasculaire et méta- En s’adaptant au diamètre des vaisseaux, elle recherche des Hospices-CHUV et de la lables à ceux d’un conseil d’administration. démarré au cours de l’été. C’est le cas bolisme pilotera la partie lausannoise de nécessite une incision beaucoup plus petite que Faculté de biologie et de médecine dans le Pour l’essentiel, il définit les orientations de projets touchant les protocoles de cette école doctorale romande, qui la canule classique pour être introduite dans domaine cardio-vasculaire et du métabo- stratégiques et les axes de développement soins, la mise sur pied de rapports médi- démarrera dès l’automne 2005. le corps du patient et permet de drainer davan- lisme, et leur fournit des plateformes com- du pôle. Il en approuve le plan d’actions et tage de sang. Pour plus d’information, voir munes : un Centre d’investigation clinique le budget annuels. Il nomme le comité exé- www.smartcanula.com et les plateformes de phénotypage cardio- cutif. Il participe activement à la promotion Le professeur Ludwig Von Segesser, Lea acteurs du pôle vasculaire et métabolique du rongeur. et au développement de la visibilité du pôle chef du Service de chirurgie cardio- RECHERCHE et gère la fondation qui sera créée pour le vasculaire et président du pôle. Le pôle cardio-vasculaire et métabolisme regroupe des unités des Hospices-CHUV et Regarder un match de Le pôle est piloté sur le plan stratégique soutenir financièrement. de la Faculté de biologie et de médecine. Tout l’intérêt du pôle saute aux yeux quand par un Conseil d’une quinzaine de per- on liste l’ensemble des services et des groupes impliqués à 100% dans les activités car- football peut être mortel sonnes et sur le plan opérationnel par un Le Comité exécutif. Il élabore et met en dio-vasculaires et métaboliques et qui sont ainsi appelés à en faire partie. Les crises cardiaques ont augmenté de 60% en Suisse Comité exécutif de cinq personnes (voir œuvre le plan d’actions et le budget pendant la Coupe du monde de football de 2002, par rapport à la même période en 2001. C’est le résultat l’encadré sur la composition de ces deux annuels, après leur approbation par le Le rapport Services Plateformes communes de recherche organes). Conseil. Il suit et coordonne les pro- > • Service d’angiologie • Centre d’investigation clinique d’une étude réalisée par le Dr Eugène Katz, médecin du Groupe de travail au Service de cardiologie du CHUV, sur la base des données disponibles dans les principales aggloméra- La création du pôle cardio-vasculaire et métabo- Service de cardiologie Plateforme de phénotypage cardiovasculaire • • Service de chirurgie cardio-vasculaire • du rongeur tions du pays. Composition du Conseil de Pôle lisme a été décidé conjointement par la Direction Lors de sa première séance, le Conseil du pôle a confié sa présidence au professeur Ludwig Von Segesser. générale des Hospices-CHUV et le Décanat de la • Service de cardiologie pédiatrique • Plateforme de phénotypage métabolique du Faculté de biologie et de médecine. Elle résulte Ce constat est d’autant plus intéressant que l’équi- Le Conseil désignera dans un deuxième temps des membres externes aux Hospices-CHUV et à la Faculté rongeur de biologie et de médecine (maximum trois personnes). Il réunit actuellement les membres suivants : du rapport d’un groupe de travail formé de pe helvétique de football ne participait pas à la Coupe du monde 2002. Ce qui n’a apparemment médecins cadres et de chercheurs des deux ins- Groupe impliqués à 100% dans les activités cardio-vasculaires et métaboliques - Le Directeur général des Hospices-CHUV Bernard Decrauzat titutions. Le mandat leur avait été confié en mai pas empêché les fans de foot de vibrer avec leur et issus des entités suivantes - Le Doyen de la Faculté de biologie et de médecine Patrice Mangin 2004 de proposer une organisation et des moda- équipe favorite. Environ 1 Suisse sur 7 a suivi la • Chirurgie thoracique • Département de physiologie finale de la Coupe au cours de laquelle le Brésil a - Le Chef du Département de chirurgie Hans-Juerg Leisinger lités de fonctionnement d’un pôle englobant les battu l’équipe allemande. activités cardio-vasculaires et métaboliques. • Dermatologie • Département de pharmacologie - Le Chef du Département de médecine Pascal Nicod • Endocrinologie, diabétologie et métabolisme • Centre intégratif de génomique - Le Chef du Département de radiologie médicale Pierre Schnyder Le groupe de travail était composé de sept per- • Médecine préventive L’augmentation des crises cardiaques est vrai- semblablement due au stress vécu part les sup- - Le Chef du Service d’angiologie Daniel Hayoz sonnes: • Médecine nucléaire - Dr Xavier Jeanrenaud, Service de cardiologie porters lors de la prestation de leurs équipes - Le Chef du Service de cardiologie Lukas Kappenberger • Néphrologie favorites ainsi qu’à l’absence d’activité physique - Professeur Jean-Daniel Horisberger, Départe- • Neurologie et à l’augmentation de la consommation de - Le Chef du Service de chirurgie cardio-vasculaire Ludwig Von Segesser ment de pharmacologie et toxicologie • Pharmacologie clinique tabac et d’alcool chez nombre d’entre eux pen- - Professeur Thierry Pedrazzini, Département - Le Chef du Service d’endocrinologie, diabétologie, métabolisme Rolf Gaillard dant la période de retransmission télévisée de ce de médecine • Physiopathologie clinique - La Présidente de la Section des sciences fondamentales de la FBM Susanna Cotecchia grand rendez-vous sportif. On soupçonne égale- - Professeur François Pralong, Service d’endo- • Radiologie (unité angiographique) crinologie, diabétologie et métabolisme ment la «fièvre du sport» de leur faire oublier de - Le Directeur du Département de physiologie Luc Tappy • Soins intensifs (unité coronaire) - Professeur Salah Qanadli, Service de radio- prendre leurs médicaments. - Le Directeur du Département de pharmacologie et toxicologie Bernard Rossier diagnostic et de radiologie interventionnelle - Le Directeur du Centre intégratif de génomique Walter Wahli - Yves Rossier, Unité Développement stratégique Dans un article publié dans le British Medical Au-delà des échanges d’information - la Direction des soins infirmiers Journal, des chercheurs britanniques faisaient et qualité nécessaires avec les départements cli- - le Service d’anesthésiologie état d’une augmentation de 25% des infarctus - Dr Patrick Ruchat, Service de chirurgie cardio- niques des Hospices-CHUV et les dépar- - le Service de médecine du myocarde le jour même et le lendemain de la Composition du Comité exécutif vasculaire. tements de la Faculté de biologie et de - les Soins intensifs, défaite de l’Angleterre face à l’Argentine lors de Le Comité exécutif est composé des membres suivants : la Coupe du monde de football en 1998. 24 mil- Leur rapport a été remis en février 2005. Il a ensui- médecine, le pôle coordonnera en outre pour permettre une prise en charge coor- - Coordinateurs soins Eric Eeckhout (Service de cardiologie) et te été mis en consultation auprès du Comité de ses activités. donnée des patients. lions de Britanniques avaient suivi le match Salah Qanadli (Service de radiodiagnostic et de radiologie interventionnelle) devant leur poste de télévision. Des constats direction des Hospices-CHUV, du Décanat de la similaires ont été faits aux Etats-Unis lors de - Coordinateur de recherche François Pralong (Service d’endocrinologie, diabétologie, métabolisme) Faculté de biologie et de médecine et des princi- • Dans le domaine des soins, avec : • Dans le domaine de la recherche, avec grands matches de football américains, y com- - Coordinateur enseignement Jean-Daniel Horisberger (Département de pharmacologie et toxicologie) paux départements et services concernés. Ces - le Centre interdisciplinaire des urgences le Centre du cancer et le Centre de pris dans les stades. consultations ont confirmé les conclusions et les - Manager Yves Rossier (Développement stratégique et qualité) recommandations du rapport. - le Centre des transplantations neurosciences de Lausanne et l’EPFL. 4 5
a o û t 2 0 0 5 a o û t 2 0 0 5 Maladies cardio-vasculaires et métaboliques Les greffes d’organes sont réparties entre Genève et Lausanne depuis 2004 Le CHUV centre de transplantation © CEMCAV RECHERCHE Etude lausannoise sur les facteurs à risque des maladies cardio-vasculaires du cœur, du poumon et du rein Cette étude baptisée CoLaus (pour cohorte lausan- 75 ans habitant la région lausannoise. Elle est Le CHUV est le seul centre romand de greffes cardiaques et pulmonaires. noise) est l’une des premières du genre en Suisse. conduite par une équipe de chercheurs allant de Parallèlement à la répartition des greffes d’organes entre Vaud et Genève, Elle est destinée à faire progresser les connais- la génétique à la médecine préventive, sous la sances sur les facteurs de risque des maladies car- direction du professeur Gérard Waeber et du Dr le CHUV s’est doté d’un Centre de transplantation d’organes (CTO) au dio-vasculaires et les déterminants génétiques qui Peter Vollenweider, du Département de médeci- printemps 2003, avec rang de service depuis juillet 2004. Ce centre médico- prédisposent à l’hypertension artérielle. ne interne. chirurgical, placé sous la direction du professeur Manuel Pascual, est doté : De nombreux facteurs peuvent augmenter les Les premiers résultats montrent que les Lausan- - d’une dizaine de lits d’hospitalisation dans le Département de chirurgie, risques de développer une maladie cardiovascu- nois ne tiennent pas nécessairement une forme - d’une consultation ambulatoire dans le Département de médecine, laire : l’hypertension artérielle, le tabac, le dia- olympique. Sur la base d’un premier échantillon bète, l’obésité, le manque d’exercice, d’autres de près de 3’000 personnes, 35% des Lausannois - et d’une coordination de transplantation. encore. Si certains de ces facteurs dépendent sont hypertendus. 30% présentent un taux de immédiate en post-greffe (anesthésiolo- surtout du style de vie, plusieurs d’entre eux ont sucre inadéquat dans le sang. C’est beaucoup Le CTO a été créé dans le cadre des objectifs de développement du Plan gie, soins intensifs) jusqu’à la phase plus une composante génétique importante, comme plus que dans d’autres enquêtes de référence sur stratégique 2004-2007 des Hospices-CHUV. tardive (spécialistes d’organes, maladies le diabète ou l’hypertension. Afin de mieux com- le plan international. En revanche, environ 15% infectieuses, etc.) © CEMCAV prendre l’influence des facteurs de risque et des des Lausannois ont un taux de cholestérol inadé- gènes impliqués dans les maladies cardio-vascu- quat et c’est sensiblement moins qu’il y a dix ans. laires, il est nécessaire d’étudier des populations La coordination du CTO joue un rôle très homogènes et de grande taille. C’est pourquoi Le Service d’angiologie a entamé dans le courant important puisqu’elle est au centre du l’étude lancée en septembre 2003 au CHUV de l’été une caractérisation vasculaire extensive de processus du don d’organes et participe porte sur plusieurs milliers de personnes de 35 à 1000 sujets participant à cette étude. activement aux bilans pré-transplantation RECHERCHE et à la mise sur liste d’attente des patients candidats à une greffe. La coordination Etude sur les femmes assure également la communication ménopausées souffrant RECHERCHE régulière avec les différents services par- d’hypertension Le cœur peut produire de nouvelles tenaires du CHUV, les autres hôpitaux Le Service d’angiologie mène, en collaboration cellules musculaires cardiaques vaudois et SwissTransplant. avec le Service de cardiologie, une étude exten- Une équipe de chercheurs lausannois a démontré myocytes. Dans ce contexte, cette étude démontre sive sur l’évolution de l’hypertension chez les Des projets de recherche transversaux la présence de cellules souches dans le cœur, cel- le rôle crucial joué par une molécule, le facteur femmes ménopausées. Le but de l’étude, dirigée lules qui peuvent être isolées et qui ont la capacité soluble «Fibroblast Growth Factor-2», qui régule le (inter-services) en transplantation ont été par le professeur Daniel Hayoz, est de comparer de produire de nouvelles cellules musculaires car- processus de production des cardiomyocytes. organisés, dans des domaines tels que l’effet protecteur sur les artères de deux traite- diaques. Ces nouvelles cellules, appelées cardio- Cette observation offre la possibilité de renforcer l’immunologie de transplantation, la pré- ments parmi les plus fréquemment utilisés pour myocytes, pourraient dès lors participer à une régé- les mécanismes d’adaptation du cœur pour per- vention ou le traitement des complica- combattre l’hypertension. nération du tissu cardiaque d’un coeur malade. mettre de maintenir une fonction cardiaque nor- tions infectieuses, les aspects psycholo- male lors d’accidents cardio-vasculaires. giques ou la réinsertion professionnelle L’objectif est de recruter environ 150 femmes Cette étude, menée par Nathalie Rosenblatt-Velin, afin de pouvoir en inclure 80 à 100 dans l’étude Mario Lepore, Cristina Cartoni et Thierry Le professeur Thierry Pedrazzini a par ailleurs été des patients ayant reçu une greffe d’or- randomisée. Les femmes incluses dans l’étude Pedrazzini, du Département de médecine du CHUV l’un des lauréats du prix Novartis du 10e anniver- gane. seront suivies pendant au moins dix mois, mais et de la Faculté de biologie et de médecine de saire du «Cardiovascular Biology Meeting», qui a Au centre, le Dr Maurice Matter, responsable chirurgical du programme «don- le but est de les suivre aussi longtemps que pos- Lausanne, et par Friedrich Beermann, de l’Institut eu lieu en octobre 2004 : Ce prix lui a été décerné neurs vivants» de la transplantation rénale. D’autre part, le programme «donneurs sible afin de disposer de données dans la longue suisse de recherche expérimentale sur le cancer ainsi qu’au Dr Andrea Domenighetti, du Départe- vivants» en transplantation rénale a été durée. Au cours de ces dix mois, l’étude compor- (ISREC), a été publiée en juin par le «Journal of ment de médecine du CHUV, associés au Dr Les premières transplantations 108 greffés du cœur étaient suivis par le réorganisé, en étroite collaboration avec tera huit visites médicales dont trois examens Clinical Investigation». Christophe Boixel et au professeur Hugues Abriel, complets cœur-vaisseaux. Ces examens permet- au CHUV Centre de transplantation d’organes du les services de néphrologie, de chirurgie de l’Institut de pharmacologie de l’UNIL. Le prix tront de vérifier l’effet des deux médicaments et Une approche thérapeutique devra s’appuyer sur leur a été remis pour leur travail sur le rôle de l’an- CHUV en 2004. viscérale ainsi que de chirurgie thoracique de déterminer lequel agit le plus efficacement l’identification des phénomènes qui amènent les giotensine II dans le développement des arythmies Le CHUV effectue des transplantations et vasculaire du CHUV. Le Dr Maurice sur l’élasticité des artères. cellules souches cardiaques à produire des cardio- cardiaques. d’organes depuis 1971. La première gref- Le centre de transplantation Matter, responsable chirurgical, le Dr. fe du rein, qui est historiquement la trans- d’organes du CHUV Jean-Pierre Venetz, responsable médical, jets lancés dans les domaines des soins, tâche par un Conseil médical, qui le conseille borateurs des unités du pôle (personnel plantation la plus ancienne et la mieux et Mme Isabelle Weigand, coordinatrice, de la formation et de la recherche. Il assu- et évalue ses activités dans le domaine des médical, soignant, médico-technique et maîtrisée, date en effet de cette année-là. La création du Service de transplantation travaillent ensemble pour assurer la re les relations internes et externes du pôle. soins, et d’un Conseil scientifique, qui joue le administratif). Elle est le lieu d’informa- La première transplantation du cœur a permis de développer une forte identi- bonne marche du programme. Le don même rôle dans le domaine de la recherche. tions et d’échanges de l’ensemble du per- remonte à 1987, la première greffe de té CHUV dans le domaine hautement vivant de rein en vue d’une greffe est une Le comité exécutif fonctionne de manière sonnel sur les activités du pôle. Elle per- poumon à 1983. spécialisé de la transplantation d’organes illustration parfaite de «l’interdisciplinari- collégiale. Ce partage des responsabilités Ces deux conseils sont composés de 8 à mettra notamment de récolter des au niveau national, tout en contribuant à té» nécessaire. Une collaboration régu- est appliqué avec succès dans d’autres 12 spécialistes, proposés par le Conseil recommandations et des propositions Au total, le CHUV a procédé à: valoriser les programmes de transplanta- lière entre le CTO, la néphrologie, l’ima- hôpitaux universitaires, notamment en du pôle et désignés par la direction géné- utiles au développement du pôle. • 652 greffes de rein de 1971 à 2004. tion existants. Depuis la création du CTO, gerie médicale et le radiodiagnostic, la France et aux Etats-Unis, par exemple au rale des Hospices-CHUV et le Décanat de • 171 greffes de cœur de 1987 à 2004. la prise en charge médicale et infirmière chirurgie vasculaire et l’angiologie, la psy- Massachusetts General Hospital de Boston. la Faculté de biologie et de médecine. Une Fondation. Une Fondation sera créée • 58 greffes de poumon de 1993 à 2004. des patients se fait au quotidien de façon chiatrie et la psychologie, l’immunologie pour faciliter la recherche de fonds et de • 193 greffes de foie de 1988 à 2003 (en interdisciplinaire. De nombreux services et les maladies infectieuses, ou encore la Le Conseil médical et le Conseil scien- L’Assemblée du pôle. Elle réunit au donations afin de soutenir les activités du 2004, 8 patients du CHUV ont reçu une du CHUV jouent un rôle important dans pédiatrie (don à partir d’un parent pour tifique. Le Comité exécutif est assisté dans sa moins deux fois par année tous les colla- pôle et de renforcer sa visibilité. greffe de foie à Genève) cette prise en charge depuis la phase un receveur enfant) s’avère en effet indis- 6 7
a o û t 2 0 0 5 a o û t 2 0 0 5 Les greffes d’organes sont réparties entre Genève et Lausanne depuis 2004 © CEMCAV © CEMCAV © CEMCAV Retrait d’un rein par laparoscopie chez un patient donneur. Préparation de la réimplantantion d’un rein chez le patient receveur. Le professeur Manuel Pascual © CEMCAV pensable pour la préparation et le succès Grâce à cette répartition équilibrée des rôles Un objectif d’excellence de ce type de greffes. entre Genève et Lausanne, toutes les acti- Pénurie de donneurs et d’organes vités de transplantations d’organes et de La répartition des greffes assure la masse En Suisse, une personne meurt presque chaque coordination en matière de transplantations. Elle Le réseau romand hospitalo- cellules souches hématopoïétiques sont critique nécessaire à la qualité des soins, semaine faute d’avoir pu trouver un organe qui est le relais entre les hôpitaux donneurs et rece- universitaire de transplantation possibles en Suisse romande. Le maintien de la formation et de la recherche sur les aurait pu la sauver. veurs d’organes et centralise la liste des patients des deux sites et leur étroite collaboration deux sites. Le réseau romand hospitalo- en attente d’un organe. L’allocation de chaque Le 1er février 2004, les Conseils d’Etat favorisent également des synergies uni- universitaire de transplantation garantit une Avec 12.6 dons d’organes par million d’habitants, organe est faite suivant des règles de répartition des cantons de Vaud et de Genève et versitaires indispensables aux progrès de prise en charge clinique des patients la Suisse occupe l’une des dernières places des fondées sur des critères médicaux . l’Association Vaud-Genève ont décidé de la transplantation. L’expérience montre romands similaire à Genève et à Lausanne. donneurs d’organes en Europe. Ce taux, qui SwissTransplant participe à la sensibilisation et à atteint le niveau record de 33.7 dons d’organes l’information du public sur le don d’organes et créer un réseau romand hospitalo-uni- aussi que la présence d’un centre de trans- Un recueil commun de prise en charge, par million d’habitants en Espagne, est de 23.8 en favorise la collaboration internationale. versitaire de la transplantation et de répar- plantation a une influence sur le nombre par organe, a été mis au point en juin Autriche, de 19.9 en France, de 18.1 en Italie et tir les transplantations d’organes entre de donneurs d’une région, ce qui n’est pas 2004. Le réseau CHUV-HUG organise éga- de 12.2 en Allemagne. Le professeur Ludwig Von Segesser est membre du Genève et Lausanne. négligeable quand on parle de pénurie de lement en commun l’enseignement aux Conseil de fondation de Swisstransplant, le pro- donneurs et d’organes. étudiants de 5ème et 6ème année, en Selon un dernier sondage réalisé sur la question, fesseur Manuel Pascual de son Comité médical. La répartition officielle des transplantations étroite collaboration avec les autres ser- 67% des Romands, 62% des Tessinois et 52.5% entre les deux sites est véritablement une Pour la période 2004-2005, le réseau vices impliqués en transplantation. Un des Alémaniques se déclarent pourtant favo- La Fondation FSOD Chef du Service de transplantation. rables au don d’organe. Mais seul un habitant sur première dans notre pays. Elle suit une romand hospitalo-universitaire de la trans- séminaire postgradué bimensuel a lieu sur dix porte une carte de donneur sur lui. Car pour La FSOD (Foundation to Support Organ Donation) logique d’organes: à Lausanne, ceux logés plantation est dirigé par le professeur chaque site. La mise en place d’une base Médecin interniste et néphrologue, le profes- être donneur dans notre pays, il faut le déclarer a son bureau au CHUV. Son président est le pro- seur Manuel Pascual s’est spécialisé en trans- dans le thorax (cœur-poumon); à Genève, Philippe Morel, des HUG (responsable de données informatique commune formellement et surtout en avertir ses proches. Ce fesseur René Chioléro, chef du Service des soins plantation pendant dix ans, de 1993 à 2002, au ceux logés dans l’abdomen (foie-pan- chirurgical du réseau), alors que le pro- CHUV-HUG pour la transplantation est consentement explicite du don d’organe est intensifs du CHUV. La FSOD participe activement Massachussets General Hospital de l’Université créas), la transplantation des reins étant fesseur Manuel Pascual, du CHUV (res- également en cours d’organisation, grâce maintenu dans la loi sur la transplantation, adop- à la promotion et à l’amélioration de la qualité du d’Harvard, à Boston, avant d’être nommé à maintenue sur les deux sites. Les trans- ponsable médical du réseau), en est le à une collaboration étroite entre les offices tée par les Chambres fédérales en automne 2004, don d’organes en Suisse, grâce à un important Lausanne. Le financement de son poste a été plantations de moelle osseuse (autogref- directeur adjoint. informatiques des deux institutions. et qui devrait entrer en vigueur le 1er janvier travail au niveau des hôpitaux et auprès du possible grâce à une bourse de la Fondation 2007. public. Leenaards. En 2003, il a reçu un des trois prix fe à Lausanne, allogreffe à Genève) étaient Réseau hospitalo-universitaire romand de transplantation remis par la Société américaine de transplanta- déjà réparties depuis plusieurs années, à Répartition des activités sur les deux sites (Vaud – Genève) dès février 2004 Selon Swisstransplant, 1130 patients ont figuré Associations de patients tion. Ce prix a récompensé ses travaux de la satisfaction de tous. sur la liste d’attente de dons d’organes en 2004 recherche, qui ont permis d’élucider les méca- Hôpital Universitaire Organe transplanté Moelle osseuse et seulement 412 patients ont été transplantés. Plusieurs associations de patients contribuent en nismes humoraux du rejet des greffes rénales Dans la pratique, les deux hôpitaux conti- Suisse à la lutte contre la pénurie d’organes. «A et de contribuer à la mise au point de nouvelles Cœur Foie Poumon Rein Pancréas Ilots Allog. Autolog. nuent d’identifier parmi leurs malades les Le rôle de SwissTransplant Cœur Ouvert» est l’une d’entre elles. Elle a été stratégies pour le traitement des rejets sévères Genève (HUG) constituée au début de l’année 2005. Son prési- chez les patients avant reçu une greffe rénale. candidats à une transplantation, de Créée en mars 1985, la Fondation dent, Philippe Savioz, a reçu un nouveau cœur en Ses travaux ouvrent par ailleurs la voie à de quelque organe que ce soit, et à les suivre SwissTransplant a vingt ans. Mais ce n’est que juin 2004 au CHUV. Son secrétaire général, Lausanne (CHUV) nouveaux essais cliniques visant à améliorer les après l’opération. Seul l’acte chirurgical a depuis 2003 qu’elle est financée par tous les can- Pierre-Alain Amaudruz, 66 ans, a été lui-même Suite à la création du réseau romand et à la répartition des greffes entre le CHUV et les HUG au début 2004, résultats à long terme des transplantations lieu sur le site concerné par la nouvelle tons. Elle fonctionne comme une centrale de opéré du cœur en mai 2000 dans notre hôpital. d’organes. l’activité de transplantation (le nombre annuel de greffes) est resté stable au CHUV. répartition. 8 9
a o û t 2 0 0 5 a o û t 2 0 0 5 Jeunes consommateurs de substances psychotropes Le projet DEPART améliore leur accompagnement et leur prise en charge Les adolescents sont de plus en plus nombreux à consommer des substances psychotropes, légales ou illégales 3. Auprès des parents et des proches en leur apportant un soutien dans leurs rela- L’équipe du projet DEPART (cannabis, alcool et autres substances). Cette consommation peut prendre une telle importance qu’elle perturbe tions avec le jeune, en étant à leur écoute, Le projet DEPART est né de la collaboration entre : - Parissa Khosrov, psychiatre-psychothérapeute, en leur fournissant des informations et - l’Unité multidisciplinaire de santé des adoles- - Mathias Romailler, psychologue responsable de cents (UMSA), l’évaluation du projet. le développement de l’adolescent et la capacité de son entourage à l’accompagner. Que peut-on faire pour éviter des bilans de situation. - le Service universitaire de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent (SUPEA), Elle est supervisée par Pierre-André Michaud, cette évolution ou y faire face de manière adéquate? C’est pour répondre à cette question que le projet DEPART1 Les clés de la démarche - la Division des abus de substances (Centre St-Martin), médecin chef de l’UMSA, Renaud Stachel, respon- - l’Association vaudoise des organismes privés sable socio-éducatif du Centre St-Martin (Unité de a été mis sur pied. CHUV-Magazine a rencontré l’équipe qui s’en occupe depuis mai 2004. Auprès des institutions qui en font la pour enfants, adolescents et adultes en difficulté toxicodépendance), et Philippe Stephan, médecin demande, DEPART peut aussi bien offrir (AVOP), responsable de l’Unité d’hospitalisation psychia- © CEMCAV un soutien spécifique concernant les pro- - et le Service de protection de la jeunesse (SPJ). trique pour adolescents (UHPA), qui co-dirigent le projet. blèmes de consommation des adoles- L’équipe du projet est une équipe pluridisciplinaire. cents qu’une aide à l’optimisation des Elle est composée de: Le comité de pilotage réunissant un représentant ressources déjà existantes au sein de - Patrice Charpentier et Caroline Graap, interve- de chacune des entités initiatrices du projet se l’institution. Cette deuxième forme de nants socio-éducatifs, réunit une fois par mois. soutien est privilégiée en raison de l’effet multiplicateur obtenu en favorisant la ges- A côté de l’aide fournie aux professionnels du jeune, horaires souples et rythmes tion autonome des problèmes par l’insti- du réseau, l’équipe de DEPART peut inter- variables des entretiens, recours aux SMS, tution. venir en appui autour de situations indivi- etc.). Cet accompagnement est indisso- duelles, en particulier lorsque la consom- ciable du travail en réseau dans lequel Cet accompagnement des professionnels mation a pris une importance telle qu’elle l’équipe de DEPART cherche à réaména- du réseau représente plus de 27% des vient mettre en échec le travail de soutien ger un espace de travail pour les profes- interventions de l’équipe DEPART. Il prend fourni par les professionnels en contact sionnels qui interviennent dans la situa- diverses formes. avec les adolescents concernés. Dans ce tion et à aider chacun à clarifier son rôle. cas de figure, DEPART est en mesure de Une partie de l’équipe 1. L’intervision. Lorsqu’une collabora- proposer une palette de prestations. 3. L’orientation. Une orientation peut éga- du projet. tion se met en place avec une institution, lement être nécessaire, soit immédiate- Au premier rang, Patrice Charpentier, des séances mensuelles d’intervision sont 1. L’évaluation. Une évaluation est effec- ment après l’évaluation, soit après un entouré de Caroline Graap organisées avec la psychiatre et un inter- tuée dans tous les cas au début de l’in- accompagnement de plus ou moins et de Parissa Khosrov. venant socio-éducatif de DEPART. Au tervention. Elle comporte généralement longue durée. Ces étapes préliminaires Au deuxième rang, cours de ces réunions, chaque interve- deux à trois entretiens. Il s’agit d’évaluer (évaluation, voire accompagnement) ser- Monique Bolognini, entourée de Pierre-André nant peut apporter son regard (d’où le la gravité de la consommation (histoire de vent à la fois à évaluer au mieux les besoins Michaud et Philippe terme d’intervision) autour d’une situa- la consommation, substances consom- d’aide et à préparer le jeune et son entou- Stephan. tion difficile. Cet espace de réflexion per- mées, quantités et fréquences, motifs de rage à la prise en charge proposée (place- met de partager des compétences et des la consommation) et de l’examiner en ment dans une institution résidentielle spé- Le but général du projet DEPART est mation régulière qui les met à l’entrée de de l’autre une prise en charge sociale, dont expériences et de dégager une attitude et fonction de l’ensemble de la situation de cialisée en toxicomanie, par exemple, ou d’améliorer le dépistage, l’accompagne- la dépendance. Comme l’expliquent les ini- les milieux s’ignoraient souvent. DEPART une intervention communes. L’institution l’adolescent (ressources internes et prise en charge psychothérapeutique). ment et la prise en charge d’adolescents tiateurs du projet, ces situations ne doivent est parvenu à réunir les deux, en une struc- peut ainsi gérer la situation sans que externes, lien entre la consommation et engagés dans des comportements être ni diabolisées, ni banalisées. Elles doi- ture complémentaire aux consultations déjà DEPART doive intervenir directement les autres problèmes rencontrés). Une année d’activité bien remplie d’abus de substances légales ou illégales. vent être prises en charge de manière adé- existantes. L’équipe de DEPART vient sim- auprès des jeunes. Il s’adresse en fait à deux catégories de quate pour améliorer l’accompagnement plement renforcer les compétences des 2. L’accompagnement. Un accompa- Entre début mai 2004 et fin février 2005, jeunes de 12 à 20 ans: des ados concernés et soutenir leur entou- réseaux et des institutions confrontés au 2. Les protocoles de collaborations. gnement peut être souhaitable dans le cas DEPART a enregistré 104 demandes d’in- • Ceux qui entament une consommation rage familial et l’ensemble des profession- problème de la consommation de sub- Lorsqu’une collaboration régulière avec d’une situation bloquée par des comporte- terventions: abusive de substances mais pour les- nels qui sont à leur contact: médecins, stances chez les jeunes.» une institution se met en place, DEPART ments d’abus de substances envahissants. quels on peut espérer qu’un dépistage centres de loisirs, structures socio-éduca- propose une rencontre entre les équipes Cet accompagnement offre au jeune un - Soit pour contribuer à évaluer et à suivre et une intervention précoce évitent l’en- tives et services sociaux. Ce qu’apporte l’équipe de DEPART pour une présentation mutuelle et un espace tiers de réflexion autour de ses com- la situation d’un jeune en particulier (76 trée dans le processus de dépendance. échange sur les pratiques de chacun. portements, de ses projets de vie et des dif- cas). Ces demandes émanaient d’un • Ceux qui abusent largement de sub- Jusqu’ici l’accompagnement et le traite- DEPART intervient à trois niveaux : L’équipe de DEPART propose également ficultés qu’il rencontre. Au cours de ces membre de la famille (28%), de struc- stances et pour lesquels un accompa- ment d’adolescents engagés dans des l’élaboration d’un protocole de collabo- entretiens, l’intervenant cherche à amener tures socio-éducatives (32%), psychia- gnement spécialisé (socio-éducatif, comportements d’abus de substances 1. Auprès des professionnels du réseau en ration qui formalise les relations avec l’ins- le jeune à prendre conscience de ce qui lui triques ambulatoires (17%) ou scolaires- médico-psychologique et psychia- étaient mal coordonnés. Les outils et les leur apportant un soutien spécialisé dans titution concernée et facilite la communi- arrive, à se poser des questions sur ce qu’il professionnelles (17%). trique) est nécessaire. spécialistes à même d’assurer cet accom- l’approche des problèmes liés à la consom- cation et le travail commun. consomme, pourquoi et avec quelle consé- pagnement faisaient défaut. Cela provoquait mation de produits psychotropes et une quence sur sa situation et son avenir. - Soit pour venir en appui à une institu- Si la moitié environ des jeunes de cet âge des ruptures répétées des liens créés avec aide pour utiliser au mieux les ressources 3. La formation. L’équipe de DEPART par- tion confrontée à des problèmes de consomment des substances psycho- l’adolescent consommateur qui entravaient et les compétences dont ils disposent. ticipe à des formations dans le domaine de Ce travail intègre l’approche centrée sur consommation de substances à l’ado- tropes, 20% ont une consommation pro- l’efficacité de la prise en charge. Il y avait l’adolescence et de la consommation de la personne et l’analyse psychodynamique lescence: écoles (11 cas), structures blématique et environ 7% ont une consom- d’un côté une prise en charge médicale et 2. Auprès des jeunes eux-mêmes en leur pro- substances ou de l’utilisation d’outils de des tensions et conflits en jeu. Le cadre socio-éducatives (6 cas), spécialisées 1 Initialement, l’acronyme DEPART signifiait «Dépistage, Evaluation et Parrainage d’Adolescents à Risque posant une démarche qui les aide à se situer dépistage et d’évaluation de la consom- de ces entretiens est suffisamment souple en toxicomanie (5 cas) ou médicales (4 de Toxicomanie». Il est utilisé aujourd’hui pour dire plus simplement «Dépistage, évaluation et par- par rapport aux produits consommés et à rede- mation de substances par les adolescents pour faciliter l’adhésion des jeunes à la cas). Les deux dernières demandes rainage d’adolescents consommateurs de substances». venir acteur de la situation en faisant des choix. (voir encadré). démarche (déplacement sur le lieu de vie émanaient de l’entourage de jeunes. > 10 11
a o û t 2 0 0 5 a o û t 2 0 0 5 Jeunes consommateurs de substances psychotropes Le Centre de stomathérapie du CHUV Origine géographique de la demande Un service de soins plutôt méconnu Demande concernant un jeune Demande concernant une institution La stomathérapie? Ce mot savant1 recouvre d’une certaine pudeur tous les soins apportés aux patients porteurs d’une Lausanne 64 % 46 % - et l’amélioration de la situation du poche pour les selles ou les urines ou souffrant d’incontinence. Spécialisées dans la prévention et le traitement des pro- Région lausannoise 21 % 18 % jeune (mise en route ou aboutissement Reste du canton 15 % 36 % d’un projet professionnel, amélioration blèmes cutanés autour des stomies et des fistules, les infirmières stomathérapeutes en sont venues à soigner également de l’état psychologique, diminution de En raison de l’effectif de l’équipe et du temps à disposition, les demandes adressées pour les jeunes émanant de l’extérieur de la région lausannoise ont généralement été orientées vers les institutions spécialisées des secteurs la consommation). les plaies chroniques (escarres, ulcères, plaies diabétiques) et les plaies chirurgicales problématiques. Le Centre de sto- concernés. Les avis négatifs portent essentiellement mathérapie du CHUV est dirigée par une ICUS, Judith Weller, qui l’a créé en 1987. CHUV-Magazine l’a rencontrée. Les jeunes qui ont fait l’objet d’une entre mai et fin juin 2004, soit environ sur les limites du projet. Dans plus d’un demande d’intervention sont âgés entre huit mois auparavant. Ces entretiens qui tiers des cas, ils expriment la difficulté de 12 et 25 ans, avec une moyenne d’âge de ont touché 12 professionnels et 6 parents faire adhérer le jeune, voire ses parents, Les stomathérapeutes du CHUV s’occu- 17 ans (sur les 15 jeunes âgés de plus de ont duré une trentaine de minutes sur la à la démarche proposée par DEPART. Ces pent de tous les patients concernés, des Judith Weller 19 ans, 4 ont été d’emblée réorientés vers base d’une grille de questions. avis rejoignent le constat général dans la bébés aux centenaires, quel que soit le Judith Weller est un courant d’énergie qui fonctionne à © CEMCAV une institution destinée aux adultes). Ce clinique des addictions où la proposition service somatique, psychiatrique ou de l’humour britannique. Née british, et établie dans notre sont pour deux tiers des garçons. La majorité des avis exprimés relèvent d’une prise en charge n’est acceptée plei- réadaptation qui les accueillent. pays depuis 1976, elle se qualifie de «réfugiée sportive». des aspects positifs. Bon nombre d’avis nement que très tard dans le parcours Entendez par là que fan de sport et surtout de ski, elle a Cannabis et alcool mentionnent la qualité du travail accom- des personnes aux prises avec des pro- Leur spécialisation est centrée sur les choisi de venir travailler dans notre pays pour être tout près des pistes. En dehors de son amour pour la mon- pli, les compétences des membres de blèmes de dépendance. Ces aléas dans soins aux patients stomisés, avant, pen- tagne, elle pratique aussi les arts martiaux, le jujitsu, La substance principale évoquée lors de l’équipe et la pertinence de leurs inter- la motivation à changer de comporte- dant et après l’hospitalisation. Avant depuis 25 ans - «dans notre métier, il faut pouvoir se la demande d’intervention est le cannabis ventions (suivi des situations, orienta- ment expliquent notamment les fré- l’opération, il s’agit notamment de déter- défouler», explique-t-elle - et court à l’opéra chaque fois (92%). L’autre substance souvent men- tions effectuées de manière adéquate, quentes interruptions de traitement et les miner le meilleur emplacement de la sto- que cela est possible, notamment à Genève. tionnée est l’alcool (60%). Mais si le can- prise en compte des besoins du deman- rechutes. mie en fonction de l’examen du corps, nabis est la substance la plus souvent deur). Les avis positifs se rejoignent des activités professionnelles et des loi- Depuis sept ans, Judith Weller est présidente de citée, la consommation d’alcool se révè- aussi pour souligner : Une partie des avis exprimés, surtout par sirs du patient. l’Association suisse de stomathérapeutes, qui sont plus de 80 dans toute la Suisse, la profession s’étant le parfois tout aussi importante. La - la pertinence du projet lui-même les professionnels, réclament l’élargisse- plus développée en Suisse romande qu’en Suisse alé- consommation d’autres substances, telles (réponse adéquate aux besoins, com- ment du projet en généralisant les colla- Après l’opération, il faut orienter le choix manique. C’est essentiellement une profession de que les drogues de synthèse, est moins plément utile de l’offre existante, borations avec les institutions (notam- du patient vers le type de poche le mieux femmes; on compte les hommes sur les doigts d’une importante, même si elle ne doit pas être approche adéquate de la consomma- ment avec les foyers éducatifs), en adapté à sa situation. Il faut également main. Judith Weller est également membre du sous-estimée. tion de substances, accès facilité à une étendant l’offre de formation et le péri- enseigner au patient et/ou à son entou- Comité central de l’association mondiale, the World aide spécialisée); mètre d’action à tout le canton. Les rage comment faire les soins de la stomie Council of Enterostomal Therapists. Ce travail béné- La demande est essentiellement justifiée - l’appréciation des intervenants par les autres attentes tournent autour de la et comment prévenir les complications. vole pour les associations professionnelles l’occupe 6 à 8h par semaine. par des problèmes d’ordre scolaires ou jeunes (pas de jugement porté sur leur nécessité d’intensifier l’intervention (offrir Il s’agit aussi d’apprendre au patient à professionnels (33% des cas) et familiaux comportement, création d’un lien de plus de suivi et des suivis plus intensifs vivre avec une poche, avec une nouvelle (42% des cas). La situation du jeune a confiance et d’une alliance, mise en dans les cas de consommation très pro- image corporelle et les problèmes qui lui ne peut pas résoudre son problème d’ap- prévenir des épisodes d’incontinence. déjà fait l’objet d’une mesure : place d’un cadre accessible et flexible); blématique) et de maintenir DEPART. sont liés, notamment sur le plan sexuel et pareillage, il n’y a guère moyen de faire Mais l’aide à ces patients se heurte enco- - socio-éducative (dans 45% des cas), des relations au sein d’un couple. «Nous appel à quelqu’un d’autre. re à un tabou. L’incontinence est trop - de type psychothérapeutique (dans en parlons avec 80% des patients, souvent considérée comme une fatalité 38% des cas), Profil des jeunes vus par DEPART explique Judith Weller. Notre activité relè- Les soins de plaies de l’âge (vieux = incontinent), comme - d’ordre médical (dans 25% des cas), Entre mai 2004 et février 2005, le questionnaire DEP- moins fréquemment, principalement en fin de ve pour 51% de soins physiques et pour une situation pour laquelle on ne deman- - ou d’une mesure dans le cadre scolai- ADO a été rempli par 43 jeunes dans le cadre du pro- semaine (44%). Mais les épisodes de prise massive 49% d’éléments relationnels.» Ces dernières années, les stomathéra- de pas d’aide, parce qu’il n’y a pas grand- re-professionnel et/ou juridique (18%). jet DEPART: 14 filles et 29 garçons âgés de 16 ans d’alcool pouvant déboucher sur des problèmes peutes ont développé leurs compétences chose à faire. et demi en moyenne. Ce questionnaire permet de aigus (coma éthylique) ou plus diffus (ruptures Cette relation est d’ailleurs de longue dans le domaine des soins de plaies, ce Poursuivre l’expérience catégoriser la consommation de substances psy- sociale, scolaire ou professionnelle) sont relative- durée. Elle se prolonge aussi longtemps qui les amènent à avoir un rôle de consul- Un rôle de gestion choactives chez les adolescents selon trois stades : ment fréquents. que le patient est stomisé, de manière tant dans les services. - feu vert (pas de problèmes évidents), DEPART est conçu comme un projet pilo- - feu jaune (problèmes émergents et intervention La consommation d’autres substances ne prend épisodique évidemment quand la situa- Au-delà de son rôle direct de soins et te d’une durée de deux ans (mai 2004- souhaitable), pas les mêmes dimensions, mais il convient de ne tion est stabilisée. Dans ce cas, c’est le Surmonter les tabous d’accompagnement auprès de patients, avril 2006). Il est financé par les Hospices- - et feu rouge (problèmes évidents et intervention pas en minimiser l’importance. 12% de ces jeunes patient qui appelle en cas de nécessité. le centre de stomathérapie gère le stock CHUV, le Fonds de prévention de lutte nécessaire). ont déjà consommé de l’héroïne dans leur vie de «Je connais certains patients depuis En ce qui concerne l’incontinence, l’infir- d’environ 400 articles liés à son activité. contre les toxicomanies du canton de Lors du début de l’accompagnement, plus de 40% manière occasionnelle (au maximum une fois par 1987, poursuit Judith Weller. C’est une mière stomathérapeute a un rôle d’éva- Offrir aux patients la possibilité de choi- Vaud et Lausanne Région, la Commu- d’entre eux pouvaient être considérés comme en mois) et 19% ont consommé de la cocaïne entre 1 relation très privilégiée dans la mesure où luation et de conseil pour le choix de l’ap- sir leur appareil fait qu’ils en sont plus rupture avec le monde scolaire ou professionnel. et 10 fois au cours des douze derniers mois. nauté d’intérêt de la région lausannoise. la situation de ces patients est générale- pareillage (étui pénien, produit absorbant, satisfaits, qu’ils se prennent mieux en Les initiateurs du projet espèrent que Sur ces 43 jeunes: Dans leur parcours antérieur, la plupart de ces ment lourde à porter. 75% d’entre eux ont tampon anal, etc.) en attendant que le charge par la suite. En raison du nombre l’évaluation des résultats obtenus per- - 72% se situaient dans la zone «feu rouge»; jeunes (71%) avaient eu un contact avec un méde- été opérés pour un cancer et doivent traitement médical ou chirurgical ait lieu important de patients suivis dans un hôpi- mettra d’assurer la pérennité de son - 21% dans la zone « feu jaune»; cin ou une structure médicale, le plus souvent avec affronter des problèmes aussi bien psy- ou dans les situations où celui-ci se révè- tal universitaire, les stomathérapeutes du financement. - 7% dans la zone «feu vert». le médecin de famille (58%). Mais seul un jeune chologiques que physiques.» le inefficace. Elle doit également donner CHUV sont également consultées lors sur deux a parlé de sa consommation dans le cadre des conseils tout simples sur l’hygiène de des études sur le développement de nou- Entre janvier et mars 2005, 18 entretiens L’alcool et le cannabis sont les deux produits les de ce contact. Une grande partie d’entre eux Dans certains cas, cette relation peut vie et la manière de s’alimenter afin de veaux produits. > plus communément consommés par ces jeunes. Le avaient également eu un ou plusieurs contacts de téléphoniques d’évaluation ont également cependant devenir difficile à gérer en rai- cannabis est le plus souvent consommé quotidien- type psychothérapeutique (64%), socio-éducatif été réalisés avec des personnes qui nement (67%) alors que l’alcool est consommé ambulatoire (54%) ou résidentiel (46%). son de la grande dépendance psycholo- 1 Une stomie (du mot grec «stoma» signifiant bouche) est une dérivation artificielle d’un organe creux avaient adressé une demande à DEPART gique du patient : si la stomathérapeute (intestin, appareil urinaire) vers la peau. 12 13
Vous pouvez aussi lire