Analyse du programme gouvernemental - 1/2014 105ème année - SEW/OGBL
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1/2014 105ème année Publication du Syndicat Éducation et Sciences dans l’OGBL Syndikat Erzéiung a Wëssenschaft am OGBL Analyse du programme gouvernemental
SOMMAIRE Rédaction: Direction syndicale du SEW/OGBL Les articles signés ne reflètent pas nécessairement la position du syndicat. Abonnement: 25 € par an No 1/ 2014 - 105e année - Paraît jusqu’à 4 fois par an Toute correspondance est à adresser au SEW/OGBL 1, rue Jean-Pierre Sauvage L-2514 Luxembourg ÉDITORIAL 3 Tél. 26 09 69 1 Fax 26 09 69 69 courriel: sew@ogbl.lu ACTUALITÉS 4 www.sew.lu PROGRAMME GOUVERNEMENTAL 9 Editrice responsable: Danièle Nieles Imprimeur: Polyprint FONCTION PUBLIQUE 26 Publication du Syndicat Education et Sciences dans l’OGBL ENSEIGNEMENT FONDAMENTAL 34 Syndikat Erzéiung a Wëssenschaft am OGBL Anciennement Journal des instituteurs ENSEIGNEMENT FONDAMENTAL / SECONDAIRE 41 1, rue Jean-Pierre Sauvage L-2514 Luxembourg ENSEIGNEMENT SECONDAIRE 51 FGIL 56 PUBLICATIONS 63 2 SEWjournal
EDITORIAL Rétablir une culture de dialogue Patrick Arendt Président du Les élections anticipées et le changement du Gouvernement de 2013 ont interrompu SEW/OGBL pendant de longs mois les négociations des syndicats avec les responsables de l’Education nationale et ont suspendu provisoirement la mobilisation des enseignants. Après la publication de l’accord de coalition, les comités du fondamental et du secondaire du SEW/OGBL n’ont pas perdu de temps pour passer au crible fin les déclarations du nouveau Gouvernement afin d’analyser les orientations de la politique d’enseignement. Le programme annonce vouloir poursuivre, dans une logique de continuité, dans les grandes lignes la politique entamée par Madame Delvaux. Le texte présente néanmoins quelques ouvertures qui pourraient être à la base de modifications Jules Barthel de la loi sur le fondamental, de la loi sur le professionnel ainsi que du projet de Vice-président du SEW/OGBL loi du secondaire. Or les formulations restent assez vagues, laissant de la place à différentes interprétations. Ainsi le SEW/OGBL a préféré attendre une première entrevue avec Messieurs Meisch et Bauler avant de publier son analyse. Lors de cette première prise de contact, il était évidemment impossible d’aborder tous les sujets en détail. Toutefois, nous avons eu certaines indications plus précises sur les vues et intentions de la nouvelle équipe. Mais Il s’agit en premier lieu de rétablir une relation de confiance entre les syndicats représentant les enseignants du terrain et les responsables politiques, en rétablissant une vraie culture de dialogue. Dans les semaines à venir, de nouvelles réunions avec les départements concernés du SEW/OGBL doivent être programmées pour discuter en détail les revendications. Il est vrai que certains problèmes sont plus urgents que d’autres comme par exemple les bilans d’évaluation du fondamental ou l’organisation pratique de la formation professionnelle. Il ne faut donc pas perdre trop de temps pour aborder les sujets. Il faut toutefois éviter toute précipitation afin de pouvoir aboutir à des solutions valables. Le SEW/OGBL a également demandé une entrevue avec le Ministre de la Fonction publique. Le Conseil d’Etat, dans son avis sur le projet de loi de la Fonction publique a confirmé sur certains points essentiels l’argumentation que le SEW/OGBL et l’APESS ont soutenue lors de la procédure de conciliation. Les oppositions formelles du Conseil d’Etat vont retarder le vote de cette loi à la Chambre des Députés. Le SEW/ OGBL, se basant sur le fait que le Conseil d’Etat a mis en jeu la représentativité du SEW/OGBL et de l’APESS dans le secteur de l’enseignement, va entamer des négociations avec Monsieur Kersch afin d’éviter les pires conséquences pour notre profession et l’enseignement en général qu’aurait la mise en œuvre d’une gestion par objectifs, d’une appréciation telle que prévue dans le projet de loi et d’une hiérarchisation des carrières des enseignants. Le SEW/OGBL est préparé à continuer son engagement pour réaliser ses revendications dans les dossiers du fondamental, de la formation professionnelle, du projet de réforme du secondaire et de la réforme de la Fonction publique. Il en a été mandaté par une majorité d’enseignants. SEWjournal 3
ACTUALITÉS Relève dans le département secondaire du SEW/OGBL Le SEW a un nouveau vice-président! A la rentrée scolaire 2013-2014, notre collègue Jules Barthel a pris en charge le man- dat de responsable du département secondaire et dès lors de vice-président du SEW. Jules Barthel est professeur de sciences économiques et sociales au Lycée du Nord de Wiltz. Depuis longtemps engagé dans les travaux du comité du département secondaire, il est devenu un véritable expert en matière de politique de formation professionnelle. Guy Foetz, qui assumait le rôle de responsable du département secondaire depuis nombre d’années a quitté le service actif et il voudrait plutôt agir en retrait. Ceux qui le connaissent savent qu’il restera évidemment au service de son syndicat en particulier et des enseignants en général. VIVIUM ASSURANCES Une marque du Groupe P&V Economisez jusqu’à -25% Ensemble c’est sûr www.moins25.lu P&V ASSUR ANCES S.c.r.l. • 5A , rue Thomas Edison • L-14 45 Strassen • Tél. : 47 46 45 -1 • Fax: 47 00 22 Email: mail@vivium.lu www.vivium.lu VIVIUM_503173_Compl_210x99Q.indd 1 23/11/07 10:32:23 4 SEWjournal
ACTUALITÉS Réunion de contact du SEW/OGBL avec Monsieur Claude Meisch et Monsieur André Bauler En date du 14 janvier, une délégation composée de pour le SEW des terrains où il faudra mener un débat Nadine Elcheroth, Manon Trombini, Sonja Delli Zotti, fondamental. Le projet de loi de réforme de la fonction Patrick Arendt, Guy Foetz et Frédéric Krier, représen- publique continue à poser problème et le SEW réclame tant les trois départements fondamental, secondaire et des adaptations pour l’enseignement. supérieur du SEW/OGBL a rencontré Monsieur Claude Au-delà de ces considérations générales, les repré- Meisch et Monsieur André Bauler, ministre et secrétaire sentants des trois départements ont rappelé leurs d’Etat de l’Education Nationale, de l’Enfance et de la revendications spécifiques principales. Jeunesse. - dans l’enseignement fondamental: maintien du Lors de cette réunion de contact, le président du modèle de cogestion actuel, rétablissement du SEW/OGBL Patrick Arendt a souligné l’avantage contingent au niveau d’avant la réforme scolaire que présente le regroupement au sein du SEW, de de 2009; établissement d’un plan d’études l’ensemble des personnels de la chaîne éducative – du basé avant tout sur les savoirs et savoir-faire et précoce jusqu’à l’enseignement supérieur. Il a insisté révision des bilans; mise en place d’un ensei- sur la nécessité de rétablir la confiance et de mener gnement différencié mais non individualisé; un dialogue franc entre les enseignants et éducateurs réduction de la bureaucratie et abandon du d’une part et le nouveau ministre et le secrétaire d’Etat PRS; d’autre part. Le SEW voudrait être associé dès la phase préparatoire aux projets du MENEJ et il s’est déclaré - dans l’enseignement secondaire: prise en disponible pour coopérer dans les groupes de travail compte des propositions de la DNL relatives ad hoc. De manière générale, l’enseignement des au projet de loi de réforme du lycée et partant langues et l’évaluation par compétences constituent versement, par l’intermédiaire du ministre de SEWjournal 5
ACTUALITÉS l’Education nationale, de l’avis de la DNL aux Le département secondaire a d’ores et déjà demandé documents parlementaires; révision fondamen- une nouvelle entrevue au sujet de la formation profes- tale de la loi de réforme de la formation profes- sionnelle, où il est urgent d’intervenir. sionnelle avec notamment le rétablissement de Quelques questions ont été soulevées pour clari- l’accès des techniciens aux études supérieures; fier certaines formulations assez vagues de l’accord - dans l’enseignement supérieur et la recherche: gouvernemental, et cela notamment au sujet du mode amélioration du dialogue social à l’université de recrutement des enseignants des lycées et lycées et dans les CRP (représentation des salariés au techniques, de la future formation des professeurs et conseil de gouvernance/d’administration, pas de l’annonce d’une plus grande flexibilité linguistique. de mélange des attributions entre conseil de L’atmosphère de la réunion fut agréable et Messieurs concertation et délégation du personnel au Meisch et Bauler ont répondu de manière précise aux niveau des CRP); adaptation du régime des CDD questions posées. pour les chercheurs en réaction à l’avis motivé de la Commission européenne. En fin de réunion, un dossier a été remis au Ministre et au secrétaire d’Etat comprenant l’avis de la DNL sur Le SEW/OGBL a insisté que les travaux de révision des le projet de loi de réforme du lycée, deux articles tirés bilans et d’élaboration d’un nouveau plan d’études du SEW-Journal décrivant les problèmes que pose la dans l’enseignement fondamental démarrent rapi- mise en œuvre de la formation professionnelle dans les dement en s’appuyant sur une réflexion approfondie lycées techniques et une documentation sur les reven- afin d’aboutir à un résultat trouvant l’appui de tous les dications du département supérieur et recherche. acteurs. Luxembourg, le 16 janvier 2014 Communiqué par le SEW/OGBL Lors de l’entrevue de contact du 16 janvier avec le ministre et le secrétaire d’Etat de l’Education Nationale, de l’Enfance et de la Jeunesse, le SEW avait demandé que l’avis de la DNL sur le projet de loi portant sur l’ensei- gnement secondaire soit versé aux documents parlementaires. Or, voici que le depuis le 21 janvier, l’avis de la DNL figure au rôle des affaires de la Chambre des Députés. Nous remercions Monsieur Meisch et Monsieur Bauler de leur obligeance. 6 SEWjournal
ACTUALITÉS Signifikante Aussagen des neuen Unterrichtsministers Claude Meisch und des Staatssekretärs André Bauler beim ersten Treffen mit dem SEW am 14. Januar Fonction publique-Gesetzprojekt - die Stellungnahme der DNL soll bekannt gemacht werden - das jetzige Projekt wird nicht zurückgezogen - oft stellt sich die Frage der Umsetzung - die Stellungnahme des Staatsrats wird abge- wartet Reformierter Berufsunterricht Lehrermitbestimmung in der - große Katastrophe Grundschule - es gilt zu verhindern, dass eine eine ganze - die derzeitige Form der Mitbestimmung wird Generation von Schülern “hänke gelooss gëtt” nicht in Frage gestellt - kurzfristig an verschiedenen Schrauben drehen, - die Entscheidungen des Lehrerkomitees werden um ihnen zu erlauben, zu einem Abschluss zu von seinem Präsidenten ausgeführt; deshalb kommen soll dessen Position (zB. mittels einer Aus- bzw. - mittelfristig restrukturieren; vielleicht langfristig Weiterbildung) gestärkt werden ein neues Gesetz - a priori nicht gegen den modularen Unterricht “Bilans”und PRS in der Grundschule - schnell mit den Gewerkschaften und den - keine 180 Grad Kehrtwendung; die “Bilans” Berufskammern Rücksprache nehmen nachvollziehbar machen; sich Zeit lassen - das PRS ist interessant für die Entwicklung der Autonomie Schulqualität; eine grundsätzliche Diskussion - nicht überall gleiche Schulen in unserem Land kann aber geführt werden - diskutieren, ob die Einstellung der Lehrer Teil der Autonomie sein soll; dies kann den Grund- Sprachenproblematik regeln im öffentlichen Dienst zuwiderlaufen - Hauptproblematik; in Ruhe diskutieren - die Kinderbetreuung ist ein wichtiger Hebel Ausbildung der Sekundarschullehrer - Alphabetisierung: diskutieren und testen - die Uni.lu ist ein möglicher Partner; - im Sekundarunterricht eine grössere Vielfalt - die Konvention mit der Uni wurde gekündigt; erlauben; keine “Verbarrikadierung”; Ausbil- die Ausbildung in der jetzigen Form läuft noch dungsgerechtigkeit schaffen bis 2015 (+ 2 Jahre) - es gibt mehrere Möglichkeiten, die Lehrer- Lycées-Reform ausbildung zu gestalten; das MEN kann auch verschiedene Elemente selbst entwickeln; - der vorliegende Text wird nicht zurückgezogen; Praxisnähe ist wichtig nicht lange “schlafen” lassen - die Stellungnahme des Staatsrats abwarten SEWjournal 7
ACTUALITÉS Standpunkt Das Hochamt der Schultechnokraten Patrick Arendt Wie lange noch wollen sich die nationalen Bildungs- OECD mit der PISA- sowie den verschiedenen Unters- ministerien die Bildungsziele von der OECD diktieren tudien, die im Fahrwasser der PISA-Studie, regelmäßig lassen? in den Schulen die verschiedenen Altersstufen in Heute, am 3. Dezember ist der von den internationalen ausgewählten Fächern heimsuchen? und nationalen Mitgliedern des PISA-Konsortiums Es ging in der Tat um die initiale Schockwirkung. Die so lang ersehnte Tag endlich gekommen. Pünktlich Schulsysteme fast aller Länder wurden durch die und zeitgleich in allen beteiligten Ländern stellt die PISA-Ergebnisse destabilisiert und in Frage gestellt. OECD den zuständigen Ministern, im Rampenlicht der Diese Vorgehensweise hat die OECD, und wen wundert versammelten nationalen Presse, die Resultate der das, aus der Wirtschaft übernommen. Eine Krise, neusten PISA-Studie vor. unabhängig vom Verursacher, öffnet den Weg für Keine Angst. Ich werde mich nicht berauschen lassen Veränderung und Reformen, die, wie sich inzwischen an einigen gewonnen Punkten in einer oder mehreren die Lohnempfänger vieler Länder schmerzlich bewusst Disziplinen. Ich werde nicht die Resultate der luxem- werden mussten, ohne Krise sich nie hätten durch- burgischen Schüler in Mathematik mit denjenigen der setzen lassen. Die Krise bricht den Widerstand. - Zitat Spiegel - asiatischen Mathe Genies vergleichen. Ich wage die Formulierung der These, dass sich die Ich werde nicht in den Abgesang unseres Schulsys- Paradigmenwechsel der letzten Jahre in der Bildung, tems einfallen, dessen Punktwerte im internationalen nämlich die Einführung des Prinzips des Kompetenzun- Vergleich unter dem Durchschnitt liegen. terrichts, die Logik von Produktivität und Konkurrenz Man dürfte sich nicht wundern, wenn sich die (des Ellbogenprinzips) bei Schülern und Lehrern, die PISA-Ergebnisse irgendwann in den Sportrubriken Managermethoden bei der Leitung der Schulen, d.h. wiederfinden würden, ähnlich aufgebauscht wie der eigentlich alle Prinzipien gegen die sich die Lehrer Medaillenspiegel bei den Olympischen Spielen. auch in Luxemburg zu wehren versuchen, ohne die Verunsicherung einer breiten Öffentlichkeit durch Doch so langsam scheint das Medieninteresse, auf die PISA-Resultate, kaum auf Akzeptanz, weder bei seiner steten Suche nach spektakulären, erschüt- Lehrern noch bei Eltern, gestoßen wäre. So hat die ternden Nachrichten, an PISA zu erlöschen. Die OECD mit seinem PISA-Konsortium das wesentliche anfängliche Schockwirkung kann nicht mehr erreicht Ziel erreicht. Als „angenehmer“ Nebeneffekt wurde werden. Erste kritische Stimmen werden laut und die Position und das Ansehen der öffentlichen Schulen immer lauter. Der Sinn und Unsinn dieser unglaublich schwer beschädigt und somit der Weg geebnet für teuren Studien wird hinterfragt. Die Aussagekraft der Privatschulen. Das Gründen einer Schule zum Zwecke Bewertung, die in Punkten unheimlich präzise ausge- des Erwirtschaftens eines Profits ist scheinbar gesell- drückt werden, erscheint mehr und mehr fragwürdig. schaftsfähig geworden. Dass dies erst jetzt passiert, ist doch leicht verwunder- lich: Haben wir nicht erst kürzlich erfahren müssen, Die Frage bleibt, ob die Bevölkerung sich der Gefahren dass schon eine Schulnote bis 60 Punkte keine objek- einer solchen Entwicklung bewusst werden wird und tive Aussage enthalten kann. es noch Alternativen zu dieser Entwicklung geben wird …. In meinen Augen reduziert sich das PISA-Medienspek- takel auf eine zentrale Frage: Welche Ziele verfolgt die 8 SEWjournal
PROGRAMME GOUVERNEMENTAL Accord de coalition – des portes sont ouvertes et il faudra clarifier nombre de détails Nous présentons ci-dessous les parties de l’accord de coalition qui intéressent tout particulèrement les ensei- gnants et en tant que SEW, nous prenons position par rapport à ces différents points de l’accord. Ce qui est nouveau, c’est que la responsabilité du nouveau ministre et du secrétaire d’Etat de l’Education nationale, de l’Enfance et de la Jeunesse s’étend sur toutes les facettes éducatives, - les crèches, l’éducation précoce, l’ensei- gnement fondamental, l’enseignement secondaire et secondaire technique et l’enseignement supérieur et la recherche. Il faut dire que parler avec le SEW sous ces conditions constitue un grand avantage pour le ministre, puisque notre syndicat regroupe les personnels de l’ensemble de la chaîne éducative. Un certain nombre d’options de l’accord de coalition ne nous donnent pas satisfaction pour l’instant, d’autres demandent à être clarifiées. Mais des portes sont entre-ouvertes et il s’agira pour nous – avec le support de nos membres et des autres enseignants et éducateurs – de les ouvrir davantage. Nous sommes prêts à entamer une discussion fondamentale avec les deux nouveaux responsables de l’Education nationale et de la Fonction publique sur les orientations à venir et à participer dès à présent aux groupes de travail créés. Education nationale Programme gouvernemental L’éducation est un droit fondamental pour tous, indépendamment de l’origine, du sexe ou du revenu. Un système éducatif performant et socialement juste est décisif pour donner à chaque enfant des chances équitables pour construire son avenir. Il constitue en même temps une condition indispensable afin d’assurer la cohésion sociale et le succès économique de notre pays. Les mêmes chances de départ dans la vie, une éducation de qualité et le dévelop- pement des capacités individuelles de chaque enfant doivent donc être les points centraux de la politique en matière d’éducation nationale. Réactions/Propositions du SEW Le SEW partage entièrement ces considérations. Or, au cours des 10 dernières années et sous le couvert de mots d’ordre progressistes, les responsables de l’Education nationale ont initié dans notre système éducatif un ensemble de réformes, qui en fin de compte l’ont rendu moins performant pour le commun des élèves, diminuant ainsi l’égalité des chances. L’approche par compétences, une individualisation des parcours scolaires mal encadrée et un système de compensations mal orienté ont conduit, contrairement aux objectifs affichés, à une orientation et un nivelle- ment vers le bas des élèves socialement défavorisés. Programme gouvernemental 1. Bilans et perspectives a. La réforme de l’école fondamentale Le rapport d’évaluation de la réforme de l’école fondamentale, établi par l’Université du Luxembourg en décembre 2012, indique les pistes pour les réagencements nécessaires. Le plan d’études sera simplifié. Le nombre de descripteurs à la base des socles de compétence sera réduit et limité aux domaines-clefs de l’apprentissage. Les bilans intermédiaires qui renseignent les parents et les élèves sur le niveau acquis seront formulés de manière plus compréhensible. SEWjournal 9
PROGRAMME GOUVERNEMENTAL La réforme a attribué une autonomie accrue et une plus grande responsabilité aux acteurs de l’école. Des études interna- tionales révèlent que la direction de l’école joue un rôle important dans le développement de la qualité des écoles. Afin de contribuer à la réussite de la réforme engagée en 2009, le Gouvernement s’attachera à améliorer l’administration et l’organisation dans les écoles. A cette fin, les compétences des présidents d’école, nommés par le Ministre, seront redéfi- nies et élargies, sur la base du système actuel, pour assurer la direction et la gestion administrative de l’école. Réactions/Propositions du SEW Le modèle de la cogestion avec les comités d’école et les comités de cogestion constitue un des aspects positifs de la réforme de l’enseignement fondamental. Le rapport intermédiaire de l’université sur la mise en œuvre de la loi de 2009 a démontré que les comités d’école avec leur président élu par le corps enseignant se caractérisent par un fonctionnement très efficace et une large acceptation de tous les partenaires scolaires. • Le SEW/OGBL exige que le modèle de la cogestion soit maintenu et que les écoles et les comités d’école aient une plus grande autonomie. Par l’introduction du contingent des leçons d’enseignement, quelques 4000 leçons d’enseignement dans les classes vont disparaître jusqu’en 2019 au niveau national. • Le SEW/OGBL exige une adaptation du contingent de leçons d’enseignement direct à un niveau comparable à celui qui prévalait dans les communes progressistes en matière d’éducation avant la réforme de 2009. • Dans la mesure du possible, les ressources humaines doivent être déployées sur le terrain. Les membres des équipes multi-professionnelles sont à affecter aux écoles afin qu’ils puissent travailler avec les élèves. • La bureaucratie doit être réduite au strict minimum afin que les enseignants puissent se consacrer entièrement à leur mission d’enseigner. Le plan de réussite scolaire (PRS) est surtout un instrument générateur de bureaucratie et de contrôle qui sert à mettre les écoles en concurrence. • Le SEW/OGBL exige l’abolition de l’actuel modèle du PRS. Les ressources ainsi libérées pourront être utilisées à développer des projets pédagogiques dans les écoles. L’évaluation des élèves doit être réformée. Cette dernière s’oriente à un enseignement par compétences qui évalue exclusivement les compétences sans prendre en considération les savoirs. • Le SEW/OGBL demande une réforme rapide des bilans d’évaluation actuels. Les bilans doivent renseigner les enfants et les parents sur le niveau acquis dans la maîtrise des savoirs et des savoir-faire par rapport aux exigences fixées par le plan d’études pour les différents cycles. Afin de rendre l’évaluation plus transparente, il est nécessaire d’élaborer un nouveau plan d’études qui définit pour chaque cycle le niveau minimum de savoirs et de savoir-faire que les enfants doivent avoir acquis pour pouvoir continuer au cycle suivant. Programme gouvernemental b. La réforme de la formation professionnelle Le système modulaire tel qu’introduit dans la formation professionnelle s’est révélé difficilement gérable pour les établis- sements scolaires. Le Gouvernement s’attachera à décharger les établissements et à améliorer la prise en charge des élèves par la remédiation et le rattrapage. Réactions/Propositions du SEW La réforme de la Formation professionnelle a créé plus de problèmes qu’elle n’en a résolus. Depuis 2007, le SEW n’a cesse de mettre en question cette réforme et d’exiger une véritable amélioration de la formation professionnelle. Nos principales critiques relatives à la réforme en question ont été les suivantes : • l’enseignement et l’évaluation sont exclusivement basés sur les compétences. Cette méthode d’enseignement et d’évaluation est trop spécifiquement utilitariste et centrée sur la seule « employabilité » des élèves. • l’organisation modulaire des formations néglige toute forme d’enseignement multi- et interdisciplinaire, pour- tant indispensable à la bonne compréhension, par les élèves, de situations complexes Les PII et les PIF ne jouent qu’un rôle d’alibi à cet égard. • les modules de rattrapage et de remédiation sont organisés de matière chaotique. Devant le nombre élevé d’élèves en échec, les directions de lycées se trouvent dans l’impossibilité d’organiser les modules de rattrapage 10 SEWjournal
PROGRAMME GOUVERNEMENTAL en temps utile et de manière satisfaisante. Cette situation va au détriment des élèves concernés, confrontés à des grilles horaires surchargées, de plus en plus démotivés et futures victimes d’un décrochage scolaire qui ira en s’accentuant. • il existe un manque flagrant de places d’apprentissage. Depuis la réforme, le nombre d’apprentis sous contrat a diminué. • les passerelles entre les différents régimes de la formation professionnelle et le régime technique, existant toujours en théorie, sont, de facto, devenues impossibles. • l’accès aux études techniques supérieures pour les bacheliers techniciens a été fortement réduit. Dans l’ancien régime du technicien, la réussite à l’examen national donnait un accès automatique aux études techniques supérieures. 48 % en moyenne des élèves techniciens en profitaient. Dorénavant, seule la réussite de modules préparatoires permettra encore l’accès à ces études supérieures. Toutefois, les premières informations concer- nant l’organisation des modules préparatoires n’augurent rien de bon. Ces derniers – à de rares exceptions près – seront identiques pour toutes les formations du technicien et ne correspondront donc pas nécessaire- ment aux exigences particulières des différentes formations. De plus, le niveau de difficulté de la plupart des modules préparatoires – que ce soient les langues ou les mathématiques – est disproportionné par rapport aux connaissances acquises par les élèves au cours des années précédentes. Par ailleurs, l’accès aux modules prépa- ratoires sera refusé aux élèves qui, au début de la classe de 12e – et il y en a beaucoup - sont en échec dans un ou plusieurs modules « classiques ». Les très mauvais résultats dans les formations-phares en octobre dernier ont confirmé l’échec de la réforme. Programme gouvernemental Ensemble avec les acteurs concernés et sur la base d’une évaluation approfondie, le Gouvernement adaptera l’enseigne- ment par compétences aux besoins de la formation professionnelle. Réactions/Propositions du SEW Le SEW est prêt pour entamer avec les acteurs concernés une adaptation fondamentale de la réforme. Dans ce sens, nous proposons : • une redéfinition des programmes afin de permettre de nouveau un accès normal du technicien aux études tech- niques supérieures et abandon du système des modules préparatoires ; • une discussion fondamentale avec tous les acteurs sur les raisons de l’échec de la réforme ; • l’abandon de l’évaluation par compétences comme unique critère d’évaluation ; • la réinstauration d’un examen national ; • le retour à des passerelles automatiques et continues entre le régime du technicien et le régime technique ; • la réinclusion des représentants des enseignants dans les organes de prise de décision inscrits dans la loi Par ailleurs, nous nous opposons à un retour vers l’isolement de l’enseignement professionnel d’avant la loi de 1979 sur l’EST, tel que cela est prévu dans le projet de loi de réforme de l’ES et de l’EST. Programme gouvernemental Les divergences scolaires et culturelles des élèves ne doivent pas engendrer de discrimination dans le choix de l’orientation en termes de formation professionnelle. La formation professionnelle devra donc s’adapter à la réalité linguistique et démographique de notre pays et proposer tous les parcours de formation professionnelle en allemand et en français. Réactions/Propositions du SEW Oui à un parcours de formation professionnelle en allemand et en français dans les formations pour métiers « manuels ». Non à un tel parcours pour les formations commerciales (entreprises au parler majoritairement franco- phone-jargon français en sciences économiques / comptabilité / droit) et les formations du technicien en général. Programme gouvernemental Une formation professionnelle réussie nécessite une meilleure coordination entre la politique scolaire et la politique de l’emploi, entre le monde du travail et le monde scolaire. Les moyens pour assurer cette coordination devront être développés, en précisant le rôle du tuteur et en augmentant le nombre des conseillers à l’apprentissage. SEWjournal 11
PROGRAMME GOUVERNEMENTAL Réactions/Propositions du SEW D’accord, mais il faudra dans ce cas bien former les tuteurs ! Depuis mai 2010, la « Luxembourg School for Commerce » propose ces formations qui s’étalent sur deux journées entières, suivies de deux demi-journées, soit un total de 24 heures. On est en droit de se poser la question si cela est suffisant pour bien préparer les formateurs à leur tâche. A noter encore qu’aucune épreuve de certification n’est prévue. A titre de comparaison, la formation des tuteurs en entreprise telle qu’elle est pratiquée en Alle- magne, est structurée selon 4 modules d’une durée totale qui se situe entre 90 et 115 heures ... et elle fait l’objet d’une épreuve. Considérant les propositions de la coalition gouvernementale en matière de formation professionnelle, nous devons constater que la dévalorisation de la formation du technicien et les énormes problèmes que rencontre ce régime depuis la réforme (rappelons que le technicien, avant la réforme, ne faisait pas partie de la formation professionnelle) ne sont pas du tout abordés dans le programme gouvernemental. • Cette formation doit absolument être revalorisée et la question de son retrait de la formation professionnelle et sa réintégration dans le régime technique doit être posée et discutée. Programme gouvernemental c. Le régime préparatoire Une réforme du régime préparatoire a été envisagée dans le cadre du projet de réforme de l’enseignement secondaire technique et sera considérée comme prioritaire. La population scolaire regroupe des élèves ayant des problèmes au niveau des langues et des élèves ayant des difficultés d’apprentissage. L’objectif est de garantir une prise en charge individuelle et de procurer à un nombre aussi élevé que possible une formation. Réactions/Propositions du SEW Les problèmes des élèves orientés vers le régime préparatoire résultent largement des difficultés rencontrées dès le début de la scolarité. Cela compte aussi bien pour les élèves provenant de milieux sociaux luxembourgeois défavorisés que pour les élèves de familles immigrées. Les études PISA ont révélé que de très fortes différences existent dès le premier et le deuxième cycle. C’est là qu’il faut intervenir en premier lieu à travers une aide inten- sive dès le départ. La réforme de l’enseignement fondamental ne semble définitivement pas avoir abouti dans ce sens, bien au contraire : le pourcentage d’enfants orientés vers le régime préparatoire a battu tous les records à la fin de l’année scolaire 2012/13 (15%) ! Quant aux immigrés entrant dans le système luxembourgeois au cours de leur scolarité, il faudra les accueillir à travers un support linguistique massif. Programme gouvernemental d. Le projet de réforme de l’enseignement secondaire et secondaire technique Le projet de réforme de l’enseignement secondaire et secondaire technique déposé par le Gouvernement servira de base pour réformer l’enseignement secondaire et secondaire technique. Le projet sous question sera réexaminé sur base des grandes lignes directrices de la politique en matière d’éducation nationale du Gouvernement et des avis émis. Réactions/Propositions du SEW Nous sommes satisfaits que le nouveau gouvernement entende réexaminer le projet de réforme de l’ES et de l’EST. En effet, le SEW/OGBL et la très grande majorité des enseignants ont reproché à ce projet de réforme une série de déficiences fondamentales: • un enseignement et une évaluation par compétences omniprésents. Au lieu de savoirs et savoir-faire à déve- lopper, le projet fait continuellement référence aux compétences disciplinaires, méthodologiques, sociales et personnelles, aux profils de compétences, etc. • une promotion automatique cachée au cycle inférieur de l’ESG (actuel EST). Une insuffisance en langues ou en mathématiques permet néanmoins l’admission dans la classe suivante, mais à un niveau inférieur. Il s’agit là clairement d’une orientation vers le bas, non propice à l’égalité des chances de nos jeunes. Dans toutes les autres branches, un travail de révision, sans épreuve, n’est prévu que si la note obtenue est largement insuffi- sante (< 20). Par ailleurs, aucun travail de vacances ni d’ajournement ne sont prévus. • un enseignement des langues soumis au CECR et partant inadapté à la situation linguistique particulière du 12 SEWjournal
PROGRAMME GOUVERNEMENTAL Luxembourg. En effet, le CECR entre dans une logique d’apprentissage de langues étrangères, constituant ainsi une nette dévalorisation du niveau de l’enseignement des langues dans notre pays. De plus, il s’agit d’un enseignement fixé pour l’essentiel sur la dimension fonctionnelle de la langue et divisé méthodiquement en domaines de compétences (comprendre, lire, parler, écrire). Il néglige par là des aspects aussi importants que la culture et la littérature. Par ailleurs, le MENFP n’étant, en l’état actuel, non habilité à certifier les niveaux de CECR, nous risquons de voir se privatiser les contenus de l’enseignement et de l’évaluation. • la CDS (cellule de développement scolaire) – un organe sous l’emprise du directeur. En effet, les membres de la CDS, au contraire de celles et de ceux du comité des professeurs, sont nommés par le Ministre sur propo- sition du directeur. Cet organe n’a donc aucune légitimation démocratique et ne constitue qu’une instance bureaucratique supplémentaire sur l’échiquier scolaire. Les principales revendications du SEW sont les suivantes: • Le SEW exige une école publique de qualité qui tire tous les jeunes vers le haut au lieu de les drainer à travers le système jusqu’au point de non retour. Voilà ce que le SEW appelle « l’égalité des chances ». • Le SEW demande le lancement d’un grand débat public sur l’utilisation et l’apprentissage des langues au Luxembourg. • Le SEW se montre d’accord avec une simple indication, sur le diplôme, du niveau d’enseignement atteint en langues. Le SEW s’oppose à une inscription des niveaux du CECR dans la loi pour l’enseignement du français et de l’alle- mand. Il propose d’attester sur le diplôme de fin d’études secondaires (ES) que le français et l’allemand sont des langues de scolarisation et qu’à ce titre les programmes visent à amener les élèves à maîtriser ces deux langues comme langues secondes. Pour l’EST il convient de distinguer au niveau du régime technique entre une langue A (langue forte ou langue seconde) et une langue B (langue étrangère). • Le SEW demande le renforcement des pouvoirs de cogestion du comité des professeurs, démocratiquement élu, en lieu et place de la création de nouvelles structures non démocratiques comme la CDS. Il résulte de ces critiques et revendications que ce projet devrait être retiré de la procédure législative et qu’il faudrait rediscuter de manière fondamentale les objectifs et les moyens d’une réforme du secondaire et du secondaire technique. SEWjournal 13
PROGRAMME GOUVERNEMENTAL Programme gouvernemental 2. Les lignes directrices de la politique scolaire a. Différencier l’offre scolaire L’école publique doit tenir compte de la diversité des élèves par une offre scolaire adaptée à cette diversité. Pour garantir une prise en charge plus individuelle de l’élève dans l’enseignement, l’accent devra être mis sur les facteurs qui influencent directement la qualité du travail en classe. Il s’agira de garantir une meilleure formation des enseignants, des matériaux didactiques plus modernes et un apport en nouvelles idées didactiques dans le travail journalier des enseignants. Réactions/Propositions du SEW Le SEW soutient cette optique dans le sens qu’une réforme des contenus et les méthodes d’enseignement - en se focalisant sur la transmission de savoirs et savoir-faire – devrait prendre le dessus sur une réforme structurelle. Programme gouvernemental Les établissements secondaires seront invités à différencier leur offre scolaire en se forgeant une identité propre et en se spécialisant dans certains domaines. Réactions/Propositions du SEW Le SEW reste très sceptique vis-à vis d’une identité propre des établissements scolaires. Nous pensons en effet que dans un petit pays comme le Luxembourg, les différences régionales ne sont guère notables. Différen- cier à tort et à travers risque de faire perdre à notre système scolaire et à ses diplômes leur caractère unitaire. Il nous semble nécessaire de travailler de concert au niveau national et de maintenir une unité forte de l’école publique luxembourgeoise. Le SEW se prononce clairement contre un éclatement de l’école publique, tant au niveau des contenus de l’évaluation et des diplômes conférés. Programme gouvernemental Le Gouvernement accélérera l’élaboration de manuels scolaires et matériaux didactiques en relation avec les plans d’études et les programmes. Ils seront modernisés, en collaboration avec le conseil national des programmes, les commissions de programmes et le SCRIPT. Le Gouvernement encouragera la mise en oeuvre de méthodes et de maté- riels didactiques nouveaux, qui devront comprendre des exercices de différents degrés de difficulté afin de permettre un apprentissage plus individuel des élèves. Réactions/Propositions du SEW Le SEW soutient le retour à l’élaboration de manuels scolaires et de matériaux didactiques adaptés à la situation de notre système scolaire. Cela s’impose tout particulièrement en matière linguistique (cf. notion de langue seconde en français et en allemand). Programme gouvernemental Une base de données en ligne sera mise en place avec des matériels didactiques accessibles aux enseignants, parents et élèves. Le pool de ces matériels didactiques doit être enrichi en collaboration entre les différentes écoles et leurs experts en didactique, ainsi qu’avec le SCRIPT. Le Gouvernement envisage de professionnaliser les commissions de programmes dans l’optique de mettre à la disposi- tion des écoles des experts fournissant de nouveaux apports pédagogiques et didactiques dans le travail journalier des enseignants. Réactions/Propositions du SEW D’accord avec cette idée à condition de mettre l’accent sur la coopération avec les enseignants concernés : ce sont eux les mieux habilités pour élaborer le matériel didactique approprié. 14 SEWjournal
PROGRAMME GOUVERNEMENTAL Programme gouvernemental Promouvoir l’autonomie des écoles L’autonomie permettra aux établissements scolaires de mieux s’adapter aux réalités socioculturelles régionales et aux besoins des élèves. Le Gouvernement étendra cette autonomie aux choix pédagogiques ainsi qu’à la dotation et à la gestion financière, au recrutement de personnel et à la grille horaire tout en respectant le cadre des objectifs et standards nationaux. Dans un système moins centralisé, le Gouvernement doit néanmoins garantir aux élèves partout dans le pays une haute qualité d’enseignement et les mêmes chances de réussir. Réactions/Propositions du SEW Nous renvoyons à notre remarque faite plus haut au sujet de l’étendue de l’autonomie des établissements. Pour le SEW/OGBL l’autonomie organisationnelle des écoles doit se jouer dans le cadre d’objectifs et de méthodes d’évaluation clairement fixés pour l’école publique dans son ensemble. L’autonomie financière partielle des lycées et lycées techniques inscrite dans la loi de 2004 portant organisation des lycées et lycées techniques s’est révélée dans la pratique comme un miroir aux alouettes. En effet, lorsque le ministre des Finances demande que chaque établissement dépense 75 % des crédits alloués au cours d’une année budgétaire, ceci met évidemment en échec toute tentative de gestion financière plus indépendante des lycées et lycées techniques. D’autre part, le SEW voudrait marquer son opposition déterminée à un recrutement des enseignants par les directions des lycées et lycées techniques. Nous demandons au contraire la mise en place de structures de cogestion véritables dans les lycées et lycées techniques, permettant au personnel de faire valoir ses droits de participation à la gestion de leur école. De manière générale, nous renvoyons au concept d’autonomie scolaire tel qu’il a été exposé dans le chapitre « Quelle définition légale du statut d’autonomie des lycées ? » du rapport de la DNL, rapport que le SEW soutient entièrement Programme gouvernemental Le cadre et les objets de l’apprentissage Le Gouvernement est responsable de définir les objectifs généraux de l’apprentissage à travers les plans d’études et de veiller à ce qu’ils soient respectés. Il se dotera d’un système de monitoring en collaboration avec l’Université du Luxembourg qui permettra aux écoles et aux lycées de s’autoévaluer et de développer des stratégies pour maintenir et améliorer la qualité de leur enseignement. Les résultats du monitoring ne serviront pas à établir un ranking des écoles. Réactions/Propositions du SEW Le SEW s’oppose à l’évaluation des lycées par un organisme externe. Nous pensons en effet que la qualité scolaire et les efforts entrepris pour l’améliorer doivent être évalués par les partenaires du terrain et qu’il ne peut s’agir de faire intervenir un organisme externe, qu’il s’agisse de l’Agence pour le développement de la qualité scolaire ou d’un autre organisme. Il est évident pour nous que la divulgation des données internes et confiden- tielles conduira tôt ou tard à un ranking des écoles et de là au risque d’un tourisme scolaire. Les enseignants des lycées ont eu bien conscience de cette problématique, puisque 89 % des questionnaires retournés à la DNL ont rejeté l’évaluation externe. Programme gouvernemental Réformer la formation des enseignants Le Gouvernement veillera à garantir la meilleure formation initiale et continue possible des enseignants. Pour ce qui est de l’enseignement fondamental, des pourparlers seront engagés avec l’Université du Luxembourg afin de renforcer la didactique et la pédagogie ainsi que les connaissances de langue dans la formation initiale des enseignants. Dans l’enseignement secondaire, il faut s’assurer de la vocation et de l’aptitude pédagogique des futurs enseignants SEWjournal 15
PROGRAMME GOUVERNEMENTAL avant l’examen-concours. Le Gouvernement étudiera la possibilité de proposer un test d’aptitude aux candidats à une formation d’enseignant ou d’imposer un stage en école au début des études universitaires. L’examen-concours sera réformé. Une épreuve portera sur les connaissances générales en pédagogie. Réactions/Propositions du SEW Nous pensons que c’est surtout en français qu’il faut renforcer la didactique et la pédagogie ainsi que les connaissances de langue dans la formation initiale des enseignants ! Ici aussi, nous nous permettons de renvoyer à un chapitre du rapport de la DNL, consacré au recrutement et à la formation des enseignants de l’ES et de l’EST. En matière de test d’aptitude, ce chapitre évoque des interviews réalisées en Allemagne avec les « Lehramtskandidaten » qui entament leurs études supérieures. L’avantage d’une telle interview réside dans la possibilité offerte aux étudiants de première année de se faire une idée concrète des exigences inhérentes au métier du professeur. Ces interviews sont imposées dès le début des études pour endi- guer le risque que les étudiants ne se fassent une image trop abstraite du métier qui les attend. Certains bache- liers ont des vues quelque peu romantiques et stéréotypées du monde scolaire. D’autre part, une telle interview pourrait motiver les étudiants en direction de la progression et des contenus de leur formation. Dans le même chapitre, il est suggéré aussi de réactiver un « pré-stage » de deux ou trois semaines où les étudiants qui se destinent au professorat suivraient les cours de professeurs confirmés, assureraient quelques (parties de) leçons, … et préciseraient leurs idées du travail de l’enseignant ? Programme gouvernemental Les pourparlers avec les universités intéressées seront engagés afin d’élucider les modalités de collaboration au niveau de la formation des enseignants de l’enseignement secondaire. Réactions/Propositions du SEW Le Gouvernement envisage des pourparlers au-delà de l’Université du Luxembourg. Sans vouloir s’engager à tout prix en faveur de l’UdL, le SEW se pose la question si en matière de formation pédagogique un institut étranger saura mieux répondre aux besoins de notre enseignement. Si actuellement , comme nous l’avons fréquemment relevé par le passé, le stage pédagogique ne correspond pas aux besoins, cela est dû aussi au fait que le MENFP n’a pas su formuler ses conditions –sauf lorsqu’il s’agissait de tout vouloir baser sur un enseignement par compétences – et qu’il a laissé faire le département de la FOPED. Ainsi, le Conseil de formation pédagogique, qui est l’organe permettant au donneur d’ordre qu’est le MEN d’éva- luer la conformité de la mise en oeuvre du stage à la convention conclue entre l’UdL de redresser la barre ne s’est réuni que très rarement et nombre de ses membres ont démissionné du fait que le MENFP a négligé d’y recourir. Nous pensons qu’au lieu de jeter l’enfant avec l’eau du bain, il faudra à l’avenir avant tout redresser une série d’éléments fondamentaux : - les liens entre les tuteurs dans les lycées et les formateurs de l’institut de formation, qui sont très faibles à l’heure actuelle, devront être développés et l’expertise des tuteurs sur le terrain devra être mieux prise en compte ; - il faudra bannir les cours purement théoriques sans lien direct avec la pratique, qui caractérisent large- ment le stage actuel; le lien intensif entre la théorie et la pratique a toujours été un souci majeur du SEW ; - pourtant, tout au long du stage, il faudra maintenir l’occasion pour les stagiaires de regarder au-delà des murs du lycée (technique) et éviter de les confiner dans un stage «intra muros» avec des tuteurs scolaires comme seules personnes de référence ; le lien avec un institut de recherche pédagogique est dans ce sens incon- tournable - l’évaluation des stagiaires, extrêmement lourde à l’heure actuelle et assortie de tracasseries bureaucra- tiques devra être allégée. Il incombe au MENEJ en tant que donneur d’ordre, de préciser ce qu’il attend et de vérifier régulièrement l’exécu- tion du contrat. 16 SEWjournal
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