MÉLI-MÉLO DE GASTRO AU CABINET - Le Medecin du ...
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VOLUME 50, NUMÉRO 4, AVRIL 2015 MÉLI-MÉLO DE GASTRO AU CABINET LA REVUE DE LA FÉDÉRATION DES MÉDECINS OMNIPRATICIENS DU QUÉBEC
1289($8 /HSUHPLHU ,QKDODWHXUGHEUXLQHOpJqUH , %/ $pURVROGRVHXUjSXOVHXU ,QKDODWHXUGHSRXGUHVqFKH ,QKDODWHXUGHEUXLQHOpJqUH $'3 ,36 ,%/ $FWLYDWLRQQRQIRQFWLRQ GHO¶LQVSLUDWLRQ 6ROXWLRQDTXHXVH $FWLRQPpFDQLTXH 3UHVVXULVp 'HPDQGH]XQHGpPRQVWUDWLRQGX 3ODFHER5HVSLPDW GqVPDLQWHQDQW STRIVERDI® RESPIMAT® (solution de chlorhydrate d’olodatérol pour inhalation) est un bêta2-agoniste à longue durée d’action (BALA) indiqué, à raison d’une prise Pr par jour, pour le traitement bronchodilatateur d’entretien à long terme de l’obstruction des voies aériennes chez les patients atteints de maladie pulmonaire obstructive chronique, ou MPOC (y compris la bronchite chronique et l’emphysème). Prière de consulter la monographie du produit à www.boehringer-ingelheim.ca/content/dam/internet/opu/ca_FR/documents/monographie/StriverdiPMFR.pdf pour obtenir des renseignements importants sur les contre-indications, les mises en garde, les précautions, les conditions d’emploi clinique, les manifestations indésirables, les interactions médicamenteuses et la posologie. On peut se procurer la monographie du produit en composant le 1 (800) 263-5103 poste 84633. † L’importance clinique comparative est inconnue * La solution est libérée par énergie mécanique4 Références : 1. Monographie de STRIVERDI® RESPIMAT®. Boehringer Ingelheim (Canada) Ltée, 7 mai 2014. 2. Decramer M, Vestbo J, Bourbeau J, et al. Global strategy for the diagnosis, management, and prevention of COPD (updated 2014). Global Initiative for Chronic Obstructive Lung Disease, Inc. 2014. 3. Monographie de COMBIVENT® RESPIMAT®. Boehringer Ingelheim (Canada) Ltée, 8 janvier 2014. 4. Données en dossier. Boehringer Ingelheim (Canada) Ltée, 2014. 5. Monographie de ATROVENT® HFA. Boehringer Ingelheim (Canada) Ltée, 29 octobre 2010. 6. Monographie de VENTOLIN® HFA. GlaxoSmithKline Inc., 18 décembre 2013. 7. Monographie de ADVAIR® et de ADVAIR® DISKUS®. GlaxoSmithKline Inc., 24 septembre 2013. 8. Monographie de SPIRIVA®. Boehringer Ingelheim (Canada) Ltée, 21 août 2012. 9. Monographie de SEREVENT® DISKHALER® et de SEREVENT® DISKUS®. GlaxosmithKline Inc., 16 octobre 2013. 10. Monographie de FORADIL®. Novartis Pharmaceuticals Canada Inc., 9 mai 2013. 11. Monographie de ONBREZ® BREEZHALER®. Novartis Pharmaceuticals Canada Inc., 24 octobre 2012. 12. Monographie de SEEBRI® BREEZHALER®. Novartis Pharmaceuticals Canada Inc., 12 octobre 2012. 13. Monographie de SYMBICORT® TURBUHALER®. AstraZeneca Canada Inc., 21 juin 2012. 14. Monographie de TUDORZAMC GENUAIRMC. Almirall Ltée, 26 juillet 2013. Striverdi® et Respimat® sont des marques déposées utilisées sous licence par Boehringer Ingelheim (Canada) Ltée.
VOLUME 50, NUMÉRO 4, AVRIL 2015 LA REVUE DE LA FÉDÉRATION DES MÉDECINS OMNIPRATICIENS DU QUÉBEC MÉLI-MÉLO DE GASTRO AU CABINET ÉGALEMENT DANS LE MONDE SYNDICAL PROBLÈME D’ACCÈS À UN MÉDECIN DE FAMILLE : LES SOLUTIONS DE LA FMOQ ENTREVUE AVEC LE DR LOUIS GODIN, PRÉSIDENT DE LA FMOQ
UN TRAITEMENT SUR LEQUEL VOUS POUVEZ COMPTER Réduction du risque de fractures démontrée avec une dose tous les 6 mois * 1,2 Réduction efficace du risque de fractures démontrée après 3 ans de traitement par rapport au placebo1,2* Nouvelles fractures vertébrales Fractures de la hanche Fractures non vertébrales 68 p < 0,001, RRA : 4,8 % % 40 p = 0,04, RRA : 0,3 % % 20 p = 0,01, RRA : 1,5 % % Visitez le site Prolia.ca pour en savoir plus sur Prolia. (principal critère d’évaluation) (critère d’évaluation secondaire) (critère d’évaluation secondaire) Intégrez le programme à chaque ordonnance de Prolia ® Remboursé par tous les régimes provinciaux (autorisation spéciale) et par la plupart des régimes privés d’assurance-médicaments† Le denosumab est un traitement de première intention de l’ostéoporose postménopausique recommandé par Ostéoporose Canada. Les lignes directrices recommandent de traiter les patientes qui présentent un risque élevé de fractures3‡. Prolia est indiqué dans le traitement des femmes ménopausées atteintes d’ostéoporose qui sont à risque élevé de fractures, ce dernier étant défini par des antécédents de fractures ostéoporotiques ou la présence de multiples facteurs de risque de fractures, ou chez qui d’autres traitements contre l’ostéoporose ont échoué ou n’ont pas été tolérés. Chez les femmes ménopausées atteintes d’ostéoporose, Prolia réduit l’incidence des fractures vertébrales, non vertébrales et de la hanche. Prolia n’est pas indiqué chez les enfants. Veuillez cliquer sur l’icône située dans le bas de la page à droite pour obtenir de plus amples renseignements sur l’innocuité et pour accéder à un hyperlien menant à la monographie du produit, dans lequel vous trouverez de l’information sur les points suivants : • Contre-indications pour les patientes atteintes d’hypocalcémie et les femmes enceintes. • Autres mises en garde et précautions pertinentes déconseillant l’emploi de Prolia en concomitance avec XGEVAMD, apport adéquat de calcium et de vitamine D, hypocalcémie (surveiller selon les besoins), réactions d’hypersensibilité, y compris réactions anaphylactiques, infections sévères, événements indésirables touchant l’épiderme et le derme, ostéonécrose de la mâchoire, fractures atypiques du fémur, inhibition importante du renouvellement osseux, utilisation non recommandée chez les femmes qui allaitent, prudence à exercer en présence d’insuffisance rénale, sensibilité possible chez les personnes âgées et allergie au latex. • Conditions d’utilisation clinique, réactions indésirables, interactions médicamenteuses et posologie. De plus, la page fournit la liste des références et les paramètres de l’étude cités dans cette publicité. RRA = réduction du risque absolu; RRR = réduction du risque relatif ‡ Le risque élevé est défini comme un risque de fractures à 10 ans supérieur à 20 % ou une fracture de fragilité de la hanche ou de la colonne vertébrale antérieure ou la présence de plus d’une fracture de fragilité. Veuillez consulter les lignes directrices pour obtenir toutes les recommandations3. © 2014 Amgen Canada Inc. Tous droits réservés. Prolia®, ProVital® et XGEVAMD sont des marques déposées d’Amgen Inc., utilisées avec autorisation. See prescribing summary on page xxx Pour renseignements thérapeutiques, voir page 84.
É D I T O R I A L // LES DEVOIRS Diriger les affaires de l’État vient avec certaines envers des gestionnaires du réseau, ingérence obligations, dont celle de bien faire ses devoirs dans la gestion des établissements, dénigrement lorsqu’on propose des changements législatifs qui du travail des médecins de famille et manipula- auront une incidence importante dans la vie de tion trompeuse de données statistiques ne sont nos concitoyens, surtout dans un secteur essentiel que quelques exemples de la méthode Barrette. comme celui de la santé. Malheureusement, Gaétan Le tout en moins de 11 mois ! Alors pour le respect, Barrette a failli à ses responsabilités élémentaires on repassera ! On parle sûrement d’un record sans en présentant les projets de loi 10 et 20. Des projets précédent qui sera difficile à battre côté échec en de loi qui non seulement n’ont jamais fait l’objet matière de respect chez un élu québécois. d’engagements électoraux ou de consultations quelconques, mais qui en plus ont été rédigés à la Heureusement, malgré le triste spectacle offert sauvette bien que rien ne soutenait leur contenu dernièrement par le ministre de la Santé, nous, à la sur le fond. Premier devoir échoué lamentable- FMOQ, avons fait nos devoirs. Nous avons d’abord, ment donc par le ministre. en toute circonstance, dit la vérité aux Québécois. Ensuite, nous avons dénoncé l’approche du gou- Évidemment, ce premier échec, à tout le moins en vernement et rectifié les informations erronées ce qui a trait au projet de loi 20, aurait pu être évité véhiculées par le ministre Barrette, avec vigueur si le ministre et son équipe avaient pris quelques oui, mais sans jamais tomber dans l’insulte ni le minutes de leur précieux temps pour discuter avec dénigrement facile. Et surtout, nous avons réflé- nous de la question de l’accessibilité aux soins, chi longuement et analysé finement plusieurs ce qu’ils ont obstinément refusé de faire d’avril à options au projet de loi 20, afin de proposer des novembre 2014. Était-ce si difficile de prendre solutions porteuses qui amélioreront l’accès aux un peu de temps pour échanger avec ceux qui soins de première ligne. De plus, une fois ce tra- prodiguent les soins et qui avaient des solutions vail accompli, nous avons pris notre bâton de porteuses et réalistes à proposer ? Il faut croire pèlerin et sommes allés rencontrer les médecins que oui, surtout si le plan du ministre a toujours omnipraticiens dans les différentes régions de la été de dénigrer, de sortir le bâton et de berner les province de manière à valider leur adhésion aux Québécois en mettant sur la table des projets de solutions suggérées. La Fédération a donc, elle, loi qui ne garantissent absolument aucune amé- fait ses devoirs. Il nous reste juste à espérer que lioration de services pour les patients. Ce refus le ministre de la Santé aura appris de ses échecs d’écouter et de dialoguer constitue un deuxième répétés et qu’il aura la sagesse de s’accrocher devoir échoué par M. Barrette. aux solutions des médecins de famille et à l’en- gagement de ces derniers. Pour le bien-être de Et puis le troisième échec, que personne ne peut nos concitoyens, c’est le petit miracle qu’on est ignorer, est lié à ce fameux respect que le premier en droit de se souhaiter collectivement. Sinon, le ministre Couillard souhaitait être la marque de com- ministre devra porter seul la responsabilité d’une merce de son gouvernement. Dans le cas de Gaétan occasion historique manquée et d’un immense Barrette, on parle ici d’un échec retentissant. C’est gâchis probable à venir. le moins que l’on puisse dire ! Insultes envers ses adversaires politiques et des gens estimés comme Le 17 mars 2015 Claude Castonguay, allégation d’intimidation Le président, Dr Louis Godin lemedecinduquebec.org 1
Tous les sites Internet mentionnés dans les articles du Médecin du Québec sont présentés sous forme de liens hypertextes sur notre site Internet au www.lemedecinduquebec.org. Vous avez donc accès directement aux références indiquées d’un simple clic de souris. DIRECTEUR DE LA SOUTIEN ADMINISTRATIF FORMATION PROFESSIONNELLE À LA PUBLICITÉ Dr Claude Guimond Lise Francœur Diane Gatien RÉDACTEUR EN CHEF Dr Martin Labelle SECRÉTAIRE À LA FORMATION PROFESSIONNELLE COMITÉ ÉDITORIAL CHRONIQUES Christine Brendell-Girard Dr Marcel Guilbault, président Dr Serge Lalonde PHOTOGRAPHE Dr Serge Dulude Emmanuèle Garnier Dr Claude Guimond Dr Martin Labelle CORRECTRICE D’ÉPREUVES 21 GESTION PRATIQUE M. Jean-Pierre Dion Mélisande Leduc LE PROJET DE LOI NO 20 : L’INCOHÉRENCE COMITÉ DE RÉDACTION SCIENTIFIQUE PUBLICITÉ DES POLITIQUES GOUVERNEMENTALES Dre Louise Champagne, présidente Keith Communications inc. Montréal : 1 800 661-5004, poste 18 Denis Blanchette et Marianne Casavant Dre Caroline Béïque Dre Geneviève Painchaud Toronto : 1 800 661-5004, poste 13 Dr Alexandre Motard Dr Mathieu Pelletier IMPRIMEUR 25 QUOI DE NEUF EN FMC ? Dr Claude Guimond Transcontinental/Interglobe inc. CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET SANTÉ : (certifié ISO 9002) Dr Martin Labelle Beauceville (Québec) DU VIRUS DU NIL AU STRESS POST-TRAUMATIQUE COORDONNATRICE DE LA PRODUCTION Daniel Paquette ET INFOGRAPHISTE Anne-Marie Boiteau ATTESTATION 63 ALLEZ PLUS LOIN GRÂCE À INTERNET JOURNALISTE MÉDICALE L’éditeur atteste que la déduction MALADIES DU FOIE ET DES INTESTINS ET RÉDACTRICE SYNDICALE des frais de publicité du présent Emmanuèle Garnier journal n’est pas restreinte par Robert Aubin l’article 19 de la Loi de l’impôt RÉVISEURE ET TRADUCTRICE canadien sur le revenu. Martine Picard Un annonceur qui remplit 67 INFO-COMPRIMÉE une déclaration d’impôt fédéral SECRÉTAIRES DE RÉDACTION peut réclamer à titre de frais INFILTRATIONS : PASSEZ À L’ACTION ! Lucie Beauclair d’exploitation les frais de publicité Hélène Demers et Michel Lapierre Ginette Dignard dans la présente publication. 71 ZONE TECHNO SIRI, CET ASSISTANT MÉCONNU Le Médecin du Québec, mensuel de la FMOQ, est envoyé aux médecins omnipraticiens du Québec ainsi qu’à certains médecins spécialistes. Ceux qui désirent renoncer Gilles Tousignant à leur abonnement doivent en faire la demande par écrit à la rédaction : 2, Place Alexis Nihon, 20e étage 73 DE MÉDECIN À ENSEIGNANT 2000-3500, boul. De Maisonneuve Ouest, Westmount (Québec) H3Z 3C1 Téléphone : 514 878-1911 ou 1 800 361-8499 / Télécopieur : 514 878-2659 EN PRATIQUE MÉDICALE : PAS DE COMPÉTENCES SANS Courrier électronique : mq@fmoq.org / Site Internet : lemedecinduquebec.org UNE BONNE ORGANISATION DES CONNAISSANCES ! Abonnement : 150 $ par année, taxes applicables en sus. Suzanne Laurin, Marie-Claude Audétat et Gilbert Sanche Tirage : 10 136. Le Médecin du Québec ouvre ses pages à toute collaboration pouvant intéresser 77 DROIT AU BUT la profession médicale sur les plans syndical, professionnel, économique et social. Les textes de la section de formation continue de même que ceux à caractère LE RÔLE DES INFIRMIÈRES EN PREMIÈRE LIGNE : COMMENT scientifique sont révisés par des pairs (comité de rédaction scientifique). PARTAGER EFFICACEMENT LES RESPONSABILITÉS ? – I Avant de prescrire un médicament mentionné dans la revue Le Médecin du Québec, Christiane Larouche l’éditeur conseille aux lecteurs de consulter les renseignements thérapeutiques publiés par les fabricants pour connaître la posologie, les mises en garde, les contre-indications et les critères de sélection des patients. Le Médecin du Québec se dégage de toute 79 POUR QUE LA FORMATION CONTINUE... responsabilité à cet égard. ANGINE VASOSPASTIQUE ET EXERCICE : Les textes publiés dans cette revue n’engagent que leurs auteurs. Membre de l’Association des médias médicaux du Canada. PLUS QUE POSSIBLE, NÉCESSAIRE ! Le Médecin du Québec est une revue indexée dans la base de données Repère. Alexandra Gaudreau et Martin Crête Toutes les annonces de produits pharmaceutiques sur ordonnance ont été approuvées par le Conseil consultatif de publicité pharmaceutique. Toutes les autres annonces 83 FONDS FMOQ doivent recevoir l’approbation de l’éditeur. COMMENT RÉAGIR À UN AVIS DE COTISATION Envoi de Poste – Publications – Convention n° 40068972 Dépôt légal : Bibliothèque et Archives nationales du Québec – ISSN 0025-6692 Reproduction interdite sans autorisation. 85 EN FIN... LA FACTURATION © Le Médecin du Québec, 2015. RÉMUNÉRATION DE LA GARDE EN DISPONIBILITÉ : CHSLD – II Michel Desrosiers FSC 84 INDEX DES ANNONCEURS 2 Le Médecin du Québec, volume 50, numéro 4, avril 2015
VOLUME 50, N UMÉ RO 4, AV RIL 2015 LA VIE ÉDITORIAL PROFESSIONNELLE 1 LES DEVOIRS Louis Godin Emmanuèle Garnier 4 PROBLÈME D’ACCÈS À UN MÉDECIN DE FAMILLE : LES SOLUTIONS DE LA FMOQ FORMATION CONTINUE 6 ENTREVUE AVEC LE DR LOUIS GODIN, 27 MÉLI-MÉLO DE GASTRO AU CABINET PRÉSIDENT DE LA FMOQ : AMÉLIORER L’ACCÈS Jean-Daniel Baillargeon À LA PREMIÈRE LIGNE 29 DOCTEUR, EST-CE QUE MON PAIN 8 ASSEMBLÉES GÉNÉRALES : QUOTIDIEN DOIT ÊTRE SANS GLUTEN ? LA FMOQ EN MODE SOLUTION Julie Carrier 11 VIDÉO ET CONFÉRENCE DE PRESSE : 37 LE SUIVI DES MALADIES PRÉSENTER LES SOLUTIONS AU PUBLIC INFLAMMATOIRES DE L’INTESTIN AU CABINET : AU-DELÀ DU TUBE DIGESTIF 12 PROJETS DE LOI NOS 20 ET 10 : ENTREVUE Sophie Plamondon AVEC LA PRÉSIDENTE DE L’ASSOCIATION DES MÉDECINS OMNIPRATICIENS DE LA CÔTE-DU-SUD 45 LES LÉSIONS HÉPATOBILIAIRES À L’ÉCHOGRAPHIE : PETIT GUIDE PRATIQUE 14 LIVRES : SOS DOCTEUR Gilles Faust 15 PRATICO-PRATIQUE 51 LA STÉATOSE HÉPATIQUE : PAS QUE DU FOIE GRAS ! 16 LA PÉDIATRIE SOCIALE : Jean-Daniel Baillargeon AU-DELÀ DE LA SANTÉ PHYSIQUE 57 LA COLITE MICROSCOPIQUE : LA CONNAISSEZ-VOUS ? Karen Gallagher 65 POST-TEST (AVEC CRÉDITS) lemedecinduquebec.org 3
PROBLÈME D’ACCÈS À UN MÉDECIN DE FAMILLE LES SOLUTIONS DE LA FMOQ Emmanuèle Garnier personnes à prendre en charge au Québec. La plupart ont entre 10 et 39 ans et n’ont pas de maladie chronique. La contribution des nouveaux omnipraticiens pourrait être très importante. Ils arriveront nombreux en renfort et, si les activités en cabinet sont considérées comme des AMP, auraient le loisir de faire uniquement de la prise en charge. Ils pourraient donc inscrire un grand nombre de personnes. Les médecins qui suivent déjà des patients, eux, pourraient en inscrire au moins un nouveau par semaine. C’est ce que La FMOQ à la Commission de la santé et des services sociaux leur demande la Fédération. Les omnipraticiens seraient d’ailleurs fortement incités à suivre un nombre minimal de personnes. L’atteinte d’un certain seuil pourrait leur per- Pour offrir une solution de rechange au projet de loi no 20, mettre de bénéficier de la majoration de la tarification des la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec actes de la nouvelle nomenclature en cabinet. (FMOQ) a élaboré son propre plan. Une série de propo- sitions auxquelles elle s’engage à travailler et qui visent à Plusieurs éléments aideraient par ailleurs les omnipraticiens améliorer l’accès de la population à un médecin de famille. à prendre en charge plus de patients, souligne la Fédération dans son mémoire. Notamment le fait de disposer d’un dos- Certaines de ces recommandations doivent être négociées sier médical électronique, l’accès rapide aux consultations avec le gouvernement. La Fédération lui offre d’ailleurs sa spécialisées et aux plateaux techniques, le travail interdis- collaboration, comme en témoigne le mémoire qu’elle a pré- ciplinaire et une plus grande aide des autres spécialistes senté à la Commission de la santé et des services sociaux, au sein des hôpitaux. le 19 mars dernier. 2) ACCROÎTRE LA DISPONIBILITÉ L’une des premières mesures à discuter avec l’État est la DES MÉDECINS DE FAMILLE reconnaissance transitoire d’activités médicales parti- La Fédération demande à ses membres d’être plus dispo- culières (AMP) en cabinet. Cette proposition pourrait avoir nibles pour voir rapidement leurs propres patients lorsque un effet bénéfique sur la relève et inverser la tendance ac- ces derniers ont besoin de les rencontrer. L’Accès adapté tuelle. En 2013-2014, les activités en cabinet n’ont représenté est une méthode de travail particulièrement efficace pour que 24 % de la facturation des 1500 médecins finissants y parvenir. Plus de 400 omnipraticiens y recourent déjà. « Il des cinq dernières années, indique le mémoire. La Fédé- est raisonnable d’affirmer que plus de 1000 médecins sont ration suggère même carrément l’abolition des AMP quand actuellement en transition vers cette méthode de travail », l'équilibre entre la première et la deuxième ligne sera atteint. indique le mémoire. La FMOQ apportera à ses membres le soutien nécessaire pour adopter cette formule et continuera Pour accroître l’accès de la population à un médecin de à en faire la promotion. famille, la Fédération fait aussi appel à ses membres. À leur solidarité. Elle leur propose d’atteindre ensemble deux 3) OFFRIR UN FILET DE SÉCURITÉ objectifs : l’inscription de 80 % de la population et une plus À LA POPULATION grande disponibilité pour les besoins urgents des patients. La FMOQ propose de doter la population québécoise d’un filet de sécurité qui lui permettra de consulter un omni- 1) INSCRIRE 80 % DE LA POPULATION praticien ailleurs qu’à l’urgence si elle n’a pas de médecin La FMOQ préconise l’inscription de 80 % de la population de famille ou ne peut voir le sien rapidement. Il s’agira d’un d’ici deux ans. Cette cible semble réaliste, puisqu’en Ontario réseau constitué de groupes de médecine de famille-réseau 78 % des gens sont inscrits. Il resterait donc 1,2 million de et réseau + dont la Fédération et le gouvernement sont en train de définir le cadre. 4 Le Médecin du Québec, volume 50, numéro 4, avril 2015
L A V I E P R O F E S S I O N N E L L E // XVIIIE CONGRÈS SYNDICAL DE LA FMOQ fmoq.org LES ASPECTS INACCEPTABLES DU PROJET DE LOI NO 20 Dans son mémoire, la FMOQ dénonce par ailleurs les aspects qu’elle juge inacceptables dans le projet de loi no 20. MA PROFESSION, Elle reproche entre autres à l’éventuelle loi l’encadre- ment inflexible qu’elle imposera aux omnipraticiens. « Le cumul de toutes les nouvelles obligations qui devront MON ENGAGEMENT être effectuées sous peine de sanctions, à la fois en éta- 28 ET 29 MAI 2015 blissement et hors établissement, enfermera totalement LE WESTIN MONTRÉAL, MONTRÉAL les médecins dans un cadre à ce point rigide, qu’il brisera toute autonomie professionnelle », indique le document de la Fédération. La FMOQ réprouve également l’arbitraire sur lequel repose le projet de loi no 20, les pouvoirs excessifs du ministre, la négation du droit à la négociation et le recours à la coercition. Les quotas de patients lui semblent particulièrement inadmissibles. « L’imposition d’un nombre minimal de patients, voire d’un volume quotidien minimal, est une menace directe à la qualité des soins. Elle transforme la médecine de famille en médecine à la chaîne », souligne le mémoire. Certains omnipraticiens seront particuliè- rement pénalisés par les cibles à atteindre : les cliniciens enseignants et les femmes médecins qui, outre leurs congés de maternité, ont des impératifs de conciliation travail-famille. La FMOQ dénonce également l’attaque particulière dont elle fait l’objet : le projet de loi interdit carrément aux chefs de département régional de médecine générale d’occuper une fonction au sein de la Fédération ou de En cette période de grands bouleversements, l’une de ses associations affiliées. quoi de plus approprié que de venir discuter La FMOQ offre, pour finir, sa coopération au ministre des enjeux de notre profession ! de la Santé et des Services sociaux. « La Fédération – Dre Josée Bouchard, demande au gouvernement de renoncer à l’abus de pou- présidente du congrès syndical voir. Elle exige le retrait du projet de loi no 20. Elle l’invite à s’asseoir avec elle afin de négocier le changement et de choisir de mettre en œuvre des solutions constructives. » Pour consulter le mémoire : http://bit.ly/1x0ZK7F ou www.fmoq.org/Lists/FMOQDocumentLibrary/fr/ Affaires%20Syndicales/Prises%20de%20position/ PL20-Memoire%20FMOQ-19mars2015.pdf // Inscription gratuite, mais obligatoire, avant le 15 mai lemedecinduquebec.org 5
ENTREVUE AVEC LE DR LOUIS GODIN, PRÉSIDENT DE LA FMOQ AMÉLIORER L’ACCÈS À L A PREMIÈRE LIGNE La FMOQ propose plusieurs solutions pour accroître l’accès à la première ligne. Le Dr Louis Godin, président de la FMOQ, donne davantage de détails sur les mesures proposées et les efforts demandés aux omnipraticiens. Texte et photo : Emmanuèle Garnier M.Q. – LA FÉDÉRATION ET LES OMNIPRATICIENS M.Q. – QUE PROPOSEZ-VOUS POUR FACILITER L’ACCÈS DOIVENT AMÉLIORER RAPIDEMENT L’ACCÈS DES PATIENTS À UN OMNIPRATICIEN ? AUX SOINS DE PREMIÈRE LIGNE. EST-CE UNE COURSE CONTRE LA MONTRE ? L.G. – Actuellement, les remarques de la population concernant l’accessibilité sont de deux types : 1) la difficulté de voir son médecin L.G. – Il est clair qu’il faut des résultats à court terme. Toutes les pour ceux qui en ont un et 2) la difficulté de voir un médecin – soit parce propositions du plan que nous présentons peuvent être réalisées dans que le leur n’est pas disponible, soit parce qu’ils n’en ont pas – ailleurs un délai de 24 à 30 mois. Elles devraient entre autres nous permettre qu’à l’urgence quand ils ont un problème de santé aigu. Une des solu- d’atteindre un taux d’inscription autour de 80 %, ce qui est considéré tions pour améliorer l’accès des patients à leur médecin, c’est que ce comme un taux optimal. dernier change l’organisation de sa pratique pour voir plus rapidement ses patients. Une des façons d’y parvenir est l’Accès adapté. De plus en plus de médecins adoptent cette méthode. Au cours des prochains mois, nous allons donc encourager et aider nos médecins à instaurer M.Q. – QUAND COMMENCERA-T-ON À VOIR CETTE NOUVELLE cette nouvelle façon de faire. HAUSSE DU TAUX D’INSCRIPTION ? C’est sûr que certains médecins préféreront une formule diffé- rente. Libre à eux d’en utiliser une autre. Nous, ce que l’on veut, c’est qu’un L.G. – Cela va se faire progressivement. On va y arriver de trois façons. patient puisse être vu rapidement par son médecin, peut-être dans Premièrement, il y aura l’ajout net de nouveaux médecins qui vont être un délai de 24 à 72 heures, quand c’est nécessaire. Quand beaucoup incités à prendre en charge des patients. Deuxièmement, on veut encou- de médecins recourent à l’Accès adapté dans une région, on s’aperçoit rager les médecins qui font de la prise en charge à avoir un nombre que le nombre de visites dans les services de consultation sans rendez- minimal de 500 patients pour bénéficier des conditions liées à la nou- vous et les urgences diminue. velle nomenclature en cabinet. Troisièmement, on compte sur l’enga- gement de l’ensemble des médecins à prendre un peu plus de patients de façon volontaire grâce à la réorganisation de leur pratique. Les per- sonnes qu’il reste à inscrire sont, par ailleurs, surtout des hommes de 10 à 35 ans en bonne santé. Les patients vulnérables et les gens de 60 ans et plus ont déjà presque tous un médecin de famille. Le taux d’inscription semble être un enjeu important pour le gouvernement, mais pour nous l’accès à un médecin de famille ou à son médecin de famille est plus important encore. 6 Le Médecin du Québec, volume 50, numéro 4, avril 2015
L A V I E P R O F E S S I O N N E L L E // M.Q. – ET QUE SUGGÉREZ-VOUS POUR LES PATIENTS M.Q. – LES MÉDECINS EN CABINET NE SONT-ILS PAS QUI N’ONT PAS DE MÉDECIN DE FAMILLE ? PLUS SOLLICITÉS QUE LES AUTRES ? L.G. – Nous suggérons la création de supercliniques, d’unités d’accès L.G. – On demande le même effort à tous les médecins selon leurs populationnel (UAP) ou de GMF clinique-réseau, selon le nom qu’on veut champs d’activité et en fonction de leurs compétences. Le médecin leur donner. C’est la base du plan d’accessibilité que nous avons proposé qui travaille à l’urgence pourra aller exercer dans une UAP, parce qu’on il y a quinze mois. Les gens nous disent : « C’est la fin de semaine, les y aura besoin d’effectifs médicaux. Cependant, c’est sûr qu’on ne peut enfants ont un problème aigu et je suis incapable de voir un médecin ou pas demander à un médecin qui travaille depuis 20 ans exclusivement mon médecin. J’ai besoin d’un endroit où aller pour ne pas me rendre à en deuxième ligne d’aller demain matin travailler en première ligne. l’urgence ». C’est ce problème qu’il faut régler. Ce dernier pratique souvent avec d’autres médecins qui, eux, ont des activités de prise en charge. Il pourra peut-être les libérer un peu pour La Fédération ne peut mettre en place son plan d’accessibilité qu’ils puissent suivre plus des patients. toute seule. Mais le ministère ne peut pas le faire seul lui non plus. Il a absolument besoin de la collaboration des médecins. Nous travaillons là-dessus depuis plus de deux ans. Nous avons déjà repéré les endroits M.Q. – DONC, CERTAINS MÉDECINS DEVRONT SOUTENIR où l’on devrait installer les unités d’accès qui vont, pour la plupart, être LEURS COLLÈGUES QUI DEVRONT TRAVAILLER DAVANTAGE créées au sein de groupes de médecine de famille existants. Nous vou- EN PREMIÈRE LIGNE ? drions commencer le plus rapidement possible. L.G. – Ils ne « devront » pas, ils « pourront » le faire. Ce n’est pas une obligation. C’est vraiment un engagement collectif des médecins. On veut M.Q. – VOUS AVEZ BESOIN D’UNE CENTAINE D'UAP ? se sortir de l’obligation. On est dans une approche de collaboration, de volontariat et d’incitation. Ce que l’on dit, c’est qu’on est capable d’amé- L.G. – Oui, mais il existe actuellement une cinquantaine de cli- liorer les choses. Réalisons le plan. Reprenons le leadership de l’organi- niques-réseau qui, dans les faits, sont ou deviendront des UAP après sation de la médecine familiale. Faisons-le tous ensemble pour ne pas se quelques légers ajustements. Il y aurait donc une cinquantaine de cli- retrouver dans une situation où l’on va nous imposer des solutions qui niques à ouvrir un peu partout au Québec, surtout dans les centres de ne fonctionneront pas. plus de 50 000 habitants. Ce sera donc principalement en Montérégie, dans Laurentides-Lanaudière, à Laval, à Trois-Rivières et dans certains sous-territoires de Montréal. M.Q. – QUEL SERA LE RÔLE DU DÉPARTEMENT RÉGIONAL DE MÉDECINE GÉNÉRALE (DRMG) ? M.Q. – QUELLE A ÉTÉ LA RÉACTION DES MÉDECINS À CE PLAN ? L.G. – Il permettra de tenir compte des caractéristiques locales du milieu médical. Dans les régions périphériques, la situation n’est pas la même que dans les centres urbains. Le taux d’inscription y est plus L.G. – L’accueil a été très favorable. Les médecins appuient notre élevé, mais la présence des omnipraticiens dans les établissements est plan. Ils sont conscients qu’on doit améliorer les choses à court terme. plus nécessaire et plus fragile. Le DMRG va donc déterminer jusqu’où Ils sont prêts à réorganiser leur pratique pour y arriver, d’autant plus il doit aller dans la gestion des AMP liées au cabinet. Dans les milieux que l’approche du ministère est inacceptable. Les médecins disent urbains, le DRMG va jouer un rôle, en collaboration avec les tables qu’ils sont capables de faire de l’Accès adapté, d’être disponibles pour locales, dans la création des unités d’accès. ouvrir des supercliniques, de modifier leur pratique, de prendre des patients supplémentaires. M.Q. – QUELLE CONCLUSION TIREZ-VOUS DE VOTRE TOURNÉE ? L.G. – Les médecins nous ont montré qu’ils sont conscients de la situation et qu’ils sont prêts à agir. Je pense que d’ici de 24 à 30 mois nous pouvons mettre en place les différentes mesures que l’on propose. Le message des médecins a été très clair : ils prennent cet engagement. Je pense que nos solutions sont porteuses et nous permettront d’arriver à des résultats que le projet de loi no 20 ne permettra pas d’atteindre. lemedecinduquebec.org 7
ASSEMBLÉES GÉNÉRALES L A FMOQ EN MODE SOLUTION Au cours du mois de mars, le président de la FMOQ s’est rendu dans différentes régions du Québec pour présenter à ses membres des solutions qui permettront à la population d’avoir plus facilement accès à la première ligne. Il pourrait contrer ainsi le projet de loi no 20. Emmanuèle Garnier qu’on les oblige à travailler à l’hôpital », a affirmé le Dr Godin. La FMOQ voit cependant encore plus loin. Elle veut l’abo- lition des AMP. « Dès que l’on aura démontré que le fait de donner des AMP en cabinet ne déstabilise pas les établis- sements, l’objectif sera d’obtenir leur retrait pur et simple. » La FMOQ demande parallèlement à ses membres un effort : que ceux qui pratiquent en première ligne inscrivent un P hotos : Emmanuèle Garnier peu plus de patients. « C’est sur une base purement volon- taire. Ce sera votre choix de le faire ou non. On va appeler cela l’opération «1 1 ». Un patient de plus par semaine ou par mois à inscrire. Si l’on fait cela tous ensemble, je vous garantis que dans trois ans, il n’en restera plus beaucoup Dr Louis Godin de patients sans médecin de famille. » Ils ont été plus de 2000 à venir écouter le Dr Louis Godin, Les omnipraticiens qui suivront plus de 500 patients auront président de la FMOQ. Dans huit régions différentes, de un avantage. « Le 1er avril 2016, en principe, il y aura une l’Estrie au Saguenay, de l’ouest du Québec à la Mauricie, nouvelle nomenclature en cabinet à laquelle seront atta- des médecins de famille se sont déplacés pour connaître chées les augmentations à venir. Pour y avoir droit, il faudra les solutions de la FMOQ. Le grand enjeu : l’amélioration de avoir un nombre minimal de patients », a indiqué le Dr Godin. l’accès de la population à un médecin de famille avec, en toile de fond, le projet de loi no 20. La FMOQ vise l’inscription de 80 % de la population d’ici à décembre 2017. « C’est le taux que l’on a ailleurs dans les « Le statu quo n’est pas une solution, a prévenu dès le départ régions les plus performantes. » Il pourrait être difficile d’en le Dr Godin, à l’assemblée de Québec, le 4 mars dernier. inscrire plus. Parce que souvent, les 20 % restant ne désirent Le message que l’on reçoit de la population est toujours le pas vraiment avoir un médecin de famille. Il demeure donc même : il y a un problème d’accessibilité. On peut difficile- quelque 1,2 million de personnes à prendre en charge. « C’est ment le nier. » très réalisable. Cela demande une chose : votre engagement. Cela nécessite l’engagement de ceux qui font de la prise en Les nouvelles propositions pourraient permettre le retrait charge à en faire un peu plus. » du projet de loi no 20. Dans une entrevue, le ministre de la Santé a ainsi affirmé : « Proposez-moi des solutions qui vont ACCÈS ADAPTÉ ET SUPERCLINIQUES garantir (...) l’accès à la population et il n’y aura pas de projet La Fédération désire également inciter les médecins à deve- de loi no 20. » Plus tard, le premier ministre lui-même a dit : nir plus efficaces. « On ne vous demandera pas de travailler « Est-ce que c’est nécessaire de légiférer ? On verra. On va plus, mais différemment. Choisissez la méthode que vous voir à la commission parlementaire. » voulez, mais soyez capables de voir vos patients lorsqu’ils ont besoin de vous rencontrer rapidement. Il y a une recette Le plan de la Fédération comporte plusieurs volets. Il faut toute faite qui marche très bien. Cela s’appelle l’Accès d’abord ramener les omnipraticiens vers la première ligne adapté. » Cette formule est satisfaisante non seulement pour de soins. « Nous allons demander dans un premier temps le patient, mais aussi pour le médecin. « Si vous avez autour que les activités médicales particulières (AMP) soient de vous des collègues qui l’emploient, demandez-leur si ce reconnues en cabinet et dans les milieux de première système fonctionne bien. Ils vont vous affirmer que la per- ligne au même titre que toutes les autres AMP. On ne peut sonne la plus heureuse du changement, c’est eux. Ils vous pas demander aux médecins d’aller en première ligne tant diront : “Ma vie s’est transformée. Les gens qui viennent me 8 Le Médecin du Québec, volume 50, numéro 4, avril 2015
L A V I E P R O F E S S I O N N E L L E // Médecins venus assister à l’assemblée de Montréal voir sont contents. Ils ne prennent pas plus de temps, et j’ai également nécessaire d’éviter que les personnes ayant un retrouvé beaucoup de liberté professionnelle” », a expliqué problème aigu aient à faire la file dès 6 h le matin devant une le président. clinique. On devait aussi s’assurer que tous les Québécois qui voulaient un médecin de famille puissent en avoir un et La FMOQ apportera son soutien aux médecins qui désirent le voir rapidement. tenter le changement. Elle leur fournira des outils. « On va vous aider à modifier votre pratique. » Est-ce que ce sera Dans l’élaboration de son plan, la Fédération a tenu compte long de convaincre la plupart des omnipraticiens ? « Dans des commentaires de nombreux médecins. Le Dr Godin avait un horizon de six mois à un an, nous sommes capables d’en- sollicité l’avis de ses membres au cours des assemblées de treprendre un mouvement très important pour instaurer décembre dernier. « J’ai dû recevoir 500 courriels me pro- cette nouvelle façon de faire. » posant toutes sortes de solutions. J’ai pris connaissance de chacun d’eux. Soyez assurés qu’on a pris en considération Certains volets du plan de la FMOQ nécessitent cependant les suggestions de tous ceux qui nous ont écrit. » la collaboration du gouvernement. « On va devoir mettre en place un filet de sécurité dans les zones les plus populeuses. De manière générale, les médecins demandaient une Dans une région de 10 000 habitants avec une petite salle approche incitative. Ils voulaient également que l’on res- d’urgence, il n’y a pas de problème pour avoir accès à un pecte leurs champs d’activité. « Il n’était pas question pour médecin de famille quand c’est nécessaire. Il y a toujours eux que l’on prenne les médecins des hôpitaux et qu’on les quelqu’un. Mais dans les grands centres, c’est plus compli- envoie dans les cabinets ou l’inverse. » Ils désiraient aussi qué. Il doit y avoir un filet de sécurité. » une cible d’inscriptions réaliste. De manière globale, les omnipraticiens étaient prêts à participer, mais voulaient Ce filet reposera sur des « supercliniques ». Il existe déjà que tous fassent leur effort. une cinquantaine de cliniques-réseau capables de jouer ce rôle. Il en faudrait le double. Elles seront surtout situées DES FACTEURS FACILITANTS dans les zones urbaines. Dans une ville comme Québec, il Certains facteurs facilitants pourraient par ailleurs permettre pourrait y en avoir de huit à dix. C’est par ailleurs là que les aux médecins de famille d’accroître encore davantage leur médecins qui pratiquent dans les hôpitaux auront l’occasion disponibilité. Par exemple, le recours à un dossier médical d’apporter leur contribution. « Ils pourront aller donner un électronique, un accès plus facile aux consultations spécia- coup de main, parce qu’il y aura des plages à couvrir. » lisées et au plateau technique, la diminution des diverses demandes administratives. « Vous avez une pile de formu- LES OBJECTIFS À ATTEINDRE laires à remplir : la prescription de Tempra pour la garderie, Avant de proposer une solution de remplacement au projet l’ordonnance pour permettre au patient de ne pas payer les de loi no 20, la FMOQ a analysé les objectifs que le gou- taxes sur certains produits, etc. Nous allons réclamer que vernement tentait d’atteindre par cette mesure. Les trois l’on réduise ces demandes. » principaux étaient : h d’orienter plus de médecins vers la prise en charge de Certaines données probantes pourraient en outre rendre patients ; la pratique plus efficace. « Ce n’est pas sûr que quand vous h de permettre aux gens d’avoir plus facilement accès à inscrivez un jeune homme de 32 ans vous avez besoin de lui leur médecin de famille ; donner un rendez-vous tous les ans pour lui passer un exa- h de permettre à la population de voir un omnipraticien men annuel », a indiqué le président. Dans les hôpitaux, par dans des plages horaires étendues. ailleurs, les spécialistes ont également un rôle à jouer. « Ils vont aussi devoir épauler un peu plus les équipes de méde- Concrètement, il fallait donner aux patients classés P4 et cins de famille qui travaillent dans les établissements », a P5 la possibilité de consulter ailleurs qu’à l’urgence. Il était indiqué le président. lemedecinduquebec.org 9
LE D R PIERRE RAÎCHE LAURÉAT DU PRIX GILLES-DES ROSIERS Le Dr Pierre Raîche, qui a été directeur de la Formation P hoto : Emmanuèle Garnier professionnelle à la FMOQ de 2001 à 2012, a reçu le prix Gilles-des Rosiers. Cette distinction, qui lui a été décer- née au congrès de mars de la Fédération, souligne son engagement soutenu et diversifié dans le perfectionne- ment professionnel de ses collègues. Drs Claude Guimond, Michel Vachon, Louis Godin et Marc-André Amyot « C’est un honneur pour moi de remettre ce prix, a affirmé La Fédération va par ailleurs continuer à faire des pressions le Dr Louis Godin, président de la Fédération. Pierre a eu pour abolir la « notion du lui-même », selon laquelle les méde- une longue carrière en formation continue. En 1992, alors cins ne peuvent être rémunérés que pour les actes qu’ils font qu’il entrait à l’association de Richelieu–Saint-Laurent, eux-mêmes. Elle veut également favoriser le travail interpro- il est devenu un membre responsable de la formation fessionnel. « C’est sûr qu’on va continuer à faire en sorte que continue ». Il travaillait également dans ce domaine à vous puissiez avoir des infirmières pour vous aider. » l’Université de Montréal. RÉUSSIR LE PARI En tant que directeur de la Formation professionnelle, Le plan de la FMOQ répond aux différents besoins. « C’est le Dr Raîche a plusieurs grandes réalisations à son actif. une solution de rechange au projet de loi no 20. Je n’ai, en « Il a été le maître d’œuvre du PADPC-FMOQ », a rappelé plus, demandé à aucun médecin de sortir de son milieu de le Dr Godin. Il a également été à l’origine des produits pratique et d’aller exercer ailleurs, a affirmé le président. Les dérivés des congrès. omnipraticiens qui sont à l’hôpital vont pouvoir y rester. Ceux qui exercent actuellement dans leur cabinet ne seront pas « Toutes ces réalisations se font en équipe. On ne peut pas obligés de retourner travailler à l’hôpital. Tout le monde est y parvenir tout seul », a précisé le Dr Raîche. Il a affirmé capable de continuer à faire ce qu’il fait actuellement. On fait être très flatté de la distinction qu’il recevait. « J’en suis juste les choses différemment. » d’autant plus heureux que c’est un prix qui est accordé par la Fédération et donc par les syndiqués. Comme quoi Si les médecins de famille réussissent leur pari, ils reviendront les médecins se prennent en main sur tous les plans ». au cœur de la médecine familiale. Les autres professionnels de la santé n’auront plus à empiéter dans leurs champs de Pour le Dr Claude Guimond, qui a succédé au Dr Raîche, compétence. Les patients cesseront de leur chercher des rem- cette remise de prix était importante. « Le Dr Raîche a été plaçants dans d’autres professions. « Ça, c’est un élément très mon mentor en formation continue ». Les qualités qu’il important », a souligné le Dr Godin. apprécie le plus chez ce dernier ? « Son intuition, son éru- dition, ses qualités de visionnaire. Il était parmi les gens qui Mais qu’arrivera-t-il si le gouvernement rejette le plan de la se sont engagés énormément pour que le Québec reste un FMOQ ? S’il adopte le projet de loi no 20 ? Il y aura un plan B, chef de file en formation continue au Canada ». EG a averti le président. Mais tant que l’État n’a pas fait preuve de mauvaise foi, il estime inutile de proposer d’autres actions. Que considérera-t-on comme de la mauvaise foi ? « Le gou- vernement montrerait sa mauvaise foi s’il mettait de côté la proposition que l’on fait ; elle règle le problème, et les méde- cins de famille ont clairement décidé de l’adopter, ce qui P hoto : Emmanuèle Garnier devient une garantie de résultat. L’État montrerait alors que l’objectif qu’il avait n’était pas d’améliorer l’accessibilité, mais probablement de s’attaquer à un groupe particulier de pro- fessionnels. À ce moment-là, la donne serait complètement changée, et les actions pourraient être fort différentes. Mais à ce stade-ci, nous n’avons aucun autre choix que de proposer Dr Louis Godin, Dr Pierre Raîche et Dr Claude Guimond une solution de rechange au projet de loi. » // 10 Le Médecin du Québec, volume 50, numéro 4, avril 2015
L A V I E P R O F E S S I O N N E L L E // VIDÉO ET CONFÉRENCE DE PRESSE PRÉSENTER LES SOLUTIONS AU PUBLIC Emmanuèle Garnier Des publicités de quinze et de trente secondes sont actuel- lement diffusées sur le Web et à la télévision pour inviter le public à aller voir la vidéo sur YouTube : http://bit.ly/ 1Cxc8gr ou www.youtube.com/watch?v=qB0BiaS0rik& feature=youtu.be CONFÉRENCE DE PRESSE À la veille de la présentation de son mémoire sur le projet de loi no 20 à la Commission de la santé et des services sociaux, la FMOQ a expliqué en détail aux journalistes les solutions qu’elle prône pour accroître l’accès à la première ligne. « Ces mesures sont pour nous garantes de succès puisqu’elles ont reçu l’accueil favorable et l’engagement d’un nombre très Dr Sylvain Dion dans un extrait de la vidéo Traitement 20 important de médecins de famille, a expliqué le Dr Louis Godin, président de la Fédération. Au cours des dernières semaines Au cours d’une conférence de presse tenue le 18 mars, la – et c’est une des raisons pour lesquelles on a tardé à les Fédération a lancé une vidéo intitulée Traitement 20 pour soumettre –, nous les avons validées avec nos membres. expliquer les effets qu’aura le projet de loi no 20 s’il est adopté Nous sommes certains d’un engagement très majoritaire ainsi que les solutions de remplacement qu’elle préconise. de l’ensemble de nos membres à ces solutions-là. » Pour le président, l’adhésion des omnipraticiens à son plan en assure La vidéo de douze minutes donne la parole à cinq médecins le succès. de famille venant de différentes régions du Québec. Chacun leur tour, ils se prononcent sur le projet de loi destiné à Le projet de loi no 20, à l’opposé, n’offre pas ces garanties. favoriser entre autres l’accès aux services de médecine de « Il est basé sur l’obligation, la coercition et les pénalités, famille. « Il y a là une approche arithmétique qui fait fi de ce approche malheureusement souvent utilisée envers les mé- qu’est la santé, de ce qu’est la maladie et de ce qu’est la rela- decins. L’expérience nous montre qu’elle ne donne jamais tion d’un médecin de famille avec son patient », indique par les résultats escomptés. » // exemple le Dr Sylvain Dion, omnipraticien à Lac-Etchemin. Les omnipraticiens interviewés parlent également des conséquences de l’éventuelle loi sur leur pratique. Ils sont inquiets. La Dre Geneviève Côté, médecin de famille spé- cialisée dans la dépendance et ses maladies concomitantes, sait qu’elle ne pourra pas prendre 450 patients de plus comme ceux qu’elle suit déjà. Les cliniciens expliquent ensuite les solutions qui leur sem- blent intéressantes : la possibilité d’effectuer plus d’activités Photo : Emmanuèle Garnier en cabinet, l’Accès adapté, la collaboration interprofes- sionnelle, l’informatisation et les supercliniques. « Les gens qui vont en médecine de famille le font par choix. Ils le font parce qu’ils ont envie d’accompagner les personnes, de les écouter, de comprendre leur réalité et une approche par numéro, par quotas et par temps limité ne correspond Conférence de presse donnée par le Dr Louis Godin, entouré du Dr Marc-André Amyot, pas à ce qu’est notre profession », indique le Dr Mathieu premier vice-président de la FMOQ, et du Dr Michel Vachon, secrétaire général. Pelletier, de Joliette. lemedecinduquebec.org 11
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