Syndrome de Sweet : un diagnostic à ne pas manquer - Revue Médicale Suisse

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Syndrome de Sweet : un diagnostic à ne pas manquer - Revue Médicale Suisse
REVUE MÉDICALE SUISSE

                     Syndrome de Sweet :
                un diagnostic à ne pas manquer
                                                      Drs CAROLINE LANG a et SANDRINE QUENAN a

                                                             Rev Med Suisse 2017 ; 13 : 678-83

Le syndrome de Sweet est une dermatose neutrophilique rare.
                                                                                                    Cas clinique N° 1
Les patients présentent classiquement une apparition brutale de
lésions cutanées douloureuses sous forme de papules, nodules                      Une patiente de 32 ans, enceinte de 30 semaines, pré-
ou plaques érythémateuses asymétriques localisées préférentiel-                   sente l’apparition soudaine de lésions douloureuses sur
lement sur les extrémités supérieures, le visage et le cou, asso-                 l’oreille et la pommette gauches qui grandissent rapide-
ciées à une fièvre élevée, une neutrophilie et, à l’histologie, un                ment. Il n’y a pas d’épisode infectieux récent ni de nou-
­infiltrat diffus de neutrophiles dans le derme. Le plus souvent                  veau médicament. La patiente est afébrile et l’examen
 idiopathique, il peut être en lien avec des infections respiratoires             clinique est sans particularité. Le laboratoire met en
 et gastro-intestinales, avec des maladies inflammatoires de l’in-                évidence une CRP à 44 mg / l et une VS à 50 mm / h, sans
 testin, avec une grossesse ou une vaccination. Des formes médi-                  leucocytose. Il n’y a pas d’adénopathie palpée, la for-
 camenteuses et paranéoplasiques ont été rapportées. A l’aide                     mule sanguine est alignée et l’immunofixation ne montre
 d’images cliniques et de deux cas cliniques, nous souhaitons rap-                pas de pic monoclonal. L’examen clinique met en évi-
 peler les points essentiels nécessaires au diagnostic et à la prise              dence des nodules érythémateux à centre suintant sur
 en charge de cette maladie.                                                      l’oreille et la joue gauches (figure 1). L’histologie montre
                                                                                  un infiltrat dermique dense constitué de polynucléaires
                                                                                  neutrophiles. Un syndrome de Sweet associé à la
    Sweet’s syndrome, a diagnosis to keep in mind                                 ­grossesse est retenu et l’évolution est favorable sous
Sweet’s syndrome is a rare neutrophilic dermatosis. Typically, pa-                 corticoïdes topiques.
tients present with a sudden onset of tender erythematous skin le-
sions (papules, nodules, and plaques), of asymetrical distribution,
located preferentially on the superior limbs, face and neck, associa-
ted whith high fever and neutrophilia. Histologicaly, there is a dif-                              Cas clinique N° 2
fuse infiltrate of neutrophils located in the dermis. Most of the time
idiopathic, it may be associated with a respiratory or gastro-                    Un patient de 64 ans, connu pour un carcinome épi-
intestinal infection, with inflammatory bowel disease, pregnancy                  dermoïde du sinus piriforme droit diagnostiqué le
and vaccination. A drug-induced form and a malignancy-associated                  11 avril 2012, est hospitalisé pour la prise en charge
form have been described. Based on illustrations and two clinical                 d’un état fébrile dans un contexte de leucopénie dans
cases, we wish to focus on the diagnostic strategy and the manage-                le cadre du deuxième cycle de chimiothérapie selon un
ment of this disease.                                                             protocole de cisplatine avec radiothérapie adjuvante.
                                                                                  Il présente depuis le 30 mai 2012 des lésions peu pru-
                                                                                  rigineuses débutant au niveau du décolleté et s’éten-
INTRODUCTION                                                                      dant au niveau du scalp, du tronc et de l’avant-bras
                                                                                  droit. A noter un traitement de Neupogen (filgrastim
Le syndrome de Sweet, appelé également dermatose aiguë                            G-CSF) du 23 au 26 mai 2012. Aucune piste infectieuse
­fébrile neutrophilique ou maladie de Gomm-Button, a été                          n’est retrouvée. A l’examen clinique, on observe des
 ­décrit pour la première fois en 1964 par le Dr Robert Douglas                   papules érythémateuses infiltrées de 5 mm de dia-
  Sweet.1 Il s’agit d’une maladie rare. Il est caractérisé par une                mètre, avec par endroit la présence d’une croûte cen-
  constellation de symptômes cliniques, d’anomalies biolo-                        trale, au niveau du décolleté, du cou, des joues, du
  giques et histologiques. Les patients présentent classique-                     scalp et de l’avant-bras droit (figure 2). L’histologie
  ment une apparition brutale de lésions cutanées doulou-                         montre un discret œdème du derme superficiel, avec
  reuses sous forme de papules, nodules ou plaques érythéma-                      un infiltrat neutrophilique diffus sur toute la hauteur
  teuses asymétriques localisées préférentiellement sur les                       du derme jusqu’à la jonction dermohypodermique. Un
  extrémités supérieures, le visage et le cou, associées à une                    syndrome de Sweet associé au Neupogen est retenu.
  fièvre élevée, à une neutrophilie, avec à l’histologie, un infil-               Un traitement par prednisone à raison de 0,5 mg / kg
  trat diffus de neutrophiles matures typiquement situés dans                     est introduit, avec une évolution favorable mais 3 re-
  le derme superficiel. Nous allons illustrer cette pathologie                    chutes consécutives lors du sevrage de la prednisone à
  par deux cas cliniques.                                                         des doses de 5 mg. Un traitement adjuvant par 0,5 mg
                                                                                  de colchicine 2 x / jour est introduit en même temps
                                                                                  qu’un sevrage progressif de la prednisone avec une
a Service de dermatologie et vénéréologie, HUG, 1211 Genève 14                    évolution favorable.
caroline.lang@hcuge.ch | sandrine.quenan@hcuge.ch

                                                                              WWW.REVMED.CH
                                                                 678              29 mars 2017
Syndrome de Sweet : un diagnostic à ne pas manquer - Revue Médicale Suisse
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                                                                            ­helper jouent un rôle dans la pathogenèse des variantes idio-
                       Nodules érythémateux très œdématiés
         fig 1       et suintants sur l’oreille et la joue gauches          pathiques de ce syndrome.4

                                                                            Dans les syndromes de Sweet d’origine paranéoplasique, l’hy-
                                                                            pothèse est une surproduction et une régulation inappropriée
                                                                            de cytokines ; IL-1, IL-3, IL-6 et IL-8, du G-CSF (granulocyte
                                                                            colony stimulating factor) et du GM-CSF (granulocyte macro-
                                                                            phage colony stimulationg factor).5 Cette théorie est sou­tenue
                                                                            par le fait que des patients ont développé un syndrome de
                                                                            Sweet après injection de G-CSF, GM-CSF et interféron-gamma.
                                                                            Des études récentes menées sur des modèles animaux
                                                                            ­suggèrent que des altérations dans le gène codant pour la
                                                                             ­protéine tyrosine phosphatase non-receptor type 6 (Ptpn6)
                                                                              pourraient être impliquées dans la pathogenèse du syndrome
                                                                              de Sweet, car une dysfonction de Ptpn6 entraîne un œdème,
(Photos de José Fraga, HUG).                                                  une inflammation suppurative et une neutrophilie.6

        fig 2
                   Papulo-nodules érythémateux et œdématiés                 PRÉSENTATION CLINIQUE
                       sur le décolleté, le cou et le thorax
                                                                            Il existe trois formes cliniques principales du syndrome de
                                                                            Sweet : la forme classique (ou idiopathique), les formes ma-
                                                                            ligne et iatrogène ou médicamenteuse (tableau 1).

                                                                            La forme classique de la maladie se présente généralement
                                                                            chez la femme (1 femme pour 4 hommes) entre 30 et 50 ans.
                                                                            Elle est souvent précédée d’une infection des voies respira-
                                                                            toires supérieures (streptocoque) ou intestinale (salmonel-
                                                                            lose, yersiniose ou campylobacter). Elle peut être associée à
                                                                            une maladie inflammatoire de l’intestin et à la grossesse.7 La
                                                                            dermatose récidive chez environ un tiers des patients. Les en-
                                                                            fants sont rarement touchés.

                                                                            La forme maligne du syndrome de Sweet touche autant les
                                                                            hommes que les femmes. Les symptômes peuvent apparaître
                                                                            chez des patients ayant un cancer connu ou révéler une hé-
                                                                            mopathie maligne (surtout une leucémie myéloïde aiguë) ou
                                                                            une tumeur solide souvent d’origines gastro-intestinale, génito-
                                                                            urinaire ou mammaire.8

                                                                            Le syndrome de Sweet d’origine médicamenteuse a été décrit
                                                                            principalement avec les cinq médicaments suivants : G-CSF,
                                                                            rétinoïdes, triméthoprime-sulfaméthoxazole, bortézomib et

                                                                                                             Différentes formes cliniques
                                                                                              Tableau 1        du syndrome de Sweet9
(Photos de José Fraga, HUG).
                                                                            G-CSF : granulocyte colony stimulating factor ; RCUH : rectocolite ulcéro-
                                                                            hémorragique.
PHYSIOPATHOLOGIE                                                            Formes cliniques       Caractéristiques
Les mécanismes physiopathologiques du syndrome de Sweet                     Idiopathique           La plus fréquente (70 % des cas), bénigne
sont mal élucidés. L’association de cette pathologie à des                  Para-inflammatoire     Infections des voies respiratoires supérieures
­infections, des maladies auto-immunes, des néoplasies et des                                      (streptocoque) ou intestinales (salmonellose, yersiniose
 médicaments suggère une hyperréactivité du système immu-                                          ou campylobacter), maladies inflammatoires de l’intestin
                                                                                                   (Crohn, RCUH), vaccination
 nitaire, probablement médiée par des cytokines, entraînant
 un afflux de neutrophiles activés par IL-1.2,3 Des auto-                   Paranéoplasique        Hémopathie myéloïde, tumeur solide
                                                                                                   (gastro-intestinale, génito-urinaire ou mammaire)
 anticorps circulants, des cytokines, des cellules dendritiques
 dermiques, des sérotypes HLA, des complexes immuns et des                  Médicamenteuse         Le plus souvent G-CSF
 mécanismes leucotactiques ont été suggérés comme acteurs                   Gravidique             Pas de risque fœtal
 dans ce syndrome. La présence d’IL-1, IL-2 et interféron-
                                                                            Infantile              Peut évoluer en cutis laxa
 gamma, mais pas d’IL-4, suggère que les lymphocytes T1

                                                                           WWW.REVMED.CH
                                                               680             29 mars 2017
Syndrome de Sweet : un diagnostic à ne pas manquer - Revue Médicale Suisse
dermatologie

                                       Médicaments imputés                                                                        Critères diagnostiques
              Tableau 2            dans le syndrome de Sweet10‑11
                                                                                                            Tableau 3            du syndrome de Sweet12
X AINS : anti-inflammatoires non stéroïdiens ; G-CSF : granulocyte-colony stimulating      Forme classique                            Forme médicamenteuse
factor ; GM-CSF : granulocyte-macrophage-colony stimulating factor.                        2 critères majeurs + 2 critères mineurs    5 critères
Antibiotiques          X Minocycline                                                       Critères majeurs                           A. A pparition soudaine de nodules
                       X Nitrofurantoïne                                                   1. A pparition soudaine de nodules            ou plaques érythémateux
                       X Norfloxacine                                                          ou plaques érythémateux                    douloureux
                       X Ofloxacine                                                            douloureux                             B. Infiltrat neutrophilique dense
                       X Quinupristine / dalfopristine                                     2. Infiltrat neutrophilique dense             sans évidence de vasculite
                       X Triméthoprime-sulfaméthoxazole                                        sans évidence de vasculite                 leucocytoclasique
                                                                                               leucocytoclasique                      C. Fièvre > 38 °C
Antiépileptiques       X   Carbamazépine                                                                                              D. L ien temporel entre administration
                       X   Diazépam                                                        Critères mineurs                               du médicament et présentation
                                                                                           3. Fièvre > 38 °C                             clinique ou récidive
Antirétroviraux        X   Abacavir (synthetic carbocyclic nucleoside analogue)            4. A ssociation avec une infection            à la réintroduction du médicament
Antihypertenseur       X   Hydralazine                                                         des voies respiratoires supérieures,   E. Disparition des lésions après l’arrêt
                                                                                               une infection gastro-intestinale,          du médicament ou un traitement
Anticancéreux          X Bortézomib                                                            une maladie inflammatoire                  par corticostéroïdes systémiques
                       X Imatinib mésylate                                                     de l’intestin, une grossesse,
                       X Lénalidomide                                                          une vaccination, une hémopathie
                                                                                               maligne ou un cancer solide
Antipsychotique        X   Clozapine                                                       5. E xcellente réponse au traitement
Antithyroidien         X   Propylthiouracile                                                   par corticostéroïdes systémiques
                                                                                           6. A nomalies au laboratoire :
Colony stimulating     X   G-CSF                                                               VS > 20 mm / h, élévation de la CRP,
facteurs               X   GM-CSF Pegfilgrastim                                                leucocytose > 8 000 / mm3
                                                                                               avec > 70 % de neutrophiles
Contraceptifs          X   Lévonorgestrel / éthinylestradiol (Triphasil)
                       X   Dispositif intra-utérin libérant du lévonorgestrel (Mirena)
Diurétiques            X   Furosémide                                                                                 Grandes plaques érythémateuses
                                                                                                       fig 3               infiltrées œdématiées
AINS                   X Célécoxib
                       X Diclofénac

Rétinoïdes             X   Tous les acides rétinoïques trans
                       X   Acide 13-cis-rétinoïque

azathioprine. Le tableau 2 fournit une liste exhaustive des
médicaments associés au syndrome de Sweet.

Le diagnostic est posé sur la base de critères bien définis (ta-
bleau 3).

Le symptôme le plus fréquent est la fièvre, qui peut précéder
de plusieurs jours ou semaines les lésions cutanées. Cepen-
dant, elle est absente dans 30 % des cas. Une leucocytose est
fréquente. Parfois, les patients peuvent présenter des arthral-
gies, des myalgies, des céphalées et une sensation de malaise.

Les lésions cutanées sont typiquement des papules ou des
nodules érythémateux à érythémato-violacés douloureux,
­                                                                                          (Photos de José Fraga, HUG).
confluent parfois en plaques (figure 3). Les lésions sont le
plus souvent asymétriques. Il peut y avoir une lésion unique                               prise de sang, vaccin, biopsie ou après des piqûres d’insecte
ou des multiples. Les zones les plus touchées sont les extré-                              ou des griffures de chat. Les patients ayant reçu une radiothé-
mités supérieures, le visage et le cou. En raison d’un œdème                               rapie peuvent présenter des lésions de syndrome de Sweet
prononcé du derme superficiel, les lésions peuvent avoir un                                aux sites irradiés, de même que lors d’une photo-exposition
centre plus clair d’aspect vésiculeux ou même bulleux avec un                              (figure 4).13,14
aspect annulaire ou arciforme en périphérie (figure 4). En
­général, les lésions guérissent sans laisser de cicatrice.                                Des lésions extracutanées peuvent toucher quasiment tous
                                                                                           les organes (poumons, reins, intestins, foie, cœur, muscles,
Dans les syndromes de Sweet associés à des néoplasies, les                                 rate, os, oreilles et système nerveux central).
lésions peuvent être bulleuses ou pustuleuses et devenir
­
­ulcérées, mimant un pyoderma gangrenosum. A noter que les                                 D’autres dermatoses neutrophiliques (pyoderma gangreno-
 muqueuses sont rarement touchées, excepté dans les formes                                 sum, erythema elevatum diutinum…) sont parfois associées au
 paranéoplasiques.                                                                         syndrome de Sweet, de même que des maladies auto-immunes
                                                                                           (Behçet, érythème noueux, arthrite rhumatoïde, sarcoïdose,
Le signe de pathergie est souvent présent, à savoir des lésions                            maladie de Basedow, thyroïdite de Hashimoto et polychon-
qui apparaissent à la suite de traumatismes mineurs tels que                               drite chronique).15

                                                                           www.revmed.ch
                                                                           29 mars 2017         681
Syndrome de Sweet : un diagnostic à ne pas manquer - Revue Médicale Suisse
REVUE MÉDICALE SUISSE

                       Plaques annulaires érythémateuses très                                                      Diagnostics différentiels
        fig 4         infiltrées avec centre bulleux à nécrotique
                                                                                                 Tableau 4          du syndrome de Sweet
                                                                            X Erythème polymorphe
                                                                            X Erysipèle
                                                                            X Infection à herpès simplex
                                                                            X Urticaire
                                                                            X Lupus tumidus
                                                                            X Erythème noueux
                                                                            X Vasculite (granulomatose de Wegener)
                                                                            X Erythema elevatum diutinum

                                                                                                         Traitements systémiques du syndrome
                                                                                               fig 6                   de Sweet
                                                                                                                    1re ligne
                                                                                          Prednisone 0,5 mg/kg/j                   Colchicine 1 mg/j
(Photo prise par le Dr Emmanuel Laffitte).
                                                                                                                    2e ligne
                     Papules érythémateuses à centre vésiculeux                           Dapsone 100-200 mg/j                  Ciclosporine 2-5 mg/kg/j
       fig 5        confluant en plaques après exposition solaire
                                                                                                                     3e ligne
                                                                                                   Anti IL-1                          Anti-TNFα

                                                                            peut opter pour un dermocorticoïde de classe IV (1 x / jour
                                                                            jusqu’à disparition des lésions puis arrêt suivant un schéma
                                                                            dégressif ) ou des stéroïdes intralésionnels.

                                                                             Pour des lésions étendues, les deux médicaments de premier
                                                                             choix sont la prednisone (0,5‑1 mg / kg) et la colchicine18
                                                                             (1 mg / jour) à administrer jusqu’à résolution des symptômes
                                                                             puis en schéma dégressif prudent surtout pour la prednisone
                                                                             où l’effet rebond est fréquent. A noter qu’avec la prednisone,
                                                                             on a souvent un effet spectaculaire avec disparition complète
                                                                             des lésions après 72 heures. Comme thérapie de deuxième
                                                                             ligne, on utilise le plus souvent la dapsone19 100‑200 mg / jour
                                                                            ou la ciclosporine à la dose de 2‑5 mg / kg / jour. La doxycycline
                                                                            a été rapportée comme efficace même dans des formes sans
                                                                            étiologie infectieuse retrouvée. Dans des formes résistant aux
                                                                            ­traitements classiques, les anti-IL-120 et les anti-TNFα21 ont
                                                                             été décrits comme efficaces.

(Photo prise par le Dr Emmanuel Laffitte).                                  On observe parfois des résolutions spontanées. Sans traite-
                                                                            ment, les lésions peuvent persister pendant des semaines ou
                                                                            des mois. Il y a parfois des rechutes après traitement, avec ré-
PRISE EN CHARGE ET TRAITEMENT                                               cidive des lésions exactement aux mêmes endroits.

Il est primordial d’effectuer une anamnèse et un examen
­clinique détaillés en premier lieu. Les différents diagnostics             CONCLUSION
 différentiels doivent être passés en revue (tableau 4). Dans la
 forme classique, il est recommandé d’effectuer une formule                 Le syndrome de Sweet se présente souvent par une clinique
 sanguine complète, une vitesse de sédimentation et une CRP,                bruyante évoquant un processus infectieux. Une connais-
 une fonction hépatique et rénale avec un sédiment urinaire.                sance de cette entité permet de rapidement contacter le
 Puis en fonction des signes d’appel, on élargira la palette des            ­dermatologue pour confirmer le diagnostic à l’aide d’une
 examens. Il est utile d’effectuer une biopsie qui pourra con­               biopsie. La recherche des étiologies permet une prise en
 firmer le diagnostic, avec à l’histologie un œdème du derme                 charge adéquate.
 papillaire et un infiltrat neutrophilique périvasculaire et
 ­
 ­interstitiel.16,17

Le traitement dépend de la sévérité des lésions, de l’étiologie
et des comorbidités. Les traitements les plus courants sont                 Conflit d’intérêts : Les auteurs n’ont déclaré aucun conflit d’intérêt en relation
résumés dans la figure 6. Pour des lésions peu étendues, on                 avec cet article.

                                                                           WWW.REVMED.CH
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Syndrome de Sweet : un diagnostic à ne pas manquer - Revue Médicale Suisse
dermatologie

    Implications pratiques                                                          7 Chebbi W, Berriche O. Syndrome de          study of 37 patients and a review of the
                                                                                    Sweet gravidique: une entité rare à ne       literature. Am J Dermatopathol
                                                                                    pas méconnaître. Pan Afr Med J               1989;11:99‑111.
     Des lésions papuleuses érythémateuses douloureuses d’appari-                   2014;18:185.                                 17 Going JJ, Going SM, Myskow MW, et
  tion soudaine sur le visage et les membres supérieurs associées à                 8 Joe EK. Sweet syndrome. Dermatol           al. Sweet’s syndrome: histological and
  une fièvre doivent faire évoquer un syndrome de Sweet                             Online J 2003;9:28.                          immunohistochemical study of 15
                                                                                    9 Saurat JH, LipskerD, Navirini A, et al.    cases. J Clin Pathol 1987;40:175‑9.
     Pour confirmer le diagnostic, une histologie est nécessaire                    Dermatologie et infections sexuelle‑         18 Maillard H, Leclech C, Peria P, et al.
                                                                                    ment transmissibles. 6e édition. Paris:      Colchicine for Sweet’s syndrome. A
    La recherche des étiologies est primordiale dans la prise en                    Elsevier Masson, 2017;11‑4:603               study of 20 cases. Br J Dermatol
  charge, notamment dans les formes paranéoplasiques                                10 ** Cohen PR. Sweet’s syndrome – a         1999;140:565‑6.
                                                                                    comprehensive review of an acute             19 Inomata N, Sasaki T, Nakajima
     Une hyperréactivité du système immunitaire médiée par des                      febrile neutrophilic dermatosis.             H. Sweet’s syndrome with gastric
  cytokines entraînant un afflux de neutrophiles activés par IL-1                   Orphanet J Rare Dis 2007;2:34.               cancer. J Am Acad Dermatol
  semble responsable du développement de la maladie                                 11 Walker DC, Cohen PR.                      1999;41:1033‑4.
                                                                                    Trimethoprim-sulfamethoxazole-               20 Foster EN, Nguyen KK, Sheikh RA, et
     Les traitements de première intention sont les corticostéroïdes                associated acute febrile neutrophilic        al. Crohn’s disease associated with
                                                                                    dermatosis: case report and review of        Sweet’s syndrome and Sjogren’s
  systémiques et la colchicine. Un arrêt des médicaments avec un                    drug-induced Sweet’s syndrome. J Am          syndrome treated with infliximab. Clin
  schéma dégressif est nécessaire pour minimiser les rechutes qui                   Acad Dermatol 1996;34:918‑23.                Dev Immunol 2005;12:145‑9.
  sont relativement fréquentes                                                      12 Cohen PR, Kurzrock R. Diagnosing          21 Kluger N, Gil-Bistes D, Guillot B, et
                                                                                    the Sweet syndrome. Ann Intern Med           al. Efficacy of anti-interleukin-1
                                                                                    1989;110:573‑4.                              receptor antagonist anakinra
                                                                                    13 Meyer V, Schneider SW, Bonsmann           (Kineret(R)) in a case of refractory
1 Sweet RD. An acute febrile              the pathogenesis mediated by helper T     G, et al. Experimentally confirmed           Sweet’s syndrome. Dermatology
neutrophilic dermatosis. Br J Dermatol    cell type 1 cytokines? J Am Acad          induction of Sweet’s syndrome by             2011;222:123‑7.
1964;76:349‑56.                           Dermatol 1998;39:940‑3.                   phototesting. Acta Dermato-Venereol
2 Cohen PR, Kurzrock R. The               5 * Paydas S. Sweet’s syndrome: a         2011;720‑1.
pathogenesis of Sweet’s syndrome. J       revisit for hematologists and oncolo‑     14 Natkunarajah J, Gordon K, Chow J,
Am Acad Dermatol 1991;25:734.             gists. Crit Rev Oncol / Hematol           et al. Photoaggravated Sweet’s
3 ** Cohen PR, Kurzrock R. Sweet’s        2013;86:85‑95.                            syndrome. Clin Exp Dermatol
syndrome: a neutrophilic dermatosis       6 Nesterovitch AB, Gyorfy Z, Hoffman      2010;35:e18‑9.
classically associated with acute onset   MD, et al. Alteration in the gene         15 * Prat L, Bouaziz JD, Wallach D, et al.
and fever. Clin Dermatol                  encoding protein tyrosine phosphatase     Neutrophilic dermatoses as systemic
2000;18:265‑82.                           nonreceptor type 6 (PTPN6/SHP1) may       diseases. Clin Dermatol 2014;32:376‑88.
4 Giasuddin AS, El-Orfi AH, Ziu MM,       contribute to neutrophilic dermatoses.    16 Jordaan HF. Acute febrile neutro‑         * à lire
El-Barnawi NY. Sweet’s syndrome: is       Am J Pathol 2011;178:1434‑41.             philic dermatosis. A histopathological       ** à lire absolument

                                                                    www.revmed.ch
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