Plus de logements sociaux en Flandre grâce au décret relatif à la politique foncière et immobilière (grond- en pandendecreet) ? - Larcier
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Plus de logements sociaux en Flandre grâce au décret relatif à la politique foncière et immobilière (grond- en pandendecreet) ? Tom VANDROMME Chercheur à l’Universiteit Antwerpen* Ce texte a été traduit du néerlandais par Lyrco sprl I. Contexte 1. Bien que la politique foncière et immobilière en Région flamande ait déjà une longue histoire 1 , un décret général ayant la politique foncière et immobilière pour objet a pour la première fois été voté en 2009 : il s’agit du décret du 27 mars 2009 relatif à la politique foncière et immobilière (ci-après en abrégé : DPFI)2. On a là le premier décret regroupant les différents instruments juridiques et politiques de la politique foncière et immobilière en Flandre. Il a délibérément été choisi à cet égard d’élaborer un décret distinct et de ne pas considérer la politique foncière et immobilière comme un complément à l’aménagement du territoire, avec lequel elle est bien entendu étroitement liée3. Par politique foncière et immobilière, le décret entend « le pilotage, la coordination, le développement et la mise en œuvre de stratégies et d’instruments de politique spatiale et sectorielle afin de faciliter, encourager, promouvoir et le cas échéant corriger le marché foncier et immobilier »4. L’élaboration d’une nouvelle (et innovante) politique foncière et immobilière visait notamment à matérialiser une nouvelle politique aspirant, entre autres, à un droit au logement abordable pour tous. Dans le cadre de cette aspiration, le décret préconise un élargissement considérable de l’offre de logements sociaux et introduit une nouvelle catégorie, à savoir l’offre de logements modestes. Le tout, en associant aux pouvoirs publics des partenaires privés. 2. Divisé en sept parties (livres), le DPFI est entré en vigueur le 1er septembre 2009 5 , à l’exception d’un certain nombre de dispositions spécifiques et de quelques mesures transitoires. Le Gouvernement souhaitait, par le biais de l’activation de terrains et d’immeubles, élargir l’offre et, de ce fait, maintenir les prix sous contrôle. Pour ce faire, le DPFI fait principalement * Remerciements à Tom Nulens de l’agence Wonen-Vlaanderen pour les considérations utiles et critiques concernant ce texte (lequel est actualisé jusqu’au 1er novembre 2015). 1 Voy. entre autres B. HUBEAU, « Naar de zaak van de grond. Het grond- en pandenbeleid in het Vlaams gewest », in B. HUBEAU et J. VANDE LANOTTE (dir.), De recente evoluties en knelpunten in de ruimtelijke ordening en de stedenbouw (1993-1997), Bruges, la Charte, 1997, p. 199. 2 M.B., 15 mai 2009. 3 Doc. parl., Parl. fl., 2008-2009, n° 2012/1, p. 9. Un décret modificatif relatif à l’aménagement du territoire a été introduit et traité en même temps que le DPFI : le décret du 27 mars 2009 adaptant et complétant la politique d’aménagement du territoire, des autorisations et du maintien, M.B., 15 mai 2009 (voy. Doc. parl., Parl. fl., 2008- 2009, n° 2011). 4 Art. 2.1.1 DPFI. 5 Art. 7.5.1 DPFI.
usage d’instruments fiscaux : une redevance d’activation pour terrains à bâtir nus, une redevance d’inoccupation pour immeubles et habitations inoccupés, des réductions d’impôt pour ceux qui rénovent et remettent en service des immeubles délabrés ou inoccupés, etc.6 Le livre 4 du DPFI est entièrement consacré aux mesures concernant le logement abordable, c’est-à-dire les logements sociaux et les logements modestes. Les mesures doivent aider à garantir le droit à un logement décent visé à l’article 23 de la Constitution, en augmentant le stock de logement de qualité pour les ménages financièrement défavorisés et les isolés. Le livre 4 est de loin le plus volumineux et, en même temps, constitue la partie la plus importante du DPFI, l’accent principal étant mis en effet sur cet élargissement de l’offre de logements sociaux. Le livre 5 contenait initialement des mesures relatives au volet « habiter dans sa propre région »7. Partant du constat que le prix des terrains à bâtir atteint des sommets dans certaines régions de Flandre (intensifiant de ce fait les migrations de population), des mesures ont été prises pour éviter que des groupes financièrement moins favorisés soient écartés du marché immobilier dans leur propre commune/région, chassés en quelque sorte par l’apparition sur le même segment de populations plus aisées. C’est la raison pour laquelle une condition de transfert particulière a été instaurée dans les communes concernées8. Ainsi, les terrains situés dans une zone d’extension d’habitation pouvaient uniquement être vendus à des personnes disposant d’un lien suffisant avec la commune (par exemple, y avoir été domicilié pendant un certain temps ou y réaliser des activités professionnelles qui occupent au moins la moitié d’une semaine de travail). Toutefois, ce livre 5 a entièrement été annulé par la Cour constitutionnelle (arrêt n° 144/2013 du 7 novembre 2013). Nous n’étudierons cependant pas plus en détail cette thématique dans la présente contribution9 ; en revanche, il sera bien question d’un autre arrêt d’annulation, rendu par la même Cour constitutionnelle le même jour (arrêt n° 145/2013), afférent, lui, à l’obligation de construction de logements sociaux mise à charge des promoteurs privés. 6 Livre 3 du DPFI. Voy. à ce sujet : B. HUBEAU et T. VANDROMME, Handboek Grond- en Pandenbeleid, Bruges, la Charte, 2011, pp. 57-98. 7 Voy. à ce sujet : J. DEFOORT et S. VERBIST, « Wonen in eigen streek », in B. HUBEAU et T. VANDROMME, Handboek Grond- en Pandenbeleid, Bruges, la Charte, 2011, pp. 219 à 238. 8 Le Gouvernement flamand devait établir la liste de ces communes dans le DPFI sur la base de critères contraignants. Il s’agissait principalement dans la première liste de la périphérie de grandes agglomérations urbaines (Gand, Anvers et Bruxelles), des communes côtières, des communes du Brabant flamand et des communes situées le long de la frontière avec les Pays-Bas (arrêté du Gouvernement flamand du 19 juin 2009 établissant une liste des communes dans le sens de l’article 5.1.1, alinéa 1er, du décret du 27 mars 2009 relatif à la politique foncière et immobilière, M.B., 22 septembre 2009). 9 Voy. à ce sujet : T. VANDROMME, « Vlaams decreet grond- en pandenbeleid gedeeltelijk vernietigd », R.W., 2013-2014, p. 642 ; F. CHARLIER et S. BOEYKENS, « Het “Wonen in eigen streek” vernietigd. Gevolgen voor de notariële praktijk », T.Not., 2014, p. 181.
II. L’augmentation de l’offre de logements sociaux sur la base du DPFI (avant l’arrêt d’annulation n° 145/2013) A. Généralités 3. Avisé du fait que le nombre de logements sociaux en Flandre est très bas par rapport aux pays voisins, le législateur décrétal a voulu stimuler la réalisation d’une offre de tels logements. Des objectifs quantitatifs ont été fixés à cet effet : pour la période 2009-2020, le nombre contraignant de 65.000 nouvelles unités de logements sociaux a été imposé, soit 43.000 logements sociaux de location, 21.000 logements sociaux d’achat et 1.000 lots sociaux. Il s’agit là d’un accroissement considérable : sans ce plan, l’augmentation du nombre de logements sociaux sur la même période aurait plafonné à 27.000 unités environ (20.000 logements sociaux de location et 7.000 logements sociaux d’achat)10. Et cet objectif quantitatif a été revu (légèrement) à la hausse en 2011, pour passer à 65.610 unités (43.440 logements sociaux de location, 21.170 logements sociaux d’achat et 1.000 lots sociaux)11, en vue d’intégrer les biens de Vlabinvest12 dans l’offre de logements sociaux13. Par ailleurs, le délai pour produire les logements sociaux de location a été allongé jusqu’à 202314. Comme déjà dit, une nouvelle catégorie s’est ajoutée à l’offre de logements sociaux : les logements dits modestes. Pouvant pareillement comprendre des logements de location, d’achat et des lots, ces biens (non sociaux donc) se définissent par leur superficie et leurs volumes (maximaux) : 500 m² pour les lots, 550 m³ pour les logements unifamiliaux en construction… à majorer de 50 m³ pour les logements ayant trois ou plus de chambres à coucher 15 . Contrairement aux logements sociaux, aucune condition d’admission (liée aux revenus notamment) ni prix contraignant de location ou d’achat n’a été fixé (même si des valeurs indicatives ont été annoncées16) ; cependant, le caractère financièrement abordable des biens est garanti par ces limitations spatiales précisément. Un objectif quantitatif a également été arrêté (par le décret du 31 mai 2013) pour l’offre de logements modestes : + 6.000 unités sur la 10 Doc. parl., Parl. fl., 2008-2009, n° 2012/1, p. 46. 11 Voy. aussi l’art. 22bis du Code flamand du logement (décret du 15 juillet 1997 contenant le Code flamand du logement, M.B., 19 août 1997). 12 Vlabinvest est une agence chargée (et subsidiée) par le Gouvernement flamand d’aider les personnes (à revenus moyens ou modestes) de la périphérie bruxelloise à trouver un logement abordable financièrement au sein même de leur quartier. Ce, afin notamment de maintenir le caractère flamand de cette zone. 13 Décret du 23 décembre 2011 modifiant diverses dispositions du décret du 27 mars 2009 relatif à la politique foncière et immobilière et diverses dispositions d’autres décrets ayant trait à la politique foncière et immobilière, M.B., 27 janvier 2012. Voy. aussi T. VANDROMME, « Reparaties aan het grond- en pandenbeleid: het wijzigingsdecreet van 23 december 2011 », R.W., 2012-2013, p. 842. 14 Art. 57 du décret du 31 mai 2013 portant modification de divers décrets relatifs au logement, M.B., 11 juillet 2013, err. M.B., 22 août 2013. L’exposé des motifs motive ceci comme suit : « Op niveau van de Vlaamse Regering is er een bijsturing van het financieringssysteem voor de realisatie van sociale huurwoningen uitgewerkt. Deze kent een hogere subsidiegraad dan voorheen op het investeringsvolume. Ter compensatie van de meerkost daarvan, is overeengekomen om de bijzondere inhaalbeweging te verlengen tot eind 2023. Door de periode te verlengen waarin de bijkomende eenheden gerealiseerd moeten worden, kan deze operatie budgetneutraal worden gehouden » (Doc. parl., Parl. fl., 2012-2013, n° 1848/1, p. 11). 15 Art. 1.2, 1°, DPFI. 16 Art. 4.2.9 et s. DPFI.
période 2012-202317. Cette offre nouvelle répond aux besoins des personnes qui, en raison de ressources trop élevées, ne sont pas dans les conditions pour bénéficier d’un logement social, mais qui doivent néanmoins être aidées dans leur quête d’un logement. Auparavant, ces ménages recevaient peu de soutien18. Ensemble, les logements modestes et les logements sociaux forment ce que l’on appelle le logement abordable19. 4. Les projets de logements sociaux et modestes de grande envergure à mettre en œuvre ont été définis comme suit par le DPFI20 : - des lotissements d’au moins dix lots destinés à la construction d’habitations, ou d’une superficie au sol supérieure à un demi-hectare ; - des projets de construction groupée d’habitations développant au moins dix habitations. On entend par construction groupée d’habitations la construction commune d’habitations ayant un chantier commun et liées entre elles de manière physique ou urbanistique (art. 1.2, 7°, DPFI) ; - la construction ou la reconstruction d’immeubles d’appartements où sont créés au moins cinquante appartements21. 5. La puissance publique n’est toutefois pas capable de réaliser seule l’augmentation d’habitations annoncée. C’est pourquoi il a été fait appel au secteur privé22. Ce dernier s’est vu octroyer à cet effet un accès au marché du logement social à des conditions similaires à celles qui s’appliquent aux sociétés de logement social. Une compensation équitable est prévue en contrepartie. Le décret impose ainsi l’obligation au secteur privé de créer lui-même des logements sociaux ou modestes ; cette obligation se traduit par une charge dite sociale, qui conditionne directement l’octroi d’une autorisation de lotissement ou d’une autorisation urbanistique. La charge oblige ainsi le lotisseur ou le maître d’ouvrage à édifier des logements sociaux ou modestes au sein même de son projet de lotissement ou projet de construction. La rupture du monopole du secteur public dans la réalisation d’une offre de logements sociaux ne peut toutefois se faire au détriment de l’unité et de la qualité du logement social. Raison pour laquelle le décret confère un rôle essentiel à la Vlaamse Maatschappij voor Sociaal Wonen (VMSW), chargée de veiller à cette uniformité. 17 Art. 22bis, § 1bis, du Code flamand du logement, inséré par l’art. 5 du décret du 31 mai 2013 portant modification de divers décrets relatifs au logement, M.B., 11 juillet 2013, err. M.B., 22 août 2013. 18 Doc. parl., Parl. fl., 2008-2009, n° 2012/5, pp. 17 et 21. 19 Doc. parl., Parl. fl., 2008-2009, n° 2012/1, p. 43. 20 Art. 4.1.8, premier alinéa, DPFI (version initiale). 21 Émargent également à cette catégorie les projets qui, pris séparément, n’atteignent certes pas le seuil requis mais s’inscrivent dans le même cadre que d’autres projets du même lotisseur et qui occupent ensemble une superficie de plus d’un demi-hectare. Le législateur flamand entendait éviter par là que les grands projets soient fragmentés pour échapper aux obligations du décret. 22 Doc. parl., Parl. fl., 2008-2009, n° 2012/1, p. 54.
Au passage, on notera qu’un pont est jeté de la sorte entre les compétences du logement (social) et de l’aménagement du territoire, alors que les relations juridiques entre ces matières n’ont pas toujours été simples, comme l’illustre l’arrêt du Conseil d’État du 9 août 200723. 6. Indépendamment de l’opérateur (public ou privé), la réalisation de l’offre de logements sociaux et modestes se fait en 4 phases. - Phase 1 : un objectif général contraignant est imposé à chaque commune en ce qui concerne les logements sociaux et les lots (objectif quantitatif). Pour les logements modestes, seule une description est donnée. - Phase 2 : des obligations concrètes sont imposées aux secteurs public et privé, en ce qui concerne notamment le développement des projets de grande envergure. - Phase 3 : ces prescriptions prennent pour le secteur privé la forme d’une charge sociale, à laquelle sont donc subordonnées les autorisations de lotissement et aux urbanistiques. - Phase 4 : le DPFI propose diverses possibilités pour l’exécution de la charge. B. La réalisation d’une offre supplémentaire de logements sociaux 1. Objectif social contraignant 7. On l’a dit, le DPFI impose pour la période 2009-2020 la réalisation de 65.610 unités de logements sociaux (2023 pour les logements sociaux de location spécifiquement). Chaque commune flamande devra y contribuer, par l’entremise notamment du Schéma de structure d’aménagement de la Flandre24. Un objectif social contraignant est imposé aux communes aussi bien pour les logements sociaux de location que pour les logements sociaux d’achat et les lots sociaux. En tous cas, cet objectif social contraignant implique pour l’autorité communale une obligation juridique : - d’aligner si nécessaire les plans et règlements communaux existants (ayant un impact sur la réalisation de l’offre de logements sociaux) sur le pourcentage prévu. Il est par ailleurs possible de déroger aux schémas de structure d’aménagement communal qui ne se conformeraient pas à l’objectif social contraignant et qui n’ont pas encore été adaptés25 ; - de fixer des normes compte tenu du pourcentage prévu ; - d’utiliser des charges sociales en vue de réaliser ce pourcentage26. 8. Plus spécifiquement, l’objectif communal pour les logements sociaux de location correspond au résultat de la formule définie à l’article 4.1.4 DPFI, qui prévoit une offre supplémentaire de logements sociaux de location de 1,66 % par rapport au nombre de ménages27. 23 C.E., 9 août 2007, n° 173.942, T.R.O.S., 2009, p. 18, note J. BOUCKAERT et T. GERNAEY. 24 Art. 4.1.2, § 1, DPFI. 25 Art. 4.1.2, § 2, dernier alinéa, DPFI. 26 Art. 4.1.2, § 2, premier alinéa, DPFI (version initiale). 27 Pour le Limbourg, ce pourcentage est légèrement supérieur étant donné qu’un nombre supérieur de logements a été attribué au Limbourg en vertu du « Limburgplan » : Doc. parl., Parl. fl., 2008-2009, n° 2012/5, p. 17.
Aucune obligation ne s’applique cependant aux communes qui disposent déjà d’une offre de logements sociaux de location de plus de 9 % (Anvers, Malines, Gand, Genk et Willebroek par exemple) ; et les communes qui atteignent le seuil de 9 % durant la période prévue peuvent couper leur effort28. Ces communes restent libres toutefois de conclure sur base volontaire une convention (relative à la politique de logement social) avec le Gouvernement flamand. Les communes qui ont une proportion de logements sociaux de location inférieure à 3 % doivent fournir un effort supplémentaire (sur la base du tableau visé à l’article 4.1.4, § 2, du DPFI). Ce mouvement de rattrapage doit être réalisé durant la période 2013-2025 (et non plus 2009-2023). Sur la base de l’un des motifs d’exception mentionnés dans le décret, le Gouvernement flamand peut exempter une commune du mouvement de rattrapage spécifique lorsque : - existent des contraintes spatiales manifestes, qui ne peuvent pas être résolues (ou insuffisamment) par la location d’habitations privées — à l’intervention d’agences immobilières sociales ; - le mouvement de rattrapage spécifique a pour effet qu’il faut annuellement autoriser un volume de logements sociaux de location supérieur à 25 % du nombre moyen d’habitations autorisées ; - la commune fournit déjà des efforts substantiels dans le domaine de l’accueil de groupes cibles, notamment via un centre d’asile ou un terrain de transit pour les gens du voyage ; - la commune dispose de logements de location qui ont été réalisés grâce à une subvention de la Région flamande ou par Vlabinvest. Pour finir, le décret prévoit encore une exception pour la commune qui démontre, sur la base d’un dossier scientifiquement étayé, que l’objectif communal ne peut être entièrement réalisé en raison de contraintes spatiales manifestes durant la période concernée ; le Gouvernement flamand peut alors accorder un sursis de cinq ans maximum 29 . Il s’agit bien d’un sursis seulement, et non d’une exemption ; la question de savoir comment une commune confrontée à de telles contraintes spatiales manifestes serait dans la possibilité après cette période de cinq ans de réaliser l’offre de logements sociaux de location n’est pas réglée... 9. L’objectif communal pour les logements sociaux d’achat et pour les lots sociaux ne peut être déduit des dispositions du DPFI. Ce dernier impose seulement des objectifs provinciaux (basés sur le nombre de ménages dans chaque province). Ces objectifs doivent être répartis par la députation en concertation avec les communes30. 10. Le suivi de ce programme d’élargissement de l’offre de logements sociaux sera assuré par l’administration flamande. Pour sa part, le Gouvernement flamand organisera tous les deux ans 28 Art. 4.1.4, § 3, DPFI. Le nombre moyen de logements sociaux de location dans une commune s’élève pour la Flandre à 6 %. Les communes ayant une offre de logements sociaux de location de 9 % sur leur territoire atteignent 150 % de la moyenne actuelle et ont donc déjà fourni suffisamment d’efforts dans le passé : Doc. parl., Parl. fl., 2008-2009, n° 2012/5, p. 17. 29 Art. 4.1.4, § 1er, troisième alinéa, DPFI. 30 Art. 4.1.5 DPFI pour les logements sociaux de location et art. 4.1.6 DPFI pour les lots sociaux.
une évaluation de l’avancement de l’implémentation de l’objectif social contraignant 31 ; la première a eu lieu en 2012. 2. Réalisation de l’objectif social contraignant : normes et instruments 11. Le DPFI a imposé un certain nombre d’obligations pour la réalisation de l’objectif social contraignant. La nouveauté à cet égard tient dans l’implication du secteur privé. a) Obligations pour le secteur public 12. Pour la réalisation de l’offre de logements sociaux, les administrations et les personnes morales semi-publiques doivent avant tout donner le bon exemple. Ainsi, la commune doit veiller à ce qu’au moins un quart de la superficie commune de terrains à bâtir nus et de lots qui sont la propriété d’administrations flamandes et de personnes morales semi-publiques soit affecté à la réalisation d’une offre de logements sociaux. Chaque commune établit un programme d’action en la matière32. b) Obligations pour les secteurs public et privé 13. Le DPFI impose également des obligations pour les projets de construction ou de lotissement de grande envergure (voy. supra n° 4), indépendamment d’ailleurs de la nature juridique du porteur du projet. Pour chacun des projets visés, devra être réalisée une offre de logements sociaux de l’ordre de 20 à 40 % pour les terrains publics, et de 10 à 20 % pour les terrains privés33. Si la commune a établi un règlement communal de logement social34, des pourcentages distincts peuvent être fixés pour la réalisation de logements sociaux de location, de logements sociaux d’achat et de lots sociaux. De plus, le règlement en question peut définir des motifs sur la base desquels il est possible de déroger aux pourcentages visés, sans que le pourcentage puisse toutefois être inférieur à la moitié du pourcentage applicable en vertu du règlement communal35. Lorsqu’une commune a atteint son objectif social contraignant (ce qui doit faire l’objet d’une vérification), le règlement communal de logement social peut renoncer à imposer un pourcentage de logements sociaux (ou appliquer un pourcentage inférieur à celui du décret36). Si le projet de construction ou de lotissement est situé dans une zone d’habitat nouvellement créée d’au moins un demi-hectare37, des objectifs renforcés sont d’application : 40 à 50 % pour 31 Art. 22bis, § 2, du Code flamand du logement. 32 Art. 4.1.7, deuxième alinéa, DPFI. 33 Art. 4.1.8, troisième alinéa, DPFI (version initiale). 34 Un règlement communal de logement social a la même force de droit et valeur contraignante qu’un règlement urbanistique ; il ne s’agit toutefois pas d’un règlement urbanistique, ce qui fait que les règles de procédure y afférentes ne doivent pas être suivies. 35 Art. 4.1.9 DPFI (version initiale). 36 La réalisation de l’objectif social contraignant ne suffit donc pas en soi pour se soustraire aux obligations. La réalisation de l’objectif social contraignant doit être publiée conformément à l’article 186 du décret communal et la commune doit disposer d’un règlement communal de logement social : art. 4.1.8, dernier alinéa, DPFI (version initiale). 37 Sont visées les modifications d’affectation en logement, d’une part, par un plan régional ou, d’autre part, par un plan provincial ou communal, auquel cas il doit être question d’une conversion d’une zone d’expansion d’habitat,
les terrains publics et 20 à 25 % pour les terrains privés. L’autorité qui établit le plan peut, de manière motivée, fixer un objectif inférieur — sur la base d’une offre de logements sociaux existante (ou planifiée), de facteurs contextuels sociaux ou encore des caractéristiques spatiales de la nouvelle zone d’habitat —, sans que cet objectif soit inférieur à la moitié des objectifs minimaux38. Tant que l’objectif social contraignant n’est pas encore réalisé, les pourcentages majorés pour les zones d’habitat nouvellement créées sont obligatoires ; dès que l’objectif social contraignant a été réalisé, les pourcentages majorés deviennent facultatifs39. 14. L’obligation, dans le cadre de l’exécution d’un grand projet, de créer un certain pourcentage d’offre de logements sociaux est imposée par le biais d’une charge sociale liée à l’autorisation de lotissement ou l’autorisation urbanistique, on l’a dit. Il s’agit à cet égard d’une charge au sens de l’article 4.2.20 du Code flamand de l’aménagement du territoire. Cette charge oblige le lotisseur ou le maître d’ouvrage à poser des actes pour qu’une offre de logements sociaux soit réalisée, qui s’aligne sur le pourcentage applicable au projet de lotissement ou au projet de construction. Lorsqu’il impose la charge, l’organe administratif délivrant l’autorisation applique les pourcentages obligatoires : lorsqu’une commune ne dispose pas d’un règlement communal de logement social, il s’agit des pourcentages fixés par le décret de l’ordre de 20 à 40 % pour les terrains publics et de 10 à 20 % pour les terrains privés40. 15. La charge sociale est en principe41 exécutée selon l’un des modes suivants : en nature42 (§ 1), par la vente des terrains requis pour l’offre de logements sociaux fixée à une organisation de logement social43 (§ 2), par la location d’habitations réalisées dans le cadre d’un lotissement ou d’un projet de construction, à une agence de location sociale 44 (§ 3) et par une combinaison de ce qui précède. La charge peut encore être exécutée en déplaçant l’exécution de la charge vers d’autres terrains45 (§ 4), en versant une cotisation sociale à la commune dans laquelle le projet est développé46 (§ 5) et en utilisant des unités de crédit47 (§ 6). § 1 – Exécution en nature 16. Le lotisseur ou le maître d’ouvrage peut exécuter la charge sociale en nature en réalisant effectivement l’offre de logements sociaux proposée (directement ou par adjudication). Les conditions suivantes s’appliquent : (i) l’offre de logements sociaux répond aux normes réglementaires qui s’appliquent dans le chef des sociétés de logements sociaux48 ; (ii) la finition d’une zone de réserve d’habitat, ou d’une zone affectée à l’agriculture, aux forêts, aux autres espaces verts ou à une réserve ou à la nature. 38 Art. 4.1.12 DPFI (version initiale). 39 Art. 4.1.13 DPFI (version initiale). 40 Art. 4.1.10 DPFI (version initiale). 41 Voy. le titre de la sous-section 1re : « Modes d’exécution de principe » (version initiale). 42 Art. 4.1.20 à 4.1.24 DPFI (version initiale). 43 Art. 4.1.25 DPFI (version initiale). 44 Art. 4.1.26 DPFI (version initiale). 45 Art. 4.1.18 DPFI (version initiale). 46 Art. 4.1.19 DPFI (version initiale). 47 Art. 4.1.16, §§ 2 et 3, DPFI (version initiale). 48 Selon l’exposé des motifs, le contenu de ces normes réglementaires devrait encore être défini dans un arrêté d’exécution et se rapporte principalement à des descriptions techniques, des informations sur le concept et la conception, etc., de la VMSW : Doc. parl., Parl. fl., 2008-2009, n° 2012/1, p. 59. Voy. à cet effet l’arrêté
des travaux s’effectue dans les cinq ans suivant la délivrance de l’autorisation en dernière instance administrative 49 et (iii) la passation de l’acte sous seing privé relatif au transfert s’effectue dans un délai de quatre mois suivant la finition des travaux. L’avancement des travaux est contrôlé par la Vlaamse Maatschappij voor Sociaal Wonen par le biais de trois attestations partielles et par le contrôleur du logement social50. Dès que la troisième attestation partielle a été délivrée par la Vlaamse Maatschappij voor Sociaal Wonen, la charge sociale est considérée comme ayant été exécutée. Suite à cette troisième attestation partielle, la partie sociale est aussi définitivement reconnue comme ayant été réalisée par une société de logement social, de sorte que le régime plus avantageux en matière de droits d’enregistrement réduits (1,5 % au lieu de 6 %) et de TVA (6 % au lieu de 21 %) s’applique. 17. Les logements sociaux de location réalisés sont obligatoirement vendus selon un système en cascade. Ces logements doivent en premier lieu être proposés à une société de logement social active dans la commune, ensuite à une autre organisation de logement social, à l’exception de la Vlaamse Maatschappij voor Sociaal Wonen, et en dernier lieu à la Vlaamse Maatschappij voor Sociaal Wonen proprement dite, qui est tenue à l’achat. Le lotisseur ou le maître d’ouvrage dispose donc d’une garantie de reprise. Le prix de vente s’élève au maximum au montant subventionnable qui est fixé dans le secteur de la location51. Les logements sociaux d’achat et les lots sont proposés au nom du maître d’ouvrage ou du lotisseur par une société de logement social aux mêmes conditions que pour la cession par des sociétés de logement social proprement dites52. Le prix de vente s’élève au maximum au montant qui est fixé par la Vlaamse Maatschappij voor Sociaal Wonen. § 2 – Cession de terrains à une organisation de logement social 18. Aucune charge sociale en nature ne doit être exécutée lorsque le lotisseur ou le maître d’ouvrage décide de vendre les terrains requis pour l’offre de logements sociaux fixée à une organisation de logement social. La vente de ces terrains se réalise selon le même système en cascade que celui de la vente de logements sociaux de location. Le prix de vente est fixé au montant estimé par un receveur de l’enregistrement et des domaines ou un commissaire du comité d’achat. Le prix estimé est égal à la valeur vénale du bien, sans tenir compte des conséquences de la charge sociale. ministériel du 14 mai 2013 fixant les normes techniques auxquelles les habitations sociales et les lots sociaux doivent satisfaire, M.B., 30 mai 2013, dans lequel les normes ABC de la VMSW sont officialisées : « 1° de Algemene Handleiding woningbouw renovatie; 2° de Bouwtechnische beschrijving et 3° Concepten voor sociale woningbouw – Leidraad voor bouwheer en ontwerpers » (pas de version française de l’arrêté ministériel). 49 Ou lorsque l’autorisation fait explicitement mention des différentes phases du projet, dans les cinq ans suivant le début de la phase d’autorisation durant laquelle l’offre de logements sociaux doit être réalisée. 50 Voy. art. 29bis du Code flamand du logement. 51 Tel que fixé dans l’arrêté du Gouvernement flamand du 12 octobre 2007 portant financement des sociétés de logement social en vue de la réalisation d’habitations de location sociales et des frais de fonctionnement y afférents, M.B., 31 octobre 2007. 52 Arrêté du Gouvernement flamand du 29 septembre 2006 relatif aux conditions de transfert de biens immobiliers de la Société flamande du logement et des sociétés sociales de logement en exécution du Code flamand du logement, M.B., 13 novembre 2006.
Le repreneur est tenu d’aménager les terrains vendus en lots sociaux ou d’ériger des logements sociaux sur ces terrains dans les cinq ans suivant la passation de l’acte authentique de vente. § 3 – Location d’habitations réalisées à un bureau de location sociale 19. Une charge sociale peut également être exécutée par la location d’habitations réalisées dans un lotissement ou un projet de construction à une agence de location sociale 53 et ce, aux conditions suivantes : (i) le bail principal est conclu au plus tard à la date de délivrance de l’autorisation de lotissement ou de l’autorisation urbanistique ; (ii) le bail principal est valable pour une période de 27 ans au moins et (iii) le loyer de l’habitation ne peut dépasser un maximum fixé par décret. § 4 – Transfert de l’exécution de la charge vers d’autres terrains 20. Le lotisseur ou le maître d’ouvrage peut déplacer l’exécution de la charge sociale vers d’autres terrains que ceux qui sont situés dans le lotissement ou le projet de construction. La charge est alors exécutée conformément à l’un des trois modes susmentionnés, mais sur un autre terrain. Le transfert de l’exécution de la charge est uniquement possible si (i) les terrains accueillants sont équivalents en termes économiques et spatiaux aux terrains qui sont situés dans le lotissement ou le projet de construction ; (ii) les terrains accueillants sont situés dans la commune concernée ; (iii) le transfert de l’exécution de la charge sociale est compatible avec la politique spatiale menée par la commune et (iv) le lotisseur ou le maître d’ouvrage est le propriétaire des terrains accueillants ou est explicitement habilité par le propriétaire des terrains accueillants à y exécuter la charge sociale. § 5 – Versement d’une cotisation sociale 21. Le lotisseur ou le maître d’ouvrage peut exécuter en tout ou en partie une charge sociale par le biais du versement d’une cotisation sociale à la commune dans laquelle le projet est développé. La charge sociale s’élève à 50.000 EUR par logement ou lot social devant être réalisé, indexés sur la base de l’indice ABEX. La commune affecte la cotisation sociale à l’offre communale de logements sociaux. Le régime de cotisation exceptionnel ne s’applique que si l’organe administratif délivrant l’autorisation marque son accord et si le projet n’est pas situé dans une (ancienne) zone d’extension d’habitat ou une zone de réserve d’habitat, qui n’ont effectivement été créées qu’au profit de l’habitat groupé ou d’affectations sociales54. § 6 – Utilisation d’unités de crédit 22. Le lotisseur ou le maître d’ouvrage peut porter des unités de crédit en déduction des charges sociales à exécuter en principe. Les unités de crédit sont obtenues par logement social de 53 Une agence de location sociale est une organisation qui prend des logements locatifs privés en location et les sous-loue au public cible du logement social conformément aux règles de la location d’habitations dans le secteur social (titre VII du Code flamand du logement). 54 Doc. parl., Parl. fl., 2008-2009, n° 2012/1, p. 62.
location réalisé dans le cadre d’une procédure d’appel lancée par la Vlaamse Maatschappij Sociaal Wonen pour introduire des propositions de projets en ce qui concerne la réalisation de maisons sociales à usage locatif55. Même si à la demande du lotisseur ou du maître d’ouvrage, une charge sociale supérieure à celle requise en vertu des normes applicables a été imposée, une unité de crédit est obtenue par habitation sociale ou lot social supplémentaire réalisé. C. Réalisation d’une offre de logements modestes 23. L’offre de logements modestes a déjà été définie ci-avant. Contrairement à l’offre de logements sociaux, le DPFI ne fixait à l’origine aucun chiffre concret pour l’offre de logements modestes devant être réalisée au cours de la période suivante. Le DPFI imposait uniquement des normes pour le logement abordable, dont le logement social doit donc être porté en déduction. Depuis 2013, un objectif quantitatif de 6.000 unités à réaliser durant la période 2012- 2023 pour l’offre de logements modestes, a également été repris dans le Code flamand du logement. L’exposé des motifs fait remarquer qu’il était déjà possible de tendre à la réalisation d’une offre de logements modestes avant le DPFI en stipulant dans un plan d’exécution spatiale qu’une autorisation ne peut être délivrée que si un projet comprend un certain nombre d’unités d’habitation modestes56. Le nouveau décret impose toutefois une norme explicite dans certaines zones. 1. Normes 24. Dans les grands projets de construction ou de lotissement 57 , une offre de logements modestes doit être réalisée qui équivaut à 40 % pour les terrains publics et 20 % pour les terrains privés, à chaque fois diminués du pourcentage imposé sur le terrain par ou en vertu du règlement communal de logement social en ce qui concerne la réalisation d’une offre de logements sociaux58. Il en ressort donc clairement que la part de l’offre de logements modestes est égale à la différence entre la proportion de logements abordables (respectivement 40 % ou 20 %) et la proportion de logements sociaux. Lorsqu’une commune a atteint son objectif social contraignant (ce qui doit faire l’objet d’une publication), l’ordonnance urbanistique communale de logement moyen peut renoncer à imposer un pourcentage d’offre de logements modestes ou appliquer un pourcentage qui est inférieur à la norme fixée par décret59. 25. Une commune peut déterminer une ordonnance urbanistique communale de logement moyen 60 . Cette ordonnance urbanistique communale peut limiter davantage les normes de superficie et de volume maximales qui définissent la notion de « logements modestes » : il peut 55 Art. 33, § 1er, deuxième alinéa, 8°, du Code flamand du logement. 56 Doc. parl., Parl. fl., 2008-2009, n° 2012/1, p. 52. 57 Il s’agit à cet égard des mêmes projets de construction et de lotissement que pour l’offre de logements sociaux. 58 Art. 4.2.1, deuxième alinéa, DPFI (version initiale). 59 Art. 4.2.1, in fine, DPFI. 60 Art. 4.2.2 DPFI.
être tenu compte à cet égard des valeurs moyennes d’une zone spécifique, qui peuvent quelque peu varier en Région flamande61. L’ordonnance urbanistique communale peut en outre décrire les motifs sur la base desquels l’organe d’administration donnant l’autorisation peut autoriser des dérogations par rapport au pourcentage, sans que le pourcentage puisse être inférieur à la moitié du pourcentage fixé par décret. Des motifs possibles sont : l’importance, la forme, l’emplacement ou l’implantation du lotissement ou du projet de construction ou de l’offre de logements sociaux ou de logements modestes déjà existante dans les environs. 26. Les plans d’exécution spatiaux et les plans d’aménagement peuvent déterminer des objectifs et des prescriptions quantitatives autonomes en ce qui concerne la réalisation d’une offre de logements moyens. Dans des zones spécifiques soumises à des plans d’exécution spatiale ou à des plans d’aménagement, à savoir les zones d’habitation nouvellement créées 62 , le décret prescrit une normalisation explicite. Dans ces zones spécifiques, les plans d’exécution spatiale ou les plans d’aménagement doivent fixer un objectif exprimé en pourcentage qui est égal à 40 %, diminué du pourcentage d’offre de logements sociaux fixé63. Ces exigences plus strictes sont justifiées par le fait que l’administration accorde clairement une faveur en créant une zone d’habitat supplémentaire64. Étant donné que des pourcentages d’offre de logements sociaux élevés s’appliquent déjà aux terrains publics, l’impact de ce régime sur les terrains publics sera limité. Sous certaines conditions, l’objectif exprimé en pourcentage peut être diminué jusqu’à 10 % (facteurs de contexte social, caractéristiques spatiales de la zone résidentielle aménagée) ou jusqu’à zéro (en cas de réalisation de l’objectif social)65. 2. Charges 27. L’obligation de créer une offre de logements modestes est également concrétisée en liant une charge à l’autorisation de lotissement ou l’autorisation urbanistique. Lorsqu’il impose la charge, l’organe d’administration donnant l’autorisation applique les pourcentages obligatoires : si une commune ne dispose pas d’une ordonnance urbanistique communale de logement moyen, il applique les pourcentages fixés par décret 66. La charge peut être exécutée par le lotisseur ou le maître d’ouvrage (i) en nature, (ii) par la vente de terrains à une organisation de logement social ou une administration publique ou (iii) par le versement d’une cotisation. 28. L’exécution en nature implique que le lotisseur ou le maître d’ouvrage réalise lui-même l’offre de logements moyens prévue67. Il dispose à cet effet d’un délai de huit ans après la délivrance du permis en dernière instance administrative. Le Gouvernement flamand établit des prix d’objectif indicatifs pour la vente et la location de logements moyens et pour la vente de 61 Doc. parl., Parl. fl., 2008-2009, n° 2012/1, p. 52. 62 Il s’agit ici des mêmes zones que celles pour lesquelles un régime renforcé est également d’application pour la réalisation d’une offre de logements sociaux. 63 Art. 4.2.4, § 2, premier alinéa, DPFI (version initiale). 64 Doc. parl., Parl. fl., 2008-2009, n° 2012/1, p. 53. 65 Art. 4.2.4, § 2, deuxième alinéa, DPFI (version initiale). 66 Art. 4.2.2, § 2, DPFI. 67 Art. 4.2.6 DPFI.
lotissements qui font partie de l’offre de logements moyens 68 . Ces prix ne sont pas contraignants. La charge peut également être exécutée à l’aide de la vente des terrains requis pour l’offre de logements moyens prévue à une organisation de logement social ou à une administration publique 69 . Le prix de vente est égal à la valeur vénale du bien, sans tenir compte des conséquences de la charge sociale, estimée par un receveur de l’enregistrement et des domaines ou un commissaire du comité d’achat. Les terrains vendus sont utilisés au profit de la politique communale en matière de logement70. Avec le consentement de l’organe d’administration donnant l’autorisation et pour autant que le projet ne soit pas situé dans une (ancienne) zone d’extension d’habitat ou une zone de réserve d’habitat, la charge peut également être exécutée à l’aide du versement d’une cotisation à la commune dans laquelle le projet est développé71. La cotisation est égale au montant indexé pour la parcelle de terrain d’une bonne habitation au sens de l’article 9 de l’arrêté du Gouvernement flamand du 12 octobre 2007 portant financement des sociétés de logement social72, étant donné que le logement moyen est étroitement lié à la notion de « bonne habitation »73. La cotisation est également utilisée au profit de l’offre communale de logements sociaux ou moyens. Depuis le 21 juillet 2013, la charge relative à la réalisation d’une offre de logements modestes peut également être exécutée en la déplaçant vers d’autres terrains que ceux qui sont situés dans le lotissement ou le projet de construction74. III. L’annulation par la Cour constitutionnelle (arrêt n° 145/2013) 29. Les obligations qui ont été imposées aux promoteurs privés ont quasi directement été mises en question : la construction de logements sociaux par des entreprises privées, qui peuvent pour cela compter sur des taux d’imposition réduits et sur un achat garanti du logement par les sociétés de logement social, n’est-elle pas contraire à la réglementation sur les marchés publics et au droit européen en matière d’aide publique ? L’exposé des motifs tente d’ores et déjà de motiver suffisamment les choix opérés en la matière75. Étant donné que le propriétaire privé est tenu de réserver une partie de son projet à l’offre de logements sociaux et modestes et de céder l’offre de logements sociaux à des prix 68 Art. 4.2.9 DPFI. 69 Art. 4.2.7 DPFI. 70 Notez que les sociétés de logement social peuvent, sur la base de l’article 41, § 2, du Code flamand du logement, pour un montant de maximum 20 % de leur volume d’investissement annuel, réaliser une offre de logements moyens (introduit par l’art. 7.2.20 DPFI). 71 Art. 4.2.8 DPFI. 72 Ceci figurait initialement dans l’arrêté du Gouvernement flamand du 12 octobre 2007 portant financement des sociétés de logement social en vue de la réalisation d’habitations de location sociales et des frais de fonctionnement y afférents, M.B., 31 octobre 2007, maintenant dans l’arrêté du Gouvernement flamand du 21 décembre 2012 portant financement des opérations dans le cadre de projets de logements sociaux et des frais de fonctionnement y afférents, M.B., 15 janvier 2013. 73 Doc. parl., Parl. fl., 2008-2009, n° 2012/1, p. 72. 74 Art. 4.2.8/1 DPFI, inséré par l’art. 65 du décret du 31 mai 2013 portant modification de divers décrets relatifs au logement, M.B., 11 juillet 2013, err. M.B., 22 août 2013. 75 Doc. parl., Parl. fl., 2008-2009, n° 2012/1, pp. 63 à 71.
préalablement fixés, son droit de propriété est également limité, ce qui fait que la mesure peut être en conflit avec l’article 1er du premier protocole additionnel CEDH et l’article 544 du Code civil. Le droit de propriété peut toutefois être limité si ces restrictions sont justifiées, servent un objectif social (réalisation du droit fondamental au logement) et est proportionnel à celui-ci. L’exposé des motifs prévoit là aussi une justification76. Pour finir, la charge sociale a également été mise en cause dans le cadre de la liberté d’établissement : les dispositions complexes relatives à la charge sociale feraient en effet en sorte qu’il est difficile, pour les entreprises étrangères, d’opérer sur le marché flamand77. Le caractère contestable éventuel du décret est clairement ressorti lors de la discussion du décret au sein de la commission compétente du Parlement flamand78. 30. Une demande d’annulation concernant cette partie du DPFI a également été introduite par 36 sociétés actives dans le secteur immobilier. Leurs griefs portaient sur les limitations de propriété qu’implique la charge sociale et sur les violations du droit européen en matière d’aide publique, de marchés publics et de libre circulation. Par l’arrêt n° 50/2011 du 6 avril 2011, un certain nombre de moyens ont été rejetés et douze questions préjudicielles ont pour le reste été posée à la Cour de justice de l’Union européenne79. 31. La Cour de justice s’est prononcée sur les questions préjudicielles dans son arrêt du 8 mai 201380. Étant donné que l’obligation imposée par le DPFI de réaliser une offre de logements sociaux et modestes constitue effectivement une atteinte grave au droit de propriété du promoteur privé, des compensations ont été prévues pour le promoteur privé en vue de rendre la mesure proportionnelle à l’objectif visé. Des incitants fiscaux et des mécanismes de subventionnement ont ainsi été prévus pour les promoteurs privés qui exécutent la charge sociale en nature, tels que l’application d’un taux de TVA réduit et d’un taux réduit en matière de droits d’enregistrement, une garantie de reprise des logements sociaux construits et des subventions à l’infrastructure (art. 4.1.20 à 4.1.24 inclus DPFI). Ce sont précisément ces compensations qui ont été mises en cause à la lumière de la législation européenne. Alors que la Cour de justice a adopté un langage clair concernant les mesures du volet « habiter dans sa propre région »81, elle est restée beaucoup plus vague en ce qui concerne les mesures relatives à la réalisation d’une offre de logements sociaux et modestes par des promoteurs privés et s’est bornée à formuler un certain nombre de principes et à conclure que la Cour 76 Doc. parl., Parl. fl., 2008-2009, n° 2012/1, pp. 73 à 75. 77 Commission Aménagement du Territoire, 6 janvier 2010, p. 12. 78 Doc. parl., Parl. fl., 2008-2009, n° 2012/5, pp. 31 à 37. 79 C.C., 6 avril 2011, n° 50/2011. Voy. aussi T. VANDROMME, « Grond- en pandendecreet overleeft voorlopig », Juristenkrant, 2011, n° 234, pp. 4 et 5. 80 C.J.U.E., 8 mai 2013, E. Libert e.a. c. Gouvernement flamand et All Projects et Developments NV e.a. c. Gouvernement flamand, aff. jointes C-197/11 et C-203/11. 81 Dans l’arrêt du 8 mai 2013, la Cour de justice s’est prononcée, outre sur les mesures relatives à la réalisation d’une offre supplémentaire de logements sociaux, également sur les mesures relatives au volet « habiter dans sa propre région ».
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