"Des opportunités manquées entre assureurs et mutualités" - KidOscope

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"Des opportunités manquées entre assureurs et mutualités" - KidOscope
Ed. resp. : Xavier Brenez - Union Nationale des Mutualités Libres - Rue Saint-Hubert 19 – 1150 Bruxelles - Health Forum, trimestriel (décembre 2011 - janvier - février 2012) - Bureau de dépôt Bruxelles X - P911 186

                                                Xavier Brenez
                                                                                                                                                                                                                         Le magazine de l’Union Nationale des Mutualités Libres · trimestriel

                                                                                     Dossier
                                                                                                                                                                                                                                                                                                Décembre 2011 · N°8

                                                            change de visage
                                                            L’assurance complémentaire

       “Des opportunités manquées
       entre assureurs et mutualités”
"Des opportunités manquées entre assureurs et mutualités" - KidOscope
Les Mutualités Libres

     Faites connaissance avec
     les Mutualités Libres !
     Avec plus de 2.000.000 d’affiliés, les Mutualités Libres constituent le
     troisième organisme assureur du pays.
     Les Mutualités Libres regroupent 7 mutualités :

                                         OZ
                                         Boomsesteenweg 5
                                         2610 Antwerpen
                                         www.oz.be

                                         Omnimut Mutualité Libre de Wallonie
                                         Rue Natalis 47 B
                                         4020 Liège
                                         www.omnimut.be

                                         Euromut Mutualité Libre
                                         Boulevard Louis Mettewie 74-76
                                         1080 Bruxelles
                                         www.euromut.be

                                         Freie Krankenkasse
                                         Hauptstrasse 2
                                         4760 Büllingen
                                         www.freie.be

                                         Mutualité Libre Securex
                                         Avenue de Tervueren 43                Verenigde-Natieslaan 1
                                         1040 Bruxelles                        9000 Gent
                                         www.securex-mutualite.be

                                         Partena Ziekenfonds
                                         Coupure Links 103
                                         9000 Gent
                                         www.partena-ziekenfonds.be

                                         Partenamut
                                         Boulevard Anspach 1
                                         1000 Bruxelles
                                         www.partenamut.be
"Des opportunités manquées entre assureurs et mutualités" - KidOscope
Sortir de la dictature
  du court-termisme
 Comment garantir la durabilité de notre système de                   50% des richesses produites, nous ne pourrions faire
 soins de santé dans un contexte où les besoins sont                  mieux. Que les 11% du PNB que nous consacrons à la
 sans cesse croissants et les contraintes économiques                 santé ne puissent nous permettre d’aborder les défis
 de plus en plus fortes ?                                             tels que l’explosion des maladies chroniques (70% des
                                                                      coûts), l’innovation médicale (80% de la croissance des
 La réponse n’est pas simple mais il y a une chose que                coûts) et le vieillissement de la population (où l’absence
 nous voulons éviter : laisser la facture aux jeunes                  de solutions se fait déjà sentir).
 générations d’un modèle de société
 que nous ne maîtrisons plus. Depuis                                              Ceci nous impose de sortir du
 le milieu des années 70, nous vivons                                             “court-termisme” et des solutions
 collectivement au-dessus de nos
                                                    C’est la crise des            faciles pour installer les politiques
 moyens au point d’en arriver à ce          politiques publiques                  publiques – dont la politique des
 que les Etats, au moment où nous en        qui doit être mise au                 soins santé – dans un schéma
 avons le plus besoin, ne peuvent plus      centre des débats.                    durable et responsable. Pour rassu-
 mobiliser les moyens pour mener les                                              rer ceux qui se sentent emprisonnés
 politiques adéquates. Tous nos maux                                              dans leurs agendas, nous les invitons
 ne peuvent pas être mis sur le dos de                                            à se pencher sur une récente étude
 la crise financière ! C’est bien la crise                                        de Deloitte* qui atteste de la clair-
 des politiques publiques qui doit être mise au centre voyance de la population qui, à près de 60%, se déclare
 des débats.                                               prête à soutenir un programme visant à optimiser les
                                                           dépenses en soins de santé.
 S’agit-il de repenser notre modèle de société ? Proba- A bon entendeur…
 blement. Nous sommes devenus les victimes de notre
 propre mode de vie. Dans certains pays “développés”,
 des problèmes tels que l’obésité conjuguée aux
 carences des soins préventifs et aux défauts du système Xavier Brenez
 éducatifs font que l’espérance de vie des générations Directeur Général
 futures est inférieure à la nôtre.                        de l’Union Nationale des Mutualités Libres

 Mais en parallèle, il est impensable de considérer                   * Deloitte Survey of Health Care
 qu’avec des dépenses publiques représentant plus de                    Consumers in Belgium 2011

                                                                                                                                                                                Décembre 2011 · N°8

Rédactrice en chef                                                                                       Le magazine de l’Union Nationale des Mutualités Libres · trimestriel

  Karima Amrous · karima.amrous@mloz.be · T 02 778 94 33
Coordination
  Stéphanie Brisson · stephanie.brisson@mloz.be · T 02 778 95 11                                         Vous êtes séduit par
Comité de rédaction                                                                                      Health Forum?
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  Leen Verstraete · layout@mloz.be                                                                       Service Communication
Photos                                                                                                   Rue Saint-Hubert 19
  Reporters                                                                                              1150 Bruxelles
Traduction                                                                                               T 02 778 92 11 · F 02 778 94 02
  Annemie Mathues · Emilie Van Isterdael · Barbara Van Ransbeeck
                                                                                                         Ou envoyez-nous un mail à
Editeur responsable                                                                                      health-forum@mloz.be
  Xavier Brenez · xavier.brenez@mloz.be
"Des opportunités manquées entre assureurs et mutualités" - KidOscope
Sommaire
   N°8          Décembre 2011
                                        En couverture
                                       L’assurance mutualiste
3 Edito                                change de visage
5 Le saviez-vous ?                     A partir du 1er janvier 2012, les mutualités
6 Dossier                              devront changer leur manière d’organiser
   L’assurance mutualiste change       l’assurance facultative. Comment l’assu-
   de visage                           rance mutualiste va-t-elle évoluer ? Quelles
                                       seront les conséquences pour l’assuré ?
13 Espace Prestataires                 Quelles différences subsistent désormais

                                                                                          6
   Le débat                            entre mutualités et sociétés d’assurances ?
   Les soignants, des patients pas     Un dossier pour y voir plus clair.
   comme les autres ?
   Sortir les aidants proches de
   l’ombre
                                        Europe
21 Europe                              L’Observatoire de la mobilité des patients
   L’Observatoire de la mobilité des
   patients enfin lancé                enfin lancé
22 A l’étude                           Combien de patients étrangers viennent
   Chirurgie de la cataracte :         en Belgique pour se faire soigner et
   L’hospitalisation de jour coûte     pour quels traitements ? Voici l’une des
   33% de moins au patient             questions centrales que l’Observatoire
   Une concurrence saine pour une

                                                                                          21
                                       de la mobilité des patients va analyser.
   meilleure qualité des soins ?       Bien que créé en 2010, l’Observatoire n’a
                                       entamé ses activités que récemment.
27 Objectif santé
   4 documentaires santé que vous
   devez avoir vus !

28 Solidarité                           Etude
   Rébécca,
   en route vers l’autonomie           Chirurgie de la cataracte : le lifting de la vue
32 Event                               favorisé par de nouvelles pratiques
   Les réseaux de santé
   digitaux ont la cote                Chaque année, 1 personne sur 100 se fait
                                       opérer de la cataracte. Entre 2006 et 2009,
33 L’Actu des Mutualités Libres        le nombre d’interventions a augmenté
                                       de 6,5% par an, notamment grâce à un
34 Kiosque                             changement de technique opératoire qui

                                                                                          22
                                       favorise la chirurgie de jour. Ce change-
                                       ment a aussi permis de réduire les coûts
                    www.mloz.be        de prise en charge de la cataracte, tant
                                       pour les patients que pour la société.
"Des opportunités manquées entre assureurs et mutualités" - KidOscope
Le saviez-vous ?

SIDA : mal informés et naïfs !
Le sida a fait 25 millions de morts depuis son
                                                            39.000.000
                                                            de personnes sont aveugles
apparition il y a 30 ans. En Belgique, 3 personnes
ont été infectées chaque jour en
2009. La prévention reste plus que
                                                            dans le monde
jamais indispensable ! Une enquête
                                                                                             www.who.int
a révélé qu’une grande partie de la
population belge de plus de 15 ans
n’a pas une connaissance correcte
du mode de transmission du virus                           Des vêtements qui
VIH ni de la manière de se proté-
ger. La tranche des 15-24 ans est
                                                           rendent stérile ?
la moins bien informée. Mais ces                           Des substances chimiques toxiques
dernières années, on a constaté                            ont été détectées dans les vêtements
que les 35-54 ans n’ont pas le                             de 14 grands fabricants de vêtements.
réflexe “préservatif” en entamant
                                                           Ces substances, des éthoxylates de no­-
une nouvelle relation.
                              www.preventionsida.org       n­ylphénol (NPE), peuvent porter atteinte
                                                            aux organes de reproduction des êtres
                                                            vivants. Greenpeace dénonce la présence

48%
                                                            de ces NPE, utilisés non seulement
                                                            comme détergents dans l’industrie mais
                                                            aussi dans la production de pâtes à
                                                            papiers, de textiles naturels et synthé-
                                                             tiques, ainsi que du cuir. Déversés dans
                                                             les cours d’eau, ils se décomposent en
                                                             nonylphénol (NP), un perturbateur hor-
des demandes d’euthanasie ont été accordées                   monal. Ces produits sont interdits en
depuis l’introduction de la loi sur l’euthanasie              Europe mais les marques font fabriquer
en 2002.                                                      leurs vêtements dans les pays en déve-
D’après un sondage réalisé par l’Université Libre de          loppement (Chine, Vietnam, Malaisie et
Bruxelles (ULB) et l’université de Gand.                      Philippines).
                                                                                       www.greenpeace.org

Chimiothérapie : fœtus protégé par le placenta
                          Les enfants dont la mère a subi une chimiothérapie durant sa grossesse
                          se portent aussi bien que les enfants du même âge dont la mère n’a pas
                          suivi ce traitement. C’est le résultat d’une étude menée par la KULeuven
                          (Université de Louvain). Les chercheurs ont relevé, au cours de la crois-
                          sance de l’enfant, plusieurs données portant sur la santé, les prestations
                          scolaires, les hobbys et la vie sociale, le développement mental, le com-
                          portement et les problèmes émotionnels. Les problèmes notés se posent
                          principalement chez les enfants prématurés. Une naissance prématurée
                          influence donc plus le développement des enfants que l’exposition à la
                          chimiothérapie pendant la grossesse. Il semblerait que le placenta joue
un rôle de filtre et protège donc l’enfant des effets toxiques de la chimiothérapie. De plus, celle-ci
n’est en général par administrée lors du premier trimestre de la grossesse.
                                                                                             www.cancer.be

                                                            Par Stéphanie Brisson - stephanie.brisson@mloz.be   5
"Des opportunités manquées entre assureurs et mutualités" - KidOscope
En couverture

L’assurance mutualiste
change de visage

Un nouveau paysage pour les mutualités        p. 7
Xavier Brenez - “Des opportunités manquées”   p. 10
L’Europe a besoin des mutualités !            p. 12
"Des opportunités manquées entre assureurs et mutualités" - KidOscope
Dossier

  Assurance complémentaire
  Un nouveau paysage pour les mutualités
           Début 2012, une petite révolution va agiter le monde des assureurs soins
           de santé. En effet, à partir du 1er janvier, les mutualités devront changer
           leur manière d’organiser l’assurance facultative. C’est l’Europe qui l’a
           décidé. Comment l’assurance mutualiste va-t-elle évoluer ? Quelles seront
           les conséquences pour l’assuré ? Quelles différences subsistent désormais
           entre mutualités et sociétés d’assurances ? Un dossier pour y voir plus clair.

D
       epuis plusieurs années, les     venue concrétiser cette refonte          ces onze conditions légales, il y
       assureurs reprochent aux        complète des assurances mutua-           a l’obligation d’affiliation. Mais
       mutualités belges d’offrir      listes. Son entrée en vigueur est        aussi le niveau unique de cou-
des produits similaires à leurs        fixée au 1er janvier 2012.               verture, c’est-à-dire que tous les
assurances, sans devoir respecter                                               membres doivent pouvoir bénéfi-
la même réglementation, notam-                                                  cier des mêmes avantages sauf si
ment en matière d’accessibilité,        Le terme “assurance                     la limitation d’un remboursement
de régime d’imposition, de spécia-      complémentaire”    est                  à une catégorie de membres peut
lisation professionnelle. En 2006,                                              se justifier sur base de critères
                                        banni du vocabulaire
après plusieurs recours infruc-                                                 objectifs (exemple : le vaccin
tueux au niveau belge, Assuralia,
                                        mutualiste, on devra                    contre le cancer du col de l’uté-
l’Union professionnelle des entre-      dorénavant parler de                    rus). Autre critère obligatoire, les
prises d’assurances, se décide à        “services et activités                  cotisations doivent être identiques
déposer plainte devant la Com-                                                  pour tous les membres (sauf sta-
                                        complémentaires”.                       tut BIM ou OMNIO). Les cotisations
mission européenne. Deux ans
plus tard, l’Europe donne raison                                                “jeunes” ou “ménage” sont donc
aux assureurs et demande à la                                                   supprimées. Enfin, tous les états
Belgique de modifier sa loi sur        Quel paysage en 2012 ?                   préexistants doivent être couverts.
les assurances complémentaires
                                       A partir de janvier, plusieurs
des mutualités. La Commission
                                       acteurs se partageront le marché         Onze critères à respecter
s’inquiète en effet des failles
                                       des assurances. Les assureurs            L’Office de contrôle des mutualités
potentielles de la protection des
                                       privés, bien sûr, continueront à         (OCM) sera chargé de vérifier que
titulaires d’assurance et des dis-     faire ce qu’ils ont toujours fait : de
torsions de marché.                                                             ces onze critères sont respectés
                                       l’assurance. Quant aux mutualités,       par chaque mutualité pour chaque
                                       elles préparent depuis des mois la       opération qu’elle propose. Si ces
Fin 2008, les assureurs et le Col-     métamorphose de leur assurance           conditions ne sont pas remplies, le
lège Intermutualiste national (CIN)    complémentaire. Les assurances           service de la mutualité n’est pas
signent un compromis afin de ré-       facultatives qu’elles proposent          agréé. Dès que les onze conditions
partir les activités des mutualités    seront désormais gérées par une          obligatoires sont respectées, l’ac-
en deux catégories : “opérations”      société mutualiste d’assurances          tivité passe en “opération”. Si l’un
et “assurances”. Ces deux volets       (SMA) qu’elles ont dû créer ou           ou l’autre critère n’est pas rempli
sont complétés quelques mois           rejoindre.                               ou que le service est facultatif, il
plus tard par une troisième caté-                                               passera du secteur mutualiste
gorie de services et activités, ne     L’assurance complémentaire de            classique au secteur mutualiste
relevant ni d’opérations, ni d’assu-   base obligatoire se transforme           assurantiel (SMA). Dans chaque
rances. On les appelle les services    en une série d’”opérations”. Pour        mutualité, tous les services com-
“ni-ni”, ils devront respecter les     être reconnues comme telles,             plémentaires de base ont dû être
mêmes conditions que les opé-          celles-ci doivent respecter onze         adaptés pour être en conformité
rations. La loi du 26 avril 2010 est   critères fixés dans la loi. Parmi        avec ces critères.

                                                                                                                       7
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Dossier

                                                              santé : par exemple,        autre en favorisera certains plus
                                                              l’intervention dans des     caractéristiques de sa population.
                                                              cours de conduite ou
                                                              les avantages sport.        Impact sur l’affilié
                                                              De nouveau, cette re-
                                                              mise en question a été      Même si la plupart des mutua-
                                                              indispensable pour          lités appliquait déjà ce principe,
                                                              maintenir le montant        l’affilié voit sa cotisation devenir
                                                              des cotisations à un        obligatoire. Le seuil de cotisation
                                                              niveau raisonnable.         doit être compris entre 30 euros
                                                                                          minimum et 250 euros maximum
                                                                                          par an par ménage mutualiste
                                                              Concurrence
                                                                                          tel que défini au niveau de l’assu-
                                                              entre mutualités            rance obligatoire (un titulaire et les
                                                                                          personnes inscrites à sa charge
                                                                 Une différence entre     - généralement ses enfants et le
                                                                 mutualités va subsis-    conjoint qui n’a pas de revenus).
          L’assurance soins dentaires devient une
                                                                 ter, non seulement au    Les membres d’un couple ou
          assurance facultative, gérée par une SMA
                                                                 niveau des services      d’une famille qui sont titulaires au
                                                                 mais aussi au niveau
      Impact sur les                                                                      niveau de l’assurance obligatoire
                                                   des cotisations. La cotisation         doivent désormais payer une coti-
      activités des mutualités                     fixée par une mutualité doit être      sation par bénéficiaire. L’intention
                                                   la même pour tous ses membres.         des mutualités n’est certainement
      Est-ce que les mutualités finiront           Mais d’une mutualité à l’autre, la
      par toutes se ressembler ? Il y                                                     pas d’augmenter les cotisations,
                                                   cotisation va varier, puisqu’elle      surtout à partir du moment où
      a peu de chances. Elles se dis-
                                                   dépendra du type de services           elles deviennent obligatoires.
      tingueront justement par leurs
                                                   organisés. Chaque mutualité
      services et opérations propres.
                                                   devra déterminer le montant de sa      La notion de solidarité sera ren-
      Mais l’ensemble des services
                                                   cotisation en fonction des services    forcée à l’avenir, justement parce
      organisés par chaque mutua-
                                                   qu’elle organisera, pour autant        que l’affiliation est obligatoire pour
      lité devra répondre aux mêmes
                                                   qu’il soit compris entre 30 et 250     tout le monde et que les avan-
      conditions. Plus aucune mutualité
                                                   euros sur base annuelle.               tages sont identiques pour tous
      ne peut organiser une activité à
      caractère facultatif. Le terme                                                      les membres (sauf statut parti-
                                                   Ici aussi, l’évolution de la concur-   culier ou non justification d’une
      “assurance complémentaire” est
      d’ailleurs banni du vocabulaire              rence entre mutualités va dépendre     intervention pour une catégorie
      mutualiste, on devra dorénavant              du choix de chacune : se recentrer     particulière de membres).
      parler de “services et activités             sur l’aspect santé ou sélectionner
      complémentaires”.                            ses services et avantages en fonc-     Et cela a une autre conséquence
                                                   tion de la nature de sa population.    importante sur les membres. A
      Une conséquence de cette réor-               Une mutualité choisira de couvrir      partir du moment où l’affiliation
      ganisation des services est que              certains avantages tandis qu’une       aux services complémentaires
      les mutualités sont amenées
      à réfléchir sur les services
      qu’elles proposent à leurs
      membres. Le but étant de
                                                 Que fait une mutualité ?
      ne pas faire augmenter les
      cotisations de manière expo-                Sous le contrôle de l’Institut d’Assurance Maladie-Invalidité
      nentielle. Comme à l’avenir,                (INAMI), les mutualités sont chargées de payer les prestations
      toutes les opérations seront                de l’assurance obligatoire soins de santé et indemnités : rem-
      accessibles à tous les membres,             boursements de frais médicaux, indemnités en cas d’incapacité
      chaque mutualité a dû se décider
                                                  de travail ou d’invalidité, indemnité de maternité, allocation
      sur le maintien ou pas de certains
      avantages. L’occasion de se recen-          pour frais funéraires. Les mutualités représentent aussi leurs
      trer sur la notion de santé. Et de          assurés dans plusieurs comités et commissions à l’INAMI et
      supprimer certains avantages                participent notamment à l’élaboration d’accords médico-mut
      annexes qui n’apportent pas de              pour fixer les tarifs des prestations médicales.
      réelle plus-value en termes de

8
"Des opportunités manquées entre assureurs et mutualités" - KidOscope
Dossier

devient obligatoire, les membres        Contrairement à une société d’as-        qui peuvent bénéficier des mêmes
sont tenus de payer. Et un membre       surances, la SMA ne peut en effet        exemptions mais qui ne répondent
qui ne paye pas sa cotisation sera      pas s’adresser ni à l’ensemble du        pas à la même “culture”.
exclu de tous les services com-         marché ni à celui des entreprises
plémentaires de sa mutualité et         mais uniquement aux membres de
ne pourra pas non plus avoir droit      la mutualité à laquelle elle est liée.
                                                                                 Professionnalisation
aux assurances facultatives de          Dans le même ordre d’idées, elle         Au-delà des contraintes aux-
sa mutualité. Actuellement, un          ne peut distribuer ses assurances        quelles les jeunes SMA devront
membre qui est affilié à Hospitalia     que via son propre réseau mutua-         faire face, certains apports de la
(assurance hospitalisation des          liste, composé de collaborateurs         nouvelle réglementation offriront
Mutualités Libres) mais qui ne          accrédités. Tandis que les socié-        un nouveau cadre de travail encore
paye pas son assurance complé-          tés privées ont le droit de le faire     plus professionnel. La compta-
mentaire, reste affilié à Hospitalia.   via des moyens plus variés. Les          bilité et la gestion, entre autres,
                                        types d’assurances que la SMA            devront respecter des règles
                                        est autorisée à vendre sont celles       strictes, en conformité avec la
SMA–Assureurs,                          liées aux services santé (branche        norme européenne.
même combat ?                           2 des assurances) et à l’assistance
                                        (branche 18). Les sociétés d’assu-       En matière de formation aussi, il y
Les SMA (sociétés mutualistes           rance peuvent, elles, exploiter          a du nouveau. Chaque employé de
d’assurances) cumuleront les            toutes les branches.                     mutualité qui sera en contact avec
règles du secteur mutualiste de la
                                                                                 le public pour le conseil et l’offre
réglementation des assurances.          En matière fiscale, SMA et socié-        de produits d’assurances devra
A la différence de celles-ci, les       tés d’assurances seront soumises         avoir suivi une formation légale et
sociétés mutualistes seront             toutes deux à une taxe de 9,25%.         avoir réussi un examen. Ces nou-
sous le contrôle de l’OCM (Office       Celle-ci s’applique à tout produit       veautés permettront aux sociétés
de contrôle des mutualités) et          sauf si celui-ci répond à un certain     mutualistes d’assurance d’asseoir
non de l’Autorité des services et       nombre de conditions en matière
                                                                                 encore plus leur expertise.
marchés financiers (FSMA), de la        d’accessibilité, comme l’ouverture
Banque Nationale. Ce n’est pas          à toute personne de moins de 65
la seule différence entre les deux      ans, la couverture des affections                              Stéphanie Brisson
acteurs de ce nouveau paysage.          préexistantes,… Cela permettra                           Avec la collaboration de
Les contraintes pour les SMA sont       probablement aux SMA de se dis-                              Thierry Steylemans,
multiples.                              tinguer des assurances privées,           Director Legal Affairs MutualitésLibres

     AO et AC : quelles différences ?

  L’assurance obligatoire (AO) est obligatoire              d’AC diffèrent d’une mutualité à l’autre, tout
  pour tous. Elle prévoit le remboursement des pres­        comme les montants d’affiliation et de rembour-
  tations de soins de santé : prestations médicales,        sement. Ces services, obligatoires dès 2012, sont
  médicaments et frais d’hospitalisation. C’est aussi       rassemblés dans une offre proposée à tous les af-
  l’AO qui permet le paiement d’indemnités en cas           filiés. Chaque service ou avantage doit être agréé
  d’incapacité de travail ou de maladie. Pour être          par l’OCM (Office de contrôle des mutualités).
  en ordre d’AO, il faut être affilié auprès d’une mu-
  tualité. La solidarité est à la base du système de        L’assurance facultative. Les mutualités pou­
  l’AO puisque ce sont les cotisations sociales des         vaient également organiser des assurances
  employeurs et travailleurs qui permettent son             facultatives jusque fin 2011 (hospitalisation, par
  financement. Les remboursements sont les mê-              exemple). Dans ce cas, les personnes couvertes
  mes dans chaque mutualité.                                sont moins nombreuses et les risques mieux “sé-
                                                            lectionnés” via certaines conditions à l’affiliation
  L’assurance complémentaire de base (AC),                  (questionnaire médical ou limite d’âge).
  dorénavant appelée “services complémentaires”,            A partir de 2012, ces assurances facultatives se-
  propose des avantages et services qui ne sont pas         ront organisées par des SMA (sociétés mutualis-
  prévus par l’assurance obligatoire. Les produits          tes d’assurances).

                                                                                                                            9
"Des opportunités manquées entre assureurs et mutualités" - KidOscope
Dossier

               Entretien avec Xavier Brenez

         Des opportunités manquées
         entre assureurs et mutualités
         Les mutualités entrent dans une nouvelle phase de leur évolution. Armées pour affronter
         cette étape, elles doivent cependant encore batailler pour défendre leurs spécificités.
         Pour Xavier Brenez, Directeur Général de l’Union Nationale des Mutualités Libres, il est
         indispensable de reconnaître et d’utiliser leur expertise en matière de soins de santé.

       Quelle est la place de l’assu-      l’assurance obligatoire. 5% ce        sont vraiment les plus à même de
       rance complémentaire dans le        n’est pas un pourcentage énorme       répondre aux besoins de protec-
       paysage assurantiel belge ?         mais cette part tend à augmenter,     tion sociale, avec les mécanismes
                                           tout comme celle prise en charge      du marché ? Ou estime-t-on que
       Xavier Brenez - Les assurances      par le patient. Il est donc néces-    d’autres acteurs sont plus aptes à
       complémentaires au sens large       saire d’avoir des instruments         remplir ce rôle ? Il est temps que
       conservent un rôle important        complémentaires à l’assurance         les décideurs politiques prennent
       malgré leur part relativement       obligatoire. Notamment en ma-         position à ce sujet. De par ces
       résiduaire. C’est le cas dans les   tière d’hospitalisation, de soins     nouvelles contraintes et sans
       pays où le système de santé est     dentaires ou encore d’assistance      nouvelles opportunités de déve-
       bien développé. Quand on observe    et de revenu garanti.                 loppement, il y a un vrai risque de
       les dépenses de soins de santé,                                           mettre l’assurance mutualiste en
       on constate que 70% sont prises     A quoi peut-on s’attendre dans
                                                                                 danger. On laisse la part belle aux
       en charge par l’assurance obli-     les années à venir en matière
                                                                                 assureurs qui ont la plus grosse
       gatoire, 20% par les patients et    d’assurance soins de santé ?
                                                                                 partie du marché, les assurances
       5% par les assurances complé-       X.B. - L’évolution du secteur         collectives. Le politique doit
       mentaires privées ou mutualistes.   dépendra des choix de société.        avoir pour mission d’offrir les
       Les assurances complémentaires      Il faudra voir à l’avenir quel sera   meilleurs instruments de pro-
       sont donc vraiment dépendantes      le modèle favorisé. Est-ce qu’on      tection sociale à la population.
       de la manière dont est organisée    estime que les assureurs privés       Et je ne suis pas convaincu qu’ils

10
Dossier

se posent vraiment la question          chez un assureur privé. L’atout        réseau mutualiste, eux ont accès
dans ce dossier-là. L’assurance         des assurances mutualistes est         à l’ensemble des intermédiaires,
mutualiste est un beau modèle           de pouvoir obtenir des coûts           excepté notre réseau. On cumule
qui correspond beaucoup mieux à         moindres de gestion, dû au fait        deux statuts : une relation sta-
la protection sociale. Qui remet en     que c’est leur métier et qu’elles      tutaire mais aussi un contrat
cause la croyance selon laquelle        connaissent le marché. Il y a aussi    individuel. Nous pouvons nous
les instruments du marché vont          un aspect “confiance” : plusieurs      conformer à ces nouvelles règles
apporter la solution miracle à tous     études démontrent que le degré de      mais nous voudrions avoir les
les problèmes de société.               confiance vis-à-vis de sa mutua-       mêmes libertés. Notamment sur
                                        lité est plus grand qu’envers une      le principe de ne pouvoir vendre
                                        société d’assurance.                   qu’à nos membres affiliés en
Quelles grosses différences
                                                                               assurance obligatoire. A ce niveau,
subsistent entre mutualités et                                                 le cadre est étroit et cela nous
assureurs privés ?                      Quel est l’impact de la nouvelle
                                                                               exclut complètement du marché
                                        réglementation de l’assurance          des entreprises. Nous nous trou-
X.B. - La première est que les
                                        mutualiste sur l’organisation          vons vraiment dans une position
mutualités n’ont pas d’action-
                                        interne des mutualités ?               désavantageuse.
naires et ont une finalité non-profit
et sociale. Ce sont deux philoso-       X.B. - En matière de gestion, il
phies opposées. Ce qui explique le      faut désormais avoir une approche      Existe-t-il néanmoins des
montant de nos primes et la confi-      actuarielle pour nos risques, ce       pistes de collaboration entre
guration différente de nos produits     qui n’existait pas avant. Nous
                                                                               les mutualités et les assureurs
par rapport aux assureurs. Nous         devons gérer nos risques, stan-
                                                                               privés ?
faisons aussi moins de sélection.       dardiser les règles comptables,
Dans toute une série de cas, nous       etc. C’est positif parce que ça nous   X.B. - L’article 43ter de la loi rela-
prenons en charge les maladies          pousse à professionnaliser notre       tive aux mutualités et aux unions
préexistantes. Ensuite, nous avons      gestion. A côté de ça, il y a quand    nationales de mutualités (6 août
une meilleure expertise dans le         même toute une série de choses         1990) interdit la collaboration
domaine de la santé que les assu-       qui compliquent l’organisation,        entre les mutualités et le monde
reurs privés. Ce qui nous permet        augmentent les charges avec un         des assurances et des banques,
de mieux gérer nos dépenses.            impact final sur les membres.          tant pour la promotion que pour
Enfin, quand les assureurs gèrent                                              la distribution de produits. Mais
la problématique financière liée                                               je nous trouve complémentaires
à l’hospitalisation, les mutualités     Vous estimez que la
                                                                               sur beaucoup de points. ça aurait
s’occupent de la problématique          concurrence déloyale a                 effectivement un sens de pouvoir
de l’hospitalisation de manière         augmenté en défaveur des               distribuer nos produits via des ré-
globale : aspects financiers,           mutualités…                            seaux de courtiers. Permettre, par
informations sur l’hospitalisation,     X.B. - On nous a imposé les            exemple, aux courtiers de vendre
services pré et post-hospitalisa-       contraintes des assureurs, cumu-       des assurances Hospitalia. D’un
tion, lien avec soins à domicile        lées à celles propres au monde         autre côté, il serait intéressant de
et services sociaux, etc. Ce sont       mutualiste sans avoir les mêmes        travailler avec des assureurs pour
quand même des différences              libertés d’action. Finalement la       définir des produits pour lesquels
fondamentales entre un assureur         concurrence déloyale a changé          nous n’avons pas la compétence.
privé et nous.                          de camp ! L’idée était que chacun      Et dans la même idée, les assu-
                                        respecte les mêmes règles du jeu       reurs pourraient se reposer sur les
                                        – “same level playing field”. Mais     mutualités pour la connaissance
Quelle est donc la plus-value
                                        ces règles diffèrent en plusieurs      du secteur des soins de santé pour
des assurances proposées par
                                        points. En matière d’affiliation       leur propre réseau et proposer
les mutualités ?                                                               des produits qui répondent à une
                                        par exemple, nous sommes
X.B. - Quand on demande aux             limités aux membres qui sont en        certaine philosophie. Il n’y a pas
gens ce qu’ils attendent de leur        assurance obligatoire chez nous,       de raison objective pour justifier
mutualité, c’est d’assurance            tandis que les assureurs privés        cette interdiction de collaboration.
hospitalisation dont ils parlent        peuvent toucher l’ensemble de la       C’est une opportunité manquée
en 1ère ou 2e position. Il y a donc     population. On est aussi limités       qui permettrait de franchir cette
une demande forte pour les assu-        aux branches 2 pour la santé et 18     barrière artificielle entre le monde
rances hospitalisation. Ensuite, il y   pour l’assistance, les assurances      de l’assurance et les mutualités.
a un aspect prix qui est important.     privées ayant accès à toutes
Le rapport qualité-prix est bien        les branches. Nous ne pouvons
meilleur dans une mutualité que                                                Propos recueillis par Stéphanie Brisson
                                        vendre nos produits que via notre
                                                                                           stephanie.brisson@mloz.be

                                                                                                                         11
Dossier

                                        L’Europe a besoin des mutualités
                                     Les mutualités jouent un rôle important en Europe, mais doivent subir la pression
                                     du marché interne. Voilà l’une des principales conclusions d’une nouvelle étude
                                     européenne, ou comment l’Europe s’intéresse de plus en plus à l’histoire mutualiste.

                           C
                                          ommandée par le Parlement        l’ADN du monde mutualiste. Pen-         Reconnaissance
                                          européen, l’étude “The role      sons par exemple à la nouvelle loi
                                          of mutual societies in the       sur l’assurance complémentaire          L’étude encourage les mutualités
                                    21st century” donne un aperçu du       en Belgique, qui a été développée       à mieux se profiler, entre autres,
                                    paysage mutualiste en Europe. La                                               en proposant des services et
                                                                           à la suite des critiques de l’Europe.
                                    grande diversité est frappante :                                               produits innovants. Elles doivent
                                                                           Dans un tel contexte, le modèle
                                    certaines mutualités ne sont                                                   en effet mieux se vendre en tant
                                                                           mutualiste est voué à disparaître si    qu’alternatives aux assureurs
                                    actives qu’au niveau de l’assurance    aucune mesure n’est prise, selon
                                    maladie obligatoire (par exemple                                               commerciaux en mettant davan-
                                                                           l’étude.                                tage leurs valeurs mutualistes en
                                    en Allemagne), d’autres au niveau
                                    de l’assurance complémentaire                                                  avant.
                                                                           Les mutualités en Europe offrent
                                    (la plupart des mutualités fran-
                                                                           toutefois pour l’étude une réelle       Au niveau européen, les mutuali-
                                    çaises) et dans certains pays, les
                                    mutualités sont actives aux deux       plus-value au sein du marché            tés pourraient être soutenues par
                                                                           interne :                               une reconnaissance explicite de
                                    niveaux (en Belgique). Il n’est donc
                                                                           • Elles permettent de diversifier       leur rôle au sein de l’économie et
                                    pas évident d’établir une définition
                                                                             le monde assurantiel, ce qui          de la communauté sociale euro-
                                    globale de la mutualité.
                                                                             empêche la création d’un mar-         péennes. Le développement d’un
                                                                             ché au sein duquel tout le            statut européen est intéressant
                                    Marché interne                           monde a le même profil.               pour ce type de reconnaissance.
                                    Le modèle mutualiste se distingue      • Elles constituent un modèle bu-       La Commission européenne a
                                    de l’assureur classique en mettant       siness apprécié des assurés.          d’ores et déjà annoncé vouloir
                                    à l’honneur des valeurs comme la         Une analyse a en effet révélé         approfondir l’analyse des mutua-
                                    solidarité, le non marchand et en        que les mutualités sont moins         lités européennes.
                                    fonctionnant avec des organes de
                                                                             sensibles à la critique que leurs
                                    gestion organisés démocratique-
                                                                                                                     i
                                                                             pendants commerciaux.                        Vous pouvez consulter
                                    ment. Les mutualités subissent
                                    toutefois la pression des principes    • Davantage d’entreprises avec                 l’étude dans son
                                    du marché interne européen.              une responsabilité sociale se-               intégralité sur
                                    L’application des directives euro-       ront nécessaires à l’avenir, afin            www.mloz.be !
                                    péennes relatives aux dommages           de pouvoir garantir l’accès à des                       Christian Horemans
                                    et des règles européennes de sol-        systèmes de protection sociale                Expert Affaires internationales
                                    vabilité modifie progressivement         financièrement abordables.                     christian.horemans@mloz.be

                                        Pour un statut européen de la mutualité
                                      Les Mutualités Libres accueillent les conclusions de cette première étude avec satisfaction. Elle offre en
     L’avis des Mutualités Libres

                                      effet un aperçu intéressant du paysage mutualiste en Europe et des défis auxquels les mutualités sont
                                      confrontées. Lors d’une prochaine analyse, les Mutualités Libres demandent que l’attention soit davantage
                                      consacrée à :
                                      • une description plus complète des organisations mutualistes, certainement de celles qui sont actives au
                                        niveau de l’assurance maladie obligatoire ;
                                      • la prestation des services sociaux des mutualités ;
                                      • au rôle futur des mutualités, qui représente bien plus que l’assurance pure et simple. Pensons par
                                        exemple au coaching des assurés et à la poursuite du développement de la promotion et de la préven-
                                        tion de la santé ;
                                      • un statut européen de la mutualité. Cela représenterait une reconnaissance de la mutualité comme
                                        important partenaire au sein de l’économie sociale qui, selon Europe 2020, est l’un des secteurs de
                                        croissance européens.

12
Espace prestataires

                                Le Débat
                                 Faut-il imposer un quota annuel minimum d’opérations chirur-
                                 gicales par hôpital afin d’améliorer la qualité des soins ? Brieuc
                                 Van Damme, associé à l’Itinera Institute et le Docteur Jacques de
                                 Toeuf, vice-président de l’ABSyM et directeur médical général
                                 des CHIREC, exposent chacun leur point de vue.

Brieuc Van Damme                                                                                     Docteur Jacques de Toeuf
Associé Itinera Institute, Consultant                                                                Vice-Président de l’ABSyM
académique Université de Gand                                                                        Directeur général médical des CHIREC

   ”Imposer un nombre minimum                                           ”C’est la qualité du diagnostic
   d’interventions chirurgicales par                                    qui fait le succès de la thérapie
   an par hôpital”                                                      entreprise”
   Les dépenses de soins de santé sont la résultante                    Limiter l’analyse de l’offre de soins à son aspect
   de l’offre et de la demande. En jouant sur l’offre,                  volumétrique est extrêmement réducteur puisque
   notamment, il est possible non seulement d’influen-                  les dépenses générées par l’activité médicale sont
   cer les dépenses, mais aussi d’améliorer la qualité.                 étroitement corrélées aux choix posés par les
   Ceci se vérifie entre autres pour les interventions                  médecins plutôt que par leur volume de production.
   chirurgicales pour le cancer du sein et la cardiologie.
                                                                        La qualité des résultats des interventions chirurgi-
   Il est unanimement reconnu que la qualité et les                     cales tient aux chirurgiens, aux anesthésistes, aux
   résultats des interventions chirurgicales pratiquées                 aides opératoires et instrumentistes, au niveau de
   sont directement influencés par le nombre de cas                     connaissance, de formation et de capacité opération-
   traités et l’expérience acquise par les professionnels               nelle des équipes soignantes des soins intensifs et
   de santé pour chaque type d’intervention.                            des unités d’hospitalisation, à la qualité de l’imagerie
   Un exemple : les interventions chirurgicales pour                    médicale, etc. La littérature abonde d’analyses aux
   le cancer du sein. Les normes internationales                        résultats très divergents, qui ne permettent pas de
   définissent qu’en-dessous de 150 interventions                       définir un seuil d’activité lié à la qualité.
   du cancer du sein par an, l’expérience des équipes                   Les interventions chirurgicales pour le cancer du
   chirurgicales est insuffisante pour optimiser la                     sein sont un excellent exemple. La chirurgie du sein
   qualité. De nombreux hôpitaux n’atteignent pas ce                    est parfaitement réglée, extrêmement simple dans
   seuil minimal en Belgique.                                           sa mise en œuvre, et tout à fait prévisible dans ses
   Aujourd’hui le patient ne dispose d’aucune informa-                  complications éventuelles. Ce qui est important
   tion pour guider son choix.                                          pour le patient, c’est l’existence d’une équipe multi­
   Des minima garantissent un volume suffisant d’acti-                  disciplinaire et multiprofessionnelle, qui garantit
   vités pas seulement pour opérer dans les meilleures                  que chaque patient bénéficie d’une évaluation de
   conditions mais aussi et surtout pour disposer                       son cas clinique débouchant sur un traitement à la
   de l’expérience nécessaire pour décider du type                      carte. C’est en effet la qualité du diagnostic, le choix
   d’intervention. Un volume insuffisant peut en effet                  concerté au sein de l’équipe de la meilleure trajec-
   conduire à des interventions plus radicales et pas                   toire thérapeutique, qui font le succès à long terme
   nécessairement toujours justifiées.                                  de la thérapie entreprise. Les autorités ont pris
   Nous suggérons de limiter le nombre de centres                       leurs responsabilités via le Plan Cancer National,
   de compétences pour atteindre le niveau minimal                      qui met l’accent sur le renforcement des équipes
   d’expérience recommandé par les normes interna-                      traitantes, l’amélioration de la collecte de données
   tionales. L’objectif n’est pas de limiter la liberté de              au travers du Registre du Cancer, l’interprétation et
   choix du patient mais de garantir que celui-ci sera                  le feed-back des données reçues, la mise à dispo-
   traité dans les meilleures conditions.                               sition des données les plus récentes de guidelines
                                                                        thérapeutiques, etc.
   Si la régulation est difficile à imposer, à tout le moins
   communiquer sur un site web dédicacé les données                     Vouloir créer une norme quantitative d’interventions
   disponibles sur le nombre d’interventions chirurgi-                  à réaliser poussera sans doute les équipes concer-
   cales pratiquées par hôpital. Et accompagner les                     nées à élargir leurs indications opératoires pour
   données de normes internationales qui définissent                    atteindre le chiffre seuil, ce qui n’est certainement
   les minima optimisant la qualité des interventions.                  pas une réponse adéquate au problème.

   Avertissement : les opinions exprimées dans cette rubrique n’engagent que leur signataire.
                                                                                                                                            13
Espace prestataires

              Soignant soigné

        Les soignants, des patients
        pas comme les autres ?
        Etre médecin ne garantit pas la bonne santé… Un médecin, une infirmière malade ou dans un
        lit d’hôpital, ça existe ! Le rapport des soignants à la maladie est-il simple ? Quelques pistes
        pour comprendre ce phénomène.

       H
              ervé est médecin. Depuis          les médecins ne sont pas toujours       aucune structure d’encadrement
              de nombreuses années, il          des patients faciles…”                  de ce type.
              exerce sa profession en
       Région bruxelloise. Il témoigne          Burn-out ? Vous avez                    Tout près de chez nous
       sur le choix du médecin de se            dit burn-out ?
       soigner lui-même ou de décider                                                   En France, début 2009, l’Associa-
       de voir un confrère. “Nous avons         La surcharge de travail et la diffi-    tion pour la promotion des soins
       tendance à nous soigner nous-            culté à concilier vie professionnelle   aux soignants (APSS) a vu le jour.
       mêmes. Et parfois même à ignorer         et vie personnelle est souvent à        L’APSS regroupe tous les syndicats
       les symptômes. Ou du moins à les         l’origine de problèmes particuliers     médicaux, dentaires et infirmiers,
       banaliser… Le médecin a rarement         chez les soignants. Hervé nous le       tous les ordres professionnels et
       un comportement rationnel face à         confirme : “La charge de travail        les fédérations de l’hospitalisation
       sa propre santé. L’automédication        induit pas mal de dépendances,          privée et publique. L’association
       est presque une généralité et peut       par exemple aux médicaments ou          a pour but de rassembler toute
       être, dans certains cas, un dan-         à l’alcool… Le burn-out est aussi       l’information permettant d’appré-
       ger. En France, par exemple, 86%         très répandu parmi les médecins.        cier l’état actuel des pathologies
       des médecins sous psychotropes           Il est à déplorer qu’en Belgique,       spécifiques des soignants et de dé-
       suivent leur traitement en auto-         aucune structure n’est prévue           finir une politique commune pour
       prescription !” nous dit Hervé “Mais     pour accompagner les médecins           répondre aux besoins engen-
       en cas de problème plus pointu, il       en difficulté.”                         drés par ces pathologies : leur
       est parfois nécessaire de consulter                                              prévention, leurs traitements, le
       un spécialiste. Personnellement,                                                 suivi des professionnels concer-
       j’ai eu recours deux fois à un spé-                                              nés. Mais également de contribuer
                                                            Il n’existe                 à la constitution de structures
       cialiste. J’ai parfaitement joué le
       ‘jeu’ du patient ‘normal’ et je lui ai      en Belgique aucune                   d’accueil et de soins s’adressant
       fait entièrement confiance sans             structure d’encadre-                 tout particulièrement aux profes-
       trop me poser de questions. Même            ment des médecins                    sionnels de santé.
       lors d’une hospitalisation, j’ai tenu       en souffrance
       à ce que le personnel soignant,                                                  Mieux soigner
       mis à part le médecin du service,                                                les soignants
       ne soit pas au courant que j’étais
       médecin pour que ceci n’interfère        Dans de nombreux pays, des              Déjà dans les années 70, aux
       pas la relation soignant-soigné.         dispositifs ont été mis en place        Etats-Unis, des médecins se sont
       J’étais donc un patient comme un         pour venir en aide aux médecins         penchés sur les problèmes de
       autre. Ceci dit, c’est mon expé-         en détresse. Dans certains cas, il      leurs confrères et sur leur prise
       rience mais je présume que cela          s’agit même de structures sani-         en charge au sein de structures
       ne doit pas toujours se passer           taires totalement dédiées au corps      spécialisées. Des initiatives spé-
       comme ça et il se dit souvent que        médical. Il n’existe en Belgique        cifiques ont également été mises

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Espace prestataires

en place en Australie, en Nouvelle
Zélande ou encore en Angleterre.
En Espagne, depuis 1998, un “Pro-                                       Témoignage
gramme d’Attention Intégrale pour
le Médecin Malade” est en place,                                     Soigner un soignant,
sous l’impulsion de l’ordre des                                      c’est plus compliqué…
médecins de Catalogne.
Première étape, un appel ano-               Carmela Dragone
nyme et confidentiel, et si besoin,
rencontre avec un psychiatre. Ce         Au cours de ses 12 années de pratique, Carmela Dragone, infirmière,
programme a également créé une           a eu l’occasion de soigner quelques infirmières et médecins.
unité spéciale de 22 places pour le
                                         Soigner un soignant, est-ce            surcharge de travail, par exemple,
traitement des médecins malades.
                                         différent de soigner un patient        et le risque de petites erreurs que
Au Québec, le “Programme d’Aide                                                 cela peut engendrer. Elles font
aux Médecins Québécois”, lancé           “ordinaire” ?
                                                                                plus attention à la manière dont
en 1990, ne se contente pas de           C’est plus compliqué. Le patient       on pose nos actes : si on prend les
répondre aux problèmes d’addic-          “ordinaire” ne se pose pas, par        précautions d’usage en matière
tions mais prend également en            exemple, la question sur les pro-      d’hygiène, si on enlève la petite
considération l’ensemble des             tocoles d’asepsie, de stérilité…       bulle d’air lorsqu’on installe une
problèmes psychologiques des             et fait, en majorité, confiance au     perfusion, si les médicaments
médecins, qu’ils soient salariés,        personnel soignant. Par contre,        sont préparés consciencieuse-
libéraux, internes ou même retrai-       il va être plus exigeant au niveau     ment… Elles sont également très
                                         relationnel.                           exigeantes au niveau de la techni-
tés. Un programme financé à 70%
par les syndicats professionnels.                                               que des soins !
                                         Les infirmières sont-elles des
Voici, peut-être, quelques pistes de     patientes difficiles ?                 Sont-elles aussi plus exigeantes
réflexion pour mettre en place, en                                              au niveau relationnel et humain ?
                                         Difficiles je ne dirais pas mais en
Belgique, des structures adaptées        tous cas beaucoup plus stres-          Non… Elles connaissent le métier
pour nos soignants en souffrance.        sées. Elles sont méfiantes et se       et savent que, malheureusement,
                                         posent beaucoup de questions.          nous n’avons pas le temps de
                    Pascale Janssens     Elles connaissent les conditions       trop nous investir au point vue
            pascale.janssens@mloz.be     de travail d’un service comme la       humain…

  Une étude du KCE
En Belgique, il n’existe actuellement aucun programme spécifique pour la prise en charge globale du burn-out
des médecins généralistes. Soit les initiatives existantes ne se focalisent pas spécifiquement sur le burn-out mais
couvrent la santé mentale au sens large, soit elles ne ciblent pas les médecins généralistes mais s’adressent à
un public plus large.
Tout récemment, le Centre fédéral d’Expertise des soins de santé (KCE) a établi, en collaboration avec des cher-
cheurs de l’ULB et de la VUB, une liste de pistes d’action pour une prise en charge globale de la problématique.
Pistes d’action
• Mettre à disposition des médecins généralistes en          référeront les médecins en burn-out vers un réseau
  souffrance un dispositif, par exemple : contact télé-      de professionnels.
  phonique et/ou accueil 7j/7, 24h/24.                     • Etablir des conventions avec des centres existants,
• Mettre à disposition des médecins généralistes             spécialisés dans la prise en charge curative de
  l’information relative aux possibilités de recours à       pathologies liées au burn-out pour assurer la prise
  des structures d’écoute, de soutien et de prise en         en charge spécifique de médecins malades.
  charge.                                                  • Mettre en œuvre un programme de réinsertion et un
• Mettre sur pied un réseau d’intervenants spécialisés       suivi régulier.
  offrant un coaching lors d’entretiens individuels ou     • Envisager une stratégie globale depuis la promotion
  en groupe.                                                 de la santé jusqu’à la prise en charge curative et au
• Etablir des dispositifs de coordination des soins qui      suivi.

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