Rapports de veille 2015 : Tendances au service des Producteurs TV de flux - Awex Export
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Rapports de veille 2015 : Tendances au service des Producteurs TV de flux L’Observatoire des tendances est un mobilisateur de veille, qui vise à détecter des tendances, besoins et opportunités à l’étranger et à réinjecter les données récoltées en Wallonie et à Bruxelles. Tout au long d’une année, l’Observatoire se focalise sur une thématique/un secteur donné et une veille internationale est menée par le réseau international AWEX et WBI pour identifier des tendances en cours. En 2014, l’Observatoire des tendances a collaboré étroitement avec le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel dans le cadre de l’initiative Plan TV 2015. Ainsi, une veille internationale a été menée afin d’identifier les tendances et opportunités porteuses d’intérêt pour les producteurs TV de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Comme résultats, pour l’année 2015, ce sont ces 10 rapports repris ci-dessous, qui présentent le paysage télévisuel d’une région géographiques, ou l’émergence d’une nouvelle tendance transversale observée dans les différents coins du globe par le réseau des veilleurs. N’hésitez pas à utiliser la table des matières pour trouver rapidement les rapports qui peuvent vous intéresser. Si vous souhaitez avoir plus d’informations, retrouvez nos coordonnées à la dernière page de ce dossier. Ces rapports ont été rédigés en 2015. 1
Table des matières Suède : Tendances suédoises..................................................................................................... 2 Bulgarie : La production de flux en Bulgarie .............................................................................. 7 Danemark : Créativité audiovisuelle danoise .......................................................................... 12 Québec : La télévision au coeur des débats............................................................................. 19 Israël : Le goût du risque : clef du succès des formats israéliens ? ......................................... 31 Corée du Sud : Leader asiatique des formats TV ..................................................................... 37 La télévision au cœur des mutations ....................................................................................... 46 Innovation en Business model pour les producteurs TV ........................................................ 53 Technologies au service des créateurs de contenus télévisuels ............................................. 65 Technologies émergentes et leur influence sur les producteurs TV ....................................... 77 2
Suède : Tendances suédoises En 2014, l’Observatoire des tendances consacrait un dossier aux marchés télévisuels norvégien, suédois et finlandais. En une décennie, l’aridité de ces petits marchés a laissé place à un dynamisme créatif exponentiel et la Scandinavie est devenue un véritable laboratoire des formats. Il a été en effet constaté que les formats qui y rencontrent le succès ont statistiquement beaucoup de chances de percer ailleurs. Consommation télévisuelle Dynamique du second écran - Multiplication des écrans Le taux de pénétration des nouveaux supports numériques est très élevé en Suède : 73% des Suédois possèdent un smartphone et 45% d’entre eux disposent d’une tablette. Ces supports sont utilisés par la population pour visionner les programmes télévisuels. Par ailleurs, 14% des Suédois souscrivent à des plateformes en ligne payantes pour accéder en ligne à des films, vidéos et programmes TV (ce chiffre grimpe à 25% chez les 12 – 35 ans). - Télévision en streaming devant la télévision broadcastée Ces observations sont confirmées par une étude plus large réalisée récemment par Ericsson dans 9 pays (dont la Suède). Cette étude montre que pour la première fois, en 2014, la télévision en streaming a dépassé la télévision classique (broadcast) chez les 16-45 ans : 80% de cette tranche d’âge a regardé la télévision en streaming en 2014. En généralisant à la population totale de ces 9 pays, il est manifeste qu’en 2015, pour la première fois dans l’histoire de la télévision, le streaming deviendra le mode de visionnage le plus répandu. Source : An Ericsson Consumer Insight Summary Report, September 2014 : http://www.ericsson.com/res/docs/2014/consumerlab/tv-media-2014-ericsson-consumerlab.pdf - Tentative d’élargissement de la redevance TV Cette évolution des modes de consommation des contenus audiovisuels a attiré l’attention des autorités suédoises, qui ont souhaité que la redevance TV ne touche plus seulement les téléviseurs, mais également les supports numériques permettant de voir des vidéos en ligne sur les sites des chaînes publiques. Après une forte opposition à cette mesure, celle-ci a toutefois été supprimée. Social TV La multiplication des écrans et l’évolution des modes de consommation poussent les productions à adopter des stratégies relevant de la Social TV pour atteindre ce public jeune, dynamique et connecté. Pour rappel, la Social TV réfère à l’ensemble des dispositifs qui favorisent les interactions entre le téléspectateur et un contenu télévisuel (avant, pendant et/ou après sa diffusion), entraînant ainsi une expérience enrichie autour de ce contenu. Les modes d’interaction du téléspectateur avec le programme sont variés (formulation de commentaires, votes ou recommandations, participation à des jeux, quiz ou pronostics, co-construction du programme, etc.) et favorisés par des moyens multiples (réseaux sociaux, blogs, forums, sites internet des chaînes télévisées, etc.). 3
En Suède, ces dispositifs sont particulièrement utilisés dans l’émission Idol, très populaire auprès des jeunes et des familles, et dans les programmes de type Campfire TV. Pour rappel, ces programmes, généralement diffusés en prime time, ont pour caractéristique de réunir tout le pays devant eux. Exemples : Concours Eurovision, évènements sportifs, reality TV. Informations complémentaires : Pour un aperçu global des formats à l’heure de la Social TV, voir le dossier que l’Observatoire des tendances a consacré à ce phénomène le 12 novembre 2014 (http://www.csa.be/system/documents_files/2387/original/Les%20formats%20et%20la%20Social%20TV.pdf?1 415788439%20). Contenus télévisuels Tendances porteuses - Les talk-shows intimistes Une nouvelle tendance émerge en Suède : les talk-shows « intimistes », qui invitent une ou plusieurs personnalités (artiste, écrivain, animateur, sportif etc.) dans des lieux reculés et champêtres, loin de la ville et des plateaux de télévision. Ces émissions sont rythmées par des interviews personnelles qui incitent les invités à la confidence et par des activités conviviales (préparation du repas, partie de pêche ou encore création artistique par exemple). L’une de ces émissions, Tina i Fjällen (sur TV4), remporte un franc succès auprès des téléspectateurs. - Le quotidien des ménages Autre tendance émergente en Suède : la multiplication des programmes portant sur les ménages suédois. Certaines émissions mettent en scène des présentateurs qui viennent en aide aux ménages en proie à des difficultés financières (lyxfällan sur TV3 par exemple). D’autres programmes vont à la rencontre de couples au bord de la rupture afin de favoriser une réconciliation (Ska vi göra slut sur Kanal 5 par exemple). Diffusée sur TV3, une nouvelle émission porte sur l’analyse de comportements, tant dans la sphère privée que publique (Inte OK). Toutes ces programmes s’immiscent dans le quotidien des ménages et ramènent leurs soucis ou leurs joies sur le petit écran. Le phénomène dépasse les frontières de la Suède. En effet, la télévision anglaise vient de lancer un appel à candidatures pour sélectionner des familles scandinaves habitant dans un lieu reculé. Objectif de Channel 4 : filmer ces familles dans leur habitat et identifier les avantages et les difficultés que présente ce mode de vie. Ce sujet fera l’objet de 4 docu-réalités diffusés en été 2015. Source : http://www.thelocal.dk/20141120/wanted-for-tv-doc-uk-expats-in-nordics - Les programmes intergénérationnels L’influence de la Silver Economy sur le flux en Suède se traduit moins par la conception d’émissions réservées exclusivement aux seniors que par des programmes fédérateurs « multigénérationnels » susceptibles de séduire également les âgés. Voici trois exemples : • Sverigequizen (TV4). Dans cette émission, deux vétérans de la télévision suédoise défient les téléspectateurs sur leur culture générale suédoise. Le programme suit les deux présentateurs qui visitent six lieux différents en Suède en s’adonnant à la découverte des particularités locales. Plusieurs questions sont posées aux téléspectateurs. La découverte de l’histoire locale et nationale ainsi que la présence de deux personnalités de la télévision suédoise font de cette émission un programme porteur auprès des seniors. 4
• Historieätarna (SVT). Adaptation du programme de la BBC The Supersizers, cette émission plonge pendant une semaine des personnalités de la télévision suédoise dans une autre époque (le Moyen Âge, le Grand Siècle, la révolution industrielle ou encore les années 1970 par exemple). Les présentateurs se mettent dans la peau des différentes catégories de la société de l’époque. L’attention est essentiellement portée à l’alimentation, même si d’autres phénomènes (vêtements, relations sociales) sont également examinés. • Melodifestivalen (SVT). L’émission de sélection du candidat suédois au concours de l’Eurovision reste un programme phare. Cet engouement tient à la popularité en Suède du style musical Schlager et à celle du concours de l’Eurovision. Voir : http://www.eurovision.tv/page/news?id=melodifestivalen_2015_line-up_complete_in_sweden. - Les émissions culinaires Tendance stable en Suède : la diffusion de compétitions culinaires, qu’il s’agisse d’émissions étrangères, d’adaptations suédoises (Masterchef TV4, Topchef Kanal 5) ou de productions locales (hela Sverige bakar TV4, Kockarnas Kamp TV4). Cette tendance s’accentue lors des fêtes de fin d’année. Flops La téléréalité voyeuriste Sjukhuset (TV3) suit le quotidien d’une équipe du CHU d’Uppsala. Cette émission a suscité de vives critiques suite à la diffusion du décès d’un patient et des commentaires de l’équipe sur cet évènement. La famille du défunt a porté plainte contre les responsables de l’hôpital et elle a obtenu des dommages et intérêts, le tribunal ayant estimé que le personnel avait enfreint le secret professionnel. Focus sur deux formats en particulier Diktatorn Diffusée sur SVT2 depuis le 28 octobre dernier, l’émission de téléréalité Diktatorn a suscité de nombreuses réactions. Le principe Cette émission suit huit jeunes, enfermés pendant huit jours dans une maison où est simulée une dictature (encadrement strict, contraintes, travaux forcés). Les libertés des candidats s’amenuisent de jour en jour. Une voix, celle du dictateur, impose ses lois et met les participants face à des choix difficiles (actes de délation pour pouvoir récupérer quelques effets personnels par exemple). Un gain de 100 000 SEK (autour de 10 000 euros) est en jeu. Cependant, aucun participant ne connaît la stratégie à adopter pour la remporter : faut-il obéir au dictateur ou, au contraire, se rebeller ? Selon la production, l’idée de l’émission est née des résultats d’un sondage d’opinion, qui a montré qu’un certain nombre de jeunes Suédois étaient favorables à la dictature. Les réactions de la presse Avant même la première diffusion, les médias ont réagi très négativement au principe de cette émission, perçu comme moralement discutable. L’un des participants, ouvertement raciste et membre du Parti d’extrême droite « les Démocrates de Suède », a particulièrement alimenté la 5
polémique. Par ailleurs, d’après la presse, les participants se seraient sentis trompés par la production qui les aurait obligés à vivre avec un tel individu. Les réactions de la production En charge de la production de l’émission, Charlotte Sifvert s’est dite déçue par la réaction des médias qui se sont focalisés sur le profil d’un participant sans prendre en compte la philosophie globale du programme. Selon elle, l’émission vise à susciter la réflexion sur la démocratie et les droits fondamentaux : c’est donc consciemment qu’ont été choisis des candidats ayant des opinions tranchées sur le sujet. La production souhaitait également que les jeunes sélectionnés reflètent la réalité sociale suédoise. Le choix de la téléréalité visait à opter pour un vecteur de transmission reconnu par les jeunes, qui seraient dès lors plus sensibles au message de l’émission. Charlotte Sifvert a enfin indiqué que la plupart des candidats étaient ravis d’avoir participé à cette émission. Enfin, selon elle, de nombreuses chaînes de télévision étrangères expriment un vif intérêt pour ce programme. Quelques références • http://www.svt.se/kultur/rasismkritik-mot-ur-programmet-diktatorn • http://www.dn.se/kultur-noje/film-tv/rasist-stangs-in-med-sexist-i-ur/ Trolljägarna Le principe Cette émission se focalise sur les trolls, ces messages diffusés sur internet (un forum par exemple) et dont le contenu vise à susciter des polémiques et à provoquer des conflits au sein de la communauté. Le journaliste Robert Aschberg et l’écrivain Ardian Chen s’associent pour dénicher les trolls, exposer au grand jour via télévision ceux qui les produisent et tenter de comprendre ce qui induit ce comportement. Parmi les trolleurs dont le comportement a été décortiqué par l’émission, figurent par exemple des jeunes qui ont harcelé un camarade de classe, un politicien qui a lancé un site internet raciste ou encore un étudiant qui a volé l’identité d’une jeune femme. Si les comportements racistes et haineux sont bannis de nos sociétés, ils connaissent une vraie recrudescence sur internet, où ils s’expriment sans limites. L’objectif de l’émission est de mettre le doigt sur le phénomène et de susciter la réflexion. Les réactions Diffusé depuis avril 2014, ce format fait beaucoup parler de lui. Alors que la deuxième saison est en cours de tournage en Suède, certains experts prédisent déjà l’adaptation de ce format aux Etats-Unis, où les trolls sont particulièrement répandus. Quelques références : • The Troll Hunters, MIT Technology Review : http://www.technologyreview.com/photoessay/533426/the-troll-hunters/ • Internet Trolls Are Being Victimized On New Reality Show : http://www.cinemablend.com/television/Internet-Trolls-Being-Victimized-Reality-Show-Get- Details-69287.html • http://magazine.good.is/articles/swedish-internet-trolls 6
Bulgarie : La production de flux en Bulgarie 2015 coïncide avec la célébration du 100e anniversaire du cinéma bulgare, qui franchit progressivement les frontières nationales. Ces dernières années, plusieurs longs métrages bulgares ont été sélectionnés dans des festivals internationaux (Montréal, Toronto, Sundance, Karlovy Vary, Sarajevo, Cannes etc.) et primés. Mais, vu la quasi-absence de circuit de distribution, l’audience de ces œuvres reste faible. Qu’en est-il de la filière télévisuelle ? Le présent chapitre dépeint une production télévisuelle nationale relativement circonscrite. Elle est complétée à l’écran par bon nombre de formats étrangers, qui ont déjà fait leurs preuves. Ils relèvent pour la plupart de la téléréalité, avec un intérêt de plus en plus marqué pour le second écran. Cette configuration ouvre le secteur de la production bulgare aux collaborations européennes, tant en ce qui concerne l’acquisition de formats, que les moyens et compétences techniques. Paysage télévisuel bulgare Les chaînes TV nationales Avant 1995, la chaîne nationale BNT dominait le paysage télévisuel bulgare, puisqu’elle était la seule à disposer des moyens techniques nécessaires pour couvrir l’ensemble du pays. En 1995, BNT perd son monopole. Le marché télévisuel bulgare est libéralisé, permettant à BTV, la première chaîne nationale privée de se lancer le 1er juin 2000 et d’émettre ses premiers programmes. L’existence de deux chaînes de portée nationale crée une véritable concurrence sur le marché télévisuel bulgare. Quelques jours après avoir octroyé une licence à BTV, le gouvernement annonce un concours pour le lancement d’une deuxième chaîne privée d’envergure nationale. Il est remporté par NOVA TV, qui devient donc le deuxième opérateur privé, suivie ensuite par TV7, le troisième opérateur privé bulgare. A l’heure actuelle, en Bulgarie, l’opérateur public reste BNT (site web : http://bnt.bg/bnt-eng). Il gère trois chaînes de télévision : BNT 1, BNT 2, BNT WORLD. Elles sont généralistes et polythématiques. Comme le souligne le Balkan Media Barometer 2014, BNT offre aujourd’hui des contenus fortement diversifiés (voir http://www.fes.bg/files/custom/library/2014/Balkan_Media_Barometer.pdf). Cette tendance s’est accentuée avec le lancement de BNT2, qui donne la voix aux différentes régions du pays. Les préférences des téléspectateurs L’étude Mapping Digital Media : Bulgaria montre que les bulgares passent 23.2 heures par semaine à regarder la télévision. Les plus loyaux téléspectateurs sont les plus de 50 ans, qui passent 6 heures par jour devant la télévision (voir http://www.opensocietyfoundations.org/sites/default/files/mapping- digital-media-bulgaria-en-20130805.pdf). Selon les résultats publiés le 15 octobre 2014 par Mediaresearch (http://www.mediaresearch.bg/), les chaînes les plus regardées en Bulgarie sont les suivantes : 7
PROGRAMMES LES PLUS REGARDES AU MOIS DE SEPTEMBRE 2014 BNT WORLD BNT 1 0.25BNT 2 TV7 NEWS 7 BABY TV BTV 4.29 0.36 1.83 SUPER 7 0.18 1 BTV COMEDY 0.98 BTV ACTION BTV CINEMA 24 KITCHEN BTV LADY NOVA 0.49 BTV DIEMA FAMILY 25.41 DIEMA OTHER BTV COMEDY KINO NOVA CHANNELS 2.03 NOVA SPORT NAT GEO 23.92 BTV ACTION NATIONAL GEOGRAPHIC WILD 1.8 FOX CRIME 0.52 BTV CINEMA FOX LIFE FOX LIFE NOVA 1.9 NAT GEO WILD 0.59 FOX CRIME 20.2 24 KITCHEN BTV LADY 0.89 NOVA BABY TV 0.52 OTHER CHANNELS NATIONAL SPORT BNT 1 GEOGRAPHIC DIEMA 0.38 BNT 2 0.81 3.06 KINO NOVA DIEMA FAMILY BNT WORLD 2.44 5.44 TV7 NEWS 7 SUPER 7 Les deux chaînes les plus regardées sont les chaînes privées BTV et NOVA. Les résultats complets publiés par Mediaresearch montrent que les goûts des téléspectateurs varient sensiblement suivant l’âge de ces derniers. Ainsi, chez les 18-49 ans, c’est la chaîne NOVA qui est la plus regardée, avec une part d’audience moyenne de 20.93 %. Elle est suivie de près par BTV, qui réalise une part de marché de 20.15 %. Les producteurs indépendants Le marché bulgare des formats est très petit. Généralement, les producteurs indépendants contactent eux-mêmes les chaînes TV avec lesquelles ils négocient directement pour vendre leurs produits. Ils se rendent régulièrement aux salons internationaux (MipTV, MipCom, Discop, etc) pour détecter les nouvelles tendances, repérer les formats populaires et rencontrer des producteurs qui souhaiteraient produire en Bulgarie en utilisant les services des producteurs indépendants locaux. Pour avoir plus de poids sur le marché, les producteurs indépendants bulgares se réunissent au sein d’une fédération professionnelle : The Association of Television Producers (site internet : http://atp.bg/lang/en/). Cette association représente leurs intérêts aux niveaux local et européen. A l’heure actuelle, elle réunit 11 producteurs. S’agissant de l’appui à la production indépendante locale, notons que la chaîne publique BNT est tenue de consacrer 50 % du temps de diffusion (hors informations, émissions de sport, publicités et télétexte) aux œuvres européennes. Au moins 12 % de ces 50 % doivent être destinés à la diffusion des œuvres européennes, créées par des producteurs indépendants européens (bulgares ou autres). Voir le Radio and Television Act (http://lex.bg/laws/ldoc/2134447616), article 19a. La dynamique du second écran La couverture de l’internet à haut débit ne cesse de progresser en Bulgarie. En 2013, 59 % des ménages disposaient déjà d’une connexion à internet. 8
41 % des bulgares utilisent l’internet, tout en regardant la télévision. Toutes les chaînes nationales ont introduit des contenus audio/vidéo sur leurs pages web. Et les formats diffusés ont intégré la donne interactive. Quelques exemples : • En 2014, les téléspectateurs de l’émission VIP Brother ont eu la possibilité de voter pour leur candidat préféré directement via la page de Facebook de l’émission (voir : https://www.facebook.com/vipbrother.bg/posts/787231291334438). • Le programme The Voice of Bulgaria offre la possibilité de voter soit par sms, soit en ligne, après un enregistrement sur le site de l’émission (voir : http://glasatnabulgaria.btv.bg/glasuvane/). • L’émission X Factor offre une application pour les smartphones, qui permet aux téléspectateurs de constamment suivre le déroulement du programme et les toutes dernières informations sur les candidats. Ils peuvent également voter directement via l’application. Contenus télévisuels Une production locale de flux limitée La production locale de programmes de flux n’est pas inexistante en Bulgarie. Les talk-shows agrémentés de témoignages ont le vent en poupe. Deux exemples : • De près avec Maria (Отблизо с Мария ), qui livre les conseils de Maria sur des sujets divers (santé, design, etc). Voir : http://bnt.bg/predavaniya/otblizo-s-mariya/ • Santé de près (Здравето отблизо), qui met la santé au cœur des débats. Voir : http://bnt.bg/predavaniya/zdraveto-otblizo Depuis 2010, les producteurs bulgares créent des formats focalisés sur le quotidien de la population et les difficultés sociales qu’elle rencontre. Ces programmes sont populaires. Quelques exemples : • La vie et les autres choses (Животът и други неща) est une émission, diffusée sur BNT, qui traite des problèmes économiques et politiques. Voir : http://bnt.bg/predavaniya/zhivott-i-drugi- neshha • This Saturday est diffusé sur la chaîne BTV. • Koshlukov Factor : un célèbre politicien bulgare invite sur le plateau des experts qui abordent des sujets polémiques. • Heat est une émission qui aborde des sujets sensibles tels que la mafia, le trafic de drogue ou encore la prostitution en Bulgarie. Malgré ces quelques productions locales qui marchent, la tendance générale est aux valeurs sûres, qui génèrent un taux d’audience important. La plupart des chaînes sont donc tentées de diffuser des programmes qui ont cartonné à l’étranger, plutôt que d’investir dans la production locale. Source : Mapping Digital Media: Bulgaria, Open Society Foundations, 1 March 2013, p. 25 : http://www.opensocietyfoundations.org/sites/default/files/mapping-digital-media-bulgaria-en-20130805.pdf 9
De nombreux formats importés Les chaînes privées bulgares achètent à l’étranger la majorité des formats qu’elles diffusent et elles choisissent des producteurs indépendants locaux pour les adapter. Les programmes de flux importés les plus regardés en Bulgarie sont les divertissements, les programmes de plateau et les émissions de téléréalité. Parmi les programmes de flux importés les plus regardés par les téléspectateurs de la chaîne privée BTV, figurent : • The Voice of Bulgaria • Survivor : Cambodge • Paparazzi (émission qui vise à espionner les célébrités bulgares) • Predai Natatuk (talk-show qui met l’accent sur des histoires humaines touchantes et traite des problèmes d’ordre social) • The Show of Slavi (talk-show) • The Comedians (émission humoristique) • Lord of the Air (fondé sur un concept importé d’Italie) • Bulgaria’ got talent Source : Données publiées dans le rating de BTV selon l’Audience Research Bulgaria. Le succès des séries turques et bulgares Les séries turques font un tabac en Bulgarie. Elles empiètent sur les telenovelas latino-américaines, omniprésentes jusqu’il y a peu sur les chaînes bulgares, et elles rencontrent un succès particulièrement vif auprès des personnes âgées. Pourquoi ? D’abord, le choix des thèmes qui, ancrés dans la culture et l’imaginaire ottomans, parlent à la population des Balkans. Ensuite les coûts de production qui, plus faibles en comparaison avec les concurrents européens et américains, ont favorisé l’essor des séries turques en Bulgarie. Sans parler du talent des distributeurs turcs qui proposent par exemple des « packages » rassemblant plusieurs séries différentes pour en favoriser l’attrait. Résultat : en 2013, près de 30 séries turques étaient diffusées sur les chaînes TV bulgares, tant privées que publiques. Les séries bulgares fonctionnent également très bien. En quelques années, elles ont gagné en qualité et élargi leurs taux d’audience. Elles évoquent les sujets et difficultés du quotidien. Parmi les séries populaires en 2011, figurent par exemple: • Staklen Dom (Glas House) • Pod prikritie (Undercover) : série criminelle • Sedem chasa razlika (A Seven-Hour Difference) : série qui évoque le crime organisé • Stolichani v poveche (Sofia Residents in Surplus) : parodie des réalités politiques et sociales bulgares • Domashen arrest (House Arrest) : comédie familiale Sources : - Television in Bulgaria in 2011 : Problems and Trends, http://www.fmd.bg/?p=6472 - Sur les séries turques, voir le dossier publié par l’Observatoire des tendances le 26 novembre 2014: “La distribution, clef du succès turc?” http://www.csa.be/system/documents_files/2389/original/Dossier%20ODT%20- %20Turquie.pdf?1416930376 10
Succès de la téléréalité Le phénomène Big Brother Dès son arrivée en 2004 sur les petits écrans bulgares, le premier format de téléréalité – Big Brother – a créé un énorme engouement autour de lui. Le public bulgare était curieux de suivre les faits et gestes des candidats, enfermés dans un environnement truffés de caméras et libres d’exprimer leurs émotions les plus fortes. La première édition de Big Brother a été diffusée sur Nova TV. Elle suivait 12 candidats, enfermés pendant 13 semaines dans une maison spécialement construite à cet effet. Les meilleurs moments étaient diffusés dans une émission quotidienne et la version non censurée était transmise tous les jours à partir de 23 h. Plus de 2 millions de téléspectateurs ont suivi la finale de l’émission, ce qui représente 65 % de part d’audience. Les deuxième et troisième éditions ont rencontré un succès encore plus important auprès des téléspectateurs bulgares. Les clefs du succès Plusieurs études se sont penchées sur l’énorme popularité des programmes de téléréalité en Bulgarie, tentant d’identifier les facteurs de ce succès : • La spontanéité et l’authenticité : tranchant avec le caractère construit du jeu des acteurs, l’accès au « réel » et aux réactions spontanées de personnes ordinaires plaît aux téléspectateurs ; • L’image égalitaire : plutôt que de mettre en avant des célébrités, la téléréalité place des personnes ordinaires sur le devant de la scène, leur offrant une chance de devenir célèbres. Ce type de programmes renvoie ainsi une image égalitaire de la société, où il ne faut ni talent ni d’expérience particulière pour figurer parmi les candidats et avoir une chance de l’emporter ; • La nouveauté : Big Brother a incarné pour les téléspectateurs une expérience télévisuelle nouvelle, donnant un nouveau dynamisme à la télévision privée bulgare ; • Les tabous : l’émission a été l’occasion d’aborder ouvertement des sujets encore sensibles dans la société bulgare (santé mentale, homosexualité, relations humaines complexes) ; • La « total communication » : les stratégies de promotion des programmes de téléréalité créent l’événement autour des émissions pour les rendre incontournables. Par exemple, dès le recrutement des candidats, Nova TV a communiqué sur le programme Big Brother via tous les supports (radio, tv, internet, journaux papier) et a organisé des événements à Sofia lors des finales des différentes éditions. Quelques références - Maria RAICHEVA-STOVER, Reality TV in Bulgaria : You’ll See, you’ll watch : The success of Big Brother in Postcommunist Bulgaria, 2006, voir : http://www.cwsp.bg/upload/docs/Big_brother_for_web.pdf - Maria POPOVA, Reality TV in Bulgaria: Social and Cultural Models and National Peculiarities, 2012/07, voir : http://www.sens-public.org/IMG/pdf/SensPublic_MPopova_Reality_TV_in_Bulgaria.pdf 11
Danemark : Créativité audiovisuelle danoise Dans ce chapitre, l’Observatoire des tendances se focalise sur le Danemark, petit pays de 5,7 millions d’habitants, qui témoigne d’une incroyable créativité audiovisuelle. Au sommaire : • Un aperçu du marché télévisuel danois, nettement dominé par les chaînes publiques ; • L’identification de quelques tendances porteuses en termes de formats TV ; • Un zoom sur les clefs du succès des séries danoises. Paysage télévisuel danois La domination des chaînes de service public Le marché télévisuel danois est structuré autour de quatre principaux organismes de radiodiffusion : DR, TV2/Danemark, Modern Times Group et SBS Broadcasting. DR DR est le plus ancien organisme public de radiotélédiffusion au Danemark. Il est financé majoritairement par les redevances payées par les téléspectateurs. Il diffuse deux chaînes généralistes nationales (DR 1 et DR 2) et quatre chaînes thématiques : DR3, DR Ultra (jeune public), DR Ramasjang (enfants) et DR K (culture, histoire et musique). Avec 20% de part de marché, DR 1 est la deuxième chaîne la plus regardée au Danemark. Au fil des années, DR 1 s’est construit une identité forte, principalement autour des séries de fiction qu’elle produit. TV 2/Danemark En 1988, la création de TV 2/Danemark, le deuxième radiotélédiffuseur de service public, met fin aux 37 années de monopole de DR. A la différence de ce dernier, TV 2/Danemark est une société anonyme financée par les revenus publicitaires, malgré sa mission de service public. La société diffuse plusieurs chaînes : TV 2, TV 2 Zulu (jeune public), TV 2 Charlie (seniors), TV 2 News (informations en continu), TV 2 Sport, TV 2 Fri (nature et loisirs), TV 2 Sputnik (internet pay-per-view channel) et TV 2 Film (cette dernière a arrêté ses activités en janvier 2015). Avec 23,3 % de part de marché, TV 2 est la chaîne la plus regardée au Danemark. Sa programmation est influencée par sa mission de service public, qui met en lumière la production locale danoise (notamment des séries très populaires telles que Rita, Anna Pihl et Laerkevej). SBS Broadcasting Organisme privé de radiotélédiffusion, SBC Broadcasting diffuse plusieurs chaînes : Kanal 4, Kanal 5, SBS Net. Cette chaîne fait partie du groupe européen SBS Discovery Media. Elle est connue pour la diffusion de la série Heartless, sur Kanal 5. Modern Times Group Organisme privé de radiotélédiffusion, Modern Times Group diffuse plusieurs chaînes depuis le Royaume-Uni : TV 3, TV 3 + et plusieurs chaînes thématiques. 12
Particularité du Danemark ? C’est le seul pays européen où les chaînes TV publiques attirent plus de la moitié des audiences quotidiennes. DR et TV2 dominent le marché télévisuel danois, en proposant des contenus variés et originaux, qui reflètent la culture danoise et plaisent au public. L’évolution des modes de visionnage Comme dans la plupart des pays industrialisés, les modes de consommation des contenus télévisuels évoluent au Danemark, sous l’influence du la révolution numérique. Les premières observations de l'étude Media Developement 2013 mettent en évidence une diminution nette (8 %) de la télévision broadcastée au profit de la télévision en streaming. L’ampleur de cette diminution varie en fonction des tranches d’âge et du genre : c’est auprès du jeune public et des hommes qu’elle est la plus importante. Internet devient aujourd’hui un canal de distribution de contenus pour des fournisseurs tels que Netflix et Viaplay. Comme l'affirme l’étude Media Development 2013 de DR, Netflix peut être considéré aujourd’hui comme le sixième "chaîne de télévision" danoise. Une production locale très dynamique Dès le lancement de TV 2 en 1988, tous les contenus diffusés (à l’exception de l’information et du sport) devaient être produits par des producteurs danois indépendants. Cette règlementation a véritablement stimulé la production télévisuelle indépendante au Danemark. Par exemple, en 2010, 86 % du temps de diffusion de TV 2 étaient consacrés aux contenus produits par les producteurs indépendants (54 au total) et le budget que la chaîne investissait dans ces programmes s’élevait à 53 millions d’euros. DR TV suit la même tendance, même si les montants dépensés pour l’acquisition des formats de producteurs indépendants sont moins importants, étant donné que DR TV produit beaucoup en interne. Les producteurs indépendants danois se sont réunis au sein d’une association qui remplit une double fonction double : d’une part, la défense des intérêts de ses membres auprès des institutions publiques et des chaînes et, d’autre part, le rôle d’association patronale qui négocie des accords professionnels avec les groupements de salariés de l’industrie. A l’heure actuelle, l’association représente 114 producteurs. Voici quelques noms de producteurs indépendants danois : Eyeworks Denmark, Masstiff A/S, Blu, Metronome Production A/S, Babyfoot. Sources et informations complémentaires : - Television Format Adaptation in a trans-national perspective – an Australian and Danish case study. http://imv.au.dk/~piamj/TV_Format_Adaptation.pdf - Value chains and Business Models in the Audiovisual sector of the North and Central Denmark Regions, pp. 20-23. http://issuu.com/filmbyaarhus/docs/firstmotion-valuechains-businessmodels-dk - Informations complémentaires sur l’association regroupant les producteurs danois : http://pro- f.dk/medlemsomr%C3%A5de/english et sur ses membres : http://pro-f.dk/medlemsliste - European Audiovisual Observatory : http://mavise.obs.coe.int/country?id=10 - Media Development 2013, DR Audience Research : http://www.dr.dk/NR/rdonlyres/7D4E2F8D-FAF8- 4285-8196-827CE78C646B/6060299/DR_Mediadevelopment_2013_UK.pdf 13
Formats en vogue Trois facteurs de succès Le rapport Media Development 2013 de DR Audience Research identifie trois facteurs de succès des formats télévisuels auprès des téléspectateurs danois : • Le charisme, l’enthousiasme et l’implication du présentateur. Aux experts, les téléspectateurs préfèrent les communicants capables de les captiver en leur racontant une histoire. • Une narration directe. Aux récits longs, alambiqués et répétitifs, les téléspectateurs préfèrent les scénarios condensés, qui vont à l’essentiel. • La progression. Les téléspectateurs apprécient les récits qui avancent, avec des résultats et des conclusions partielles présentés tout au long de l’émission. Source : Media Development 2013, DR Audience Research : http://www.dr.dk/NR/rdonlyres/0058bfd6/dfvbmetoqtzknggsqxhjqgcloizwuxnt/DR_Mediadevelopment_2013 _UK.pdf Tendances porteuses - La téléréalité et les formats lifestyle Plusieurs autres études ont été réalisées pour décrypter les tendances télévisuelles au Danemark. L’une d’entre elles souligne un changement dans les goûts des téléspectateurs dès 2004. Très populaires dans les années 1990, les formats de divertissement sont délaissés depuis 10 ans au profit des programmes de téléréalité et des émissions consacrées à l’art de vivre. Source : Danish and Australian Television: The Impact of Format Adaptation, Media International Australia Incorporating Culture and Policy, vol 124.: http://imv.au.dk/~piamj/Danish_Australian_TV_impact_of_Formats.pdf - L’expérimentation sociale Les histoires d’amour passionnent les Danois, davantage encore lorsqu’elles sont « scientifiquement » décortiquées dans un programme télévisuel tel que Married at first sight (Gift ved foerste blik). Le principe ? L’émission suit six célibataires qui ont accepté de se marier lors de leur première rencontre (il s’agit d’un mariage réel et juridiquement contraignant). Les couples ont été préalablement formés par des experts (psychologues, théologiens, anthropologues) sur base de tests de personnalité et de correspondances scientifiques. Les téléspectateurs suivent ces trois couples, de leur première rencontre jusqu’à leur choix de divorcer ou de rester ensemble. Married at first sight a déjà rencontré un très grand succès au Danemark, mais aussi aux Etats-Unis. L’émission s’exporte depuis plusieurs mois vers d’autres pays (Allemagne, Australie, Russie, Norvège par exemple). Quelques clefs de ce succès ? Un sujet universel, un ton authentique qui tranche avec la plupart des reality shows du genre, un public cible tant féminin que masculin. Basée sur la tendance du Nu1, l’émission danoise Undressed (Klædt af) fait beaucoup parler d’elle. Située à cheval entre la téléréalité et l’expérimentation sociale, ce programme suit quatre candidats, 1 Pour davantage d’informations sur cette tendance, voir le dossier de l’Observatoire des tendances « Le flux à l’heure de la rentrée », publié le 15 septembre 2014 : http://www.csa.be/system/documents_files/2343/original/Flux%20TV_rentree.pdf?1410779669 14
qui sont privés de tous leurs biens (y compris leurs vêtements). Pendant un mois, les effets personnels des participants sont enfermés dans un container. Chaque jour, les candidats ont la possibilité de récupérer un objet, à condition de traverser la ville en exposant leur nudité à la vue des passants. Objectif affiché de ce programme ? Faire réfléchir le téléspectateur sur son comportement consumériste et son rapport aux biens qu’il possède / qui le possèdent. Cette émission est diffusée sur la chaîne publique DR 3. Sources et informations complémentaires : - Sur Married at first sight : http://snowmanproductions.tv/companies/snowman- productions.html?slg=mafs&orderby=latest - Sur Undressed : http://www.dr.dk/tv/se/klaedt-af/klaedt-af-2#!/ et http://www.mirror.co.uk/tv/tv- news/naked-reality-tv-show-strips-5003388 - L’immixtion dans le quotidien Autre sujet qui intéresse les Danois : le quotidien. Une kyrielle de programmes montrent des Danois de tous types dans leur vie de tous les jours. Lancé en 2012 par la chaîne publique DR 2, Cul paysan (Bonderøven) montre le quotidien de Frank Erichsen, un jeune paysan sympathique, qui vit à l’ancienne et satisfait aux principes de l’autosuffisance et de la proximité. On l’y voit en train de labourer les champs, nourrir ses animaux ou encore réparer ses machines. Le concept est très simple et l’émission, qui a rencontré un grand succès auprès du public, est encore diffusée. Autre exemple : Connaissez-vous le type ? (Kender du typen) est un programme qui suit deux experts en lifestyle, autorisés à visiter le domicile d’une célébrité pour deviner qui se cache derrière cette habitation. L’émission dévoile ainsi le quotidien de personnes célèbres. Sources et informations complémentaires : - Extrait de l’émission Cul paysan : http://www.dr.dk/tv/se/bonderoeven - Extrait de l’émission Connaissez-vous le type ? : http://www.dr.dk/tv/se/kender-du-typen. - Le patrimoine et les particularités locales Diffusé sur la chaîne publique DR, Gintberg sur le bord (Gintberg på Kanten) suit le comédien Jan Gintberg, qui part à la découverte de petites villes et d’îles danoises, situées loin des centres urbains. Pendant 48 heures, Jan va à la rencontre des habitants et des entreprises de ces contrées reculées. A la fin de son séjour, il se produit devant les habitants du coin, dans un spectacle comique et gentiment moqueur sur le lieu visité. Pour la saison 3, Jan Gintberg visite des institutions publiques : universités, musées, poste, hôpitaux universitaires, armée, institutions européennes, etc. Source: https://da-dk.facebook.com/GintbergPaaKanten Le succès des fictions danoises Impossible de refermer ce dossier consacré à la télévision danoise sans évoquer brièvement les séries TV produites localement, tant le succès qu’elles connaissent aux niveaux national et international est phénoménal. Par exemple, la série The Killing réunit devant le petit écran plus de 1, 7 million de téléspectateurs, ce qui représente près d’un tiers de la population danoise. Quelles sont les clefs d’un tel succès ? 15
Le rôle crucial des chaînes publiques L’investissement dans la production locale DR et TV 2 sont les deux chaînes de télévision les plus regardées au Danemark. DR produit beaucoup de séries en interne, alors que TV 2 investit dans la production danoise indépendante. Pour pouvoir s’offrir les moyens de produire des séries originales, DR a pu s’appuyer dans un premier temps à 100 % sur les redevances payées par les téléspectateurs. Elle a pu par la suite tirer profit de ses ventes à l’international (séries ou droits d’adaptation) pour réinjecter des ressources dans la production de nouvelles séries et formats et enclencher ainsi une dynamique vertueuse. Le double niveau de lecture Guidées par leur mission de service public, DR et TV 2 sont appelées à penser leur programmation dans l’intérêt de la population danoise. Elles doivent donc veiller concilier leur fonction de divertissement du public à un rôle actif dans l’éducation populaire. Les chaînes s’efforcent donc de développer des contenus télévisuels offrant un double niveau de lecture : un récit qui détend mais qui éveille aussi le public aux problématiques contemporaines. Pour travailler sur ce double niveau, les séries criminelles danoises par exemple sont alimentées par le courant littéraire Nordic Noir, né au Danemark dans les années 1950. Henning Mankell, Kjell Eriksson, Camilla Läckberg ou encore Stieg Laissons : tous ces auteurs racontent des histoires noires, empreintes de réalisme brut, qui dépassent le cadre traditionnel des polars. Les séries ramènent cette marque de fabrique danoise sur les écrans, donnant vie à des personnages empreints d’humanisme et rendant hommage à la littérature du pays. Ce mélange entre créativité télévisuelle et acquis littéraire est exploité avec brio par les producteurs danois ; il devient leur carte de visite pour le marché international, friand de productions innovantes. La qualité de la création Les créatifs au sommet de la pyramide Il existe en Scandinavie une tradition de coproduction bien ancrée qui correspond à une ambition politique encourageant les chaînes locales à s’entraider et à travailler directement avec les auteurs pour que ces derniers portent leurs histoires à bras-le-corps. Exemple : la série Broen, qui est une coproduction suédo-danoise entre DR et SVT. Ce système contribue à garantir une qualité de création et permet de rivaliser sur le plan mondial avec d’autres fictions. Contrairement à l’approche appliquée aux Etats-Unis où les chaînes scrutent l’audience et influencent les scénaristes en fonction de celle-ci, ce sont les créatifs qui – au Danemark – gardent le contrôle de leurs créations. Une fois qu’elles ont marqué leur accord sur un projet, les chaînes publiques restent en retrait pour laisser la vision de l’artiste dominer. Le pari de la qualité La qualité de l’écriture est jugée primordiale. Conséquences : • le choix délibéré d’arrêter une série après deux ou trois saisons, même si celle-ci est au sommet de sa popularité. Il s’agit d’éviter de laisser les scénaristes se reposer sur un format qui marche et de les inciter à se renouveler sans cesse ; 16
• le temps laissé aux nouvelles séries pour qu’elles trouvent leur public, en acceptant que les premiers épisodes ne soient regardés que par quelques centaines de milliers de téléspectateurs ; • un temps de travail long laissé aux scénaristes pour peaufiner le script avant d’entamer la phase de production. La formation des professionnels Le National Film Scroll of Danemark a donné naissance à une brillante génération de cinéastes et de producteurs aux très hautes compétences créatives et techniques. Parmi eux, les cinéastes Lars von Trier et Thomas Vinterberg, qui ont initié le mouvement Dogma95. Lancé en réaction aux superproductions anglo-saxonnes et à l'utilisation massive d'effets spéciaux, Dogma95 prône le retour à la sobriété formelle pour refléter les enjeux artistiques contemporains. De nombreux producteurs et cinéastes formé au National Film Scroll of Danemark ont complété leur formation par des expériences à l’étranger, d’où ils ont ramené des idées nouvelles au Danemark. Aujourd’hui, cette philosophie et l’expérience de ces professionnels influence également la télévision et le flux. Sources et informations complémentaires : - Les séries TV : le modèle danois : http://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2012/11/16/series- tv-le-modele-danois_1791180_3236.html - How does Danish TV company DR keep churning out the hits ? http://www.independent.co.uk/arts- entertainment/tv/features/how-does-danish-tv-company-dr-keep-churning-out-the-hits- 7728833.html - Comment comprendre le succès des séries TV scandinaves ? http://www.inaglobal.fr/television/article/comment-comprendre-le-succes-des-series-tv-scandinaves- 7985 Conclusion A la lecture de ce dossier, certains éléments qui expliquent le succès danois dans la production TV apparaissent plus clairement. Il nous apparait essentiel de souligner encore une fois le rôle important des chaînes publiques dans le développement d’un secteur de production indépendante dynamique. Dans le cas danois, le processus a été enclenché par les pouvoirs publics eux-mêmes, qui ont mis en place un cadre juridique favorable à la production locale. Au fil des années, les investissements finis par rapporter des fruits, et aujourd’hui les chaînes publiques danoises se développent out of the box : les productions locales remportent un succès à l’étranger et s’exporte bien. Ces revenus sont alors réinvestit dans l’industrie et la spirale positive est enclenchée. Le tout ne se ferait pas sans éléments cruciaux tels que la formation professionnelle et une masse critique d’œuvres littéraires et de créativité. Mais le contexte évolue et de nouveaux entrants sur le marché bouleversent le paysage. Par conséquent, le rôle des autorités publiques pourrait changer dans les années à venir. En ce qui concerne le cinéma, par exemple, un nouveau Programme de soutien pour le Film Danois a été voté en novembre 2014. Il prévoit des réductions budgétaires importantes et invite le secteur à penser un nouveau Business Model adapté à l’économie numérique. Il est encore très difficile à dire quel sera l’impact ces nouvelles mesures sur le secteur de la télévision. Mais il est intéressant de garder ces informations en tête et continuer la veille sur cette 17
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