"Des opportunités manquées entre assureurs et mutualités" - KidOscope
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
Ed. resp. : Xavier Brenez - Union Nationale des Mutualités Libres - Rue Saint-Hubert 19 – 1150 Bruxelles - Health Forum, trimestriel (décembre 2011 - janvier - février 2012) - Bureau de dépôt Bruxelles X - P911 186 Xavier Brenez Le magazine de l’Union Nationale des Mutualités Libres · trimestriel Dossier Décembre 2011 · N°8 change de visage L’assurance complémentaire “Des opportunités manquées entre assureurs et mutualités”
Les Mutualités Libres Faites connaissance avec les Mutualités Libres ! Avec plus de 2.000.000 d’affiliés, les Mutualités Libres constituent le troisième organisme assureur du pays. Les Mutualités Libres regroupent 7 mutualités : OZ Boomsesteenweg 5 2610 Antwerpen www.oz.be Omnimut Mutualité Libre de Wallonie Rue Natalis 47 B 4020 Liège www.omnimut.be Euromut Mutualité Libre Boulevard Louis Mettewie 74-76 1080 Bruxelles www.euromut.be Freie Krankenkasse Hauptstrasse 2 4760 Büllingen www.freie.be Mutualité Libre Securex Avenue de Tervueren 43 Verenigde-Natieslaan 1 1040 Bruxelles 9000 Gent www.securex-mutualite.be Partena Ziekenfonds Coupure Links 103 9000 Gent www.partena-ziekenfonds.be Partenamut Boulevard Anspach 1 1000 Bruxelles www.partenamut.be
Sortir de la dictature du court-termisme Comment garantir la durabilité de notre système de 50% des richesses produites, nous ne pourrions faire soins de santé dans un contexte où les besoins sont mieux. Que les 11% du PNB que nous consacrons à la sans cesse croissants et les contraintes économiques santé ne puissent nous permettre d’aborder les défis de plus en plus fortes ? tels que l’explosion des maladies chroniques (70% des coûts), l’innovation médicale (80% de la croissance des La réponse n’est pas simple mais il y a une chose que coûts) et le vieillissement de la population (où l’absence nous voulons éviter : laisser la facture aux jeunes de solutions se fait déjà sentir). générations d’un modèle de société que nous ne maîtrisons plus. Depuis Ceci nous impose de sortir du le milieu des années 70, nous vivons “court-termisme” et des solutions collectivement au-dessus de nos C’est la crise des faciles pour installer les politiques moyens au point d’en arriver à ce politiques publiques publiques – dont la politique des que les Etats, au moment où nous en qui doit être mise au soins santé – dans un schéma avons le plus besoin, ne peuvent plus centre des débats. durable et responsable. Pour rassu- mobiliser les moyens pour mener les rer ceux qui se sentent emprisonnés politiques adéquates. Tous nos maux dans leurs agendas, nous les invitons ne peuvent pas être mis sur le dos de à se pencher sur une récente étude la crise financière ! C’est bien la crise de Deloitte* qui atteste de la clair- des politiques publiques qui doit être mise au centre voyance de la population qui, à près de 60%, se déclare des débats. prête à soutenir un programme visant à optimiser les dépenses en soins de santé. S’agit-il de repenser notre modèle de société ? Proba- A bon entendeur… blement. Nous sommes devenus les victimes de notre propre mode de vie. Dans certains pays “développés”, des problèmes tels que l’obésité conjuguée aux carences des soins préventifs et aux défauts du système Xavier Brenez éducatifs font que l’espérance de vie des générations Directeur Général futures est inférieure à la nôtre. de l’Union Nationale des Mutualités Libres Mais en parallèle, il est impensable de considérer * Deloitte Survey of Health Care qu’avec des dépenses publiques représentant plus de Consumers in Belgium 2011 Décembre 2011 · N°8 Rédactrice en chef Le magazine de l’Union Nationale des Mutualités Libres · trimestriel Karima Amrous · karima.amrous@mloz.be · T 02 778 94 33 Coordination Stéphanie Brisson · stephanie.brisson@mloz.be · T 02 778 95 11 Vous êtes séduit par Comité de rédaction Health Forum? Karima Amrous · Stéphanie Brisson · Ann Ceuppens · Regina De Paepe · Jan Dhondt · Vous voulez recevoir le Christian Horemans · Claire Huyghebaert · Pascale Janssens · Chantal Neirynck · magazine régulièrement ? Nathalie Renna · Piet Van Eenooghe · Jan Van Emelen · Christiaan Van Hul · Ecrivez-nous ! Emilie Vanderstichelen · Rudy Van Tielen · Valérie Vander Veken · Steven Vervaet · Anne Viroux Union Nationale des Lay-out Mutualités Libres Leen Verstraete · layout@mloz.be Service Communication Photos Rue Saint-Hubert 19 Reporters 1150 Bruxelles Traduction T 02 778 92 11 · F 02 778 94 02 Annemie Mathues · Emilie Van Isterdael · Barbara Van Ransbeeck Ou envoyez-nous un mail à Editeur responsable health-forum@mloz.be Xavier Brenez · xavier.brenez@mloz.be
Sommaire N°8 Décembre 2011 En couverture L’assurance mutualiste 3 Edito change de visage 5 Le saviez-vous ? A partir du 1er janvier 2012, les mutualités 6 Dossier devront changer leur manière d’organiser L’assurance mutualiste change l’assurance facultative. Comment l’assu- de visage rance mutualiste va-t-elle évoluer ? Quelles seront les conséquences pour l’assuré ? 13 Espace Prestataires Quelles différences subsistent désormais 6 Le débat entre mutualités et sociétés d’assurances ? Les soignants, des patients pas Un dossier pour y voir plus clair. comme les autres ? Sortir les aidants proches de l’ombre Europe 21 Europe L’Observatoire de la mobilité des patients L’Observatoire de la mobilité des patients enfin lancé enfin lancé 22 A l’étude Combien de patients étrangers viennent Chirurgie de la cataracte : en Belgique pour se faire soigner et L’hospitalisation de jour coûte pour quels traitements ? Voici l’une des 33% de moins au patient questions centrales que l’Observatoire Une concurrence saine pour une 21 de la mobilité des patients va analyser. meilleure qualité des soins ? Bien que créé en 2010, l’Observatoire n’a entamé ses activités que récemment. 27 Objectif santé 4 documentaires santé que vous devez avoir vus ! 28 Solidarité Etude Rébécca, en route vers l’autonomie Chirurgie de la cataracte : le lifting de la vue 32 Event favorisé par de nouvelles pratiques Les réseaux de santé digitaux ont la cote Chaque année, 1 personne sur 100 se fait opérer de la cataracte. Entre 2006 et 2009, 33 L’Actu des Mutualités Libres le nombre d’interventions a augmenté de 6,5% par an, notamment grâce à un 34 Kiosque changement de technique opératoire qui 22 favorise la chirurgie de jour. Ce change- ment a aussi permis de réduire les coûts www.mloz.be de prise en charge de la cataracte, tant pour les patients que pour la société.
Le saviez-vous ? SIDA : mal informés et naïfs ! Le sida a fait 25 millions de morts depuis son 39.000.000 de personnes sont aveugles apparition il y a 30 ans. En Belgique, 3 personnes ont été infectées chaque jour en 2009. La prévention reste plus que dans le monde jamais indispensable ! Une enquête www.who.int a révélé qu’une grande partie de la population belge de plus de 15 ans n’a pas une connaissance correcte du mode de transmission du virus Des vêtements qui VIH ni de la manière de se proté- ger. La tranche des 15-24 ans est rendent stérile ? la moins bien informée. Mais ces Des substances chimiques toxiques dernières années, on a constaté ont été détectées dans les vêtements que les 35-54 ans n’ont pas le de 14 grands fabricants de vêtements. réflexe “préservatif” en entamant Ces substances, des éthoxylates de no- une nouvelle relation. www.preventionsida.org nylphénol (NPE), peuvent porter atteinte aux organes de reproduction des êtres vivants. Greenpeace dénonce la présence 48% de ces NPE, utilisés non seulement comme détergents dans l’industrie mais aussi dans la production de pâtes à papiers, de textiles naturels et synthé- tiques, ainsi que du cuir. Déversés dans les cours d’eau, ils se décomposent en nonylphénol (NP), un perturbateur hor- des demandes d’euthanasie ont été accordées monal. Ces produits sont interdits en depuis l’introduction de la loi sur l’euthanasie Europe mais les marques font fabriquer en 2002. leurs vêtements dans les pays en déve- D’après un sondage réalisé par l’Université Libre de loppement (Chine, Vietnam, Malaisie et Bruxelles (ULB) et l’université de Gand. Philippines). www.greenpeace.org Chimiothérapie : fœtus protégé par le placenta Les enfants dont la mère a subi une chimiothérapie durant sa grossesse se portent aussi bien que les enfants du même âge dont la mère n’a pas suivi ce traitement. C’est le résultat d’une étude menée par la KULeuven (Université de Louvain). Les chercheurs ont relevé, au cours de la crois- sance de l’enfant, plusieurs données portant sur la santé, les prestations scolaires, les hobbys et la vie sociale, le développement mental, le com- portement et les problèmes émotionnels. Les problèmes notés se posent principalement chez les enfants prématurés. Une naissance prématurée influence donc plus le développement des enfants que l’exposition à la chimiothérapie pendant la grossesse. Il semblerait que le placenta joue un rôle de filtre et protège donc l’enfant des effets toxiques de la chimiothérapie. De plus, celle-ci n’est en général par administrée lors du premier trimestre de la grossesse. www.cancer.be Par Stéphanie Brisson - stephanie.brisson@mloz.be 5
En couverture L’assurance mutualiste change de visage Un nouveau paysage pour les mutualités p. 7 Xavier Brenez - “Des opportunités manquées” p. 10 L’Europe a besoin des mutualités ! p. 12
Dossier Assurance complémentaire Un nouveau paysage pour les mutualités Début 2012, une petite révolution va agiter le monde des assureurs soins de santé. En effet, à partir du 1er janvier, les mutualités devront changer leur manière d’organiser l’assurance facultative. C’est l’Europe qui l’a décidé. Comment l’assurance mutualiste va-t-elle évoluer ? Quelles seront les conséquences pour l’assuré ? Quelles différences subsistent désormais entre mutualités et sociétés d’assurances ? Un dossier pour y voir plus clair. D epuis plusieurs années, les venue concrétiser cette refonte ces onze conditions légales, il y assureurs reprochent aux complète des assurances mutua- a l’obligation d’affiliation. Mais mutualités belges d’offrir listes. Son entrée en vigueur est aussi le niveau unique de cou- des produits similaires à leurs fixée au 1er janvier 2012. verture, c’est-à-dire que tous les assurances, sans devoir respecter membres doivent pouvoir bénéfi- la même réglementation, notam- cier des mêmes avantages sauf si ment en matière d’accessibilité, Le terme “assurance la limitation d’un remboursement de régime d’imposition, de spécia- complémentaire” est à une catégorie de membres peut lisation professionnelle. En 2006, se justifier sur base de critères banni du vocabulaire après plusieurs recours infruc- objectifs (exemple : le vaccin tueux au niveau belge, Assuralia, mutualiste, on devra contre le cancer du col de l’uté- l’Union professionnelle des entre- dorénavant parler de rus). Autre critère obligatoire, les prises d’assurances, se décide à “services et activités cotisations doivent être identiques déposer plainte devant la Com- pour tous les membres (sauf sta- complémentaires”. tut BIM ou OMNIO). Les cotisations mission européenne. Deux ans plus tard, l’Europe donne raison “jeunes” ou “ménage” sont donc aux assureurs et demande à la supprimées. Enfin, tous les états Belgique de modifier sa loi sur Quel paysage en 2012 ? préexistants doivent être couverts. les assurances complémentaires A partir de janvier, plusieurs des mutualités. La Commission acteurs se partageront le marché Onze critères à respecter s’inquiète en effet des failles des assurances. Les assureurs L’Office de contrôle des mutualités potentielles de la protection des privés, bien sûr, continueront à (OCM) sera chargé de vérifier que titulaires d’assurance et des dis- faire ce qu’ils ont toujours fait : de torsions de marché. ces onze critères sont respectés l’assurance. Quant aux mutualités, par chaque mutualité pour chaque elles préparent depuis des mois la opération qu’elle propose. Si ces Fin 2008, les assureurs et le Col- métamorphose de leur assurance conditions ne sont pas remplies, le lège Intermutualiste national (CIN) complémentaire. Les assurances service de la mutualité n’est pas signent un compromis afin de ré- facultatives qu’elles proposent agréé. Dès que les onze conditions partir les activités des mutualités seront désormais gérées par une obligatoires sont respectées, l’ac- en deux catégories : “opérations” société mutualiste d’assurances tivité passe en “opération”. Si l’un et “assurances”. Ces deux volets (SMA) qu’elles ont dû créer ou ou l’autre critère n’est pas rempli sont complétés quelques mois rejoindre. ou que le service est facultatif, il plus tard par une troisième caté- passera du secteur mutualiste gorie de services et activités, ne L’assurance complémentaire de classique au secteur mutualiste relevant ni d’opérations, ni d’assu- base obligatoire se transforme assurantiel (SMA). Dans chaque rances. On les appelle les services en une série d’”opérations”. Pour mutualité, tous les services com- “ni-ni”, ils devront respecter les être reconnues comme telles, plémentaires de base ont dû être mêmes conditions que les opé- celles-ci doivent respecter onze adaptés pour être en conformité rations. La loi du 26 avril 2010 est critères fixés dans la loi. Parmi avec ces critères. 7
Dossier santé : par exemple, autre en favorisera certains plus l’intervention dans des caractéristiques de sa population. cours de conduite ou les avantages sport. Impact sur l’affilié De nouveau, cette re- mise en question a été Même si la plupart des mutua- indispensable pour lités appliquait déjà ce principe, maintenir le montant l’affilié voit sa cotisation devenir des cotisations à un obligatoire. Le seuil de cotisation niveau raisonnable. doit être compris entre 30 euros minimum et 250 euros maximum par an par ménage mutualiste Concurrence tel que défini au niveau de l’assu- entre mutualités rance obligatoire (un titulaire et les personnes inscrites à sa charge Une différence entre - généralement ses enfants et le mutualités va subsis- conjoint qui n’a pas de revenus). L’assurance soins dentaires devient une ter, non seulement au Les membres d’un couple ou assurance facultative, gérée par une SMA niveau des services d’une famille qui sont titulaires au mais aussi au niveau Impact sur les niveau de l’assurance obligatoire des cotisations. La cotisation doivent désormais payer une coti- activités des mutualités fixée par une mutualité doit être sation par bénéficiaire. L’intention la même pour tous ses membres. des mutualités n’est certainement Est-ce que les mutualités finiront Mais d’une mutualité à l’autre, la par toutes se ressembler ? Il y pas d’augmenter les cotisations, cotisation va varier, puisqu’elle surtout à partir du moment où a peu de chances. Elles se dis- dépendra du type de services elles deviennent obligatoires. tingueront justement par leurs organisés. Chaque mutualité services et opérations propres. devra déterminer le montant de sa La notion de solidarité sera ren- Mais l’ensemble des services cotisation en fonction des services forcée à l’avenir, justement parce organisés par chaque mutua- qu’elle organisera, pour autant que l’affiliation est obligatoire pour lité devra répondre aux mêmes qu’il soit compris entre 30 et 250 tout le monde et que les avan- conditions. Plus aucune mutualité euros sur base annuelle. tages sont identiques pour tous ne peut organiser une activité à caractère facultatif. Le terme les membres (sauf statut parti- Ici aussi, l’évolution de la concur- culier ou non justification d’une “assurance complémentaire” est d’ailleurs banni du vocabulaire rence entre mutualités va dépendre intervention pour une catégorie mutualiste, on devra dorénavant du choix de chacune : se recentrer particulière de membres). parler de “services et activités sur l’aspect santé ou sélectionner complémentaires”. ses services et avantages en fonc- Et cela a une autre conséquence tion de la nature de sa population. importante sur les membres. A Une conséquence de cette réor- Une mutualité choisira de couvrir partir du moment où l’affiliation ganisation des services est que certains avantages tandis qu’une aux services complémentaires les mutualités sont amenées à réfléchir sur les services qu’elles proposent à leurs membres. Le but étant de Que fait une mutualité ? ne pas faire augmenter les cotisations de manière expo- Sous le contrôle de l’Institut d’Assurance Maladie-Invalidité nentielle. Comme à l’avenir, (INAMI), les mutualités sont chargées de payer les prestations toutes les opérations seront de l’assurance obligatoire soins de santé et indemnités : rem- accessibles à tous les membres, boursements de frais médicaux, indemnités en cas d’incapacité chaque mutualité a dû se décider de travail ou d’invalidité, indemnité de maternité, allocation sur le maintien ou pas de certains avantages. L’occasion de se recen- pour frais funéraires. Les mutualités représentent aussi leurs trer sur la notion de santé. Et de assurés dans plusieurs comités et commissions à l’INAMI et supprimer certains avantages participent notamment à l’élaboration d’accords médico-mut annexes qui n’apportent pas de pour fixer les tarifs des prestations médicales. réelle plus-value en termes de 8
Dossier devient obligatoire, les membres Contrairement à une société d’as- qui peuvent bénéficier des mêmes sont tenus de payer. Et un membre surances, la SMA ne peut en effet exemptions mais qui ne répondent qui ne paye pas sa cotisation sera pas s’adresser ni à l’ensemble du pas à la même “culture”. exclu de tous les services com- marché ni à celui des entreprises plémentaires de sa mutualité et mais uniquement aux membres de ne pourra pas non plus avoir droit la mutualité à laquelle elle est liée. Professionnalisation aux assurances facultatives de Dans le même ordre d’idées, elle Au-delà des contraintes aux- sa mutualité. Actuellement, un ne peut distribuer ses assurances quelles les jeunes SMA devront membre qui est affilié à Hospitalia que via son propre réseau mutua- faire face, certains apports de la (assurance hospitalisation des liste, composé de collaborateurs nouvelle réglementation offriront Mutualités Libres) mais qui ne accrédités. Tandis que les socié- un nouveau cadre de travail encore paye pas son assurance complé- tés privées ont le droit de le faire plus professionnel. La compta- mentaire, reste affilié à Hospitalia. via des moyens plus variés. Les bilité et la gestion, entre autres, types d’assurances que la SMA devront respecter des règles est autorisée à vendre sont celles strictes, en conformité avec la SMA–Assureurs, liées aux services santé (branche norme européenne. même combat ? 2 des assurances) et à l’assistance (branche 18). Les sociétés d’assu- En matière de formation aussi, il y Les SMA (sociétés mutualistes rance peuvent, elles, exploiter a du nouveau. Chaque employé de d’assurances) cumuleront les toutes les branches. mutualité qui sera en contact avec règles du secteur mutualiste de la le public pour le conseil et l’offre réglementation des assurances. En matière fiscale, SMA et socié- de produits d’assurances devra A la différence de celles-ci, les tés d’assurances seront soumises avoir suivi une formation légale et sociétés mutualistes seront toutes deux à une taxe de 9,25%. avoir réussi un examen. Ces nou- sous le contrôle de l’OCM (Office Celle-ci s’applique à tout produit veautés permettront aux sociétés de contrôle des mutualités) et sauf si celui-ci répond à un certain mutualistes d’assurance d’asseoir non de l’Autorité des services et nombre de conditions en matière encore plus leur expertise. marchés financiers (FSMA), de la d’accessibilité, comme l’ouverture Banque Nationale. Ce n’est pas à toute personne de moins de 65 la seule différence entre les deux ans, la couverture des affections Stéphanie Brisson acteurs de ce nouveau paysage. préexistantes,… Cela permettra Avec la collaboration de Les contraintes pour les SMA sont probablement aux SMA de se dis- Thierry Steylemans, multiples. tinguer des assurances privées, Director Legal Affairs MutualitésLibres AO et AC : quelles différences ? L’assurance obligatoire (AO) est obligatoire d’AC diffèrent d’une mutualité à l’autre, tout pour tous. Elle prévoit le remboursement des pres comme les montants d’affiliation et de rembour- tations de soins de santé : prestations médicales, sement. Ces services, obligatoires dès 2012, sont médicaments et frais d’hospitalisation. C’est aussi rassemblés dans une offre proposée à tous les af- l’AO qui permet le paiement d’indemnités en cas filiés. Chaque service ou avantage doit être agréé d’incapacité de travail ou de maladie. Pour être par l’OCM (Office de contrôle des mutualités). en ordre d’AO, il faut être affilié auprès d’une mu- tualité. La solidarité est à la base du système de L’assurance facultative. Les mutualités pou l’AO puisque ce sont les cotisations sociales des vaient également organiser des assurances employeurs et travailleurs qui permettent son facultatives jusque fin 2011 (hospitalisation, par financement. Les remboursements sont les mê- exemple). Dans ce cas, les personnes couvertes mes dans chaque mutualité. sont moins nombreuses et les risques mieux “sé- lectionnés” via certaines conditions à l’affiliation L’assurance complémentaire de base (AC), (questionnaire médical ou limite d’âge). dorénavant appelée “services complémentaires”, A partir de 2012, ces assurances facultatives se- propose des avantages et services qui ne sont pas ront organisées par des SMA (sociétés mutualis- prévus par l’assurance obligatoire. Les produits tes d’assurances). 9
Dossier Entretien avec Xavier Brenez Des opportunités manquées entre assureurs et mutualités Les mutualités entrent dans une nouvelle phase de leur évolution. Armées pour affronter cette étape, elles doivent cependant encore batailler pour défendre leurs spécificités. Pour Xavier Brenez, Directeur Général de l’Union Nationale des Mutualités Libres, il est indispensable de reconnaître et d’utiliser leur expertise en matière de soins de santé. Quelle est la place de l’assu- l’assurance obligatoire. 5% ce sont vraiment les plus à même de rance complémentaire dans le n’est pas un pourcentage énorme répondre aux besoins de protec- paysage assurantiel belge ? mais cette part tend à augmenter, tion sociale, avec les mécanismes tout comme celle prise en charge du marché ? Ou estime-t-on que Xavier Brenez - Les assurances par le patient. Il est donc néces- d’autres acteurs sont plus aptes à complémentaires au sens large saire d’avoir des instruments remplir ce rôle ? Il est temps que conservent un rôle important complémentaires à l’assurance les décideurs politiques prennent malgré leur part relativement obligatoire. Notamment en ma- position à ce sujet. De par ces résiduaire. C’est le cas dans les tière d’hospitalisation, de soins nouvelles contraintes et sans pays où le système de santé est dentaires ou encore d’assistance nouvelles opportunités de déve- bien développé. Quand on observe et de revenu garanti. loppement, il y a un vrai risque de les dépenses de soins de santé, mettre l’assurance mutualiste en on constate que 70% sont prises A quoi peut-on s’attendre dans danger. On laisse la part belle aux en charge par l’assurance obli- les années à venir en matière assureurs qui ont la plus grosse gatoire, 20% par les patients et d’assurance soins de santé ? partie du marché, les assurances 5% par les assurances complé- X.B. - L’évolution du secteur collectives. Le politique doit mentaires privées ou mutualistes. dépendra des choix de société. avoir pour mission d’offrir les Les assurances complémentaires Il faudra voir à l’avenir quel sera meilleurs instruments de pro- sont donc vraiment dépendantes le modèle favorisé. Est-ce qu’on tection sociale à la population. de la manière dont est organisée estime que les assureurs privés Et je ne suis pas convaincu qu’ils 10
Dossier se posent vraiment la question chez un assureur privé. L’atout réseau mutualiste, eux ont accès dans ce dossier-là. L’assurance des assurances mutualistes est à l’ensemble des intermédiaires, mutualiste est un beau modèle de pouvoir obtenir des coûts excepté notre réseau. On cumule qui correspond beaucoup mieux à moindres de gestion, dû au fait deux statuts : une relation sta- la protection sociale. Qui remet en que c’est leur métier et qu’elles tutaire mais aussi un contrat cause la croyance selon laquelle connaissent le marché. Il y a aussi individuel. Nous pouvons nous les instruments du marché vont un aspect “confiance” : plusieurs conformer à ces nouvelles règles apporter la solution miracle à tous études démontrent que le degré de mais nous voudrions avoir les les problèmes de société. confiance vis-à-vis de sa mutua- mêmes libertés. Notamment sur lité est plus grand qu’envers une le principe de ne pouvoir vendre société d’assurance. qu’à nos membres affiliés en Quelles grosses différences assurance obligatoire. A ce niveau, subsistent entre mutualités et le cadre est étroit et cela nous assureurs privés ? Quel est l’impact de la nouvelle exclut complètement du marché réglementation de l’assurance des entreprises. Nous nous trou- X.B. - La première est que les mutualiste sur l’organisation vons vraiment dans une position mutualités n’ont pas d’action- interne des mutualités ? désavantageuse. naires et ont une finalité non-profit et sociale. Ce sont deux philoso- X.B. - En matière de gestion, il phies opposées. Ce qui explique le faut désormais avoir une approche Existe-t-il néanmoins des montant de nos primes et la confi- actuarielle pour nos risques, ce pistes de collaboration entre guration différente de nos produits qui n’existait pas avant. Nous les mutualités et les assureurs par rapport aux assureurs. Nous devons gérer nos risques, stan- privés ? faisons aussi moins de sélection. dardiser les règles comptables, Dans toute une série de cas, nous etc. C’est positif parce que ça nous X.B. - L’article 43ter de la loi rela- prenons en charge les maladies pousse à professionnaliser notre tive aux mutualités et aux unions préexistantes. Ensuite, nous avons gestion. A côté de ça, il y a quand nationales de mutualités (6 août une meilleure expertise dans le même toute une série de choses 1990) interdit la collaboration domaine de la santé que les assu- qui compliquent l’organisation, entre les mutualités et le monde reurs privés. Ce qui nous permet augmentent les charges avec un des assurances et des banques, de mieux gérer nos dépenses. impact final sur les membres. tant pour la promotion que pour Enfin, quand les assureurs gèrent la distribution de produits. Mais la problématique financière liée je nous trouve complémentaires à l’hospitalisation, les mutualités Vous estimez que la sur beaucoup de points. ça aurait s’occupent de la problématique concurrence déloyale a effectivement un sens de pouvoir de l’hospitalisation de manière augmenté en défaveur des distribuer nos produits via des ré- globale : aspects financiers, mutualités… seaux de courtiers. Permettre, par informations sur l’hospitalisation, X.B. - On nous a imposé les exemple, aux courtiers de vendre services pré et post-hospitalisa- contraintes des assureurs, cumu- des assurances Hospitalia. D’un tion, lien avec soins à domicile lées à celles propres au monde autre côté, il serait intéressant de et services sociaux, etc. Ce sont mutualiste sans avoir les mêmes travailler avec des assureurs pour quand même des différences libertés d’action. Finalement la définir des produits pour lesquels fondamentales entre un assureur concurrence déloyale a changé nous n’avons pas la compétence. privé et nous. de camp ! L’idée était que chacun Et dans la même idée, les assu- respecte les mêmes règles du jeu reurs pourraient se reposer sur les – “same level playing field”. Mais mutualités pour la connaissance Quelle est donc la plus-value ces règles diffèrent en plusieurs du secteur des soins de santé pour des assurances proposées par points. En matière d’affiliation leur propre réseau et proposer les mutualités ? des produits qui répondent à une par exemple, nous sommes X.B. - Quand on demande aux limités aux membres qui sont en certaine philosophie. Il n’y a pas gens ce qu’ils attendent de leur assurance obligatoire chez nous, de raison objective pour justifier mutualité, c’est d’assurance tandis que les assureurs privés cette interdiction de collaboration. hospitalisation dont ils parlent peuvent toucher l’ensemble de la C’est une opportunité manquée en 1ère ou 2e position. Il y a donc population. On est aussi limités qui permettrait de franchir cette une demande forte pour les assu- aux branches 2 pour la santé et 18 barrière artificielle entre le monde rances hospitalisation. Ensuite, il y pour l’assistance, les assurances de l’assurance et les mutualités. a un aspect prix qui est important. privées ayant accès à toutes Le rapport qualité-prix est bien les branches. Nous ne pouvons meilleur dans une mutualité que Propos recueillis par Stéphanie Brisson vendre nos produits que via notre stephanie.brisson@mloz.be 11
Dossier L’Europe a besoin des mutualités Les mutualités jouent un rôle important en Europe, mais doivent subir la pression du marché interne. Voilà l’une des principales conclusions d’une nouvelle étude européenne, ou comment l’Europe s’intéresse de plus en plus à l’histoire mutualiste. C ommandée par le Parlement l’ADN du monde mutualiste. Pen- Reconnaissance européen, l’étude “The role sons par exemple à la nouvelle loi of mutual societies in the sur l’assurance complémentaire L’étude encourage les mutualités 21st century” donne un aperçu du en Belgique, qui a été développée à mieux se profiler, entre autres, paysage mutualiste en Europe. La en proposant des services et à la suite des critiques de l’Europe. grande diversité est frappante : produits innovants. Elles doivent Dans un tel contexte, le modèle certaines mutualités ne sont en effet mieux se vendre en tant mutualiste est voué à disparaître si qu’alternatives aux assureurs actives qu’au niveau de l’assurance aucune mesure n’est prise, selon maladie obligatoire (par exemple commerciaux en mettant davan- l’étude. tage leurs valeurs mutualistes en en Allemagne), d’autres au niveau de l’assurance complémentaire avant. Les mutualités en Europe offrent (la plupart des mutualités fran- toutefois pour l’étude une réelle Au niveau européen, les mutuali- çaises) et dans certains pays, les mutualités sont actives aux deux plus-value au sein du marché tés pourraient être soutenues par interne : une reconnaissance explicite de niveaux (en Belgique). Il n’est donc • Elles permettent de diversifier leur rôle au sein de l’économie et pas évident d’établir une définition le monde assurantiel, ce qui de la communauté sociale euro- globale de la mutualité. empêche la création d’un mar- péennes. Le développement d’un ché au sein duquel tout le statut européen est intéressant Marché interne monde a le même profil. pour ce type de reconnaissance. Le modèle mutualiste se distingue • Elles constituent un modèle bu- La Commission européenne a de l’assureur classique en mettant siness apprécié des assurés. d’ores et déjà annoncé vouloir à l’honneur des valeurs comme la Une analyse a en effet révélé approfondir l’analyse des mutua- solidarité, le non marchand et en que les mutualités sont moins lités européennes. fonctionnant avec des organes de sensibles à la critique que leurs gestion organisés démocratique- i pendants commerciaux. Vous pouvez consulter ment. Les mutualités subissent toutefois la pression des principes • Davantage d’entreprises avec l’étude dans son du marché interne européen. une responsabilité sociale se- intégralité sur L’application des directives euro- ront nécessaires à l’avenir, afin www.mloz.be ! péennes relatives aux dommages de pouvoir garantir l’accès à des Christian Horemans et des règles européennes de sol- systèmes de protection sociale Expert Affaires internationales vabilité modifie progressivement financièrement abordables. christian.horemans@mloz.be Pour un statut européen de la mutualité Les Mutualités Libres accueillent les conclusions de cette première étude avec satisfaction. Elle offre en L’avis des Mutualités Libres effet un aperçu intéressant du paysage mutualiste en Europe et des défis auxquels les mutualités sont confrontées. Lors d’une prochaine analyse, les Mutualités Libres demandent que l’attention soit davantage consacrée à : • une description plus complète des organisations mutualistes, certainement de celles qui sont actives au niveau de l’assurance maladie obligatoire ; • la prestation des services sociaux des mutualités ; • au rôle futur des mutualités, qui représente bien plus que l’assurance pure et simple. Pensons par exemple au coaching des assurés et à la poursuite du développement de la promotion et de la préven- tion de la santé ; • un statut européen de la mutualité. Cela représenterait une reconnaissance de la mutualité comme important partenaire au sein de l’économie sociale qui, selon Europe 2020, est l’un des secteurs de croissance européens. 12
Espace prestataires Le Débat Faut-il imposer un quota annuel minimum d’opérations chirur- gicales par hôpital afin d’améliorer la qualité des soins ? Brieuc Van Damme, associé à l’Itinera Institute et le Docteur Jacques de Toeuf, vice-président de l’ABSyM et directeur médical général des CHIREC, exposent chacun leur point de vue. Brieuc Van Damme Docteur Jacques de Toeuf Associé Itinera Institute, Consultant Vice-Président de l’ABSyM académique Université de Gand Directeur général médical des CHIREC ”Imposer un nombre minimum ”C’est la qualité du diagnostic d’interventions chirurgicales par qui fait le succès de la thérapie an par hôpital” entreprise” Les dépenses de soins de santé sont la résultante Limiter l’analyse de l’offre de soins à son aspect de l’offre et de la demande. En jouant sur l’offre, volumétrique est extrêmement réducteur puisque notamment, il est possible non seulement d’influen- les dépenses générées par l’activité médicale sont cer les dépenses, mais aussi d’améliorer la qualité. étroitement corrélées aux choix posés par les Ceci se vérifie entre autres pour les interventions médecins plutôt que par leur volume de production. chirurgicales pour le cancer du sein et la cardiologie. La qualité des résultats des interventions chirurgi- Il est unanimement reconnu que la qualité et les cales tient aux chirurgiens, aux anesthésistes, aux résultats des interventions chirurgicales pratiquées aides opératoires et instrumentistes, au niveau de sont directement influencés par le nombre de cas connaissance, de formation et de capacité opération- traités et l’expérience acquise par les professionnels nelle des équipes soignantes des soins intensifs et de santé pour chaque type d’intervention. des unités d’hospitalisation, à la qualité de l’imagerie Un exemple : les interventions chirurgicales pour médicale, etc. La littérature abonde d’analyses aux le cancer du sein. Les normes internationales résultats très divergents, qui ne permettent pas de définissent qu’en-dessous de 150 interventions définir un seuil d’activité lié à la qualité. du cancer du sein par an, l’expérience des équipes Les interventions chirurgicales pour le cancer du chirurgicales est insuffisante pour optimiser la sein sont un excellent exemple. La chirurgie du sein qualité. De nombreux hôpitaux n’atteignent pas ce est parfaitement réglée, extrêmement simple dans seuil minimal en Belgique. sa mise en œuvre, et tout à fait prévisible dans ses Aujourd’hui le patient ne dispose d’aucune informa- complications éventuelles. Ce qui est important tion pour guider son choix. pour le patient, c’est l’existence d’une équipe multi Des minima garantissent un volume suffisant d’acti- disciplinaire et multiprofessionnelle, qui garantit vités pas seulement pour opérer dans les meilleures que chaque patient bénéficie d’une évaluation de conditions mais aussi et surtout pour disposer son cas clinique débouchant sur un traitement à la de l’expérience nécessaire pour décider du type carte. C’est en effet la qualité du diagnostic, le choix d’intervention. Un volume insuffisant peut en effet concerté au sein de l’équipe de la meilleure trajec- conduire à des interventions plus radicales et pas toire thérapeutique, qui font le succès à long terme nécessairement toujours justifiées. de la thérapie entreprise. Les autorités ont pris Nous suggérons de limiter le nombre de centres leurs responsabilités via le Plan Cancer National, de compétences pour atteindre le niveau minimal qui met l’accent sur le renforcement des équipes d’expérience recommandé par les normes interna- traitantes, l’amélioration de la collecte de données tionales. L’objectif n’est pas de limiter la liberté de au travers du Registre du Cancer, l’interprétation et choix du patient mais de garantir que celui-ci sera le feed-back des données reçues, la mise à dispo- traité dans les meilleures conditions. sition des données les plus récentes de guidelines thérapeutiques, etc. Si la régulation est difficile à imposer, à tout le moins communiquer sur un site web dédicacé les données Vouloir créer une norme quantitative d’interventions disponibles sur le nombre d’interventions chirurgi- à réaliser poussera sans doute les équipes concer- cales pratiquées par hôpital. Et accompagner les nées à élargir leurs indications opératoires pour données de normes internationales qui définissent atteindre le chiffre seuil, ce qui n’est certainement les minima optimisant la qualité des interventions. pas une réponse adéquate au problème. Avertissement : les opinions exprimées dans cette rubrique n’engagent que leur signataire. 13
Espace prestataires Soignant soigné Les soignants, des patients pas comme les autres ? Etre médecin ne garantit pas la bonne santé… Un médecin, une infirmière malade ou dans un lit d’hôpital, ça existe ! Le rapport des soignants à la maladie est-il simple ? Quelques pistes pour comprendre ce phénomène. H ervé est médecin. Depuis les médecins ne sont pas toujours aucune structure d’encadrement de nombreuses années, il des patients faciles…” de ce type. exerce sa profession en Région bruxelloise. Il témoigne Burn-out ? Vous avez Tout près de chez nous sur le choix du médecin de se dit burn-out ? soigner lui-même ou de décider En France, début 2009, l’Associa- de voir un confrère. “Nous avons La surcharge de travail et la diffi- tion pour la promotion des soins tendance à nous soigner nous- culté à concilier vie professionnelle aux soignants (APSS) a vu le jour. mêmes. Et parfois même à ignorer et vie personnelle est souvent à L’APSS regroupe tous les syndicats les symptômes. Ou du moins à les l’origine de problèmes particuliers médicaux, dentaires et infirmiers, banaliser… Le médecin a rarement chez les soignants. Hervé nous le tous les ordres professionnels et un comportement rationnel face à confirme : “La charge de travail les fédérations de l’hospitalisation sa propre santé. L’automédication induit pas mal de dépendances, privée et publique. L’association est presque une généralité et peut par exemple aux médicaments ou a pour but de rassembler toute être, dans certains cas, un dan- à l’alcool… Le burn-out est aussi l’information permettant d’appré- ger. En France, par exemple, 86% très répandu parmi les médecins. cier l’état actuel des pathologies des médecins sous psychotropes Il est à déplorer qu’en Belgique, spécifiques des soignants et de dé- suivent leur traitement en auto- aucune structure n’est prévue finir une politique commune pour prescription !” nous dit Hervé “Mais pour accompagner les médecins répondre aux besoins engen- en cas de problème plus pointu, il en difficulté.” drés par ces pathologies : leur est parfois nécessaire de consulter prévention, leurs traitements, le un spécialiste. Personnellement, suivi des professionnels concer- j’ai eu recours deux fois à un spé- nés. Mais également de contribuer Il n’existe à la constitution de structures cialiste. J’ai parfaitement joué le ‘jeu’ du patient ‘normal’ et je lui ai en Belgique aucune d’accueil et de soins s’adressant fait entièrement confiance sans structure d’encadre- tout particulièrement aux profes- trop me poser de questions. Même ment des médecins sionnels de santé. lors d’une hospitalisation, j’ai tenu en souffrance à ce que le personnel soignant, Mieux soigner mis à part le médecin du service, les soignants ne soit pas au courant que j’étais médecin pour que ceci n’interfère Dans de nombreux pays, des Déjà dans les années 70, aux pas la relation soignant-soigné. dispositifs ont été mis en place Etats-Unis, des médecins se sont J’étais donc un patient comme un pour venir en aide aux médecins penchés sur les problèmes de autre. Ceci dit, c’est mon expé- en détresse. Dans certains cas, il leurs confrères et sur leur prise rience mais je présume que cela s’agit même de structures sani- en charge au sein de structures ne doit pas toujours se passer taires totalement dédiées au corps spécialisées. Des initiatives spé- comme ça et il se dit souvent que médical. Il n’existe en Belgique cifiques ont également été mises 14
Espace prestataires en place en Australie, en Nouvelle Zélande ou encore en Angleterre. En Espagne, depuis 1998, un “Pro- Témoignage gramme d’Attention Intégrale pour le Médecin Malade” est en place, Soigner un soignant, sous l’impulsion de l’ordre des c’est plus compliqué… médecins de Catalogne. Première étape, un appel ano- Carmela Dragone nyme et confidentiel, et si besoin, rencontre avec un psychiatre. Ce Au cours de ses 12 années de pratique, Carmela Dragone, infirmière, programme a également créé une a eu l’occasion de soigner quelques infirmières et médecins. unité spéciale de 22 places pour le Soigner un soignant, est-ce surcharge de travail, par exemple, traitement des médecins malades. différent de soigner un patient et le risque de petites erreurs que Au Québec, le “Programme d’Aide cela peut engendrer. Elles font aux Médecins Québécois”, lancé “ordinaire” ? plus attention à la manière dont en 1990, ne se contente pas de C’est plus compliqué. Le patient on pose nos actes : si on prend les répondre aux problèmes d’addic- “ordinaire” ne se pose pas, par précautions d’usage en matière tions mais prend également en exemple, la question sur les pro- d’hygiène, si on enlève la petite considération l’ensemble des tocoles d’asepsie, de stérilité… bulle d’air lorsqu’on installe une problèmes psychologiques des et fait, en majorité, confiance au perfusion, si les médicaments médecins, qu’ils soient salariés, personnel soignant. Par contre, sont préparés consciencieuse- libéraux, internes ou même retrai- il va être plus exigeant au niveau ment… Elles sont également très relationnel. exigeantes au niveau de la techni- tés. Un programme financé à 70% par les syndicats professionnels. que des soins ! Les infirmières sont-elles des Voici, peut-être, quelques pistes de patientes difficiles ? Sont-elles aussi plus exigeantes réflexion pour mettre en place, en au niveau relationnel et humain ? Difficiles je ne dirais pas mais en Belgique, des structures adaptées tous cas beaucoup plus stres- Non… Elles connaissent le métier pour nos soignants en souffrance. sées. Elles sont méfiantes et se et savent que, malheureusement, posent beaucoup de questions. nous n’avons pas le temps de Pascale Janssens Elles connaissent les conditions trop nous investir au point vue pascale.janssens@mloz.be de travail d’un service comme la humain… Une étude du KCE En Belgique, il n’existe actuellement aucun programme spécifique pour la prise en charge globale du burn-out des médecins généralistes. Soit les initiatives existantes ne se focalisent pas spécifiquement sur le burn-out mais couvrent la santé mentale au sens large, soit elles ne ciblent pas les médecins généralistes mais s’adressent à un public plus large. Tout récemment, le Centre fédéral d’Expertise des soins de santé (KCE) a établi, en collaboration avec des cher- cheurs de l’ULB et de la VUB, une liste de pistes d’action pour une prise en charge globale de la problématique. Pistes d’action • Mettre à disposition des médecins généralistes en référeront les médecins en burn-out vers un réseau souffrance un dispositif, par exemple : contact télé- de professionnels. phonique et/ou accueil 7j/7, 24h/24. • Etablir des conventions avec des centres existants, • Mettre à disposition des médecins généralistes spécialisés dans la prise en charge curative de l’information relative aux possibilités de recours à pathologies liées au burn-out pour assurer la prise des structures d’écoute, de soutien et de prise en en charge spécifique de médecins malades. charge. • Mettre en œuvre un programme de réinsertion et un • Mettre sur pied un réseau d’intervenants spécialisés suivi régulier. offrant un coaching lors d’entretiens individuels ou • Envisager une stratégie globale depuis la promotion en groupe. de la santé jusqu’à la prise en charge curative et au • Etablir des dispositifs de coordination des soins qui suivi. 15
Vous pouvez aussi lire