Magazine - VENIR POUR LA NATURE REVENIR POUR LA CULTURE
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TERRE-NEUVE-ET-LABRADOR magazine VENIR POUR LA NATURE REVENIR POUR LA CULTURE No 2 | été 2019 | 4,251$ le gaboteur magazine
Conseil scolaire francophone provincial de Terre-Neuve-et-Labrador Enseigner ou aller à l’école EN FRANÇAIS à Terre-Neuve-et-Labrador, c’est possible ! PÉNINSULE DE SAINT-JEAN LABRADOR PORT-AU-PORT École des Grands-Vents M-6 École Sainte-Anne Centre éducatif l’ENVOL (La Grand’ Terre) M-12 (Labrador City) M-12 École Rocher-du-Nord 7-12 École Notre-Dame-du-Cap École Boréale (Cap Saint-Georges) M-8 (Happy Valley-Goose Bay) M-12 www.csfp.nl.ca | 709.722.6324 | 888.794.6324
sommaire 01 18 Madeleine Florent et des milliers d’autres bénévoles ont construit la East Coast Trail. Ce joyau de la péninsule d’Avalon fête ses 25 ans. 19 JACINTHE TREMBLAY JACINTHE TREMBLAY ÉMILE GARNIER HUGO LEBLANC 08 14 Né à Montréal et accroché au 16 26 Les microbrasseries sont en Nos chiens et nous sommes L’agenda festif estival est essor. Chris Conway participe Labrador : récit d’une double sous la loupe à l’Université chargé. Aperçu d’événements appartenance. au mouvement. Memorial de Terre-Neuve. où il y aura du français dans l’air. www.gaboteur.ca ! /gaboteur " /legaboteur $ /le_gaboteur
E R V I C E UN S O N E FRANCO ! P H UNIQUE Ateliers, cours, activités sportives, repas communautaires, bulletin mensuel, trousse de bienvenue et bien plus, le tout, offert en français. ive , Labrador City 308 Hudson Dr L’AFL vise la promotion et l’épanouissement de la francophonie info@afltnl.ca (709) 944-6600 et encourage le bilinguisme canadien dans l’Ouest du Labrador.
mot de la rédaction ous tenez entre vos mains ou vous lisez En couverture à l’écran le deuxième rejeton en format magazine du Gaboteur, le bimensuel d’information en français de Terre-Neuve- Cette photo de la harpiste et-Labrador, fabriqué ici, par des gens d’ici, Sarah Veber, par Greg depuis 1984. Locke, fait partie d’une série Dans cette seconde mouture, la place de portraits créés pour la d’honneur est réservée à l’Histoire ainsi Newfoundland Symphony qu’aux petites et grandes histoires qui rendent Orchestra (NSO). Son chef vibrante la vie ici. Ce Gaboteur magazine, principal depuis 1992 est été 2019, raconte aussi l’avenir qui se bâtit, au le Québécois Marc David, quotidien, dans notre province, dans ses villes aujourd’hui également comme dans ses communautés rurales, sur l’île et directeur artistique de cet au Labrador. orchestre qui compte plus Est-ce parce que, le 5 octobre prochain, ce d’une dizaine de musiciens journal célèbrera le 35e anniversaire de son d’expressions française. lancement qu’autant d’Histoire et d’histoires se retrouvent dans nos pages en cet été 2019 ? C’est peut-être l’influence des fées ou du Greg Locke loge sur le Web au straylight.ca démoniaque rameur de l’île Rouge ? Allez savoir. Ce magazine vous invite à découvrir la culture, sous toutes ses coutures, La NSO est au nsomusic.ca qui nous anime, en français, sur les pentes de nos falaises, sur les rives de nos grands lacs, de nos rivières et de l’Atlantique Nord, les jours de soleil, de brouillard ou de pluie. Nous espérons qu’au fil de ses pages, vous percerez un des secrets parmi les mieux gardés de cette province à 99,4 % anglophone : la langue française et ses multiples déclinaisons y sont étonnamment vivantes. Nous vous invitons à en savourer la lecture entre vos cueillettes de thés sauvages, en prenant une pause au détour d’un sentier, en écoutant des musiciens locaux dans un festival ou dans une des nombreuses brasseries artisanales de la province. Nous souhaitons aussi que ce magazine vous donnera le goût de larguer les amarres avec Le Gaboteur – le journal, à compter de septembre prochain et pour longtemps. G Jacinthe Tremblay, pour l’équipage du Gaboteur ÉTÉ 2019 Mais qu’est-ce que c’est que ce nom ? Le Gaboteur magazine est le cousin du journal Un gaboteur, c’est un bateau qui transporte des marchandises ou des francophone de Terre-Neuve-et-Labrador personnes de port en port. C’est aussi une personne qui se promène un peu Le Gaboteur. Lancé en 1984, ce journal partout et rapporte des nouvelles. indépendant est publié par la société sans but lucratif LE GABOTEUR INC. RÉDACTRICE EN CHEF Jacinthe Tremblay JOURNALISTE ET ADJOINTE À LA RÉDACTION Marilynn Guay Racicot COLLBORATEURS.TRICES Noémie Albert, Laurence Berthou-Hébert, Julie Comtois, SIÈGE SOCIAL 65, chemin Ridge, bureau 252A Amanda Cornect, Dwight Cornect, Éric Cyr, Charles Garnier, Marie-Michèle Genest, Jud Haynes, Michel St. John’s NL A1B 4P5 Savard, Gabriel Tremblay-Gaudette et Étienne Villaume CONCEPTION GRAPHIQUE Patrice Francœur 709 753-9585 PUBLICITÉ Patrice Potvin info@gaboteur.ca CONSEIL D’ADMINISTRATION Nathalie Brunet, présidente, IMPRESSION Advocate Printing Ysabelle Hubert, vice-présidente, TIRAGE 10 000 Flora Salvo, secrétaire, Cyr Couturier, trésorier ISSN 0836-8155 Nancy Boutin, relations avec les membres DIRECTION GÉNÉRALE Jacinthe Tremblay
géographie Ajustez vos montres ! TERRE-NEUVE-ET-LABRADOR INSISTE POUR ÊTRE EN DÉCALAGE HORAIRE AVEC LE RESTE DE LA PLANÈTE. PRAGMATISME OU PATRIOTISME? LES DEUX À LA FOIS, NOUS APPREND L’HISTOIRE. Un texte de Gabriel Tremblay-Gaudette V ous écoutez CBC à Toronto St, Anthony, sur la péninsule Nord de stone Head, sur l’île terre-neuvienne ou Radio-Canada à Mon- Terre-Neuve et Blanc-Sablon, au Qué- Fogo), notre planète est bel et bien tréal ? On vous annonce bec, juste en face ? Vous atterrirez ronde, et tourne autour du soleil. Ain- une émission diffusée une une heure plus tôt. si, certains lieux de la planète sont heure et demi plus tard à Terre-Neuve. éclairés par cet astre alors que d’autre Vous écoutez CBC à St. Johns ? On Rythmes temporels distincts doivent se contenter des rayons de la vous annonce que la même émission Parmi les caractéristiques qui contri- lune. sera diffusée à 13 h, à Terre-Neuve buent à faire de l’île de Terre-Neuve et C’est justement parce qu’au même et dans la plupart du Labrador. Une d’une partie du Labrador un endroit moment, certaines personnes font demi-heure seulement sépare Hap- « particulier », il y a ce fuseau horaire l’expérience de l’avant-midi tandis py Valley-Goose Bay et Wabush de différent du reste du pays. Comment que d’autres observent le coucher du St. John’s : cette partie du Labrador – et pourquoi – est-il possible que ces soleil qu’un système de fuseaux ho- vit à l’heure des Maritimes. territoires vivent littéralement à des raires a été mis en place afin de per- Vous prenez le traversier à North rythmes temporels distincts ? mettre d’ajuster collectivement nos Sydney, en Nouvelle-Écosse ? Ajoutez Contrairement à ce qu’affirme la montres, suivant approximativement 30 minutes à votre montre dès que Flat Earth Society (qui soutient que la le découpage de la Terre en 24 méri- vous mettrez les pieds sur le bateau. Terre est plate et qu’un de ses quatre diens (les lignes imaginaires qui tra- Vous avez un vol de 25 minutes entre coins serait même la colline Brim versent la planète du nord au sud). 6 le gaboteur magazine
Un peu d’histoire En 1963, le gouvernement de la Le premier fuseau horaire, l’heure province a brièvement exploré l’idée normale de Greenwich, a été mis en d’adopter l’heure standard des Mari- place en 1675. À partir du 19e siècle, times, soit une heure plus tard que le alors que les moyens de transport et centre du pays, mais la population a de communications ont pour ainsi vivement rejeté cette possibilité. dire « accéléré » les contacts entre Dans un article publié le 27 mai Association humains séparés par de grandes dis- dans le journal anglophone The Daily communautaire francophone tances, l’utilisation de ce système News, une plume anonyme s’in- de Saint-Jean • Centre scolaire s’est élargie, notamment sous l’impul- surge contre cette proposition en ces et communautaire des Grands-Vents sion du Canadien Sanford Fleming. termes : « Nous nous faisons une fier- Chaque territoire et pays qui choi- té d’être différents même si cela peut Votre carrefour de la sissait de s’incorporer à ce système entraîner des inconforts pour nous mondial avait toutefois la liberté de et pour autrui. Et notre fuseau ho- francophonie dans la déterminer son écart face au temps raire spécial est une tradition de cet région de Saint-Jean moyen de Greenwich en fonction de ordre. » Le gouvernement est revenu ses besoins et de sa réalité. sur ses pas. En 1884, lorsqu’un accord inter- national d’adhésion de tous les ter- Un peu du Labrador et de France ritoires de la planète à un système Mais qu’en est-il du Labrador ? universel de fuseaux horaires, Terre- C’est... plus compliqué. Une grande Neuve, alors colonie britannique, a partie de ce territoire vit à l’heure décidé de se doter d’un fuseau ho- des Maritimes – UTC-03. C’est le cas WIKIPÉDIA raire « distinct », dont la désignation pour les localités minières de l’ouest officielle est UTC-03:30, pour mieux du Labrador, de Happy Valley-Goose refléter la réalité du soleil sur l’île à Bay et de la côte nord de cette Big partir de sa capitale, St. John’s. Land. Par contre, les localités com- En consultant une carte des mé- prises entre l’Anse-au-Clair, à la fron- ▪ Activités sociales et récréatives ridiens (voir l’illustration), on réa- tière de la Basse-Côte-Nord du Qué- ▪ Spectacles et concerts lise rapidement que cette ville est bec, et de Black Tickle, sur la côte ▪ Activités culturelles presque exactement située entre sud du Labrador, sont incluses dans ▪ Bibliothèque et centre d’accès deux de ces lignes. le UTC-03:30. informatique Les gens de l’Anse-au-Clair, au ▪ Services aux résidents et aux Labrador, doivent donc reculer visiteurs leur montre de 1 h 30 pour arriver C’est par précision à l’heure à un rendez-vous à Blanc- davantage que par Sablon, au Québec, à moins de cinq minutes de leur résidence... sauf coquetterie que la fameuse pendant la période automnale et hi- demi-heure d’écart a été vernale de l’heure avancée, où l’écart décrétée. n’est plus que de 30 minutes, la ré- gion comprise entre St-Augustin et Blanc-Sablon faisant exception à ce changement d’horaire ! Pour sa part, la population de l’ar- Terre-Neuve vivant à sa propre chipel voisin de Saint-Pierre et Mi- heure depuis des décennies au mo- quelon vit à l’heure des Maritimes, ment de son entrée dans la Confédé- bien que beaucoup plus près, en ba- ration canadienne en 1949, il a été teau et en avion, de St. John’s que de 65 ch. Ridge, St. John’s décidé qu’il serait plus commode de Halifax. NL A1B 4P5 G maintenir le statu quo. (709) 726-4900 le gaboteur magazine 7
PORT REXTON BREWING Entrepreneuriat Vague déferlante de microbrasseries JUSQU’EN 2016, TERRE-NEUVE-ET-LABRADOR COMPTAIT SEULEMENT TROIS BRASSEURS LOCAUX INDÉPENDANTS. UNE VINGTAINE ONT MAINTENANT PIGNON SUR RUE, EN MILIEUX URBAIN ET RURAL. Un texte de Jacinthe Tremblay E n 2018, Terre-Neuve-et- manger près de ses cuves. « Ce trio maintenant offertes dans toutes les Labrador affichait le volume menait ses activités sans changement brasseries de la province. consommation de bières notables de son offre initiale de pro- Port Rexton Brewing marque le per capita le plus élevé au duits », souligne-t-il. lancement d’un mouvement entre- pays, selon les données colligées par preneurial brassicole en milieu rural le Conference Board du Canada pour Et vint Port Rexton Brewing qui ne cesse de grandir. Depuis 2017, Beer Canada. Avec ses 94,4 litres an- En 2016, deux femmes changent la ont ouvert leurs portes les brasseries nuels par habitant, la province devan- donne. Sonja Mills et Alicia MacDo- Western Newfoundland (Pasadena), çait de 10,1 litres le Québec, second nald ouvrent à Port Rexton, un petit Crooked Feeder et Bootleg Brew (Cor- au rang des leveurs de coude. village de la péninsule de Bonavista, ner Brook), Split Rock (Twillingate), « Pourtant, jusqu’à tout récem- « la première microbrasserie mo- Scudrunner (Gander), Dildo (Dildo), ment, le Vieux rocher et le Labrador derne de la province », soutient Chris Baccalieu Trail (Bay Roberts), Brigus étaient pratiquement des déserts en Conway. « Les clients peuvent y dé- (Brigus), Ninepenny (Conception Bay matière de microbrasseries », observe guster des bières complexes de grande South), Motion Bay (Petty Harbour), Chris Conway, auteur du carnet Web qualité dans un espace lumineux, ac- Bannerman (St. John’s) et Landwalsh newfoundbeer.org et copropriétaire cueillant toutes les générations et les (Mount Pearl). de Landwash Brewery, à Mount Pearl. familles. Cette brasserie présente une L’ouverture de Rough Waters (Deer En 2012, au moment du lancement grande variété d’événements, tels des Lake), Little North (Baie Verte), Boo- de son blogue, deux des trois brasseurs collectes de fonds, des trivias, des mstick (Corner Brook) et RagnaRöck locaux, Quidi Vidi et Storm, faisaient spectacles, etc. » Les dames de Port (St. Anthony) est prévue lors de la deu- commerce sans espace de dégustation Rexton sont aussi les pionnières de xième moitié de 2019. Labrador City depuis leur ouverture, au milieu des la vente de produits d’autres entre- aura également sa première brasserie années 1990. Seul Yellowbelly, ouvert preneurs locaux et des growlers pour artisanale, la bien nommée Iron Rock. en 2006, offrait de consommer et de emporter. Ces cruches en verre sont « Les microbrasseries sont, dans plu- 8 le gaboteur magazine
sieurs communautés, l’espace public détiennent encore une minuscule bières et offrir plus de variétés », dit-il. privilégié, sinon le seul espace public, part du marché de la bière dans la Brasseurs urbains et ruraux s’al- des rassemblements amicaux et fami- province, de « 2 à 3 % », estime Chris lient régulièrement pour des promo- liaux » résume Chris Conway. « On y Conway. « Il n’y a pas de compétition tions croisées ou en commun. Autre vient pour jaser et déguster de la bière, économique entre nous. Nous vou- signe de leur collaboration : il est pos- pas pour y faire des beuveries. » lons ensemble agrandir notre part sible de faire remplir un growler ache- de la tarte, pas nous séparer la part té ailleurs dans n’importe laquelle des Agrandir la pointe de tarte de tarte actuelle. Là où il y a compé- brasseries de la province. G En dépit de cette croissance, ces PME tition, c’est pour avoir les meilleures LE NOUVEAU SECRET SEULEMENT DE PORT-AU-PORT À TERRE-NEUVE- ET-LABRADOR, SECRET COVE BREWING, À PORT AU PORT, OFFRE SAUF QUE... BEAUCOUP PLUS QUE DES BIÈRES. Les marques Dominion, Sheila Dwyer et Jason Hynes ont ouvert les fûts en 2019 dans un Jockey Club, India Pale Ale, bâtiment de la rue Main empreint d’histoire locale et d’humour. Black Horse et Blue Star sont Les noms de leurs bières en témoignent. La James Blond 00709, en vente uniquement ici évoque à la fois le célèbre agent secret et le code téléphonique mais elles sont brassées par de toute la province. La Hop a ryed in my Dory, joue avec la Molson et Labatt. Ces géants prononciation anglaise identique de ryed et ride (faire un tour) ont continué leur fabrication et le nom des petites embarcations autrefois utilisées par les après leur mainmise sur les pêcheurs de la péninsule. Un vrai dory — doris en français — fait brasseries indépendantes même partie du décor. de la province, dans les L’ouverture de Secret Cove combine le rêve du couple, JULIE COMTOIS années 1960. autrefois résidants de Halifax, de revenir s’établir à Port-au-Port, Toujours très populaires, la région natale de Hynes, avec un un projet entrepreneurial aux ces marques sont vues par couleurs de la péninsule, notamment en intégrant à ses bières plusieurs comme des preuves des saveurs de baies ou d’herbes sauvages locales. Hynes songe même à déconstruire une recette de Figgy tangibles de l’existence Duff aux bleuets, un dessert traditionnel terre-neuvien, pour créer une blanche. Le couple présente également d’une nation qui a survécu à des spectacles avec des musiciens du coin, des ateliers de peinture ainsi que des événements rassembleurs l’entrée de la province dans organisés de concert avec d’autres entrepreneurs de la région. la Confédération canadienne, Secret Cove est aussi l’endroit idéal pour faire une pause au retour ou avant d’emprunter la Route des en 1949. Français (460-463) pour découvrir la francophonie de la péninsule de Port-au-Port. [Un texte de Julie Comtois] Art contemporain à Terre-Neuve 17 août – 15 septembre bonavistabiennale.com Admirez les œuvres de 20 artistes autochtones, canadiens et américains en vue. Explorez les 20 sites d’une boucle de 100 km le long du littoral. Photo C Beaudette Découvrez les expositions, les ateliers et les paysages de la péninsule de Bonavista. le gaboteur magazine 9
Le magazine des francophones de l'Atlantique Nouvelle-Écosse | Nouveau-Brunswick | Saint-Pierre et Miquelon | Îles-de-la-Madeleine | Île-du-Prince-Édouard | Terre-Neuve & Labrador | NOURRITURE ET ACCESSOIRES POUR ANIMAUX Repas santé à prix abordables Nous livrons au bureau ou à la maison Région de St. John’s et Mount Pearl DEUX ADRESSES À ST. JOHN’S Nous vous servons au YMCA 80 Kenmount Road | 709-552-9663 35 Ridge Road St. John’s ² facebook.com/petzonekenmount hello@lunchin.ca | 709-700-7001 | www.lunchin.ca 320 Torbay Road | 709-754-9663 ² facebook.com/petzonenl uR A c okt en ,osp u r ao lsa n s usl i r efn açi a! s des produits d’exception dans un bâtiment qui l’est tout autant Neuf espaces de commerces locaux sous un même toit ! Cf ofe e! Bnc o aé f r Ga et s p! Soue ps! 210-214 Duckworth Street, St. John’s, NL o Su ( 709 722 2544 www.posierow.com ads! a Sa lds e ! P posierow210 X posierow a Sl h es ! a Snwi d h c e s! Sad n c wi e s! Pt as ie srie s! Pat sri re a d ! a Pnf i a r i! s r Fs ehB Ouv ert7J our sSu r7 Wat erS tre et&Chu rc hi ll Squa re Wi Fi Gra tutS i er vi ceAc cue il l ant WWW. ROC KET FOO D.C A 10 le gaboteur magazine
société MARILYNN GUAY RACICOT Regard sur le nationalisme terre-neuvien UNE ÎLE, UNE NATION ? CETTE QUESTION EST LE TITRE D’UN LIVRE QUI MET L’ACCENT SUR TERRE-NEUVE ET PORTO RICO PARU EN 2018 AUX PRESSES DE L’UNIVERSITÉ DU QUÉBEC. ENTRETIEN AVEC SON AUTEURE, LA QUÉBÉCOISE VALÉRIE VÉZINA, ENSEIGNANTE EN SCIENCE POLITIQUE À LA KWANTLEN POLYTECHNIC UNIVERSITY DE SURREY, EN COLOMBIE-BRITANNIQUE. Une entrevue de Noémie Albert Pourquoi avoir étudié le nationa- en 2003. Je me suis rendu compte exemple au drapeau nationaliste de lisme terre-neuvien plutôt que le na- assez rapidement qu’il y avait quelque Terre-Neuve, à son hymne national tionalisme québécois ? chose de différent ici. À l’époque, officiel ou encore à son folklore mu- Du point de vue strictement scien- je disais tout le temps à mes amis sical, tel que la chanson The Banks of tifique, le nationalisme québécois terre-neuviens à quel point ils étaient Newfoundland. Je dirais même que est sur-étudié par de merveilleux, et je le leur dis encore (!), le fameux dictionnaire terre-neuvien nombreux intellec- mais j’avais aussi envie de rendre à en est le symbole le plus fort, car la tuels au Québec, mais Terre-Neuve ce qu’elle m’avait don- langue est le marqueur le plus impor- aussi ailleurs (en Ca- né en faisant de son nationalisme un tant pour identifier le nationalisme de talogne, par exemple). sujet d’étude. C’est super égoïste en manière générale. Je ne vois pas com- fait, pour me déculpabiliser ! (rires) Cependant, des éléments manquent ment j’aurais pu ap- pour qu’on puisse le qualifier de natio- porter grand-chose de Est-ce que le nationalisme est bien nalisme affirmé, ou encore de natio- nouveau. Le nationa- vivant à Terre-Neuve ? nalisme revendicateur. Par exemple, lisme terre-neuvien Les statistiques démontrent que 40 % si une île possède un système poli- est très peu étudié, des Terre-Neuviens se définissent tique différencié, son nationalisme encore moins par un d’abord par leur province, et ensuite sera plus fort, ce qui n’existe pas à regard extérieur. par leur pays, ce qui est énorme com- Terre-Neuve (nldr : à contre-exemple, D’un point de vue parativement aux autres provinces au Québec, il existe quelques partis très personnel, j’ai (sauf au Québec, où ce nombre est nationalistes). fait ma maîtrise à l’Université Memo- légèrement plus élevé). Ma réponse est donc mitigée selon rial en 2005. Je ne connaissais pra- Je dirais donc que oui, le nationa- le cadre d’analyse observé: territorial, tiquement pas Terre-Neuve, j’avais lisme existe, surtout par ses symboles politique, historique ou culturel. L’as- seulement visité l’île quelques jours assez frappants. On peut penser par pect politique est absent. Mais le na- le gaboteur magazine 11
tionalisme terre-neuvien existe, c’est pays en soi et qui soit rattachée à un sûr qu’il existe. État fédéral. Sur le plan historique, les deux îles ont obtenu leur statut politique J’imagine que ce sont les cadres au lendemain de la Deuxième Guerre d’analyse énumérés plus haut qui mondiale, 1949 pour Terre-Neuve et vous ont amenée à choisir Puerto 1952 pour Puerto Rico. Fait amusant, Rico comme comparatif ? les deux îles ont le même nom de capi- Oui. Le cadre territorial m’intéresse tale, Saint-Jean (St. John’s et San Juan)! particulièrement : le fait que Terre- Neuve soit une île. Il y a un petit « je- « Il y a un petit “ je-ne- Par leurs ressemblances, je pouvais me concentrer sur leurs différences. ne-sais-quoi » sur une île, peu importe sais-quoi ” sur une île, peu que ce soit Cuba, les Îles-de-la-Made- importe que ce soit Cuba, Y a-t-il un aspect qui vous a particu- les Îles-de-la-Madeleine, ou leine, ou encore Montréal. J’ai appelé lièrement surprise au travers de vos ce je ne sais quoi l’îléité, semblable recherches ? à ce qu’on qualifie en anglais de « is- encore Montréal. J’ai appelé Ce qui m’a étonnée, c’est que la dicho- landness ». C’est un mot que je préfère ce je-ne-sais-quoi l’îléité. » tomie du « Townie » versus le « Bay- à « insularité », qui vient avec son lot man » est beaucoup plus complexe de connotations négatives : isolement, qu’elle n’en a l’air à Terre-Neuve. Pen- repli sur soi, etc. L’îléité dénote plu- d’ailleurs étudier prochainement par dant longtemps, les villages étaient tôt une ouverture sur le monde, par son lien avec Terre-Neuve. isolés donc les identités sont, encore le commerce, le transit. C’est dans J’ai donc voulu comparer Terre- à ce jour, plutôt fragmentées. On peut cette perspective d’îléité que j’ai exclu Neuve à une île, certes, mais à une île donc dire qu’il y a de multiples natio- d’emblée le Labrador, que je souhaite similaire, c’est-à-dire qui ne soit pas un nalismes terre-neuviens. G Placentia un endroit pour vivre et grandir www.placentia.ca 709-227-2151 12 le gaboteur magazine
CASQUETTE DES BLUE JAYS CASQUETTE DE CAMIONNEUR CAFÉ : ALLONGÉ CAFÉ : DEUX CRÈMES, DEUX SUCRES COTON OUATÉ COTON OUATÉ SOUS LA CHEMISE PAR DESSUS LA CHEMISE BURGER D’ORIGNAL CONGÉLATEUR REMPLI TOWNIE BAYMAN PAR UN CHEF LOCAL DE VIANDE D’ORIGNAL MAGASINE CHEZ COSTCO NE MAGASINE JAMAIS JOUETS : APPLE WATCH, JOUETS : VTT, POKÉMON GO MOTONEIGE MUSIQUE : HEY ROSETTA, PEARL JAM, MUSIQUE : SPRINGSTEEN, TRAGICALLY HIP LES DOORS, LED ZEP, AC/DC, TRAGICALLY HIP JEANS SERRÉS JEANS RELAX ET BOTTES ET BLUNDSTONES DE CAOUTCHOUC TRÈS FIER TERRE-NEUVIEN TRÈS FIER TERRE-NEUVIEN UNE ILLUSTRATION DE JUD HAYNES Un ami du graphiste Jud Haynes lui a un jour demandé avec mon chien et portant une paire de bottes de de créer une illustration permettant aux gens du caoutchouc. J’aime les Townies et les Baymen. La « continent » de comprendre ce que les Terre-Neuviens plupart d’entre nous sommes quelque part entre veulent dire quand ils parlent des Townies et des les deux – nous magasinons tous chez Costco, Baymen. « Il y a une tonne de stéréotypes et demi- avons une casquette favorite et nous voulons tous vérités dans ces désignations. Les deux sont de fiers avoir un congélateur rempli d’orignal », précise ce Terre-Neuviens et leurs différences sont beaucoup fier Terre-Neuvien qui tient boutique en ligne au moins grandes que nous voulons bien l’admettre », rehearsalsrehearsals.com. explique Jud Haynes. Bien que le terme Baygirl soit aussi utilisé pour « Je vis en ville et je ne porte ni Blundstones ni désigner les femmes nées en dehors de St. John’s, ces chemise à carreaux et je ne bois pas de café – mais stéréotypes ne leur sont pas accolés. Dans la capitale, je peux régulièrement être vu en train de marcher les femmes sont elles aussi des Townies. le gaboteur magazine 13
identité Mouvance loin des racines LES FRANCOPHONES QUI VIVENT À TERRE-NEUVE-ET-LABRADOR ONT SOUVENT GRANDI AILLEURS, APPORTANT AVEC EUX LEURS ACCENTS ET LEURS CULTURES. COMMENT SE DÉFINISSENT-ILS QUAND ILS S’ACCROCHENT À CET AUTRE COIN DE LA TERRE ? TÉMOIGNAGE. Un texte de Charles Garnier L orsque j’ai été engagé il y bush sont situées à quelque 25 kilo- de notre famille dans une ville an- a 13 ans par la compagnie mètres de Fermont, mais de l’autre glophone, beaucoup de facteurs in- minière Québec Cartier, au- côté de la frontière, dans la province fluençaient notre choix mais quelque jourd’hui devenue Arcelor- de Terre-Neuve-et-Labrador. Bien chose m’attirait dans la façon de vivre Mittal, j’ai eu l’opportunité comme qu’elles offrent tous les commerces, des gens au Labrador et ce quelque tous les autres employés d’acheter à les commodités et les services des chose a fait pencher la balance. prix très modique une propriété de la grandes villes, elles ne parviennent Ayant vécu dans le brouhaha étour- compagnie dans la ville de Fermont, toutefois pas à attirer les nouveaux dissant de la grande région de Mon- avec promesse de rachat au même employés de Fermont qui choisissent tréal depuis l’âge de 18 ans et étant prix au moment du départ. presque tous de continuer de vivre en un habitué des bouchons de circula- Cette offre alléchante va de soi français au Québec. tion et de la course quotidienne mé- pour la quasi-totalité des nouveaux Presque tous, sauf quelques margi- tro-boulot-dodo, je regardais les gens employés. La ville minière de Fer- naux dont je fais partie. Nous avons du Labrador prendre le temps de mont est composée de gens qui pro- bien pris le temps, mon épouse et s’arrêter en voiture sur le côté de la viennent des quatre coins de la pro- moi, de peser les pours et les contres route pour jaser avec quelqu’un sur vince du Québec et la vie s’y déroule avant de traverser la frontière. le trottoir, les autres automobilistes dans un français agrémenté des sa- attendant patiemment derrière sans veurs mélangées de tous les accents Une ville anglophone klaxonner. J’enviais cette façon de des différentes régions d’origine de Le prix plus élevé des maisons, la pré- vivre. Elle me semblait plus normale. ses habitants. carité d’un nouvel emploi, la distance Parfois, le paquet de nerfs qui Les villes de Labrador City et Wa- de mon lieu de travail, l’immersion m’habite encore – mon origine mon- 14 le gaboteur magazine
tréalaise ne m’ayant pas avec mon voisin retraité. définitivement abandonné Avec le temps, ces chan- – se réveille et je me laisse gements de priorités sans encore aller à une crise de préavis affectent de moins ponctualité, d’efficacité et en moins mon caractère de productivité. Je recom- cartésien et productif. Je mence à stresser et à avoir me sens au contraire tou- envie de doubler un autre jours un peu mieux, à me- automobiliste respectant sure que j’adopte le style scrupuleusement les li- de vie plus décontracté de mites de vitesse. Ces mo- mes concitoyens. ments d’égarement se font Je ne saurais dire si heureusement de plus en j’ai développé une appar- plus rares et il ne me faut tenance à ma nouvelle « Parfois, le paquet de nerfs qui m’habite encore – mon origine montréalaise ne m’ayant pas définitivement abandonné – se réveille et je me laisse encore aller à une crise de ponctualité, d’efficacité et de productivité. » qu’une seule semaine de province plus forte que vacances dans ma métro- mes origines québécoises, pole d’origine pour me rap- puisque mon déménage- peler combien j’apprécie le ment a coïncidé avec un rythme de vie de ma petite changement radical de ville d’adoption. style de vie. J’ai un attache- ment identitaire très fort à Jaser avec son voisin ma nouvelle vie tranquille Je me surprends souvent loin des grands centres ur- à réaliser que la longue bains, peu importe de quel liste de choses à faire qui côté de la frontière cette devait occuper ma journée quiétude se trouve. de congé au moment de Je suis un Néo-Labrado- sortir de la maison le ma- rien, habitant d’une région tin est devenue obsolète au juste assez éloignée pour y profit d’une grande discus- vivre dans le calme, et je sion sur des choses sans suis Québécois-Montréa- importance dans la ruelle lais d’origine. G LÉGENDE ET CRÉDIT Photo de la page précédente : Jean-Charles Garnier a aussi trouvé au Labrador un terrain de jeu de premier ordre pour ses deux passions : la pêche et la chasse. © Émile Garnier le gaboteur magazine 15
psychologie LESLIE-QUENNEHEN Nos meilleurs amis sous la loupe DANS CETTE PROVINCE QUI PORTE LE NOM DE DEUX RACES DE CHIENS, DES CHERCHEURS DE L’UNIVERSITÉ MEMORIAL NE SE CONTENTENT PAS SEULEMENT DE LES AIMER... ILS VEULENT AUSSI LES COMPRENDRE ! Un texte de Marie-Michèle Genest L a conversation avec la co- premier groupe de recherche univer- le comportement social et potentiel- fondatrice de la Canine sitaire sur le comportement canin au lement la physiologie d’une espèce », Research Unit (CRU) et Canada. « À ce moment-là, il n’y avait souligne la psychologue. professeure à l’Université pas beaucoup d’études sur les chiens « Presque tous les aspects du com- Memorial Carolyn Walsh est parfois domestiqués, le seul laboratoire se si- portement canin sont influencés par interrompue par les jappements aigus tuant à Budapest, en Hongrie », note celui de l’humain », soutient-elle aus- de Rosie, l’un de ses quatre épagneuls madame Walsh. si. Par exemple, l’anxiété d’un pro- papillons, un peu indignée du manque Jusque-là, les scientifiques s’étaient priétaire peut se répercuter sur son d’attention de la part de sa maîtresse. en effet plutôt attardés aux recherches chien en laisse chaque fois qu’il ren- Avec son rire contagieux, la pro- sur les espèces sauvages, exotiques contre un autre canidé. Le chien dé- fesseure en psychologie raconte com- ou en danger. « On reconnaît main- montre ainsi son malaise en aboyant ment une simple blague entre elle tenant que les chiens domestiques ou en grognant, rendant le proprié- et son acolyte Rita Anderson, main- nous ouvrent une large fenêtre sur taire... davantage anxieux ! tenant retraitée, s’est transformée les processus de domestication ani- Tout comme les humains, les en entreprise sérieuse. En 2005, ces male et comment cette domestication chiens ont eux aussi une routine, des deux amoureuses des chiens créent le peut changer les capacités cognitives, comportements particuliers, une per- 16 le gaboteur magazine
sonnalité qui leur est propre. Sont-ils goélands argentés du Saint-Laurent. c’est amusant et c’est facile pour une plutôt de nature optimiste ou pessi- Son immersion dans l’observation première étude ! Les propriétaires miste ? Utilisent-ils davantage leur des comportements animaux a toute- sont toujours enclins à parler de leur patte gauche, ou celle de droite ? fois débuté au sein de l’équipe de re- pitou », a constaté Jessika Lamarre. Comment se saluent-ils lorsqu’ils se cherche de la professeure Walsh. Pen- Ses recherches lui ont par ailleurs rencontrent pour la première fois dans dant sept mois, elle a analysé le lien permis de découvrir que ces derniers les parcs ? Tel est le genre de ques- entre la nutrition, l’activité physique ont souvent une opinion biaisée sur le tions sur lesquelles se penche l’unité et le trouble d’anxiété de séparation comportement de leur chien, notam- de recherche de Carolyn Walsh. chez 12 huskys et autant de beagles, ment parce qu’ils ne sont pas conti- deux races très représentées sur l’île. nuellement à la maison pour les ob- Des sujets dociles « Étudier les chiens de compagnie, server. G Véritable travail collectif, la CRU s’est développée grâce à l’apport de nombreux étudiants au baccalauréat. DE MAUVAIS POIL ? Chaque été, il est possible de les croi- ser dans l’un des dix parcs à chiens Il a souvent été observé que les chiens au pelage foncé restaient plus longtemps en refuge avant de la région de St. John’s, notamment de trouver une famille d’adoption. Ce phénomène est connu sous le nom du syndrome du grand celui qui borde le lac Quidi Vidi. chien noir. L’étudiante Kalita Erin McDowell, membre de la CRU, s’est intéressée à cette question en sondant des Canadiens. Résultats ? L’étude n’a pas permis de démontrer une quelconque préférence liée uniquement à la « Les chiens nous ont couleur des poils des chiens. D’autres facteurs ont aussi une influence, comme la longueur du pe- lage et la génétique de la race. L’âge, la provenance ou façonnés autant que nous l’expérience des participants avec les chiens a aussi des les avons façonnés. » impacts sur les préférences. Même que, chez le labrador retriever, les sujets noirs ont connu plus de succès que – Carolyn Walsh les autres. Fait à noter, les Terre-Neuviens ont prisé davantage que les autres Canadiens les chiens à poils noirs. Jessika Lamarre, Québécoise d’ori- L’hypothèse de Kalita Erin McDowell veut que les deux gine, Terre-Neuvienne d’adoption races officielles de la province, le labrador retriever et et étudiante de 2e cycle à Memorial, le terre-neuve, se déclinent en grand nombre avec un consacre ses travaux de recherche aux pelage très foncé. (MMG) Route 404, Robinsons (à 110 km à l’est de Port-aux-Basques) Quand la beauté de la nature 709-645-2169 / 709-649-0601 rencontre l’aventure... piratesshavenadventures@gmail.com www.pirateshavenadventures.com •La première destination pour les véhicules tout-terrain à Terre-Neuve •Sites VR avec services complets, 30 et 50 amp, Chalets 4 étoiles, Camping •WiFi, restaurant licencié, douches/buanderie, sentiers pédestres, circuits d’aventures guidés en VTT & locations, baignade, aire de jeux •Activités sociales et culturelles régulières le gaboteur magazine 17
bénévolat Un quart de siècle pour la East Coast Trail LE PROJET ÉTAIT AMBITIEUX : TRACER UN SENTIER QUI PERMETTRAIT DE SILLONNER, À PIEDS, LE LITTORAL DE LA PÉNINSULE D’AVALON. DES MILLIERS DE BÉNÉVOLES ET 25 ANS PLUS TARD, LE SENTIER DE LA CÔTE EST, MIEUX CONNU SOUS LE NOM DE EAST COAST TRAIL, S’ÉTEND AUJOURD’HUI SUR PLUS DE 330 KILOMÈTRES. Texte et photos de Marilynn Guay Racicot I ls étaient plusieurs à en rêver les arbres », témoignait récemment C’était en 1994, deux ans après le et c’est finalement un certain une des pionnières lors d’une assem- moratoire interdisant la pêche com- Peter Guard, Terre-Neuvien blée publique –, mais ils croyaient en merciale de la morue. Au-delà d’un d’adoption, qui, en 1994, a réus- leur rêve et étaient prêts à investir du rêve de plein air, les instigateurs es- si à rassembler une poignée d’aventu- temps. « Les gens sortaient chaque fin péraient que leur tracé génère des riers – ils étaient 80 – pour défricher de semaine, s’en allaient avec leurs revenus pour quelques communautés les premiers kilomètres de ce sentier pelles, leurs scies. Ils ne savaient pas éprouvées par la disparition de leur qui épouse aujourd’hui le littoral de gagne-pain. la péninsule d’Avalon depuis la plage Les résidants pourraient bâtir des Topsail Beach de la ville de Concep- gîtes pour accueillir des randonneurs, tion Bay South au nord, jusqu’au petit En 2013, une analyse ouvrir des restaurants pour les nour- bourg de Cappahayden, au sud. commandée par l’association rir, organiser des tours guidés... « La À l’époque, ces randonneurs vision- a démontré sa contribution grande idée, c’était que les commu- naires n’avaient ni équipements, ni for- nautés utilisent le sentier pour sur- à l’économie de la province : mation, ni argent pour aller de l’avant. vivre », résume Madeleine Florent. Une collecte de monnaie Canadian sur un milliard de dollars de Puisque les villages de la péninsule Tire auprès d’amis a permis d’outiller la revenus touristiques, 3,5 millions d’Avalon les plus affectés par le mora- bande, qui se retrouvait dans la forêt de venaient de la East Coast Trail toire étaient ceux au sud de St. John’s, Bauline, du côté nord-est de la pénin- enchaîne-t-elle, c’est là que les ran- sule, pour des corvées de défrichage, donneurs-défricheurs ont pour suivi qui finissaient souvent en aventures de leur travail après avoir reçu une aide camping avec pitous et marmaille. ce qu’ils faisaient. C’était nouveau. Ils financière du gouvernement provin- Au coeur de cette forêt dense ne détenaient pas les connaissances re- cial en 1997, qui cherchait un moyen plongeant dans l’Atlantique Nord, ils quises pour bâtir un sentier », rapporte de stimuler l’économie des régions avançaient à tâtons, sans boussole Madeleine Florent, randonneuse et bé- rurales de Terre-Neuve. « L’objectif et sans freins – « il n’y avait pas de névole pour le sentier depuis 2011 (sa était de créer des emplois pendant règles à l’époque, on pouvait couper photo en page 3). la construction et de développer une 18 le gaboteur magazine
Encore visible sur certains écriteaux, le premier logo de la East Coast Trail représente un homme qui marche. Il a été inspiré par un croquis dessiné par un révérend qui desservait les communautés rurales côtières dans les années 1800. Le marcheur aurait été aperçu à Aquaforte, une localité du sud de la péninsule d’Avalon. le gaboteur magazine 19
bénévolat industrie touristique qui pourrait dée par l’association a démontré sa municipalités dans la gestion des sec- bénéficier à plusieurs générations », contribution à l’économie de la pro- tions qui traversent leur territoire. renchérit Randy Murphy, président vince : sur un milliard de dollars de de la East Coast Trail Association et revenus touristiques, 3,5 millions ve- Plusieurs acteurs dans la randonnée membre depuis sa première assem- naient de la East Coast Trail. Le plus En 2014, par exemple, les sentiers blée générale annuelle en 1995. épatant : malgré le soutien financier qui traversent Torbay ont été en- Ce soutien représente alors un gouvernemental provincial et fédéral dommagés, entre autres, par le pas- gros coup de pouce : l’association, à son budget annuel de 1,5 million de sage de véhicules tout-terrain. « Nous comptant au départ uniquement sur dollars, le sentier demeure toujours avons alors entrepris des démarches des bénévoles, peut alors acheter de porté par une armée de bénévoles. pour identifier les responsabilités de l’équipement et embaucher des gens À l’exception des trois employés de chaque partie dans de telles situa- qualifiés. Si bien qu’en 2001, 220 ki- l’association et de travailleurs saison- tions », affirme Madeleine Florent, qui lomètres sont défrichés et la portion niers rémunérés entre mai et octobre, siégeait alors au conseil d’administra- entre Fort Amherst et Cappahay- ils sont plus ou moins 200 à contri- tion de l’association de la East Coast den est complétée. Cette même an- buer au maintien et à la pérennisa- Trail ainsi qu’au sein d’un comité née, alors que ce chemin pédestre tion du sentier chaque année. Leurs environnemental dans cette localité. entre terre et mer gagne du galon, tâches consistent à le patrouiller et « En tant que bénévole à Torbay, pour- les maires des localités reliées par le l’entretenir, à guider des sorties de suit-elle, je suis la politique de près. sentier signent une déclaration pour groupe hebdomadaires gratuites pour J’assiste à presque tous les conseils s’engager à soutenir ce projet inter- les amateurs de randonnée, à siéger municipaux. J’ai beaucoup appris sur municipal. sur différents comités, à organiser des le fonctionnement des municipalités, événements de financement, etc. Ac- entre autres sur les lois qui régissent Des kilomètres de bénévolat tuellement, l’association compte un les droits de passage. » Un quart de siècle après les premiers peu plus de 500 membres. Cette lobbyiste environnemen- coups de hache, la renommée du sen- Madeleine Florent fait partie de ces tale locale estime qu’il est très judi- tier, sacré parmi les 10 meilleures disciples de la East Coast Trail. Son cieux pour l’association d’impliquer destinations d’aventure par Natio- implication a d’ailleurs été récompen- davantage les élus locaux dans la vie nal Geographic, n’est plus à faire. sée en avril dernier, lors de la 25e as- de la East Coast Trail, et pour ses C’est l’attraction de plein air la plus semblée générale annuelle de l’asso- membres de suivre la vie municipale. populaire de la péninsule d’Avalon : ciation. La sexagénaire accueille cet « C’est à leur avantage de promouvoir 15 000 randonneurs d’ici et d’ailleurs honneur en toute modestie : « C’est le sentier. Ça attire des gens dans leur arpentent chaque année une ou plu- un travail d’équipe, bien d’autres au- communauté. Cela dit, ce n’est pas sieurs des 26 sections du sentier, au raient pu recevoir ce prix. » juste pour les touristes. C’est aussi un gré des panoramas époustouflants, Reste que cette Franco-Ontarienne plus pour les citoyens », fait valoir la des baies à cueillir ainsi que des ren- ayant migré sur le Rocher il y a plus résidante de Torbay. Dix villes se sont contres avec la faune terrestre et de trois décennies en fait beaucoup entendues avec l’association depuis marine, les icebergs et les habitants pour le sentier et son association. la signature de ce premier protocole des petits bourgs iconiques de Terre- L’une de ses contributions notables d’entente en 2014. Neuve. Des mariages sont même célé- a été l’initiation du tout premier pro- Les instances municipales ne sont brés sur le sentier ! tocole d’entente pour une meilleure pas les seuls acteurs avec qui l’asso- En 2013, une analyse comman- collaboration entre l’association et les ciation doit négocier des droits de RETRACER L’HISTOIRE DE LA VIE CÔTIÈRE Autre raison d’être de la East Coast Trail : la préservation d’anciens chemins reliant les communautés et sentiers utilitaires disparus ou sur le point d’être engloutis par la nature, résultat de la végétation croissante ou de l’érosion. « Les gens dans les villages ont toujours eu une raison de marcher le long des côtes, que ce soit pour couper du bois, cueillir des fruits, chasser, ou tout simplement observer l’océan », souligne Madeleine Florent, passionnée d’histoire. Miner’s Path, la plus récente portion inaugurée à l’automne dernier qui complète le tracé initial de la partie nord au départ de Conception Bay South, aurait été empruntée durant la première moitié du 20e siècle par nombre de personnes en quête d’un emploi dans les mines de SÉBASTIENDESPRÉS fer de Bell Island, située juste en face. Cette portion du sentier servait aussi de liaison terrestre militaire entre St. John’s et Harbour Grace avant la construction de la route. Du nord au sud, des vestiges de communautés abandonnées s’offrent aussi aux randonneurs. 20 le gaboteur magazine
passage. Le sentier traverse notamment le site his- torique fédéral de Cape Spear, le parc provincial La Manche, des propriétés privées et beaucoup de terres de la Couronne. « Et l’association réussit à travailler avec tous ces gens-là ! », s’exclame Madeleine Florent, rappelant que ces dialogues, également engagés par des bénévoles, visent à assurer l’accès public au litto- ral autant que sa préservation. Ces collaborations sont cruciales à la pérennité du sentier puisqu’en dépit de ses reconnaissances inter- nationales et de son apport à l’économie et à l’environ- nement de la province, aucun décret gouvernemental ne protège la East Coast Trail, ce dont jouissent les parcs nationaux ou provinciaux et les réserves natu- relles. Cet enjeu est au coeur des priorités de l’asso- ciation et représente son nouveau défi : sauvegarder ce joyau naturel que des bénévoles ont mis un quart de siècle à polir. G Les amateurs de plein air qui veulent contribuer à la préservation de ce joyau peuvent devenir membre au coût de 25 $ par année ou 500 $ à vie. Les cartes des sentiers (en anglais) sont en vente à la boutique de plein air Outfitters, au 220 Water Street, à St. John’s, et sur le site Web de l’association. [eastcoasttrail.com] Plani fi ezvot revoyageavecnous etdécouvr ezl eCanadaenf r ançais! CORRI DORCANADA. CA le gaboteur magazine 21
musique PENNY COFIELD Le jazz et le français, petite histoire d’un grand amour INTRONISÉE EN 2017 AU NL JAZZ & BLUES HALL OF FAME, MARY BARRY OCCUPERA LA SCÈNE DE L’ESPACE FRANCO AU FESTIVAL FOLK DE TERRE-NEUVE-ET-LABRADOR, EN AOÛT PROCHAIN. VIGNEAULT, PIAF ET PLUSIEURS DE SES PROPRES COMPOSITIONS EN FRANÇAIS SERONT AU RENDEZ-VOUS. Un texte de Laurence Berthou-Hébert P our la Terre-Neuvienne de 10 ans, cette perte est doublement grâce à un petit café, The Waste Land. langue maternelle anglaise douloureuse : « Non seulement je per- Elle y prend ses habitudes et y per- Mary Barry, l’amour du fran- dais mon père, mais avec sa mort, fectionne son français auprès de Qué- çais et de la musique sont c’est aussi mon lien avec la musique bécois de Gatineau surtout. Dans ce intimement liés. « Si je fais de la mu- qui disparaissait. » café, il y avait un piano qui accueillait sique, c’est vraiment grâce au fran- L’été suivant, la jeune Mary rece- Christiane Dubois, une auteure-com- çais », résume celle qui se désigne vra une invitation déterminante. Son positrice qui interprétait notamment comme une Frewfie, une contraction oncle montréalais les invite, ses frères des classiques de la chanson fran- de son cru des mots « français » et et elle, à l’Expo 67. C’est lors de ce çaise. « C’est là, dans ce café où l’on « newfoundlander ». voyage que Mary découvre la culture jouait aux échecs en fumant des Gi- avec un grand C, qu’elle ne cessera de tanes, que le français m’a adoptée. » Vivre d’Est en Ouest fréquenter par la suite. De retour à Terre-Neuve, Mary Son histoire commence de façon tra- La musique continuera de susci- décroche un emploi comme marion- gique, avec le décès de son père, mu- ter son intérêt, mais c’est à 17 ans, nettiste pour une tournée dans les sicien prolifique et qui disparut su- en recevant une bourse pour étudier Maritimes. Elle adore le monde du bitement suite à un arrêt cardiaque. le français à l’Université d’Ottawa, spectacle, mais cette expérience lui Pour la jeune Mary, alors âgée de que la musique ressurgit dans sa vie, permet de découvrir sa véritable vo- 22 le gaboteur magazine
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