Mars 2019 - Magazine Croisière
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Publié par : Voyage Vasco Inc. 175, rue Louis-Hébert, Mascouche, QC, J7K 0R5 4 © La reproduction, l’adaptation ou la traduction sans la permission écrite préalable est interdite, sauf autorisation émanant des lois de droits d’auteur. 4 26 HOLLAND AMERICA LINE NORWEGIAN CRUISE LINE Cuisiniers en puissance Une véritable œuvre d’art 6 28 DESTINATION ENTREVUE 14 Moyen-Orient Maux en mer 10 31 STAR CLIPPERS QUIZ Autant en emporte le vent De la Scandinavie à l’Italie 22 14 32 DOSSIER POLYNÉSIE FRANÇAISE STAR CLIPPERS Une croisière mémorable Hors des sentiers maritimes 22 PONANT Vie de plaisance 26 RÉDACTION Éditeur-fondateur 9317 5396 Québec inc. 32 175, Louis-Hébert, suite C Mascouche (Qc) J7K 0R5 Publicité Eve Lyne Besner 450 474-4240 poste : 236 OBTENEZ VOTRE NOUVELLE evelyne@groupeatrium.com Publié par Voyage Vasco CARTE DANS NOS AGENCES Révision Denis Dionne Chaque voyage a ses Avantages, accumulez vos points et découvrez tous Parution : Mars 2019 les privilèges que vous pouvez obtenir avec notre carte VOYAGEVASCO.COM/AVANTAGES Page-3 | Magazine Croisière
HOLLAND AMERICA LINE CUISINIERS EN PUISSANCE Apprendre aux jeunes passagers à cuisiner! Voilà une activité originale proposée par Holland America Line. Les enfants sont concentrés, tous priés, tout particulièrement des jeux vi- mettent littéralement la main à la pâte déo. Depuis quelques années, la flotte de durant cette séance spéciale de 45 mi- Holland America Line fait l’objet de ré- nutes au Centre d’arts culinaires, une novations majeures au cours desquelles activité destinée tant aux adultes qu’aux sont ajoutés de nouveaux services et enfants que l’on ne retrouve qu’à bord des créés de nouveaux espaces publics de di- navires de la flotte de Holland A merica vertissement. Entre autres The oasis, une Line. Cette activité à la foisinstructive zone exclusive pour les enfants située et ludique permet aux passagers de tous directement au-dessus du Club HAL qui âges d’apprendre les rudiments de la abrite notamment une piscine. « Quand cuisine et de préparer différents plats. le nombre d’enfants est élevé, nous Par exemple, les enfants de moins de formons davantage de groupes et nous huit ans ont l’occasion de confectionner organisons des activités partout dans le des biscuits ou des sandwiches à la crème navire, explique Robert Loeub, respon- glacée, les plus âgés se lancent dans la sable du Club HAL à bord du Maasdam. Un création de pitas ou de bretzels. Holland groupe jouera sur le terrain de basketball America Line est réputée être une com- adjacent à la salle de jeux, tandis qu’un pagnie de croisière surtout fréquentée autre jouera dans l’une des piscines du par des retraités. Mais de jeunes passa- navire ou visionnera un film dans la salle gers font leur apparition durant les va- de cinéma, par exemple. » Et tous se lè- cances scolaires ou estivales. Parfois, ils cheront les babines non seulement aux ne sont qu’une dizaine, parfois plus d’une heures de collation et de repas au res- centaine par croisière. Bon an, mal an, taurant-buffet Lido – il y a un véritable Holland America Line en accueille ainsi attroupement devant le comptoir propo- quelque 25 000 dans l’un ou l’autre de ses sant une bonne douzaine de desserts –, 14 navires. mais aussi au Centre d’arts culinaires de futurs chefs en puissance! Ici, pas de spectaculaire, comme des glissades d’eau monstres ou des murs Solidement accrochés à un harnais, d’escalade d’une hauteur vertigineuse. quelques braves montent, sous les encou- On mise plutôt sur un encadrement ragements d’autres passagers, un escalier personnalisé d’enfants réunis en petits en corde brinquebalant jusqu’à la première groupes. Chaque navire comporte le Club plateforme du Star Flyer pour une specta- HAL, un espace situé au pont supérieur culaire séance photo à plus de 50 mètres regroupant deux grandes salles, l’une ré- au-dessus du niveau de la mer. ■ servée aux plus jeunes (3 à 12 ans), l’autre aux plus âgés (13 à 17 ans). Chaque salle comporte une multitude de jeux appro- Page-4 | Magazine Croisière Page-5 | Magazine Croisière
DESTINATION MOYEN-ORIENT DÉPAYSEMENT cond circuit commence par longer le golfe Arabique, là où se trouvent la mosquée On hésite souvent à voyager dans des ré- Jumeirah ainsi qu’une plage publique si- gions moins familières, car on n’en connait tuée pratiquement au pied du Burj Al Arab, pas toutes les merveilles. Comme le le plus luxueux hôtel au monde, qui ne peut Moyen-Orient! Mais si cette région vous a toutefois être visité que si l’on a, au préa- toujours intrigué et que vous aimeriez en lable, réservé un forfait repas. Tout à côté apprendre davantage sur ce que cet endroit de l’hôtel se trouve le parc aquatique Wild vous offre, lisez ce récit de croisière aux Wadi qui offre des glissades d’eau propul- Émirats arabes unis et à Oman qui se dé- sant les participants vers le haut! Le se- roule entre environnements traditionnels et cond circuit se poursuit en direction du décors de science-fiction! souk Madinat Jumeirah, un vaste complexe regroupant plusieurs hôtels, marinas, ca- CITÉ DE LA DÉMESURE naux et plages, ainsi que le Jumeirah Palm Island, une île que l’on parcourt en bus sans Tour d’horizon de Dubaï. Cette cité futuriste trop réaliser que sa forme reproduit un pal- qui a surgi du désert en moins de deux dé- mier géant. Un arrêt est prévu à l’Atlantis cennies est le point de départ d’une croi- on The Palm, un sosie de l’hôtel Atlantis des sière dépaysante à souhait! Bahamas. La plage offre une vue incroyable sur Dubaï Marina que l’on aperçoit au loin Nous nous dirigeons vers notre navire, et hérissé de ses quelque 200 gratte-ciels. malgré ses six voies dans chaque sens, Nous revenons sur nos pas en emprun- la circulation est bouchonnée sur Sheik tant cette fois-ci l’artère principale Sheik Zayed Road, la principale artère de Dubaï. Zayed Road qui épouse le tracé du métro Nous avons tous les yeux levés au ciel alors aérien à l’allure futuriste et en longeant que défile devant nous une succession quelques-unes de ses immenses stations ininterrompue de gratte-ciel aux formes qui ressemblent à des vaisseaux spatiaux. extravagantes. On ne peut pas ne pas être Les amateurs de ski arrêteront au Mall of impressionné par toute cette démesure. The Emirates qui abrite une station de ski Le plus incroyable, c’est que ce titanesque intérieure composée de cinq pistes. décor de science-fiction n’existait pas il y a moins de deux décennies à peine. La MEGA SHOPPING meilleure façon de découvrir la ville est cer- tainement d’en faire le tour en autobus tou- Le Dubail Mall! Avec ses 1200 boutiques et ristique. Moyennant quelque 60 $ pour la ses équipements géants comme un aqua- journée (une dizaine de plus pour deux jours), rium, une patinoire et un parc d’attraction, le forfait comporte deux trajets, 31 arrêts c’est l’un des plus grands centres commer- et des commentaires p réenregistrés en ciaux au monde. huit langues, dont le français. Nous pouvons descendre et remonter à volonté, et de- Peu importe votre sens de l’orientation, il y meurer le temps que nous voulons à chaque a de fortes chances que vous vous perdiez! Il arrêt. Cela donne certes une longue journée faut dire que ce temple de la consommation épuisante, mais riche de découvertes. Le compte plus de… 1 200 boutiques! Pour vous premier circuit englobe Bur Dubaï et Deira, donner une idée de ce que cela implique, les deux vieux quartiers de Dubaï séparés le Carrefour Laval, que tout le monde de la par une crique que l’on peut traverser en région connait et qui est considéré comme abra, une petite embarcation locale. le plus grand centre commercial au Québec, compte 300 boutiques… Les arrêts incontournables sont le Al Fahidi Fort qui abrite un musée sur la vie tradi- Les 1 200 boutiques que compte le Dubaï tionnelle dans la région et le vieux souk, qui Mall ne sont pas non plus de petites bou- fourmille de dizaines de petits commerces tiques! L’une d’elles est consacrée exclu- débordants de produits locaux. Le se- sivement aux jouets à caractère aérien et Page-6 | Magazine Croisière Page-7 | Magazine Croisière
abrite à l’entrée un cockpit géant d’avion. tantes, de belles toiles reproduisant sou- rage. Il est érigé sur une île artificielle reliée Le guide du Dubaï Mall qui donne la liste vent la vie nomade des bédouins du désert à la terre ferme et aux plages environnantes complète des boutiques fait 22 pages… en tout proche. Et c’est épuisé d’avoir absorbé par une passerelle sur laquelle circulent petits caractères! Le panneau d’orientation tant d’images fortes que l’on revient au na- Ferrari, Rolls Royce et autres bolides du est si long et si rempli d’informations qu’il vire pour tomber endormi dans une cabine genre, ainsi qu’une modeste voiturette de est presque décourageant de le consulter. Il étrangement calme, silencieuse et sombre golf pour transporter les simples quidams y a beaucoup d’endroits au design incroya- après une telle expérience. comme moi vers la sortie. Le Burj Al Arab blement chic, audacieux et original, et on compte 27 étages et 220 suites en duplex ne parle pas des services et équipements HÔTEL DANS LE VIDE dont les balcons donnent à l’intérieur, à un annexes dispersés à travers tout le Dubaï prix de séjour qui laisse pantois : de quelque Mall… une patinoire de grande dimension, Incursion dans le Burj Al Arab, le plus luxueux 9 000 à 60 000 dirhams, soit de 2 550 $ à une chute d’eau d’une hauteur vertigineuse, hôtel au monde. 17 000 $ la nuit. Remarquez, le petit déjeu- un parc d’attractions pour enfants renfer- ner est compris, mais pas les taxes munici- mant maints manèges, un vaste complexe N’entre pas qui veut au Burj Al Arab. Il faut pales et les frais de service totalisant 20 %. de cinémas, un aquarium géant… réserver son repas au moins 24 heures à l’avance, ce que les employés de l’office L’hôtel le plus luxueux au monde? Difficile de Ouvert jusqu’à minuit le week-end, le Dubaï touristique font avec empressement. La penser le contraire alors que l’on se trouve Mall, entièrement climatisé, est fréquen- facture grimpe dans les trois chiffres pour dans la mezzanine de l’atrium, le plus grand té par une faune très hétéroclite. Et que le repas du midi, un buffet toutefois offert au monde comme de raison, là où nous est dire de la fontaine extérieure, un endroit là dans l’environnement encore plus specta- servi avec maestria ce petit déjeuner inou- aussi complètement surréaliste. Imaginez, culaire du restaurant panoramique niché au bliable en sept services, avec viennoiseries à raison de 16 spectacles de sons et de lu- 24e étage à quelque 650 pieds au-dessus et jus de fruits exotiques frais à volonté qui mières différents par soir, des dizaines de du niveau de la mer. Entre deux bouchées, coûte 55 $. Le design des restaurants est re- fontaines jaillissent, l’eau crée des vagues on a ainsi une vue en plongée de premier marquable. Tout particulièrement celui dans et différentes formes qui semblent danser, plan sur Jumeirah Palm Island, une gigan- lequel on entre par un tunnel débouchant et atteint des hauteurs incroyables. Le tout tesque île artificielle en forme de palmier sur un très haut aquarium circulaire. Ou le avec comme décor de fond le pharaonique abritant quelque 2 000 villas et condos de bar japonais que l’on rejoint en empruntant Burj Khalifa, l’édifice le plus haut du monde luxe. Une autre possibilité est de réserver une magnifique entrée aux couleurs noir avec ses 160 étages tout en rondeurs mé- à bord du navire une excursion comprenant jais et argent métallique. Tout en haut se talliques qui s’élancent dans le ciel à une notamment une halte repas à cet hôtel, une trouve une immense salle de bal circulaire, hauteur excédant les 2 600 pieds (presque solution toutefois encore plus onéreuse, qui entourée de multiples salles de réunion aux un kilomètre!). se chiffre à près de 300 $ par personne. fenêtres panoramiques. Bref, cet hôtel est tout simplement unique! Et ce n’est pas tout. En face du Dubaï Mall C’est le prix à payer pour avoir le privilège surgit le Souk AL Bahar, un ensemble de ré- d’entrer dans le Burj Al Arab, qui, fort de SPLENDEURS PERSES sidences, de boutiques, de restaurants et ses sept étoiles, est considéré comme le de bars qui méritent le détour. On y trouve plus luxueux hôtel au monde et aussi le plus Tour d’horizon d’escales d’une rare originalité notamment le plus beau restaurant j aponais original, avec sa forme de grande voile élan- jamais vu ainsi qu’une foule de produits lo- cée et gonflée par le vent. L’hôtel, devenu MASCATE. Une belle escale tout à fait ce dernier quitte deux mois par année pour tectural aux planchers de marbre cirés sans quelques minutes de la cohue du centre- caux faits à partir d’or ou d’argent, des ta- instantanément le symbole visuel de Dubaï, inattendue dans cette superbe ville, la ca- ratisser le pays et dormir dans de simples relâche par des employés méticuleux. ville, qui débouche sur une plage publique pis plus colorés les uns que les autres, des au même titre que la tour Eiffel à Paris, par pitale d’Oman. Quatre palais sont à la dis- campements afin d’entendre de vive voix animée. assiettes et poteries aux couleurs écla- exemple, apparaît à l’horizon comme un mi- position du sultan Qabous ben Saïd, que les doléances de ses sujets. Mascate est ABOU DHABI. Cet émirat couvre 85 % des une ville magnifique composée de trois Émirats arabes unis et c’est aussi le plus BAHREIN. Autre pays méconnu situé sur un quartiers séparés par de hautes mon- riche grâce aux revenus tirés du pétrole. À archipel du golfe Persique. Un arrêt au Craft tagnes sur lesquelles sont perchés d’an- la fin de 2009, Abou Dhabi a allongé sans Center Al Jazar qui regroupe des artisans ciens forts en pierre. Le quartier princi- trop sourciller 10 milliards $ pour éviter la provenant de différents villages du pays. On pal jouxtant le port se fait bien à pied. On faillite de Dubaï World endetté de plusieurs propose aux friands de merveilles d’ingénie- déambule sur la longue corniche, puis dans dizaines de milliards. Trois suggestions : rie de découvrir le King Fahd Causeway, un le souk M uttrah et le labyrinthe de venelles visiter les immenses jardins contenant pont traversant trois îles artificielles, s’éta- qui se déploie dès que l’on quitte l’avenue quelque 200 fontaines ainsi que les zones lant sur quelque 25 kilomètres et reliant le du front de mer. Dans le quartier gouver- publiques de l’intérieur du Emirats Palace, royaume du Bahrein à l’Arabie saoudite. De nemental, un trajet d’à peine dix minutes un hôtel dont la façade fait plus d’un kilo- leur côté, les amateurs de course automo- en taxi, se trouvent différents musées, édi- mètre. Pénétrer dans la mosquée Sheikh bile peuvent visiter les installations du Ba- fices gouvernementaux ainsi que le palais Zayed d’une blancheur immaculée et d’un rhein International Circuit qui reçoit chaque principal du Sultan surveillé par des soldats luxe renversant, qui peut accueillir jusqu’à année les bolides de Formule Un. ■ armés de m itraillettes. Le palais trône au 40 000 fidèles. Déambuler sur la corniche fond d’un impressionnant ensemble archi- longue de plusieurs kilomètres, située à Page-8 | Magazine Croisière Page-9 | Magazine Croisière
STAR CLIPPERS AUTANT EN EMPORTE LE VENT Une croisière à la voile? Parfaite pour les amoureux de la mer qui ont le sommeil lourd et le pied marin! Il se passe décidément des choses de crabes qui met aux prises cinq vrais bien spéciales à bord du Star Flyer, crabes sur le pont supérieur du Star l’un des trois navires de la compa- Flyer. L’ambiance est bon enfant et les gnie Star C lippers établie à Monaco. paris fusent avant le départ, qui a lieu La deuxième journée de la croisière, dans le cadre d’une fête où les costumes les passagers sont invités à aider les improvisés de pirates sont à l’honneur. membres d’équipage à hisser la voile principale du Star Flyer, un quatre mâts Certains matins, un marin installe son considéré comme le plus long voilier des énorme machine à coudre sur le pont supé- temps modernes. Une fois déployés les rieur, tout à côté du Tropical Bar, le point quelque 3 300 mètres carrés de toile qui de ralliement extérieur des passagers, composent les 16 voiles du Star Flyer, pour une longue séance de réparation de celui-ci, gonflé par le vent, a vraiment toiles. Les 72 membres d’équipage et les fière allure. 170 passagers du Star Flyer se côtoient ainsi en toute promiscuité sur ce navire Les émotions montent de plusieurs crans long de 360 pieds et large de 50 pieds. le jour suivant, quand l’activité principale Naviguer à bord d’un voilier, c’est comme de la journée consiste à escalader le emprunter une route de campagne parse- mât principal du Star Flyer. Solidement mée de son lot de surprises, sans se sou- accrochés à un harnais, quelques braves cier de la notion du temps, plutôt que de montent, sous les encouragements foncer tout droit sur l’autoroute dans l’espoir d’autres passagers, un escalier en corde de respecter un horaire décidemment trop brinquebalant jusqu’à la première plate- serré. Contrairement aux mastodontes de forme pour une spectaculaire séance la mer à bord desquels plus de 200 activi- photo à plus de 50 mètres au-dessus du tés sont proposées toutes les semaines, le niveau de la mer. Pas question d’aller Star Flyer offre la contemplation de la mer, plus haut, les deux plates-formes supé- le farniente, la rêverie. Certains vont piquer rieures sont réservées à l’équipage une sieste littéralement au-dessus de la pour d’évidentes raisons de sécurité. Le mer en s’installant sur le filet suspendu du comble de l’insolite est atteint le lende- mât du beaupré, qui s’étale au-devant du Disons-le de suite. Faire une croisière main soir lors de la traditionnelle course navire. à bord d’un voilier jaugeant à peine 2 300 tonnes comme le Star Flyer (ou le navire sœur Star Clipper) s’adresse strictement aux amoureux de la mer qui aiment l’air du large, le contact direct avec le vent et surtout, qui ont le sommeil lourd et le pied marin. Car, ici, point de barres stabilisatrices pour atté- nuer les effets du roulis et du tangage quand le vent se lève, comme cela fut le cas tout au long de la première nuit de notre croisière au large du nord de la Corse, un couloir reconnu difficile de la Méditerranée, une mer elle-même réputée capricieuse. Le soir suivant sera plus calme, car le commandant aura eu la bonne idée de modifier l’itinéraire et Page-10 | Magazine Croisière Page-11 | Magazine Croisière
de rejoindre Bonifacio, notre deuxième mand et en français. Ajoutons que la piscine du pont supérieur. Se trouve escale après Calvi, en passant par la l’équipage est surtout d’origine philip- aussi sur le dernier pont une seconde côte est de la Corse, moins exposée aux pine et indienne, et les officiers, d’ori- piscine à peu près jamais fréquentée forts vents. gine ukrainienne, polonaise et russe, et un espace où l’on peut recevoir des la plupart se montrant plutôt distants massages thaïlandais. La salle à dîner « Cela fait partie de l’expérience de la avec les passagers, quoique certains se trouve pratiquement sur la ligne de mer », dira le lendemain matin avec partageaient la table avec des passa- flottaison, si bien qu’un simple coup stoïcisme le maître d’hôtel prénommé gers à l’heure des repas. La décora- d’œil à travers les hublots permet de Matéo qui a passé l’essentiel de sa vie tion des trois navires de la compagnie réaliser à quel point un navire toutes à bourlinguer sur toutes les mers du Star Clippers est un hymne à la naviga- voiles déployées peut filer à vive allure. monde, qui a travaillé sur des cargos tion à voile. Les cabines sentent bon le et paquebots de toutes tailles et qui bois ciré et le cuir. Les espaces publics Le premier soir, alors que le navire tangue préfère de loin les petits navires où un regorgent de cuivre poli et de dorures passablement, notre serveur nous explique certain esprit de famille est possible, étincelantes ainsi que de lithographies avec un sourire entendu qu’il remplit nos plutôt que ces méga bâtiments n’offrant et de tableaux anciens représentant de verres d’eau de glaçons afin de les empê- aucun contact avec la mer. Ce type de célèbres navires. Les balustrades en cher de trop glisser sur la surface de la croisière à la voile et à fortes sensations acajou et en teck rappellent le riche héri- table. Je repenserai à ce détail quand plus a manifestement ses adeptes, puisque tage nautique. tard dans la nuit, de ma cabine située non la compagnie Star Clippers annonce loin de la cuisine, j’entendrai de la vaisselle un taux de fidélisation de 60 %. Lors Forcément, on a vite fait le tour des se briser dans un vacarme assourdissant de notre séjour à bord du Star Flyer à quatre ponts du Star Flyer. Le premier alors que la mer est déchaînée. Surprise la fin du mois de juin, la moyenne d’âge se compose uniquement de cabines de totale, le premier soir venu : l’extraordi- se situait dans la quarantaine avancée, petite dimension, incluant une microsco- naire qualité de la table. Différents chaque voire la cinquantaine. Un dénominateur pique salle de bain. Le deuxième pont soir, les menus, en sept services, ont été commun : pratiquement tous avaient la abrite aussi une minuscule boutique et le élaborés en consultation avec un grand peau burinée, indice d’une vie en plein restaurant, le plus grand espace public. chef français, Jean Marie Meulien, honoré air remplie. Le troisième pont renferme une magni- de trois étoiles au Guide Michelin. fique bibliothèque aux chaudes boise- La langue maîtresse est l’anglais, mais ries et le Piano Bar, un endroit baigné Ainsi, en entrée ce premier soir, les menus et journaux de bord incluent par la lumière naturelle qui passe au avions-nous le choix entre un ragoût à aussi une version intégrale en alle- travers des hublots installés au fond de l’autrichienne avec sa sauce verte ou un risotto aux cèpes et au foie de volaille, La compagnie Star Clippers appartient Ce nombre chuta à une douzaine au début suivi d’un potage (crème de carotte par- à Mikael Krafft, un armateur suédois à des années 1940 en raison de l’apparition fumée à l’orange), d’un sorbet, du plat l’histoire étonnante. Dès l’âge de 10 ans des navires à vapeur, de la prépondé- principal (soit une darne de mérou à l’es- il posséda son propre voilier et vogua rance des chemins de fer et de l’ouver- tragon et aux tomates, un coquelet avec dans des zones non dénuées de dan- ture du canal de Suez. Il n’en existe plus sauce champagne ou un bœuf stroganoff, ger. Il devint riche en faisant l’acquisition que trois aujourd’hui, tous lancés par la ou encore pour les végétariens, un ragoût de différentes compagnies maritimes en compagnie Star Clippers (le troisième, le de légumes et ses croutons à l’ail). Salade, difficulté financière qu’il sut redresser. Royal Clipper, un 5 000 tonnes, ayant vu le sélection de fromages et choix entre trois Au tournant des années 1990, il vendit jour en l’an 2000). Ces navires sont on ne desserts complétaient cette fabuleuse tout pour investir dans la construction peut plus verts, puisqu’ils n’utilisent leurs proposition gastronomique. Le matin et le du Star Clipper, suivi du Star Flyer deux moteurs que 30 % du temps de navigation midi, la formule buffet est à l’honneur, là ans plus tard, en 1992. Ce n’était pas en moyenne. Bref, voilà une compagnie aussi avec une grande variété de plats, à une affaire évidente, puisque ces deux qui carbure à la passion de la mer et qui commencer par six délicieuses sortes de navires étaient les premiers de ce type et offre une expérience de croisière ponctuée viennoiseries et cinq sortes de pain pour de cette taille à voir le jour depuis 1911! de moments de contemplation, de grandes démarrer la journée du bon pied. Le ser- Surnommés les lévriers des mers, les secousses occasionnelles, d’activités spé- vice était plutôt décousu, mais fait avec clippers (du verbe to clip, pour fendre ciales avec émotions fortes à la clé (pour plein de bonne volonté et avec le sourire. la vague) n’ont pas toujours été des ceux qui le désirent), d’une ambiance Idée géniale : chaque soir, on présente au oiseaux rares sur les océans. On en décontractée et d’une table fabuleuse. ■ Piano Bar les entrées et plats principaux, compta jusqu’à 160 autour de 1850, qui un plaisir des yeux qui a pour effet d’ouvrir servirent au transport de marchandises, encore plus l’appétit. comme le thé de Chine, vers Londres. Page-12 | Magazine Croisière Page-13 | Magazine Croisière
DOSSIER POLYNÉSIE FRANÇAISE UNE CROISIÈRE MÉMORABLE Il y a peu de lieux au monde qui font autant tour des principales îles p olynésiennes et rêver que la Polynésie française et qui véhi- se rend aussi loin qu’en Nouvelle-Zélande culent autant d’images fortes, à commencer et dans les îles Fidji. P eut-être serez-vous par les légendaires v ahinés, les lagons verts, tenté par une croisière de 14 nuits incluant les perles noires… La Polynésie française est l’archipel des Marquises, cet ensemble d’îles un paradis lointain, à au moins 15 heures de qui a acquis une réputation mondiale grâce vol d’ici. Elle est également vaste puisque au peintre Paul Gauguin et au chanteur ses cinq archipels surgissent au beau mi- Jacques Brel qui y ont élu domicile et termi- lieu de l’océan Pacifique, entre le Chili et la né leur vie. Nouvelle-Zélande, s’étalant sur un terri- toire équivalant à la totalité de l’Europe. La Paul Gauguin Cruises propose une formule meilleure période pour s’y rendre s’étend pratiquement tout inclus (sauf le spa et les de juin à septembre, sinon la chaleur peut excursions) : les pourboires, une vaste sé- être accablante. Précisons que la saison des lection de vins et de spiritueux, toutes les pluies va de décembre à mars. boissons, l’accès aux sports aquatiques (kayak, planche à voile et ski nautique) pra- Embarquez à bord du MS Paul Gauguin pour tiqués à partir de la marina rétractable si- une croisière mémorable de sept nuits se tuée à l’arrière du MS Paul Gauguin. Toutes déroulant dans des décors naturels parmi des prestations qui sont habituellement les plus beaux au monde. Adoptez le rythme payantes à bord des navires, et fort de vie indolent qui règne à bord de ce navire onéreuses en terre polynésienne française, hors du commun. Partez du port d’attache ce qui rend la formule de croisière encore de Papeete, la capitale de Tahiti, voguez sur plus intéressante dans ce coin du monde. les eaux cristallines de l’archipel le plus fré- quenté, celui de la Société, et faites escale Le MS Paul Gauguin a été lancé en 1998, dans ces îles devenues mythiques que sont mais il a fait l’objet de rénovations ma- Raiatea, Tahaa, Bora Bora, Moorea et Maeva. jeures en 2012 au port de Brisbane, en Australie. Les cabines sont particulièrement BIENVENUE EN POLYNÉSIE! invitantes avec leurs chaudes boiseries. Récit d’une expérience croisière – été 2010 L’ambiance générale se veut décontractée, le personnel en salle et en cabine se montre Embarquement à bord du MS Paul Gauguin, sincèrement chaleureux, mais malheureu- un luxueux navire de croisière qui sillonne sement unilingue anglophone, car originaire le Pacifique à l’année longue et qui recrée la des Philippines. Les propriétaires du navire légendaire hospitalité polynésienne. Nous ont clairement le souci de faire découvrir nous apprêtons à regagner le navire après le mode de vie polynésien. Les couloirs se un après-midi insouciant à folâtrer au motu voient ainsi tapissés de photos en noir et Mahana, l’îlot privé de la compagnie Paul blanc illustrant la Polynésie d’autrefois. Un Gauguin Cruises au large de Tahaa, l’une des coin présente des objets hétéroclites allant principales îles de l’archipel de la Société. d’hameçons géants en bois à des pièces de collection, comme un dessin original de Paul Paul Gauguin Cruises possède un seul na- Gauguin, ce célèbre peintre qui produisit vire, le MS Paul Gauguin, dont elle est pro- d’éloquents tableaux sur la mythique beau- priétaire depuis 2004 et qu’elle exploite té polynésienne. Les différents espaces maintenant elle-même depuis le début de publics sont rehaussés d’œuvres d’art – sur- 2010, en remplacement de Regent Seven tout des toiles et des sculptures – d’artistes Seas Cruises. Ses itinéraires, qui vont de 7 locaux réputés. à 15 nuits, font saliver. Avec le plus souvent comme point de départ et de retour Papeete, À l’initiative de la propriétaire d’une galerie la capitale de Tahiti, le MS Paul Gauguin fait le d’art de Bora Bora, certains sont invités à Page-14 | Magazine Croisière Page-15 | Magazine Croisière
bord pour faire découvrir leur talent. Comme L’Étoile dont le menu change tous les soirs, Garrick Yrondi, un peintre-sculpteur et contrairement à celui de La Véranda, l’autre portraitiste dont les œuvres puissantes et restaurant principal du MS Paul Gauguin. Un colorées, reproduisant avec originalité l’in- poisson des îles est ainsi offert chaque soir, souciance polynésienne, ont trouvé pre- dont le fameux mahi mahi. L’avant-dernier neur chez les stars de cinéma comme Pierce soir de la croisière, nous avons même droit Brosnan et Nicole Kidman. L’habituelle bou- à un dîner tahitien, avec comme plat ve- tique d’alcool est ici remplacée par Tahia dette un délicieux homard à la vanille. Des Collins, un commerce spécialisé dans les amis de table, Français d’origine, nous ont perles et les bijoux dérivés. fait part de leur déception par rapport aux vins qui ne se montraient pas à la hauteur Jaugeant 19 200 tonnes, le MS Paul G auguin de la qualité des plats. Précisons qu’il est accueille à peine 330 passagers, chou- possible de commander des vins réputés choutés par pas moins de 210 membres meilleurs moyennant un supplément et que d’équipage, un ratio parmi les plus élevés de la clientèle est majoritairement américaine, l’industrie des croisières. Une dizaine d’hô- le reste des passagers provenant surtout tesses surnommées les Gauguines, sou- de la France et parfois aussi du Québec (six riantes, rieuses et espiègles, comme le sont passagers lors de notre passage, une bonne la quasi-totalité des Polynésiens au demeu- cinquantaine, nous a-t-on dit, lors de la croi- rant, proposent tous les jours des activités sière précédente). mettant en vedette un art polynésien, que ce soit la teinture de paréos ou des leçons Pour le seul archipel de la Société, Paul d’ukulélé. Le clou de toute cette efferves- Gauguin Cruises propose plus d’une cin- cence culturelle s’avère la présentation, le quantaine d’excursions qui permettent dernier soir de la croisière, d’un spectacle de découvrir les beautés de la vie polyné- mettant en vedette la meilleure troupe de sienne, tout particulièrement la production danse de la Polynésie française, qui a raflé de de perles noires et de vanille, ainsi que la surcroît maints honneurs à l’étranger. faune sous-marine. Que ce soit en hélico, en catamaran, en jet-ski, en bateau à fond de La cuisine polynésienne ne se trouve pas en verre ou en 4 X 4… reste à bord du navire. Surtout au restaurant LES TEMPS MODERNES est amarré directement sur le front de mer cet établissement offre un buffet suivi d’un C’est à pas de tortue que nous décou- de Papeete et qu’il n’appareille qu’à 22 h. spectacle tahitien de grande qualité. On y vrons les principaux attraits de Papeete, Tahiti a la forme d’une tortue, mais le rythme croise non seulement des passagers du MS à commencer par la mairie dont l’archi- de vie d’un lièvre! Après plus de 15 heures À la fin de la croisière, nous débarquons en Paul Gauguin et autres touristes, mais aussi tecture s’inspire du palais de l’ancienne d’avion (Montréal-Los Angeles avec escale, matinée et nous avons le temps de faire le des locaux sortant en couple ou en famille. reine Pomare IV. Et par le marché central puis vol direct Los Angeles-Papeete d’une tour de l’île, puisque les avions d’Air Tahiti qui regorge de fruits tropicaux, de paréos, durée de huit heures et demie), c’est épuisé Nui ne décollent pas avant 23 h 30. On peut Papeete a la forme d’une tortue, mais au de chemises colorées et de produits d’ar- que l’on franchit les douanes avec une tiare arriver quelques nuits plus tôt ou partir cours des deux dernières décennies, la tor- tisanat, comme des chapeaux tressés ou à l’oreille qu’une charmante hôtesse nous quelques jours après la fin de la croisière, tue s’est muée en lièvre! Impossible au- des sculptures en bois appelées tiki. Après donne, et avec un collier de fleurs odorantes mais sachez que le prix des hôtels est fara- jourd’hui de revivre cette savoureuse scène s’être rafraichis avec un jus de noix de coco qu’une représentante de Paul G auguin mineux, tout particulièrement si vous réser- au moment de mon premier séjour en 1983 : bu à même la coquille, nous nous rendons au Cruises pose délicatement autour de notre vez une chambre sur pilotis (par exemple, de arrivés à destination, le chauffeur du truck Musée de la perle, non sans avoir emprun- cou. Avec Air Tahiti Nui, nous arrivons en 2 300 $ à 3 100 $ selon la période de l’année, (transport en commun) et moi avions dis- té – juste à cause du nom – la rue des Poilus début de soirée (et non au beau milieu de repas non compris, pour un forfait de quatre cuté en pleine rue du général de Gaulle, cau- Tahitiens. Avant de retourner sur notre hôtel la nuit comme avec d’autres compagnies nuits à Bora Bora, par personne!). sant un embouteillage sur l’une des princi- flottant qui nous attend au quai des Paque- aériennes). Nous avons donc une nuit non pales artères de la capitale. Aucun passager bots, nous nous promenons sur le boule- seulement pour récupérer du voyage, mais Pour notre part, nous avons été accueil- ne s’était impatienté. Et aucun automobi- vard du front de mer et nous nous frayons aussi pour s’adapter au décalage horaire (six lis en transit par l’Intercontinental Resort liste n’avait joué de son klaxon. Aujourd’hui, un chemin à travers des roulottes servant heures de moins que chez nous). Et nous de Tahiti, un hôtel au luxe suranné et de les habitants de Papeete s’agitent dans de cuisines ambulantes qui pullulent dans le disposons de la matinée pour découvrir grande classe qui offre l’incomparable avan- tous les sens, au mépris de la proverbiale port de Papeete. Le tour de l’île doit comp- Papeete avant d’embarquer sur le MS Paul tage d’être situé à quelques minutes seu- langueur tropicale. Des publicités reflètent ter les arrêts suivants : le Lagoonarium, le Gauguin (à partir de 15 h). Nous pouvons en- lement en navette de l’aéroport, un plus cette incompréhensible frénésie, dont cette Musée de Tahiti et des îles, le Musée Paul suite retourner sur terre, puisque le navire après tant d’heures de vol. Trois soirs par étonnante affiche : « Besoin de décompres- Gauguin et le phare de la Pointe Vénus. Mais semaine, les mercredi, vendredi et samedi, ser ? Offrez-vous un week-end à Moorea. » Page-16 | Magazine Croisière Page-17 | Magazine Croisière
dans un coin tranquille du lagon durant un pendentif ou des boucles d’oreille en perle mois et demi avant de devenir aptes pour noire, la couleur qui a fait la réputation de la la greffe. Dans un abri recouvert de tôle on- Polynésie française à travers le monde. dulée, des employés ouvrent les huîtres perlières avec dextérité à l’aide d’un cou- L’ILE VANILLE teau. D’autres greffent la nacre avec une précision qui se doit d’être toute chirur- Rencontre avec des producteurs de vanille gicale. À l’aide de trois instruments, le et de monoï à Tahaa greffeur introduit en moins d’une minute une petite bille dans la chair de l’huître en- La vie est paradisiaque sur le motu Mahana, trouverte. Chaque greffeur répète machi- la petite île privée de Paul Gauguin Cruises nalement la même délicate opération de qui propose par ailleurs quelques e xcursions 300 à 400 fois par jour. Taux de réussite : en matinée pour découvrir Tahaa, une île 50 % en moyenne. Les huîtres qui rejettent qui ensorcelle avec sa vanille réputée être la greffe sont vendues à des marchands la meilleure au monde. Tahaa est le théâtre de coquillages de nacre pour la fabrication de quelque 80 % de la production totale d’objets décoratifs. L’autre moitié est re- de vanille de la Polynésie française. On y plongée dans le lagon à six mètres de pro- dénombre plus d’une cinquantaine de va- la Polynésie française au rythme indolent abondance, qu’il faut toutefois aller cher- fondeur durant une autre période de deux nilleraies et presque tous les habitants d’antan se trouve dans les autres îles. cher jusqu’à 25 mètres de profondeur. ans. Le temps que la nature fasse totale- possèdent leurs lianes de vanille. Nous ment son œuvre en recouvrant la bille de la rencontrons l’un des grands producteurs LE TRIANGLE POLYNÉSIEN Les perles résultent d’une production de substance nacrée qui en fait une perle. Au de Tahaa qui cultive de façon artisanale la longue haleine. Les coquillages de nacre bout de la chaîne, les joailliers de Papeete précieuse plante de la famille des orchi- Île moins connue, Raiatea est le berceau de la sont réunis par groupes dans des filets sus- rivalisent d’imagination dans la création de dées depuis des lustres. La fécondation se civilisation polynésienne. Il y a le bien connu pendus dans un bassin d’eau durant deux bijoux de perle qu’ils marient parfois avec fait artificiellement à la main en mariant à triangle des Bermudes, et j ’apprends mainte- ans, à l’abri des prédateurs. Ils sont ensuite l’or, l’argent ou le diamant. Rares sont les l’aide d’un bâtonnet le pistil et le pollen de nant l’existence d’un triangle p olynésien dont placés dans des pochettes individuelles Tahitiennes qui ne s’affichent pas avec un jusqu’à 3 000 fleurs par jour. Sur cent fleurs, Raiatea, la première escale de notre croisière, est le cœur. Les navigateurs maoris ont établi les routes navigables du Pacifique à partir du fee (pieuvre), dont la tête tombe pile sur Raia- tea et les huit tentacules sur chacune des îles composant la Polynésie (Nouvelle-Zélande, Fidji, Cook, Samoa, Marquises, Australes, île une trentaine parviendront à maturité, neuf des pétales de tiare. Après avoir laissé re- de Pâques et Hawaï). mois plus tard. Elles seront alors récoltées, poser dix jours, elle met le précieux liquide nettoyées et entreposées durant trois mois. dans de petits flacons à son effigie qu’elle Raiatea est le berceau de la civilisa- Période au cours de laquelle les gousses à la vend au marché local. Pratiquement toutes tion polynésienne. L’île a été, au fil des teinte chocolatée sont séchées chaque jour les Polynésiennes enduisent chaque matin siècles, le théâtre de vagues successives au soleil matinal, puis remises à l’abri dans leur longue chevelure de ce produit local de pèlerinages. Des Maoris y venaient des linges traditionnels, et ce, jusqu’à ce de beauté pour la rendre plus lisse. Une en pirogues doubles d’aussi loin que la qu’elles perdent 60 % de leur eau. Le parfum petite industrie s’est développée autour Nouvelle-Zélande. Après des mois sur alors incomparable de la vanille embaume de du monoï, protégée depuis le début des l’océan, ils atteignaient le marae royal plus en plus Tahaa. années 1990 par une appellation contrôlée. Taputapuatea, un temple maintenant Dans la plupart des boutiques, on trouve en ruines sur lequel ne subsistent que On peut se procurer des gousses de va- des savons, des shampoings et de la gelée d’énormes blocs de lave et de basalte et nille joliment réunies dans des tubes solaire à base de monoï. qui n’est plus guère fréquenté que par des transparents ou faits de bambou. Ou crabes de terre et des touristes. À l’horizon acheter différents aromatisés à la vanille, AQUARIUM À CIEL OUVERT se dressent une dizaine de fermes per- comme du rhum ou du café. La femme du lières sur pilotis qui produisent des perles producteur de vanille, elle, se place devant Difficile de ne pas perdre la notion du temps aux doux reflets rosés, verdâtres, bleutés un bassin contenant du monoï. Il s’agit dans le lagon de Bora Bora et argentés. Mais les plus prisées sont les d’huile extraite de l’amande comprimée du noires. Bon nombre des fermes perlières coco. Selon une recette de sa grand-mère, Tous les jours en fin de journée, nous voyons s’avèrent de petites installations familiales elle râpe de 30 à 40 cocos, fait sécher le tout à l’horizon des piroguiers s’exercer en vue ou coopératives implantées à proximité des au soleil durant quelques heures, ajoute de courses. Ici, à Bora Bora, ils se prêtent en zones des lagons où l’on trouve du nacre en la graisse de deux carapaces de crabes de plus à un jeu exigeant : suivre les chaloupes terre, puis mélange l’étrange mixture avec du MS Paul Gauguin qui font la navette entre Page-18 | Magazine Croisière Page-19 | Magazine Croisière
la baie de Vaitape, la principale ville de l’île nous parvenons à distinguer des poissons en face de laquelle le navire est ancré, et la caméléons tantôt beiges, tantôt gris qui plage réservée aux passagers sur l’un des se fondent dans leur environnement. Je motus qui ceinturent Bora Bora. m’immobilise au-dessus d’un corail et je vois défiler en quelques instants – en solo, Contrairement à Tahaa la veille, la chaleur en en duo, en bande – des poissons multico- cette fin du mois d’avril n’est pas suffocante lores, rayés ou tachetés, qui répètent sans en raison de forts vents. La contrepartie fin un gracieux ballet sous-marin. Plus loin, est la présence de courants sous-marins je me trouve entraîné par un fort courant qui rendent les promenades en s norkeling sous-marin qui m’empêche de revenir sur moins spectaculaires. D’autant que les parcs mes pas. Je me laisse ainsi dériver sur des de coraux semblent s’éroder avec le temps. centaines de mètres au-dessus de coraux Cela dit, dans les eaux cristallines de Bora jaunes, parfois rehaussés de tons violacés. Bora regorgeant de centaines d’espèces de Ces quelques heures passées sous l’eau poissons plus colorés les uns que les autres, s’avèrent le clou de l’escale de deux jours du pas besoin de maîtriser la plongée en bou- MS Paul Gauguin à Bora Bora. teille. Des promenades en apnée ou même à fleur d’eau suffisent amplement pour dé- Le lendemain, nous faisons le tour de l’île, couvrir ce que plusieurs considèrent comme pas très grande, en vélo, en quelques heures. le plus beau lagon du monde. Précisons qu’il La route qui épouse le contour des côtes est possible de louer sans frais de l’équipe- échancrées de Bora Bora ne fait qu’une ment de snorkeling à la marina du MS Paul trentaine de kilomètres. Des nuages sont Gauguin pour toute la durée de la croisière. agglutinés au sommet du mont Otemanu qui dessine la silhouette si majestueuse de Au gré du hasard, nous évoluons ain- Bora Bora. De temps en temps, ils déversent si au beau milieu d’un banc compact de leur trop-plein sur Vaitape, le principal poissons sergents, ainsi surnommés en village de l’île, et épargnent quelques kilo- raison de leurs barres noires verticales sur mètres plus loin la Pointe Matira, le haut lieu le fond jaune de leur peau. Nous croisons du tourisme cosmopolite. Ou vice-versa. un poisson trompette, tout en minceur et À certains endroits, d’interminables coco- avec une longue bouche effilée, puis une tiers se dressent des deux côtés de la route, raie léopard qui se déplace avec grâce et telles de fières sentinelles. L’abondance de agilité. Soudain surgit mon poisson pré- la flore rend le tour de l’île fort sympathique, féré, la baliste Picasso, aux coloris d’une quoiqu’il y a peu de sites à visiter. Pour moi, diversité inouïe. Tiens, un minuscule pois- c’est clair que l’intérêt de Bora Bora se son bleu presque phosphorescent vient trouve côté lagon! fureter devant mon masque. Par moments, L’ILE AUX ANANAS à la distillerie et à l’usine de jus de fruits Gauguin mouille successivement au cours de Moorea. S’il y a un tour de l’île à faire d’une escale de deux jours. Tout autour Découverte de Moorea, une île au relief acci- parmi les escales proposées par le MS se dressent les pics de Moorea comme denté spectaculaire Paul Gauguin, c’est bien celui de Moorea des remparts naturels. Mais la tempéra- qui offre des paysages formidables. Le fait ture n’est pas toujours de la partie. Les Durant ces deux jours d’escale à Moorea, d’être ancré au beau milieu des baies de excursions sont sporadiquement annu- je me suis gavé de ce que cette île a de Cook et d’Opunohu donne un avant-goût lées en raison de la pluie ou du brouillard. plus succulent à offrir, des ananas sucrés. extraordinaire de ce qui nous attend à Certains choisissent de faire un arrêt au Suffit de s’approvisionner dans les étals de terre. Côté lagon, une palette aveuglante Tiki Village, un endroit qui a acquis une fortune établis sur le bord de la route. J’ai de verts, côté montagne, des pics sombres réputation mondiale après que l’acteur aussi eu l’occasion de goûter à des produits aux sommets tourmentés de plus de mille américain Dustin Hoffman s’y fut marié dérivés comme des confitures, des ananas mètres qui servent de toiles de fond incom- une seconde fois avec son épouse. Les confits enrobés dans du chocolat et cette parables aux passagers du MS Paul Gauguin. mariés arrivent en tenue d’apparat de étonnante eau-de-vie au goût d’ananas à prince et de princesse maori en trônant 30 % d’alcool. La zone la plus spectaculaire de Moorea sur une pirogue fleurie. L’endroit est cen- est sans contredit le Belvédère, un site sé recréer la vie polynésienne d’autrefois. La plupart des versants des montagnes de coup de cœur qui permet d’embrasser Chose certaine, il laisse un souvenir indé- la côte ouest de Moorea sont couverts de du même regard les magnifiques baies lébile aux tourtereaux. ■ ce fruit exquis. Il vaut la peine de s’arrêter de Cook et d’Opunohu où le MS Paul Page-20 | Magazine Croisière Page-21 | Magazine Croisière
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