Le Cent-vingt-cinquième anniversaire de la Société belge d'Astronomie (1895 - 2020)
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Le Cent-vingt-cinquième anniversaire de la Société belge d’Astronomie (1895 – 2020) René Dejaiffe et Anne Haubrechts Secrétariat général SRBA L’histoire de la Société belge d’Astronomie (SBA), particulièrement celle de sa fon- dation, ne peut être comprise sans une description en premier lieu de l’ambiance internationale en général, et plus spécialement européenne, reflétant un climat socio-politico-économique qui régnait à l’époque ; en second lieu, de l’ambiance nationale qui caractérisait cette riche période contemporaine ; et en troisième lieu, plus particulièrement encore dans les domaines scientifiques qui nous concernent, du contexte nouveau créé par l’apparition de différentes sociétés ou comités au ni- veau national tels que, dans leur ordre de création, l’Astronomical Society of London, en fait la Royal Astronomical Society (RAS), la Société astronomique de France (SAF) ainsi, en parallèle, que celle de l’Astronomical Society of the Pacific (ASP) ou Société astronomique du Pacifique. C’est la raison pour laquelle cette histoire de la fondation de la SBA se verra divisée en trois parties. La première, en vaste préambule à cet événement, essayera de passer largement en revue, autant que nécessaire, des manifestations internationales parmi les plus générales – congrès, conférences internationales, à vocations scientifiques ou plus générales – qui ont créé une ambiance favorable à l’éclosion de telles socié- tés. La deuxième verra contée les préliminaires à la création, puis la fondation par un ensemble de pères fondateurs, ainsi que le début de l’évolution et des premières années de fonctionnement de la Société. Bref, une description tant des réalisations que des projets émanant de la Société au cours des vingt premières années de son existence. La troisième partie, en complément d’actualité, verra les convergences et les débuts d’évolution individuelle des trois sociétés précitées dont la SBA ne peut être détachée. *** Le contexte national et européen dans l’ambiance internationale *** La situation géographique de et un désir de faire de la Belgique soit de 1840 à 1859, la Belgique la Belgique, ses antécédents le pays hôte des rencontres et des en abrita onze, soit exactement historiques, ses composantes institutions nouvelles destinées à 38 % dont neuf sur les quatorze ethniques, sa constitution organiser la collaboration entre premières réunions d’une disci- internationale et la neutralité les peuples. pline ou association nouvelle. qui en résulta, furent des atouts précieux pour une contribution La Belgique avait dix-sept ans De 1860 à 1914, le pouvoir d’at- de la Belgique, dès son entrée dans lorsqu’elle reçut à Bruxelles son traction de la Belgique continue la Société des Etats, à l’éclosion premier congrès international, à s’exercer avec force et, en 1913, concomitante de la coopération qui était en même temps le cin- on compte au total 420 réunions internationale. Mais cette partici- quième tenu dans le monde. internationales ayant tenu leurs pation n’en reste pas moins assez assises sur le sol belge depuis le extraordinaire, comme si l’indé- Sur les 29 conférences et congrès début de l’ère des congrès. A cette pendance nouvelle avait provoqué internationaux qui se tinrent du- date, seule la France a dépassé ce chez les Belges une sorte de fu- rant les vingt premières années chiffre. reur de vivre internationalement du mouvement international, Septembre-Octobre 2020 130 CT2020_05.indd 130 15-10-20 13:38:51
En ce qui concerne le siège des Dans le domaine de l’action l’appui du gouvernement, le 1er organisations, en 1912, pour les sociale, éducative et syndicale, Congrès du Droit des Femmes 437 organisations internationales l’apport de la Belgique à l’œuvre regroupa à Bruxelles, en 1897, les dont les sièges étaient connus du bonheur des peuples se mani- principales féministes d’Angle- et qui se répartissaient dans 23 festa à nouveau de façon retentis- terre, d’Allemagne, de France, de pays, la Belgique était le princi- sante en 1862 par l’organisation Hollande et de Russie. Il convient pal pays-hôte, en hébergeant 105 du 1er Congrès de l’Association de rappeler, après avoir parlé de d’entre elles, suivie par la France internationale pour le progrès des l’accès des femmes à la profession qui en comptait 92, l’Allemagne sciences sociales. Le Roi Léopold d’avocat, que les deux premières 84, le Royaume-Uni 39, etc. II, alors Duc de Brabant, assista à fois que les avocats se réunirent cette assemblée tenue à Bruxelles en assises internationales, ce fut Le facteur principal fut certaine- du 22 au 25 septembre, sous la à l’initiative du Barreau belge à ment la qualité exceptionnelle des présidence de Fontainas, bourg- Bruxelles, du 1er au 5 août 1897 Belges, qui furent ses premiers mestre de Bruxelles. De ce pre- et à Liège du 30 septembre au représentants dans le mouve- mier congrès international consa- 3 octobre 1905, et que ce fut ment international, tels Edouard cré véritablement à l’examen d’ailleurs lors de cette seconde Ducpétiaux (1804-1868) dans le des questions sociales est sortie session que fut fondée l’Associa- domaine de l’Organisation inter- l’étude systématique du mou- tion internationale des avocats. nationale du Travail qui avait été vement social et l’effort en vue On mentionnera qu’avant 1905, le premier à suggérer l’établisse- d’une législation internationale seulement 266 organisations in- ment de conventions interna- du travail. ternationales, intergouvernemen- tionales du travail de même que tales ou non gouvernementales, celui d’une organisation inter- Dans un autre secteur, celui de la avaient vu le jour. nationale du travail ou encore jeunesse universitaire, la Belgique Adolphe Quetelet (1796-1874) abrita les deux premiers congrès La vie économique n’était évidem- dont Henri Bunle, ancien direc- internationaux d’étudiants, ce- ment pas restée inactive. Ainsi, le teur de la Statistique générale lui de Liège en 1865 et celui de premier congrès international des de la France, a écrit : « C’est à Bruxelles en 1867, comme il économistes avait été convoqué et Londres, en 1851, pendant l’Ex- accueillit à Bruxelles, en 1891, organisé à Bruxelles en septembre position Universelle, que le grand le premier des congrès interna- 1847, consacré à l’examen des Quetelet, statisticien, sociologue tionaux des étudiants socialistes. problèmes économiques et com- et démographe belge, fut frappé Pour mémoire, le congrès tenu merciaux. Ce congrès internatio- du manque de liaisons entre les à Liège du 29 octobre au 1er no- nal avait été le premier à se tenir démographes ; en accord avec ses vembre 1865 avait réuni environ à Bruxelles et le cinquième tenu amis W. Farr et Babbage, il éta- 1230 participants, la représenta- dans le monde. Son président fut blit un projet de congrès interna- tion des pays étant assez variable Charles de Brouckère, président tionaux de statistique, où seraient (Espagne 2, France 72, Allemagne de l’Association belge pour la discutées toutes les questions re- 4, Moldo-Valachie 8, Hollande liberté commerciale, et la par- levant de la statistique et notam- 20) et pour la Belgique (Gand ticipation de 178 personnalités ment les questions de population. 95, Bruxelles 190, Louvain 37, – dont de nombreux Français, En hommage à leur créateur, le Mons 12, Anvers 40 et Liège Anglais, Allemands, Hollandais, premier de ces congrès se tint à 750). Avec les anciens étudiants, des Polonais et trois Américains Bruxelles, en 1853 ». le total approchait de 1400. – avait donné à ses travaux un retentissement particulier. Dans le domaine du droit inter- Pour l’histoire de cette période, national en général, et du paci- on citera encore la fondation Dans la foulée naîtront des fisme plus particulièrement, qui en 1892 de la Ligue Belge du Unions économiques dans le sait encore que c’est à Bruxelles, Droit des Femmes par sa cheville mouvement en faveur d’une les 20, 21 et 22 septembre 1848 ouvrière, Melle Marie Popelin, entente économique internatio- que se tint le premier Congrès laquelle s’était vu interdire en nale dans une grande partie de international des Amis de la Paix 1888 le droit de prester serment l’Europe au départ de l’exemple Universelle, convoqué par les d’avocat, les idées et la législation de l’Allemagne dès 1904, et la Sociétés anglaise et américaine de l’époque faisant opposition à tenue de congrès internationaux avec l’appui du ministre Charles l’accès des femmes à la profes- annuels se tiendront à partir de Rogier ? La Belgique avait alors sion d’avocat. A l’invitation de la 1906. 18 ans après la proclamation de Ligue Belge, avec le patronage et son indépendance ! Ciel et Terre • vol. 136 131 CT2020_05.indd 131 15-10-20 13:38:51
Une des retombées du premier par le directeur des postes améri- la propriété industrielle (1883), congrès international des écono- caines et la première Conférence le Bureau international pour la mistes fut, en 1853, l’organisa- postale internationale se tint à protection des œuvres artistiques tion à Bruxelles, du 19 au 22 sep- Paris en 1863. Elle aboutit à une et littéraires (1886), la jonction tembre, d’un congrès qui devait énumération en 31 articles « des des deux Bureaux précédents, le avoir des répercussions considé- principes généraux de nature à Bureau international des adminis- rables dans le monde entier. Il faciliter les relations de peuple trations télégraphiques (1865), le s’agit du 1er Congrès internatio- à peuple par la voie de la poste Bureau international de l’Union nal de statistique, dû à l’initiative et pouvant servir de base aux postale universelle (1874) et de la Commission centrale de conventions internationales des- l’Office central des transports statistique de Belgique instituée tinées à régler ces relations ». La internationaux de marchandises en 1841 par le ministre Liedts. voie était ouverte et des négocia- par chemin de fer (1890), ... Avec le concours du gouverne- tions dans le but d’une entente ment belge, il fut convoqué par plus étroite se concrétisèrent dès En 1885, fut organisé à Bruxelles, un comité d’organisation présidé 1869. Elles aboutirent à la réu- le 1er Congrès international des par Adolphe Quetelet, directeur nion à Berne d’un Congrès pos- chemins de fer à l’occasion du 50e de l’Observatoire de Belgique, tal universel du 15 septembre anniversaire de l’inauguration des président de la Commission de au 9 octobre 1874. Ainsi naquit chemins de fer belges, le premier statistique et inspirateur du pro- l’Union générale des postes, et ce « railway » d’Etat du continent. jet ainsi que de celui de fonder fut à l’initiative d’un Belge, M. une Société internationale de Vinchent, directeur des postes D’autres organismes interna- statistique. Le Roi Léopold Ier, et télégraphes, que le Congrès tionaux virent ensuite le jour : accompagné de ses fils, assista à de 1874 décida d’organiser, sous l’Office central des Transports la séance du 21 septembre. Le le nom de Bureau international internationaux par Chemins de Congrès réunit 237 adhérents, de l’Union générale des postes – fer (Berne, 1890) ; le Comité dont 123 étaient étrangers et ap- dénommé depuis 1878 l’Union international des Transports par partenaient à 25 pays différents. postale universelle – un Office Chemins de fer (Vienne, 1929) ; Son succès était dû, en grande central appelé à fonctionner sous l’Union internationale des part, à l’éclat de la renommée de la haute surveillance d’une admi- Wagons (Stresa, 1921) ; l’Union Quetelet. nistration postale désignée par internationale des Chemins de le Congrès (celle de la Suisse fut fer (Paris, 1922) ; la Conférence Adolphe Quetelet (1796-1874), choisie) et dont les frais seront européenne des Horaires (Berne, professeur de mathématiques à supportés par toutes les adminis- 1923) ; etc. l’âge de dix-sept ans, se vit ouvrir trations des Etats contractants. à vingt-quatre ans les portes de Il en fut de même d’une entente Toute une série de conférences, l’Académie royale des sciences, entre groupes de pays pour la de conventions et d’institutions des lettres et des beaux-arts, dont mise en place d’un Bureau inter- concernant l’Afrique retinrent il allait être pendant quarante national des Administrations té- l’attention et la participation ans, le secrétaire perpétuel. La légraphiques fondé à Vienne en des Belges, quand elles ne furent direction de l’Observatoire de 1868. pas dues à leur initiative. Parmi Belgique, qu’il fit créer, lui fut celles-ci, on retiendra la convoca- confiée dès son achèvement en Il en fut ainsi de nombreux of- tion à Bruxelles le 12 septembre 1833. Professeur d’astronomie fices internationaux tels que – 1876 de la Conférence géogra- et de géodésie à l’Ecole militaire, liste non exhaustive – le Bureau phique internationale, à l’initia- président la Commission centrale international des poids et mesures tive du Roi Léopold II, intronisé de statistique, etc., il présida en (France, 1875), le Bureau central le 17 décembre 1865 et décédé le 1853 la première conférence in- de l’Association géodésique in- 17 décembre 1909. ternationale de météorologie. Il ternationale (Allemagne, 1867), fut le fondateur des congrès in- le Bureau spécial concernant la Cette conférence, tenue au Palais ternationaux de statistique. traite des esclaves africains et de Bruxelles, regroupant l’Alle- le Bureau international pour la magne, l’Angleterre, la France, L’administration publique n’était publication des tarifs douaniers l’Autriche et l’Italie auxquels pas restée absente de ces mou- (Belgique, 1890), ainsi que les s’étaient joints des délégués de vements. L’idée d’une entente Offices internationaux établis en nombreuses sociétés savantes ain- postale internationale fut émise Suisse, à savoir le Bureau inter- si que des personnalités de renom, pour la première fois en 1862 national pour la protection de se tint du 12 au 18 septembre et Septembre-Octobre 2020 132 CT2020_05.indd 132 15-10-20 13:38:51
conclut à la nécessité d’organiser des naturalistes et philosophes de l’Institut géographique sur un plan international com- allemands. D’Allemagne, l’idée international ; en 1885 à Londres, mun l’exploitation des parties passa en Angleterre (1831), puis celle de l’Institut international inconnues de l’Afrique, d’établir en France (1833), en Belgique de statistique ; en 1886 en comme base de ces explorations (1847) et s’implanta aux Etats- Allemagne, celle de l’Association un certain nombre de stations Unis (1848). internationale d’entomologie ; scientifiques et hospitalières, de ainsi qu’en 1889 à Paris la mise créer des comités nationaux de Il existe une liste de 1414 congrès en place d’un Comité permanent constitutions autonomes pour internationaux tenus de 1681 des congrès internationaux de seconder cette action. Elle confia à 1899 publiée vers 1960 par zoologie. l’exécution de ces programmes à l’Union des associations interna- une Commission internationale tionales. Mais dans les domaines Ce n’est qu’en 1899 que l’on ayant un comité exécutif présidé scientifiques et techniques qui verra s’unir les grandes acadé- par le Roi des Belges et composé nous intéressent ici, on retiendra mies scientifiques établies depuis d’un Allemand, le Dr Nachtigal, que les premières réunions inter- longtemps déjà dans de nom- d’un Français, de Quatrefages, nationales tenues dans le monde breux pays, telle à Bruxelles, d’un Anglais, Sir Bartle Frere et -essentiellement dans la période l’Académie impériale et royale d’un secrétaire belge, le baron s’étendant de 1850 à 1925 - sont, des sciences et des lettres, fondée Greindl. Des comités nationaux outre le congrès international en 1772 par Marie-Thérèse d’Au- se constituèrent dans différents sanitaire de Paris en 1851 et le triche, devenue alors l’Académie pays. Celui qui manifesta surtout congrès international d’hygiène royale de Belgique. Le processus de l’activité fut le Comité natio- de Bruxelles en 1852, à Bruxelles de coopération institutionnali- nal belge de l’Association inter- encore, en 1853, le Congrès in- sée entre les Académies fut donc nationale africaine qui, créé le 6 ternational des observations mé- lent et long, puisque l’on fait novembre 1876, pourra faire état téorologiques à la mer – dont on remonter ce projet au philosophe d’une expédition belge à la côte reparlera plus loin - et le Congrès allemand Leibniz, né à Leipzig orientale d’Afrique déjà au mois général de statistique, dont il a en 1646, et on doit son aboutis- d’octobre 1877. été question précédemment. sement à l’Académie royale des sciences de Prusse qui convoqua Dans le domaine de la coopé- En ce qui concerne les organi- la Conférence de Wiesbaden des ration scientifique, la France sations internationales, ce qui 9 et 10 octobre 1899, après de et l’Allemagne prirent le plus sous-entend l’existence de comi- premières ouvertures faites aux souvent l’initiative des contacts tés ou d’associations nationales, Académies par Lister, président internationaux. Cependant, la on notera qu’ont été fondées : de la Royal Society de Londres. Belgique peut s’honorer d’avoir à Paris, la Société universelle Cette Association internationale abrité la moitié des premières d’ophtalmologie en 1861 ; à des Académies, fondée en 1899, réunions internationales scienti- Berlin, l’Association géodésique fit place à l’Union académique fiques organisées avant 1870. internationale en 1864, en internationale, créée à Paris en fait strictement européenne 1919. Historiquement, un congrès jusqu’en 1886 ; à Leipzig, médical semblerait s’être tenu le Comité météorologique Bouillonnant : tel était le contexte à Rome du 10 mars 1681 au 8 international en 1872 ; à Paris international et le climat euro- juin 1682 au rythme de trois ou encore, le Bureau international péen rappelés rapidement ici quatre séances par mois et 46 des poids et mesures, organisme dans lequel allait se développer médecins y participèrent. Il en va intergouvernemental créé par la une série d’activités scientifiques de même pour le congrès inter- Convention du Mètre en 1875 ; dont la création de notre Société national des sciences physiques ainsi qu’à Paris toujours, une belge d’Astronomie allait nor- et naturelles qui se serait tenu à éphémère Alliance scientifique malement découler, sans oublier Genève en 1815, à l’initiative du universelle, également dénommée que d’autres initiatives, connexes chimiste genevois H. A. Gosse. Association internationale des ou en liaison directe avec elle, Mais l’idée même du congrès hommes de sciences, en 1876. avaient déjà été réalisées. scientifique est née en Allemagne. Elle y dut son origine à Alexander On retiendra encore : en 1879 La première de ces activités en Humboldt qui réunit à Berlin, à Rome, la constitution de la relation directe avec la future sous sa présidence, le 18 sep- Commission polaire internatio- création de la SBA avait relevé tembre 1821, le premier congrès nale ; en 1880 à Berne, la création des domaines de la météorologie et de la cartographie. Ciel et Terre • vol. 136 133 CT2020_05.indd 133 15-10-20 13:38:51
a) La météorologie par an les économies qu’il avait dans n’importe quelle partie du La première Conférence inter- ainsi fait réaliser, aux environs de monde. En outre, comme il est nationale de météorologie s’était 1850, au commerce internatio- souhaitable d’obtenir le concours réunie à Bruxelles au mois d’août nal. bénévole de tous les navires mar- 1853. Dans les faits, elle allait chands, aussi bien que celui des précéder d’un mois le 1er Congrès L’idée de Maury vaut la peine bâtiments de guerre de tous les international de statistique dont d’être regardée de près, car mu- pays, pour ce programme de re- il a été question auparavant et qui tatis mutandis, moyennant une cherche, il serait non seulement n’avait rien à voir avec elle, sinon adaptation, une situation simi- opportun, mais habile, que les la présidence d’un même homme : laire se retrouvera dans les an- principales parties intéressées Adolphe Quetelet, directeur de nées 1890 lors de la création de arrêtent d’un commun accord le l’Observatoire de Belgique et la SBA, avec l’établissement de modèle de carnet d’observation président de la Commission de cartes aériennes cette fois pour et le type d’instruments qu’il statistique mise en place par le la mise en valeur de l’Afrique en convient d’utiliser, les éléments gouvernement belge. général, et plus particulièrement à observer, le mode d’emploi du Congo ! des instruments et les méthodes Cette première Conférence mari- d’observation ». time internationale pour établir Pour en revenir à la conférence un système uniforme d’observa- initiée par Maury, on notera que La Conférence accepta cette sug- tions météorologiques à la mer parmi les douze représentants des gestion et adopta un format type et pour concourir à l’observation dix pays participants – Belgique, pour les livres de bord météoro- des vents et courants marins fut Danemark, Etats-Unis d’Amé- logiques, ainsi qu’une série d’ins- réunie à Bruxelles en 1853 et ... rique, France, Grande-Bretagne, tructions normalisées pour l’exé- Quetelet en fut élu président. Norvège, Pays-Bas, Portugal, cution des observations requises Russie et Suède – qui prirent part (livre de bord à 24 colonnes, etc. On notera que cette conférence à cette Conférence de Bruxelles, ... dont une rubrique Remarques, fut à l’origine de l’Organisation on retrouve, à deux exceptions dans laquelle les marins devaient météorologique internationale près, tous des officiers de marine consigner leurs observations (OMI) devenue le 11 octobre à l’exception du capitaine Henry éventuelles sur les ouragans, les 1947 une institution spécialisée James, du génie militaire britan- trombes marines, les aurores po- des Nations Unies sous le nom nique, et de Lambert-Adolphe- laires, les étoiles filantes, etc.). d’Organisation météorologique Jacques Quetelet, mathémati- mondiale (OMM). cien belge, directeur du premier La coopération internationale observatoire de Belgique et l’un dans le domaine de la météoro- En réalité, dans les faits, l’initia- des fondateurs de la statistique logie maritime était née. Les pro- teur et animateur de cette confé- moderne. blèmes que posait cette coopéra- rence était en effet un lieutenant tion n’en étaient pas pour autant de la marine des Etats-Unis, L’idée essentielle qui avait ame- résolus dans le contexte plus vaste Matthew Fontaine Maury (1806- né l’entreprenant lieutenant de la météorologie en général ... 1873), qui suite à un accident (de Maury à proposer de tenir cette et l’on peut même ajouter qu’elle diligence !) et après de nombreux Conférence de Bruxelles vaut la se poursuit toujours aujourd’hui, périples dans le monde, avait été peine d’être exposée et peut être 167 ans après ! contraint d’abandonner le ser- résumée comme suit : vice actif pour devenir, à par- b) La cartographie (géographie) tir de 1842, directeur du Dépôt « Les marines de tous les pays et l’astronomie des cartes et instruments. Il avait à vocation maritime devraient Après la météorologie, un secteur conçu la notion de routes mari- participer à l’exécution où la coopération internationale times pour les vapeurs sillonnant d’observations météorologiques peut paraître indispensable, est l’Atlantique Nord, afin d’éviter dans des conditions et avec celui de la cartographie, et pas des collisions avec les navires à des moyens et un matériel tels seulement pour l’établissement voile. Homme éminemment pra- que l’uniformité du système de cartes de régions frontières. A tique, il avait établi des cartes qui d’observation soit assuré et qu’on ce sujet, on notera que le Traité avaient permis de raccourcir les puisse comparer aisément les ob- pour régler la situation du Grand- temps de navigation à un point servations effectuées à bord d’un Duché de Luxembourg, signé à tel qu’un météorologiste avait pu navire de guerre avec celles faites à Londres le 11 mai 1867 réglant estimer à 50 millions de dollars bord des autres navires de guerre, définitivement la question des Septembre-Octobre 2020 134 CT2020_05.indd 134 15-10-20 13:38:51
frontières entre la Belgique et le Office de Londres pour publier assurée par le Prince de Monaco. Grand-Duché de Luxembourg, des parties de la carte projetée. Le 10e Congrès à Rome (1908) marquait la suite et la fin des A la suite de cette collaboration constitua une Commission de problèmes posés dès 1815 par et sur une initiative britannique, réfection en fac-similé des cartes le Congrès de Vienne qui avait une conférence eut lieu du 16 anciennes, une Commission des fait du Luxembourg un grand- au 22 novembre 1909 et prit le formes du relief terrestre et une duché lié à titre personnel au roi nom de Comité international de Commission pour la préparation des Pays-Bas et un membre de la la carte du monde dont furent d’une Association cartographique Confédération germanique. A ce issues une série de conventions internationale, à la suggestion titre, en 1831, la moitié occiden- relatives à l’étendue des feuilles, du général Schokalsky, de Saint- tale du grand-duché est devenue leurs limites, leur numérotage et Pétersbourg. belge, le reste – de 1831 à 1839 – leur quadrillage, le système de demeurant sous la domination du projections, les courbes de ni- On constate que les congrès de roi des Pays-Bas. Ce n’est qu’en veau, les teintes, etc.. Le siège du géographie ont été explicitement 1867 que le Traité de Londres fit Comité se trouvait au War Office cités, dont le premier, sous le du Luxembourg un Etat neutre, à Londres. titre de Congrès international sous la garantie des grandes puis- pour le progrès des sciences géo- sances. Alors seulement fut ter- Dans le même temps, avait été graphiques, océanographiques miné le conflit de détermination créé un Comité international et commerciales s’était tenu à de la frontière belgo-luxembour- pour l’exécution de la carte pho- Anvers du 14 au 22 août 1871, geoise. Pour l’histoire, en 1922, tographique du ciel à la suite du à l’occasion de l’inauguration des le Luxembourg et la Belgique se congrès astrophotographique statues élevées à la mémoire de réunirent au sein d’une union réuni à Paris du 16 au 25 avril Gérard Mercator et de Abraham économique à laquelle se joi- 1887, à l’initiative de l’ami- Orteliers. Toutefois, il n’existait gnirent les Pays-Bas en 1947 ral Mouchez, alors directeur de pas d’organisme permanent, si pour donner le jour à la création l’Observatoire de Paris où fut fixé bien que lors de chaque congrès, du Benelux. le siège du Bureau permanent il était formé un Comité de dudit Comité. Ce Comité avait permanence chargé de donner Or, les débuts de la coopération été créé dans un double but : suite aux résolutions prises. Or en matière de géographie et de la publication d’un catalogue l’étendue de celles-ci était large, cartographie remontent à 1871, fournissant les coordonnées de comme en témoigne le fait que année où se tint à Anvers le pre- toutes les étoiles jusqu’à la 11ème le 9e Congrès international de mier Congrès international de grandeur inclusivement et l’éta- géographie, tenu à Genève en géographie, d’autres de ce genre blissement d’une carte céleste 1908, comprenait 14 sections suivant à Paris en 1875 et en renfermant les étoiles jusqu’à la respectivement consacrées aux 1899, et à Vienne en 1881. Au 14ème grandeur inclusivement. matières suivantes : géographie terme du quatrième congrès, la L’officier de la marine marchande mathématique et cartographie ; décision fut prise de tenir le cin- Georges Lecointe – qui deviendra géographie physique en général ; quième à Berne en août 1891. La le 6e directeur de l’Observatoire volcanologie et séismologie ; gla- principale décision de ce congrès de Belgique – y représentait la ciers ; hydrographie ; potamogra- de Berne fut de procéder à l’éla- Belgique. phie (aujourd’hui : hydrographie boration d’une grande carte de la fluviale) et limnologie (hydrogra- Terre, à l’échelle de 1/1.000.000 c) L’océanographie phie lacustre) ; océanographie ; que l’on considéra comme enfin Une Commission internationale météorologie et climatologie ; devenue réalisable « car il ne reste chargée de fixer la nomencla- magnétisme terrestre ; géographie pour ainsi dire plus de décou- ture océanographique et d’étu- biologique, géographie botanique vertes à faire ». L’établissement de dier l’établissement d’une carte et zoogéographie ; anthropologie cette carte fut encore à l’ordre du des fonds océaniques fut insti- et ethnographie ; géographie jour des sessions de 1899 et 1904 tuée en 1899 par le 7e Congrès économique et sociale ; où il fut constaté qu’une colla- international de géographie, de explorations ; enseignement boration de fait existait entre le Berlin. En exécution des réso- de la géographie : géographie Service géographique de l’armée à lutions prises, une terminologie historique, règles et nomencla- Paris, la Kartographische Abteilung des principales formes du fond tures. der Königlich Preussischen des océans fut publiée et la pu- Landesaufnahme de Berlin et blication de la Carte générale Il y eut une tentative éphémère l’Intelligence Division of the War des fonds océanographiques fut de création d’un organisme Ciel et Terre • vol. 136 135 CT2020_05.indd 135 15-10-20 13:38:51
international permanent en congrès internationaux d’aéro- garisation scientifique et sportive octobre 1880 à Berne, lorsque nautique tenus à Paris en 1889, à de l’aéronautique. » Kaltbrunner fonda un Institut Chicago en 1893 et de nouveau à géographique international qui Paris en 1900. Le Congrès olympique chargea fut contraint de cesser ses acti- l’Aéro-Club de France de réaliser vités assez rapidement et il fallut Le début du vingtième siècle a son vœu. L’Aéro-Club de France attendre le 27 juillet 1922 pour été le témoin du formidable essor accueillit cette requête avec en- voir, après trois années de prépa- de l’aviation et, en même temps, thousiasme et organisa à Paris, ration, naître à Bruxelles, l’Union de la formation de la Fédération le 12 octobre 1905, une réu- géographique internationale, Aéronautique Internationale nion des clubs de huit pays inté- composée de comités nationaux, (F.A.I.). Cette dernière fut créée ressés : Aéro-Club de Belgique créés à l’initiative des académies parce que la nouvelle science du (fondé en 1901), Aéro-Club de nationales des sciences ou d’insti- vol, à laquelle venait d’accéder France (1898), Deutscher Aero tutions nationales similaires. l’homme, nécessitait une direc- Club e.V., (British) Royal Aero tion internationale et un guide Club (1901), Aero-Club d’Italia Pour l’histoire, on signalera ce- pour ses premiers essors. Le sport (1904), Real Aero Club de España pendant que, dès 1903, se déve- du ballon libre alors en grande (1905), Aero-Club der Schweiz loppa un projet de création d’un faveur demandait également une (1900) et Aero Club of America Institut panaméricain de géo- organisation internationale et la (1905). De cette réunion na- graphie et d’histoire et, qu’en FAI le prit sous son égide. quit la Fédération Aéronautique 1924, le 3e Congrès scientifique Internationale dont le Prince panaméricain à Lima adopta une Trois hommes en particulier Roland Bonaparte fut nommé résolution portant création d’une créèrent la FAI : le comte de la président, fonction qu’il occupa Fédération panaméricaine des Vaulx, alors vice-président de jusqu’à sa mort (1924). sociétés de géographie, mais que l’Aéro-Club de France ; Fernand ce fut en 1928 à La Havane que Jacobs – le voilà ! – alors non Au cours de sa première réunion la 5e Conférence internationale seulement président et fondateur à Bruxelles, en mai 1911, sous la des Etats américains créa l’Insti- de la Société belge d’Astronomie présidence de Roland Bonaparte, tut panaméricain de géographie (SBA) mais également – ce qui la Commission adopta une série et d’histoire. explique sa présence ici – pré- de résolutions sur la façon d’éta- sident et fondateur de l’Aéro- blir une carte au 200.000e. Après Ayant entrepris dans le domaine Club de Belgique en 1901 ; et une session ultérieure tenue à fascinant des cartes d’établir un le major Moedebeck, de la Ligue Vienne en 1912, la Commission rappel rapide mais assez com- allemande du Dirigeable. se réunit à nouveau à Bruxelles, plet des premiers jalons de la les 3 et 4 octobre 1913, au siège coopération internationale, ceux Ayant discuté entre eux du be- social de l’Aéro-Club Royal de d’avant 1914, on terminera, soin de coordination et de di- Belgique. Elle avait à son ordre après la Terre et l’eau, en prenant rection qui se faisait sentir dans du jour une question fort impor- de la hauteur – non sans inté- l’aviation en pleine croissance, tante : celle de l’exécution des rêt quant à la création de notre ils firent part de leurs idées au feuilles de la carte aéronautique Société belge d’Astronomie. On Congrès olympique de Bruxelles, se trouvant à cheval sur plu- mentionnera encore tout d’abord le 10 janvier 1905. Leurs pro- sieurs pays. Cette carte fit l’objet qu’en 1910, une Commission in- positions furent favorablement de nombreux échanges de vues ternationale pour l’unification de accueillies et le Congrès émit le dont la conclusion fut, comme la cartographie agrogéologique vœu suivant : « Le Congrès, re- à Vienne l’année précédente : avait été instituée au cours de la connaissant l’importance spéciale le souhait qu’une Commission 2e Conférence agrogéologique in- de l’aéronautique, exprime le constituée par les gouvernements ternationale réunie à Stockholm. vœu qu’il se forme dans chaque intéressés se réunisse pour tran- pays une association chargée de cher officiellement la question. d) L’aéronautique réglementer le sport aéronau- tique, et qu’il soit formée ensuite Pendant toute la durée des tra- Il reste à évoquer l’existence de la une Fédération Universelle de vaux, il fut souligné l’importance Commission internationale de la l’aéronautique unissant toutes de faire appel à l’expérience des carte aéronautique, créée par la les associations nationales en vue aviateurs pour la publication de Fédération aéronautique interna- de manifestations diverses et de la carte, ceux-ci survolant conti- tionale, elle-même fondée à Paris règlements généraux pour la vul- nuellement le pays en recueil- le 14 octobre 1905 à la suite de Septembre-Octobre 2020 136 CT2020_05.indd 136 15-10-20 13:38:51
lant toujours davantage d’obser- de son secrétariat à Bruxelles, Le gouvernement belge constitua vations utiles, soit au point de un Bureau permanent qui aurait une commission belge qui orga- vue cartographique strict, soit pour buts : 1) de centraliser tous nisa le congrès de 1906. Celui- au point de vue météorologique. les documents relatifs à la car- ci demanda et établit les statuts Il était donc logique qu’il fallait tographie aéronautique ; 2) de d’une Commission polaire inter- mettre à profit cette expérience centraliser tous les documents nationale qui se réunit à Bruxelles acquise au prix de bien des efforts et renseignements relatifs aux en 1908 et à Rome en 1913. Elle et de bien des sacrifices, à la ma- zones interdites à la navigation groupait toutes les sommités nière des observations des marins aérienne dans les divers pays ; de l’exploration polaire d’une comme décidé en août 1853 au 3) de transmettre trimestrielle- époque particulièrement active terme de la première conférence ment, sauf le cas d’urgence, les en ce domaine. internationale de météorologie indications recueillies aux aéro- maritime tenue à Bruxelles (voir clubs fédérés. L’initiative privée belge, soute- ci-avant), à la manière du lieute- nue par le gouvernement, créa en nant Maury. e) La Commission Polaire 1907 un Institut polaire interna- Internationale tional, dont le secrétaire général Comme la plupart des rensei- Deux mots sur la Commission fut G. Lecointe, alors directeur gnements obtenus de la sorte par Polaire Internationale, dont scientifique de l’Observatoire les aviateurs ne trouveront pas la première origine est reliée à Royal de Belgique, commandant place sur la carte, aussi paraît-il l’initiative d’explorateurs et de en second de la première expédi- avantageux de publier pour les savants belges, et dont la fonda- tion antarctique belge et secré- principaux parcours aériens des tion fut décidée à Bruxelles en taire, de 1906 à 1913, du Bureau itinéraires descriptifs analogues 1906. de la Commission polaire inter- à ceux dont dispose le tourisme nationale. Les travaux de l’Insti- terrestre. C’est un vœu exprimé au tut furent volontairement limités Congrès mondial d’expansion à des travaux de documentation La Commission s’occupa égale- économique, tenu à Mons en et de bibliographie. ment de la signalisation aéronau- 1905 sous le patronage du Roi tique aboutissant à la proposition Léopold II, qui fut à l’origine Les travaux de ces deux orga- d’abandonner l’idée d’une signa- de l’organisation à Bruxelles, en nismes furent interrompus par la lisation par repères artificiels au septembre 1906, d’un Congrès guerre et ne furent pas repris. sol – trop coûteuse – au profit de international pour l’étude des repères naturels visibles en plein régions polaires. C’est à cette jour comme l’expérience avait été occasion que des personnalités faite lors du Circuit Européen. illustres de l’exploration polaire Pour la nuit, des signaux lumi- furent présentes et proposèrent neux offrent de grandes res- la constitution d’une association sources et peuvent être établis internationale en vue de l’étude selon les besoins du trafic aérien. de ces régions, à travers une mo- Quant au temps de brume, un tion – signée entre autres par de seul mode de signalisation sub- Gerlache de Gomery – lui assi- siste : la télégraphie sans fil. gnant les quatre buts suivants : (1) obtenir un accord interna- Ayant à compléter son Bureau tional sur diverses questions dis- suite à la démission de son secré- cutées de la géographie polaire ; taire, il y a lieu de noter qu’elle (2) tenter un effort général pour désigna alors par acclamation atteindre les pôles terrestres ; comme secrétaire le commandant (3) organiser des expéditions A.-E.-M. Seligmann, que l’on re- ayant pour objet d’étendre nos trouvera plus tard comme 5e pré- connaissances des régions po- sident de la SBA. laires dans tous les domaines ; (4) arrêter un programme des Il n’est pas inintéressant de no- travaux scientifiques à exécuter ter encore qu’à l’issue de cette dans les divers pays pendant la réunion, la Commission émit le durée des expéditions polaires vœu de voir organiser, au siège internationales. Ciel et Terre • vol. 136 137 CT2020_05.indd 137 15-10-20 13:38:51
*** La Société belge d’Astronomie : ses fondateurs, ses premiers membres et ses premiers pas *** Le 21 décembre 1894, un Cl. Dusausoy, professeur d’Astro- 4 juin, 1er juillet, 7 octobre, 4 groupe d’amateurs d’astrono- nomie à l’Université de Gand ; L. novembre, 9 décembre 1895, 6 mie et de météorologie se réu- Goemans, professeur d’Astrono- janvier, 3 février, 2 mars, 13 avril, nirent à Bruxelles (Saint-Josse- mie à l’Université de Bruxelles ; 4 mai, 8 juin et 6 juillet 1896. ten-Noode) afin de chercher Ch. Lagrange, astronome à l’Ob- La première assemblée générale les moyens de regrouper et de servatoire royal et membre de annuelle (dont une reproduction mettre en rapport par la fonda- l’Académie royale des Sciences ; intégrale du compte-rendu est in- tion d’une Société, les personnes Albert Le Maire, capitaine-com- sérée dans le présent article) fut qui s’intéressent aux progrès de mandant d’artillerie ; E. Pasquier, tenue le 9 décembre 1895 juste l’astronomie et des sciences qui professeur d’Astronomie à l’Uni- avant la séance mensuelle. Toutes s’y rattachent. Travailler à la vul- versité de Louvain ; Er. Rousseau, ces réunions furent présidées par garisation de ces sciences, étendre professeur de Physique à l’Uni- Fernand Jacobs. Au terme de la leur influence pour éclairer des versité de Bruxelles et président première assemblée générale, esprits, mettre en place un centre de la Commission de l’Obser- on constate que quatre nou- de réunion où seraient commu- vatoire ; F. Terby, astronome, veaux noms apparaissent dans niquées les observations et les membre de l’Académie royale des la liste des membres du Conseil découvertes accomplies en ces Sciences ; deux Vice-Présidents : général : A. Flamache (au lieu de matières à la surface du globe, Arm. Mayolez, observateur astro- Goemans), le colonel Peny, com- encourager par tous les moyens nome et G. Papin, candidat en mandant l’Ecole de Guerre (à la des recherches souvent pénibles sciences ; trois Secrétaires : M. De place du capitaine-commandant et laborieuses, tel était le but à Coster, observateur, P. Stroobant, A. Le Maire qui devient Vice- poursuivre par ce groupe. astronome à l’Observatoire royal Président), E. Brand (à la place et Jean Vincent, météorologiste de premier Vice-Président) et Dans une série de réunions tenues à l’Observatoire royal ; un P. Grimberghs (à la place de M. en l’Hôtel communal de Saint- Trésorier : Fr. Samuel et un De Coster au secrétariat), tan- Josse-ten-Noode (Bruxelles), mis Bibliothécaire : Georges Balat, dis que A. Jouveneau devient gracieusement à la disposition éditeur. Au total, un Président Bibliothécaire-adjoint. de la jeune Société, furent jetées entouré d’un Conseil général de les bases d’une organisation sé- 17 membres. Les premières années de fonc- rieuse et, sur la proposition de tionnement de la toute nou- Fernand Jacobs, président pro- La première séance de la Société velle Société belge d’Astronomie visoire, des statuts furent éla- se tint le 6 mai 1895. Pour l’his- (SBA) peuvent être retracées à borés. Le Président fut chargé toire de la Société, après lecture partir des Bulletins de la SBA pu- d’entreprendre des démarches des noms des personnes présen- bliés entre 1896 (première année) auprès d’un certain nombre de tées et admises par le Bureau – et 1910, année de leur dispari- personnalités scientifiques, afin tradition qui persistera pendant tion pour raison de fusion avec la qu’elles acceptent de faire partie plusieurs dizaines d’années -, revue Ciel et Terre, publiée indé- d’un Conseil général. Celui-ci, Jean Vincent fit une communica- pendamment depuis 1880 par définitivement constitué dans le tion sur l’étude de la scintillation huit membres de l’Observatoire courant d’avril 1895, fut com- des étoiles et M. Doiteau parla de Bruxelles, futur Observatoire posé de la manière suivante : un ensuite de l’histoire de l’Astrono- Royal de Belgique, transféré et Président, Fernand Jacobs, astro- mie à l’époque de la Renaissance installé à Uccle en 1890, ayant nome amateur, entouré de dix dans laquelle il analysa les décou- pour noms : Léopold Estourgies, conseillers à savoir : Ad. Bayet, vertes dues à Copernic, Tycho- Charles Fievez, Charles météorologiste amateur ; Ad. Brahe, Kepler et Galilée. La Hooreman, Charles Lagrange, De Boë, astronome amateur et séance se termina – autre tradi- Albert Lancaster, Louis Niesten, membre de la Royal Astronomical tion durable – sur la correspon- François Van Rijsselberghe et Society (de Londres) ; le général dance (envoi d’observation), les Jean Vincent. Joseph De Tilly, commandant de ouvrages reçus et acquis, et les l’Ecole Militaire et membre de instruments (disponibles). Douze l’Académie royale des Sciences ; séances mensuelles suivirent : les Septembre-Octobre 2020 138 CT2020_05.indd 138 15-10-20 13:38:51
Couverture du 1er Bulletin de la Société Belge d’Astronomie publié en 1896. Compte rendu intégral de la 1ère Assemblée générale annuelle du 9 décembre 1895. Ciel et Terre • vol. 136 139 CT2020_05.indd 139 15-10-20 13:38:52
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La première liste générale des sieurs annuités, ou en offrant à ternational avait logiquement membres de la Société, dressée celle-ci des livres ou instruments développé un tel esprit de culture au 1er décembre 1895, date de qui lui seraient utiles, et d’une populaire. son premier anniversaire, a été valeur à estimer par le Bureau. publiée dans l’Annuaire pour l’an Tous les membres jouissent des Les premiers membres 1896 de la Société belge d’Astro- mêmes droits ; toutefois, les La première liste des membres de nomie, sous-titré Guide de l’Ama- membres fondateurs figurent la Société belge d’Astronomie, teur astronome et météorologiste, perpétuellement en tête des listes établie au 1er décembre 1895, a imprimé à l’Institut national de alphabétiques, et reçoivent gra- été publiée dans son Annuaire géographie (Bruxelles), ainsi que tuitement, pendant toute leur pour l’an 1896 déjà cité. les premier statuts de la Société. vie, les publications de la Société. Enfin, le titre de membre d’hon- Quant à la figure apparaissant Pour mieux comprendre et faci- neur pourra être conféré, sur la sur la couverture de cet Annuaire liter les lectures suivantes, on proposition du conseil et par les de la SBA, il est explicitement mentionnera que la SBA se deux tiers des voix d’une assem- rappelé au dos de la couverture compose alors de quatre types blée générale, aux personnes qui d’avant-garde que : « La figu- de membres : des membres titu- se seraient particulièrement dis- rine du titre est la reproduction laires, des membres protecteurs, tinguées par leurs travaux ou qui d’un fragment de frise celto- des membres fondateurs et des auraient rendu de grands services étrusque ». On y remarque aussi membres d’honneur, ces diffé- à la Société. que ce premier Annuaire a été rentes catégories étant définies imprimé à l’Institut national de selon les critères propres inclus Le texte des deux premiers ar- Géographie, 18-20-22 rue des dans les statuts. En synthèse, les ticles des statuts vaut la peine Paroissiens, une librairie-maison membres titulaires jouissent de la d’être rappelé ici car il fonde l’es- d’impression/édition spécialisée totalité des droits (assistance aux prit qui doit animer la société. Ils dans des cartes de tous genres, réunions et conférences, éligibi- sont rédigés comme suit : dont un planisphère céleste mo- lité au conseil, jouissance de la bile. bibliothèque et des instruments ; « Article premier – Le 1er de plus, réception gratuite du décembre 1894 a été fondée, Cette première liste générale des rapport annuel contenant un à Bruxelles (Saint-Josse-ten- membres comporte 170 noms, compte rendu des travaux de Noode), une Société ayant dont ceux des 17 membres fon- la société et un bulletin pério- pour but la vulgarisation et dateurs et 4 y rattachés selon les dique, ainsi que, moyennant des l’enseignement mutuel de statuts, c’est-à-dire pouvant être prix minimes voire gratuitement l’astronomie et des sciences qui considérés comme tels, soit 21 selon l’état des finances, de des- s’y rattachent (météorologie, « fondateurs », 1 protecteur et sins, de cartes, de plans, de pu- géodésie, physique du globe). Ses 148 titulaires ordinaires. blications, etc. qui ne se trouve- efforts tendront non seulement raient pas dans la bibliothèque et à développer ces sciences, mais Les dix-sept membres fondateurs qui seraient utiles aux recherches encore à provoquer et à faciliter regroupaient en fait : 2 astro- qu’ils auraient entreprises). Leur les recherches de tous ceux qui nomes amateurs (F. Jacobs et cotisation est fixée à 10 francs par désirent entreprendre des études Ad. De Boë), 2 astronomes pro- an. Le titre de membre protec- dans cet ordre d’idées. fessionnels (Charles Lagrange teur sera conféré aux personnes Pour sa formation et son exten- et Paul Stroobant) appartenant désireuses de créer des ressources sion, on fait appel à tous, au nom à l’Observatoire Royal, 1 ingé- à la Société pour lui permettre de la science et du progrès. nieur (M. De Coster), 2 officiers d’étendre et de multiplier ses tra- (le général Joseph De Tilly, com- vaux. Leur cotisation annuelle Art.2 – Cette Société prend le mandant l’Ecole Militaire, et le sera d’au moins 25 francs. Le titre de : capitaine-commandant Albert titre de membre fondateur est ré- Société belge d’Astronomie. » Le Maire), 5 professeurs d’Uni- servé à deux types de personnes, versité [Cl. Dusausoy (Gand), à savoir : (1) aux membres signa- Ainsi fondée et constituée, on L. Goemans (Bruxelles), E. taires des premiers statuts ; et (2) peut regarder d’une part com- Pasquier (Louvain), Er. Rousseau à toute personne qui aura contri- ment se compose la Société après (Bruxelles) et F. Terby (Louvain), bué à la prospérité de la Société sa première années d’existence, et ce dernier en qualité d’astro- par un versement de 500 francs d’autre part voir comment l’envi- nome, membre de l’Académie au moins, effectué en une ou plu- ronnement tant national qu’in- royale des Sciences], 1 observa- Ciel et Terre • vol. 136 141 CT2020_05.indd 141 15-10-20 13:38:52
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