Remise des prix du Concours national de la Résistance et de la Déportation - Mercredi 31 mai 2017 à 10h30 Salons de la préfecture de la Corrèze

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Remise des prix du Concours national de la Résistance et de la Déportation - Mercredi 31 mai 2017 à 10h30 Salons de la préfecture de la Corrèze
Remise des prix du
Concours national de la
Résistance et de la
Déportation

Mercredi 31 mai 2017 à 10h30
Salons de la préfecture de la Corrèze
Remise des prix du Concours national de la Résistance et de la Déportation - Mercredi 31 mai 2017 à 10h30 Salons de la préfecture de la Corrèze
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                                             SOMMAIRE

Le Concours national de la Résistance et de la Déportation..........................................3
Le palmarès départemental 2017.......................................................................................5
Les sujets de l’édition 2017................................................................................................8

                                                          Contacts presse
                                                  Isabelle POUGEADE – Pierre GÉ
                                       isabelle.pougeade@correze.gouv.fr – pierre.ge@correze.gouv.fr

                                                  Préfecture de la Corrèze
                                 Service départemental de la communication interministérielle
                                         1 rue Souham – BP 250 – 19012 TULLE Cedex
                                             05.55.20.56.75 –  05.55.20.73.43
                                                        www.correze.gouv.fr

                                                  Préfet de la Corrèze             @Prefet19
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       LE CONCOURS NATIONAL DE LA RÉSISTANCE ET DE LA DÉPORTATION
Créé en 1961 par Lucien Paye, alors ministre de l’éducation nationale, le concours national de la
Résistance et la Déportation est ouvert aux collégiens de troisième et aux lycéens en France et
dans les établissements scolaires français à l’étranger. Vecteur essentiel de la transmission de la
mémoire, il offre à ces élèves l’opportunité d’approfondir leurs connaissances sur certains aspects
de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale, de s’en inspirer et d’en tirer des leçons civiques dans
leur vie d’aujourd’hui.
En 2016, le thème de la 56ème édition est : « La négation de l’Homme dans l’univers
concentrationnaire nazi ».
                                     LA PARTICIPATION AU CONCOURS
Pour participer au concours, les établissements scolaires doivent inscrire leurs candidats auprès de
la direction académique des services de l’éducation nationale de leur département. L’organisation
du concours se fait à deux niveaux : les élèves concourent au niveau départemental puis, pour les
meilleurs d’entre eux, au niveau national.
   UNE PARTICIPATION INDIVIDUELLE OU COLLECTIVE

Les élèves peuvent :
   •   Se présenter individuellement et rédiger un devoir en classe.
   •   Réaliser un travail de groupe dont la forme est libre et variée : mémoire, exposition, œuvre
       littéraire ou artistique, etc.
   •   Réaliser, uniquement en groupe, un travail audiovisuel (films ou documents
       radiophoniques).
   SIX CATÉGORIES DE PARTICIPATION

Le concours présente quatre catégories de participation, selon le niveau des élèves.
Au lycée :

   •   Catégorie 1 : rédaction d’un devoir individuel en classe, portant sur le sujet académique (3
       heures).
   •   Catégorie 2 : réalisation d’un travail collectif, par exemple un mémoire associé ou non à
       d’autres supports, sur le thème annuel.
Au collège, classe de troisième :

   •   Catégorie 3 : rédaction d’un devoir individuel en classe, portant sur le sujet académique (2
       heures).
   •   Catégorie 4 : réalisation d’un travail collectif, par exemple un mémoire associé ou non à
       d’autres supports, sur le thème annuel.
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                                 LES PARTENAIRES DU CONCOURS
Le concours est mis en œuvre avec la participation :
   •   De la direction générale de l'enseignement scolaire (DGESCO) et de la délégation à la
       communication du ministère chargé de l'Education nationale ;
   •   Des recteurs d'académie et vice-recteurs ;
   •   De l'inspection générale de l'Education nationale et des corps d'inspection territoriaux ;
   •   De l'Agence des établissements français à l'étranger (AEFE) ;
   •   Du réseau Canopé ;
   •   De la Direction de la mémoire, du patrimoine et des archives (DMPA) du ministère de la
       défense et des anciens combattants ;
   •   Du gouverneur militaire des Invalides
   •   De l'Etablissement de communication et de production audiovisuelle de la défense
       (ECPAD) ;
   •   De l'Office national des anciens combattants et victimes de guerre (ONACVG) ;
   •   Des ministères chargés de l'agriculture, de la justice ;
   •   Des fondations de mémoire (Fondation de la Résistance, Fondation pour la mémoire de la
       Déportation, Fondation de la France libre, Fondation pour la mémoire de la Shoah,
       Fondation Charles-de-Gaulle) ;
   •   De la Fédération des lauréats du CNRD ;
   •   Du Conseil national des communes « Compagnons de la Libération » ;
   •   Du Conseil de l'ordre de la Libération ;
   •   D'associations de la Résistance et de la Déportation
   •   De musées, de mémoriaux et lieux de mémoire,
   •   Du Souvenir français ;
   •   Des Archives de France – Archives nationales et Archives départementales ;
   •   De France Télévisions ;
   •   De l'Institut national de l'audiovisuel (INA) ;
   •   De la Société nationale des chemins de fer français (SNCF) ;
   •   De l'Assemblée des départements de France (ADF) ;
   •   De la Mission laïque française (MLF) ;
   •   De l'Association des professeurs d'histoire et de géographie (APHG).
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                         LE PALMARÈS DÉPARTEMENTAL 2017
                                LYCÉES – LYCÉES PROFESSIONNELS
  1ÈRE CATÉGORIE : DEVOIRS INDIVIDUELS – CLASSEMENT

N° 1                MALAURIE Nina                        Lycée Notre Dame – USSEL (1ère)

N° 2                LAMICHE Louise                       Lycée Edmond Perrier – TULLE (1ère)

N° 3                JACQUET Anaïs                        Lycée Notre Dame – USSEL
  2E CATÉGORIE : MÉMOIRES COLLECTIFS – CLASSEMENT

N° 1 : Lycée Notre Dame – USSEL (Terminale)
BENNABES Myriam                                     DUBERNARD Estelle
GALCERA Thomas                                      GARDON Constance
SERRE Pauline                                       SEIXAS Tom
WOLFS Juliette

N° 2 ex-aequo : Lycée Edmond Michelet – BRIVE (1ère)
ALVES Maud                                          CARIOU Sabrina
CARPENTIER Pierre                                   DE OLIVEIRA Anaïs
N° 2 ex-aequo : Lycée Danton – BRIVE (1ère)
BIZARRA Deniz                                       BONNAUD Baptise
BOUYGUE Léo                                         COLLET Tristan
COLLIN Shannon                                      DESAUTY Manon
DETTINGER Loann                                     DINCER Serkan
DOUCO Adrien                                        FARFART Théo
HALITIM Billel                                      KOUAME Jean-Marc
MACARY Florent                                      MAGIONCALDA Orane
MICHON Sam                                          MONNANTEUIL Clément
MUGUET Florine                                      NDJOUCK Ndeye Fama
PASCAL Lola                                         PIJASSOU Aurore
PIJASSOU Mathilde                                   PLANADE Romain
POULAIN Elodie                                      RABEYRIN Samuel
SAMBAT Samantha                                     SARIPINAR Huseyin
SEVENSAN Secelis                                    VAN VELSON Luciena
VELTZ Wilfrid                                       VITAL Jérémy
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                                            COLLÈGES
  3E CATÉGORIE : DEVOIRS INDIVIDUELS – CLASSEMENT

N° 1                MALCOEFFE Dorian                     Collège Cabanis – BRIVE

N° 2                ABRAHAM SEYE Maela                   Collège d’Arsonval – BRIVE

N° 3                COSSOn Edgard                        Collège d’Arsonval – BRIVE

N° 4 ex-aequo       STRUZIK Lisa                         Collège d’Arsonval – BRIVE

N° 4 ex-aequo       TARRAIN MArine                       Collège d’Arsonval – BRIVE

N° 6                BESSAC Célia                         Collège d’Arsonval – BRIVE

N° 7 ex-aequo       CHAUMETTE Florian                    Collège d’Arsonval – BRIVE

N° 7 ex-aequo       LAMBRET Eliott                       Collège d’Arsonval – BRIVE

N°7 ex-aequo        PORTE Clara                          Collège Cabanis – BRIVE

N° 10 ex-aequo      COSTA Théo                           Collège Cabanis – BRIVE

N° 10 ex-aequo      BOUDRE Marianne                      Collège d’Arsonval – BRIVE

N° 10 ex-aequo      ASTIER Edouard                       Collège d’Arsonval – BRIVE

N° 13               LACROIX Lucie                        Collège d’Arsonval – BRIVE
  4E CATÉGORIE : MÉMOIRES COLLECTIFS – CLASSEMENT

N° 1 : Collèges Notre Dame Jeanne d’Arc et Bossuet – BRIVE
BIDAULT Jordan                                      BORDAS Florent
CARPENTIER Victoire                                 CHABANET Mathilde
CROZE Exther                                        DOUENNE Raphaël
DHUMEZ BIAGI Ori                                    KERN Eliott
KAABOUCH Nassim                                     PICAROUGNE Natahalia
BLONDEL Chloé                                       DELAPORTE Léa
DUPEYRON Pauline                                    GOS Edern
MARKARIAN Anna                                      MONS Léa
PEYRICHOU Maëlle                                    PINAUD LE DIRAN Mattéo
SANCHEZ Amélie                                      THOMAS Baptiste

N° 2 : Lycée agricole – NAVES
ALAMBA Larissa                                      BOUERY Morgane
BOULARD Paul                                        BRAME Benoît
CHARBONNEL Luna                                     CLAVEL Marion
DEPRUN Jules                                        HARDOY Elouane
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SOUSTRE MArine                       VILLA Margot

N° 3 : Collège Clémenceau – TULLE
BAILLY SALIN Zoé                     BOISSEUIL Elise
CHAUMEIL Galla                       CHAZARIN Mathieu
LE BOUTEILLER Mathilde               PLUCHON Aline
SOUSTRE Méline
N° 4 : Collège Victor Hugo – TULLE
BORIE Flavian                        DUBOIS Arthur
DUPUY Alexis                         GRAZIANI Antonin
MIDAN Kévin
N° 3 : Collège Cabanis – BRIVE
REGNIER Etienne                      VERGNE Emilie
PORTE Clara
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                                     LES SUJETS DE L’ÉDITION 2017
    PREMIÈRE CATÉGORIE : DEVOIR INDIVIDUEL EN CLASSE (LYCÉE – 3 HEURES)

Vous expliquerez tout d’abord que la négation de l’homme dans l’univers concentrationnaire nazi
découle de l’idéologie nationale-socialiste.
Vous montrerez ensuite que sa mise en pratique prend corps au sein de l’univers
concentrationnaire nazi, en insistant sur les traitements infamants subis par les déportés et
internés dans les camps de concentration et centres de mise à mort.
Vous conclurez sur la réaffirmation de la dignité humaine en vous intéressant aux contestations et
aux condamnations que cette barbarie nazie a suscitées pendant et aux lendemains du conflit,
ainsi qu’aux jugements qu’elle appelle.
Le candidat pour s’appuyer sur les cinq documents suivants pour construire sa réflexion sur le sujet.
Ces documents constituent une aide pour traiter le sujet et leur usage n’est en aucun cas
obligatoire.
Document n° 1 : l’extermination des juifs de Pologne

In L’Histoire, page 49, n° 421, mars 2016.

Document n° 2 : description du camp par un survivant
« Treblinka a été conçu de manière professionnelle. Au premier coup d’œil, l’on pourrait croire qu’il
s’agit d’une gare ordinaire. Le quai est suffisamment long pour accueillir un train normal (de
quarante wagons). A queluqes mètres du quai, deux baraques se font face. Dans celle de droite, on
emmagasine la nourriture que les gens ont apportée dans leurs bagages. Dans celle de gauche, les
femmes se déshabillent. (…) A droite du quai, le vaste espace réservé à l’empilement des
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vêtements : chaussures, habits, draps, couvertures, etc. Des détenus trient les vêtements et les
stockent dans un lieu à part en attendant qu’ils soient expédiés en Allemagne. L’accès aux
chambres à gaz commence face au quai où se trouvent les dortoirs. On l’appelle le « Schaulch1 ».
Les gens qui l’empruntent doivent courir nus. Personne n’en revient. Ils sont violemment
matraqués et piqués à coups de baïonnette, si bien qu’une fois qu’ils sont passés, cette allée de
sable blanc est couverte de sang. (…). La chambre à gaz mesure sept mètres sur sept. Au milieu de
la pièce, il y a des pommeaux de douche, par lesquels le gaz arrive. (…). Le bâtiment compte dix
chambres à gaz comme celle-ci (…). A la porte, les SS poussent les gens vers l’intérieur. »
                                         Chil Rachjman, Je suis le dernier juif. Treblinka (1942-1943), Editions des Arènes, 2019

Document n° 3 : David Olère2, Gazage

David Olère, Gazage, huile sur toile (131 x 162 cm), sans date, après 1945. New-York, Museum of Jewish Heritage,
Memorial to the Holocaust.

Document n° 4 : témoignage de Primo Levi, déporté juif d’Italie
Déporte à Auschwitz en février 1944, Primo Levi est affecté au camp de Monowitz. Atteint de la
scarlatine, il est abandonné à son sort et échappe ainsi aux « marches de la mort ». Il raconte sa
déportation dans un roman, Si c’est un homme, qui est un des premiers textes littéraires évoquant
la réalité de la déportation.

1   Allée camouflée par la végétation et en courbe, débouchant sur les chambres à gaz.
2   Artiste juif, né à Varsovie et vivant en France, David Olère (1902-1985) est arrêté par la police française en 1943 et déporté à Auschwitch où,
    sélectionné pour le travail, il fait partie du « commando spécial » (Sonderkommando) du Crématoire III de Birkenau. Il échappe au gazage et
    survit à la « marche de la mort », ce qui lui permet de témoigner.
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« Alors, pour la première fois, nous nous apercevons que notre langue manque de mots pour
exprimer cette insulte : la démolition d’un homme. En un instant, dans une intuition quasi
prophétique, la réalité nous apparaît : nous avons touché le fond. Il est impossible d’aller plus bas :
il n’existe pas, il n’est pas possible de concevoir condition humaine plus misérable que la nôtre.
Plus rien ne nous appartient : ils nous ont pris nos vêtements, nos chaussures, et même nos
cheveux ; si nous parlons, ils ne nous écouteront pas, et même s’ils nous écoutaient, ils ne nous
comprendraient pas. Ils nous enlèveront jusqu’à notre nom : et si nous voulons le conserver, nous
devrons trouver en nous la force nécessaire pour que derrière ce nom, quelque chose de nous, de
ce que nous étions, subsiste. […]
Mon nom est 174 517 ; nous avons été baptisés et aussi longtemps que nous vivrons nous
porterons cette marque tatouée sur le bras gauche. »
                                       Levi Primo, Si c’est un homme, Julliard, Paris, 1987, réédition Pocket, 2003, pp. 34-35.

Document n° 5 : rester des êtres humains
Déportée à 14 ans à Birkenau, en janvier 1944, Ida Grinspan, juive polonaise arrêté dans le Poitou
en France, est une rare survivante. Elle est évacuée en janvier 1945 et libérée peu après par l’armée
soviétique.
« [J’ai eu] la chance de ne tomber malade qu’après l’évacuation. Si on devait aller au Revier 3, c’était
foutu ! La souffrance morale nous minait de façon plus complexe. Elle s’amplifiait à force
d’humiliations accumulées : les latrines collectives, le froid, la faim, les dégradations. On ne
s’habitue pas à faire ses besoins devant tout le monde, à ne pas se laver, à sentir mauvais, à être
insultée du matin au soir. Le secret de notre « victoire », Geneviève de Gaulle4 l’a bien dit, c’était de
rester dignes à tout prix, de ne pas se laisser avilir, de résister ensemble à la tentative de
déshumanisation systématique.
Mo jeune âge a été un atout. A quatorze, quinze ans, l’instinct de vivre est plus puissant que
quelques années après. Avec inconscience, on s’accroche. […] Perdre le moral équivalait à se laisser
mourir dans de brefs délais. Sans la volonté de tenir, on lâchait prise, on s’écroulait. »
                                                                              Grispan Ida, Bertrand Poirot-Delpech, J’ai pas pleuré,
                                                                                  Editions Robert Laffont, Paris, 2002, pp. 111-112.

    TROISIÈME CATÉGORIE : DEVOIR INDIVIDUEL EN CLASSE (COLLÈGE – 2 HEURES)

Le sujet se compose de questions sur des documents suivies de la rédaction d’un développement
construit.
Document n° 1 : l’arrivée dans les camps
    ➢ Texte A : témoignage d’Isidore Canova, déporté résistant creusois
Isidore Canova a été arrêté par les Allemands en mai 1944 à Chambon alors qu’il transportait de
faux papiers. Il est déporté au camp de Dachau en Allemagne où il arrive fin juin 1944.
« Et nous sommes arrivés à Dachau ; il pleuvait. Entre la g re et le camp, il y a un bon kilomètre :
on se couchait dans les flaques d’eau pour boire. Ils 5 nous faisaient relever à coup de triques et de

3   Le « Revier » est « l’infirmerie » du camp, sans aucun moyen réel de soigner les déportés.
4   Geneviève de Gaulle-Anthonioz (1920-2002) est une résistante française déportée au camp de Ravensbruck en 1944.
5   « Ils » désignent les gardes allemands.
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nerfs de bœufs.
Nous avons été mis en quarantaine, ils nous ont mis tout nus, entièrement rasés, partout où il y
avait des poils. Le crâne tondu, avec au milieu du crâne une tonte encore plus rase que les gardes
appelaient, pour nous narguer, « l’Adolf Hitler Strasse6 ». Puis désinfectés avec du grésil7 dilué dans
de l’eau. Il valait mieux éviter le fond du bouteillon où la concentration du grésil était plus forte et
attaquait la peau.
Et puis, on nous a donné les habits rayés et notre numéro : moi, c’était 72 440. On n’avait plus de
nom, juste un numéro. Et, on avait intérêt à le savoir et à se rappeler le numéro, et en allemand !
Car si on nous appelait, il fallait répondre et vite, sinon ça tombait ! »
      Témoignage d’Isidore Canova, in Mémoire de 3 déportés creusois, Section de la Société des membres de la Légion
                                                                         d’honneur de la Creuse, Guéret, 2015, p. 12.

    ➢ Texte B : témoignage de Primo Levi, déporté juif d’Italie
« Alors, pour la première fois, nous nous apercevons que notre langue manque de mots pour
exprimer cette insulte : la démolition d’un homme. En un instant, dans une intuition quasi
prophétique, la réalité nous apparaît : nous avons touché le fond. Il est impossible d’aller plus bas :
il n’existe pas, il n’est pas possible de concevoir condition humaine plus misérable que la nôtre.
Plus rien ne nous appartient : ils nous ont pris nos vêtements, nos chaussures, et même nos
cheveux ; si nous parlons, ils ne nous écouteront pas, et même s’ils nous écoutaient, ils ne nous
comprendraient pas. Ils nous enlèveront jusqu’à notre nom : et si nous voulons le conserver, nous
devrons trouver en nous la force nécessaire pour que derrière ce nom, quelque chose de nous, de
ce que nous étions, subsiste. […]
Mon nom est 174 517 ; nous avons été baptisés et aussi longtemps que nous vivrons nous
porterons cette marque tatouée sur le bras gauche. »
                                          Levi Primo, Si c’est un homme, Julliard, Paris, 1987, réédition Pocket, 2003, pp. 34-35.

Document n° 2 : un Kommando au camp de Buchenwald
Un kommando est une formation de travail dans un camp ou se rendant dans al journée à
l’extérieur. Dans le livre Leçons de ténèbres. Résistants et déportés, la description du camp de
Buchenwald est écrite par les résistants José Bellec (matricule 81496), Maurice Braun (matricule
77194), Albert Chambon (matricule 81490) et Jacques Moalic (matricule 38348).
« A Buchenwald, comme d’ailleurs dans les autres camps de concentration, la mort n’était pas la
seule finalité. Un raffinement de cruauté exigeait de dégrader et d’avilir avant d’anéantir et, pour
cela, la diversité des kommandos s’y prêtait admirablement. L’un des plus redoutés consistait à
vider la fosse aux excréments […] et à étendre le produit dans les jardins entourant les casernes SS.
Les malheureux devaient transporter leur chargement nauséabond et intoxicant à un rythme si
rapide que même les plus robustes n’y résistaient que quelques semaines, plutôt quelques jours,
surtout quand il neigeait et que soufflait une bise glacée. […] D’autres [kommandos] étaient
gratuitement harassants, par exemple construire un mur et le démolir le lendemain, ou bien
transportés des moellons, pour les rapporter ensuite au même endroit.
Tout était donc calculé pour que la durée de vie n’excédât pas une année. […]
6   « Strasse » : mot allemand qui signifie « rue ».
7   L’auteur désigne le produit désinfectant.
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Les kommandos extérieurs étaient les plus durs ; pendant le travail, les coups pleuvaient et des
punitions parfois atroces suivaient pour les motifs les plus futiles : s’arrêter de piocher ou de
bêcher pour souffler un instant, pénétrer au block pendant les heures de travail, tenter de se
protéger s’il pleuvait ou s’il neigeait très fort, se rendre à la fosse d’aisance pendant le travail. Les
condamnés à la bastonnade devaient compter eux-mêmes à haute voix les coups portés sur le
postérieur nu. Lors des exécutions publiques, une potence était dressée sur la place d’appel et la
pendaison avait lieu en présence de l’ensemble des détenus, cependant qu’un orchestre de cirque
en habit de carnaval jouait des airs insolemment guillerets. »
                 Mason Jean (dir.), Leçons de ténèbres. Résistants et déportés, FNDIR/UNADIF, Plon, Paris, 1995 ; pp. 148.

Document n° 3 : rester des êtres humains
Déportée à 14 ans à Birkenau, en janvier 1944, Ida Grinspan, juive polonaise arrêté dans le Poitou
en France, est une rare survivante. Elle est évacuée en janvier 1945 et libérée peu après par l’armée
soviétique.
« [J’ai eu] la chance de ne tomber malade qu’après l’évacuation. Si on devait aller au Revier 8, c’était
foutu ! La souffrance morale nous minait de façon plus complexe. Elle s’amplifiait à force
d’humiliations accumulées : les latrines collectives, le froid, la faim, les dégradations. On ne
s’habitue pas à faire ses besoins devant tout le monde, à ne pas se laver, à sentir mauvais, à être
insultée du matin au soir. Le secret de notre « victoire », Geneviève de Gaulle9 l’a bien dit, c’était de
rester dignes à tout prix, de ne pas se laisser avilir, de résister ensemble à la tentative de
déshumanisation systématique.
Mo jeune âge a été un atout. A quatorze, quinze ans, l’instinct de vivre est plus puissant que
quelques années après. Avec inconscience, on s’accroche. […] Perdre le moral équivalait à se laisser
mourir dans de brefs délais. Sans la volonté de tenir, on lâchait prise, on s’écroulait. »
                                                                              Grispan Ida, Bertrand Poirot-Delpech, J’ai pas pleuré,
                                                                                  Editions Robert Laffont, Paris, 2002, pp. 111-112.

Questions :
    1. Pour quelles raisons ces différents témoins ont-ils été déportés ? (tous les documents)
    2. Relevez les points communs entre le témoignage d’Isidore Canova et celui de Primo Levi au
       moment de leur arrivée dans les camps. (document n° 1)
    3. Quels sont les différents procédés employés par les nazis pour déshumaniser les déportés ?
       Quel est le but recherché par les nazis en utilisant de tels procédés ? (documents n° 1 et 2)
    4. Comment Ida Grispan définit-elle sa « résistance » face à la déshumanisation infligée par
       les nazis ? (document n° 3)
Développement construit :
A l’aide des documents et de vos connaissances, rédigez un développement construit décrivant et
expliquant la négation de l’Homme dans l’univers concentrationnaire nazi.

8   Le « Revier » est « l’infirmerie » du camp, sans aucun moyen réel de soigner les déportés.
9   Geneviève de Gaulle-Anthonioz (1920-2002) est une résistante française déportée au camp de Ravensbruck en 1944.
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