NEW SETTINGS ARTS DE LA SCÈNE - Fondation d'entreprise Hermès

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NEW SETTINGS ARTS DE LA SCÈNE - Fondation d'entreprise Hermès
Mont-COUV - new Settings - AP 470.qxp_Mise en page 1 03/09/2019 11:27 Page1

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                                                                                                                                    ARTS DE LA SCÈNE

                                                                                                 MERCE CUNNINGHAM
                                                                                                 DANIEL LARRIEU
                                                                                                 LA RIBOT
                                                                                                 GERARD & KELLY
                                                                                                 METTE INGVARTSEN
                                                                                                 BORIS CHARMATZ
                                                                                                 LE GDRA
                                                                                                 BEGÜM ERCIYAS
                                                                                                 KAT VÁLASTUR
                                                                                                 LA RIBOT, MATHILDE MONNIER,
                                                                                                 TIAGO RODRIGUES
                                                                                                 NOSFELL
                                                                                                 JEANNE MOYNOT
                                                                                                 & ANNE-SOPHIE TURION
                                                                                                 ANA RITA TEODORO
                                                                                                 XAVIER VEILHAN

                                                                                                 FONDATION D’ENTREPRISE HERMÈS
                                                                                                 18 SPECTACLES
                                                                                                 DU 10 SEPTEMBRE
                                                                                                 AU 21 DÉCEMBRE 2019

 NS ArtPress indd 1                                                           26/06/2019 11:01
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                                                                                                                                                                                                              12 Sep–12 Oct 2019

         Saison
         19-20
          Rêves d’Occident Jean Boillot
          Reconstitution : le procès de Bobigny
         Émilie Rousset et Maya Boquet
          L’Avenir Clément Bondu
          Belles plantes Jeanne Moynot
         et Anne-Sophie Turion
          Chiquenaudes & Romance en Stuc
         Daniel Larrieu
          Le Corps des songes Nosfell
          Selve le GdRA – Christophe Rulhes
         et Julien Cassier
          Fofo Ana Rita Teodoro
          Arcana Swarm Kat Válastur / HAU
          Città Nuova Raphaël Patout
          Neuf mouvements pour une cavale
         Aurélia Lüscher et Guillaume Cayet
          Muses Anthony Égéa
          Cosmophonies – ce qui vit en nous
         Cyril Hernandez et Émmanuel Labard
          Dom Juan ou le Festin de pierre
         Jean Lambert-wild et Lorenzo Malaguerra
          Le Charme de l’émeute Thomas Chopin
          Turkish Psychedelica Night
         Elektro Hafiz et Baba Zula
          sspeciess Daniel Linehan / Hiatus
          Après la fin Maxime Contrepois
          Is it worth to save us ? Kaori Ito et Miraï Moriyama
          Vie de Joseph Roulin Thierry Jolivet
          Ensemble Links / Cabaret Contemporain                                                                                                                17, bd Jourdan 75014 Paris                                   THE FONDATION D’ENTREPRISE HERMÈS
          Fractales Fanny Soriano                                                                                                                             réservations 01 43 13 50 50
                                                                                                                                                                          tarifs de 7 à 23 €                         SUPPORTING CYRIL TESTE’S OPENING NIGHT FROM SEP 12–14
         Illustration : Était-ce ça la vie ? © Juliette Andréa-Élie  Le Théâtre de la Cité internationale est subventionné par le ministère de la Culture               Rejoignez-nous !
         – direction régionale des Affaires Culturelles d’Île-de-France, la Cité internationale universitaire de Paris et la Ville de Paris. Avec le soutien
         du conseil régional d’Île-de-France pour les résidences d’artistes. Avec l’aide de l’ONDA pour l’accueil de certains spectacles.
NEW SETTINGS ARTS DE LA SCÈNE - Fondation d'entreprise Hermès
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                                                                     05 Préface                                         38 Kat Válastur
           8, rue François-Villon. 75015 Paris                           Olivier Fournier                                  Arcana Swarm
           Tél (33) 1 53 68 65 65 (de 9 h 30 à 13 heures)                                                                   Alexandra Balona
           www.artpress.com
                                                                     06 Hommage à Merce Cunningham
           * e-mail : initiale du prénom.nom@artpress.fr                 Emmanuel Daydé                                 42 La Ribot, Mathilde Monnier,
                                                                                                                           Tiago Rodrigues
           Comité de direction : Catherine Francblin, Guy Georges
                                                                     10 Daniel Larrieu                                     Please Please Please
           Daniel Gervis, Jacques Henric, Jean-Pierre de Kerraoul
           Catherine Millet, Myriam Salomon                             Chiquenaudes & Romance en stuc                      Carole Boulbès
           SARL artpress : siège social 1, rue Robert Bichet             Mathilde Bardou
           59440 Avesnes-sur-Helpe                                                                                      46 Nosfell
           Gérant-directeur de la publication : J.-P. de Kerraoul*
           Directrice de la rédaction : Catherine Millet*            14 La Ribot                                           Le Corps des songes
           Rédacteur en chef : Richard Leydier*                         Panoramix                                           Emmanuel Daydé
           Rédacteur en chef adjoint : Étienne Hatt*                     Laurent Goumarre
           Conseiller : Myriam Salomon*
                                                                                                                        50 Jeanne Moynot
           Secrétaire de rédaction : Christine Delaite*
           Assistant de rédaction : Laurent Perez*                   18 Gerard & Kelly                                     & Anne-Sophie Turion
           Assistante de direction : Anna Carraud*                      Modern Living                                      Belles plantes
           Responsable éditoriale Web : Aurélie Cavanna*                 Christophe Catsaros                                Julie Chaizemartin
           Système graphique : Roger Tallon († 2011)
           Maquette / système graphique : Magdalena Recordon
           Publicité / Advertising : sylvie@artpress.fr              22 Mette Ingvartsen                                54 Ana Rita Teodoro
           Julie-Joy Agaësse / jj.agaesse@artpress.fr                   Moving in Concert                                  FoFo
           (33) 1 53 68 65 71
                                                                         Alain Berland                                      Léonard Adrien
           Agenda : Christel Brunet*
           Diffusion / Partenariats :
           Laurie Meynent* (33) 1 53 68 65 78                        26 Boris Charmatz                                  58 Xavier Veilhan
                                                                        infini                                             Compulsory Figures
           Impression : Imprimerie de Champagne, Langres
           Origine papier : Belgique, certifié fibres IFCGD              Jérôme Provençal                                   Étienne Hatt
           PTOT : 0, 027
           Contact distribution : Cauris Media (01 40 47 65 91)      30 Le GdRA                                         62 Calendrier
           Dépôt légal du 3er trimestre 2019
                                                                        Selve                                              Calendar
           CPPAP 0419 K 84708 - ISSN 0245-5676
           RCS Valenciennes 318 025 715                                  Laurent Perez
                                                                                                                        64 Production
           Couv. : Ben Zank. « Road Closed ». 2019                   34 Begüm Erciyas
           (Court. Opiom Gallery)                                       Pillow Talk
           © ADAGP, Paris 2019, pour les œuvres de ses membres           Clarisse Bardiot

           Remerciements/Thanks : Olivier Fournier,
           Annick de Chaunac, Catherine Tsekenis,
           Quentin Guisgand, Sacha Gueugnier, Maxime Gasnier
                                                                     ÉDITO
           (Fondation d’entreprise Hermès)                           Programme de la Fondation d’entreprise             ———
                                                                     Hermès, New Settings accompagne pour la            A Fondation d’entreprise Hermès programme,
                                                                     neuvième année la création de projets à la         New Settings is supporting for the ninth year
           New Settings est un programme                             croisée du spectacle vivant et des arts visuels.   the creation of projects at the crossroads of
           de la Fondation d’entreprise Hermès
                                                                     Confirmés ou prometteurs, les artistes sont         live performance and visual arts. Established
           New Settings is a program of the
           Fondation d’entreprise Hermès                             soutenus depuis la production jusqu’à la diffu-     and promising artists are backed from the
                                                                     sion de leur œuvre dans des institutions par-      creation to the staging of their work, in
                                                                     tenaires de la Fondation à Paris, en région        partner institutions of the Fondation in Paris,
                                                                     parisienne, mais aussi à New York. Artpress        the Paris region, and also in NewYork. Artpress
                                                                     est heureux de publier ce cahier qui revient       is pleased to issue this publication examining
                                                                     sur chacun des dix-huit spectacles visibles        each of the eighteen shows presented until
                                                                     d’ici au 21 décembre 2019. Au moins deux rai-      21 December, 2019. There are at least two
                                                                     sons y concourent. D’une part, New Settings        fundamental reasons for this. On the one
                                                                     est la vivante incarnation de l’interdisciplina-   hand, New Settings is the living incarnation
                                                                     rité, voire de l’indisciplinarité, que nous ne     of interdisciplinarity, of indisciplinarity even,
                                                                     cessons de défendre. D’autre part, tout en fa-     which we never cease to defend. On the
                                                                     vorisant des projets inédits, New Settings a       other hand, while promoting new projects,
                                                                     aussi le souci de l’histoire qui, seul, permet     New Settings is also concerned with history,
                                                                     de mettre la création contemporaine en pers-       the only possible means of putting contem-
                                                                     pective. En témoigne le soutien à la reprise       porary creation in perspective. This is evi-
                                                                     de spectacles de Merce Cunningham, Daniel          denced by the return of pieces by Merce
                                                                     Larrieu ou La Ribot. Gageons que, parmi les        Cunningham, Daniel Larrieu and La Ribot.
                                                                     artistes les plus jeunes de la sélection, se       Let’s bank on the youngest artists featuring
                                                                     trouvent les références de demain.                 the references of tomorrow.
                                                                                                        Étienne Hatt                                       Étienne Hatt
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                                                                                                                                                   new settings

        Daniel Larrieu. « Romance en stuc ».
        2019. (Ph. Benjamin Favrat)

        PrÉface
        Depuis 2011, la Fondation d’entreprise Hermès     Fondation accompagne le travail patient de la     Other selected works require a long time for
        accompagne la création dans le secteur des        matière et des sens, pour des résultats exi-      their creation, sometimes rooted in a process
        arts de la scène à travers New Settings. Au       geants et surprenants…                            of field research, or the fruit of studio expe-
        croisement des disciplines, et plus particu-      Cette neuvième édition de New Settings té-        riments to refine new styles and languages
        lièrement en dialogue avec les arts visuels,      moigne aussi de la nécessité de la transmis-      on stage. This is how the Fondation listens
        plastiques et/ou numériques, ce programme         sion. Elle intègre ainsi plusieurs propositions   to artists in order to offer them the time ne-
        a su évoluer afin d’intégrer des spectacles       d’artistes majeurs de la création contempo-       cessary for the maturation of their work.
        buissonniers, créés par des artistes émergents    raine, qui sont présentés à Paris cet automne.    Accompanying the realization of a show also
        ou reconnus.                                      Car si nos gestes nous créent, c’est aussi        means placing it in the more global frame-
        Permettre la création de propositions sen-        grâce à leur transmission qui, ̀a force de pa-   work of a process: whether this means sup-
        sibles aussi bien aux tumultes de notre           tience et de passion, nous place dans un dia-     porting a promising young artist, encouraging
        monde qu’à la beauté qui nous entoure,            logue fructueux entre générations.                unexpected creative developments, or conti-
        telle est l’ambition de ce programme. La                                         Olivier Fournier   nuing to support bold initiatives, the Fonda-
        porosité avec des savoir-faire issus des arts                        Président de la Fondation      tion assists patient work on medium and
        visuels justifie souvent une attention spé-                                 d’entreprise Hermès      meaning, for challenging and startling results.
        cifique pour des spectacles qui s’appuient                                                           This ninth edition of New Settings also de-
        sur des dispositifs particuliers, qui font        ———                                               monstrates the need for transmission. Se-
        parfois la part belle à l’innovation technique    Since 2011 the Fondation d’entreprise Hermès      veral offerings from major artists of contem-
        et technologique, tout en donnant une place       has been supporting creation in the perfor-       porary creation will be presented in Paris
        forte à la présence humaine.                      ming arts sector via New Settings. At the in-     this autumn. Because if we are what we do,
        D’autres œuvres sélectionnées nécessitent         tersection of disciplines, and more particu-      if our gestures define us, it is also thanks to
        un temps de création long, parfois ancré dans     larly in dialogue with the visual, fine and/or     their transmission that, by dint of patience
        un processus de recherches sur le terrain, ou     digital arts, this programme has evolved to       and passion, we can find ourselves in a fruit-
        alors fruit d’expérimentations en studio pour     include ‘buissonnier’ shows (1), created by       ful dialogue between generations.
        affiner de nouvelles écritures de plateau. C’est    emerging and established artists.                                               Olivier Fournier
        ainsi que la Fondation est à l’écoute des ar-     To allow the creation of works sensitive to                          President of the Fondation
        tistes afin de leur offrir le temps indispensable   the turmoil of our world as well as to the                                 d’entreprise Hermès
        à la maturation de leur travail.                  beauty that surrounds us is the ambition of
        Accompagner la réalisation d’un spectacle,        this programme. Openess to expertise from                                 Translation: Chloé Baker
        c’est aussi le replacer dans le cadre plus glo-   the visual arts often justifies a specific atten-
        bal d’un parcours : qu’il s’agisse de soutenir    tion to pieces that rely on particular devices,
        un jeune artiste prometteur, d’encourager des     sometimes allowing technical and technolo-        (1) Buissonier refers to “école buissonière,” which
        développements créatifs inattendus, ou en-        gical innovation to feature prominently, while    means “bush school”, the French term for playing
        core d’être fidèle à des démarches fortes, la      leaving room for a strong human presence.         truant, which is to say stepping out of the box.
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        new settings / festival d’automne à paris

        HOmmage
        à merce cunnIngHam
        Emmanuel Daydé

        Le Festival d’Automne à Paris n’a jamais
        cessé d’inviter la danse en liberté
        de Merce Cunningham. À l’occasion du
        centenaire du chorégraphe disparu en
        2009, quatre programmes reviennent sur
        ses collaborations avec artistes et
        compositeurs.

        ■ « Les limites du corps humain sont nettes,        de Morton Feldman, autre compositeur du
        mais il existe une autre limite, qui provient de    hasard et du temps de la New York School,
        notre imagination, disait Merce Cunningham.         Rauschenberg enflamme de motifs pointillistes
        Voilà pourquoi j’ai toujours préféré parler aux     un fond de scène violemment coloré, espace-
        musiciens et aux plasticiens plutôt qu’aux dan-     temps infini repris sur les collants floutés des
        seurs : ils ont tellement plus à dire ! » En rup-   six interprètes, qui sautillent « comme les oi-
        ture avec la modern dance expressionniste de        seaux qui se posent parfois puis reprennent
        Martha Graham, où il a été soliste entre 1939       leur vol » – ou, plus concrètement, tels des
        et 1945, Merce Cunningham réussit à faire           jets de peinture lancés sur la toile. En 1968,
        danser le hasard et la vie sur scène, en usant      bien qu’ayant cédé la place à son ancien col-
        de l’émerveillement de l’aléatoire, en s’affran-     laborateur Jasper Johns en tant que conseiller
        chissant du régime policier de la narration, en     artistique, Rauschenberg signe encore une
        dissociant librement la chorégraphie de la mu-      fois une crépusculaire scénographie en clair-
        sique et de la scénographie et en focalisant        obscur pour Winterbranch : sur une musique
        toute son attention sur le mouvement.               dissonante du minimaliste La Monte Young,
        Lorsque, sous l’influence du gai savoir de son       les danseurs, en butte à la gravité, ne cessent
        ami le musicien John Cage, il crée son premier      de chuter et de se relever.
        happening en 1954, Cunningham danse tandis
        que Cage parle, que David Tudor joue du piano       PUZZLE MOUVANT
        et que Robert Rauschenberg projette des dia-        Profondément marqué par Marcel Duchamp,
        positives de ses tableaux. Désormais, toutes        « qu’il aurait fallu, s’il n’avait pas existé, que
        les pièces à venir de Cunningham seront des         quelqu’un d’exactement pareil à lui vive pour
        expériences visuelles et sonores réalisées en       inventer le monde tel que nous le connais-
        collaboration – souvent aveugle – avec des          sons et l’éprouvons », Jasper Johns se fait
        compositeurs et des plasticiens vivants, tout       connaître en réalisant des ready-made faits
        particulièrement avec Cage et sa musique            à la main. Sorte de manifeste dadaïste conçu
        aléatoire ou avec Rauschenberg et Jasper            à partir du Grand Verre, son décor pour le bal-
        Johns et leur esthétique néo-dadaïste.              let Walkaround Time (1968) rend hommage
                                                            à la légende moderne de « l’homme le plus
        VOLUMINEUSE COMBINE PAINTING                        intelligent du siècle » – si l’on en croit André
        Mêlant des oiseaux empaillés ou des bouteilles      Breton. Tandis qu’on entend réciter les notes
        de Coca-Cola à des images de presse ou des          de travail – peu lisibles – écrites pour la Boîte
        lits, Rauschenberg expérimente alors ses mo-        verte (1934), pendant verbal de la Mariée
        numentales Combines en forme de rébus vi-           mise à nu par ses célibataires, même (1915-
        suels. Scénographe de la compagnie de 1954          23), Cunningham filtre sa chorégraphie au jeu
        à 1964, il imagine pour Minutiae (Menus dé-         de la transparence, en assignant aux corps de
        tails) en 1954, indépendamment d’une cho-           recomposer les formes, à la façon d’un puzzle
        régraphie qu’il ne connaît pas, une volumineuse     mouvant. Pour Exchange, en 1978, alors que
        combine painting qui prend la forme d’un pa-        Tudor sonorise les bruits de la ville, Johns crée
        ravent autoportant, couvert de bandes dessi-        un fond de scène et des costumes urbains,
        nées, de vieilles photographies, de morceaux        avec des couleurs salies par la pollution de
        d’affiches et de coulures de peintures, dans          New York, laissant toute la place aux com-
        laquelle évoluent les danseurs. En 1958, les        plexes variations pensées par Cunningham à
        deux hommes créent Summerspace, une                 partir de soixante-quatre gammes de mouve-
        pièce ironiquement lyrique et hasardeuse,
        jouée aux dés en ce qui concerne l’ordre et         Merce Cunningham. « RainForest ». 1968.
        la vitesse des trajectoires. Sur une musique        (CCN - Ballet de Lorraine, Ph. Laurent Philippe)
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        ments tirés au sort. Bien que non crédité,         les ballons Mylar de son installation Silver     Johns a depuis longtemps quitté la compa-
        Johns était intervenu aussi dans RainForest,       Clouds, montrée chez Leo Castelli en 1966.       gnie lorsqu’en 1997 Cunningham décide de
        (1968) en coupant au rasoir les costumes cou-      L’environnement changeant, aléatoire et insta-   s’associer à la styliste Rei Kawakubo, créa-
        leur chair des danseurs afin de leur donner une     ble des Nuages de Warhol, en forme d’oreil-      trice antifashion de vêtements androgynes,
        apparence rugueuse. Désirant évoquer ses           lers remplis d’un mélange d’oxygène et           qui réfutent toute idée d’élégance ou de fé-
        souvenirs d’enfance dans les forêts tempérées      hélium qui lévitent autour des danseurs, réin-   minité, pour la marque Comme des Garçons.
        humides de la péninsule Olympique, à l’ex-         terprète la musique électronique de Tudor de     Pour Scenario, la Japonaise conçoit le décor,
        trême nord-ouest des États-Unis, Cunningham        la même façon que les déplacements sur           la lumière et toute une série de costumes à
        avait demandé à Warhol l’autorisation d’utiliser   scène des corps de chair et de sang.             carreaux difformes, aux allures de « parkas
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        new settings / festival d’automne à paris

        chaudes et encombrantes », inspirés de sa
        collection Body Meets Dress, Dress Meets
                                                                    Tribute to Merce                                When, under the influence of his friend mu-
                                                                                                                    sician John Cage’s joyful wisdom, he created
        Body, qui modifient la silhouette et contrai-
        gnent les mouvements des danseurs. Dou-
                                                                    Cunningham                                      his first happening in 1954, Cunningham
                                                                                                                    danced while Cage spoke, David Tudor
        blant son geste grâce au logiciel DanceForms,                                                               played the piano and Robert Rauschenberg
        qui lui permet de modéliser des mouve-                                                                      projected slides of his paintings. From then
        ments de danse pour les agencer ensuite les                                                                 on, all of Cunningham’s works would be vi-
        uns aux autres, le chorégraphe intègre à sa                                                                 sually and acoustically collaborative – often
        composition initiale une série de duos et trios                                                             blind – with live composers and visual ar-
        qui se démultiplient ensuite en quatuors,                                                                   tists, especially Cage and his random music
        quintettes ou sextuors. Avec Pond Way en                    The Festival d’Automne à Paris has never        and Rauschenberg and Jasper Johns and
        1998, Ie « vieil enfant » trouve la voie du Tao             ceased to invite Merce Cunningham’s             their neo-Dadaist aesthetics.
        en délivrant l’une de ses ultimes études mé-                free dance. To mark the occasion of the
        ditatives tirées de sa jeunesse – lorsque,                  centenary of the choreographer,                 VOLUMINOUS COMBINE PAINTING
        petit garçon, il lançait des pierres sur l’eau              who died in 2009, four programmes return        Mixing stuffed birds and Coca-Cola bottles
        pour faire des ricochets. Devant un célèbre                 to his collaborations with artists and          with press images and beds, Rauschenberg
        tableau à points de Roy Lichtenstein, sur                   composers.                                      was at the time experimenting with his mo-
        l’ambient music électronique de Brian Eno –                                                                 numental Combines in the form of visual
        chargé d’orchestrer le saut de « grenouilles                ———                                             puns. Set designer of the company from
        posées sur des flaques d’eau » –, treize dan-               “The limits of the human body are clear,        1954 to 1964, he imagined for Minutiae in
        seurs vêtus de sarouels blancs effectuent la                but there’s another limit, which comes from     1954, independently of a choreography he
        « danse de l’étang » en s’abandonnant à une                 our imagination,” said Merce Cunningham.        had yet to see, a sizeable combination pain-
        fluidité éthérée, entre suspension et immo-                 “That’s why I’ve always preferred to talk to    ting, which took the form of a freestanding
        bilité. Utilisant le corps très loin dans ses pos-          musicians and visual artists rather than dan-   screen covered with comic strips, old photo-
        sibilités, y compris dans ses rapports à                    cers. They have so much more to say!”           graphs, sections of posters and paint drips,
        l’intelligence, Merce Cunningham ne pourra                  Breaking away from Martha Graham’s ex-          in front of which the dancers were to per-
        certes plus traverser la scène avec son corps               pressionist modern dance, having been a         form. The two men created Summerspace in
        rigide et perclus d’arthrite. Mais la beauté dé-            soloist with her between 1939 and 1945,         1958, an ironically lyrical and risky play,
        pourvue de raisons d’exister de ses ballets                 Merce Cunningham succeeded in making            played with dice which decided the order
        perdure, tels « des instants fugitifs où l’on se            life and happenstance dance on stage, using     and speed of trajectories on the stage. To
        sent vivant ». ■                                            the delightfulness of randomness, unshack-      music by Morton Feldman, another compo-
                                                                    ling himself from the policing regime of nar-   ser of chance from the time of the New York
        Emmanuel Daydé est critique d’art, musical et dramatique,   ration, freely dissociating choreography from   School, Rauschenberg enflamed a violently
        et commissaire d’exposition. Il a été co-commissaire du     music and scenography, and focusing all his     coloured backdrop with pointillist patterns,
        pavillon de Madagascar à la Biennale de Venise 2019.        attention on movement.                          infinite space-time taken up on the blurred
NEW SETTINGS ARTS DE LA SCÈNE - Fondation d'entreprise Hermès
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                                                                                                                                                            09

                                                                                                               new settings / festival d’automne à paris

        Ci-dessus /above: Merce Cunningham.             by assigning bodies to recompose shapes,          chequered costumes resembling “hot, cum-
        « Pond Way ». 1998. (Ph. Filip Van Roe)         like a moving puzzle. For Exchange, in 1978,      bersome parkas”, inspired by her Body Meets
        Page de gauche /left: Merce Cunningham.         when Tudor played on the sounds of the city,      Dress, Dress Meets Body collection, which
        « Summerspace ». 1958. (Ph. Michel Cavalca)     Johns created a backdrop and urban cos-           modified the figures and constrained the mo-
                                                        tumes, with colours sullied by the pollution      vements of the dancers. Doubling the gesture
        tights of the six performers, who jumped        of New York, leaving plenty of room for Cun-      with the software DanceForms, which allo-
        “like birds that sometimes land before taking   ningham’s complex variations from sixty-          wed him to model dance movements and
        off again”– or, more concretely, like paint      four ranges of movement selected at               then arrange them with one other, the choreo-
        thrown on the canvas. In 1968, having given     random. Although uncredited, Johns had            grapher integrated into his initial composition
        way to his former collaborator Jasper Johns     also intervened in 1968 in RainForest, cutting    a series of duets and trios, which were then
        as artistic advisor, Rauschenberg once again    with a razor blade the flesh-coloured cos-         multiplied into quartets, quintets and sextets.
        directed a twilight scene in chiaroscuro for    tumes of the dancers to give them a rough         With Pond Way in 1998, the “old child” found
        Winterbranch: on a dissonant music by the       appearance. Wishing to conjure up childhood       the way of the Tao by delivering one of his ul-
        minimalist La Monte Young, the dancers, in      memories in the temperate rainforests of the      timate meditative studies of his youth –
        the face of gravity, keep falling and getting   Olympic Peninsula in the extreme northwes-        when, as a boy, he skimmed stones on water.
        up.                                             tern United States, Cunningham asked Wa-          In front of Roy Lichtenstein’s famous dotted
                                                        rhol for permission to use the Mylar balloons     painting, to Brian Eno’s electronic ambient
        MOVING PUZZLE                                   from his Silver Clouds installation, shown at     music – charged with orchestrating the jum-
        Deeply marked by Marcel Duchamp, about          the Leo Castelli Gallery in 1966. The changing,   ping of “frogs into puddles” – thirteen dan-
        whom he said, “if he hadn’t existed, so-        random, unstable environment of Warhol’s          cers dressed in white harem pants performed
        meone exactly like him would have had to        clouds, shaped like pillows and filled with a      the “pond dance”, abandoning themselves to
        live in order to invent the world as we know    mixture of oxygen and helium levitated            an ethereal fluidity, between suspension and
        it and experience it,” Jasper Johns made        around the dancers, reinterpreting Tudor’s        immobility. Pushing the body to its limits, in-
        his name by making handmade ready-              electronic music in the same way as the flesh      cluding in its relationship to intelligence,
        mades. A kind of dadaist manifesto inspired     and blood bodies moving on stage.                 Merce Cunningham may no longer be able to
        by Duchamp’s The Big Glass, his decor for                                                         cross the stage with his rigid body crippled
        the ballet Walkaround Time (1968) pays tri-     POND DANCE                                        by arthritis, but the beauty deprived of rea-
        bute to the modern legend of “the most in-      Johns had long before left the company            sons for existing of his ballets goes on, like
        telligent man of the century”, according to     when in 1997 Cunningham decided to work           those “fleeting moments where you feel
        André Breton. While we hear recited the         with stylist Rei Kawakubo, an anti-fashion        alive”.■
        work notes – not very legible – written for     designer of androgynous clothing for the                               Translation: Chloé Baker
        the Green Box (1934), the verbal side of The    brand Comme des Garçons, who refuted any
        Bride Stripped Bare by Her Bachelors, Even      idea of elegance or femininity. For Scenario,     Emmanuel Daydé is an art, music and theatre critic
        (1915-23), Cunningham filtered his choreo-      the Japanese woman designed the set, the          and curator. He is co-curator of the Madagascar pavi-
        graphy with an interplay of transparency,       lighting and a whole series of misshapen          lion at the 2019 Venice Biennale.
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        new settings / théâtre de la cité internationale

        DanIel larrIeu
        Chiquenaudes & Romance en stuc
        Mathilde Bardou
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                                                                                                                                                        11

                                                                                                       new settings / théâtre de la cité internationale

                                                                              Figure majeure de la      ■ Créé à ciel ouvert, dans les jardins du Palais-
                                                           nouvelle danse française, Daniel Larrieu     Royal où le jeune Daniel Larrieu avait pour ha-
                                                                réactive deux pièces de jeunesse :      bitude de répéter, Chiquenaudes est un trio si-
                                                            Chiquenaudes (1982), qui l’a révélé, et     lencieux de neuf minutes composé de gestes
                                                             Romance en stuc (1985). Son audace         brefs et abstraits qui donnent aux corps un vo-
                                                                  et son inventivité tissent un lien    cabulaire précis et une allure espiègle. La
                                                                     avec une nouvelle génération       pièce impose un silence auquel le choré-
                                                                                       de danseurs.     graphe tient beaucoup. Donner lieu à des es-
                                                                                                        paces qui ne sont pas comblés d’artifices –
                                                                                                        tant nous en sommes saturés –, laissant voir
                                                                                                        la vérité de l’être qui est sous nos yeux : souf-
                                                                                                        fle, rythme des corps, choralité. Lorsque les
                                                                                                        trois danseurs sortent de scène, ce silence
                                                                                                        est rompu par la bande sonore originale de
                                                                                                        Romance en stuc (signée Ève Couturier et
                                                                                                        Jean-Jacques Palix), ouvrant la voie à un
                                                                                                        chœur antique dont la gestuelle concise et les
                                                                                                        figures statuaires rappellent les iconographies
                                                                                                        grecque et égyptienne.

                                                                                                        PUDEUR CÉLESTE
                                                                                                        Les danseurs, coiffés de perruques colorées
                                                                                                        et habillés de collants transparents, de tee-
                                                                                                        shirts près du corps ou noués à la taille, for-
                                                                                                        ment un ensemble tout à fait étonnant, em-
                                                                                                        preint à la fois de gravité et de drôlerie.
                                                                                                        Prenant appui sur des textes d’Empédocle
                                                                                                        évoquant la nature et sur le roman Spirite
                                                                                                        (1865) de Théophile Gautier (qui a servi de
                                                                                                        base au ballet romantique Giselle d’Adolphe
                                                                                                        Adam), Romance en stuc met en scène un
                                                                                                        couple que le destin sépare. L’amante, en robe
                                                                                                        de soie, éloignée par la mort, avoue son amour
                                                                                                        à un homme, immobile, et dont la présence ir-
                                                                                                        radie, qui ne l’a jamais regardée. « Mon état
                                                                                                        de pur esprit, d’être impalpable, me permet
                                                                                                        maintenant de vous dire ces choses, que ca-
                                                                                                        cherait peut-être une fille de la Terre. Mais l’im-
                                                                                                        maculée blancheur d’une âme ne saurait rou-
                                                                                                        gir. La pudeur céleste avoue l’amour (1). » Cet
                                                                                                        extrait splendide est l’une des rares voix intel-
                                                                                                        ligibles en son entier, car la bande sonore mêle
                                                                                                        sans cesse les textes, de sorte que certains
                                                                                                        mots seulement sortent du tumulte, rendant
                                                                                                        au ballet le sens qui lui est propre : celui du
                                                                                                        corps, de la forme initiée par la danse.
                                                                                                        Nous entrons alors dans l’univers de Larrieu,
                                                                                                        à la fois tel qu’il l’a créé dans les années 1980
                                                                                                        et renouvelé par le travail de transmission
                                                                                                        qu’il a accompli avec les jeunes danseurs.
                                                                                                        Romance en stuc est très difficile à danser,
                                                                                                        tant les gestes sont affutés, en torsions et en
                                                                                                        choralité. Le chorégraphe constate de surcroît
                                                                                                        que le corps des danseurs n’est plus le même
                                                                                                        que celui d’il y a trente ans ; moins vertical et
                                                                                                        moins enclin à travailler une écriture, un geste
                                                                                                        formel. Le chœur, par exemple, impose une
                                                                                                        rigueur que les jeunes danseurs ne pratiquent
                                                                                                        plus beaucoup. La réactivation a fait l’objet
                                                                                                        d’un travail de reprise mais aussi d’une passa-
                                                                                                        tion de l’équipe d’origine (les danseurs Sara
                                                                                                        Lindon, Laurence Rondoni, Dominique Brunet,

                                                                                                        Daniel Larrieu. « Romance en stuc ». 2019.
                                                                                                        (Ph. Benjamin Favrat)
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        new settings / théâtre de la cité internationale

        Ci-dessus /above: Daniel Larrieu.                   beauté rares, jouent sur les superpositions et      et la voix enregistrée de l’amante : « Il faut
        « Chiquenaudes ». 2019. (Ph. Benjamin Favrat)       les transparences. Notons que l’économie ac-        d’abord que vous connaissiez l’être indéfinis-
        Page de droite /right: Daniel Larrieu.              tuelle du spectacle vivant rend tout à fait ex-     sable pour vous qui s’est glissé dans votre
        « Chiquenaudes ». 1982. (Ph. Quentin Bertoux)       ceptionnelle l’occasion, pour l’artiste, de         existence. Quelle que soit votre pénétration,
                                                            réaliser de tels costumes sur mesure. Le trou-      vous ne pourriez parvenir à démêler sa vérita-
        Didier Chauvin, Bertrand Lombard notamment)         ble suscité par les costumes est cependant          ble nature… (1) »
        à la nouvelle, afin que la transmission s’enri-      une condition essentielle à l’œuvre.                Pour autant, la danse n’est pas ici issue de la
        chisse d’expériences et de souvenirs divers,                                                            pensée. Elle vient du corps et pointe plutôt
        passe par d’autres voies que celle du choré-        INTIMITÉ                                            en sa direction. En cela, la pièce renoue avec
        graphe. C’est en particulier le cas pour le rôle    Dans Romance en stuc, on ne distingue par-          l’expression du romantisme tel qu’il semble
        personnifié du destin séparant les deux              fois plus si les danseurs du chœur sont des         avoir aujourd’hui disparu, et l’on s’aperçoit
        amants, dont les mouvements sont inspirés           hommes ou des femmes. Quant à l’amant, il           alors des bienfaits dont elle est porteuse, dans
        des arts martiaux. C’est, selon Larrieu, un tra-    laisse révéler, sous son costume, la robe de        un monde où l’identité et le rapport à l’autre
        vail de mémoire mais aussi de création, que         soie qu’il porte à même la peau. Ces créa-          se parent des masques les plus attractifs. En
        de reprendre ces pièces en prenant garde à          tures vivantes ne sont pas définissables, elles      cela, et parce que les onze jeunes danseurs
        toutes les strates qui les composent.               donnent à voir l’identité intime des êtres. Telle   sont aujourd’hui garants de sa mémoire, la
        Inspirée du cloître des Célestins d’Avignon,        la jeune fille qui n’avoue son amour qu’une         réactivation de Romance en stuc est salutaire.
        où le spectacle fut créé, la scénographie re-       fois séparée des vivants, mais n’ayant pas          « Ce monde invisible, dont le réel est le voile,
        prend au sol, par des marquages de couleur          encore tout à fait disparue, c’est dans les es-     a ses pièges et ses abîmes. Mais vous n’y
        verte, la place qu’occupaient alors les arches      paces d’entre-deux, savamment tracés par            tomberez pas (1). » ■
        du cloître sur la scène. Les pans verticaux aux     la danse, que se situe la pièce. « Si, au-
        formes géométriques qui habillaient le plateau      jourd’hui, le corps de l’autre est accessible       (1) Théophile Gautier, Spirite, 1865.
        sont aujourd’hui de velours sobre. Les cos-         plus facilement qu’avant, il est plus difficile
        tumes, fidèles à l’origine, dont les perruques       d’accéder à l’intimité de sa personne », cons-      Mathilde Bardou est metteur en scène et comédienne.
        en mousse de polyuréthane, les robes de             tate Larrieu. Romance en stuc ouvre un es-
        soie, les collants, les tee-shirts, les peintures   pace qui accède à cette « intimité » impalpable,    Daniel Larrieu est né en /was born in 1957.
        corporelles sont d’une richesse et d’une            comme l’exprime le solo adressé par le corps        Il vit à /He lives in Paris.
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                                                                                                                                                                   13

                                                                                                             new settings / théâtre de la cité internationale

                                                                                                              lovers, whose movements are directly inspi-
                                                                                                              red by the martial arts. It is according to Lar-
                                                                                                              rieu a work of memory, but also of creation,
                                                                                                              that of taking these pieces in hand again, ta-
                                                                                                              king into account all the layers that compose
                                                                                                              them. Inspired by the Cloître des Célestins
                                                                                                              in Avignon, the cloisters where the show
                                                                                                              was created, the scenography resumes on
                                                                                                              the floor, with green markings, the place
                                                                                                              then occupied by the arches of the cloisters
                                                                                                              on the stage. The vertical sections of geome-
                                                                                                              tric shapes that adorned the stage are now
                                                                                                              sober velvet. The costumes, faithful to the
                                                                                                              original ones, including polyurethane foam
                                                                                                              wigs, silk dresses, tights, T-shirts, body paint,
                                                                                                              are of a rare richness and beauty, playing on
                                                                                                              layers and transparencies. It should be noted
                                                                                                              that the current economy of live performance
                                                                                                              makes it quite exceptional for the artist to
                                                                                                              create such custom-made costumes. The di-
                                                                                                              sorder caused by the costumes is however

        Daniel Larrieu                                                                                        an essential element of the work.

        Chiquenaudes & Romance en stuc                                                                        INTIMACY
                                                                                                              In Romance en stuc, we sometimes can’t dis-
                                                                                                              tinguish whether the dancers of the chorus
                                                                                                              are men or women. As for the lover, she al-
        Major figure of “Nouvelle danse française”,          confesses her love to a man, immobile,            lows glimpses, beneath her costume, of the
        Daniel Larrieu is reviving two pieces from          whose presence radiates and who never             silk dress she is also wearing. These living
        his youth: Chiquenaudes (1982), which               looks at her. “My state of pure spirit, of im-    creatures aren’t definable, they reveal the
        launched him, and Romance en stuc (1985).           palpable being, now allows me to tell you         private identity of beings. Like the young girl
        His boldness and inventiveness connect              these things, which perhaps a girl from Earth     who confesses her love only once separated
        with a new generation of dancers.                   would hide. But the immaculate purity of a        from the living, but not yet completely pas-
                                                            soul cannot blush. Celestial modesty              sed away, it is in the in-between spaces, skill-
        ———                                                 confesses love (1).” This splendid excerpt is     fully traced by the dance, that the piece is
        Created in the open air, in the gardens of the      one of the few intelligible voices among          located. “If today the body of the other is ac-
        Palais Royal in Paris where the young Daniel        them all, because the soundtrack constantly       cessible more easily than before, it is more
        Larrieu used to rehearse, Chiquenaudes              mixes the texts, so that only certain words       difficult to access the intimacy of their per-
        [Flicks or snaps of the fingers] is a silent nine-   emerge from the tumult, giving to the ballet      son,” says Larrieu. Romance en stuc opens
        minute trio piece composed of brief abstract        the meaning that is its own: that of the body,    up a space that accesses this “intimacy”, im-
        gestures that give the body a precise voca-         of the form initiated by the dance.               palpable, as expressed by the solo addressed
        bulary and an air of mischief. The piece im-                                                          by the body and the recorded voice of the
        poses silence, which the choreographer is           REVIVAL                                           lover: “You must first know the ineffable
        very fond of, in order to allow room for            We then enter the world of Larrieu, both as       being who has slipped into your existence.
        spaces that aren’t filled with artifice – which       he created it in the 1980s and renewed by         Whatever your penetration, you cannot ma-
        we are so saturated with – revealing the            the transmission work he has carried out          nage to unravel their true nature... (1)” For
        truth of the being before our eyes: breath,         with young dancers. Romance en stuc is            all that, dance isn’t the result of thought
        rhythm of bodies, the choral. When the three        very difficult to dance, the gestures are so        here. It comes from the body and rather
        dancers leave the stage, this silence is bro-       honed, in torsions and chorally. The choreo-      points in its direction. In this the piece re-
        ken by the original soundtrack of Romance           grapher furthermore notes that dancers’ bo-       vives the expression of romanticism as it
        en stuc [Romance in Stucco] composed by             dies are no longer the same as thirty years       seems to have now disappeared, and we
        Ève Couturier and Jean-Jacques Palix, ope-          ago; less vertical and less inclined to forge     thus see the benefits it brings, in a world
        ning the way for a chorus from antiquity,           a language, a formal gesture. The chorus,         where identity and one’s relationship to the
        whose concise gestures and statuary figures          for example, imposes a rigour that young          other is adorned with the most attractive
        recall Greek and Egyptian iconography. The          dancers no longer practise.The revival ne-        masks. In this, and because the eleven young
        dancers, wearing colourful wigs, dressed in         cessitated a work of recovery but also a han-     dancers are now guarantors of its memory,
        transparent tights and tight-fitting T-shirts        dover of the original via the original team       the revival of Romance en stuc is salutary.
        knotted at the waist, form an utterly surpri-       (notably the dancers Sara Lindon, Laurence        “This invisible world, of which reality is the
        sing ensemble, imbued with both gravity and         Rondoni, Dominique Brunet, Didier Chauvin         veil, has its traps, and its abysses. But you
        humour. Based on Empedocles’ texts evo-             and Bertrand Lombard) to the new, so that         shan’t fall into them (1).”■
        king nature and Théophile Gautier’s novel           the transmission was enriched by various                                Translation: Chloé Baker
        Spirite (1865) (which served as the basis for       experiences and memories, passed on
        the romantic ballet Giselle), Romance en stuc       through other ways than that of the choreo-       (1) Théophile Gautier, Spirite, 1865.
        portrays a couple separated by destiny. The         grapher. This is particularly the case for the
        lover, in a silk dress, distanced by death,         role personifying destiny, separating the two     Mathilde Bardou is a theatre director and actress.
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        new settings / festival d’automne à paris / centre pompidou

        la rIbOT
        Panoramix
        Laurent Goumarre

        Anthologie créée en 2003 de pièces                     pour qu’il puisse se promener, décider de re-
        de La Ribot, Panoramix est remis                       garder ou pas l’exposition des choses qui s’y
        en scène mais aussi en jeu. D’une durée                passent, je dois aussi lui donner le temps de
        de trois heures, le spectacle affirme la                 le faire. Ce qui veut dire que, pour moi, cet es-
        démesure de la danseuse, chorégraphe                   pace de travail commun est aussi une durée,
        et performeuse espagnole.                              et vice versa, un espace-temps adéquat pour,
                                                               maintenant, construire ma présence, et puis
        ■ Il faut refaire l’histoire : Panoramix ? L’aligne-   déconstruire pour continuer. Et ça n’a rien à
        ment de trente-quatre Pièces distinguées,              voir avec un temps théâtral, parce qu’on sait
        créées entre 1993 et 2000 par La Ribot. On             tous que la représentation a quelque chose à
        récapitule :                                           voir avec l’idée d’une fin. Moi, je propose ici
        — 1993 : début d’une série de solos, soit 13           un environnement, un temps ; au spectateur
        Piezas distinguidas, l’occasion pour l’artiste ma-     de décider s’il fait l’expérience de cette pré-
        drilène de se présenter selon un double code           sentation ou n’en fait qu’une représentation. »
        théâtral et pictural : treize autoportraits de
        soixante-dix secondes à sept minutes, des              MESURER LE CORPS ET L’ESPACE
        poèmes haïkus en mouvement : une idée, un              Panoramix est l’histoire de cette lente dépo-
        geste, une pièce. À cette époque, La Ribot             sition sur le plateau, une rétrospective de
        construit son personnage pittoresque et bur-           pièces qui ne se veut pas chronologique,
        lesque : un corps nu debout, comme une toile           mais libre comme une association d’idées.
        de chevalet/support plastique.                         Car, au fond, qu’est-ce qu’elle fait La Ribot
        — 1997 : création de treize nouvelles partitions       quand, nue, elle fend la foule des specta-
        qui, regroupées sous le titre Más distinguidas,        teurs, s’emboîte dans une chaise ou étale sur
        s’emploient à redéfinir l’espace de jeu : l’hori-       le plateau une flaque d’objets, si ce n’est
        zontalité.                                             s’aménager un espace où pouvoir ensuite se
        — 2000 : huit autres pièces, Still Distinguished,      coucher et prendre la mesure de son corps ?
        pour un espace désormais public, sans salle ni         C’est pour moi tout l’enjeu de ce Panoramix
        scène, bref, un environnement antithéâtral,            que La Ribot réactive cette année. Et deux
        une chorégraphie de la déambulation. La Ribot          des Pièces distinguées de cette anthologie
        s’étale doucement au sol au milieu de ses ob-          pourraient bien en définir les enjeux :
        jets et au pied des spectateurs. Aux quelques          — Capricho mío (1994) : La Ribot mesure
        secondes des pièces/gestes/idées des dé-               avec un mètre n’importe quelle partie – ou
        buts, elle substitue des dépositions qui excé-         distance entre différents points – de son
        dent les dix minutes : des couchers travaillés         corps, dans les poses les plus improbables.
        jusqu’à l’immobilité maintenue, au point que           Puis, elle enroule son mètre, désigne une
        le spectateur pose son regard ailleurs, oublie         dernière fois les parties de son anatomie
        ce corps déceptif qui n’attend plus qu’on le re-       mesurée et conclut ironiquement : « Quatre-
        garde. « C’est comme mettre en jeu une idée            vingt-dix/soixante/quatre-vingt-dix », soit les
        de la démocratie, parce que tout, depuis les           mensurations « idéales » du corps féminin fé-
        objets trouvés là, utilisés puis abandonnés,           tichisé. La disproportion dessine alors un
        jusqu’aux écrans vidéo, en passant par le              corps burlesque parce que démesuré.
        spectateur, le son des baffles, moi-même,                — Candida Iluminaris (2000) : La Ribot, cette
        tout est pareillement dispersé au sol, sans
        principe organisateur. Alors l’espace n’est plus       La Ribot. « Panoramix ». 1993-2003. « Pièce
        qu’une surface, sans fin, et c’est cela la condi-       distinguée n°8 Capricho mío ». Propriétaire distingué
        tion qui rend possible de penser en termes de          Bernardo Laniado Romero. Série « 13 Piezas
        présentation et non de représentation. Il me           distinguidas ». (Tate Modern, Londres, 2003,
        semble que, si je donne au public un espace            Ph. Manuel Vason)
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                                                                                             new settings / festival d’automne à paris / centre pompidou

        fois, dispose sur scène, à intervalle régulier,   tion. L’installation de ce corps aligné prend      sans que rien ne soit jamais gagné. C’est
        des objets, des trucs de rien, sans valeur        dès lors la mesure de l’espace.                    peut-être pour moi la pièce la plus vulnérable
        marchande, avec valeur sentimentale peut-         L’histoire de Panoramix est dans ce double rap-    qui soit, quand La Ribot abandonne derrière
        être, comme une barrette, une poupée, les         port au monde : l’exposition d’un corps « im-      elle ses objets et effets personnels pour se re-
        Lego de son fils, les escarpins verts que sa      mesurable » et sa déposition « démesurée »         trouver nue, couchée, au milieu d’une cen-
        mère lui avait offerts pour le mariage de son     pour en arriver à cette conclusion : La Ribot      taine d’inconnus. À la regarder respirer à
        frère, une tresse de ses cheveux… Elle dis-       « dépasse les bornes ».                            quelques mètres de soi, on comprend qu’il
        tribue les indices de ses histoires person-       Mais de quel acte s’agit-il ? Celui d’être au      suffit d’un rien pour que sa place soit mena-
        nelles, dont la fonction essentielle est de la    monde dans la mesure. Et ça se construit sur       cée. Ce qui ne manque pas de se produire car
        rattacher au sol en tissant un lien affectif      le mode de la fragmentation : fragmenter le        il arrive que des objets disparaissent, qu’un
        entre elle et le plateau. Comme un rituel         plus possible, en ménageant des espaces entre      spectateur se découvre fétichiste et glisse
        pour pouvoir, elle-même, enfin se déposer.        chacun des objets. Il ne s’agit pas de recouvrir   dans sa poche un petit truc qui a été semé.
        Une fois que tous ces trucs ont bien été dis-     le plateau, mais de « s’espacer », de « gagner     L’histoire de cette Pièce distinguée passe par
        tribués du plus petit au plus grand, et à cette   de l’espace » pour mieux trouver sa place.         là : la disparition un jour d’une poupée, le vol
        seule condition, La Ribot y va finalement de      Candida Iluminaris prend toute la « mesure »       de la tresse de cheveux… Parce que rien n’est
        son corps allongé et fait acte de sa déposi-      de cette place faite au corps de la femme          jamais fixé, tout peut disparaître.
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        new settings / festival d’automne à paris / centre pompidou

        Alors, en lieu et place de l’objet manquant,
        La Ribot dépose un morceau de carton sur le-                   La Ribot                                         — 2000: eight other pieces, Still Distinguished,
                                                                                                                        for a space now public, neither venue nor
        quel elle a écrit le nom de la chose volée/dis-
        parue, le lieu du crime, la date. Je me souviens
                                                                       Panoramix                                        stage, in short, an anti-theatrical environment,
                                                                                                                        a wandering choreography. La Ribot slowly
        de Panoramix en 2003 : quelques bouts de car-                                                                   lies down in the middle of her objects and at
        ton marquaient doucement la disparition d’ob-                  An anthology created in 2003 from                the feet of the spectators. The initial few se-
        jets, sans ostentation, juste des petits mots                  pieces by La Ribot, Panoramix                    conds of pieces/gestures/ideas, she replaces
        pour signaler que, là, avant, il y avait quelque               is a re-staging, but also a bringing-back        with depositions that exceed ten minutes:
        chose, que cette chose a été ravie, que cela                   into-play. With a duration of three hours,       lying down until immobility is maintained
        pourrait bien arriver à chacun des autres objets,              the show affirms the excessiveness                 to the point that the viewer looks elsewhere,
        qu’un jour viendra où, peut-être, tout aura dis-               of the Spanish dancer, choreographer             forgetting the deceptive body no longing ex-
        paru. Et que ce jour-là, La Ribot n’alignera plus              and performer.                                   pecting to be watched. “It’s like putting into
        que des morceaux de carton. Aura-t-elle en-                                                                     play an idea of democracy, because everything
        core la force, ce jour-là de déposer son corps ?               ———                                              from objects found there, used and abando-
        En 2019, combien d’objets lui restent-ils ? ■                  We need to retrace the history: Panoramix?       ned, to video screens, through the viewer,
                                                                       The alignment of thirty-four Pièces Distin-      the sound of speakers, myself, everything is
        Laurent Goumarre est journaliste et critique, producteur       guées [Distinguished Pieces] created bet-        similarly scattered on the ground, without
        du Nouveau rendez-vous sur France Inter. Il a été conseil-     ween 1993 and 2000 by La Ribot. Let’s recap:     an organizing principle.Then space is only a
        ler artistique du festival Montpellier Danse, puis adjoint à   — 1993: beginning of a series of solos, 13       surface, endless, which is the condition that
        la programmation de la Biennale internationale de la           Piezas Distinguishedidas, the opportunity for    makes it possible to think in terms of pre-
        danse de Lyon. Artiste, il est représenté par la galerie       the Madrilenian artist to present herself ac-    sentation and not of representation. It seems
        Alain Gutharc, Paris.                                          cording to a dual theatrical and pictorial       to me that if I give the public a space to walk
                                                                       code: thirteen self-portraits from seventy se-   around, decide whether or not to watch the
        La Ribot est née en /was born in 1962. Elle vit                conds to seven minutes, haiku poems in mo-       exhibition of things happening there, I must
        à Genève /She lives in Geneva.                                 vement: an idea, a gesture, a piece.             also give them time to do so. Which means
                                                                       This was when La Ribot constructed her           that, for me, this common work space is also
        La Ribot. « Panoramix ». 1993-2003.                            picturesque, burlesque character: a naked        a duration, and vice versa, a space/time ade-
        Ci-dessous /below: « Pièce distinguée 22 Oh!,                  body standing, like a canvas on an easel/plas-   quate for building my presence at one point,
        Compositione Más distinguidas », 1997.                         tic support.                                     and then deconstructing it to move on. And
        Page de droite/right: « Candida Iluminaris,                    —1997: creation of thirteen new scores which,    it has nothing to do with theatrical time, be-
        Still Distinguished », 2000. (Mercat de les Flors,             grouped under the title Más distinguidas, were   cause we all know that representation has
        Barcelone, 2019, Ph. Alfred Mauve)                             used to redefine the play area: horizontality.    something to do with the idea of an end. I
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                                                                                                                                                                     17

                                                                                              new settings / festival d’automne à paris / centre pompidou

        propose here an environment, a time; it’s up       mother had given her for her brother’s wed-        her place to be threatened. This doesn’t fail
        to the viewer to decide whether they are ex-       ding, a braid of her hair... She distributes       to happen, because it happens that objects
        periencing this presentation or merely making      the clues to her personal stories, the essential   disappear, a spectator discovers themselves
        of it a representation.”                           function of which is to connect her to the         a fetishist and slips into their pocket a little
        Panoramix is the story of this slow deposi-        floor by weaving an emotional bond between          object that has been sown. The story of this
        tion on the set, a retrospective of pieces that    her and the performance space. Like a ritual       Distinguished Piece lies there: the disappea-
        isn’t meant to be chronological, but free as       to be able, finally, to place herself. Once all     rance one day of a doll, the flight of the braid
        an association of ideas. Because, basically,       this stuff, from the smallest to the largest, has   of hair... Because nothing is ever fixed, eve-
        what does La Ribot do when, naked, she di-         been distributed, and only then, does La Ribot     rything can disappear.Then, in place of the
        vides the crowd of spectators, fits into a chair    finally go there with her body prone and make       missing object, La Ribot lays a piece of card-
        or spreads on the floor a puddle of objects, if     a statement of her deposition. The installation    board on which she writes the name of the
        it isn’t to create a space where she can then      of this aligned body therefore takes the mea-      stolen/disappeared thing, the place of the
        lie down and take the measure of her body?         sure of the space. The story of Panoramix is       crime, the date. I remember Panoramix in
        This for me is what is at play in the Panoramix    in this double relation to the world: the ex-      2003: some pieces of cardboard gently mar-
        that La Ribot is reviving this year. And two of    posure of an “immeasurable” body and its           ked the disappearance of objects, without
        the Distinguished Pieces of this anthology         “excessive” deposition to reach this conclu-       ostentation, just little notes to indicate that
        could well define the issues at stake:              sion: La Ribot “goes beyond the limits”.           there, before, there was something, that that
        — Capricho Mío (1994): La Ribot measures           But what act is it?That of being in the world in   thing was stolen, that it could happen to each
        with a measuring tape any part – or distance       a measured fashion. And it is built on the         of the other objects, that a day will come
        between different points – of her body, in the      mode of fragmentation: to fragment as much         when, perhaps, everything will be gone. And
        most improbable poses. Then she rolls up           as possible, leaving spaces between objects.       that day, La Ribot will just align pieces of
        her tape, points to the parts of her measured      It isn’t a matter of covering the stage, but to    cardboard. Will she still have the strength to
        anatomy for the last time, and ironically          “space”,“gain space” to better find one’s place.    lay down her body that day? In 2019, how
        concludes: “Ninety/sixty/ninety”, the “ideal”      Candida Iluminaris takes the whole “mea-           many objects does she have left? ■
        measurements of the fetishized female body.        sure” of this place made for the body of wo-                             Translation: Chloé Baker
        The disproportion thus draws a burlesque           men without anything ever being gained.
        body because it doesn’t fit the measurements.       This is perhaps for me the most vulnerable         Laurent Goumarre is a journalist and critic, producer of
        — Candida Iluminaris (2000): La Ribot, this        piece, when La Ribot leaves behind her ob-         radio programme Le Nouveau Rendez-vous on France
        time, arranges on stage, at regular intervals,     jects and belongings, to find herself naked,        Inter. He was artistic advisor of the festival Montpellier
        objects, little nothings, without market value,    lying in the middle of a hundred strangers.        Danse, then assistant to the programming of the Bien-
        with sentimental value perhaps, like a hairclip,   Watching her breathe a few metres away, we         nale Internationale de la Danse de Lyon. An artist, he is
        a doll, her son’s Lego, the green shoes her        understand that it wouldn’t take much for          represented by the gallery Alain Gutharc, Paris.
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