REVUE DE PRESSE ET DES RESEAUX SOCIAUX - Jeudi 5 juillet 2018 Outre-mer - Les services de l'État à ...
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
A LA UNE POLITIQUE FINANCES; Pages, 4 à 8, 10 à 13, 69. Outre-mer, le gouvernement prévoit un "ajustement" du dispositif de réduction d'impôt sur le revenu. ORPAILLAGE; Pages, 11, 34 à 38. Guyane, la Montagne d’or en Guyane, une multinationale pour pallier l’incompétence des élus. HOPITAUX; Pages, 28 à 30. Guadeloupe, CHU : Le plan de réorganisation soumis aux instances représentatives. Pages, 14 à 15, 39 à 40. Guyane, le docteur Cahuzac en mission dans un village isolé. JUSTICE; Pages, 18 à 19, 59 à 62. Polynésie, la révision du procés du défunt autonomiste polynésien Pouvanaa A Oopa examiné ce jeudi. 2
Outre-mer: le gouvernement prévoit un "ajustement" du dispositif de réduction d'impôt sur le revenu Paris, France | AFP | mercredi 04/07/2018 - 20:03 UTC+3 | 358 mots Le gouvernement prévoit un "ajustement" du dispositif de réduction d'impôt sur le revenu qui existe pour les contribuables des régions et départements d'Outre-mer, afin de dégager "une marge de manoeuvre de 70 millions d'euros par an" pour financer des projets pour les territoires, a annoncé dans un communiqué le ministère des Outre-mer. Cet avantage fiscal, créé en 1960, permet aux contribuables de réduire leur impôt sur le revenu, selon les territoires, de 30% à 40% dans la limite de 5.100 euros à 6.700 euros, précise le ministère dans un communiqué. "Il entraîne une dépense fiscale de l'ordre de 400 millions d’euros chaque année" mais "bénéficie, pour l’essentiel, aux revenus les plus élevés" et "ne profite pas au développement local, dans des territoires où seule une part limitée de l'épargne est réinvestie localement", affirme-t-il. Cette réduction d'impôt "ne sera pas supprimée. Elle sera très largement préservée", promet le ministère, qui penche pour "un ajustement limité du taux et du plafond de la réduction d'impôt", qui "permettra, dans un souci de justice sociale, de dégager une marge de manœuvre de 70 millions d’euros par an intégralement mobilisée pour financer des projets pour les territoires d’outre-mer", a-t-il ajouté. La somme financera "le fonds exceptionnel d’investissement, porté à de 40 à 110 millions d’euros par an, soit 280 millions d’euros de plus sur le quinquennat", ajoute le communiqué. L'augmentation du Fonds exceptionnel d'investissement est une des mesures annoncées par le président Emmanuel Macron jeudi dernier à l'Elysée, lors de la présentation du Livre bleu Outre-mer. Le ministère assure que "cet ajustement ne remet pas en cause le principe de la réduction d'impôt outre-mer. Le régime fiscal et le taux moyen d'imposition outre-mer resteront très favorables", promet-il, affirmant que "la majorité des foyers fiscaux outre-mer ne sera pas impactée par la réforme". Le ministère rappelle aussi que les dispositifs d’aide fiscale à l'investissement outre-mer sont eux "prorogés jusqu’en 2025". "Il appartiendra au parlement de se prononcer, à l’automne et dans le cadre de la loi de finances pour 2019, sur les dispositions que présentera à ce titre le gouvernement, dans un souci de justice sociale accrue et de développement des territoires", insiste le ministère. caz/bpa/phc/eb © Agence France-Presse 10
11
4/07/2018 Le gouvernement prévoit un "ajustement" du dispositif de réduction d'impôt sur le revenu Outre-mer Le gouvernement prévoit un "ajustement" du dispositif de réduction d'impôt sur le revenu qui existe pour les contribuables des régions et départements d'Outre-mer, afin de dégager "une marge de manoeuvre de 70 millions d'euros par an", explique le ministère des Outre-mer. © DGFP Cet avantage fiscal, créé en 1960, permet aux contribuables de réduire leur impôt sur le revenu, selon les territoires, de 30% à 40% dans la limite de 5.100 euros à 6.700 euros, précise le ministère dans un communiqué. "Il entraîne une dépense fiscale de l'ordre de 400 millions d'euros chaque année" mais "bénéficie, pour l'essentiel, aux revenus les plus élevés" et "ne profite pas au développement local, dans des territoires où seule une part limitée de l'épargne est réinvestie localement", affirme-t-il. "Ajustement limité" Cette réduction d'impôt "ne sera pas supprimée. Elle sera très largement préservée", promet le ministère, qui penche pour "un ajustement limité du taux et du plafond de la réduction d'impôt", qui "permettra, dans un souci de justice sociale, de dégager une marge de manoeuvre de 70 millions d'euros par an intégralement mobilisée pour financer des projets pour les territoires d'outre-mer", a-t-il ajouté. Augmentation du fond exceptionnel La somme financera "le fonds exceptionnel d'investissement, porté à de 40 à 110 millions d'euros par an, soit 280 millions d'euros de plus sur le quinquennat", ajoute le communiqué. L'augmentation du Fonds exceptionnel d'investissement est une des mesures annoncées par le président Emmanuel Macron jeudi dernier à l'Elysée, lors de la présentation du Livre bleu Outre-mer. Qui sera impacté ? Le ministère assure que "cet ajustement ne remet pas en cause le principe de la réduction d'impôt outre-mer. Le régime fiscal et le taux moyen d'imposition outre-mer resteront très favorables", promet-il, affirmant que "la majorité des foyers fiscaux outre-mer ne sera pas impactée par la réforme". Le ministère rappelle aussi que les dispositifs d'aide fiscale à l'investissement outre-mer sont eux "prorogés jusqu'en 2025". Le dernier mot aux parlementaires "Il appartiendra au parlement de se prononcer, à l'automne et dans le cadre de la loi de finances pour 2019, sur les dispositions que présentera à ce titre le gouvernement, dans un souci de justice sociale accrue et de développement des territoires", insiste le ministère. 12
4/07/2018 Outre-mer: Le Gouvernement envisage une réduction de l’abattement fiscal dans les départements d’Outre-mer Dans un souci de justice sociale et de favoriser le développement des territoires ultramarins, le gouvernement envisage une réforme de l’impôt sur le revenu dans les départements d’Outre-mer. Pour financer le fonds exceptionnel d’investissement présenté lors de la conclusion des Assises des Outre-mer, le gouvernement entend « ajuster » le dispositif de réduction d’impôt sur le revenu dans les Départements et régions d’outre-mer. Mis en place en 1960, ce dispositif fiscal permet aux contribuables de réduire leur impôt sur le revenu, selon les territoires, de 30% à 40% dans la limite de 5100 euros à 6700 euros. Un avantage fiscal qui représente un manque à gagner de 400 millions d’euros pour le gouvernement. « Cet ajustement ne remet pas en cause le principe de la réduction d’impôt outre-mer. Le régime fiscal et le taux moyen d’imposition outre-mer resteront très favorables. La majorité des foyers fiscaux outre-mer ne sera pas impactée par la réforme », précise le Ministère des Outre-mer dans un communiqué. Le Ministère des Outre-mer met en avant » un mécanisme qui ne profite pas au développement local, dans des territoires où seule une part limitée de l’épargne est réinvestie localement ». Avec un ajustement de cet outil fiscal, le gouvernement espère récupérer 70 millions d’euros par an. Cette somme permettra d’agrémenter le fonds exceptionnel d’investissement (FEI), une mesure phare du Président Emmanuel Macron dans sa politique en faveur des Outre-mer. « Il s’agit de remettre la dépense publique au service du plus grand nombre, en mobilisant l’intégralité des recettes supplémentaires tirées d’un impôt d’Etat au profit des collectivités territoriales outre-mer. Ces moyens nouveaux contribueront également au financement des mesures et projets issus des Assises des outre-mer, d’infrastructures et d’équipements publics essentiels profitant à tous », explique le Ministère des Outre-mer. Le dernier mot reviendra au Parlement sur la mise en place de cette réforme fiscal. En effet, les deux chambres, l’Assemblée Nationale et le Sénat, devront se prononcer sur cette disposition que le Gouvernement présentera dans le cadre de l’examen de la loi de finances 2019 à l’automne . Une rentrée politique et parlementaire mouvementée en perspective ! 13
14
Embauché pour un mois en Guyane, Jérôme Cahuzac fait le buzz sur les réseaux sociaux Paris, France | AFP | mercredi 04/07/2018 - 17:15 UTC+3 | 330 mots Le recrutement temporaire dans un centre de santé de Guyane de l'ex-ministre de l’Economie et des Finances, Jérôme Cahuzac, condamné pour fraude fiscale et blanchiment de fraude fiscale, fait le buzz sur les réseaux sociaux. Sur Twitter, beaucoup ironisent: "Cahuzac a fini au bagne. Justice", peut-on lire. "Quelqu'un lui a dit que même dans la jungle certains ont la télé ?", interroge un autre internaute. "Cahuzac prend un poste dont personne ne veut en Guyane. En même temps, on parle d'y exploiter une montagne d'or. Il n'aurait pas encore des trucs planqués quelque part sous un rocher, Jérôme ?", se demande un internaute. Plusieurs s'en émeuvent: "La Guyane, et plus généralement, les colonies comme poubelles... On y envoie, comme à l'époque officiellement coloniale, tout ce dont on ne veut plus en France : pesticides, aliments de moindre qualité et autres escrocs". "Laisser J. Cahuzac faire de la médecine générale en Guyane sans avoir de compétence connue en médecine générale, ce n'est pas de la discrimination à l'égard des Guyanais? L'aurait-on laissé faire la même chose à Neuilly?" s'interroge-t-on encore sur le réseau social. Mais d'autres prennent sa défense: "Dans cet endroit de Guyane, ils n'ont plus de médecins depuis longtemps, et ils l'attendent en urgence! Je vous rappelle que Jérôme Cahuzac n'a tué ni violé personne! A été jugé, il ne peut se rendre utile? Il est juste médecin! N'est pas interdit d'exercer!!", dit l'une. "Cahuzac en médecin des pauvres, au fin fond de la Guyane. Malgré tous les donneurs de leçon, on a droit à une seconde chance. Elle s’apparente diablement à une rédemption", juge un autre. Jérôme Cahuzac a été embauché par le centre hospitalier Andrée-Rosemon de Cayenne, "en tant que contractuel", pour effectuer "un remplacement d'un mois", au centre de santé de Camopi (sud-est), commune entre fleuve et forêt à la frontière du Brésil, où les habitants sont en majorité amérindiens, et où on accède en pirogue. caz/chr/mm © Agence France-Presse 15
…/… 16
…/… 17
La révision du procès du défunt autonomiste polynésien Pouvanaa A Oopa examinée jeudi Présentation Paris, France | AFP | mercredi 04/07/2018 - 18:47 UTC+3 | par Pierre ROCHICCIOLI Accusé d'avoir voulu incendier Papeete, il avait été condamné en 1959 à la prison et à l'exil: la cour de révision des condamnations pénales réexamine jeudi le cas du défunt parlementaire Pouvanaa A Oopa, souvent considéré comme le père de l'autonomie et du nationalisme polynésien. C'est le ministère de la justice qui, sous Christiane Taubira, avait en 2014 initié ce processus de révision, après une analyse complète du dossier. Il répondait à une demande de l'Assemblée de Polynésie qui avait voté à l'unanimité une motion en ce sens, en se fondant sur les travaux de l'historien Jean-Marc Regnault. Selon ce chercheur qui a pu consulter certains documents déclassifiés, "historiquement, on a aujourd'hui la preuve que le gouvernement de De Gaulle a voulu éliminer Pouvanaa de la vie politique car il représentait le principal obstacle aux essais nucléaires en Polynésie". La commission d'instruction a jugé le dossier suffisamment solide pour saisir en décembre la Cour de révision et de réexamen après avoir procédé à un supplément d'information et auditionné notamment deux témoins qui sont revenus sur les déclarations qu'ils avaient fait à l'époque. La cour de révision est composée de magistrats de la Cour de cassation. Elle examine le dossier en audience publique et met sa décision en délibéré. Elle peut décider d'annuler la condamnation ou au contraire rejeter la requête. Pouvanaa A Oopa, de son vrai nom Pouvanaa Tetuaapua, né en 1895 dans l'île de Huahine, est mort il y a quarante et un ans, en 1977. Ce fervent opposant aux essais nucléaires français en Polynésie avait été condamné à huit ans de prison et à l'exil fin 1959, accusé d'avoir demandé à ses partisans d'incendier Papeete, sans que ces accusations aient été prouvées. Déchu de son mandat de député en mai 1960, il était rentré à Tahiti en novembre 1968 après avoir bénéficié d'une grâce, puis avait été amnistié l'année suivante et élu sénateur en 1971. L'ancien exilé avait tenté en vain de faire réviser son procès de 1959. En 1995, la Cour de cassation avait rejeté un recours déposé par ses descendants. - "Réconciliation nationale" - Mais depuis lors, l'exécutif français a manifesté à plusieurs reprises son souci d'en finir avec un passé encombrant pour ses bonnes relations avec l'archipel. En 2007, Christian Estrosi, alors secrétaire d’État à l'Outre-mer, avait déposé des fleurs à Papeete sur la tombe de l'ancien parlementaire, en lui rendant hommage au nom de la réconciliation nationale. "Pouvanaa A Oopa était un grand homme qui n'a pas hésité à être volontaire en 1914 pour aller défendre la République, cette France dont il partageait les valeurs, il a été un grand parlementaire, élu trois fois député, qui au terme d'épreuves que chacun connaît, est retourné au Sénat", avait-il dit en confiant déjà, à propos de la révision de son procès, "ce n'est pas le jour pour l'évoquer mais peut être aurons nous d'autres occasions pour le faire". En 2016, lors d'un déplacement sous tension en Polynésie en raison d'un débat sur l'indemnisation des victimes des essais nucléaires, le président François Hollande avait symboliquement débuté sa visite par le dépôt d'une gerbe sur la tombe de Pouvanaa A Oopa dont le nom a été donné à une avenue de Papeete où un buste commémoratif a été installé en son honneur en 1982. Hasard de l'histoire, la cour de révision se réunit quelques jours seulement après l'anniversaire le 2 juillet des 52 ans du premier essai nucléaire français sur l'atoll de Mururoa. Depuis la loi du 23 juin 1989 ayant organisé la nouvelle procédure de révision et jusqu’au 31 décembre 2016, 3.876 demandes de révision ont été déposées, parmi lesquelles 96 ont donné lieu à saisine de la cour de révision. Parmi elles, 53 ont donné lieu à une décision d'annulation de la condamnation pénale, selon la Chancellerie. pr/epe/sd © Agence France-Presse 18
Polynésie: la condamnation de l'autonomiste Pouvanaa A Oopa était politique (historien) Trois Questions Papeete, France | AFP | mercredi 04/07/2018 - 18:47 UTC+3 | par Mike LEYRAL Ce sont des considérations politiques qui ont entraîné en 1959 la condamnation à la prison et à l'exil du député autonomiste polynésien Pouvanaa A Oopa, accusé d'avoir voulu incendier Papeete, affirme l'historien Jean- Marc Regnault, dont les recherches ont entraîné la révision de son procès. Question: Vos recherches ont conduit à la révision du procès de Pouvanaa a Oopa. Qu'est-ce qui vous a convaincu qu'il était innocent ? Réponse: Plutôt qu'une conviction sur l'innocence du député, c'est une conviction sur la volonté politique de l'écarter qui a prévalu dans ma démarche initiale. Une analyse des premiers documents à la fin des années 1980 montrait que Pouvanaa, s'il avait jamais donné l'ordre d'incendier Papeete, y avait sans doute été amené par les pressions qui s'exerçaient sur lui. L'étude de son procès révélait un net dysfonctionnement de la justice. La conjonction de son éviction avec les projets nucléaires de la France et la construction de l'aéroport de Tahiti-Faaa conduisait à penser que Pouvanaa avait été victime de la raison d'État. Lorsque j'eus accès aux documents qui se déclassifiaient, les impressions initiales se confirmèrent, jusqu'à la décision prise en conseil de cabinet le 7 octobre 1958 de se débarrasser du député.(...) Une étude plus poussée du procès par la magistrate Catherine Vannier démontra que l'accusation ne reposait pas sur des bases solides et que des pressions étaient exercées par le pouvoir politique sur les juges. Il fallait que le député fût condamné. Jacques Soustelle, alors, ministre de l'Outre-mer, craignit qu'un procès en métropole n'aboutît à l'acquittement. Il écrivit alors : "Il n'est pas douteux qu'un retour – qui serait triomphal – du député (...) constituerait une éventualité autrement grave pour l'avenir de la France en Polynésie française que les risques de troubles locaux (en cas de procès à Papeete)". Pouvanaa constituait bien une menace pour la présence française dans ce territoire incomplètement décolonisé. Q: Qui avait intérêt à le faire condamner à l'exil ? R: La bourgeoisie polynésienne et l'administration française en poste à Papeete ne supportaient pas ce leader politique charismatique et populaire qui menaçait leurs privilèges et leur autorité. Le programme de Pouvanaa était à la fois nationaliste et contre les possédants. Les gouvernements français successifs voyaient en Pouvanaa un des leaders du combat anticolonial assimilé au communisme ou à +l’anti-France+. Dès le moment où la Polynésie fut choisie pour les essais nucléaires, en fait dès 1957, Pouvanaa devenait trop dangereux. Les documents montrent même que sa dangerosité avait été surestimée au plus haut niveau de l'État. Q: Quel est l'héritage politique de Pouvanaa A Oopa en Polynésie française ? R: Alors que dans les années qui ont suivi son procès, Pouvanaa était considéré par la propagande officielle comme un homme dangereux, aux idées nuisibles à la Polynésie et qu'il fallait tout mettre en œuvre pour le faire oublier, peu à peu il fit une quasi-unanimité. Pour les uns, il est l'initiateur de la volonté d'indépendance. Pour les autres, les autonomistes, il a ouvert la voie à une gestion autochtone de la Polynésie. Ses plus farouches adversaires, ou leurs héritiers politiques, attendent maintenant sa réhabilitation. ml/caz/chr/sd © Agence France-Presse 19
5/07/2018 Dans une lettre aux parlementaires ultramarins, l’ACCD’OM demande « la mise en place d’une dotation de mobilité » pour les élus locaux ©Outremers360 « Les élus de métropole se déplacent régulièrement pour participer à des sessions de formation ou à des réunions se tenant à Paris ou ailleurs dans l’hexagone », écrit la présidente de l’Association des Communes et Collectivités d’Outre-mer Sophie Charles. Dans sa lettre aux parlementaires ultramarins, Sophie Charles souligne une « discrimination touchant les élus » locaux. « Chaque année, ils sont nombreux à participer aux différentes manifestations organisées à leur attention par les associations d’élus (AMF, APVF, ADCF, Maires de grandes villes, France Urbaine…), aux réunions organisées par les Ministères, à celles organisées par leurs partenaires, tout cela dans la perspective d’améliorer leurs connaissances, de leur permettre de participer aux décisions qui seront prises les concernant, de lier des relations profitables mais aussi de conforter leurs compétences » écrit Sophie Charles. « Le coût de ces déplacements est de l’ordre de quelques centaines d’euros », ajoute-t-elle. « Les élus ultramarins ne peuvent profiter de ces opportunités en raison du coût prohibitif des déplacements. L’aller-retour entre leurs territoires et Paris ne peut se faire dans la journée. De fait, hormis le congrès des Maires, ils restent le plus souvent dans leurs territoires et sont privés de ces possibilités de formation, de participation aux décisions et de partage d’expériences », constate la présidente de l’ACCD’OM. « Notre association a voté plusieurs motions sur ce problème et sollicite la mise en place d’une dotation de mobilité, selon des critères à définir, pour permettre à nos communes et groupements de communes de répondre à ce besoin », demande-t-elle. Dans une question écrite au gouvernement et publiée ce 5 juillet au Journal officiel, le sénateur de Mayotte Abdallah Hassani a relayé à la ministre des Outre-mer cette demande de l’ACCD’OM. « Des sessions de formation et des réunions, organisées à l’initiative des ministères ou de grandes associations d’élus, permettent aux élus locaux de prendre part à des décisions qui les concernent, de se former, de s’informer, de tisser des liens. Souvent les élus des outre-mer ne peuvent pas profiter de ces opportunités en raison du coût élevé des déplacements. Au voyage par avion s’ajoutent les nuits d’hébergement, l’aller-retour entre l’Hexagone et leurs territoires respectifs ne pouvant pas s’effectuer dans la journée. L’ACCD’OM notamment a voté plusieurs motions sollicitant la mise en place d’une dotation de mobilité pour leur permettre de se déplacer. Il est donc demandé si le Gouvernement entend donner suite à cette proposition ». 20
L’OUTRE-MER DANS LA PRESSE LOCALE 21
LES UNES DE LA PRESSE LOCALE 22
LES UNES DE LA PRESSE LOCALE 23
GUADELOUPE 24
25
26
27
28
29
4/07/2018 Un Guadeloupéen, Gérard Cottelon, pressenti pour diriger le CHU de Pointe-à-Pître- Abymes L'information se murmurait depuis plusieurs semaines : l'actuel directeur du CHU, Pierre Thépot, s'apprête à quitter ses fonctions. Il devrait être remplacé par un Guadeloupéen, Gérard Cottelon, actuellement cadre hospitalier de haut niveau qui exerce en Région parisienne. © La 1ère Gérard Cottelon, pressenti pour la direction du CHU de la Guadeloupe FJO. avec A. Robin On le savait sur la sellette. L'arrivée de Valérie Denux à la tête de l'Agence Régionale de la Santé pour la Guadeloupe, de Saint Barthélemy et de Saint Martin et l'urgence de gérer autrement les suites de l'incendie du CHU, ont peut-être contribué à maintenir Pierre Thépot en poste durant une plus longue période, mais avec une gestion directe du dossier du CHU par l'ARS. Et visiblement, les chantiers à venir, la réorganisation des activités du CHU sur plusieurs sites, la construction du nouveau CHU, autant de dossiers sur lesquels les autorités de l'administration de la santé publique veulent être sûres des relais qu'elles auront sur le terrain. Pierre Thépot l'a donc appris cette semaine, il quittera la Guadeloupe en octobre prochain et rejoindra sa nouvelle affectation à La Rochelle en Charente Maritime. Dans un message adressé à ses cadres, Pierre Thépot avoue que ce n'est pas "son choix de quitter le CHU", mais face à certaines manoeuvres dit il ," il a préféré rester maître de son destin". Gérard Cottelon, des Hôpitaux de Paris au CHU de la Guadeloupe Le nom de son successeur pressenti relève bien plus du murmure. Il était déjà annoncé pour prendre les rennes de l'ARS après Patrice Richard. L'arrivée de Vélérie Denux a fait taire, pour un temps, les supputations. Mais Gérard Cottelon est revenu à la tête des pronostics dés que le départ de Pierre Thépot est devenu évident. L'homme a un profil prononcé puisqu'il est, depuis trois ans, à la tête des ressources humaines de l'AP-HP, Assistance publique - Hôpitaux de Paris. A ce titre, il gère plus de 90 000 agents hospitaliers et médecins. Tout laisse penser qu'il serait le favori du gouvernement pour occuper cette fonction de directeur du CHU de Pointe-à- Pître/Abymes, tout, sauf la décision formelle de nomination qui elle, se fait encore attendre. 30
GUYANE 31
32
33
4/07/2018 La Montagne d’or en Guyane, une multinationale pour pallier l’incompétence des élus 4 juillet 2018 Par christophe Gueugneau Le projet de méga-mine au cœur de la forêt amazonienne est rejeté par les écologistes et les peuples autochtones. Mais du côté des élus, le soutien est franc et massif. Après des années de politiques publiques sans résultat, ils comptent sur une multinationale pour apporter emplois et investissements. Deuxième volet de notre enquête sur place. Cayenne et Saint-Laurent-du-Maroni (Guyane), de notre envoyé spécial.– Jeudi 14 juin, la collectivité territoriale de Guyane (CTG) et la chambre du commerce et de l’industrie ont mis les petits plats dans les grands. Rodolphe Alexandre, président de la première, et Carine Sinaï-Bossou, présidente de la seconde, reçoivent les « acteurs socio-économiques » de la Guyane pour une présentation du projet de « méga-mine » Montagne d’or. Des rangées de chaises sont dressées dans le grand hall de la collectivité, à quelques kilomètres du centre de Cayenne. À l’intérieur, le gratin économique de Cayenne est là, de même que de nombreux élus et quelques représentants d’associations environnementales pour faire bonne mesure. Cette sorte de contre-soirée organisée parallèlement au débat public officiel (lire le premier volet de notre enquête) fait grincer quelques dents. À l’entrée, chaque invité reçoit un sac de papier contenant un carnet et une clé USB, tous deux estampillés Montagne d’or, si bien qu’on ne sait plus très bien qui organise la soirée. Rodolphe Alexandre, le président de la CTG, introduit la soirée. Favorable au projet, il n’ignore pas non plus les critiques. « S’il faut mettre une urne dans chaque mairie, nous le ferons, pour que chaque Guyanais s’exprime », lance-t-il, tout en appelant à ne pas avoir un débat « hypocrite ». L’or et les autres métaux rares, explique-t-il en substance, on les trouve dans nos ordinateurs, nos téléphones portables. Face aux acteurs économiques, le président reconnaît que les 500 à 700 emplois annoncés par la Compagnie Montagne d’or (CMO) ne vont pas « sauver la Guyane » et que le « retour fiscal » envisagé est « insuffisant » s’il ne s’accompagne pas d’un « aménagement du territoire ». Depuis des mois, les élus locaux, à quelques rares exceptions près, martèlent les mêmes arguments : ce projet ouvre des perspectives historiques, en termes d’emplois d’abord, d’infrastructures ensuite. Avec un mot-clé : « acceptabilité ». Le président de la Compagnie Montagne d'or, Pierre Paris, s'exprime à la CTG. © CG C’est au tour du professeur Philippe Chalmin de s’exprimer. Économiste, spécialiste des matières premières, il a rédigé, à la demande de la CTG, un rapport sur la viabilité économique du projet Montagne d’or. Lorsqu’il s’exprime, sa voix ressemble à celle de feu Claude Piéplu (Les Shadoks), sauf qu’il ne parle pas de gens qui pompent, mais de gens qui creusent. Des mines. Pour lui, le projet est viable et pour la Guyane, c’est une chance, même s’il ne faudrait pas que les Guyanais s’imaginent « voir le métro arriver ». Chalmin insiste : « Le défi, ce sera de gérer la rente » minière. Manière de renvoyer, gentiment, les élus à leurs responsabilités. 34
4/07/2018 Le rapport Chalmin a été vu comme une aubaine pour les élus défenseurs du projet. Car ces derniers mois, pour ne pas être taxées d’irréalistes ou de rétrogrades (Chalmin parle d’« ayatollahs écolos » et d’« intégristes verts »), les associations environnementales, comme le WWF Guyane, Guyane nature environnement ou même le collectif Or de question, ont pris soin de montrer le caractère irréaliste, non seulement écologiquement (lire notre premier article) mais aussi économiquement, du projet. Certaines ONG ont même bâti des contre-projets de développement. Jean-David Abel, vice-président de France Nature Environnement, reprend le titre du dossier de WWF, pour parler de « mirage économique ». « On veut proposer dans les mois qui viennent un plan B », dit Laurent Kelle, du WWF. Considéré comme le collectif le plus virulent, Or de question distribue régulièrement une plaquette intitulée « Biodiversité et emploi », un « ensemble de propositions innovantes, pour un développement alternatif, local, durable, respectueux de l’environnement et de l’humain ». A ou B, la Guyane a de toute façon besoin d’un plan. Comme le dit Hélène Sirder, vice-présidente de la CTG, élue depuis 2015, « nous sommes un pays en voie de développement dans un pays développé qui est en train de devenir post-industriel ». Trois membres du collectif Or de question : Éléonore Johannes (Collectif Premières Nations Guyane), Philippe Boré et Isabelle Guillard (Maiouri Nature Guyane). © CG Le maire de Saint-Laurent-du-Maroni, commune la plus proche du futur site minier, a expliqué le 18 juin dernier, lors du dernier débat public : « Je ne vois pas simplement une mine avec un trou béant sur une partie de la planète, je vois surtout un levier économique. » Et d’enchaîner : « Je rappelle que 75 % des jeunes de Saint-Laurent sont sans diplôme. Plus de 50 % de la jeunesse est sans emploi. Le choix pour moi est vite fait. Il n’y a pas d’alternatives. » On peut ajouter d’autres chiffres à ceux donnés par Léon Bertrand. En dix ans, le nombre de demandeurs d’emploi a été multiplié par deux – le taux de chômage est stable, à environ 20 %, car la Guyane crée de l’emploi. Dans l’ouest, vers Saint-Laurent-du-Maroni, le taux de chômage monte à 35 %, et Pôle emploi dénombre plus de 6 000 demandeurs d’emploi dans la région (58 000 demandeurs d’emploi sur la Guyane entière). « Le projet Montagne d’or est une aubaine, car les politiques espèrent récupérer quelques miettes, dénonce Isabelle Guillard, de l’association Maiouri Nature Guyane (membre du collectif Or de question), on a pourtant des vrais soucis structurels depuis 50 ans. » Marie Bauer, de Sud Éducation Guyane, parle, elle, de « poudre aux yeux », qui sert à justifier de « venir piller et polluer un territoire ». Bataille de chiffres Dans son projet, la CMO prévoit 200 recrutements pendant la phase de construction de la mine, qui devrait durer deux ans, puis « jusqu’à 750 emplois durant les 12 années d’exploitation ». La compagnie précise que plus de 90 % des employés seront des locaux. Elle estime également qu’en plus de ces 750 emplois, il faudra compter sur 3 000 emplois induits ou indirects. Ce dernier chiffre est contesté. « On a 25 000 chômeurs en Guyane et on nous parle de 3 750 emplois en étant large. Il faudrait donc 5 projets comme cela ! » s’étrangle Jean-Marie Taubira, du Parti progressiste guyanais (et frère de Christiane), qui dénonce en outre des emplois sous-qualifiés. 35
4/07/2018 Selon la CMO, il y aura 57 métiers sur la mine. Lors d’un atelier du débat public, Christian Claudon, directeur du développement du projet industriel, a reconnu qu’il faudra 350 « niveau CAP » sur le site. Mais, précise-t-il, ce niveau de formation, « peut conduire à des postes de conducteur d’engins ». « Ensuite, vous avez une part importante du niveau supérieur que sont les BTS, les licences, les masters, etc. », selon Claudon. Pierre Paris, président de la CMO (à droite), et Christian Claudon, directeur du développement. © CG Outre ces créations d’emploi, la CMO argumente sur la formation de ses employés. Dès lors que le projet est prévu pour durer 12 ans, de nombreuses questions ont émergé dans le débat public sur l’après-mine. « Le personnel sera formé pour occuper des emplois, mais il sera aussi formé au fur et à mesure de l’exploitation pour pouvoir travailler soit sur d’autres projets miniers, soit dans d’autres industries », expliquait Pierre Paris le 3 avril dernier à Saint-Laurent-du-Maroni. En matière de formation, la CMO est allée jusqu’à monter, avec les élus, une nouvelle licence professionnelle à l’université de Guyane. Intitulée « Métiers des ressources naturelles et de la forêt », cette licence vise très directement à « répondre aux besoins de la filière minière guyanaise ». La licence a peu de succès pour l’instant, pour le plus grand bonheur des ONG. Le 16 juin au matin, à Cayenne, se tenait un atelier emploi-formation dans le cadre du débat public, dans la célèbre salle du Soleil levant (lieu historique du carnaval guyanais). La salle est peu remplie, les orateurs défilent sous les grands ventilateurs qui peinent à chasser la chaleur étouffante. Pour Force ouvrière, Dominique Bonadei y a détaillé les conditions de travail prévisibles sur le site : des journées de 12 heures pour une semaine de 70 heures, puis une semaine de repos avant de reprendre. Un travail de jour comme de nuit. Il n’est pas certain que cela séduise beaucoup les Guyanais, d’autant que la situation n’est peut-être pas si catastrophique que ça. Laurent Kelle, de WWF, rappelle ainsi qu’il y a sur le territoire une « économie informelle ». Pour lui, « certaines personnes ne seront jamais à la recherche d’un job à plein temps ». Jean- Paul Fereira, le maire d’Awala-Yalimapo, commune située à une cinquantaine de kilomètres de Saint-Laurent- du-Maroni, abonde : « Le chômage est important mais ça ne veut pas dire que les gens ne font rien. » La question des subventions publiques allouées au projet a donné lieu à une passe d’armes continue entre la CMO et le WWF. Dans son rapport « Montagne d’or, un mirage économique ? », l’ONG environnementale consacre un chapitre à ces subventions en en dénombrant quatre types : la défiscalisation, le prix d’achat de l’électricité, le financement d’une partie de la ligne haute tension qui alimentera le site, et le financement d’une partie de la piste reliant Saint-Laurent-du-Maroni au site. Au total, la CMO toucherait 420 millions d’euros sur 12 ans. « Si l’État peut mettre 400 millions d’euros sur un projet, pourquoi ne pas mettre ça sur d’autres projets qui, eux, seraient durables ? » s’agace Jean-Paul Fereira, le maire d’Awala-Yalimapo. Évalué à 64 millions d’euros, le financement d’une partie de la ligne haute tension et de la piste n’a plus de raison d’être. La CMO a en effet décidé de financer la totalité de ces deux infrastructures, puis de les rétrocéder à l’État à la fin de l’exploitation minière, voire pendant l’exploitation. 36
4/07/2018 Rassemblement contre la Montagne d’or place des Palmistes à Cayenne, le 16 juin 2018. © CG WWF évalue la défiscalisation à 227 millions d’euros. Le chiffre n’est pas contesté par Pierre Paris, le président de la Montagne d’or. Mais celui-ci insiste, quasiment à chaque débat, pour dire qu’on ne bénéficie de la défiscalisation que lorsqu’on investit. De même, Pierre Paris se montre très agacé quand on lui parle du prix d’achat de l’électricité. En France, il existe un système de solidarité nationale qui fait que, quel que soit le lieu où l’on se trouve, on paie l’électricité au même prix. L’ensemble des consommateurs d’électricité assure cette péréquation en acquittant la Contribution au service public de l’électricité (CSPE). WWF a donc fait ses calculs : si la CMO achète son électricité au prix normal alors qu’elle est beaucoup plus chère à produire en Guyane, l’entreprise touche une aide indirecte. D’autant que le projet nécessite une production d’électricité énorme : 20 MW jour et nuit (soit 8,5 % de la consommation totale de la Guyane). La CMO conteste sur le principe : pour Pierre Paris, dès lors que chaque Français paie la CSPE, on ne peut pas parler d’une subvention. Le patron de la CMO estime aussi que sa compagnie « va permettre de sécuriser des investisseurs qui voudraient investir dans une centrale, si possible photovoltaïque, dans l’ouest ou une autre solution dans l’est. L’idée, c’est que la collectivité puisse porter d’autres infrastructures avec ce projet ». La CMO met par ailleurs les chiffres du WWF en regard des investissements prévus par l’entreprise – 782 millions d’euros – et les retombées fiscales – 350 millions d’euros comprenant les taxes sur le carburant, sur la production et les impôts sur la société. Ces 350 millions de retombées ne concerneront hélas pas la Guyane, le territoire ne touchant au bout du compte que 56 millions d’euros tout cumulés de fiscalité directe. « Le prix d’un lycée », s’effare un militant. « Il n’y a pas d’ambition, chez les élus, de vouloir développer le territoire » Le problème, comme le souligne le maire d’Awala-Yalimapo, Jean-Paul Fereira, c’est que « la Guyane n’a pas réellement de projets de développement, en tout cas endogènes. Il n’y a pas de projets de la part aussi bien des élus territoriaux que de l’État ». De fait, les élus comptent sur les multinationales pour venir faire le travail à leur place. Ce que reconnaît Hélène Sirder, l’une des vice-présidentes de la CTG : « Nous attendons des porteurs de projets internationaux des retombées sur le territoire en termes économiques et en termes d’infrastructures. » « Tout est à bâtir en Guyane. La fiscalité n’est pas appropriée. Elle était basée sur le modèle économique du moment, aujourd’hui on bâtit autre chose », poursuit Sirder. Cet autre chose à bâtir est loin d’être évident. Dans son rapport intitulé « La biodiversité, un des leviers du développement économique et social en Guyane », le conseil général de l’environnement et du développement durable, qui dépend du ministère de l’écologie, souligne que « la commande publique en Guyane représente 75 % du PIB (tous secteurs confondus, la part du secteur public local et hospitalier est devenue prépondérante depuis des années). La capacité entrepreneuriale est faible : 60 à 80 % de l’activité économique en Guyane est publique ». Laurent Kelle du WWF déplore lui aussi le manque d’accompagnement des TPE, qui représentent pourtant 90 % des entreprises guyanaises. D’après lui, les « filières prioritaires devraient être l’agriculture et la pêche, sachant que 90 % des biens de consommation aujourd’hui sont importés ». Yvane Goua, porte-parole, des associations Trop violans (trop de violence) et 500 Frères, nous reçoit dans un local associatif à quelques kilomètres du centre de Cayenne. Né en 2013, Trop Violans lutte contre tous les types de violences sur le territoire. Plus récente, l’association 500 Frères s’est formée en 2016 pour lutter contre la délinquance, endémique dans certains quartiers pauvres. « Si la Guyane a tant de retard, c’est aussi en raison de 50 ans de silence », expose la jeune femme, accompagnée pour l’occasion d’Olivier Goudet, président d’honneur des 500 Frères, et de deux autres membres, masqués. Elle poursuit : « Il n’y a pas d’ambition, chez les élus, de vouloir développer le territoire. » 37
4/07/2018 Yvane Goua et Olivier Goudet, des associations Trop Violans et 500 Frères. © CG L’association 500 Frères a beaucoup fait parler d’elle au printemps 2017, au moment d’un vaste mouvement social en Guyane. Ils encadraient les manifestations le visage masqué par des cagoules. Le mouvement a duré plusieurs semaines et s’est conclu par la signature de « l’accord de Guyane », le 21 avril 2017, à la veille du premier tour de la présidentielle. Le document inscrivait noir sur blanc « des mesures qui serviront d’amorçage pour le développement du territoire sur des bases nouvelles (…) et qui repositionneront la Guyane sur une trajectoire d’égalité réelle avec le reste du territoire national ». Mais plus d’un an plus tard, le compte n’y est pas. Lors de sa visite à l’automne, le président de la République, Emmanuel Macron, a bien précisé qu’il n’était pas le « père Noël », déclenchant l’ire de toute une partie de la population qui s’était mobilisée – et une nuit d’affrontements de manifestants avec les policiers. L’accord avait prévu un plan d’urgence d’un milliard, signé par des accords sectoriels, et le gouvernement avait « pris acte » d’une demande de 2 milliards d’euros supplémentaires. Sur cette seconde enveloppe, Emmanuel Macron a refusé de s’engager, renvoyant les décisions aux conclusions des Assises de l’Outre-mer (qui arrivent ces jours-ci). Depuis cette visite, Olivier Goudet, des 500 Frères, ne décolère pas. L’inaction des pouvoirs publics à l’égard du trafic de drogue, endémique (lire notre enquête sur « les mules »), et plus généralement la faiblesse du suivi de l’accord de 2017, constitue pour lui « un meurtre organisé de notre jeunesse par les élus et le président ». La question de l’orpaillage illégal n’a pas non plus été réglée, malgré l’opération militaire lancée voilà presque dix ans. Les élus locaux pensent que la mise en place de mines officielles, ou d’orpailleurs légaux, pourrait résoudre ce problème. Même si leur raisonnement n’a rien d’évident. Christiane Taubira, ancienne ministre, ancienne députée de Guyane, a une lecture un peu différente du mouvement du printemps 2017 : « Le mouvement de contestation a été peu à peu investi par des miniers, des transporteurs. Ils font que le mouvement fonctionne, mais ce sont les seuls à avoir été réellement entendus et le mouvement s’est arrêté dès qu’ils ont été servis. Les élus et la préfecture voient les choses aussi bien que moi, mais ne font rien. » Christiane Taubira se trompe sur un point : les élus ne font pas rien. Ils ont même un vaste projet que décrit parfaitement Hélène Sirder de la CTG. Le frère de l’ancienne ministre, Jean-Marie Taubira, ne se trompe pas en revanche, quand il estime qu’il faudrait cinq projets comme la Montagne d’or pour réellement créer de l’emploi sur place. Derrière la CMO, d’autres vastes projets pointent déjà leur nez : une centrale électrique au fioul léger de 120 MW à proximité de Cayenne, une usine de cyanuration, et, bien sûr, d’autres méga-mines. « Y a tellement pas de projets que même le pire des projets peut passer », lance, amer, Laurent Kelle de WWF. « Nous sommes pour l’exploitation industrielle qui va durer le plus longtemps possible, lui répond Hélène Sirder de la CTG. La Guyane, c’est un pays minier. Il y a des diamants aussi qui sont pillés. » Après la Montagne d’or viendrait donc la rivière de diamants ? Si vous avez des informations à nous communiquer, vous pouvez nous contacter à l’adresse enquete@mediapart.fr. Si vous souhaitez adresser des documents en passant par une plateforme hautement sécurisée, vous pouvez vous connecter au site frenchleaks.fr. 38
39
3/07/2018 Et Cahuzac de réapparaître… à Cayenne Le recrutement de Jerôme Cahuzac par le centre hospitalier de Cayenne est-il vraiment opportun ? Le Huffington post nous l’apprend : Cahuzac va aller à Cayenne ! Qu’on se rassure, le bagne n’a pas été remis en service pour ce délinquant particulier (et nous nous en félicitons). L’histoire est plus banale sans l’être tout à fait. Rappelons que l’ex-ministre de l’économie et des finances avait été condamné pour fraude fiscale à trois ans de prison ferme en 2016. Cette peine a été « aggravée » en appel en 2018 puisqu’elle est passée de trois à quatre ans de prison mais aussi singulièrement allégée puisque la prison ferme a été ramenée de trois à deux ans… ce qui permet au condamné de bénéficier d’un aménagement de la peine et donc d’éviter la prison. L’aménagement de peine n’a toutefois pas été prononcé avec le verdict et il dépend donc du juge d’application des peines… qui ne manquera donc pas d’en faire bénéficier l’ancien ministre, au vu de son admirable engagement (limité à un mois, il ne faut quand même pas exagérer) au service de la population amérindienne de la Guyane. La réputation du condamné auprès du public pourrait même bénéficier de cette démarche altruiste et généreuse. Et il n’y aura que les esprits chagrins pour considérer que le recrutement de Cahuzac par l’hôpital de Cayenne n’améliorera guère l’image de la Guyane. Ce département, pourtant très attachant par la diversité de sa population comme par la richesse unique de son environnement, souffre déjà d’être associé à l’histoire du bagne. Il n’était pas peut-être pas utile de mobiliser ses services de santé pour recycler un condamné. Et il n’y aura sans doute aussi que les grincheux pour s’interroger sur les compétences du Docteur Cahuzac qui, après avoir fait fortune dans l’implant capillaire, a eu la carrière politique que l’on sait. Sans doute est-il docteur en médecine et inscrit au conseil de l’ordre mais quand a-t-il vu son dernier malade ? Les Amérindiens de Guyane ne sont pas des citoyens de seconde zone et ils ont le droit d’être traités par des patriciens compétents. 40
Vous pouvez aussi lire