Mars 2019 - Magazine Croisière

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Mars 2019 - Magazine Croisière
Mars 2019
Mars 2019 - Magazine Croisière
Publié par : Voyage Vasco Inc. 175, rue Louis-Hébert, Mascouche, QC, J7K 0R5
                                                                        4                                   © La reproduction, l’adaptation ou la traduction sans la permission écrite préalable est
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                                                                                                                4                                                     26
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                                                                                                                         Cuisiniers en puissance                                 Une véritable œuvre d’art

                                                                                                                6                                                     28
                                                                                                                         DESTINATION                                             ENTREVUE
                                                                        14                                               Moyen-Orient                                            Maux en mer

                                                                                                              10                                                      31
                                                                                                                         STAR CLIPPERS                                           QUIZ

                                                                                                                         Autant en emporte le vent                               De la Scandinavie à l’Italie

                                                                        22                                    14                                                      32
                                                                                                                         DOSSIER POLYNÉSIE FRANÇAISE                             STAR CLIPPERS

                                                                                                                         Une croisière mémorable                                 Hors des sentiers maritimes

                                                                                                              22
                                                                                                                         PONANT

                                                                                                                         Vie de plaisance

                                                                                                               26
                                                                                           RÉDACTION
                                                                                      Éditeur-fondateur
                                                                                 9317 5396 Québec inc.
                                                                                                                                                                       32
                                                                               175, Louis-Hébert, suite C
                                                                                Mascouche (Qc) J7K 0R5

                                                                                               Publicité
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                                                                                450 474-4240 poste : 236

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                                                                                           Denis Dionne

Chaque voyage a ses Avantages, accumulez vos points et découvrez tous               Parution : Mars 2019
        les privilèges que vous pouvez obtenir avec notre carte

               VOYAGEVASCO.COM/AVANTAGES
                                                                                                                                                                                       Page-3 | Magazine Croisière
Mars 2019 - Magazine Croisière
HOLLAND AMERICA LINE

                                 CUISINIERS EN PUISSANCE

                              Apprendre aux jeunes passagers à cuisiner!
                              Voilà une activité originale proposée par Holland America Line.

                              Les enfants sont concentrés, tous               priés, tout particulièrement des jeux vi-
                              mettent littéralement la main à la pâte         déo. Depuis quelques années, la flotte de
                              durant cette séance spéciale de 45 mi-          Holland America Line fait l’objet de ré-
                              nutes au Centre d’arts culinaires, une          novations majeures au cours desquelles
                              activité destinée tant aux adultes qu’aux       sont ajoutés de nouveaux services et
                              enfants que l’on ne retrouve qu’à bord des      créés de nouveaux espaces publics de di-
                              navires de la flotte de Holland A  ­ merica     vertissement. Entre autres The oasis, une
                              Line. Cette activité à la fois­­instructive     zone exclusive pour les enfants située
                              et ludique permet aux passagers de tous         directement au-dessus du Club HAL qui
                              âges d’apprendre les rudiments de la            abrite notamment une piscine. « Quand
                              cuisine et de préparer différents plats.        le nombre d’enfants est élevé, nous
                              Par exemple, les enfants de moins de            ­formons davantage de groupes et nous
                              huit ans ont l’occasion de ­confectionner        organisons des activités partout dans le
                              des ­biscuits ou des sandwiches à la crème       navire, explique Robert Loeub, respon-
                              glacée, les plus âgés se lancent dans la         sable du Club HAL à bord du Maasdam. Un
                              création de pitas ou de bretzels. Holland        groupe jouera sur le terrain de basketball
                              America Line est réputée être une com-           adjacent à la salle de jeux, tandis qu’un
                              pagnie de croisière surtout fréquentée           autre jouera dans l’une des piscines du
                              par des retraités. Mais de jeunes passa-         navire ou visionnera un film dans la salle
                              gers font leur apparition durant les va-         de cinéma, par exemple. » Et tous se lè-
                              cances scolaires ou estivales. Parfois, ils      cheront les babines non seulement aux
                              ne sont qu’une dizaine, parfois plus d’une       heures de collation et de repas au res-
                              centaine par croisière. Bon an, mal an,          taurant-buffet Lido – il y a un véritable
                              Holland America Line en accueille ainsi          ­attroupement devant le comptoir propo-
                              quelque 25 000 dans l’un ou l’autre de ses        sant une bonne douzaine de desserts –,
                              14 navires.                                       mais aussi au Centre d’arts culinaires de
                                                                                futurs chefs en puissance!
                              Ici, pas de spectaculaire, comme des
                              ­glissades d’eau monstres ou des murs           Solidement accrochés à un harnais,
                               d’escalade d’une hauteur vertigineuse.         quelques braves montent, sous les encou-
                               On mise plutôt sur un encadrement              ragements d’autres passagers, un escalier
                               personnalisé d’enfants réunis en petits        en corde brinquebalant jusqu’à la première
                               groupes. Chaque navire comporte le Club        plateforme du Star Flyer pour une specta-
                               HAL, un espace situé au pont supérieur         culaire séance photo à plus de 50 mètres
                               regroupant deux grandes salles, l’une ré-      au-dessus du niveau de la mer. ■
                               servée aux plus jeunes (3 à 12 ans), l’autre
                               aux plus âgés (13 à 17 ans). Chaque salle
                               comporte une multitude de jeux appro-

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Mars 2019 - Magazine Croisière
DESTINATION MOYEN-ORIENT
                              DÉPAYSEMENT                                       cond circuit commence par longer le golfe
                                                                                ­Arabique, là où se trouvent la mosquée
                              On hésite souvent à voyager dans des ré-           ­Jumeirah ainsi qu’une plage publique si-
                              gions moins familières, car on n’en connait         tuée pratiquement au pied du Burj Al Arab,
                              pas toutes les merveilles. Comme le                 le plus luxueux hôtel au monde, qui ne peut
                              ­Moyen-Orient! Mais si cette région vous a          toutefois être visité que si l’on a, au préa-
                               toujours intrigué et que vous aimeriez en          lable, réservé un forfait repas. Tout à côté
                               apprendre davantage sur ce que cet endroit         de l’hôtel se trouve le parc aquatique Wild
                               vous offre, lisez ce récit de croisière aux        Wadi qui offre des glissades d’eau propul-
                               Émirats arabes unis et à Oman qui se dé-           sant les participants vers le haut! Le se-
                               roule entre environnements traditionnels et        cond circuit se poursuit en direction du
                               décors de science-fiction!                         souk Madinat Jumeirah, un vaste complexe
                                                                                  regroupant plusieurs hôtels, marinas, ca-
                              CITÉ DE LA DÉMESURE                                 naux et plages, ainsi que le Jumeirah Palm
                                                                                  Island, une île que l’on parcourt en bus sans
                              Tour d’horizon de Dubaï. Cette cité futuriste       trop réaliser que sa forme reproduit un pal-
                              qui a surgi du désert en moins de deux dé-          mier géant. Un arrêt est prévu à l’Atlantis
                              cennies est le point de départ d’une croi-          on The Palm, un sosie de l’hôtel Atlantis des
                              sière dépaysante à souhait!                         ­Bahamas. La plage offre une vue incroyable
                                                                                   sur ­Dubaï Marina que l’on aperçoit au loin
                              Nous nous dirigeons vers notre navire, et            hérissé de ses quelque 200 gratte-ciels.
                              malgré ses six voies dans chaque sens,               Nous revenons sur nos pas en emprun-
                              la circulation est bouchonnée sur Sheik              tant cette fois-ci l’artère principale Sheik
                              Zayed Road, la principale artère de Dubaï.           Zayed Road qui épouse le tracé du métro
                              Nous avons tous les yeux levés au ciel alors         aérien à l’allure futuriste et en longeant
                              que défile devant nous une succession                quelques-unes de ses immenses stations
                              ininterrompue de gratte-ciel aux formes
                              ­                                                    qui ressemblent à des vaisseaux spatiaux.
                              extravagantes. On ne peut pas ne pas être            Les amateurs de ski arrêteront au Mall of
                              impressionné par toute cette démesure.               The Emirates qui abrite une station de ski
                              Le plus incroyable, c’est que ce titanesque          intérieure composée de cinq pistes.
                              décor de science-fiction ­n’existait pas il
                              y a moins de deux décennies à peine. La           MEGA SHOPPING
                              ­meilleure façon de découvrir la ville est cer-
                               tainement d’en faire le tour en autobus tou-     Le Dubail Mall! Avec ses 1200 boutiques et
                               ristique. Moyennant quelque 60 $ pour la         ses équipements géants comme un aqua-
                               journée (une dizaine de plus pour deux jours),   rium, une patinoire et un parc d’attraction,
                               le forfait comporte deux trajets, 31 arrêts      c’est l’un des plus grands centres commer-
                               et des commentaires p     ­réenregistrés en      ciaux au monde.
                               huit langues, dont le français. Nous pouvons
                               descendre et remonter à volonté, et de-          Peu importe votre sens de l’orientation, il y
                               meurer le temps que nous voulons à chaque        a de fortes chances que vous vous perdiez! Il
                               arrêt. Cela donne certes une longue journée      faut dire que ce temple de la consommation
                               épuisante, mais riche de découvertes. Le         compte plus de… 1 200 boutiques! Pour vous
                               premier circuit englobe Bur Dubaï et Deira,      donner une idée de ce que cela i­mplique,
                               les deux vieux quartiers de Dubaï séparés        le Carrefour Laval, que tout le monde de la
                               par une crique que l’on peut traverser en        région connait et qui est considéré comme
                               abra, une petite embarcation locale.             le plus grand centre commercial au Québec,
                                                                                compte 300 boutiques…
                              Les arrêts incontournables sont le Al ­Fahidi
                              Fort qui abrite un musée sur la vie tradi-        Les 1 200 boutiques que compte le Dubaï
                              tionnelle dans la région et le vieux souk, qui    Mall ne sont pas non plus de petites bou-
                              fourmille de dizaines de petits commerces         tiques! L’une d’elles est consacrée exclu-
                              débordants de produits locaux. Le se-             sivement aux jouets à caractère aérien et

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Mars 2019 - Magazine Croisière
abrite à l’entrée un cockpit géant d’avion.     tantes, de belles toiles reproduisant sou-        rage. Il est érigé sur une île artificielle reliée
Le guide du Dubaï Mall qui donne la liste       vent la vie nomade des bédouins du désert         à la terre ferme et aux plages environnantes
complète des boutiques fait 22 pages… en        tout proche. Et c’est épuisé d’avoir absorbé      par une passerelle sur laquelle circulent
petits caractères! Le panneau d’orientation     tant d’images fortes que l’on revient au na-      Ferrari, Rolls Royce et autres bolides du
                                                                                                  ­
est si long et si rempli d’informations qu’il   vire pour tomber endormi dans une cabine          genre, ainsi qu’une modeste voiturette de
est presque décourageant de le consulter. Il    étrangement calme, silencieuse et sombre          golf pour transporter les simples quidams
y a beaucoup d’endroits au design incroya-      après une telle expérience.                       comme moi vers la sortie. Le Burj Al Arab
blement chic, audacieux et original, et on                                                        compte 27 étages et 220 suites en duplex
ne parle pas des services et équipements        HÔTEL DANS LE VIDE                                dont les balcons donnent à l’intérieur, à un
annexes dispersés à travers tout le Dubaï                                                         prix de séjour qui laisse pantois : de quelque
Mall… une patinoire de grande dimension,        Incursion dans le Burj Al Arab, le plus luxueux   9 000 à 60 000 dirhams, soit de 2 550 $ à
une chute d’eau d’une hauteur vertigineuse,     hôtel au monde.                                   17 000 $ la nuit. Remarquez, le petit déjeu-
un parc d’attractions pour enfants renfer-                                                        ner est compris, mais pas les taxes munici-
mant maints manèges, un vaste complexe          N’entre pas qui veut au Burj Al Arab. Il faut     pales et les frais de service totalisant 20 %.
de cinémas, un aquarium géant…                  réserver son repas au moins 24 heures à
                                                l’avance, ce que les employés de l’office         L’hôtel le plus luxueux au monde? Difficile de
Ouvert jusqu’à minuit le week-end, le Dubaï     touristique font avec empressement. La            penser le contraire alors que l’on se trouve
Mall, entièrement climatisé, est fréquen-       facture grimpe dans les trois chiffres pour       dans la mezzanine de l’atrium, le plus grand
té par une faune très hétéroclite. Et que       le repas du midi, un buffet toutefois offert      au monde comme de raison, là où nous est
dire de la fontaine extérieure, un endroit là   dans l’environnement encore plus specta-          servi avec maestria ce petit déjeuner inou-
aussi complètement surréaliste. Imaginez,       culaire du restaurant panoramique niché au        bliable en sept services, avec viennoiseries
à raison de 16 spectacles de sons et de lu-     24e étage à quelque 650 pieds au-dessus           et jus de fruits exotiques frais à volonté qui
mières différents par soir, des dizaines de     du niveau de la mer. Entre deux bouchées,         coûte 55 $. Le design des restaurants est re-
fontaines jaillissent, l’eau crée des vagues    on a ainsi une vue en plongée de premier          marquable. Tout particulièrement celui dans
et différentes formes qui semblent danser,      plan sur Jumeirah Palm Island, une gigan-         lequel on entre par un tunnel débouchant
et atteint des hauteurs incroyables. Le tout    tesque île artificielle en forme de palmier       sur un très haut aquarium circulaire. Ou le
avec comme décor de fond le pharaonique         abritant quelque 2 000 villas et condos de        bar japonais que l’on rejoint en empruntant
Burj Khalifa, l’édifice le plus haut du monde   luxe. Une autre possibilité est de réserver       une magnifique entrée aux couleurs noir
avec ses 160 étages tout en rondeurs mé-        à bord du navire une excursion comprenant         jais et argent métallique. Tout en haut se
talliques qui s’élancent dans le ciel à une     ­notamment une halte repas à cet hôtel, une       trouve une immense salle de bal circulaire,
hauteur excédant les 2 600 pieds (presque        solution toutefois encore plus onéreuse, qui     entourée de multiples salles de réunion aux
un kilomètre!).                                  se chiffre à près de 300 $ par personne.         fenêtres panoramiques. Bref, cet hôtel est
                                                                                                  tout simplement unique!
Et ce n’est pas tout. En face du Dubaï Mall     C’est le prix à payer pour avoir le privilège
surgit le Souk AL Bahar, un ensemble de ré-     d’entrer dans le Burj Al Arab, qui, fort de       SPLENDEURS PERSES
sidences, de boutiques, de restaurants et       ses sept étoiles, est considéré comme le
de bars qui méritent le détour. On y trouve     plus luxueux hôtel au monde et aussi le plus      Tour d’horizon d’escales d’une rare originalité
notamment le plus beau restaurant j­ aponais    original, avec sa forme de grande voile élan-
jamais vu ainsi qu’une foule de produits lo-    cée et gonflée par le vent. L’hôtel, devenu       MASCATE. Une belle escale tout à fait                ce dernier quitte deux mois par année pour       tectural aux planchers de marbre cirés sans     quelques minutes de la cohue du centre-
caux faits à partir d’or ou d’argent, des ta-   ­instantanément le symbole visuel de Dubaï,       ­inattendue dans cette superbe ville, la ca-         ratisser le pays et dormir dans de simples       relâche par des employés méticuleux.            ville, qui débouche sur une plage publique
pis plus colorés les uns que les autres, des     au même titre que la tour Eiffel à Paris, par     pitale d’Oman. Quatre palais sont à la dis-         campements afin d’entendre de vive voix                                                          animée.
assiettes et poteries aux couleurs écla-         exemple, apparaît à l’horizon comme un mi-        position du sultan Qabous ben Saïd, que             les doléances de ses sujets. Mascate est         ABOU DHABI. Cet émirat couvre 85 % des
                                                                                                                                                       une ville magnifique composée de trois           Émirats arabes unis et c’est aussi le plus      BAHREIN. Autre pays méconnu situé sur un
                                                                                                                                                       quartiers séparés par de hautes mon-             riche grâce aux revenus tirés du pétrole. À     archipel du golfe Persique. Un arrêt au Craft
                                                                                                                                                       tagnes sur lesquelles sont perchés d’an-         la fin de 2009, Abou Dhabi a allongé sans       Center Al Jazar qui regroupe des artisans
                                                                                                                                                       ciens forts en pierre. Le quartier princi-       trop sourciller 10 milliards $ pour éviter la   provenant de différents villages du pays. On
                                                                                                                                                       pal jouxtant le port se fait bien à pied. On     faillite de Dubaï World endetté de plusieurs    propose aux friands de merveilles d’ingénie-
                                                                                                                                                       déambule sur la longue corniche, puis dans       dizaines de milliards. Trois suggestions :      rie de découvrir le King Fahd Causeway, un
                                                                                                                                                       le souk M­ uttrah et le labyrinthe de venelles   visiter les immenses jardins contenant          pont traversant trois îles artificielles, s’éta-
                                                                                                                                                       qui se déploie dès que l’on quitte l’avenue      quelque 200 fontaines ainsi que les zones       lant sur quelque 25 kilomètres et reliant le
                                                                                                                                                       du front de mer. Dans le quartier gouver-        publiques de l’intérieur du Emirats Palace,     royaume du Bahrein à l’Arabie saoudite. De
                                                                                                                                                       nemental, un trajet d’à peine dix minutes        un hôtel dont la façade fait plus d’un kilo-    leur côté, les amateurs de course automo-
                                                                                                                                                       en taxi, se trouvent ­différents musées, édi-    mètre. Pénétrer dans la mosquée Sheikh          bile peuvent visiter les installations du Ba-
                                                                                                                                                       fices gouvernementaux ainsi que le palais        Zayed d’une blancheur immaculée et d’un         rhein International Circuit qui reçoit chaque
                                                                                                                                                       principal du Sultan surveillé par des soldats    luxe renversant, qui peut accueillir jusqu’à    année les bolides de Formule Un. ■
                                                                                                                                                       armés de m  ­ itraillettes. Le palais trône au   40 000 ­fidèles. Déambuler sur la corniche
                                                                                                                                                       fond d’un impressionnant ensemble archi-         longue de plusieurs kilomètres, située à

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Mars 2019 - Magazine Croisière
STAR ­CLIPPERS

                                  AUTANT EN EMPORTE LE VENT

                               Une croisière à la voile? Parfaite pour les amoureux de la mer qui ont le sommeil lourd et le pied marin!

                               Il se passe décidément des choses              de crabes qui met aux prises cinq vrais
                               bien spéciales à bord du Star Flyer,           crabes sur le pont supérieur du Star
                               l’un des trois navires de la compa-            Flyer. L’ambiance est bon enfant et les
                               gnie Star C   ­ lippers établie à Monaco.      paris fusent avant le départ, qui a lieu
                               La deuxième journée de la croisière,           dans le cadre d’une fête où les costumes
                               les ­ passagers sont invités à aider les       improvisés de pirates sont à l’honneur.
                               membres d’équipage à hisser la voile
                               principale du Star Flyer, un quatre mâts       Certains matins, un marin installe son
                               considéré comme le plus long voilier des       énorme machine à coudre sur le pont supé-
                               temps modernes. Une fois déployés les          rieur, tout à côté du Tropical Bar, le point
                               quelque 3 300 mètres carrés de toile qui       de ralliement extérieur des passagers,
                               ­composent les 16 voiles du Star Flyer,        pour une longue séance de réparation de
                                celui-ci, gonflé par le vent, a vraiment      toiles. Les 72 membres d’équipage et les
                                fière allure.                                 170 passagers du Star Flyer se côtoient
                                                                              ainsi en toute ­   promiscuité sur ce navire
                               Les émotions montent de plusieurs crans        long de 360 pieds et large de 50 pieds.
                               le jour suivant, quand l’activité principale   Naviguer à bord d’un voilier, c’est comme
                               de la journée consiste à escalader le          emprunter une route de campagne parse-
                               mât principal du Star Flyer. Solidement        mée de son lot de surprises, sans se sou-
                               ­accrochés à un harnais, quelques braves       cier de la notion du temps, plutôt que de
                                montent, sous les encouragements              foncer tout droit sur l’autoroute dans l’espoir
                                d’autres passagers, un escalier en corde      de ­respecter un horaire décidemment trop
                                brinquebalant jusqu’à la première plate-      serré. Contrairement aux mastodontes de
                                forme pour une spectaculaire séance           la mer à bord desquels plus de 200 activi-
                                photo à plus de 50 mètres au-dessus du        tés sont proposées toutes les semaines, le
                                niveau de la mer. Pas question ­d’aller       Star Flyer offre la ­contemplation de la mer,
                                plus haut, les deux plates-formes supé-       le f­arniente, la rêverie. Certains vont piquer
                                rieures sont réservées à l’équipage           une sieste littéralement au-dessus de la
                                pour d’évidentes raisons de sécurité. Le      mer en s’installant sur le filet ­suspendu du
                                comble de l’insolite est atteint le lende-    mât du beaupré, qui s’étale au-devant du          Disons-le de suite. Faire une croisière
                                main soir lors de la traditionnelle course    navire.                                           à bord d’un voilier jaugeant à peine
                                                                                                                                2 300 tonnes comme le Star Flyer (ou
                                                                                                                                le navire sœur Star Clipper) s’adresse
                                                                                                                                strictement aux amoureux de la mer
                                                                                                                                qui aiment l’air du large, le contact
                                                                                                                                direct avec le vent et surtout, qui ont le
                                                                                                                                ­sommeil lourd et le pied marin. Car, ici,
                                                                                                                                 point de barres stabilisatrices pour atté-
                                                                                                                                 nuer les effets du roulis et du tangage
                                                                                                                                 quand le vent se lève, comme cela fut
                                                                                                                                 le cas tout au long de la première nuit
                                                                                                                                 de notre croisière au large du nord de
                                                                                                                                 la Corse, un couloir reconnu difficile de
                                                                                                                                 la Méditerranée, une mer elle-même
                                                                                                                                 réputée capricieuse. Le soir suivant sera
                                                                                                                                 plus calme, car le commandant aura eu
                                                                                                                                 la bonne idée de modifier l’itinéraire et

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Mars 2019 - Magazine Croisière
de rejoindre Bonifacio, notre deuxième        mand et en français. Ajoutons que             la piscine du pont supérieur. Se trouve
escale après Calvi, en passant par la         l’équipage est surtout d’origine philip-      aussi sur le dernier pont une seconde
côte est de la Corse, moins exposée aux       pine et indienne, et les officiers, d’ori-    piscine à peu près jamais fréquentée
forts vents.                                  gine ­ukrainienne, polonaise et russe,        et un espace où l’on peut recevoir des
                                              la plupart se montrant plutôt distants        massages thaïlandais. La salle à dîner
« Cela fait partie de l’expérience de la      avec les passagers, quoique certains          se trouve pratiquement sur la ligne de
mer », dira le lendemain matin avec           partageaient la table avec des passa-         flottaison, si bien qu’un simple coup
stoïcisme le maître d’hôtel prénommé
­                                             gers à l’heure des repas. La décora-          d’œil à travers les hublots permet de
Matéo qui a passé l’essentiel de sa vie       tion des trois navires de la compagnie        réaliser à quel point un navire toutes
à bourlinguer sur toutes les mers du          Star Clippers est un hymne à la naviga-       voiles déployées peut filer à vive allure.
monde, qui a travaillé sur des cargos         tion à voile. Les cabines sentent bon le
et paquebots de toutes tailles et qui         bois ciré et le cuir. Les espaces publics     Le premier soir, alors que le navire tangue
préfère de loin les petits navires où un      regorgent de cuivre poli et de dorures        passablement, notre serveur nous explique
certain esprit de famille est possible,       étincelantes ainsi que de lithographies       avec un sourire entendu qu’il remplit nos
plutôt que ces méga bâtiments n’offrant       et de tableaux anciens représentant de        verres d’eau de glaçons afin de les empê-
aucun contact avec la mer. Ce type de         célèbres navires. Les balustrades en          cher de trop glisser sur la surface de la
croisière à la voile et à fortes sensations   acajou et en teck rappellent le riche héri-   table. Je repenserai à ce détail quand plus
a manifestement ses adeptes, puisque          tage nautique.                                tard dans la nuit, de ma cabine située non
la ­ compagnie Star Clippers annonce                                                        loin de la cuisine, j’entendrai de la vaisselle
un taux de fidélisation de 60 %. Lors         Forcément, on a vite fait le tour des         se briser dans un vacarme assourdissant
de notre séjour à bord du Star Flyer à        quatre ponts du Star Flyer. Le premier        alors que la mer est déchaînée. Surprise
la fin du mois de juin, la moyenne d’âge      se compose uniquement de cabines de           totale, le premier soir venu : l’extraordi-
se situait dans la quarantaine avancée,       petite dimension, incluant une microsco-      naire qualité de la table. Différents chaque
voire la cinquantaine. Un dénominateur        pique salle de bain. Le deuxième pont         soir, les menus, en sept services, ont été
commun : pratiquement tous avaient la         abrite aussi une minuscule boutique et le     élaborés en consultation avec un grand
peau burinée, indice d’une vie en plein       restaurant, le plus grand espace public.      chef français, Jean Marie Meulien, honoré
air remplie.                                  Le troisième pont renferme une magni-         de trois étoiles au Guide Michelin.
                                              fique bibliothèque aux chaudes boise-
La langue maîtresse est l’anglais, mais       ries et le Piano Bar, un endroit baigné       Ainsi, en entrée ce premier soir,
les menus et journaux de bord incluent        par la lumière naturelle qui passe au         avions-nous le choix entre un ragoût à
aussi une version intégrale en alle-          travers des hublots installés au fond de      ­l’autrichienne avec sa sauce verte ou un

                                                                                                                                              risotto aux cèpes et au foie de volaille,       La compagnie Star Clippers appartient            Ce nombre chuta à une douzaine au début
                                                                                                                                              suivi d’un potage (crème de carotte par-        à Mikael Krafft, un armateur suédois à           des années 1940 en raison de l’apparition
                                                                                                                                              fumée à l’orange), d’un sorbet, du plat         ­l’histoire étonnante. Dès l’âge de 10 ans       des navires à vapeur, de la prépondé-
                                                                                                                                              principal (soit une darne de mérou à l’es-       il posséda son propre voilier et vogua          rance des chemins de fer et de l’ouver-
                                                                                                                                              tragon et aux tomates, un coquelet avec          dans des zones non dénuées de dan-              ture du canal de Suez. Il n’en existe plus
                                                                                                                                              sauce champagne ou un bœuf stroganoff,           ger. Il devint riche en faisant l’acquisition   que trois aujourd’hui, tous lancés par la
                                                                                                                                              ou encore pour les végétariens, un ragoût        de différentes compagnies maritimes en          compagnie Star ­Clippers (le troisième, le
                                                                                                                                              de légumes et ses croutons à l’ail). Salade,     difficulté financière qu’il sut redresser.
                                                                                                                                                                                               ­                                               Royal Clipper, un 5 000 tonnes, ayant vu le
                                                                                                                                              sélection de fromages et choix entre trois       Au tournant des années 1990, il vendit          jour en l’an 2000). Ces navires sont on ne
                                                                                                                                              desserts complétaient cette fabuleuse            tout pour investir dans la construction         peut plus verts, puisqu’ils n’utilisent leurs
                                                                                                                                              proposition gastronomique. Le matin et le        du Star Clipper, suivi du Star Flyer deux       moteurs que 30 % du temps de navigation
                                                                                                                                              midi, la formule buffet est à l’honneur, là      ans plus tard, en 1992. Ce n’était pas          en moyenne. Bref, voilà une compagnie
                                                                                                                                              aussi avec une grande variété de plats, à        une affaire évidente, puisque ces deux          qui carbure à la passion de la mer et qui
                                                                                                                                              commencer par six délicieuses sortes de          navires étaient les premiers de ce type et      offre une expérience de croisière ponctuée
                                                                                                                                              viennoiseries et cinq sortes de pain pour        de cette taille à voir le jour depuis 1911!     de moments de contemplation, de grandes
                                                                                                                                              démarrer la journée du bon pied. Le ser-         Surnommés les lévriers des mers, les            secousses occasionnelles, d’activités spé-
                                                                                                                                              vice était plutôt décousu, mais fait avec        clippers (du verbe to clip, pour fendre         ciales avec émotions fortes à la clé (pour
                                                                                                                                              plein de bonne volonté et avec le sourire.       la vague) n’ont pas toujours été des            ceux qui le désirent), d’une ambiance
                                                                                                                                              Idée géniale : chaque soir, on présente au       oiseaux rares sur les océans. On en             décontractée et d’une table fabuleuse. ■
                                                                                                                                              Piano Bar les entrées et plats principaux,       compta jusqu’à 160 autour de 1850, qui
                                                                                                                                              un plaisir des yeux qui a pour effet d’ouvrir    servirent au transport de marchandises,
                                                                                                                                              encore plus l’appétit.                           comme le thé de Chine, vers Londres.

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Mars 2019 - Magazine Croisière
DOSSIER POLYNÉSIE FRANÇAISE

                                   UNE CROISIÈRE MÉMORABLE
                                Il y a peu de lieux au monde qui font autant       tour des principales îles p  ­ olynésiennes et
                                rêver que la Polynésie française et qui véhi-      se rend aussi loin qu’en Nouvelle-Zélande
                                culent autant d’images fortes, à commencer         et dans les îles Fidji. P
                                                                                                           ­ eut-être serez-vous
                                par les légendaires v­ ahinés, les lagons verts,   tenté par une croisière de 14 nuits incluant
                               les perles noires… La Polynésie française est       l’archipel des Marquises, cet ensemble d’îles
                               un paradis lointain, à au moins 15 heures de        qui a acquis une réputation mondiale grâce
                               vol d’ici. Elle est également vaste puisque         au peintre Paul Gauguin et au chanteur
                               ses cinq archipels surgissent au beau mi-           Jacques Brel qui y ont élu domicile et termi-
                               lieu de l’océan Pacifique, entre le Chili et la     né leur vie.
                               Nouvelle-Zélande, s’étalant sur un terri-
                               ­
                               toire équivalant à la totalité de l’Europe. La      Paul Gauguin Cruises propose une formule
                               ­meilleure période pour s’y rendre s’étend          pratiquement tout inclus (sauf le spa et les
                                de juin à septembre, sinon la chaleur peut         excursions) : les pourboires, une vaste sé-
                                être accablante. Précisons que la saison des       lection de vins et de spiritueux, toutes les
                                pluies va de décembre à mars.                      boissons, l’accès aux sports aquatiques
                                                                                   ­
                                                                                   (kayak, planche à voile et ski nautique) pra-
                               Embarquez à bord du MS Paul ­Gauguin pour           tiqués à partir de la marina r­étractable si-
                               une croisière mémorable de sept nuits se            tuée à l’arrière du MS Paul Gauguin. Toutes
                               déroulant dans des décors naturels parmi            des prestations qui sont ­    habituellement
                               les plus beaux au monde. Adoptez le rythme          payantes à bord des navires, et fort
                               de vie indolent qui règne à bord de ce navire       ­onéreuses en terre polynésienne française,
                               hors du commun. Partez du port d’attache             ce qui rend la formule de croisière encore
                               de Papeete, la capitale de Tahiti, voguez sur        plus intéressante dans ce coin du monde.
                               les eaux cristallines de l’archipel le plus fré-
                               quenté, celui de la Société, et faites escale       Le MS Paul Gauguin a été lancé en 1998,
                               dans ces îles devenues mythiques que sont           mais il a fait l’objet de rénovations ma-
                               Raiatea, Tahaa, Bora Bora, Moorea et Maeva.         jeures en 2012 au port de Brisbane, en
                                                                                   ­Australie. Les cabines sont particulièrement
                               BIENVENUE EN POLYNÉSIE!                              invitantes avec leurs chaudes boiseries.
                                                                                    ­
                               Récit d’une expérience croisière – été 2010          ­L’ambiance générale se veut décontractée,
                                                                                     le personnel en salle et en cabine se montre
                               Embarquement à bord du MS Paul Gauguin,               sincèrement chaleureux, mais malheureu-
                               un luxueux navire de croisière qui sillonne           sement unilingue anglophone, car originaire
                               le Pacifique à l’année longue et qui recrée la        des Philippines. Les propriétaires du navire
                               légendaire hospitalité polynésienne. Nous             ont clairement le souci de faire découvrir
                               nous apprêtons à regagner le navire après             le mode de vie polynésien. Les couloirs se
                               un après-midi insouciant à folâtrer au motu           voient ainsi tapissés de photos en noir et
                               Mahana, l’îlot privé de la compagnie Paul             blanc illustrant la Polynésie d’autrefois. Un
                               Gauguin Cruises au large de Tahaa, l’une des          coin présente des objets hétéroclites allant
                               principales îles de l’archipel de la Société.         d’hameçons géants en bois à des pièces de
                                                                                     collection, comme un dessin original de Paul
                               Paul Gauguin Cruises possède un seul na-              Gauguin, ce célèbre peintre qui produisit
                               vire, le MS Paul Gauguin, dont elle est pro-          d’éloquents tableaux sur la mythique beau-
                               priétaire depuis 2004 et qu’elle exploite             té polynésienne. Les différents espaces
                               maintenant elle-même depuis le début de               publics sont rehaussés d’œuvres d’art – sur-
                               2010, en ­remplacement de Regent ­Seven               tout des toiles et des sculptures – d’artistes
                               Seas Cruises. Ses itinéraires, qui vont de 7          locaux réputés.
                               à 15 nuits, font saliver. Avec le plus souvent
                               comme point de départ et de retour Papeete,         À l’initiative de la propriétaire d’une galerie
                               la capitale de Tahiti, le MS Paul Gauguin fait le   d’art de Bora Bora, certains sont invités à

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Mars 2019 - Magazine Croisière
bord pour faire découvrir leur talent. Comme      L’Étoile dont le menu change tous les soirs,
Garrick Yrondi, un peintre-sculpteur et           contrairement à celui de La Véranda, l’autre
­portraitiste dont les œuvres puissantes et       restaurant principal du MS Paul Gauguin. Un
 colorées, reproduisant avec originalité l’in-    poisson des îles est ainsi offert chaque soir,
 souciance polynésienne, ont trouvé pre-          dont le fameux mahi mahi. L’avant-dernier
 neur chez les stars de cinéma comme Pierce       soir de la croisière, nous avons même droit
 Brosnan et Nicole Kidman. L’habituelle bou-      à un dîner tahitien, avec comme plat ve-
 tique d’alcool est ici remplacée par Tahia       dette un délicieux homard à la vanille. Des
 Collins, un commerce spécialisé dans les         amis de table, Français d’origine, nous ont
 perles et les bijoux dérivés.                    fait part de leur déception par rapport aux
                                                  vins qui ne se montraient pas à la hauteur
Jaugeant 19 200 tonnes, le MS Paul G  ­ auguin    de la qualité des plats. Précisons qu’il est
accueille à peine 330 passagers, chou-            possible de commander des vins réputés
choutés par pas moins de 210 membres              meilleurs moyennant un supplément et que
d’équipage, un ratio parmi les plus élevés de     la clientèle est majoritairement américaine,
l’industrie des croisières. Une dizaine d’hô-     le reste des passagers provenant surtout
tesses surnommées les Gauguines, sou-             de la France et parfois aussi du Québec (six
riantes, rieuses et espiègles, comme le sont      passagers lors de notre passage, une bonne
la quasi-totalité des Polynésiens au demeu-       cinquantaine, nous a-t-on dit, lors de la croi-
rant, proposent tous les jours des activités      sière précédente).
mettant en vedette un art polynésien, que
ce soit la teinture de paréos ou des leçons       Pour le seul archipel de la Société, Paul
d’ukulélé. Le clou de toute cette efferves-       ­Gauguin Cruises propose plus d’une cin-
cence culturelle s’avère la présentation, le       quantaine d’excursions qui permettent
dernier soir de la croisière, d’un spectacle       de découvrir les beautés de la vie polyné-
mettant en vedette la meilleure troupe de          sienne, tout particulièrement la production
danse de la Polynésie française, qui a raflé de    de perles noires et de vanille, ainsi que la
surcroît maints honneurs à l’étranger.             faune sous-marine. Que ce soit en hélico, en
                                                   catamaran, en jet-ski, en bateau à fond de
La cuisine polynésienne ne se trouve pas en        verre ou en 4 X 4…
reste à bord du navire. Surtout au restaurant

                                                                                                    LES TEMPS MODERNES                               est amarré directement sur le front de mer        cet ­établissement offre un buffet suivi d’un    C’est à pas de tortue que nous décou-
                                                                                                                                                     de Papeete et qu’il n’appareille qu’à 22 h.       spectacle tahitien de grande qualité. On y       vrons les principaux attraits de Papeete,
                                                                                                    Tahiti a la forme d’une tortue, mais le rythme                                                     croise non seulement des passagers du MS         à commencer par la mairie dont l’archi-
                                                                                                    de vie d’un lièvre! Après plus de 15 heures      À la fin de la croisière, nous débarquons en      Paul Gauguin et autres touristes, mais aussi     tecture s’inspire du palais de l’ancienne
                                                                                                    d’avion (Montréal-Los Angeles avec escale,       matinée et nous avons le temps de faire le        des locaux sortant en couple ou en famille.      reine ­Pomare IV. Et par le marché central
                                                                                                    puis vol direct Los Angeles-Papeete d’une        tour de l’île, puisque les avions d’Air ­Tahiti                                                    qui regorge de fruits tropicaux, de paréos,
                                                                                                    durée de huit heures et demie), c’est épuisé     Nui ne décollent pas avant 23 h 30. On peut       Papeete a la forme d’une tortue, mais au         de chemises colorées et de produits d’ar-
                                                                                                    que l’on franchit les douanes avec une tiare     arriver quelques nuits plus tôt ou partir         cours des deux dernières décennies, la tor-      tisanat, comme des chapeaux tressés ou
                                                                                                    à l’oreille qu’une charmante hôtesse nous        quelques jours après la fin de la croisière,      tue s’est muée en lièvre! Impossible au-         des sculptures en bois appelées tiki. Après
                                                                                                    donne, et avec un collier de fleurs odorantes    mais sachez que le prix des hôtels est fara-      jourd’hui de revivre cette savoureuse scène      s’être rafraichis avec un jus de noix de coco
                                                                                                    qu’une représentante de Paul G        ­auguin    mineux, tout particulièrement si vous réser-      au moment de mon premier séjour en 1983 :        bu à même la coquille, nous nous rendons au
                                                                                                    Cruises pose délicatement autour de notre        vez une chambre sur pilotis (par exemple, de      arrivés à destination, le chauffeur du truck     Musée de la perle, non sans avoir emprun-
                                                                                                    cou. Avec Air Tahiti Nui, nous arrivons en       2 300 $ à 3 100 $ selon la période de l’année,    (transport en commun) et moi avions dis-         té – juste à cause du nom – la rue des Poilus
                                                                                                    début de soirée (et non au beau milieu de        repas non compris, pour un forfait de quatre      cuté en pleine rue du général de Gaulle, cau-    Tahitiens. Avant de retourner sur notre hôtel
                                                                                                    la nuit comme avec d’autres compagnies           nuits à Bora Bora, par personne!).                sant un embouteillage sur l’une des princi-      flottant qui nous attend au quai des Paque-
                                                                                                    aériennes). Nous avons donc une nuit non                                                           pales artères de la capitale. Aucun passager     bots, nous nous promenons sur le boule-
                                                                                                    seulement pour récupérer du voyage, mais         Pour notre part, nous avons été accueil-          ne s’était impatienté. Et aucun automobi-        vard du front de mer et nous nous frayons
                                                                                                    aussi pour s’adapter au décalage horaire (six    lis en transit par l’Intercontinental Resort      liste n’avait joué de son klaxon. Aujourd’hui,   un chemin à travers des roulottes servant
                                                                                                    heures de moins que chez nous). Et nous          de Tahiti, un hôtel au luxe suranné et de         les habitants de Papeete s’agitent dans          de cuisines ambulantes qui pullulent dans le
                                                                                                    disposons de la matinée pour découvrir           grande classe qui offre l’incomparable avan-      tous les sens, au mépris de la proverbiale       port de Papeete. Le tour de l’île doit comp-
                                                                                                    Papeete avant d’embarquer sur le MS Paul         tage d’être situé à quelques minutes seu-         langueur tropicale. Des publicités reflètent     ter les arrêts suivants : le Lagoonarium, le
                                                                                                    Gauguin (à partir de 15 h). Nous pouvons en-     lement en navette de l’aéroport, un plus          cette incompréhensible frénésie, dont cette      Musée de Tahiti et des îles, le Musée Paul
                                                                                                    suite retourner sur terre, puisque le navire     après tant d’heures de vol. Trois soirs par       étonnante affiche : « Besoin de décompres-       Gauguin et le phare de la Pointe Vénus. Mais
                                                                                                                                                     semaine, les mercredi, vendredi et samedi,        ser ? Offrez-vous un week-end à Moorea. »

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Mars 2019 - Magazine Croisière
dans un coin tranquille du lagon durant un       pendentif ou des boucles d’oreille en perle
                                                                                                    mois et demi avant de devenir aptes pour         noire, la couleur qui a fait la réputation de la
                                                                                                    la greffe. Dans un abri recouvert de tôle on-    Polynésie française à travers le monde.
                                                                                                    dulée, des employés ouvrent les huîtres
                                                                                                    perlières avec dextérité à l’aide d’un cou-      L’ILE VANILLE
                                                                                                    teau. D’autres greffent la nacre avec une
                                                                                                    précision qui se doit d’être toute chirur-       Rencontre avec des producteurs de vanille
                                                                                                    gicale. À l’aide de trois instruments, le        et de monoï à Tahaa
                                                                                                    greffeur introduit en moins d’une minute
                                                                                                    une petite bille dans la chair de l’huître en-   La vie est paradisiaque sur le motu Mahana,
                                                                                                    trouverte. Chaque greffeur répète machi-         la petite île privée de Paul Gauguin Cruises
                                                                                                    nalement la même délicate opération de           qui propose par ailleurs quelques e­ xcursions
                                                                                                    300 à 400 fois par jour. Taux de réussite :      en matinée pour découvrir Tahaa, une île
                                                                                                    50 % en moyenne. Les huîtres qui rejettent       qui ensorcelle avec sa vanille réputée être
                                                                                                    la greffe sont vendues à des marchands           la meilleure au monde. Tahaa est le théâtre
                                                                                                    de coquillages de nacre pour la fabrication      de quelque 80 % de la production totale
                                                                                                    d’objets décoratifs. L’autre moitié est re-      de vanille de la Polynésie française. On y
                                                                                                    plongée dans le lagon à six mètres de pro-       dénombre plus d’une cinquantaine de va-
la Polynésie française au rythme indolent          abondance, qu’il faut toutefois aller cher-      fondeur durant une autre période de deux         nilleraies et presque tous les habitants
d’antan se trouve dans les autres îles.            cher jusqu’à 25 mètres de profondeur.            ans. Le temps que la nature fasse totale-        possèdent leurs lianes de vanille. Nous
                                                                                                    ment son œuvre en recouvrant la bille de la      rencontrons l’un des grands producteurs
LE TRIANGLE POLYNÉSIEN                             Les perles résultent d’une production de         substance nacrée qui en fait une perle. Au       de Tahaa qui cultive de façon artisanale la
                                                   longue haleine. Les coquillages de nacre         bout de la chaîne, les joailliers de Papeete     précieuse plante de la famille des orchi-
Île moins connue, Raiatea est le berceau de la     sont réunis par groupes dans des filets sus-     rivalisent d’imagination dans la création de     dées depuis des lustres. La fécondation se
civilisation polynésienne. Il y a le bien connu    pendus dans un bassin d’eau durant deux          bijoux de perle qu’ils marient parfois avec      fait artificiellement à la main en mariant à
triangle des Bermudes, et j­ ’apprends mainte-     ans, à l’abri des prédateurs. Ils sont ensuite   l’or, l’argent ou le diamant. Rares sont les     l’aide d’un bâtonnet le pistil et le pollen de
nant l’existence d’un triangle p­ olynésien dont   placés dans des pochettes individuelles          Tahitiennes qui ne s’affichent pas avec un       jusqu’à 3 000 fleurs par jour. Sur cent fleurs,
Raiatea, la première escale de notre croisière,
est le cœur. Les navigateurs ­maoris ont établi
les routes navigables du Pacifique à partir du
fee (pieuvre), dont la tête tombe pile sur Raia-
tea et les huit tentacules sur chacune des îles
composant la Polynésie (Nouvelle-Zélande,
Fidji, Cook, Samoa, Marquises, Australes, île                                                                                                                                                           une trentaine parviendront à maturité, neuf        des pétales de tiare. Après avoir laissé re-
de Pâques et Hawaï).                                                                                                                                                                                    mois plus tard. Elles seront alors récoltées,      poser dix jours, elle met le précieux liquide
                                                                                                                                                                                                        nettoyées et entreposées durant trois mois.        dans de petits flacons à son effigie qu’elle
Raiatea est le berceau de la civilisa-                                                                                                                                                                  Période au cours de laquelle les gousses à la      vend au marché local. Pratiquement toutes
tion polynésienne. L’île a été, au fil des                                                                                                                                                              teinte chocolatée sont séchées chaque jour         les Polynésiennes enduisent chaque matin
siècles, le théâtre de vagues successives                                                                                                                                                               au soleil matinal, puis remises à l’abri dans      leur longue chevelure de ce produit local
de pèlerinages. Des Maoris y venaient                                                                                                                                                                   des linges traditionnels, et ce, jusqu’à ce        de beauté pour la rendre plus lisse. Une
en pirogues doubles d’aussi loin que la                                                                                                                                                                 qu’elles perdent 60 % de leur eau. Le parfum       petite industrie s’est développée autour
Nouvelle-Zélande. Après des mois sur
­                                                                                                                                                                                                       alors incomparable de la vanille embaume de        du monoï, protégée depuis le début des
l’océan, ils atteignaient le marae royal                                                                                                                                                                plus en plus Tahaa.                                ­années 1990 par une appellation contrôlée.
Taputapuatea, un temple maintenant                                                                                                                                                                                                                          Dans la plupart des boutiques, on trouve
en ruines sur lequel ne subsistent que                                                                                                                                                                  On peut se procurer des gousses de va-              des savons, des shampoings et de la gelée
d’énormes blocs de lave et de basalte et                                                                                                                                                                nille joliment réunies dans des tubes               solaire à base de monoï.
qui n’est plus guère fréquenté que par des                                                                                                                                                              transparents ou faits de bambou. Ou
                                                                                                                                                                                                        ­
crabes de terre et des touristes. À l’horizon                                                                                                                                                           acheter ­différents aromatisés à la vanille,       AQUARIUM À CIEL OUVERT
se dressent une dizaine de fermes per-                                                                                                                                                                  comme du rhum ou du café. La femme du
lières sur pilotis qui produisent des perles                                                                                                                                                            ­producteur de vanille, elle, se place devant      Difficile de ne pas perdre la notion du temps
aux doux reflets rosés, verdâtres, bleutés                                                                                                                                                               un bassin contenant du monoï. Il s’agit           dans le lagon de Bora Bora
et argentés. Mais les plus prisées sont les                                                                                                                                                              d’huile extraite de l’amande comprimée du
noires. Bon nombre des fermes perlières                                                                                                                                                                  coco. Selon une recette de sa grand-mère,         Tous les jours en fin de journée, nous voyons
s’avèrent de petites installations familiales                                                                                                                                                            elle râpe de 30 à 40 cocos, fait sécher le tout   à l’horizon des piroguiers s’exercer en vue
ou coopératives implantées à proximité des                                                                                                                                                               au soleil durant quelques heures, ajoute          de courses. Ici, à Bora Bora, ils se prêtent en
zones des lagons où l’on trouve du nacre en                                                                                                                                                              la graisse de deux carapaces de crabes de         plus à un jeu exigeant : suivre les chaloupes
                                                                                                                                                                                                         terre, puis mélange l’étrange mixture avec        du MS Paul Gauguin qui font la navette entre

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la baie de Vaitape, la principale ville de l’île   nous parvenons à distinguer des poissons
                               en face de laquelle le navire est ancré, et la     caméléons tantôt beiges, tantôt gris qui
                               plage réservée aux passagers sur l’un des          se fondent dans leur environnement. Je
                               motus qui ceinturent Bora Bora.                    m’immobilise ­
                                                                                  ­               au-dessus d’un corail et je
                                                                                  vois défiler en quelques instants – en solo,
                               Contrairement à Tahaa la veille, la chaleur en     en duo, en bande – des poissons multico-
                               cette fin du mois d’avril n’est pas suffocante     lores, rayés ou tachetés, qui répètent sans
                               en raison de forts vents. La contrepartie          fin un gracieux ballet sous-marin. Plus loin,
                               est la présence de courants sous-marins            je me trouve entraîné par un fort courant
                               qui rendent les promenades en s­ norkeling         sous-marin qui ­m’empêche de revenir sur
                               moins spectaculaires. D’autant que les parcs       mes pas. Je me laisse ainsi dériver sur des
                               de coraux semblent s’éroder avec le temps.         centaines de mètres au-dessus de coraux
                               Cela dit, dans les eaux cristallines de Bora       jaunes, parfois rehaussés de tons violacés.
                               Bora regorgeant de centaines ­d’espèces de         Ces quelques heures passées sous l’eau
                               poissons plus colorés les uns que les autres,      s’avèrent le clou de l’escale de deux jours du
                               pas besoin de maîtriser la plongée en bou-         MS Paul Gauguin à Bora Bora.
                               teille. Des promenades en apnée ou même
                               à fleur d’eau suffisent amplement pour dé-         Le lendemain, nous faisons le tour de l’île,
                               couvrir ce que plusieurs considèrent comme         pas très grande, en vélo, en quelques heures.
                               le plus beau lagon du monde. Précisons qu’il       La route qui épouse le contour des côtes
                               est possible de louer sans frais de l’équipe-      échancrées de Bora Bora ne fait qu’une
                               ment de snorkeling à la marina du MS Paul          trentaine de kilomètres. Des nuages sont
                               Gauguin pour toute la durée de la croisière.       agglutinés au sommet du mont Otemanu
                                                                                  qui dessine la silhouette si majestueuse de
                               Au gré du hasard, nous évoluons ain-               Bora Bora. De temps en temps, ils déversent
                               si au beau milieu d’un banc compact de             leur trop-plein sur Vaitape, le principal
                               poissons sergents, ainsi surnommés en
                               ­                                                  ­village de l’île, et épargnent quelques kilo-
                               raison de leurs barres noires verticales sur        mètres plus loin la Pointe Matira, le haut lieu
                               le fond jaune de leur peau. Nous croisons           du tourisme cosmopolite. Ou vice-versa.
                               un ­poisson ­trompette, tout en minceur et          À certains endroits, d’interminables coco-
                               avec une longue bouche effilée, puis une            tiers se dressent des deux côtés de la route,
                               raie léopard qui se déplace avec grâce et           telles de fières sentinelles. L’abondance de
                               agilité. Soudain surgit mon poisson pré-            la flore rend le tour de l’île fort sympathique,
                               féré, la baliste Picasso, aux coloris d’une         quoiqu’il y a peu de sites à visiter. Pour moi,
                               diversité inouïe. Tiens, un minuscule pois-         c’est clair que l’intérêt de Bora Bora se
                               son bleu presque phosphorescent vient               trouve côté lagon!
                               fureter devant mon masque. Par moments,

                                                                                                                                      L’ILE AUX ANANAS                                  à la distillerie et à l’usine de jus de fruits   ­Gauguin mouille successivement au cours
                                                                                                                                                                                        de Moorea. S’il y a un tour de l’île à faire      d’une escale de deux jours. Tout autour
                                                                                                                                      Découverte de Moorea, une île au relief acci-     parmi les escales proposées par le MS
                                                                                                                                                                                        ­                                                 se dressent les pics de Moorea comme
                                                                                                                                      denté spectaculaire                               Paul ­Gauguin, c’est bien celui de Moorea         des remparts naturels. Mais la tempéra-
                                                                                                                                                                                        qui offre des ­paysages formidables. Le fait      ture n’est pas toujours de la partie. Les
                                                                                                                                      Durant ces deux jours d’escale à Moorea,          d’être ancré au beau milieu des baies de          ­excursions sont sporadiquement annu-
                                                                                                                                      je me suis gavé de ce que cette île a de          Cook et d’Opunohu donne un avant-goût              lées en raison de la pluie ou du brouillard.
                                                                                                                                      plus succulent à offrir, des ananas sucrés.       extraordinaire de ce qui nous attend à
                                                                                                                                                                                        ­                                                  Certains choisissent de faire un arrêt au
                                                                                                                                      ­Suffit de s’approvisionner dans les étals de     terre. Côté lagon, une palette aveuglante          Tiki Village, un endroit qui a acquis une
                                                                                                                                       ­fortune établis sur le bord de la route. J’ai   de verts, côté montagne, des pics sombres          réputation mondiale après que l’acteur
                                                                                                                                        aussi eu l’occasion de goûter à des produits    aux ­sommets tourmentés de plus de mille           américain Dustin Hoffman s’y fut marié
                                                                                                                                        dérivés comme des confitures, des ananas        mètres qui servent de toiles de fond incom-        une seconde fois avec son épouse. Les
                                                                                                                                        confits enrobés dans du chocolat et cette       parables aux passagers du MS Paul Gauguin.         mariés arrivent en tenue d’apparat de
                                                                                                                                        étonnante eau-de-vie au goût d’ananas à                                                            prince et de princesse maori en trônant
                                                                                                                                        30 % d’alcool.                                  La zone la plus spectaculaire de Moorea            sur une pirogue fleurie. L’endroit est cen-
                                                                                                                                                                                        est sans contredit le Belvédère, un site           sé recréer la vie polynésienne d’autrefois.
                                                                                                                                      La plupart des versants des montagnes de          coup de cœur qui permet d’embrasser                Chose certaine, il laisse un souvenir indé-
                                                                                                                                      la côte ouest de Moorea sont couverts de          du même regard les magnifiques baies               lébile aux tourtereaux. ■
                                                                                                                                      ce fruit exquis. Il vaut la peine de s’arrêter    de Cook et d’Opunohu où le MS Paul

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