PANORAMA DE PRESSE - CGT 27/11/2017 08h22 - Panorama réalisé avec Pressedd - cgt finances publiques
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SOMMAIRE SYNDICALISME (1 article) Cure d'austérité syndicale en vue à la SNCF (675 mots) Les cheminots ne se sont pas mobilisés en masse lorsque ont été la… Page 6 lundi 27 novembre 2017 ACTUALITE SOCIALE (12 articles) Emmanuel Macron ne brutalise pas son budget (1213 mots) lundi 27 novembre Le chef de l'état s'est engagé à la mise en œuvre de nombreuses mesures : « Page 8 2017 module d'enseignement » dans les écoles publiqu… Les discriminations de la vie quotidienne chiffrées (466 mots) vendredi 24 novembre Elle confirme ce que l'expérience du quotidien et quelques initiatives de testing Page 10 2017 nous avaient déjà enseigné, mais, dans ce… Violences faites aux femmes : les syndicats entrent dans le mouvement (996 mots) Page 11 samedi 25 novembre Comment défendre syndicalement une femme victime de violences sexistes et/ou 2017 sexuelles au travail ? Depuis l’affaire Weinst… Les principales annonces de Macron pour l’égalité entre les dimanche 26 novembre femmes et les hommes (964 mots) Page 13 2017 Emmanuel Macron a lancé officiellement la grande cause nationale consacrée à l’égalité entre les femmes et les hommes par un discou… La formation, l’assurance emploi (1823 mots) Face au chômage, Muriel Penicaud, la ministre du travail, pense avoir trouvé la Page 16 lundi 27 novembre 2017 martingale. « La meilleure et la première protectio… Le nombre de demandeurs d'emploi en hausse de 0,2 % en dimanche 26 novembre octobre (610 mots) Page 21 2017 Contrairement à son prédécesseur, Emmanuel Macron a voulu, autant que faire se peut, s'affranchir de la tutelle des chiffre…
Retraites : flottement autour du calendrier (1147 mots) La réforme des retraites, initialement prévue au " premier semestre 2018 ", Page 22 dimanche 26 novembre 2017 pourrait-elle être décalée à 2019 ? Invitée de … Harcèlement sexuel au travail : les syndicats taclent le vendredi 24 novembre gouvernement (551 mots) Page 24 2017 La France est l'un des pays qui ont signé le plus de conventions d… « L'offre raisonnable d'emploi » revient dans le débat (547 mots) Le gouvernement devrait prochainement donner le coup d'envoi à la réforme de Page 25 lundi 27 novembre 2017 l'assurance-chômage. Au menu : l'extension de… Que vaut le plan Macron ? (1581 mots) dimanche 26 novembre RÉACTIONS Les annonces du Président au banc d’essai Militante féministe, Page 26 au samedi 2 décembre sénatrice et ancienne ministre, policière, avocate, psychiatre et médecin légi… 2017 Huit départements veulent tester le revenu de base (962 mots) dimanche 26 novembre SOCIAL Les présidents PS de huit départements annoncent leur engagement pour Page 28 au samedi 2 décembre tester le revenu de base. Ils réfléchissent à des microsimulations sur leur … 2017 Indemnisation des indépendants et des démissionnaires, vendredi 24 novembre bonus-malus sur les contrats courts : les pistes sur la table 2017 (921 mots) Page 30 Nous permettrons à tous les travailleurs d'avoir droit à l'assurance chômage. Les artisans, les … RÉFORME DU CODE DU TRAVAIL (2 articles) Code du travail : le pouvoir syndical à l'épreuve de la loi (1128 mots) samedi 25 novembre Page 33 2017 Le dialogue social dans l'entreprise sort-il renforcé de la réforme du code du travail, comme le proclame l'intitulé des or… Négocier sans syndicats, un défi en solitaire (1054 mots) vendredi 24 novembre Restauration, industrie, gardiennage Laetitia Larquier a navigué pendant deux Page 35 2017 ans dans tous les secteurs d'activité, en deh…
PROTECTION SOCIALE (1 article) Disparition du RSI : ses agents ont le sentiment d'être vendredi 24 novembre « sacrifiés à tort » (1393 mots) Page 38 2017 Derrière le guichet d'accueil de la caisse du régime social des indépendants (RSI) de Rouen, Hawa répond aux questions des… MOUVEMENTS SOCIAUX (2 articles) 16e jour de grève de la faim à Sodexo (757 mots) lundi 27 novembre Abdel, Nathalie et Sébastien dorment sous des toiles de tente, devant le siège Page 41 2017 social de la multinationale française Sodexo… «Dans la sous-traitance hôtelière, c’est de l’esclavage moderne» (1359 mots) Page 42 lundi 27 novembre La grève s’éternise. Depuis plus d’un mois, des salariés d’une entreprise sous- 2017 traitante, Héméra, qui gère le nettoyage de …
N° 22580 lundi 27 novembre 2017 Page 19 675 mots INDUSTRIE & SERVICES—TRANSPORT Cure d'austérité syndicale en vue à la SNCF Le temps dévolu à l'exercice du droit syndical représente 2.200 équivalents temps plein.Les or- donnances Macron devraient en supprimer une bonne partie. Les cheminots ne se sont pas treprise qui compte 180 métiers, la Les prochaines élections profession- mobilisés en masse lorsque ont été proximité des CHSCT est essentielle nelles sont prévues en novembre lancés les mots d'ordre de grève pour bien couvrir les enjeux de sé- 2018, avec entrée en vigueur des contre les ordonnances réformant le curité et de conditions de travail », nouvelles dispositions dans la foulée. Code du travail, et les syndicats de plaide Roger Dillenseger, secrétaire Et la direction, selon les syndicats, la SNCF le regrettent sans doute au- général de l'Unsa-ferroviaire. veut se tenir à ce calendrier. « Il y a jourd'hui. L'application de ces textes apparemment la volonté d'aller vite à la SNCF menace en effet de réduire L'ensemble des heures de délégation pour servir d'exemple aux autres en- drastiquement le nombre d'heures de auxquelles ont droit ces représen- treprises, déplore Roger Dillenseger. délégation dont bénéficient leurs re- tants du personnel représente 1.400 On se dirige vers une attrition des présentants du personnel. équivalents temps plein. A cela moyens syndicaux qui ne va pas dans s'ajoutent les heures de délégation le bon sens, à un moment où le Dans le système actuel, les salariés liées aux instances propres au statut nombre de sujets à traiter par la né- de la SNCF disposent de trois ins- de cheminot et les moyens spéci- gociation sera sans précédent. » tances de représentation : le comité fiques découlant de l'accord d'entre- d'établissement (CE, l'équivalent du prise sur l'exercice du droit syndical. Didier Aubert, secrétaire général de comité d'entreprise dans le privé), les Soit, au total ,2.200 équivalents la CFDT-cheminots, abonde : « Tout délégués du personnel et les comités temps plein. est bon pour faire des économies, et d'hygiène, de sécurité et des condi- la direction a décidé d'en faire sur le tions de travail (CHSCT). Dans ce temps syndical. Cela me paraît à la CE, DP et CHSCT dans groupe de 150.000 salariés, la diver- fois stérile et contre-productif pour sité des activités (transport de voya- une instance unique le dialogue social. » geurs ou de marchandises, gares, en- Or les ordonnances Macron pré- tretien du matériel ou maintenance La CFDT espère encore pouvoir sau- voient la fusion des CE, DP et CHSCT des voies…), couplée au découpage ver les CHSCT à la SNCF : elle pousse dans une instance unique de repré- région par région, a contribué à un le gouvernement à inclure dans le dé- sentation du personnel. L'application foisonnement du nombre d'ins- cret « balai » qui serait en préparation des ordonnances devrait donc, à la tances. En Ile-de-France, par une exception sur ce point dans le SNCF plus qu'ailleurs, réduire drasti- exemple, le groupe compte 6 CE (70 Code des transports. Premier syndi- quement le nombre de représentants élus et autant de suppléants au to- cat du groupe, la CGT estime de son du personnel. tal), un millier de délégués du per- côté qu'il n'est pas établi que les or- sonnel titulaires et suppléants, et 84 donnances Macron s'appliquent aux Pour l'heure, Jean-Marc Ambrosini, CHSCT forts de 468 élus. établissements publics (Epic) comme le DRH, se montre prudent : « Nous la SNCF, ce que la direction semble à sommes en train de prendre connais- Sur l'ensemble du pays, la SNCF dis- l'inverse tenir pour acquis. ■ sance des textes d'application, pose d'une trentaine de comités avance-t-il. Nous nous réunirons en d'établissement, de 300 instances de par Lionel Steinmann décembre avec les organisations syn- délégation du personnel et de pas dicales pour faire un état des lieux de moins de 600 CHSCT. « Dans une en- notre compréhension des textes. » Parution : Quotidienne Tous droits réservés Les Echos 2017 Diffusion : 128 215 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD PV 2016/ E79CD3248560650215E519F0260531007B46DE19B5548D6E8B14D5C 2017 ↑ 6 Audience : 633 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2016
lundi 27 novembre 2017 Page 4 1213 mots VIOLENCES SEXISTES Emmanuel Macron ne brutalise pas son budget Le plan de lutte présenté samedi par le chef de l'état laisse beaucoup d'associations sceptiques. Le financement minimaliste qui l'accompagne ne bouleversera pas un ministère sous-doté depuis des années. L e chef de l'état s'est engagé à la Dans un communiqué publié à la ne respectant pas la loi sur l'égalité mise en œuvre de nombreuses suite de l'intervention du président des salaires, ou encore le choix d'as- mesures : « module d'enseignement » de la République, Osez le féminisme phyxier financièrement les associa- dans les écoles publiques consacré « ! (OLF) « se félicite de cette prise de tions, « à qui l'état demande pourtant à la prévention et à la lutte contre le conscience au plus haut niveau de de prendre en charge les victimes sexisme, le harcèlement et les vio- l'état et de la reprise de certaines de avec de moins en moins de moyens ». lences » (lire ci-contre), formation (ses) revendications, présentées dans Militante et spécialiste des violences des agents du service public, création le cadre de la campagne Osez l'égalité sexistes, Laure Salmona estime, elle dès l'année prochaine d'unités hospi- ! ». Tout va donc pour le mieux ? Pas aussi, que le plan d'Emmanuel Ma- talières pour la « prise en charge psy- vraiment. Dans le même communi- cron laisse « reposer la responsabilité chotraumatique » des femmes vic- qué, l'association féministe poursuit sur la société civile, sur les associa- times de violences et possibilité de : « Seulement, voilà c'était l'occasion, tions de lutte contre les violences porter plainte à l'hôpital, création au lendemain d'un remaniement, faites aux femmes, qui sont exté- d'un « délit d'outrage sexiste » pour d'avoir un ministère plein et entier nuées et qui n'ont pas assez de sub- lutter contre le harcèlement dans des droits des femmes. C'était l'occa- ventions pour fonctionner correcte- l'espace public ou encore fixation à sion, la semaine d'une rencontre avec ment ». 15 ans de l'âge minimal pour le la première ministre polonaise, de consentement et l'allongement de lancer une vraie diplomatie des Car, comme souvent, c'est dans la vingt à trente ans du délai de pres- droits des femmes. C'était l'occasion question des moyens que se cache le cription pour les atteintes sexuelles de créer un cadre de participation de diable. Les associations féministes sur mineurs, l'ensemble des associations œuvrant ont été nombreuses à y voir, comme pour l'égalité. C'était l'occasion de Laure Salmona, « un catalogue de Il y a bien eu les petites maladresses doter enfin la France de moyens et mesures irréalisables sans budget ». trahissant la compréhension bien d'objectifs chiffrés pour une grande OLF renchérit : « Sans financement, faible et l'intérêt très relatif que action publique de réduction des vio- tout plan de communication, de for- porte Emmanuel Macron à la cause lences. » Autant de dossiers cruciaux mation, de sensibilisation, de prise féministe. Il y a les précautions ex- qui resteront fermés. en charge des victimes sera vain. cessives prises par crainte « que nous Nous ne pouvons nous satisfaire des ne tombions dans un quotidien de la Lors du lancement, vendredi dernier, effets d'annonce et des promesses ja- délation ou que chaque rapport de la campagne nationale du PCF mais tenues. » homme-femme ne soit suspect de contre les violences faites aux domination, comme interdit ». Il y a femmes, la sénatrice du Val-de- La question du budget de la lutte le besoin de réaffirmer, comme il Marne Laurence Cohen a dénoncé pour l'égalité et contre les violences l'avait déjà fait à l'occasion de la der- également le double langage gouver- sexistes est récurrente depuis des an- nière Journée internationale des nemental, dont les décisions ré- nées. En 2016, le Haut Conseil à droits des femmes (le 8 mars), son centes vont à l'encontre du discours l'égalité entre les femmes et les credo en « l'altérité profonde entre et des promesses d'Emmanuel Ma- hommes (HCE) regrettait que « le les sexes » et sa crainte de voir « niées cron. Elle rappelle notamment le re- budget alloué au ministère des Droits les différences ». Mais, dans l'en- jet d'un amendement déposé par son des femmes, dans le cadre du pro- semble, le plan gouvernemental ne groupe au projet de loi de finances gramme égalité entre les femmes et devrait-il pas donner satisfaction aux de la Sécurité sociale (PLFSS) visant les hommes , ne soit que de 27 mil- associations ? à pénaliser davantage les entreprises lions d'euros, soit 0,0066 % du budget ↑ 8
général, quand le coût estimé des Emmanuel Macron a aussi « annoncé de l'enseignement supérieur pour fi- violences faites aux femmes est es- » 420 millions d'euros de budget al- nancer des postes d'universitaires qui timé à 2,5 milliards d'euros par an loué à l'égalité hommes-femmes. travaillent sur le genre et d'autres ». L'organisme, placé sous la respon- Une pure illusion pour Caroline De programmes de recherche, ou encore sabilité de Matignon, en pointait les Haas, fondatrice d'OLF. « Ces 420 des dépenses du ministère des Af- conséquences : « Si des politiques en millions sont un chiffre issu de ce faires étrangères pour des projets de faveur de l'égalité sont effectivement qu'on appelle le DPT , document de coopération et de développement à développées par l'état et les collecti- politique transversale, explique celle l'étranger sur l'accès à l'école, à l'eau vités territoriales, les budgets consa- qui était conseillère de Najat Val- ou à l'agriculture bio », détaille Caro- crés aux droits des femmes de- laud-Belkacem en 2012, quand fut line De Haas. meurent, au niveau national comme recréé (de manière éphémère) un mi- local, restreints et insuffisants pour nistère des Droits des femmes de « Tout le monde peut avoir la main la mise en pratique de ces politiques plein exercice. Par exemple, sur sur le cœur, mais, dans les faits, on par les acteur-rice-s de l'égalité. » l'égalité femmes-hommes, le DPT ne voit rien », regrette Laurence Co- liste les dépenses du ministère de hen, qui avait été à l'initiative, en Oui, mais, cette fois-ci, le chef de Marlène Schiappa, mais aussi de l'In- 2013, avec la députée Marie-George l'état l'affirme : le budget du secréta- térieur, de la Santé, des Affaires Buffet, d'une proposition de loi-cadre riat d'état sera augmenté « pour at- étrangères, etc. » Or, ce même budget contre les violences faites aux teindre son plus haut niveau » Si c'est existait déjà l'année dernière. Pas un femmes votée uniquement par les factuellement exact, cette annonce euro de plus n'y sera ajouté. Surtout, parlementaires communistes. Oui, est à prendre avec de très grosses ce budget n'est pas entièrement mais si Macron peut y gagner un ou pincettes : ledit budget passerait en consacré à la lutte contre les vio- deux points de popularité. ■ effet de 29,81 millions d'euros en lences : « On trouve par exemple des 2017 à 30 millions. Une hausse fina- dépenses dans le cadre de la politique par Adrien Roucha- lement minime. de la ville pour favoriser la réussite, leou Et Maud Vergnol notamment des filles, les dépenses Parution : Quotidienne Tous droits réservés L'Humanité 2017 Diffusion : 34 877 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD DSH 2016/ 089E83978990760C354E1730F90F61A17FA6BE108552852EAD72056 2017 ↑ 9 Audience : 372 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2016
vendredi 24 novembre 2017 Page 20 466 mots SOCIÉTÉ RACISME Les discriminations de la vie quotidienne chiffrées Réservation de vacances ou achat d'une voiture, des chercheurs du CNRS confirment les diffé- rences de traitements selon le sexe et l'origine. E lle confirme ce que l'expérience offre avec chacun des six profils, il Pour le reste, l'étude démontre no- du quotidien et quelques initia- devient alors facile de comparer les tamment que vivre dans un quartier tives de testing nous avaient déjà en- différentes réponses que chacun re- populaire rend l'achat d'une voiture seigné, mais, dans ce cadre scienti- çoit. Pour l'étude Diamant, les cher- d'occasion, la réservation d'une fique, l'étude Diamant est inédite. cheurs ont donc répondu à 2 chambre d'hôte ou d'hôtel ou encore Présentée hier par l'association SOS 527 offres sur une année. Soit 15 la souscription d'une assurance-au- Racisme et la fédération de recherche 162 candidatures. tomobile plus complexe. En outre, travail, emploi et politiques pu- l'habitant d'un quartier politique de bliques (Tepp) du CNRS, cette étude Les résultats ne sont pas très éton- la ville paiera cette dernière plus chiffre les discriminations du quoti- nants, mais ils ont l'intérêt d'être cher. On apprend aussi qu'une ori- dien. quantifiés. Dans le domaine du crédit gine africaine fait chuter de plus de à la consommation, par exemple, « moitié vos chances de reprendre une Pour cela, les chercheurs ont créé six Christophe Leroy », 42 ans, résidant entreprise (4,7 %, contre 10,6 % pour faux profils au même parcours (pré- dans un quartier « neutre », obtient un individu d'origine française). caire, en cours de réorientation dans 65 % de réponses positives, quand « le secteur du commerce), mais dif- Laura Durand », elle aussi résidente Une prochaine étude sur le même férant sur quatre paramètres : âge, d'un quartier sans mauvaise réputa- principe, mais concernant l'accès au sexe, origine et lieu de résidence. Les tion, 22 ans, ne se voit proposer un logement, doit être menée dans les candidatures de ces individus fictifs crédit que par 30 % des établisse- prochains mois. Et pourquoi pas ima- ont ensuite été testées dans sept do- ments. C'est encore plus compliqué giner que Jean-Michel Blanquer en maines de la vie quotidienne : forma- pour « Grâce Goudiaby », similaire en commande une concernant l'école, tion professionnelle ; achat d'une tout point à Laura Durand, à la diffé- lui qui ne croit pas que le racisme y voiture d'occasion ; assurance-auto- rence notable de son patronyme tra- existe aussi ? ■ mobile ; complémentaires santé ; hissant une origine africaine. Cette crédit à la consommation ; reprise seule différence fait chuter le taux de par Adrien Rouchaleou d'entreprise et hébergement touris- réponses positives 10 % en dessous tique. En répondant à une même de celui obtenu par sa congénère. Parution : Quotidienne Tous droits réservés L'Humanité 2017 Diffusion : 34 877 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD DSH 2016/ 3497730183C04908750815C0260961247BE6A312155F8AEEBCDFE1A 2017 ↑ 10 Audience : 372 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2016
N° 11354 samedi 25 novembre 2017 Édition(s) : Principale Page 18 996 mots FRANCE Violences faites aux femmes : les syndicats entrent dans le mouvement Cellules de veille, formations, actions en justice… Longtemps en retrait sur le sujet des violences faites aux femmes, les centrales se disent prêtes à dégainer. C omment défendre s’énerve Sabine Reynosa, membre du compte 49 % d’adhérentes. Il y a de syndicalement une femme vic- collectif confédéral Femmes-Mixi- plus en plus de femmes pour représen- time de violences sexistes et/ou té.La grande priorité syndicale a tou- ter le personnel. La mise en place de sexuelles au travail ? Depuis l’affaire jours été l’égalité salariale, parce que la mixité proportionnelle dans les ins- Weinstein et le mouvement de libé- la faute incombe aux patrons et qu’il tances représentatives dans l’entre- ration de la parole des femmes qui a est facile de taper dessus. Les violences prise [effective au 1er janvier 2017, suivi, impossible pour les syndicats sexistes et sexuelles, elles, concernent ndlr] va dans ce sens. Cela permet français de ne pas se poser la ques- tous les acteurs du monde du travail… d’appréhender les sujets différem- tion. Mercredi dernier, à la Bourse du Et puis, c’est un combat culturel, alors ment». Mais des marges de progrès travail de Paris, la CGT rassemblait on a du mal à remettre en question nos existent. Le syndicalisme reste très 150 de ses militantes (et quelques di- propres pratiques.» masculin et les femmes, là aussi, ont zaines de militants) en vue d’explorer encore du mal, à briser le plafond de les solutions de lutte contre le harcè- Côté CFDT, on jure aussi que le sujet verre. lement et les agressions sexuelles au est sur la table depuis longtemps. Se- sein des entreprises et des services lon le guide «Prévention des vio- Pour poursuivre le combat, la CFDT publics. La veille, la CFDT avait orga- lences sexistes et sexuelles au tra- multiplie les «journées de travail» et nisé à son siège un rassemblement vail», publié en juin par la centrale, les outils de formation des syndica- autour de la même problématique. Et c’est «au début des années 70 que dé- listes. En décembre 2016, la CGT a, une semaine plus tôt, les deux cen- bute une réflexion spécifique». «Mais la de son côté, créé une «cellule de trales adressaient, avec la CFTC et première vraie prise de conscience date veille» expérimentale pour accompa- FO, une lettre au Premier ministre de 2009», reconnaît Marie-Andrée gner les victimes de violences pour lui demander d’accepter qu’une Seguin, secrétaire nationale en sexistes et sexuelles au sein même de place spécifique soit accordée aux charge de l’égalité de la CFDT. La la confédération. La sanction pour femmes au sein de la norme sur «les centrale peine alors à faire monter l’agresseur peut aller jusqu’à l’exclu- violences dans le monde du travail» en des femmes à des postes de responsa- sion et le retrait de mandat. Sophie cours de négociations avec l’Organi- bilité et cherche à identifier les blo- Binet, dirigeante de la confédération sation internationale du travail. Au- cages dans les entreprises. Le harcè- en charge de l’égalité entre les tant d’initiatives marquent-elles un lement sexuel en fait partie. Avant femmes et les hommes : «On se doit certain réveil des syndicats ? Faux, cela ? «Au niveau confédéral, nous d’être exemplaires. On ne peut pas dis- répondent les intéressés, qui as- n’avions pas de visibilité, cela ne re- tribuer à 30 000 entreprises des fasci- surent batailler depuis des années montait pas. Dans les entreprises, cules qui listent les outils à mettre en contre le fléau. Avec des succès à c’était au cas par cas.» Difficile à place pour combattre les violences au nuancer. l’époque, estime la syndicaliste, de travail [une action de 2015, ndlr] et faire émerger ce sujet lié à «l’intime» faire comme si la CGT n’était pas «Tabou des deux côtés» : «Les femmes ne venaient pas se concernée par le problème en interne.» plaindre. Du côté des syndicalistes, «C’est injuste de dire que la CGT ne certains ne voyaient pas le mal. Il y «Arsenal juridique» s’intéressait pas aux violences sexistes avait un tabou des deux côtés. Et puis et sexuelles avant ce scandale holly- on ne savait pas faire.» Depuis, il y a Mais pour Sophie Binet, «on a beau woodien. Je suis arrivée en 1992 et eu «un bond spectaculaire», assure-t- mettre en place des dispositifs et signer c’était déjà un combat qui faisait elle, notamment grâce à la féminisa- des accords [le dernier accord natio- consensus au sein de l’organisation, tion du monde syndical : «La CFDT nal interprofessionnel sur le sujet ↑ 11
date de 2010, ndlr], tant qu’on ne dis- ailleurs que le projet de réforme du ment des victimes.» Malgré leurs ef- posera pas d’un arsenal juridique com- code du travail réduise les moyens forts, difficile donc pour les syndicats plet, les choses évolueront trop lente- des syndicats, notamment ceux du d’apparaître comme les bons inter- ment». C’est pourquoi la CGT réclame comité d’hygiène, de sécurité et des locuteurs. Ce que confirme Frédéric des mesures spécifiques au monde du conditions de travail (CHSCT) chargé Paré, conseiller prud’homal à Paris : travail dans le projet de loi contre les de la «prévention en matière de har- «Je vois très peu d’affaires portées par violences sexistes et sexuelles, pro- cèlement sexuel et de harcèlement mo- les syndicats.» Selon lui, les victimes, mis pour 2018 par le gouvernement. ral». Fusionné avec les autres ins- «pas assez à l’aise pour parler libre- Exemples : instaurer de nouveaux tances représentatives du personnel, ment de leur vécu dans leur entre- droits pour la protection des victimes il pourrait, selon la CGT, voir ses pré- prise», préfèrent demander de l’aide (selon une enquête de l’Ifop, 40 % rogatives fondre. à l’Association européenne des vio- d’entre elles estiment que le règle- lences faites aux femmes au travail ment de leur entreprise leur a été dé- Autre outil à disposition des syndi- (AVFT). «Elles veulent s’extraire de la favorable suite à leur prise de parole), cats : la faculté de mener des actions structure. D’ailleurs, les syndicats l’ont renforcer le rôle et les moyens de en justice en faveur d’un salarié, et compris et orientent de plus en plus les l’inspection et de la médecine du tra- ce avec son accord. Mais cette pos- victimes vers l’AVFT.» ■ vail, ou encore sanctionner les em- sibilité reste très peu utilisée, selon ployeurs qui ne font pas de préven- Marie-Andrée Seguin, de la CFDT. Et par Amandine Cailhol et Anaïs Mo- tion (plus de 82 % des entreprises, pour cause : «Dans bien des cas, il ran d’après l’Ifop). La centrale craint par n’est pas évident d’obtenir l’assenti- Parution : Quotidienne Tous droits réservés Libération 2017 Diffusion : 75 824 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD PV 2016/2017 2b9b631486f0670ba55016d0d705412873b68c18e59c82f837b2517 ↑ 12 Audience : 961 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2016
dimanche 26 novembre 2017 964 mots POLITIQUE Les principales annonces de Macron pour l’égalité entre les femmes et les hommes Emmanuel Macron a lancé officiellement la grande cause nationale consacrée à l’égalité entre les femmes et les hommes par un discours prononcé à l’Elysée, samedi 25 novembre, Journée mondiale de lutte contre les violences faites aux femmes. Lors d’un moment qui se voulait solennel, le président de la Répu- blique a observé une minute de silence pour les 123 femmes tuées par leur conjoint ou ancien conjoint en 2016. M. Macron a ensuite détaillé ses « trois priorités » pour les cinq prochaines an- nées : « l’éducation et le combat culturel en faveur de l’égalité », un « meilleur ac- compagnement des victimes » et un « renforcement de l’arsenal répressif ». Le chef de l’Etat a présenté un état des lieux des violences faites aux femmes en France, évoquant un « sentiment d’horreur et de honte », suscité par « cette immense libération de la parole » – « en un an quelque chose s’est passé ». « C’est notre société entière qui est malade du sexisme », a-t-il déclaré, regrettant que de nombreuses femmes n’osent pas encore « parler », restant « dans le camp de la honte ». Le président a rappelé qu’une femme meurt tous les trois jours en France sous les coups de son conjoint ou ex-conjoint, avant de proposer « d’opposer à ces actes le silence vibrant du respect ». Le budget du secrétariat d’Etat à l’égalité entre femmes et hommes aug- menté Alors qu’une polémique avait émergé durant l’été sur une baisse du budget du secrétariat d’Etat à l’égalité entre les femmes et les hommes, M. Macron a assuré qu’il serait finalement augmenté, pour « atteindre son plus haut ni- veau ». « Les crédits dédiés à la lutte contre les violences faites aux femmes ont déjà été augmentés de 13 % et seront sanctuarisés », a-t-il détaillé. Et il compte al- louer 420 millions d’euros en 2018 pour défendre l’égalité entre les femmes et les hommes. La militante féministe Caroline De Haas, qui avait lancé un mouvement pour demander à M. Macron un « plan d’urgence » contre ces violences, a tempéré la portée de l’annonce du chef de l’Etat en assurant que cette hausse du budget n’était pas significative. L’éducation et le combat culturel Le président de la République considère que l’éducation est « le principal le- vier » pour lutter contre le sexisme, considérant que « l’école a un rôle indis- pensable ». Sur ce volet, M. Macron a annoncé la mise en place, dès 2018, d’un « module d’enseignement » dans toutes les écoles du service public consacré « à la prévention et à la lutte contre le sexisme, le harcèlement et les violences » faites ↑ 13
aux femmes. Au-delà de l’éducation des plus jeunes, le chef de l’Etat considère qu’il s’agit de sensibiliser à cette question tout au long de la vie : « Dès 2018, un grand plan de formation initiale et continue sera déployé dans le secteur public, avec une at- tention particulière portée sur la formation des cadres. » Les professionnels de la petite enfance seront par ailleurs formés pour lutter contre les représentations sexistes dès le plus jeune âge. M. Macron veut aussi « étendre les pouvoirs du Conseil supérieur de l’audiovisuel [CSA] » en 2018 pour qu’il régule aussi les vidéos sur Internet ou encore les jeux vidéo pour lutter contre « les contenus qui peuvent fragiliser ou conduire à la violence contre les femmes ». Evoquant notamment la pornographie sur Internet, accessible aux enfants, il a dit qu’« en 2018, nous devons repenser le cadre de notre régulation des conte- nus, en particulier les contenus audiovisuels en prenant en compte l’évolution du numérique et afin d’étendre les pouvoirs de régulation du CSA » pour ce « contrôle indispensable sur tous les contenus qui peuvent conduire à la violence contre les femmes ». Accompagnement des victimes « Dès 2018 » devrait être créées des unités hospitalières pour la « prise en charge psychotraumatique » des femmes victimes de violences. Le chef de l’Etat précise que ces soins psychotraumatiques liés aux violences seront « pris en charge par la Sécurité sociale ». La préservation des preuves dans les unités mé- dico-judiciaires des hôpitaux sera par ailleurs rendue possible, même si la per- sonne ne souhaite pas déposer plainte. Le président compte également mettre en place un signalement en ligne pour les victimes de violences, de harcèlement ou de discriminations. Les victimes pourront, de chez elles, échanger sous la forme d’une « discussion interactive, avec des policiers ou des gendarmes formés et disponibles 24 heures sur 24 et sept jours sur sept ». Pour faciliter la libération de la parole, M. Macron veut donner la possibilité aux victimes de porter plainte dans les lieux de prise en charge, y compris les hôpitaux. Il assure également que le harcèlement au travail sera désormais une priorité de l’inspection du travail. Renforcement de l’arsenal répressif Dans le cadre du projet de loi contre « les violences sexuelles et sexistes » qui doit être débattu en 2018, le président a proposé plusieurs mesures. « Par conviction intime », M. Macron a notamment plaidé pour fixer à 15 ans l’âge de consente- ment minimal à un acte sexuel, un sujet « de grande sensibilité » relancé récem- ment par plusieurs décisions de justice. « J’ai une conviction personnelle que je veux vous partager. Nous devons aligner l’âge de consentement sur celui de la majorité sexuelle, à 15 ans, par souci de co- hérence et de protection des mineurs », a déclaré M. Macron à l’Elysée. ↑ 14
Par ailleurs, les délais de prescription pour les victimes mineures de violences sexuelles devrait passer de vingt à trente ans et inscrit « dans le futur projet de loi sur les violences sexuelles ou sexistes, présenté en 2018 ». Le chef de l’Etat a également confirmé la création prochaine d’un « délit d’ou- trage sexiste » punissant le harcèlement de rue, qui sera « verbalisable immédia- tement pour un montant dissuasif ». Ce délit sera une des priorités de la future police de proximité, a-t-il ajouté, déclarant que « les femmes ne peuvent pas en République avoir peur de sortir » et que « la rue ne peut pas être leur enfer quoti- dien ». Concernant le cyberharcèlement, des « modifications législatives » sont atten- dues dès 2018 pour « poursuivre ceux qui agissent sur Internet pour harceler », au côté d’une application numérique pour les victimes. La secrétaire d’Etat chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes Marlène Schiappa et Emmanuel Macron à l’Elysée, le 25 novembre. La secrétaire d’Etat chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes Mar- lène Schiappa et Emmanuel Macron à l’Elysée, le 25 novembre. LUDOVIC MARIN / AFP par Par Parution : Quotidienne Tous droits réservés http://www.lemonde.fr 2017 ↑ fe96a3be8640150265501f205c0ad19971a6b51145ea81a0b226af7 15
lundi 27 novembre 2017 1823 mots ÉCONOMIE La formation, l’assurance emploi Face au chômage, Muriel Penicaud, la ministre du travail, pense avoir trouvé la martingale. « La meilleure et la première protection contre le chômage est la com- pétence,et le premier levier pour la compétence, c’est la formation », a-t-elle affir- mé le 25 octobre. Un postulat qui retrouve une actualité forte en ces temps de reprise, sur fond de révolution numérique. La ministre vient donc de donner le coup d’envoi d’une vaste réforme de la formation professionnelle, de l’appren- tissage et de l’assurance-chômage. Objectif : une adoption définitive « avant la fin de l’été 2018 ». Mais, s’il y a urgence à réformer, il convient de lever une ambiguïté : la forma- tion en soi ne crée pas d’emploi. En revanche, la qualification qu’elle apporte est la meilleure des protections contre le chômage. Les statistiques parlent d’elles-mêmes : l’armée des chômeurs est constituée de façon écrasante par des non-qualifiés. « J’étais complètement à la ramasse » Le taux de chômage des jeunes non diplômés interrogés cinq ans après leur sortie de l’école par le Centre d’études et de recherches sur les qualifications (Céreq), en 1997 puis en 2015, a bondi de 28 % à 42 %, quand celui des diplô- més du secondaire est passé de 15 % à 16 %, et celui des diplômés du supérieur est resté stable, à 7 %. Les conclusions de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) sont encore plus brutales : les bac + 2 sont quasiment au plein-emploi, avec un taux de chômage de 5,7 % en 2016, contre près de 18 % pour ceux qui n’ont pas le bac. Toutefois, le chemin qui mène de la formation à l’emploi n’emprunte pas tou- jours la ligne droite. Antoine Ferchaud, 33 ans, a toujours voulu être ébéniste. Pourtant, ses professeurs de troisième puis de seconde lui déconseillent l’ap- prentissage. Il prend tout de même le risque et rejoint la filière profession- nelle. Mais, faute de trouver un employeur en ébénisterie, il se réoriente vers la me- nuiserie industrielle ; et l’apprenti est embauché par le fabricant de meubles Gautier. « Tout était numérisé, à la chaîne ; le travail artisanal, il fallait oublier, regrette-t-il. Or le côté manuel du métier me manquait. » C’est pourquoi il dé- missionne et signe un contrat de qualification chez Guérin Bremaud, un arti- san menuisier connu pour travailler majoritairement avec des compagnons du devoir. Mais sa formation est insuffisante par rapport au niveau de compétences exi- gé. « J’étais complètement à la ramasse, se souvient-il. Ce n’était satisfaisant ni pour moi ni pour le patron. » C’est l’échec. Après huit mois d’intérim, il retrouve finalement un CDD de quatre mois en menuiserie stratifiée chez OCF, qui se transforme en CDI. Un mois après avoir signé son contrat, l’employeur lui pro- pose de partir en Espagne avec un collègue pour se former à des techniques ↑ 16
innovantes. Cette formation lui permet enfin de renouer avec un travail manuel créatif et d’avancer vers son objectif professionnel : « On a travaillé en binôme pendant quatre, cinq ans, on s’est fait la main. Les commandes ont suivi et OCF a créé un “pôle thermoformage”. Puis on a transmis nos connaissances à l’équipe, que je dirige aujourd’hui et qui compte huit personnes : 3 CDI, 2 CDD et 3 intérimaires, se félicite-t-il. Je n’aurais pas pu aspirer à un poste de manageur si je n’avais pas voulu me former aux nouvelles techniques. » La formation, un peu sinueuse, d’Antoine a finalement sécurisé son parcours professionnel. Loin d’être la panacée Première étape de la formation professionnelle dès l’école, la formation par apprentissage a prouvé son efficacité pour rejoindre le marché de l’emploi, au point d’être identifiée comme un axe prioritaire. « Sept mois après la fin de leur apprentissage, 69 % des anciens apprentis sont en emploi », rappelle le ministère du travail, qui évite soigneusement de parler du taux d’abandon. Le jeune An- toine Ferchaud a fait partie des 69 % : « Après mon CAP et mon BEP en alter- nance dans une entreprise qui, au bout d’un an, a déposé le bilan, j’ai poursui- vi l’apprentissage jusqu’au bac pro et j’ai été embauché directement en CDI chez Gautier. » Mais l’efficacité de la formation qualifiante varie selon qu’il s’agit d’entrer sur le marché du travail ou de maintenir un salarié en emploi. Si l’apprentissage a fait ses preuves dans le premier cas, pour ceux qui n’ont pas eu la chance d’An- toine, et qui se retrouvent au chômage, les choses se corsent. Selon Pôle em- ploi, 42,8 % des chômeurs ayant suivi une formation en 2014 étaient toujours au chômage six mois plus tard. La formation est donc loin d’être la panacée pour les chômeurs. Mais son im- pact n’est pas nul pour autant. Bruno Ducoudré, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), estime même que « la qualifi- cation des jeunes sortis du système éducatif sans diplôme ainsi que la requalifi- cation des demandeurs d’emploi de longue durée pourraient favoriser une baisse du chômage structurel », qu’il évalue « entre 0,02 et 0,05 point par an ». Un bilan maigre mais positif. Au niveau individuel, il précise qu’« avec une formation la probabilité de retour à l’emploi bénéficie d’une hausse de près de 7 % : + 6,6 % à moyen terme et + 6,7 % à long terme (2 à 3 ans) ». Cette évaluation a été réalisée dans le cadre d’une étude d’impact du Plan d’investissement compétences (PIC), annoncé pour ac- compagner la réforme. Doté de 15 milliards d’euros sur cinq ans, il est présen- té comme « un effort sans précédent de formation », qui cible 1 million de de- mandeurs d’emploi de longue durée et 1 million de jeunes sans qualification. Il « sera engagé dès l’année prochaine », promet le document d’orientation de la réforme, transmis aux partenaires sociaux le 15 novembre. « Un enjeu pour l’employabilité » En revanche, l’impact des formations des salariés sur le maintien en emploi n’a pas été chiffré. Qu’il s’agisse d’une formation d’adaptation au poste ou à de nouvelles technologies, comme en a bénéficié Antoine Ferchaud chez OCF, ou ↑ 17
encore d’une formation pour gagner en autonomie (langue étrangère, culture générale, « savoir-être »), il n’y a pas d’évaluation. « On sait qu’elle profite es- sentiellement aux plus qualifiés, qu’elle a un effet positif sur la productivité et qua- si nul sur les salaires », indique Bruno Ducoudré. L’Association pour l’emploi des cadres (APEC) affirmait récemment à propos des nouveaux besoins créés par la transformation numérique que « la forma- tion continue est un enjeu pour l’employabilité ». D’ailleurs, pour justifier la ré- forme, Muriel Pénicaud souligne que « 50 % des emplois seront profondément transformés dans les années qui viennent ».Le Conseil d’orientation pour l’em- ploi (COE) a diagnostiqué « une pénurie croissante de compétences expertes dans les nouvelles technologies, évaluée à 80 000 emplois d’ici à 2020 pour les seules technologies de l’information et de l’électronique », dans son rapport « Automa- tisation, numérisation et emploi ». Pour réaliser cet objectif d’adaptation, la réforme en débat dessine trois axes : que les salariés puissent prendre en main leur formation pour suivre les évo- lutions technologiques ; que l’organisation de la formation professionnelle ré- ponde aux besoins des entreprises ; et, enfin, que le système soit plus transpa- rent. L’objectif de maintien en emploi par adaptation à l’évolution des métiers s’ap- puie sur les pratiques des entreprises. « Dans un contexte de transformation, mis à part les décalages très forts entre l’offre et la demande de qualifications, l’axiome de base est que la population existante va avoir les capacités à s’adapter », té- moigne Rémi Legrand, le président de Consult’in France, cabinet de conseil en stratégie et management. « Ainsi, entre 2015 et 2017, une grande banque fran- çaise a converti des administratifs et des commerciaux, qui étaient moins néces- saires dans les agences, afin de renforcer les effectifs sur le contrôle des données clients. La formation a, dans ce cas, permis de maintenir l’emploi », ajoute-t-il. Mais c’est loin d’être toujours le cas. Inégalité des salariés face à la formation Autre faille du système actuel de maintien dans l’emploi : les salariés ne sont pas égaux face à la formation professionnelle.Seuls 37 % des ouvriers en em- ploi ont accès à la formation professionnelle, contre 51 % de l’ensemble des salariés, indique l’Insee. Et la décision de former un salarié tient essentiel- lement à la volonté de l’employeur. Un dispositif de formation autonome, comme le compte personnel de formation (CPF), aurait éventuellement permis à Patricia Gazeau, 54 ans, de progresser plus vite dans sa carrière. Cette ouvrière d’une PME industrielle est restée dix ans sans pouvoir bénéfi- cier de formation professionnelle. « Les formations n’existaient pas sous l’an- cienne direction », explique-t-elle. La formation professionnelle lui a permis, depuis le rachat de l’entreprise, de gravir les échelons et de devenir respon- sable des achats et du transport. Le CPF s’impose comme le dispositif majeur de cette réforme pour développer l’individualisation. « Il peut devenir un instrument de sécurité sociale profession- nelle, puisqu’il peut aussi être le moyen de se reconvertir, mais pas dans sa forme actuelle », estimeRené Bagorski, président de l’Association française pour la réflexion et l’échange sur la formation (Afref). Ce droit de formation universel ↑ 18
attaché aux personnes, entré en vigueur en 2015, est « resté un illustre incon- nu », déplore M. Bagorski. Notamment parce que le compte n’est crédité qu’à condition d’être déjà en emploi, et que seules les formations certifiantes et inscrites sur des listes élaborées par les partenaires sociaux sont éligibles. L’esprit de la réforme est de recentrer l’organisation de la formation autour des besoins de l’entreprise. Mais comme tout dispositif de formation, si « le CPF doit d’une part répondre aux besoins de l’économie, il doit d’autre part contri- buer à l’autonomie des individus tout au long de leur vie. Il ne doit pas uniquement servir à une adaptation au poste de travail », insiste M. Bagorski. Il faut une certification reconnue Encore faut-il que la formation aboutisse à une certification reconnue. Faute de quoi,des métiers ne trouvent pas de candidats. « Il n’y a, par exemple, pas de formation spécifique en consolidation comptable ou sur les métiers de la trésorerie. Ces fonctions s’apprennent en poste, comme beaucoup de fonctions de la finance d’entreprise », remarque Pierre-Gilles Bouquet, le PDG de Voluntae, un cabinet de recrutement spécialisé dans la finance. Sécuriser le parcours professionnel passe aussi par l’accès aux formations de « savoir-être » (compétences relationnelles, postures politiques dans une or- ganisation, etc.) et aux formations longues. L’Afref suggère d’attribuer un ca- pital formation de base sous forme de crédit de 900 heures pour chaque actif (contre un plafond actuel de 150 heures), dont « la moitié pouvant être utilisé en coconstruction avec l’employeur, qui doit l’abonder, pour répondre aux besoins de l’entreprise ou de l’économie, les 450 heures restantes pouvant être utilisées à des fins personnelles pour préparer une reconversion ». Les négociations viennent de commencer avec les partenaires sociaux. Sur les cinq points mis en débat (le compte personnel, la formation des personnes éloignées de l’emploi, l’implication des entreprises, l’apprentissage, le finan- cement et la qualité des formations), la disparition du congé individuel de for- mation (CIF) fait déjà grincer des dents. La remise de copie est prévue pour la mi-février. On saura alors si le texte sera à la hauteur de l’enjeu : sécuriser les carrières dans un paysage de l’emploi toujours plus mouvant. Antoine Ferchaud, qui, dès le collège, était « acteur » de son parcours, tire un bilan positif de la formation : « Même quand elle ne mène pas à l’emploi, il en reste toujours quelque chose », témoigne le jeune ébéniste. Il lui aura toutefois fallu près de dix ans pour obtenir et la qualification et l’emploi d’ébéniste. ↑ 19
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