Les fermes qui se distinguent pour la qualité de leur lait
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JUIN 2021
ACTUALITÉ
Une assemblée
générale annuelle
100 % virtuelle
LAIT’XCELLENT
Les fermes qui
POSTE-PUBLICATIONS, CONVENTION No 40028511
se distinguent
pour la qualité
de leur lait
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SOMMAIRE
21V O L U M E
ÉDI TO RIAL
4 1 – N U M É R O
juin
9
Message du président . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
28
7
CONCOURS LAIT’XCELLENT 2020
Volets et critères de sélection . . . . . . . . . . . . . 26
ACTUALITÉ La Ferme Morine décroche l’Or . . . . . . . . . . . 28
ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ANNUELLE L’Argent pour la Ferme Martin
L’importance de travailler ensemble et Renaud Boutin inc. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
L’assemblée générale annuelle des Producteurs de lait
du Québec (PLQ) s’est tenue en formule virtuelle les La Ferme Vicain SENC
14 et 15 avril dernier. Les délégués ont adopté sept remporte le Bronze . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
résolutions et fait le bilan de la dernière année . . . . . . . . . . . 7
Liste des récipiendaires
d’un certificat Très grande distinction . . . 35
ALIMENTATION
Ayez votre marge alimentaire
à l’œil
Ces derniers mois, la hausse du coût des concentrés
a fait mal au portefeuille. Pour en atténuer les effets, 11 RECHERCHE
un diagnostic de l’entreprise s’impose. Voici une Les effets de la ration alimentaire
méthode simple pour le réaliser. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .11 sur la santé du système digestif
de la vache
Des chercheurs du Centre de recherche et
ALIMENTATION 20 de développement de Sherbrooke s’intéressent
Coût des concentrés : à la santé du rumen et du système digestif
des pistes de solution des vaches laitières . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .41
Comment compenser la hausse du coût des
concentrés? D’une ferme à l’autre, les solutions
varient. En voici un éventail . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .14 MÉDECINE VÉTÉRINAIRE
Le stress thermique chez les veaux
Avez-vous pris le temps de penser aux conséquences
SÉCURITÉ À LA FERME du stress thermique sur les veaux et aux outils dont
Avis de danger : atmosphère mortelle 52 vous disposez pour protéger votre future relève?
dans les silos-tours à ensilage En effet, il est important de réduire le stress thermique
Les accidents mortels récemment survenus après durant la période de croissance des veaux pour
la mise en silo d’une récolte illustrent un danger réel. optimiser leur gain corporel et leur permettre
L’atmosphère à l’intérieur du silo peut causer une perte de développer leur plein potentiel génétique. . . . . . . . . . . .44
de conscience quasi instantanée et provoquer une
chute de hauteur ou encore une chute dans le silo
suivie d’une exposition prolongée aux gaz d’ensilage.
Dans les deux cas, la conséquence peut être fatale . . . . . .18
LACTANET LES PRODUCTIONS SUPÉRIEURES DE LACTANET .................24
Résoudre rapidement un problème STATISTIQUES ...................................................................................48
de qualité du lait : un choix gagnant
Quand un problème de qualité du lait survient, LA RECETTE ......................................................................................52
agir rapidement s’avère bénéfique et rentable. AILLEURS DANS LE MONDE ........................................................54
Un conseiller en qualité peut d’ailleurs vous aider
à y voir plus clair. Voici l’histoire de Stéphane, L’ACTUALITÉ LAITIÈRE EN BREF ..................................................55
propriétaire de la Ferme Barsalou . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .20
JUIN 2021 LE PRODUCTEUR DE LAIT QUÉBÉCOIS 3
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ÉDITORIAL
C’est notre première assemblée générale annuelle depuis deux ans, et ma
première en tant que président. J’ai commencé mes nouvelles tâches dans un
contexte de crise sans précédent. Notre industrie a eu à s’adapter rapidement aux
besoins instables et chaotiques du marché alors que tout le Québec est passé en
mode confinement.
Rapidement, la production alimentaire a été reconnue comme un service essentiel
par le gouvernement du Québec, ce qui nous a permis de continuer à faire ce que
nous faisons de mieux : nourrir les Québécoises et les Québécois.
Vous, productrices et producteurs de lait, avez été fortement mis à contribution
pour réduire la production au cœur du printemps, alors que les troupeaux sont au pic
de leur production. Votre solidarité dans ce processus a généré les effets escomptés
et vous avez su démontrer toute l’agilité de notre modèle de gestion de l’offre.
Cela n’aurait pas été possible sans les outils indispensables de la mise en marché
collective dont se sont dotés les producteurs laitiers d’ici. La réaction québécoise
et canadienne à la crise aura été plus rapide, plus coordonnée et efficace que dans
les pays qui ne bénéficient pas de cet outil, notamment les États-Unis.
Chez nos voisins du sud, le gouvernement a dû investir des sommes majeures
pour soutenir son industrie. Le Farm Bill, qui indemnise les producteurs lorsque
leur marge de profit baisse sous un certain seuil, est passé de 279 millions $
américains en 2019 à 637 millions en 2020. Le gouvernement a également investi
près de 4 milliards de dollars dans des programmes et des produits laitiers pour
de l’aide alimentaire.
Nos revenus ont nettement été plus bas que ce qui était envisagé pour 2020,
avec une hausse sur toute l’année de seulement 0,46 %, mais le travail conjoint
En guise d’éditorial, de toutes les provinces a permis de déclencher le mécanisme de circonstances
nous vous présentons exceptionnelles qui a mené à une hausse de près de 2 % pour les classes 1 à 4 en
février dernier.
un extrait du La crise aura aussi mis en lumière l’importance de partager les risques. C’est
d’ailleurs ce qu’ont fait les 10 provinces canadiennes en décidant de mettre
discours du
en commun l’ensemble de leurs revenus à partir du 1er juin 2020 pour rétablir
président prononcé l’environnement commercial et mieux nous positionner pour le futur comme
producteurs laitiers canadiens.
le 14 avril 2021 Le contexte de cette crise, combiné à la croissance des importations liées aux
lors de l’assemblée accords commerciaux, a eu pour effet de réduire notre croissance. Au cours de la
dernière année, les besoins canadiens ont crû de 0,49 % et le quota de P5 de 0,64 %.
générale annuelle Ce niveau détonne avec la moyenne des cinq dernières années qui était de 3,7 %.
Malgré une croissance moins importante que prévu et la limitation de la production
des Producteurs de
d’avril à juin, la production provinciale a tout de même augmenté de 1 % en 2020.
lait du Québec. Cette croissance, on la doit à nos consommateurs qui sont demeurés fidèles à
nos produits même si la crise a changé leurs habitudes et lieux de consommation.
Les Québécoises et les Québécois ont été conscientisés sur la fragilité des lignes
d’approvisionnement dans plusieurs domaines, notamment le secteur alimentaire.
Ils ont développé une aspiration commune à consommer local, selon les règles d’ici,
et à réduire leur dépendance aux produits étrangers. Ce désir d’autonomie est au
cœur même de notre modèle agricole. Nous devons saisir cette opportunité pour
renforcer l’appui de la population à la gestion de l’offre. La situation démontre
que notre modèle est dynamique et innovant, qu’il a toujours sa place et qu’il est
capable de se renouveler.
Ça fait longtemps que nous faisons appel à cette solidarité des consommateurs.
Le logo de la petite vache bleue est l’outil idéal pour leur permettre de reconnaître
les produits laitiers faits à 100 % avec du lait d’ici pour encourager les producteurs
d’ici. Nous méritons cette confiance, mais il faut maintenir tous nos efforts pour
la conserver.
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Les consommateurs sont de plus en plus soucieux de la qualité des aliments qu’ils mettent dans
leur assiette. Ils demandent des produits naturels, locaux et qui sont fabriqués dans le respect des
animaux et de l’environnement. Et c’est précisément ce que nous leur offrons. Avec notre programme
de certification proAction, nous avons le moyen de démontrer nos bonnes pratiques et nos efforts
d’amélioration continue.
Nous avons remporté une grande bataille en 2020 en obtenant une annonce officielle pour le versement
des compensations en lien avec les parts de marché concédées dans l’AECG et le PTPGP. Toutefois, cette
annonce ne met pas fin à notre bataille pour des compensations. Malgré les nombreux engagements,
aucune annonce n’a encore été faite au sujet de l’Accord Canada–États-Unis–Mexique. En plus des
concessions de marchés qui affectent notre niveau de production à la ferme et nos revenus, cet accord
nous lie les mains en limitant l’exportation de produits qui nous permettait de valoriser nos SNG en
trop. Le plafond de 35 000 tonnes pour les exportations de concentrés de protéine de lait et de poudre
de lait écrémé représente un sérieux défi!
Pour y faire face, c’est l’ensemble de la filière qui doit déployer des efforts. À la ferme, nous allons
travailler à réduire les quantités de SNG produites, et ce, dans toutes les provinces. De leur côté,
les transformateurs doivent augmenter leur capacité de transformation et développer de nouveaux
débouchés. Cela nécessitera d’importants investissements pour lesquels nous aurons besoin d’un appui
politique. Je tends la main à tous nos gouvernements pour qu’ils fassent preuve d’imagination et qu’ils
travaillent avec nous sur une vision à long terme pour notre industrie.
Pour ce qui est du futur, nous continuons de demander au gouvernement de respecter son engagement
de ne plus faire de concessions dans le secteur laitier dans les futures négociations commerciales. Le
Canada a d’ailleurs démontré qu’il en était capable en concluant un accord commercial transitoire avec
le Royaume-Uni sans sacrifier aucune part de marché supplémentaire.
Chaque fois que notre gouvernement concède un accès aux marchés laitiers, un plus grand nombre de
produits laitiers canadiens sont remplacés par des produits étrangers sur les tablettes de nos magasins.
Ce sont nos fermes qui sont mises en péril par ce genre de décisions. Ça influe sur nos familles de
producteurs, les personnes qui gagnent leur vie grâce au secteur laitier et nos collectivités rurales.
Nous devons mettre fin à cette érosion si nous voulons que l’industrie laitière canadienne conserve sa
vigueur et son dynamisme.
En mars, la Chambre des communes s’est prononcée en faveur de l’étude en comité du projet de
loi C-216 qui vise à empêcher les brèches dans la gestion de l’offre dans les prochaines négociations
d’ententes commerciales. Même s’il reste à être adopté en troisième lecture, c’est un moment très
important dans la défense de notre système! L’Assemblée nationale du Québec a elle aussi renouvelé son
appui en adoptant une motion qui demande au gouvernement du Canada de protéger intégralement le
modèle de gestion de l’offre dans le cadre des accords internationaux à venir. Un autre symbole très fort!
Ces appuis sont le reflet de longues années de discussions avec nos élus pour les sensibiliser à
nos enjeux et aux impacts de leurs décisions sur notre industrie, nos entreprises, nos familles. C’est
le résultat d’un effort national, mais aussi du leadership de notre province et de nos producteurs dans
ces revendications.
D’autres accords commerciaux seront certainement négociés dans les prochaines années. Il est
important de maintenir nos appuis pour conserver notre système de gestion de l’offre et nos marchés
sans brèches additionnelles. Il nous appartient de promouvoir notre gestion de l’offre qui assure une
production locale et une sécurité alimentaire pour tous. Nous sommes plus de 10 000 propriétaires de
fermes laitières au Québec. Il ne faut pas sous-estimer notre rôle important pour informer nos concitoyens.
DANIEL GOBEIL
président
JUIN 2021 LE PRODUCTEUR DE LAIT QUÉBÉCOIS 5
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Revue publiée 10 fois l’an par Les Producteurs
de lait du Québec (PLQ)
Tirage : 7 477 exemplaires
Date de parution : juin 2021
DIRECTEUR – PUBLICATIONS ET VENTES
Charles Couture
RESPONSABLE DE LA REVUE AUX PLQ ET
RÉDACTEUR EN CHEF
Yanick Grégoire
SECRÉTAIRE DE RÉDACTION
Audrey Gendron
COLLABORATEURS
Agriculture et Agroalimentaire Canada, CIAQ, CRAAQ,
Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal,
Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation
de l’Université Laval, Grappe de recherche laitière,
Groupes-conseils agricoles du Québec, ITA, Lactanet,
Les Producteurs laitiers du Canada, ministère de l’Agriculture,
La chanceuse! Elle a atteint sa date des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec, Novalait,
Op+lait, Réseau mammite, STELA/INAF, UPA, Faculté
de tarissement, elle est officiellement des sciences de l’agriculture et de l’environnement,
Université McGill
en vacances! VENTES
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Tél. : 450 679-8483, poste 7712-7398
REPRÉSENTANTS PUBLICITAIRES
Sylvain Joubert, poste 7272
Marc Mancini, poste 7262
Sans frais : 1 877 679-7809
ADMINISTRATION
Vincent Bélanger-Marceau
TIRAGE ET ABONNEMENTS
Lisa Higgins
CONCEPTION GRAPHIQUE
Sonia Boucher, Groupe Charest inc.
RÉVISION LINGUISTIQUE ET CORRECTION
COMMANDER
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PHOTO DE LA COUVERTURE
Yvon Gendreau
le recueil de caricatures PRÉIMPRESSION
La Terre de chez nous
Le diable est aux vaches IMPRESSION
Imprimerie FL Web
TARIFS D’ABONNEMENT
Un an : 19,55 $; deux ans : 29,32 $; trois ans : 39,09 $
Le recueil de caricatures Le Tél. : 450 679-8483, poste 7274
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diable est aux vaches regroupe
CORRESPONDANCE
60 caricatures de Charles Retourner toute correspondance ne pouvant
être livrée au Canada à :
Kohnen, parmi les meilleures Le Producteur de lait québécois
déjà parues dans la revue Le
producteur de lait québécois.
Obtetnreez 555, boulevard Roland-Therrien, bureau 415
Longueuil (Québec) J4H 4G3
vo Tél. : 438 315-9131
e!
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Téléc. : 450 679-5899
Ce recueil de caricatures vous est x e Courriel : plq@lait.qc.ca
Site Internet : www.lait.org
offert en promotion à 10 $, taxes Dépot légal : Bibliothèque et Archives nationales du Québec
3e trimestre 1980
et livraison incluses. Bibliothèque et Archives Canada
Les Producteurs de lait ISSN 0228-1686
Vous pouvez le commander par Poste-publications, convention no 40028511
du Québec Courrier 2e classe, enregistrement no 5066
téléphone au 438 315-9131 Maison de l’UPA Toute reproduction totale ou partielle du Producteur
ou en envoyant un chèque 555, boul. Roland-Therrien, de lait québécois est interdite sans l’autorisation
du rédacteur en chef.
(à l’ordre des Producteurs bureau 415
de lait du Québec) ainsi que Longueuil (Québec)
votre nom, adresse J4H 4G3
et numéro de téléphone
à l’adresse suivante :
6 JUIN 2021 LE PRODUCTEUR DE LAIT QUÉBÉCOIS
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ACTUALITÉ
Par AUDREY GENDRON, secrétaire
de rédaction, PLQ
ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ANNUELLE
L’importance
de travailler de 1 %. Les gens cuisinant davantage
ensemble à la maison, une partie des ventes nor-
malement destinées au secteur des HRI
a été déplacée vers le marché du détail.
Selon les données fournies par la Société
Nielsen, de février 2020 à février 2021,
les ventes canadiennes au détail ont
augmenté de 15,1 % pour le beurre, de
L’assemblée générale annuelle des Producteurs de lait 14,5 % pour la crème, de 13,6 % pour la
crème glacée, de 13,0 % pour les fro-
du Québec (PLQ) s’est tenue en formule virtuelle les mages, de 6,9 % pour le lait de consom-
14 et 15 avril dernier. Les délégués ont adopté sept résolutions mation et de 2,5 % pour le yogourt.
Geneviève Rainville a mentionné
et fait le bilan de la dernière année. L’assemblée a aussi été qu’en 2021, la croissance des besoins
totaux canadiens pourrait être de 3 %.
diffusée en direct sur la page Facebook et la chaîne YouTube Toutefois, les importations de produits
des Producteurs de lait du Québec. Il est d’ailleurs possible laitiers qui augmenteront cette année
pourraient combler le tiers de ces
de revoir l’événement sur ces deux plateformes. besoins.
Quant au prix moyen à l’hectolitre,
il a atteint une moyenne de 80,40 $ au
BILAN DES MARCHÉS, PRIX lièrement affecté la demande, les HRI cours de la dernière année. Il s’agit
DU LAIT ET PERSPECTIVES représentant 35 % du marché. Malgré d’une hausse de 0,13 $ par rapport à
La directrice générale des tout, la production québécoise de lait l’année précédente. La chute des prix
Producteurs de lait du Québec, sur l’ensemble de l’année a augmenté mondiaux et la baisse de la demande
Geneviève Rainville, dans sa présen-
tation des enjeux de mise en marché,
a mis en lumière certains faits saillants Dans son allocution, le président
de la dernière année ainsi que des des Producteurs de lait du Québec,
perspectives en matière de prix. Daniel Gobeil, a tenu à souligner
Mme Rainville a rappelé que la crois- le travail collectif réalisé par les
productrices et producteurs de lait
sance de la demande canadienne de
en cette année marquée par la crise
lait a connu un ralentissement en 2020. de la COVID-19. « Vous avez été
Elle a été de 0,49 %, comparativement fortement mis à contribution pour
à une moyenne annuelle de 3,7 % pour réduire la production au cœur du
les cinq dernières années. Les mesures printemps, alors que les troupeaux
de confinement pour limiter la propa- sont au pic de leur production. Je
gation de la COVID-19 et la hausse tiens à vous remercier encore
une fois pour vos efforts et
des importations en raison des accès votre vision collective. Votre
de marché octroyés dans l’Accord éco- solidarité dans ce processus
nomique et commercial global (AECG), a généré les effets escomptés
le Partenariat transpacifique global et vous avez su démontrer
et progressiste (PTPGP) et l’Accord toute l’agilité de notre modèle
Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM) de gestion de l’offre », a-t-il dit.
Il a ensuite parlé des principaux
ont freiné la croissance de la demande.
enjeux qui ont marqué la dernière
Les fermetures dans le secteur des année. Un abrégé de l’allocution
hôtels, des restaurants et des institu- de Daniel Gobeil est publié aux
tions (HRI), en avril 2020, ont particu- pages 4 et 5.
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ÉLECTION DU
COMITÉ EXÉCUTIF Ils ont aussi adopté une résolution l’AECG et le PTPGP en déposant un
Au terme de l’assemblée générale visant l’amélioration des processus échéancier de paiement en novembre
annuelle des Producteurs d’échantillonnage, d’analyse et de dernier : « Notre gouvernement a voulu
de lait du Québec, le conseil diffusion des résultats pour la qualité tout mettre en place pour vous donner
d’administration a procédé à du lait. Ils veulent notamment que les de la prévisibilité, celle que vous
l’élection du comité exécutif Producteurs de lait du Québec révisent demandiez. Donc, cette enveloppe de
pour la prochaine année. Les certains éléments techniques du proto- 1,75 milliard de dollars vous est versée
cinq membres sont Daniel Gobeil cole, comme l’horaire de prélèvement, sur un horizon de 4 ans plutôt qu’un
(Saguenay–Lac-Saint-Jean), le modèle de bouteille et de glacière, horizon de 8 ans. »
président, Alain Brassard (Centre- la méthode d’échantillonnage et la Mme Bibeau a précisé que son gou-
du-Québec), 1er vice-président, fréquence des collectes aux usines. vernement a aussi donné suite aux
Jacques Lafortune (Lanaudière), Un délégué a suggéré d’ajouter à cette promesses de compensation dans les
2e vice-président ainsi que liste, le transport entre les usines des secteurs de la volaille et des œufs. « La
Richard Bouchard (Capitale- régions et le laboratoire, ce qui a été prochaine étape consiste à procéder
Nationale–Côte-Nord) et accepté. aux compensations pour les transfor-
Jean-François Morin (Chaudière- Par l’entremise d’une autre réso- mateurs de produits sous gestion de
Appalaches-Nord), membres. lution, les délégués ont demandé l’offre. Ensuite, je vais revenir vers vous
que le gouvernement fédéral exerce pour les pertes associées à l’Accord
Outre les membres du un contrôle efficace aux frontières Canada–États-Unis–Mexique », a-t-
comité exécutif, le conseil et assure la réciprocité des normes elle poursuivi. Questionnée par le
d’administration des PLQ est entre les produits laitiers locaux et président des Producteurs de lait du
composé des administrateurs importés. En matière d’étiquetage, Québec, Daniel Gobeil, sur la possibi-
suivants : Gabriel Rancourt ils ont demandé que l’utilisation de lité d’obtenir un calendrier de compen-
(Abitibi-Témiscamingue), termes comme « lait » et « produit lai- sations pour l’ACEUM dans les pro-
Normand Barriault tier » ne soit réservée qu’aux embal- chains mois, la ministre a répondu que
(Gaspésie-Les-Îles), Yvon Boucher lages de produits issus de lait d’ani- la création d’un tel calendrier n’était
(Montérégie-Est), Gabriel maux. Les délégués souhaitent que pas envisageable en 2021, notamment
Belzile (Bas-Saint-Laurent), les Producteurs de lait du Québec, les parce que les programmes d’urgence
Pierre Lampron (Mauricie), Producteurs laitiers du Canada, les en lien avec la COVID-19 mobilisent
Marcel Blais (Estrie), Yvan organisations de producteurs de lait beaucoup de ressources humaines et
Bastien (Outaouais-Laurentides), des autres provinces et l’Union des financières du gouvernement.
Peter Strebel (Montérégie- producteurs agricoles ne négligent Finalement, la ministre a réitéré
Ouest), David Poulin (Chaudière- aucun effort pour que le gouverne- l’engagement de son gouvernement
Appalaches-Sud), et du membre ment agisse en ce sens. Un délégué à protéger le système de gestion de
adjoint Michel Frigon a proposé que l’on sollicite aussi le l’offre et à ne céder aucune part de
(Saguenay–Lac-Saint-Jean). soutien de l’Association des transfor- marché des secteurs sous gestion
mateurs laitiers du Canada, du Conseil de l’offre dans les prochaines négo-
des industriels laitiers du Québec et ciations d’ententes commerciales.
d’Agropur dans cette démarche auprès « Notre engagement est très ferme à
en fromage liée à la fermeture des du gouvernement. Cet amendement a cet égard », a-t-elle insisté.
HRI dans les premiers mois de la crise été accepté.
de la COVID-19 ont notamment nui Les autres résolutions adoptées LE GOUVERNEMENT DU
à la hausse des prix attendue pour portent sur le fonds de défense des QUÉBEC VEUT FAVORISER
2020. Selon les scénarios présentés producteurs de lait, le programme L’ACHAT LOCAL
par Mme Rainville pour l’année 2021, proAction, les mesures d’indemnisa- Le ministre de l’Agriculture, des
le prix pourrait connaître une hausse tion dans le cadre des accords com- Pêcheries et de l’Alimentation du
de 0,41 $ à 1,39 $ l’hectolitre moyen. merciaux, la protection de la gestion de Québec, André Lamontagne, s’est
l’offre, les concessions commerciales et adressé aux délégués par l’entremise
ADOPTION DE SEPT l’accès aux marchés. d’une vidéo. Il a rappelé le vif engoue-
RÉSOLUTIONS ment de la population pour l’achat
Les délégués ont adopté sept réso- ACEUM : DES ENGAGEMENTS, local. « Notre gouvernement a fait plu-
lutions qui sont présentées dans un MAIS PAS D’ANNONCE DU sieurs annonces qui vont dans le sens
cahier ensaché avec l’actuel numéro GOUVERNEMENT FÉDÉRAL de capitaliser sur cette opportunité »,
du Producteur de lait québécois. La ministre d’Agriculture et a-t-il dit. Le ministre a notamment
Ils ont notamment décidé à l’una- Agroalimentaire Canada, Marie- évoqué le lancement de sa Stratégie
nimité d’augmenter la contribution Claude Bibeau, s’est adressée en direct nationale d’achat d’aliments québé-
des producteurs de lait pour l’admi- aux délégués. Elle a rappelé que son cois, « dont l’objectif est d’augmenter
nistration du Plan conjoint à 0,0350 $ gouvernement a tenu sa promesse de façon considérable la part d’ali-
par kilogramme de solides totaux à d’indemniser les producteurs de lait ments de chez nous achetés par nos
compter du 1er juin 2021. pour les parts de marché cédées dans institutions ».
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ENQUÊTE SUR LES COÛTS DE PRODUCTION 2020
DISCUSSION SUR LES GRANDS MERCI AUX ENTREPRISES PARTICIPANTES
DOSSIERS DE L’UPA
Dans son allocution, Marcel Groleau, Luc et Michèle Lalancette
le président de l’Union des producteurs de la Ferme Lalan7 SENC, de
agricoles (UPA), a mentionné que le Hébertville-Station dans la
secteur laitier canadien peut être fier région du Saguenay–Lac-
d’avoir choisi dans la dernière année Saint-Jean, ont remporté
de mettre en commun ses revenus et le Prix de reconnaissance
de partager les risques. « Le danger en participant à l’enquête
pour la gestion de l’offre, a-t-il dit, ce sur les coûts de production
ne sont pas uniquement les ententes 2020. Il s’agit d’un prix de
commerciales, c’est aussi de ne pas 4 000 $ en argent. La ferme
être capable entre les provinces de gagnante a été désignée par
trouver des terrains d’entente qui un tirage au sort réalisé sous
permettent un partage égal de la pro- la supervision du vérificateur
duction et des revenus. Encore une interne des PLQ. Ce prix vise
fois, le lait va faire figure de pionnier à remercier les producteurs
à cet égard, et j’espère que ça pourra et les productrices qui ont
inspirer les autres producteurs sous participé, sur une base
gestion de l’offre. » volontaire, à l’enquête sur
Il a aussi parlé du problème relié Félicitations à la famille Lalancette qui les coûts de production.
remporte le Prix de reconnaissance pour En 2020, 102 entreprises
aux suppléments dérivés de l’huile de
sa participation à l’enquête sur les coûts laitières ont accepté de
palme en affirmant que les PLQ ont de production 2020.
pris la bonne décision en exigeant collaborer avec le Groupe
l’arrêt de l’utilisation de ces produits. AGÉCO à cette enquête.
« On a vu plusieurs produits être aban-
JUIN 2021 LE PRODUCTEUR DE LAIT QUÉBÉCOIS 9
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A C T UA L I T É
donnés par les consommateurs sur une la venue de travailleurs étrangers. des initiatives et des actions mesu-
question de perception et je pense que Par exemple, selon lui, le permis de rables pour l’industrie en matière
vous n’aviez pas de risque à prendre travail d’un employé qui revient au d’environnement. « Je ne vous appren-
sur la perception que le public pou- pays chaque année devrait se renou- drai rien en vous disant qu’il faut aller
vait avoir de la qualité du lait », a-t-il veler automatiquement. M. Groleau a au-delà des idéologies lorsque nous
mentionné. aussi révélé qu’un programme visant parlons de durabilité. Nous devons
Le président de l’UPA a également à encourager l’immigration de tra- démontrer notre engagement par des
parlé du rôle majeur qu’occupent les vailleurs et leur famille a été mis en exemples concrets si nous voulons
travailleurs étrangers dans la souve- branle par le gouvernement fédéral. répondre aux attentes des consom-
raineté alimentaire au pays. « Si on Il souhaite que le Québec adopte des mateurs fragiles, les millénariaux »,
n’avait pas accès aux employés étran- procédures semblables. « Il faut favo- a-t-il rappelé.
gers saisonniers et temporaires dans riser la venue d’immigrants dans nos Le président des PLC a ajouté que
le secteur agricole au Canada, on ne régions, a-t-il affirmé, on ne s’en sortira les millénariaux représentent 45 %
serait pas capables de livrer la moitié pas sans ça. » des consommateurs et sont qualifiés
de la production qu’on met en marché de « fragiles », car ils sont ouverts aux
actuellement. Je n’exagère pas », a-t-il LES PLC VEULENT SÉDUIRE produits concurrents. « Ils se sentent
précisé. La pénurie de main-d’œuvre a LES MILLÉNARIAUX responsables de l’avenir de la planète
suscité plusieurs questions des délé- Le président des Producteurs de lait et par le fait même veulent en savoir
gués. « Quelles sont les pistes de solu- du Canada (PLC), Pierre Lampron, a plus sur ce qu’ils consomment. […]
tion pour contrer ce fléau? Devrait-on fait état des principaux dossiers portés Heureusement, nous sommes dans une
favoriser la venue de famille d’immi- par son organisation dans une vidéo position unique pour parler de toutes
grants dans nos régions? », ont-ils présentée aux délégués. leurs préoccupations. Et c’est ce que
demandé. Il a notamment mentionné la mise nous faisons en arborant notre logo de
M. Groleau a répondu qu’il faut sur pied par les PLC d’un groupe de la vache bleue », a-t-il évoqué. ■
diminuer le poids administratif lié à travail qui a pour mission d’identifier
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Par ANDRÉ PIETTE, journaliste
Ayez votre
marge alimentaire
à l’œil
Ces derniers mois, la hausse du coût des concentrés y a eu une hausse régulière mois après
mois. Ce qui représente globalement
a fait mal au portefeuille. Pour en atténuer les effets, une augmentation de 10 %. »
« Heureusement, ajoute-t-elle, la
un diagnostic de l’entreprise s’impose. Voici une méthode hausse du coût des concentrés ne
simple pour le réaliser. s’est pas répercutée à 100 % sur le
coût des concentrés par hectolitre ou
par kilo de matière grasse, car pen-
La forte hausse du prix des concen- a analysé 1 198 calculs de marge dant la même période, le ratio kilos
trés a-t-elle comprimé votre marge portant sur les vaches en lactation. de lait sur kilo de concentrés s’est
bénéficiaire? Les données de Lactanet « Durant la période de novembre 2020 amélioré de 7 %. »
révèlent que c’est le cas pour une à mars 2021, le coût – tous types de Comment peut-on atténuer les
majorité de producteurs. La conseil- concentrés confondus – est passé de répercussions de cette hausse de coût?
lère stratégique Karen Bergeron 469 à 518 $ la tonne, constate-t-elle. Il « Les producteurs ont peu de contrôle
sur le coût des concentrés, explique
Karen Bergeron. Quand le prix du
tourteau de soya augmente, le prix
des autres sources de protéine monte
également. J’aimerais les convaincre
de se tourner vers ce sur quoi ils ont
un contrôle. »
Ce qu’elle recommande, concrè-
tement, c’est de calculer sa marge
alimentaire pour identifier où il faut
travailler. C’est, soit dit en passant,
un exercice auquel devaient se livrer
les 600 participants à l’atelier Maîtriser
mes coûts d’alimentation , mis sur
pied par Lactanet. Surprise chez les
producteurs! « Certains avaient la per-
ception que ça leur coûtait cher et ils
voulaient réduire leurs coûts, rapporte
la conseillère. Mais à l’analyse, ils ont
constaté que leurs coûts se situaient
dans la moyenne et que c’est plutôt
la production de lait qu’ils devaient
améliorer. On doit se méfier des idées
préconçues. »
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1
PREMIÈRE ÉTAPE : CALCULER « LES MARGES ONT BAISSÉ,
LA MARGE ALIMENTAIRE
Karen Bergeron propose une MAIS HEUREUSEMENT
méthode simple pour calculer la marge LE TROUPEAU PERFORME BIEN. »
alimentaire. D’abord, évaluer le revenu
en lait pour une journée typique et - Alexandre Veilleux, Ferme Merveille inc.
vérifier le nombre de vaches alimen-
tées ce jour-là. Ensuite, calculer le coût
Ce producteur de Compton n’a rien
de tous les concentrés servis le même
changé à ses achats de concentrés
jour à partir des quantités données et
même si leur prix a grimpé. « J’étais
des prix d’achat.
On remarquera que les fourrages habitué à payer 220 ou 230 $ la tonne
ne sont pas pris en compte. « C’est pour le maïs, dit Alexandre, mais c’était
pour une raison pratique, indique 320 $ à la dernière livraison [en mars]. »
l’agronome conseillère. Beaucoup de Si Alexandre Veilleux a gardé le cap,
producteurs ne connaissent pas le c’est parce qu’il détient un contrat de
coût de production de leurs fourrages. livraison de tourteau de soya jusqu’en
Mais en considérant uniquement les septembre, établi à 500 $ la tonne. Un
concentrés, on a un bon indicateur. » prix qu’il estime « encore acceptable ».
Elle suggère de calculer trois C’est aussi parce que dans le cas du maïs, les circonstances
marges alimentaires : la marge par
l’amènent à en utiliser un peu moins que prévu. Il
vache, celle par hectolitre et celle
explique : « Comme j’étais serré dans les stocks d’ensilage
par kilo de matière grasse. « Les trois
d’herbe, j’ai augmenté la proportion d’ensilage de maïs
indicateurs ne sont pas équivalents et
aucun n’est parfait, souligne Karen. Par dans la ration. J’en produis toujours un peu plus que
contre, chacun est important pour faire nécessaire, au cas où. De plus, comme on fait beaucoup
un constat global de la performance de de lait, pour ne pas dépasser notre quota, on pousse plus
son entreprise. » de vaches du groupe 1 au groupe 2. » Soulignons que
l’entreprise compte 65 vaches en lactation et détient un
2
DEUXIÈME ÉTAPE : quota de 92 kilos.
RECHERCHER LA CAUSE Le producteur de 41 ans porte attention aux sources
DE LA FAIBLESSE potentielles de gaspillage. « Par exemple, en hiver, fait-il
Une fois la marge alimentaire cal- remarquer, on réduit les quantités d’additifs parce que ça
culée, Karen Bergeron propose de
va bien comparativement à l’été », ajoutant : « je vérifie
porter attention à deux indicateurs :
nos coûts chaque mois. »
le coût des concentrés par tonne et
les kilos de lait par kilo de concentrés. « Il n’y a pas de miracle non plus, déclare le producteur.
« Les réponses sont là-dedans, affirme- Avec la hausse du coût des concentrés, ça finit par coûter
t-elle. Ou tu paies tes concentrés trop plus cher. On essaie de rester performant pour atténuer
cher la tonne, ou certains concentrés le choc. »
ne sont pas justifiés, ou tu ne fais
pas assez de lait pour chaque kilo de
concentrés que les vaches consom-
ment. Si tes coûts de concentrés sont
sous contrôle, mais que tu estimes
tout de même que ça coûte cher, il
est possible que ce soit tes revenus
qui ne soient pas à la hauteur. Dans UN EXERCICE À RÉPÉTER Elle constate d’ailleurs que de plus
ce cas, il faut regarder la production Karen Bergeron invite les produc- en plus de producteurs le font. « La
de lait par vache et le test de gras ou teurs à calculer leur marge alimentaire hausse de coût des derniers mois
de protéine. » chaque mois : « Tu es dans le présent et n’a rien de réjouissant, conclut-elle.
À titre indicatif, voici quels étaient tu vois la tendance au fil des mois. De Mais elle aura eu ceci de bon qu’elle
les ratios d’un peu plus de 200 analyses cette façon, tu peux t’ajuster rapide- a amené plusieurs producteurs à
de marge réalisées en mars dernier ment. La marge alimentaire, on devrait se questionner. Elle a eu un effet
par Lactanet, excluant les vaches toujours s’en préoccuper, même sans catalyseur. » ■
taries : coût des concentrés/hectolitre : hausse de prix. Pouvoir se situer, ne
15,03 $; coût des concentrés/kg matière pas s’en tenir à une perception, ça aide
grasse : 3,48 $. à faire des changements. »
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A L I M E N TAT I O N
Par ANDRÉ PIETTE, journaliste
Coût des
concentrés :
des pistes
de solution
1
Vous avez réalisé un diagnostic
qui vous a permis d’identifier la ou
les faiblesses de votre entreprise.
Il reste à déterminer comment
Comment compenser la hausse du coût des concentrés? corriger les choses. Nous avons
demandé à Mario Gauthier, agronome,
D’une ferme à l’autre, les solutions varient. En voici conseiller en production laitière chez
Nutripartenaire, de passer en revue
un éventail. les solutions potentielles.
Faites confiance à vos fourrages, suggère Mario Gauthier : « Souvent, les producteurs
améliorent la qualité de leurs fourrages, mais ils hésitent à en donner plus qu’avant ».
14 JUIN 2021 LE PRODUCTEUR DE LAIT QUÉBÉCOIS
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BONIFIER LA QUALITÉ AMÉLIORER LA MOUTURE
DES FOURRAGES DES GRAINS
« Quand le prix des concentrés « Plus la mouture est fine, meilleure
servis est élevé, la qualité des four- est la digestibilité, dit Mario Gauthier.
rages prend toute son importance, Qu’il s’agisse de blé, de maïs ou autre,
dit l’agronome. Supposons qu’on a tous les grains devraient être moulus
une ration à base d’ensilage d’herbe en farine. Le mais cassé, c’est fait
et d’ensilage de maïs moitié-moitié et pour les poules! Si la ration comprend
comprenant du maïs grain, du tourteau du maïs cassé et qu’on passe à une
de soya et du fin gluten. Si l’ensilage mouture farineuse, on va aller chercher
d’herbe passe de 16 % de protéine de 1,0 à 1,2 kilo de lait par jour. Ce
brute et 33 % d’ADF à 18 % de pro- qui représente une hausse de revenu
téine et 30 % d’ADF, on obtient une d’environ 0,73 $ par vache et par jour
économie de 0,26 $ par tête et par pour la même alimentation. Ou encore,
jour. Pour 100 vaches, cela représente peut-être qu’on pourra servir moins de
environ 780 $ d’économie par mois et concentrés si on n’a pas besoin de ce
près de 9 400 $ par année. » lait additionnel. »
« On peut obtenir une telle amé- Il poursuit : « Il ne faut pas avoir peur
lioration sans avoir de dépenses sup- de la farine avec une RTM. Toutefois,
plémentaires importantes ou devoir certains robots d’alimentation pour-
travailler plus fort, souligne-t-il. Il raient se boucher. Pour ce qui est du Si l’inventaire de fourrages est bon,
Mario Gauthier suggère d’élever la barre de
s’agit de faucher un peu plus tôt, robot de traite, il est préférable de
coupe afin de concentrer la qualité fourragère :
d’appliquer un peu plus d’engrais au conserver le maïs cassé tout en maxi- « On peut avoir l’impression de laisser du
bon moment et d’inclure un peu plus misant la finesse de craquage pour que matériel au champ, mais ce n’est pas
de légumineuses dans le mélange. » le grain soit le mieux digéré possible. » du bon matériel. »
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3
ÉLEVER LA BARRE
DE COUPE
Si l’inventaire de fourrages est bon,
Mario Gauthier suggère d’élever la
« COMME JE PRODUIS DE LA FÈVE,
barre de coupe à la récolte de l’ensilage ÇA COMPENSE EN PARTIE LA HAUSSE
de maïs afin de concentrer la qualité DU PRIX DU TOURTEAU. »
fourragère. De ne pas hésiter à passer
de 6 pouces à 12 et même à 18 pouces. - Simon Lefebvre, Ferme Gerville
« Le bas de la tige contient beaucoup
de lignine, rappelle-t-il. C’est aussi
Simon Lefebvre fait partie des
là que se concentrent les nitrates et
chanceux que la hausse du prix des
les toxines. C’est vrai pour tous les
concentrés alimentaires a peu affectés
hybrides sauf les BMR. On peut avoir
l’impression de laisser du matériel jusqu’à maintenant. La raison est
au champ, mais ce n’est pas du bon simple : en plus de produire 270 kilos
matériel. » de matière grasse, ce citoyen de Baie-
du-Febvre cultive du maïs grain et du
4
FAIRE PREUVE DE soya. La majeure partie du maïs grain
PRUDENCE AVEC LES est utilisé à la ferme alors que tout le
ADDITIFS ALIMENTAIRES soya est commercialisé. « Comme je
Ce qu’il en pense : « Je sais que je produis de la fève, dit-il, ça compense
vais en froisser certains, mais je crois pour la hausse du prix du tourteau. En
qu’il faut être prudent avec les additifs plus, on a eu une belle qualité de récolte tant pour l’ensilage
alimentaires. Il faut faire des choix de maïs que pour l’ensilage d’herbe, ce qui minimise les
judicieux. Les vaches ne répondent pas besoins en concentrés. »
à certains additifs. Personnellement,
Le producteur a aussi profité du fait qu’il a signé, en
j’essaie d’en recommander le moins
possible. Ma philosophie, c’est de novembre dernier, un contrat d’approvisionnement de
donner à la vache en priorité des six mois en tourteau de soya, au coût de 489 $ la tonne.
choses qui la nourrissent. Les additifs Toutefois, en mars, au terme de ce contrat, le coût de son
comme les antitoxines, les levures ou tourteau a grimpé à 650 $. Il précise : « On parle d’une
les vitamines, ça n’amène ni protéines augmentation de mon coût de production d’environ 1,50 $
ni énergie. » l’hectolitre en raison du coût supplémentaire de tourteau
« Il y a des troupeaux qui vont seulement. »
très bien sans jamais en avoir reçus, Pour réduire ses coûts ou à tout le moins les plafonner,
poursuit-il. Avec une bonne qualité de
il a envisagé d’utiliser un substitut au tourteau de soya.
fourrages, un bon environnement, des
« J’ai vérifié pour le tourteau de canola et le gros gluten,
vaches en santé, le troupeau n’a théo-
entre autres, dit-il. De plus, mon fournisseur propose un
riquement pas besoin de ça. Souvent,
supplément protéique à base d’urée et de gluten. Mais j’ai
les additifs sont là pour compenser une
faiblesse. Si tu as toujours des toxines, déjà de l’urée dans ma ration. Et le tourteau de soya, c’est
tu dois trouver pourquoi. » une protéine de qualité qu’on sait comment utiliser. C’est
« Un des rares additifs que je recom- risqué de changer de protéine, ce n’est pas long que tu perds
mande, ajoute l’agronome, c’est le de la productivité. »
Rumensin, qui offre un bon retour sur Le troupeau de la Ferme Gerville se maintient actuellement
investissement. Il accroît l’énergie dis- à 38 kilos de lait livrés par vache et par jour avec un taux
ponible pour l’animal en neutralisant de gras de 4,3 kg/hl. La ration du premier groupe comprend
certaines bactéries du rumen qui sont 14 kilos d’ensilage de maïs et 6 kilos d’ensilage d’herbe (sur
moins utiles. Le résultat, c’est que soit la
base 100 % matière sèche).
vache mange moins tout en étant aussi
productive, soit elle mange autant, mais « Pour l’instant, à 650 $ la tonne, je n’ai pas envie de
elle dispose de plus d’énergie. » reprendre un contrat, conclut Simon Lefebvre. Ça s’annonce
5
comme une année sans contrat! »
ACCROÎTRE LES CAPACITÉS
D’ENTREPOSAGE
Mario Gauthier observe que plu-
sieurs producteurs manquent de capa-
cité d’entreposage, et ce, tant pour
les fourrages que pour les concen-
trés. « Avec l’expansion des dernières
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années, plusieurs sont rendus à la DIMINUER LE TAUX sur les quantités et les qualités. Mais
limite, dit-il. Si tu as en masse de DE PROTÉINE DANS il est souvent possible de ramener
capacité pour le foin, ça devient facile CERTAINES RATIONS les concentrés au minimum durant la
de récolter 10 ou 15 acres de plus. Si la « On voit encore des rations à 17,0 deuxième moitié de lactation et pour
récolte de foin est mauvaise, tu peux ou 17,5 % de protéine brute, rapporte les sujets de remplacement. Une vache
récolter un peu plus de maïs ensilage. » Mario Gauthier. À mon avis, c’est un de 35 litres et moins fait facilement ça
« En ce qui a trait aux concentrés, non-sens. Surtout si la ration est bien avec d’excellents fourrages et un peu
il est avantageux de pouvoir les entre- balancée en acides aminés. En passant, de concentrés. »
poser en vrac, fait-il remarquer, car certains trouvent que les suppléments Il conclut : « On a aussi l’option
ça permet d’acheter de plus grands d’acides aminés synthétiques sont d’acheter des produits moins cou-
volumes à moindre prix. Il y a des pro- chers. Mais s’ils permettent d’abaisser ramment utilisés et moins coûteux.
ducteurs qui font tout livrer en même la protéine brute à 16 %, ils deviennent Peut-être qu’ils sont de qualité légè-
temps et qui vont chercher 10 ou 15 $ économiques tout en étant meilleurs rement inférieure, mais ils feront
de rabais de volume par tonne. » pour l’environnement. » l’affaire quand même. Par exemple
les drêches, le gros gluten ou l’urée.
6 8
FAIRE CONFIANCE À UTILISER LES BONS Il ne faut pas avoir peur de remettre
SES FOURRAGES CONCENTRÉS AU BON en question ses façons de faire, de
« Souvent, les producteurs amé- MOMENT sortir des sentiers battus, d’être à
liorent la qualité de leurs fourrages, Le dernier conseil de Mario l’affût des opportunités. Ce n’est pas
mais ils hésitent à en donner plus Gauthier porte sur l’ajustement des parce qu’on a toujours alimenté notre
qu’avant, constate le conseiller en quantités de concentrés et le choix troupeau avec du tourteau de soya
alimentation. Ils auraient intérêt à le de leur nature. « Certains produits qu’il faut obligatoirement rester avec
faire, en particulier avec les vaches en meilleur marché peuvent être intéres- cet aliment. » ■
début de lactation, qui sont celles qui sants à certains stades de lactation,
vont le mieux utiliser ces fourrages de dit-il. C’est sûr que ce n’est pas en
qualité supérieure. » début de lactation qu’il faut couper
JUIN 2021 LE PRODUCTEUR DE LAIT QUÉBÉCOIS 17
PLQP_2021-06-01_001.indd 17 21-05-12 13:38SÉCURITÉ À LA FERME
Par FRANÇOIS GRANGER, ingénieur
et agronome, conseiller en
prévention-inspection, CNESST
Avis de danger :
atmosphère
mortelle dans
les silos-tours
à ensilage
Les accidents mortels récemment survenus
us après la mise
en silo d’une récolte illustrent un danger réel. L’atmosphère
à l’intérieur du silo peut causer une perte de conscience
quasi instantanée et provoquer une chute de hauteur
ou encore une chute dans le silo suivie d’une exposition DÉTECTION DES GAZ
Seule la détection des gaz (O2, CO2,
prolongée aux gaz d’ensilage. Dans les deux cas, la NO, NO2) permet de vérifier si la ven-
conséquence peut être fatale. tilation est efficace et si l’atmosphère
est sûre à l’intérieur d’un silo.
MOYENS DE PRÉVENTION
CAUSE DES ACCIDENTS URGENCE Durant les premiers jours après la
Dès la mise en silo des plantes, MÉDICALE mise en silo, la ventilation n’est pas
du gaz carbonique (CO2) est produit Même en l’absence d’une une mesure suffisante pour assurer
massivement. Sa production est plus perte de conscience ou une atmosphère sécuritaire dans un
intense initialement, mais elle se pour- d’autres symptômes, une personne silo-tour à ensilage.
suit tant que la fermentation de l’ensi- qui a inhalé des oxydes d’azote (NO ou S’il est absolument nécessaire
lage n’est pas terminée. Des oxydes NO2) peut se retrouver dans un état de d’entrer dans le silo après le
d’azote (NO et NO2) peuvent aussi santé critique en quelques heures. Elle remplissage, durant la période de
être produits durant cette période, doit rapidement consulter un médecin fermentation ou à l’ouverture d’un
selon la teneur en nitrate des plantes en précisant avoir été exposée aux silo après la période de fermentation,
récoltées. Si la ventilation est ineffi- oxydes d’azote. une procédure complète d’entrée en
cace ou complètement inexistante, ces espace clos doit être respectée.
gaz lourds s’accumulent dans le silo, VENTILATION INEFFICACE
remplissent l’espace libre au-dessus Lorsqu’un silo n’est pas rempli, le AVERTISSEMENT : PORTEZ UNE
de l’ensilage et chassent l’oxygène souffleur à fourrage ne suffit pas pour PROTECTION RESPIRATOIRE
de l’air. ventiler l’intérieur du silo. L’efficacité Tant que les mesures de détection
de ce mode de ventilation est gran- des gaz ne confirment pas que l’atmos-
PERTE DE dement affectée par la hauteur de phère est sûre, le port d’un appareil
CONSCIENCE l’espace libre au-dessus de l’ensilage, de protection respiratoire à adduction
Dans une atmosphère par la configuration de la conduite d’air ou autonome est obligatoire pour
riche en CO 2 et pauvre à l’endroit où se fait l’arrivée d’air monter dans la chute et entrer dans
en oxygène, la perte de conscience (sa longueur et son diamètre), par la le silo. ■
survient en une ou deux inspirations capacité du souffleur ainsi que par tout
seulement! obstacle au jet d’air, telle la présence
du videur à silo ou d’un système de
distribution d’ensilage.
18 JUIN 2021 LE PRODUCTEUR DE LAIT QUÉBÉCOIS
PLQP_2021-06-01_001.indd 18 21-05-12 13:38Vous pouvez aussi lire
