Petits fruits : échanges collectifs pour des solutions techniques - Les mauvaises

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Petits fruits : échanges collectifs pour des solutions techniques - Les mauvaises
Petits fruits : échanges collectifs
     pour des solutions techniques
    Techniques        Aides producteurs     Réglementation

                     Les mauvaises        Sécheresse : le
Les TCS en bio :
                       décisions            risque des
quels résultats ?
                     s’accumulent          dérogations

         Bulletin CAB n°122 • Sept - Oct 2017 •
Petits fruits : échanges collectifs pour des solutions techniques - Les mauvaises
• Edito •

     Le calme après la tempête : trop, c’est trop !
Une vague de conversions d'exploitations vers
l'agriculture biologique a marqué les années 2015 et
2016 : plus de 25 000 hectares ont été engagés en Bio en
Pays de Loire. Pour cette année 2017, cette dynamique
de conversion reste toujours d'actualité mais plus
limitée, au moins 15 000 ha au 15/05/2017.

Malgré une politique incertaine des aides à la bio
(conversion et maintien), les projets de changement et
d'évolution de systèmes de production sont présents
dans la campagne. La consommation de produits bio
connaît une croissance soutenue. La demande des
filières, toutes productions confondues, est encore
accrue.                                                                   Valérie CHAILLOU-FEVRIER
                                                                           Productrice Bio en Vendée
L'instabilité des marchés des produits agricoles                       Administratrice au GAB 85 et à la CAB
conventionnels amène (ou pas !) les producteurs à
engager des réflexions sur leur mode de production.
                                                            de la production en adéquation avec l'accompagnement
Pour ces différentes raisons, entre autres, le              de la consommation ; augmenter la disponibilité de
développement de l'Agriculture Biologique ne peut pas       produits bio et favoriser l'introduction de ces produits en
s'arrêter demain ! L'accompagnement de ces                  restauration collective par exemple.
producteurs en réflexion et aussi de ceux qui ont déjà
fait le choix de l'agriculture biologique, est              Le changement d'échelle de la bio est enclenché.
indispensable.                                              Cependant, les orientations politiques des aides bio ne
                                                            sont pas à la hauteur des annonces faites ! Sujet à suivre,
La force de notre réseau est l'appui au développement       sans aucun doute !

SOMMAIRE
                                                            Dérogations fourrages : pas une solution immédiate
Edito de Valérie Chaillou-Février                       2                                                         10
                                                            et un risque pour la filière

Actualités de la CAB                                    3   Point Info FNAB                                       10

Suppression de l’aide maintien et enveloppe vide pour       Techniques Culturales Simplifiées : les producteurs
                                                        4                                                         12
la conversion… des négociations difficiles                  bio s’y intéressent

Petits fruits : interconnaissance et acquisition de
                                                        6   Réaliser des stocks herbagers de qualité en bio       14
nouvelles compétences techniques

Préserver la santé des lapin bio par des bonnes
                                                        8   Annonces                                              16
pratiques d’élevage

     2                          Septembre - Octobre 2017 n°122 - Bulletin CAB
Petits fruits : échanges collectifs pour des solutions techniques - Les mauvaises
• Actualité de la CAB •

Publications techniques et Bio Pratiquent
Une publication en viticulture...                                                        15 portes-ouvertes Bio PRATIQUENT
La CAB continue à publier régulièrement                                                  Le réseau GAB/CIVAM Bio 53 se
des guides techniques producteurs. En                                                    mobilise du 20 octobre au 7 décembre
viticulture, un cahier technique                                                         en proposant 15 visites techniques chez
« Mildiou sur vigne » propose 14 règles                                                  des producteurs bio. Toutes ces
d’or.     Il   est     le    résultat    de                                              journées sont organisées avec des
plusieurs     années        d’observations,                                              partenaires : centres de gestion,
d’essais et d’approfondissement des                                                      contrôles laitiers, collecteurs… Des
connaissances des vignerons Bio et                                                       visites sont proposés en lait, viande,
Biodynamistes des Pays de la Loire. Il                                                   maraichage, volailles, grandes cultures
propose des pistes concrètes sur la                                                      et viticulture. Les Bio Pratiquent
qualité de traitement, les outils             de diverses recherches (Avialim,           permettent de réunir des producteurs
nécessaires, l’utilisation de plantes et de   ProtéAB, Parcours, Icopp…). Un chapitre    pour partager des savoir-faire technique
tisanes…                                      est consacré à la gestion du plan          et donner envie de s’engager en
                                              biosécurité dans les élevages de           agriculture biologique. Programme
Une autre en volailles bio…                   volailles.                                 complet et détaillé disponible sur le site
Le recueil volaille s'adresse à ceux qui                                                 www.biopaysdelaloire.fr
veulent créer ou développer leur atelier      En attendant celle sur les chèvres bio
volailles : réglementations, parcours,        Ce guide développe les différentes                            Julien TAUNAY (CAB)
alimentation... Il est enrichi de données,    étapes nécessaires à la réussite d’un
                                              projet de conversion en chèvre :
                                              autonomie de son troupeau, gestion du
                                              pâturage, maîtrise du parasitisme,
                                              reproduction,     comportement       des
                                              animaux… Plusieurs éleveurs parlent de
                                              leurs expériences pour partager leurs
                                              savoir-faire. Tous ces recueils sont
                                              disponibles auprès de la CAB ou sur le
                                              site www.biopaysdelaloire.fr

  AG FNAB 2018 : 10 et 11 avril à La Pommeraye (49)
La dernière Assemblée générale de la FNAB dans notre région s’est déroulée au Croisic en
avril 2007. 11 ans après, nous allons à nouveau accueillir cet évènement national. Pendant
2 jours, plus de 130 participants viendront de la France entière pour débattre sur l’avenir
de notre réseau. La proximité de l’AG sera pour les adhérents Pays de la Loire une chance
d’y participer plus facilement. Tous les adhérents seront donc conviés : dates à bloquer
dans vos agendas 2018 !

                                 Septembre - Octobre 2017 n°122 - Bulletin CAB                                            3
Petits fruits : échanges collectifs pour des solutions techniques - Les mauvaises
• Aides producteurs •

Suppression de l’aide maintien et enveloppe vide
pour la conversion… des négociations difficiles
En cette année électorale, la mobilisation de la FNAB a été particulièrement forte pour asseoir et
accroître la reconnaissance de la filière bio par les pouvoirs publics et alerter sur l’insuffisance
des enveloppes la bio. Depuis de longs mois, la FNAB plaide ainsi pour un transfert conséquent
du budget du 1er pilier vers le 2nd pilier à l’occasion de la révision à mi-parcours de la PAC. Sa voix
n’a malheureusement pas été entendue par le ministre de l’Agriculture Stéphane TRAVERT qui a
décidé le 27 juillet de transférer 4,2 % seulement du budget du 1 er pilier vers le 2nd pilier, alors
que la FNAB réclamait à minima 3 % pour les seules aides bio.

Que disent les chiffres ?                       vous. Elle s’est alors organisée pour        traversent une crise grave avec des prix
La FNAB a fait une estimation des               peser dans le débat médiatique avec la       de marché qui ne couvrent plus les coûts
besoins d’ici la fin de la programmation        parution le 25 juillet d’un communiqué       de production ». Chacune a lâché des
actuelle en 2020. L’estimation totale           de presse collectif, largement relayé, et    communiqués de presse cinglants :
des besoins (CAB + MAB) est a minima            le lancement le 26 juillet d’une pétition    « Un hold-up inacceptable sur les
de 678 millions € jusqu’à 2020, soit 3 %        citoyenne        avec       Agir      pour   soutiens à l’agriculture » (FNSEA), «
environ des 22,5 milliards d’euros des          l’Environnement. Parallèlement, la           incompétence » et « amateurisme
aides du 1er pilier prévues sur 2018-           réunion      du      Conseil     Supérieur   » (JA), cette décision du gouvernement
2020. Or le transfert opéré par le              d’Orientation et de coordination de          « revient à prendre dans la poche des
ministre du 1er pilier vers le 2nd pilier est   l’économie agricole et alimentaire           agonisants       pour    soutenir      les
de 945 M. € environ pour financer               (CSO), convoquée le 27 juillet, a été        mourants ! » (CR), « Les éleveurs laitiers
toutes les mesures du 2nd pilier jusqu’en       brutalement annulée et remplacée par         ne sont pas les banquiers du
2020. Le compte n’y est donc pas et de          des consultations bilatérales du ministre    gouvernement » (FNPL), pour les
très loin !                                     avec les parties prenantes dont la FNAB,     céréaliers, c'est « un nouveau handicap
                                                reçue le 26 juillet (étaient présents pour   » (AGPB), …
Les démarches de la FNAB                        la FNAB Stéphanie PAGEOT, Alain
La FNAB s’est très fortement mobilisée          DELANGLE et Guillaume RIOU).                 Pour la FNAB, les aides à la conversion
depuis le début de l’année. Les choses                                                       demeurent pourtant, avant tout, des
se sont accélérées en juillet, lorsque le       Un transfert seulement de 4,2 %              aides à des producteurs conventionnels,
Ministre de l’agriculture, Stéphane             Alors que le ministre avait jusqu’au 1er     ceux qui font le choix de faire évoluer
TRAVERT, a annoncé que la France allait         août pour notifier à la Commission           leur système vers un mode de
bien demander un renforcement du                européenne le transfert budgétaire, il a     production qui leur permettra d’être
transfert du 1er vers le 2ème pilier de la      préféré couper court à la pression           plus en phase avec les attentes de la
PAC.                                            médiatique croissante et a annoncé dès       société en termes d’alimentation,
                                                le 27 juillet l’arbitrage pris : un          d’environnement et de création
Une 1ère rencontre de la FNAB avec le           supplément de transfert limité à 4.2 %,      d’emploi. Et qui leur apparait également
ministre a eu lieu le 10 juillet. Elle a        qui ne pourra financer, d’après le           le plus porteur pour pérenniser leurs
permis aux représentants de la FNAB             miniètre, essentiellement, que les           exploitations à taille humaine.
(Stéphanie PAGEOT, présidente, et               besoins supplémentaires pour l’ICHN
Guillaume RIOU, secrétaire national)            (Indemnité compensatoire des zones à         Quel soutien à la bio demain ?
d’exprimer les attentes et besoins des          handicap naturel).                           Face à la colère des producteur(rice)s de
producteurs bio.                                                                             la FNAB, le ministre n’a pas tardé pas à
                                                Tout le monde est mécontent                  s’exprimer sur Twitter et par voie de
Dans les jours qui ont suivi, la FNAB a         Toutes les OPA se sont déclarées             presse. Il s’est inscrit en faux contre les
été informée que des arbitrages                 opposées à ce transfert supplémentaire,      déclarations de la FNAB… sans toutefois
défavorables à la bio risquaient d’être         qui, selon elles, se fait au détriment des   avancer de chiffres ! Sur son compte
pris en dépit du discours positif et            « soutiens directs » aux producteurs,        Twitter : "Non, nous ne supprimerons
rassurant du ministre lors du rendez-           « quand de nombreux secteurs                 pas les aides à la conversion bio Oui

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Petits fruits : échanges collectifs pour des solutions techniques - Les mauvaises
• Aides producteurs •
nous honorerons nos engagements pr            de conversion, le ministre a renvoyé        Les autres mesures financées par le
dvp l filière.",, "Objectif #Gvt 50% bio ds   la balle dans le camp des régions, qui      FEADER        (MAEC,         aides      aux
les Cantines = Bio renforcé Aides             gèrent les fonds européens agricoles        investissements…) s’avèrent elles aussi
confortées et développées, régions            pour le développement rural. "Il va y       avoir déjà consommé la plus grosse part
mobilisées #Egalim"                           avoir une discussion avec les conseils      de leur enveloppe respective ; on peut
                                              régionaux qui sont autorité de gestion      donc difficilement espérer de solutions
En visite lundi 31 juillet sur                sur le Feader et qui sont les acteurs les   par des transferts internes à la région.
l’exploitation de Gérard MICHAUT, le          mieux      placés       aujourd'hui   sur   C’est pourquoi, le transfert du 1er vers le
président de l’Agence BIO, en                 l'accompagnement et notamment l'aide        2ème pilier apparaissait à la CAB, à l’Inter
Bourgogne, Stéphane TRAVERT a                 au maintien. A ce jour, rien                Bio et aux Organisations économiques
déclaré à l’AFP : « "Pour l'Etat, la          n'est supprimé, c'est aussi une décision    de producteurs Bio comme LA solution
priorité, c'est le financement des aides à    des collectivités territoriales",           pour continuer à financer les nouveaux
la conversion, le transfert opéré                                                         engagements Bio à partir de 2018.
aujourd'hui doit nous permettre de            Et en Pays de la Loire ?
rester sur le scénario prévu et               En Pays de la Loire, l’enveloppe dédiée     Souhaitons que les échanges entre la
d'atteindre l'objectif de 8% des surfaces     aux aides conversion et maintien Bio        Région et le Ministère ces prochaines
converties en 2021 au lieu de 6%. Pour        sera épuisée suite à la campagne 2017.      semaines permettrons d’éclaircir des
atteindre cet objectif, il faut bien aider    Les engagements sur 5 ans pris en 2015,     propositions concrètes jusqu’à présent
l'agriculture biologique",. […] Pour          2016 et 2017 devraient, eux, être           peu étayées.
encourager la conversion, M. Travert a        honorés. Mais sans refinancement il
mis en avant la prorogation pour 2018         n’apparait pas possible de pouvoir                            Patrick LEMARIE (CAB)
du crédit d'impôt en faveur de                engager de nouvelles conversions en
l'agriculture biologique, qui doit faire      2018, ni des demandes MAB sur des
l'objet d'un "arbitrage" de Matignon ».       parcelles qui viennent de terminer leur
[…] « En ce qui concerne les aides au         engagement conversion.
maintien des exploitations bio, qui
sont versées après les trois années dites     Quelles solutions ?

Plafonnement : gérer le désengagement des parcelles
Les DDT (M) ont adressé ces derniers          plafonds sur chaque dossier, est que les    leurs demandes 2015. De plus, la non
mois ou ces derniers jours des mails ou       engagements parcellaires la première        finalisation des dossiers 2015 pourrait
courriers aux producteurs pour leur           année ne peuvent pas dépasser               impacter la demande ATR 2017, ce qui
demander de « désengager » des                financièrement les plafonds. Les DDT        renforcerait fortement les difficultés
parcelles de leurs demandes d’aide            (M) ne peuvent pas elles-mêmes              financières des producteurs.
CAB / MAB 2015, s’ils dépassent le            plafonner les demandes. Si une
plafond régional.                             demande est supérieure au plafond, la       Nous conseillons donc aux producteurs
                                              demande n’est tout simplement pas           concernés par un dépassement de
Le dispositif CAB/MAB est structuré sur       recevable administrativement.               plafond de se plier à la demande de
la base d’engagements parcellaires sur                                                    mise en adéquation des engagements
5 ans, avec des montants par hectare          La CAB et le réseau FNAB ont dénoncé        parcellaires 2015 avec les plafonds
liés aux couverts déclarés en 1ère année.     depuis plusieurs mois cette modalité        régionaux. La CAB propose via sa
                                              qui oblige les producteurs à gérer un       newsletter et sur son site des conseils
Des plafonds ont été mis en place sur la      sous assolement qui bénéficie des aides     pour réaliser au mieux les choix des
région (et la plupart des autres régions)     CAB/MAB, alors que la logique               parcelles à engager sur 5 ans (éviter en
afin de permettre l’accès aux aides à un      « système » est à la base de                particulier d’engager des couverts qui
maximum de producteurs, qu’ils soient         l’agriculture biologique. Après plusieurs   ne pourraient pas être positionnés 5
en bio ou en conversion. Ces plafonds,        mois d’échange avec le Ministère, il        ans sur ces parcelles).
sur les Pays de la Loire sont de 7 500 €/     apparait      que      les    contraintes
ha pour la MAB et 15 000 € / ha pour la       administratives mettront trop de temps
CAB (avec transparence GAEC).                 à être levées, alors que les producteurs
Le   problème,     pour   appliquer    ces    attendent depuis 2 ans la finalisation de

                                 Septembre - Octobre 2017 n°122 - Bulletin CAB                                               5
Petits fruits : échanges collectifs pour des solutions techniques - Les mauvaises
• Filières végétales•

Petits fruits : interconnaissance et acquisition de
nouvelles compétences techniques
La CAB anime depuis 2016 un groupe d’échanges « Petits fruits ». Des producteurs et des
porteurs de projets ont visité deux fermes spécialisées en Mayenne. Jean-Yves puis
Laëtitia ont ouvert leurs portes au groupe pour présenter deux approches différentes : un
système expérimenté et un autre projet récemment démarré. La gestion des adventices
reste un sujet commun aux deux exemples. L’approche collective reste un bon moyen
d’échanger des pratiques et partager des savoir-faire.

                                             ce jour : phytophtora, campagnol, autre
                                             maladie du sol ? Ce point de départ a
Producteur à Sainte-Gemmes le Robert         amener les participants à débattre des
depuis 1997, Jean-Yves cultive 6 000 m²      stratégies     de    taille  et     du
de petits fruits (fraises, framboises,       renouvellement des plants.
cassis et groseilles) et un verger sur une
surface de 10 hectares sur un sol sablo-     Gestion des adventives
limoneux peu profond. Son activité de        Autre problématique majeure : la
producteur s’associe pleinement à la         gestion des adventices avec l’impact de
cueillette sauvage de sureau, mûres et       l’enherbement sur le rang. Jean-Yves a
autres nèfles ainsi qu’un atelier de         présenté les avantages et les
transformation proposant une trentaine       inconvénients de son système de bâche
de références de confitures, gelées et       tissée associée au bois déchiqueté et
sirops.                                      une approche enherbement total avec
                                             binage sur le rang sur groseilliers. La
Problème de dépérissement                    question du paillage végétal a été levée
Jean-Yves connait un problème de             et sera approfondie lors de prochaines
dépérissement de ces plants de               visites de fermes ou formations
framboisier. Avec 30% de perte de            thématiques cet hiver.
plants en 3 ans, Jean-Yves a eu
l’occasion de déraciner un plant malade      Les participants ont abordé la gestion
afin de montrer son problème de              de la main d’œuvre saisonnière,            apports en fertilisants, l’irrigation par
dessèchement racinaire non élucidé à         l’impact du gel sur les cultures, les      l’aspersion et la micro-aspersion,
                                                                                        l’investissement humain et financier
                                                                                        dans un laboratoire de transformation,
                                                                                        les prix des produits transformés et la
                                                                                        filière sucre issue de la culture de la
                                                                                        betterave.

                                                                                        Laëtitia Millet, trajectoire d’une
                                                                                        installation récente
                                                                                        Laëtitia s’est Installée en 2016 à Saint-
                                                                                        Jean sur Mayenne après un BPREA en
                                                                                        poche sur une surface totale de 6 ha.
                                                                                        Elle réalise 1,5 hectares de petits fruits
                                                                                        (fraises, cassis, groseilles, framboises,
                                                                                        myrtilles) et 1 hectare de verger avec 80
                                                                                        arbres (pommiers, poiriers et quelques
                                                                                        cerisiers, pruniers et néfliers). Laëtitia
                                                                                        pratique également la cueillette
                                                                                        sauvage sur la ferme (sureau, mûres…).

      6                         Septembre - Octobre 2017 n°122 - Bulletin CAB
Petits fruits : échanges collectifs pour des solutions techniques - Les mauvaises
• Filières végétales•
Lors de cette visite, les participants ont
abordé le parcours à l’installation quand
on a plus de 40 ans. Laëtitia a témoigné
sur son parcours en formation agricole,
sa recherche de foncier et son regard
entre le rêve et la réalité. Des débats se
sont ouverts sur l’implantation des
cultures en partant d’une prairie et de
zéro, sur la culture sur butte en fraise
très développée sur la ferme,
l’application de la tourbe et paillage
sciure au pied des myrtilles, toile de jute
au pied en cassis et groseille, la
fertilisation et compost de déchets
verts.

D’autres sujets ont été abordés :
l’investissement humain et financier les
premières années, la transformation
des produits, les obligations et contrôles
des services sanitaires lors d’une
transformation à la ferme, le coût de
production et prix de vente, let
notamment les fraises en libre-
cueillette...

Sur ce dernier point, les participants ont
identifié des écarts entre producteurs et
ce malgré les remises selon les volumes
achetés. Ils ont souhaité continuer l’état
des lieux des pratiques de chacun pour
augmenter la valeur ajoutée de leur
travail et l’importance de proposer des
prix rémunérateurs dès la première
année. Malgré les dégâts du gel sur ses
fraisiers, Laëtitia projette d’agrandir un
peu sa surface de production, son
volume de produits transformés et
d’ouvrir un atelier pédagogique.

             Sébastien BONDUAU (CAB)

Projet pour 2018 : des défis techniques à relever
Le groupe de producteurs a travaillé sur les actions à mener en 2018. Deux thèmes sont
récurrents : le dépérissement du framboisier et le calcul du coût de revient et prix de vente. Le
groupe souhaite aussi faire un bilan de campagne en fin d’année pour continuer les échanges
techniques. Dernières priorités : les producteurs souhaitent diffuser leurs pratiques au sein du
groupe y compris auprès des porteurs de projet en petits fruits, sous forme de fiche techniques
ou d’un recueil de savoir-faire.

                                 Septembre - Octobre 2017 n°122 - Bulletin CAB             7
Petits fruits : échanges collectifs pour des solutions techniques - Les mauvaises
• Filière animale •

Préserver la santé des lapin bio par des bonnes
pratiques d’élevage
Préserver la santé en élevage de lapins bio passe par de bonnes pratiques d’élevage et
d’hygiène. Elles sont assurées par une alimentation saine, un pâturage tournant
respectant des temps de retour, un logement adapté… Les éleveurs identifient trois
risques majeurs pouvant engendrer d’importantes pertes : la coccidiose, le VHD et la
myxomatose. Toute ces pistes de solutions sont issues de témoignage d’éleveurs et
d’apport de vétérinaire.

La coccidiose : parasite majeur                de fèces). Au-delà de 5 000 ookystes       les chiens, les autres mammifères
Favorisée par le stress (alimentaire,          par g de fèces un traitement peut          domestiques. Le virus est souvent
sevrage, changement de lot…), la               être réalisé                               présent dans les élevages. Il faut donc
coccidiose provoque des diarrhées, des        Utilisation de médecines alternatives      éviter de lui donner les conditions de
baisses de croissance et peut aller            comme antiparasitaire (complément          développement          adéquates.       Les
jusqu’à la mort du lapin. On distingue         de bonne pratique d’élevage)               symptômes : le lapin a une phase
une dizaine d’espèces différentes dont 6                                                  d’incubation de 24 à 48 h pendant
sont pathogènes pour le lapin. Elles         Le VHD souvent fatal au lapin                laquelle il est en hyperthermie (41.5°C),
touchent les lapins entre 5 à 12             Le VHD est la maladie hémorragique           puis il a une phase d’hypothermie (38°
semaines d’âge et immunisés, le cheptel      virale du lapin hautement infectieuse et     C). Il a des difficultés respiratoires, les
reproducteur joue un rôle de réservoir.      souvent fatale au lapin. Il en existe deux   pattes étirées, la tête en l’air, on peut
Pour gérer la pression de ce parasite        types : RHDV et RHDV2. Provoquée par         noter plus ou moins de signes de
sans traitement, différents moyens de        un     virus    très    résistant     dans   saignement de nez. A l’autopsie, on
lutte sont mis en place par les éleveurs :   l’environnement (résistance au gel…),        observe du sang dans les poumons et la
 Limitation du stress auprès des            elle touche les adultes et les pré-adultes   trachée.
   animaux : alimentaire, sevrage,           (à partir de 4 à 5 mois). Sa transmission
   changement de lot, changement de          se fait par voie orale (contact,             Pour lutter contre, différents moyens
   logement…                                 alimentation, intervention de l’éleveur).    sont mobilisables par les éleveurs :
 Mise en place d’un pâturage                Les vecteurs sont les lapins, l’homme,        Mise en place des pratiques de
   tournant : avec un cycle de 3
   semaines, un temps de retour de 2
   mois permet de limiter le risque sur
   les animaux
 Chargement modéré : plus le nombre
   d’animaux est important, plus la
   dissémination      des     œufs     est
   importante (ookystes) entrainant un
   risque d’infestation fort
 Alterner 2-3 années de pâture avec 2
   -3 années de fauche
 Désinfection des logements à l’eau
   chaude : >80°C
 Le croisement d'espèces au pâturage
   permet de valoriser différentes
   strates de l'herbe. Cette pratique est
   intéressante, uniquement pour les
   parasites qui ne sont pas communs
 Utilisation de vinaigre de cidre dans
   les eaux de boissons (1% possibilité
   d’aller jusqu'à 5-6%)
 Réalisation de coproscopies (analyse

     8                          Septembre - Octobre 2017 n°122 - Bulletin CAB
Petits fruits : échanges collectifs pour des solutions techniques - Les mauvaises
• Filière animale •
                                               et n’assure pas l’immunité des petits.
                                               La vaccination de 15% du troupeau
                                               suffit pour protéger l’ensemble
                                                                                            Un logiciel de références
                                             Myxomatose : perte importante
                                             C’est une maladie infectieuse, virulente
                                                                                             technico-éco lapin bio
                                             et contagieuse pouvant engendrer de           L’Inra Toulouse a visité 2 élevages
                                             50 à 100% de mortalité selon les
                                                                                           en Pays de la Loire et Bretagne
                                             souches (avec une durée de survie
                                             allant de 13 à 50 jours pour les souches
                                                                                           pour       tester     un     logiciel
                                             les plus virulentes). Ses principaux          d’enregistrement de références
                                             modes de transmission sont les piqûres        technico      économiques.       Les
                                             d’insecte (puce et moustique) ainsi que       échanges ont permis de voir les
                                             le contact entre lapin. Les 1ers              paramètres influant sur la marge
                                             symptômes sont visibles sur les yeux :        brute par lapin. Ce travail va se
                                             écoulement,       inflammation       des      poursuivre        pour       rendre
                                             paupières, gonflement de la tête…             opérationnel        le      logiciel.
                                                                                           L’association « Lapin Bio de
                                             La myxomatose n’admet qu’une
                                                                                           France » est partie prenante de ce
  biosécurité pour limiter les risques       préventive. Dans les élevages de lapins
                                             bio, les différents moyens utilisés par les
                                                                                           programme et sert de relais pour
  d’introduction du virus (travail sur les
                                             éleveurs sont : séparation des lapins         les tests en élevage.
  vecteurs)
 Assainissement des cages pour              atteints, l’homéopathie : Febristyl, la
  freiner l’invasion (brasser des huiles     vaccination.
  essentielles d’Eucalyptus dans du
  lithotamme et mettre dans les cages)       N’hésitez pas à partager vos
 Cure de chlorure de magnésium dans         expériences, vos moyens de luttes
  l’eau (diluer 30g dans 1L d’eau et         mobilisés, les coûts induits, vos
  donner 1 à 2 L /jour/femelle), et /ou      réussites,   vos   questions…    pour
  utiliser en cas de stress ponctuel         améliorer la conduite des élevages de
  pendant 2 ou 3 jours ou lors du            lapins bio.
  sevrage (pour la mère et les petits,
  vigilance aux diarrhées des jeunes) ;                Simon THOMAS (Civam Bio53)
 Vaccination des mères possible en                           Anne UZUREAU (CAB)
  AB. Même si ce dernier est efficace,
  attention au choix du vaccin qui ne
  couvre pas forcement les deux VHD

L’association des éleveurs de lapin bio de France c’est quoi ?
L’association des éleveurs de lapin bio de France s’est créée en 2014. Elle est composée d’éleveurs de lapins bio, de
porteurs de projet et de représentants de la recherche. La CAB avec le CIVAM Bio53 accompagne l’association des
éleveurs de lapin bio de France.
Ses principales missions sont :
      Fédérer les éleveurs de lapins biologiques et en conversion
      Mettre en place des formations techniques pour sécuriser les producteurs bio
      Défendre le cahier des charges de l’agriculture biologique,
      Accompagner les porteurs de projet désirant démarrer un élevage de lapins biologiques,
      Développer et promouvoir la production et la distribution de lapins biologiques

                                Septembre - Octobre 2017 n°122 - Bulletin CAB                                            9
Petits fruits : échanges collectifs pour des solutions techniques - Les mauvaises
• Réglementation •

Dérogations fourrages : pas une solution
immédiate et un risque pour la filière
Dans un contexte pédoclimatique tendu en Pays de la Loire, plusieurs pressions sont
exercées pour ouvrir les dérogations fourrages. Est-ce une volonté de décrédibiliser la
filière bio ? La dérogation doit rester exceptionnelle et surtout individuelle. La CAB
continue de défendre le principe de l’autonomie des systèmes. Le réseau bio travaille
aussi à une meilleure mise en valeur de l’offre en fourrage bio avec une bourse d’échange.

Exception et demande individuelle           rayon de 100kms, sur la base des              offres et les demandes en France.
Une dérogation est attribuée de façon       données fournies par les organisations        N’hésitez pas à transmettre vos offres
exceptionnelle, elle n’a pas vocation à     professionnelles. Si des fourrages            ou vos demandes à la CAB ou à votre
être renouvelée, elle n’est pas             grossiers bio sont disponibles alors la       GAB ou Civam Bio 53 pour mutualiser
systématique. Les dérogations sont          dérogation sera refusée.                      vos besoins. Il est important également
attribuées de façon individuelle et non                                                   de nous informer des évolutions des
de façon collective. C’est important de     La disponibilité en fourrage bio              données transmises pour être à jour.
rappeler ces principes de base pour être    Avant toute demande, le producteur
claire dans le message vis-à-vis            doit vérifier la disponibilité en fourrage    L’anticipation est importante
d’articles rédigés dans la presse           bio sur sa région voire au-delà. Le           Il est également important de rappeler
agricole.                                   réseau Fnab demande à l’Inao que la           que les solutions d’urgence ne sont pas
                                            distance des 100 kms autour de la             les plus satisfaisantes. Pour anticiper les
Critères une demande de dérogation          ferme pour la disponibilité en fourrage       futures crises de ce genre, les
Conformément à l’article 47.c du            soit revue et que cette distance se porte     producteurs peuvent contractualiser ou
règlement (CE) n°889/2008, les critères     à un niveau national. Nous pouvons            prévoir des marges de sécurité pour ne
à remplir pour répondre aux conditions      mettre en avant que d’autres matières
                                                                                          pas être pris au dépourvu par le
de dérogation sont : le lien entre la       font plus de 100 kms sans que cela pose
                                                                                          manque de fourrage, et ne pas subir les
perte fourragère ou les restrictions        de problème particulier.
                                                                                          fluctuations des prix au gré du marché,
liées, notamment, à des conditions
climatiques      exceptionnelles,      à    Bourse d’échange                              tout en gardant en tête l’objectif
l’apparition de maladies infectieuses, à    La CAB reste très attentive à la situation.   d’autonomie alimentaire sur son
une contamination par des substances        Des points se font régulièrement avec         exploitation.
toxiques ou à des incendies, doit être      les GAB et le Civam Bio 53. Le réseau                             Anne UZUREAU (CAB)
avéré. La durée de la dérogation est        FNAB construit actuellement une
définie par l’Inao. La demande de           bourse d’échange pour centraliser les
dérogation doit être réceptionnée par
votre organisme certificateur avant la
date prévue d’achat des fourrages non
biologiques. L’organisme certificateur       Retour sur la rencontre avec l’INAO à Angers
émettra un avis à la demande.
                                            L’INAO a réuni la CAB et la Chambre régionale d’agriculture le 14 septembre
L’Inao analyse chaque demande               à Angers. La CAB a défendu le principe de l’exception des dérogations. Ces
ATTENTION      la    dérogation     n’est   dérogations peuvent fragiliser la filière et la confiance des consommateurs.
considérée comme accordée qu’après
                                            Nous avons rappelé toutes les mesures possibles pour un éleveur avant
réception de la décision favorable de
l’Inao. L’Inao vérifiera l’état de la       d’engager une dérogation (achat de foin bio, baisse du chargement…). Nous
sécheresse (indices ISOP, arrêté            avons aussi indiqué que l’autonomie devait rester un principe de base en
préfectoral ou attestation DDT), le bilan   bio. Enfin, nous avons contesté la règle des 100 kms pour rechercher du
fourrager de l’exploitant et la ration      fourrage bio. L’INAO a demandé à la CAB de recenser l’offre en fourrage bio
annuelle du troupeau, et l’existence ou
                                            critère important pour accepter ou refuser une dérogation.
non de fourrages grossiers bio dans un

     10                        Septembre - Octobre 2017 n°122 - Bulletin CAB
• Point info CAB •

La FNAB aux Etats généraux                     L’importance d’accompagner tous les
                                                producteurs dans une démarche de
de l’alimentation                               progrès vers une bio +.
L’année 2017 est politiquement chargée
                                              Par ailleurs seule une minorité des
pour la bio. Malgré les annonces
                                              régions considère que le réseau FNAB
difficiles de l’été sur les aides, l’agenda
                                              doit continuer à s’investir dans la
politique sur l’agriculture ne s’est pas
                                              gouvernance et le devenir de Bio
arrêté et nous nous devons de
                                              Cohérence.
poursuivre notre travail syndical.
Conformément aux annonces faites
                                              Si aucune option ne l’emporte, plusieurs
pendant la campagne présidentielle se
                                              structures régionales ont proposé des
sont ouverts début septembre les
fameux         États      Généraux       de
                                              orientations stratégiques partagées,         Etude UFC-Que Choisir : un
                                              que l’on peut synthétiser en une 5ème
l’Alimentation (EGA) . Sur le modèle du
                                              option,     qui      reprennent      les
                                                                                           appel aux distributeurs à
Grenelle de l’Environnement de 2007,                                                       plus de transparence
                                              fondamentaux énoncés ci-dessus et les
les États Généraux mettent autour de la
                                              complètent :
table les acteurs agricoles, qu’ils soient                                                 Suite à la publication par l’UFC-Que
professionnels du secteur, syndicats ou                                                    Choisir d’une étude mettant en lumière
                                               La FNAB sort de la gouvernance de
associations environnementales. La                                                         les "marges indigestes" des enseignes
                                                Bio Cohérence
FNAB a été largement invitée à                                                             de la grande distribution sur les
participer      aux    EGA,     signe    de                                                produits bio, la FNAB a réagi par un
                                               La FNAB soutient les initiatives de
reconnaissance institutionnelle fort.                                                      communiqué de presse dans lequel
                                                différenciation conformes à sa
Avec une présence dans 9 ateliers sur                                                      elle :
                                                Charte, mais ne s’implique pas
14, notre réseau sera l’acteur de la bio
                                                directement dans la création et/ou
le plus représenté.                                                                         Exprime sa surprise devant l’ampleur
                                                gestion de marques privées ;
                                                                                             annoncée de ces marges
                                               La FNAB facilite la compréhension
Différenciation : la FNAB se                                                                Appelle les     distributeurs    à   la
                                                par les producteurs et les
                                                                                             transparence
positionne                                      consommateurs      des      diverses
                                                démarches      de    différenciation
Suite à la décision prise par l’Assemblée                                                   Propose à l’Agence BIO d’intégrer
                                                existantes ;
Générale de lancer une consultation                                                          dans son observatoire des éléments
                                                                                             d’analyse sur la formation des prix et
nationale coordonnée par les GRAB/             Le réseau FNAB accompagne les
FRAB, le conseil d’administration des 12                                                     des marges dans les filières bio
                                                acteurs économiques privés dans la
et 13 septembre a pris acte des                 structuration de filières bio + ;
différentes positions exprimées pour se
prononcer sur la stratégie du réseau sur       La FNAB étudie la possibilité d’une
le sujet de la différenciation.                 gestion nationale du label AB.             Événements météos : les OC
Quatre options stratégiques validées en                                                    compréhensifs
Assemblée Générale ont été soumises
                                              2017 : une croissance bio                    Suite aux événements climatiques (gel,
au réseau. La consultation n’a pas
                                                                                           grêle) et à la demande de la commission
permis de faire émerger une orientation       qui se poursuit                              nationale viticulture, la FNAB avait
majoritaire en faveur de l’une des 4
                                                                                           adressé en juin dernier à CEBIO, la
options initiales. À noter également          L’Agence BIO a présenté le 15
                                                                                           fédération des OC, une demande de
qu’en l’absence de consensus, certaines       septembre dernier les toutes premières
                                                                                           soutien. Réponse positive obtenue :
régions ont fait le choix de transmettre      estimations des chiffres de la bio pour le
                                                                                           nous pouvons compter sur la
directement les positions des GAB.            1er semestre 2017
                                                                                           compréhension des OC qui acceptent de
Au-delà de cette diversité, le réseau a        19 nouvelles fermes bio chaque jour        proposer des facilités de paiement aux
                                                pendant les 6 premiers mois 2017           agriculteurs touchés qui en font la
unanimement         réaffirmé        les
                                                                                           demande. Les modalités seront à définir
fondamentaux suivants :                        + 9,2% de producteurs                      avec chaque OC.
 La nécessité de poursuivre le travail        6,5% de la SAU en bio ou en
  de plaidoyer pour un cahier des               conversion au 30 juin 2017
  charges européen exigeant conforme
  à la Charte des valeurs du réseau            + 9,4% entreprises de transformation ou
  FNAB                                          distribution bio

                                 Septembre - Octobre 2017 n°122 - Bulletin CAB                                               11
• Pages techniques •

Techniques Culturales Simplifiées : les
producteurs bio s’y intéressent

Les Techniques Culturales Simplifiées (TCS) intéressent de plus en plus d’agriculteurs,
qu’ils soient en conventionnels ou en bio. Les motivations sont multiples : certains
souhaitent diminuer les charges sur leurs exploitations en limitant les passages d’outils,
d’autres souhaitent en finir avec le labour et le travail profond du sol, vu comme un « non-
sens agronomique ». Par ailleurs, la conduite des cultures en bio (gestion de la pression
adventices et implantation des cultures) génère fréquemment un travail du sol plus
important par rapport à un système plus classique (labour, déchaumages, faux semis).

Tous les agriculteurs bio ayant recours      du sol pour éviter le lessivage, mais      en TCS depuis 11 ans. Toujours en
aux TCS doivent relever les mêmes            peut être également le nettoyage d’une     recherche d'innovation, ils cultivent
défis : gérer les adventives avec un         parcelle       (avec    des      plantes   depuis 2010 des prairies céréalières.
travail superficiel du sol ou sans travail   allélopathiques comme le sarrasin, le      « L'objectif des prairies céréalières est
du sol et maintenir la fertilité des         sorgho…) ou encore la production de        de gagner en autonomie en paille et en
sols (maintien d’une bonne structure         biomasse (si les conditions climatiques    grain, tout en maintenant une
sur le long terme). Encore peu de            sont favorables). Mathieu Careil,          couverture permanente du sol »
références existent sur le sujet des TCS     polyculteur-éleveur à Saint Juire
en agriculture bio, mais beaucoup de         Champgillon (85) témoigne : « Cette        Les céréales (épeautre et avoine
producteurs expérimentent à l’échelle        année avec des conditions climatiques      majoritairement) sont implantées en
de leur exploitation, il est donc            difficiles, on a eu peur d'être juste en   TCS avec une bêche roulante en
indispensable de capitaliser ces             stock de fourrage. Nous avons donc         octobre, dans une prairie multi-espèces.
informations.                                décidé d'implanter un couvert d'été        Les vaches pâturent dès que les
                                             (moha, trèfle d'Alexandrie et trèfle       conditions le permettent (de février à
Plusieurs types de couverts                  flèche) après de l’orge pour en faire de   avril) et de nouveau une fois le battage
Passer des couverts « administratifs »       l'enrubannage ». Exemples de couverts      des céréales effectué. La production
aux couverts « agronomiques » , tel est      estivaux : Sorgho fourrager ou trèfle      d'une telle prairie céréalière est de 10 T
le chemin parcouru par des agriculteurs      d’Alexandrie avec de la moutarde ou        de MS/ha. 50% des 130 ha de surfaces
du groupe TCS bio de Vendée.                 encore tournesol.                          en herbes sont implantés de la sorte sur
L’implantation de couverts peut avoir                                                   l’exploitation. Cette année, 80 vaches
plusieurs finalités : la couverture du sol   Les couverts hivernaux                     ont pâturé du 1er au 20 juillet sur 2 ha,
pour éviter le lessivage des éléments        Ils sont implantés à l’automne avant       sans apport de fourrage au champ,
minéraux et maintenir la vie du sol,         une culture de printemps ou d’été. Ils     « c'est aussi un gain de temps de travail
mais aussi la production de biomasse en      contiennent une ou plusieurs espèces       important » ajoute Luc.
fourrage ou pour la restitution au sol, le   avec une ou plusieurs légumineuses
maintien de la structure du sol et           pour enrichir le sol en azote. Exemples    Le travail superficiel du sol
l’apport d’azote (avec les légumineuses)     de couverts hivernaux en mélanges :        La réduction du travail du sol peut
ou encore la gestion du salissement          Vesce, trèfle incarnat, phacélie,          s’effectuer par étapes Les opérations du
d’une parcelle.                              moutarde et radis fourrager ou pois,       travail du sol varient en fonction de
                                             avoine, trèfle incarnat et RGI.            trois critères (Labreuche et al. 2007) :
Les couverts estivaux
Ils sont implantés dès la moisson et en      Les couverts sous céréales                  La profondeur de travail (travail
place généralement de juillet-août à         Luc et fabienne Friconneau, éleveurs         superficiel > 15 cm)
octobre. Ils sont suivis par un couvert      laitiers aux Rives de l'Yon en Vendée,
hivernal. Leur finalité est la couverture    sont en agriculture bio depuis 8 ans et     L’existence       ou      non      d’un

     12                         Septembre - Octobre 2017 n°122 - Bulletin CAB
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                                                                                            La vie du sol
                                                                                            « Nourrir le sol, avant de nourrir la
                                                                                            plante » est une réflexion que plus en
                                                                                            plus d'agriculteurs ont. Luc Friconneau
                                                                                            ironise en disant que sur sa ferme il doit
                                                                                            nourrir « ses vers de terres ET ses
                                                                                            vaches ! ». Observer son sol, réfléchir
                                                                                            aux apports de matière organique
                                                                                            (nature et fréquence) mais aussi de
                                                                                            calcaire, font partie des réflexions des
                                                                                            agriculteurs qui s'intéressent aux TCS.
                                                                                            Ouvrir son sol et l’observer est riche
                                                                                            d’enseignements.

                                                                                            En Vendée, un nouveau groupe
    Couverts sous céréales. Pâturage de prairie le 24 août, derrière un mélange
                                                                                            d’échanges sur les TCS en bio vient de
                  triticale– pois–avoine, moissonné début juillet
                                                                                            se constituer avec 22 fermes engagées.
                                                                                            Le groupe a répondu à un appel à projet
   retournement de la surface : défini         ajoute : « le semis direct conserve aussi
                                                                                            ECOPHYTO 30 000 et souhaite produire
   par une inversion des horizons, un          la fraicheur du sol et ne bouleverse pas
                                                                                            des Itinéraires Techniques en TCS bio.
   enfouissement plus ou moins partiel         les horizons du sol, ce qui limite le
                                                                                            Rendez-vous dans quelques années,
   des résidus de culture initialement         développement des adventices ». Au
                                                                                            pour en savoir d’avantage.
   en surface ainsi qu’une dilution des        GAEC les Jonquilles (85), le semis direct
   éléments initialement concentrés en         permet de ressemer des prairies dans
                                                                                                    Marianne DUNCOMBE (GAB 85)
   surface                                     une prairie en place, d’implanter des
                                               méteils dans une prairie mais aussi
 Le degré de mélange des horizons.            d’implanter des mélanges d’été en
                                               direct juste après la récolte des céréales
Certains agriculteurs en TCS bio               ce qui limite donc considérablement le
continuent à avoir recours au labour :         travail du sol.                               Pour en savoir plus sur les
« Il vaut mieux préférer un labour                                                              couverts végétaux
agronomique que 5 ou 6 passages
d’outils dans un parcelle » précise un                                                       « Choisir et réussir son couvert
agriculteur du groupe TCS bio de                                                              végétal, pendant l’interculture en
Vendée. Mathieu Careil ajoute : « on                                                          AB » et « Couvert végétal pendant
peut se passer du labour mais il faut                                                         l’interculture    en       AB      :
trouver d'autres outils pertinents ».                                                         caractéristiques des espèces » :
Cette année au GAEC Careil, un                                                                http://www.itab.asso.fr/activites/
Rotavator prêté par un voisin a été                                                           engrais-verts.php
utilisé. Il a permis d'extraire les
mauvaises herbes du sol avant de les                                                         Outil    internet    de    partage
                                                                                              d’expériences des agriculteurs du
laisser griller en surface tout en nivelant
                                                                                              Gers sur les couverts végétaux :
le sol : « La parcelle n'avait pas été aussi
                                                                                              http://gabb32.org/grandes-cultures/
propre depuis plusieurs années ».
                                                                                              partage-ton-couvert
Le semis direct                                                                              L’outil      MERCI       (Méthode
Le semis direct (SD) exclut tout                                                              d'estimation des Eléments Restitués
retournement du sol. La zone travaillée                                                       par les Cultures Intermédiaires),
se situe entre 3 et 8 cm. Le GAEC Careil                                                      développé     par    la   Chambre
a acquis un semoir en semis direct en                                                         Régionale d’Agriculture du Poitou
2016 avec l'aide d'un financement                                                             Charente, qui permet de calculer les
régional PCAE. Mathieu Careil liste les                                                       éléments minéraux (NPK) dans des
nombreux avantages du semis direct :                                                          couverts.
« Il nous permet de nombreuses
économies, en temps et en carburant :           Semis de prairie dans prairie en place
avant nous faisions 2 déchaumages ». Il           grâce à un semoir de semis direct.

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Réaliser des stocks herbagers de qualité en bio
Des stocks d’herbe de qualité ? C’est une question primordiale dans les systèmes bio que s’est posée un
groupe d’agriculteurs du 44 face aux enjeux d’autonomie (sécurité fourragère), d’économie (valorisation
de la ration de base, coût de production limité,…), de santé (récolte, conservation, distribution..) et
d’environnement (préservation de la biodiversité, …). Le GAB 44 a donc organisé une formation de 2,5
jours afin de répondre à leurs attentes et besoins. Retour sur quelques points techniques…

Qualité des foins                                                                          Le pressage
Plusieurs facteurs impactent sur la                                                        Le moment optimum pour le pressage
qualité des foins. Certains sont                                                           est en fin de matinée ou en fin de
indépendants des pratiques agricoles                                                       journée. Il est recommandé de
comme les conditions de séchage du                                                         rechercher à faire des balles au « cœur
foin (température, humidité relative,                                                      aéré » car cela permet de poursuivre le
vent,…) mais d’autres sont liées aux                                                       séchage au stockage. Pour les chambres
choix et stratégies mis en place par                                                       variables, attention au réglage de la
l’éleveur (composition de la prairie,                                                      densité ! Pour limiter les pertes de
stade végétatif lors de la récolte, niveau                                                 feuilles, il est possible de faire un liage
de la fertilisation). D’autres enfin seront                                                au filet. Le surcout par rapport à de la
le résultat du compromis trouvé pour          Au fanage                                    ficelle pour 1000 BR/an est de 100€
répondre aux facteurs externes et aux         Il est le plus efficace droit après la       pour un diamètre de 120, 260€ pour un
objectifs de l’éleveur (rapport feuilles/     fauche et la largeur de la faneuse doit      diamètre de 160 et 280€ pour un
tige, …). Zoom sur quelques phases clés       être un multiple de celle de la              diamètre de 180.
et sur des éléments de réflexion pour         faucheuse. Il ne faut pas faner en pleine
faire du foin de qualité…                     chaleur. Pensez à mettre le régime lent
                                              des toupies : il faut que la dépose soit
Pendant la fauche                             uniforme, aérée et structurée pour
Régler la hauteur de coupe à 6-7 cm
(soit un réglage couteau à 3,5 cm sur sol
                                              exposer la totalité du fourrage à la         Mais… pourquoi je fais
                                              lumière (éviter les tas). Attention au
dur) : il faut une coupe nette et franche     dernier « coup de pirouette » qui est en     du foin ?
car elle est favorable aux repousses et       trop car cela peut engendrer une perte
permet une économie de carburant. La          de 200 kg MS/ha.                             Car après ces points sur la récolte de
vitesse , elle peut aller de 8 à 10 km/h.                                                  l’herbe, la vraie question n’est-elle pas
                                              L’andainage                                  comment valoriser mon exploitation au
Faucher le matin ou le soir ?                 Il doit se faire délicatement car s’il est   maximum ? Ce qui sous-entend
il n’y a pas réellement de bonne              mal géré c’est jusqu’à 20 % de pertes        d’améliorer l’impact « troupeau » de sa
réponse. Le matin, il faut faucher après      protéines brutes (l’agressivité en sec       ration pour améliorer la valorisation de
disparition de la rosée. Il y a un bon        équivaut à 2 passages de faneuse). Il        ses fourrages et son autonomie
ratio sucres/tige et le séchage est plus      faut également éviter de gratter au sol      alimentaire. Il faut optimiser le
rapide en journée que la nuit. A 10           (stolons de légumineuses) : attention au     fonctionnement alimentaire des vaches
heures le pic de sève est passé. Sur le       réglage en hauteur (roue de terrage).        qui va ensuite influencer sur tous les
fauchage le soir, la teneur en sucre est      Concernant le matériel, un andaineur         paramètres : production laitière, coût
maximisée mais il y a plus de risques de      toupie entraine 2 à 8 fois plus de perte     de production, valorisation de toutes les
pertes par lessivage durant la nuit. Dans     de feuilles qu’un andaineur soleil.
tous les cas il faut faire des andains
larges et réguliers.                                                                                Perte potentielles de
                                               Matériel
                                                                                                     feuilles à la fauche
Et avec quel matériel ?                        Rotative classique                                          7 à 10 %
Il faut adapter ses réglages en fonction
de la puissance de traction, de la             Conditionneur à doigts, intensité faible                    8 à 16 %
maturité du fourrage et du rendement,          Conditionneur à doigts, intensité forte                    27 à 44 %
de la proportion de légumineuses et
bien évidemment des conditions météo.          Conditionneur à rouleaux                                   13 à 17 %

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