Vinosphère 2019 2017-2018 : quels enseignements pour l'avenir de la Bourgogne ? - Vins de Bourgogne
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Vinosphère 2019
2017-2018 : quels enseignements
pour l’avenir de la Bourgogne ?
BILAN DE LA JOURNÉE
C ette édition de Vinosphère
est l’occasion pour le BIVB de
se projeter dans l’avenir, alors que
notre interprofession va fêter ses
30 ans. C’est un exercice qu’il est
bon de réaliser. Les observateurs
ont tendance à croire que la Bour-
gogne est figée depuis le temps
Louis-Fabrice
des moines cisterciens. Voilà une
LATOUR
occasion de démontrer que nous Président délégué du BIVB
sommes une région vivante et que
nous sommes capables de quitter
notre court terme. Avec cette
journée, nous souhaitons vous
donner des clés pour vous aider à
bien diriger vos entreprises.
S O M M A I RE VINOSPHÈRE 2019
Le Plan national dépérissement, deux ans après.......................2 •.Le e-commerce : un canal supplémentaire de commercialisa-
tion pour les viticulteurs
Quelle contrainte hydrique en Bourgogne ..................................3 •.Comment produire une étiquette digitale en quelques clics ?
ces derniers millésimes ? Et demain ? •.Quel rôle pour les professionnels dans le Plan national de
prévention ?
•.Questions pour un Bourguignon !
Transmission : comment préserver ................................................3
le modèle bourguignon ? Le citoyen et la transition agro-écologique..................................7
« Nos noms sont notre capital »........................................................4
Quelle France en 2030 ?......................................................................8
Comment le consommateur évolue ? ............................................4
Comment répondre à ces évolutions ? Animation et ateliers............................................................................9
•.L’essor mondial du e-commerce
Le Plan national Même après une bonne récolte cette année, Au sujet du matériel végétal, la grande avancée a
force est de constater que le dépérissement été le lancement de la marque Vitipep’s, par la
dépérissement, n’a pas disparu des parcelles. Deux ans après
son lancement, le Plan national dépérisse-
FFPV (Fédération française de la pépinière viti-
cole) cet automne. Le modèle de production de
deux ans après ment produit ses premiers résultats. Avec
l’ambition d’encourager les viticulteurs à
plants, qui était sans doute obsolète, est en train
d’évoluer. Un benchmark des pratiques a été
devenir acteurs de la lutte, un travail sur la conduit à l’international. Concernant la surveil-
remontée d’informations et de savoir-faire a lance du vignoble, l’objectif est de mutualiser les
été mené. Le dépérissement est mieux pris observations afin de mieux anticiper les crises, à
en compte dans les formations, avec un bloc l’image d’un Waze pour la viticulture. Un outil est
de compétences qui a été inséré dans le en cours de préparation. Enfin, cinq nouveaux
CQP (certificat de qualification profession- programmes de recherche ont été labellisés en
nelle) d’ouvrier viticole, un engagement des 2018 et un troisième appel à projets a été lancé.
établissements d’enseignement et une Les lauréats seront dévoilés en juin prochain.
web-formation, accessible en ligne sur le site 70 équipes travaillent actuellement sur les dépé-
Jean-Philippe GERVAIS www.plan-deperissement-vigne.fr. rissements.
Directeur Technique du BIVB
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VINOSPHÈRE 2019
L’année 2018 a été l’année la plus chaude du siècle pour l’instant, plus chaude même Quelle contrainte hydrique
que 2003, en moyenne annuelle. L’analyse de la contrainte hydrique, par la mesure du
delta C13, sur le réseau de parcelles de référence du BIVB, dans les trois départements en Bourgogne ces derniers
bourguignons, depuis 2011, ne montre pas de différence de comportement entre le
Chardonnay et le Pinot Noir. Les plus grosses contraintes hydriques sont observées millésimes ? Et demain ?
en Côte-d’Or entre 2016 et 2018, liées à des étés plus secs que la normale. Une
contrainte faible à modérée apparaît dans l’Yonne, notamment en 2018, alors qu’elle
reste majoritairement faible en Saône-et-Loire, quel que soit le millésime, grâce à des
sols plus profonds. À l’avenir, les modèles ne montrent pas de tendance lourde concer-
nant la pluviométrie, mis à part une légère diminution sur la fin du 21e siècle. La
température, en revanche, va continuer à augmenter, de façon plus ou moins impor-
tante en fonction des émissions futures de gaz à effet de serre. Pour résumer cette
tendance, nous pourrions garder 2018 comme un exemple d’année moyenne dans le
futur proche et 2003 comme un exemple d’un futur plus lointain.
Christine MONAMY
Responsable agrométéo du BIVB
Transmission : La Commission Marchés & Développement du
BIVB aborde de plusieurs façons et depuis plusieurs
SCEA/EARL a été beaucoup utilisé dans les années
60, mais a pu paralyser l’activité. La SA (société ano-
comment préserver le années les problématiques de la transmission et de
la reprise d’entreprises du vin en Bourgogne. L’une
nyme) a fait son apparition récemment. De nou-
veaux montages apparaissent, avec plusieurs sociétés
modèle bourguignon ? des façons est de se rapprocher du monde scienti-
fique et de connaître leur avis. L’une des questions
reliées entre elles, pour réguler le poids du foncier.
En effet, avec une variation de prix entre les vignes
est de savoir si les montages financiers actuels sont et les prés qui peut atteindre jusqu’à 100 fois plus
toujours la meilleure réponse : existe-t-il d’autres (301 500 € l’hectare de vigne en Côte-d’Or contre
solutions ?… 3 160 €/ha pour un pré en moyenne en Bour-
Le travail d’un groupe de chercheurs a mis en gogne), la notion du foncier ne peut pas être
évidence qu’il n’existait pas une Bourgogne, mais occultée des questions de transmissions. Les outils
plusieurs, avec des exploitations plus ou moins de régulation existants actuellement manquent
grandes, et des stratégies de transmission diffé- d’efficacité. Faut-il renforcer le contrôle ou libéraliser
rentes, selon la valeur du foncier, la présence ou d’avantage ? Pour les auteurs de l’étude, il convien-
Philippe Sarah PERIE-FREY non d’un successeur… La principale structure juri- drait de se concentrer plutôt sur l’usage des sols
LONGEPIERRE Ingénieur de recherche dique utilisée est l’exploitation individuelle, qui s’ins- que sur le prix. Le mot d’ordre pour une transmis-
Directeur Marchés & à l’Université crit dans une logique familiale. Le couple GFA+ sion réussie demeure l’anticipation.
Développement BIVB de Bourgogne
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VINOSPHÈRE 2019
« Nos noms sont La Bourgogne compte une centaine de noms, dont Ces usurpations devraient être réglées par les
notre capital » certains sont devenus des icônes, auxquels
s’ajoutent les Climats. Le BIVB, allié à l’INAO, les
accords Adpic, mais ceux-ci n’ont pas la puissance
souhaitée. Le travail continue donc. N’hésitez pas à
ODG et des organisations d’autres régions dans le transmettre au BIVB les cas dont vous pourriez
monde (réunies dans l’association Wines Origins avoir connaissance. Un programme d’actions est
Alliance) travaille tous les jours pour faire passer le actuellement en préparation à ce sujet. Notre ac-
message que « l’origine importe », au nom du res- tion est indispensable, d’autant que des inquiétudes
pect du consommateur. Or de nombreuses sources concernant le concept de « Climat » se font jour.
d’inquiétude existent : Chablis et Bourgogne sont Pour empêcher le possible dévoiement du concept
considérés comme des semi-génériques aux Etats- de Climat, une définition précise est en phase de
Unis. En Asie, certains se livrent à du pillage d’éti- validation : « un Climat est une parcelle de vigne
quettes grâce à Internet, mais aussi à des détourne- délimitée et nommée, associée historiquement au
ments plus subtils, en déposant des marques telles vin qu’elle produit. Chaque vin est vinifié séparé-
que Summer Sault (que l’on peut prononcer Ce ment. »
Christian VANIER
Directeur du BIVB Meurseault), Romani Condy, Corto Carlomagno...
Comment le consommateur évolue ?
Comment répondre à ces évolutions ?
L’essor mondial
Nous sommes face à une mutation des circuits de distribution en France et à l’export. du e-commerce
Des consommateurs plutôt aisés, jeunes et urbains, peu motorisés, cherchent des avis
de dégustations de leurs communautés sur leurs réseaux sociaux pour acheter sur
Internet à l’inverse de consommateurs plus seniors qui recherchent des conseils
auprès d’experts. En Chine, 42 % de la population (soit 542 millions de personnes) a
effectué des achats par Internet en 2017/18, pour 914 milliards d’euros. Et ce chiffre
croît très vite : + 32,2 % par rapport à 2016/17. Aux Etats-Unis, les achats par Internet
représentent 5,5 % des achats de produits de grande consommation et devrait
atteindre 8,2 % en 2022. La France apparaît plus en retard sur ce circuit, mais des
acteurs s’investissent. La Commission Marchés et Développement du BIVB étudie ces Philippe LONGEPIERRE
circuits de distribution pour vous accompagner à mieux comprendre vos marchés.. Directeur Marchés & Développement BIVB
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VINOSPHÈRE 2019
Notre site Vente Privée, qui va devenir Veepee, suite au rachat de plusieurs plateformes
dans d’autres pays, a réalisé 60 M € de chiffre d’affaires en 2018 dans le secteur vin & Un canal supplémentaire
spiritueux, avec 210 partenaires, soit 5 millions de bouteilles vendues. Notre grande
force est la qualité de nos membres : nous avons 72 millions de membres dans 14 pays. de commercialisation pour
4,5 M de personnes, dont 2,7 millions en France, se connectent tous les jours. Notre
objectif est d’offrir la possibilité aux membres de faire de réelles découvertes et pas
seulement des bonnes affaires. Nos quatre piliers pour la vente de vin, sont : les ventes
les viticulteurs
évènementielles (durée de 5 à 7 jours), les foires aux vins (avec des pépites à découvrir),
la market place (avec des ventes permanentes), lancée en avril 2018, et le site Le petit
Ballon : box mensuelles « découverte » et ses deux magasins physiques à Paris.
Sur Internet, le taux de transformation sur le secteur vin et gastronomie est très faible :
seulement 1,5 % des visiteurs finalisent un achat. Nous avons créé un quizz, en six ques-
tions, pour accompagner le client et l’aider à découvrir ses goûts en matière de vins. Avec
ce type de questionnaire, le taux de transformation passe à 8 %. Ainsi, nous proposons
un canal supplémentaire de commercialisation pour les viticulteurs. En 2018, 50 000
personnes ont acheté des vins de Bourgogne sur Vente Privée, soit 20 à 25 % de notre Cyprien SEUZARET
chiffre d’affaires sur les vins. Vente-privée.com
Produire une
étiquette digitale GS1 France (anciennement Gencod) est une organisation à but non lucratif qui regroupe 42 000 entre-
en quelques clics prises, dont 25 % dans le secteur des vins et spiritueux. Depuis l’an dernier, nous proposons codeonline.fr
pour décrire les produits et mettre de l’information à disposition. Sur cette plateforme sécurisée, chaque
produit dispose d’un code d’identification unique. Il est possible de saisir les informations de base qui sont
sur l’étiquette et de les partager avec tous ses partenaires.
Une initiative qui permet de fiabiliser l’information, témoigne Pierre Lefaurichon, chez JF Hillebrand France,
dont l’entreprise va pouvoir prendre en charge les produits physiquement avec l’information qui leur est
liée. Pour Alexandre Bastard, de Vitavinum (agence de digitalisation), codeonline.fr permet d’avoir accès à
un standard, qui pourra servir de base à des fiches produits, après avoir été enrichi par des cartes ou des
informations sur l’appellation concernée.
Lorène NEEL
GS1 France
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VINOSPHÈRE 2019
Quel rôle pour les
La durabilité de notre modèle économique est liée à notre capacité à promouvoir la consommation res-
professionnels dans le Plan ponsable. À la demande du président de la République, la filière vitivinicole a défini un Plan de prévention
l’an dernier. Parmi les actions qu’il contient, une campagne sur le geste de recracher, lors des dégustations,
national de prévention ? va être lancée prochainement par Vin & Societé. Ce geste, qui paraît naturel aux professionnels, rencontre
des freins auprès des consommateurs, qui le considèrent comme sale, voire vulgaire… Les professionnels
auront donc un rôle de premier ordre à jouer pour l’expliquer et le promouvoir.
Autre point fort du Plan de prévention : les fêtes viticoles responsables, dont l’objectif est d’accueillir au
mieux les visiteurs de plus en plus nombreux. Sur simple demande, Vin et Société met à la disposition des
organisateurs de la documentation sur la consommation responsable, du matériel (comme des éthylotests)
et un guide des fêtes viticoles responsables. Les bonnes pratiques consistent en des actions simples à
mettre en place, telles que la présence de crachoirs sur chaque stand de dégustation, de l’eau gratuite à
disposition, la présence de boissons sans alcools et de mets solides, l’utilisation de verres marqués pour
servir la juste dose.Vin & Société travaille parallèlement à la reconnaissance des fêtes viticoles responsables
au sein du label Vignobles & Découvertes.
Krystel LEPRESLE
Vin et société
Révisez avec nous votre discours sur la Bourgogne, pour transmettre un message
actualisé à vos clients. Tout d’abord, un grand classique : combien y a-t-il d’appellations
Questions pour
en Bourgogne ? Après un recomptage récent, nous arrivons au chiffre de 84
appellations, qui se répartissent en sept appellations régionales, 44 villages et premiers un Bourguignon !
crus, 33 grands crus. Soyons précis ! En cas de trou de mémoire, vous trouverez de
nombreuses réponses au centre de documentation du BIVB.
Autre vérification : la taille moyenne d’un domaine bourguignon est de 6,51 ha. En
Bourgogne, nous sommes précis. Chaque centimètre carré compte. Enfin, dernière
question : je peux utiliser toutes les photos ou les vidéos trouvée sur Internet pour
mon site ? La réponse est non, bien sûr. Deux restrictions s’y opposent : les droits de
l’auteur qui a pris la photo, mais aussi le droit à l’image des personnes présentes sur le
document. Aussi, avant d’utiliser une image ou une vidéo, renseignez-vous sur les droits
qui lui sont liés… ou mieux, rendez-vous sur la photothèque du BIVB, qui comprend
10 000 images libres de droits, sous réserve de mentionner l’auteur. Emilie CHAPULLIOT
Journaliste et community manager
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VINOSPHÈRE 2019
Le citoyen et la transition écologique
Dans le Plan de la filière vitivinicole, remis au président de la République il y a un an, est inscrit
l’objectif de 50 % des exploitations certifiées selon une charte environnementale d’ici 2025 et
l’abandon des herbicides sur la moitié des surfaces d’ici trois ans. Est-ce possible ? Comment faire ?
Deux bourguignons témoignent. « Le plus difficile n’est pas de
changer, c’est de prendre la
décision de changer ! »
J’ai repris le domaine familial depuis 21 ans. Nous sommes certifiés en Agriculture
Biologique et en cours de certification en biodynamie. À la question, peut-on se passer
du glyphosate ? Je réponds « oui ». Est-ce que c’est simple ? Non. Et est-ce que ça
coûte ? Oui. Pour notre part, nous utilisons l’enherbement un rang sur deux, que nous
avons du mal à maîtriser certaines années. Et nous avons investi dans les charrues,
pour travailler le sol. Faire ce choix, c’est sortir de sa zone de confort, car il faut retour-
ner dans ses vignes, s’en rapprocher. Cela semble inéluctable. Et il faudrait que nous
ayons des aides. Mais c’est aussi un geste citoyen.
Anne PARENT
Domaine PARENT, à Pommard
« Nous devons
nous engager » Notre charte « engager nos terroirs dans nos territoires » existe depuis un an et ne sera vivante que si
chacun s’en empare. Cette charte nous montre le bon sens dans lequel doivent s’inscrire nos actions.
Plusieurs journées de sensibilisation ont été menées, un livret expliquant le métier de vigneron a été édité.
Des plateformes ont été mises en place dans le vignoble pour montrer que le changement des pratiques
est possible. C’est un début, mais aujourd’hui, nous devons passer à la phase suivante.
Comment faire ? L’idée de volontarisme trouve ses limites. Nous devons transformer notre charte en un
référentiel que nous aurons envie de mettre en pratique. 2019 doit être l’année de l’application des mesures
de réduction des herbicides, de l’arrêt des produits CMR et de la qualité du matériel de pulvérisation
(réglage, voire, changement de pulvérisateur). Aujourd’hui, c’est nous qui avons la main. Nous devons nous
Frédéric BARNIER engager, pour le bien de la collectivité et de la Bourgogne.
Président de la commission
technique du BIVB
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VINOSPHÈRE 2019
En conclusion Il faut donc le guider, mais pas décider à sa place, d’autant que, désor-
mais, tout le monde a la parole. Les comportements évoluent de la
possession à l’usage des produits. Mais il demeure des exceptions,
Gérard MERMET est spécialiste de l’analyse des modes de vie, du comme pour le vin. Les préférences vont, non plus vers le low cost,
changement social, de la consommation et auteur de « Francoscopie mais vers le low print (i.e. avec une empreinte écologique minimale).
2030 », son dernier ouvrage dans lequel il livre une analyse prospective Bref, nous passons de l’abondance à plus de sobriété.
de notre société. Avec un rapport au temps qui évolue (le temps libre prend encore
La prospective est un exercice qui consiste à prendre en compte des plus de place) et une relation à l’argent plus apaisée, un nouveau
tendances lourdes et des signaux faibles pour en déduire un futur modèle de décision apparaît. Les produits seront jugés non plus en
rapport qualité/prix, mais plutôt valeur (qui inclut la qualité intrin-
Quelle possible. Si ce scénario ne paraît pas acceptable, c’est à nous de le
changer. sèque, mais aussi l’image du produit)/coût (qui comprend le prix, mais
aussi l’énergie dépensée pour le produire, le temps passé pour
France L’environnement dans lequel nous évoluons est anxiogène. Le
changement climatique est réel et démontrable, les échéances se
l’acheter). La relation au vin ne changera pas fondamentalement : la
tendance « moins, mais mieux » va se développer, ce qui ne semble
en 2030 ? rapprochent. Il va de pair avec le risque d’une forte augmentation des
inégalités dans le monde. En 2030, la population mondiale se sera
pas un mauvais mélange pour les Bourguignons.
accrue d’un milliard d’habitants supplémentaires, dont quatre millions Un devoir d’optimisme
en France, avec de fortes tensions migratoires. La croissance écono- Face à ces évolutions, qui peuvent être anxiogènes, nous avons aussi
mique est réduite, le chômage en hausse. Cela conduit à une des raisons d’espérer : au regard du passé, l’humanité a toujours su
équation insoluble en l’état et donc, vers la fin du capitalisme qui s’en tirer, grâce à l’intelligence, qu’elle soit individuelle ou collective,
cédera sa place à un modèle hybride acceptable, « écolonomique » humaine ou désormais artificielle. Une prise de conscience a eu lieu,
plutôt que simplement économique. À l’international, la recomposi- qui se ressent déjà au niveau alimentaire. Des innovations de rupture,
tion du monde se poursuit, avec l’émergence de l’Inde et de la Chine telle que la fusion, peuvent nous venir en aide. La globalisation des
et le déclin des Etats-Unis. La France sort du top 10 des nations selon problèmes va permettre une mutualisation des solutions. Enfin, il faut
le critère du PIB/habitant. Notre pays va devoir évoluer. Il possède des aussi compter sur la chance et le hasard favorable (la sérendipité).
Gérard MERMET atouts importants, mais qui ont besoin d’être rénovés.
En résumé, nous avons tous un devoir d’optimisme. Trois catégories
Sociologue
Le consommateur devient responsable de Français se dessinent : les mutants (connectés et fascinés par la
Les conséquences de cet environnement sur la consommation sont technologie), les mutins (qui demandent l’application du principe de
notables : le consommateur change ses habitudes. Il fait preuve de précaution) et les moutons. La conséquence, pour la filière viticole :
défiance envers les produits, des techniques, car chacun a eu au moins c’est le temps du changement et il n’y aura pas d’autres choix que de
une mauvaise expérience. Sa compétence a progressé et son exigence s’y adapter. Cette adaptation sera possible à quatre conditions princi-
est de plus en plus grande, même si le secteur du vin fait un peu pales : avoir le courage de remettre en cause ses certitudes, changer
exception et fait face à un besoin de simplification. Paradoxalement, ses habitudes, modifier ses attitudes et renforcer ses aptitudes…
le consommateur se sent de plus en plus coupable de consommer, pour prendre un peu d’altitude.
car consommer c’est détruire. Plus que jamais, le pouvoir sera au Car comme l’a écrit Gaston Berger, « l’avenir n’est pas à découvrir, il est
consommateur, qui devient responsable. à inventer ».
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Animation et ateliers VINOSPHÈRE 2019
Comment bien choisir
Dégustation
son matériel végétal
des variétés
dans un contexte de
résistantes
changement climatique ?
La vigne est plutôt bien adaptée à la séche- tant, le mécanisme de tolérance n’est pas
resse, mais des variabilités existent entre les encore totalement élucidé. Il existe sans
Comment utiliser les variétés résistantes autorisées en cépages. Le Chardonnay fait partie des « doute plusieurs stratégies d’adaptation.
culture depuis l’an dernier ? Quelle place peuvent-elles optimistes » : il se laisse un délai avant de
trouver dans la production bourguignonne ? Afin d’aider Il reste donc encore beaucoup de choses à
fermer ses stomates en cas de contrainte
apprendre sur le comportement du maté-
les viticulteurs et négociants à se faire leur propre idée, hydrique. D’autres, comme le Viognier ou le
riel végétal face à la sécheresse. Les réfé-
une dégustation était proposée lors de la pause repas. Grenache, sont pessimistes. D’autres en-
rences acquises par le passé donnent par-
Les participants ont ainsi pu goûter différents assem- core, comme le Cabernet Sauvignon, ont un
fois des classements relatifs des variétés
blages : comportement variable.
entre elles, car chaque série est reliée à un
Crémants (2017) : un témoin à comparer avec le Le porte-greffe peut influer sur la tolérance site d’essai ou à un expérimentateur. Elles
même vin assemblé avec du Voltis (à hauteur de 5 à la sécheresse du plant en agissant sur la ont aussi été acquises dans un environne-
vigueur conférée, sur le transfert de l’eau ment climatique différent (moins chaud) ou
% ou 10%).
vers le greffon et sur l’offre en eau (en lien dans un contexte irrigué (ex : en Californie).
Chardonnay : un vin assemblé à 10% de Voltis et un avec la capacité d’extraction de l’eau et la
Afin d’approfondir les connaissances, deux
assemblé à 10% de Floréal. densité racinaire). Des différences ont aussi
dispositifs expérimentaux sont actuelle-
été mises en évidence entre les porte-
Pinot Noir (2014) : un vin témoin à comparer avec ment étudiés à Bordeaux : d’une part, Vitia-
greffes : la densité racinaire, la durée de
le même vin assemblé à 10% d’Artaban. dapt est une parcelle qui comporte 52
croissance des racines, la conductivité hy-
cépages plantés depuis dix ans. D’autres
Pinot Noir (2017, Hautes-Côtes-de-Nuits) : un vin draulique font partie des facteurs qui in-
part, Greffadapt regroupe 55 porte-greffes
assemblé à 10% de Vidoc et un assemblé à 10% fluencent cette tolérance. D’un bout à
(30 autorisés en France et 25 étrangers), en
l’autre de l’échelle, on trouve le Riparia
d’Artaban. place depuis 2015. Une sélection de nou-
Gloire de Montpellier (peu tolérant)
veaux porte-greffes est aussi en cours.
jusqu’au 110 R ou le 99 R. Mais pour l’ins-
Bertrand Chatelet (IFV) et Gilles Tavernier
(Ecole des Vins de Bourgogne) Nathalie Ollat, Inra Bordeaux & Elisa Marguerit, Bordeaux SupAgro
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Quels choix et quels coûts pour vos itinéraires techniques ? VINOSPHÈRE 2019
Des références régionales De la comptabilité
sur les coûts à la vigne aux coûts de revient
et à la plantation
Le cabinet André a mis au point une méthode qui permet de calculer les coûts de revient à
partir des bilans comptables. Ce calcul est réalisé tous les ans pour les clients du cabinet, et
permet d’établir des statistiques par appellations À partir de ces résultats, les entreprises
Combien coûte un passage de travail du sol ? À combien revient la peuvent se positionner par rapport à la situation moyenne de leur région : l’équilibre entre
protection phytosanitaire ? Et la vendange ? En lien avec les Chambres coût de revient et prix de vente est-il atteint ou non ? Mon prix de vente est-il bien placé ?
d’Agriculture, la CAVB, les cabinets comptables et les professionnels
Est-il préférable de vendre cette appellation plutôt en vrac ou en bouteilles ? Etc. Ainsi, le
bourguignons, le BIVB a débuté en 2013 un travail sur les coûts des
rendez-vous annuel de remise des résultats comptables devient l’occasion d’engager une ré-
différentes opérations dans les itinéraires techniques viticoles. Le pa-
nel compte aujourd’hui 85 entreprises, représentant 1 700 ha. Ces flexion stratégique sur l’avenir de l’entreprise plutôt que d’établir uniquement un constat des
entreprises volontaires ont été enquêtées sur leurs données techni- résultats passés.
co-économiques, selon la méthode des coûts complets. Cette mé- Adeline Versavel, cabinet comptable André
thode prend en compte la rémunération des capitaux propres, du
foncier en propriété ou mis à disposition, de la main d’œuvre non
salariée, y compris familiale. Cela rend comparable des systèmes dif- Un outil d’autoévaluation
férents (fermage ou propriété, présence de salariés ou non, forme
sociétaire ou individuelle...). Une synthèse des résultats est disponible
sur l’extranet du BIVB.
de la sensibilité d’un domaine
Par ailleurs, le BIVB prépare actuellement un outil d’aide à la décision au dépérissement
sur le coût de plantation d’une vigne. L’objectif est d’aider les per-
sonnes concernées à pouvoir bien chiffrer leur projet, en prenant en Le dépérissement du vignoble est un phénomène largement perçu par les viticulteurs mais
compte tous les postes de dépenses et pas seulement les plants et les
plutôt sous-estimé. Afin d’aider ces derniers à objectiver leurs impressions, un outil d’autoé-
piquets ! L’outil établit une liste complète des opérations, de la prépa-
valuation a été mis au point par le Plan national dépérissement. Accessible par l’adresse
ration de la parcelle, à sa conduite sur les trois ans avant entrée en
production, ainsi que la main-d’œuvre nécessaire pour la plantation et https://app.plan-deperissement-vigne.fr, cet outil permet à chacun de positionner son do-
le palissage. Cet outil devrait être disponible sur l’extranet du BIVB maine sur une carte de risque face au dépérissement.
cet été. Après avoir posé une vingtaine de questions au sujet de l’entreprise et d’une parcelle type
(localisation, taux de manquants, mortalité, rendement, etc), l’outil va positionner l’entreprise
sur une carte de risque et calculer un score dépérissement. Le domaine sera considéré
comme exposé, potentiellement sensible ou à faible risque.
Mathilde Fonteneau, pôle marchés et développement du BIVB Héloïse Mahé, IFV-Cniv
Page 10e-commerce VINOSPHÈRE 2019
e-commerce : Comment travailler
un incontournable avec vente-privee
pour le vin (Veepee) ?
En France, les achats par Internet se sont banalisés depuis Le sourcing pour VeePee est effectué essentiellement en France, en Europe avec des sélections
les années 2010, notamment via le m-commerce (achats en Espagne et en Italie. Nous recherchons des vins de caractère, qui répondent à de stricts
via smartphone ou tablette) qui représente déjà 1/4 des standards de qualité, un équilibre entre signatures haut de gamme et noms en devenir. Nous
dépenses en ligne. Le e-commerce devrait représenter
souhaitons partager au quotidien notre expérience du bon. Nous sommes devenus progressi-
plus de 100 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2019,
tous produits confondus. Le vin n’échappe pas à cette vement un site multi-spécialiste, avec un positionnement centré sur l’expérience client et sur la
tendance, avec un e-marché estimé à plus d’un milliard qualité du produit.
d’euros de chiffre d’affaires, soit 5 % des vins vendus en
Tous les vins proposés sur le site sont dégustés par l’équipe de sommeliers du Petit Ballon, avec
France et 10 % du CA. 29 % des Français ont déjà acheté
du vin en ligne. Sans surprise, les jeunes (18-35 ans) sont laquelle nous travaillons. Nous portons également une attention particulière à l’appellation et
les plus réceptifs à ce mode d’achat. 40 % d’entre eux au rapport qualité-prix.
possèdent une appli liée au vin. Internet constitue aussi
Notre équipe de sourceurs sillonne les routes des vignobles toute l’année, pour aller à la ren-
une source d’information sur les vins et sur les prix (com-
parateur). contre des producteurs de vin de tous les profils : maisons de négoce, caves coopératives,
domaines, etc. Si nous rencontrons des personnes qui ont envie de travailler avec nous, nous
Hors de nos frontières, le e-commerce connaît aussi une
ne nous mettons pas de limite : entrons en contact et discutons.
forte croissance. En Chine, environ un consommateur de
vin sur deux achète des vins en ligne, soit 21 millions de Notre équipe d’acheteurs est très présente dans les salons. Elle est placée sous la responsabi-
personnes en 2018 ! Aux Etats-Unis, le e-commerce du lité d’Anne-Sophie Raifaud, directrice du secteur Boissons (vin, spiritueux, bière).
vin a pris du retard, à cause des interdictions de livraison
d’un Etat à un autre pour une grande majorité d’entre
eux. Mais ce retard va se combler durant les prochaines Cyprien Seuzaret, directeur marketing Food and Beverages
années.
Frédéric Dupray, pôle marchés et développement du BIVB
Page 11VINOSPHÈRE 2019
Comment les réseaux
Et vous, si vous deviez résumer
sociaux vont vous aider
les vins de Bourgogne en un mot,
à développer
lequel choisiriez-vous ?
vos ventes ?
D’après le baromètre Sowine 2018, 83 % des français
pensent qu’il est important de se renseigner avant achat.
Leurs sources d’information sont à 56 % auprès de l’en-
tourage, 44 % auprès des professionnels et 28 % sur les
sites web.
Les réseaux sociaux, sont des outils permettant la pres-
cription. Deux outils ont été présentés durant l’atelier,
Facebook et TripAdvisor.
Ils permettent de maitriser sa communication et augmen-
ter ses ventes
Une offre mieux mise en valeur
+ un gain de visibilité
+ d’intérêts
+ de prescriptions
+ un processus d’achat / de réservation simplifié
= VENTES AUGMENTÉES
Retrouvez sur extranet, des fiches pratiques émises pour
l’atelier et vous permettant de mettre en place ces outils.
Emilie Chapulliot, journaliste et community manager
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