LE TOURISME RIPOSTE À LA CRISE - FORMATION La difficile revalorisation de l'apprentissage - Economie Région Lausanne
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No 3_AUTOMNE_2021 LE TOURISME RIPOSTE À LA CRISE FORMATION MOBILITé La difficile TOUJOURS PLUS revalorisation D’ÉLECTRICITÉ © Hugues Siegenthaler de l’apprentissage DANS L’AIR
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Économie Région Lausanne est une association économique qui s’engage, par des interventions, du financement ou des articles, dans les grands dossiers dont dépend la prospérité de la région lausannoise tant en matière d’urbanisme, de mobilité que d’infrastructures. NO 3 // SOMMAIRE 4 ÉDITORIAL 27 INFORMATIQUE Nouvelles perspectives pour ERL 42 Network, l’école gratuite qui casse les codes 6 TOURISME 29 ENVIRONNEMENT Comment Lausanne Tourisme parvient Un toit végétalisé peut être un investissement durable à limiter les dégâts 33 ASSOCIATION 10 CONCURRENCE Économie Région Lausanne s’enrichie Chronique d’une tempête dans un petit verre de vin de nouvelles personnalités 3 14 MOBILITÉ 36 COMMERÇANTS LAUSANNOIS De l’électricité dans l’air de la mobilité individuelle Enjoy Lausanne se digitalise et s’ouvre à de nouveaux secteurs 19 ÉCONOMIE 38 SICOL L’apport économique chiffré des écoles Parc du Simplon, nouveau chapitre de la Ruée vers l’Ouest privées vaudoises 24 FORMATION La difficile revalorisation de la formation duale Paraît 4 fois par an Secrétariat ERL et régie des annonces Impression Rue du Petit-Chêne 38 – Case postale 1215 – 1001 Lausanne Rédacteur responsable Tél. 058 796 33 29 – Fax 058 796 33 52 PCL Presses Centrales SA Olivier Rau E-mail : info@economie-region-lausanne.ch Chemin du Chêne 14 – 1020 Renens
ÉDITORIAL NOUVELLES PERSPECTIVES POUR ERL Aurore Amaudruz Présidente d’Économie Région Lausanne Chères lectrices, chers lecteurs, c’est avec autant de joie que d’émotion que je prends la plume pour la première fois en introduction de ce magazine. Avec un surcroît de forces vives – vous découvrirez les « nouvelles têtes » dans les pages de ce numéro – et une belle énergie, le comité d’ERL s’est mis au travail pour relever un certain nombre de défis, dont celui de renouveler les occasions d’échange et de partage entre les membres de la communauté ERL. C’est ainsi que cet automne, nous aurons à la fois le plaisir et l’honneur d’accueillir Nicolas Bideau, directeur de « ERL est très Présence Suisse, pour une conférence le 4 novembre, mais aussi de rencontrer nos membres attachée à des tous les premiers mercredis du mois lors de tout nouveaux « Cafés ERL » sur lesquels nous aurons 4 conditions-cadres l’occasion de revenir. Je vous souhaite autant de plaisir à découvrir les différents articles de ce numéro que nous en devant permettre avons eu à les imaginer. Vous savez qu’ERL est très attachée à des conditions-cadres devant de maintenir et permettre de maintenir et développer une activité économique à forte valeur ajoutée dans la développer une région. Vous verrez au fil des pages de ce numéro que plusieurs éléments très importants de ces conditions-cadres sont évoqués, de la mobilité à l’environnement, en passant par la concurrence. activité économique Il y a aussi la question de l’accueil touristique, Lausanne Tourisme s’employant à limiter les dé- à forte valeur ajoutée gâts de la crise du Covid-19 en optant pour un repositionnement stratégique sur le tourisme de dans la région. » loisirs. Vous trouverez également dans ce numéro un zoom sur les écoles privées vaudoises et leur apport indispensable à l’économie du canton, apport désormais chiffré grâce à une étude. Formation toujours, avec un article sur les mesures prises en faveur de l’apprentissage dual, et encore un coup de projecteur sur la très novatrice École 42, concept iconoclaste de formation gratuite de développeurs en informatique. Pas de professeurs, aucun prérequis à l’entrée, les candidats doivent « juste » réussir un test d’admission en ligne, puis quatre semaines d’une forma- tion intensive appelée La Piscine. Alors, prêts à plonger à la découverte de ce numéro ? Merci de votre fidélité et excellente lecture ! Aurore Amaudruz Présidente d’Économie Région Lausanne
Pour que les jeunes, les familles et les aînés puissent vivre dans des conditions adaptées à leurs revenus. Société coopérative spécialisée dans l’immobilier à loyer abordable logement-ideal.ch Affaire traitée par Tissons des liens • Conseil de direction • Expertises 1970-2020 • • • Evaluations d’entreprises Conseils et services fiscaux Gestion fiduciaire et administration de sociétés 50 ans • Conseils et services juridiques • Révision • Révision de comptes des collectivités publiques Lausanne Genève Ofisa S.A. Sion Ch. des Charmettes 7 Place de Saint-Gervais 1 Av. de la Gare 16 • Gestion financière et comptable Case postale 7063 Case postale 1988 Case postale CH-1002 Lausanne CH-1211 Genève 1 CH-1951 Sion Tél. +41 21 341 81 11 Tél. +41 22 311 24 66 Tél. +41 27 323 78 Fax +41 21 311 13 51 Email fidu@ofisa.ch • www.ofisa.ch • Comptabilité et gestion des salaires Ofisa s.a. Lausanne • Ch. des Charmettes 7 • Case postale 7063 • CH-1002 Lausanne • Tél +41 21 341 81 11 • Fax Ofisa S.A . Siège social de Lausanne Vo s d é fi s , n o t r e m é t i e r Chemin des Charmettes 7 • Case postale 7063 CH-1002 Lausanne • Tél. +41 21 341 81 11 Fax +41 21 311 13 51 • Email. fidu@ofisa.ch Succursales à Genève et Sion Annonce_ofisa_168x115mm_11.05.20.indd 1 11.05.20 10:56
TOURISME COMMENT LAUSANNE TOURISME PARVIENT À LIMITER LES DÉGÂTS Le rude coup porté par les mesures sanitaires s’est traduit l’an passé par une baisse de 55 % du nombre des nuitées hôtelières comptabilisées par Lausanne Tourisme. Essentiellement parce que le tourisme d’affaires et de congrès, qui influence fortement les résultats, s’est pratiquement effondré. Lausanne Tourisme est toutefois parvenu à garder la 6 tête haute en 2021 également grâce à un repositionnement stratégique sur le tourisme de loisirs. Un secteur boosté notamment par la venue de nombreux visiteurs de Suisse alémanique. La distinction de « Best small city in the world 2020 », décernée à la capitale vaudoise par un influent magazine britannique, a par ailleurs permis de lancer une campagne estivale de promotion sans précédent qui a largement contribué à limiter les dégâts. Lausanne « Best small city in the world 2020 ». En tête du « small cities » index établi par l’influent magazine britannique Monocle, devant Boulder (USA), Bergen (Norvège), Hobart (Australie) et une vingtaine d’autres villes de moins de 200 000 habitants de par le monde. Cette qualification de « meilleure petite ville du monde » est tombée à pic pour contribuer à un nécessaire repositionnement stratégique afin d’amortir le choc de l’effondrement sans précédent du tourisme d’affaires et de congrès pour les raisons que l’on sait. Puis, en juillet 2020 sortait le dossier spécial Suisse du quotidien le Figaro dans lequel Lausanne a bénéficié d’une belle visibilité. On ne résiste pas à en citer ce passage : « La dynamique Lausanne a de multiples facettes. Son centre-ville fait de vieilles bâtisses et de rues pavées est authentique et charmant. Le quartier du Flon contraste avec sa zone piétonne et ses espaces publics contemporains entourés de commerces, d’ateliers, d’un cinéma et de lieux administratifs. Ne manquez pas de boire un verre sur l’une des terrasses aménagées ! » De quoi Steeve Pasche, directeur de Lausanne Tourisme : « Le tourisme d’affaires étant contribuer à donner des envies de découvertes et rehausser le moral des troupes. largement majoritaire à Lausanne, il fallait un repositionnement rapide. » © Lausanne Tourisme
TOURISME L’élection de Lausanne « Best small city in the world 2020 » par le magazine britannique Monocle puis un reportage dans Le Figaro sur la région lémanique sont tombés à pic pour contribuer à rappeler les atouts de la capitale vaudoise. © Shutterstock 7 Un repositionnement rapide « Le tourisme d’affaires étant largement majoritaire à Lau- suisses alémaniques », retient le rapport d’activité de Lau- sanne, il fallait un repositionnement rapide, explique Steeve sanne Tourisme 2020. Pasche, directeur de Lausanne Tourisme. Nous tendions L’institution a notamment joué gagnant sur les réseaux depuis plusieurs années à un équilibrage entre tourisme sociaux en invitant des groupes d’outre-Sarine pour mettre d’affaires et tourisme de loisirs, et la crise sanitaire a eu un en valeur ses panoramas. Le bord du Léman, la Cité, l’espla- effet accélérateur. Nous avons dû en quelque sorte basculer nade de la Cathédrale, le quartier du Flon et leurs mises en sur la partie loisirs tout ce qui était prévu pour le tourisme scène ont particulièrement brillé sur Instagram, convain- d’affaires et l’été est devenu notre haute saison. » Avec quant des Alémaniques de visiter une capitale vaudoise qu’ils quelques pittoresques initiatives, dont, de juin à octobre, la dédaignaient jusqu’alors. vente d’un « panier pique-nique », dans un sac isotherme avec La promotion orchestrée par l’Office du tourisme vaudois, verres, serviettes et couteau, préparé pour faire déguster consistant notamment en une carte prépayée d’une valeur les produits locaux pour deux, y compris une bouteille de vin de 100 francs offerte contre deux nuitées à l’hôtel, a par chasselas (50 cl) ou deux limonades artisanales bios au citron. ailleurs renforcé l’attrait pour la région tout en procurant « Grâce à une campagne de relance réussie au niveau national un peu d’oxygène à un secteur hôtelier particulièrement et à l’affaiblissement du virus qui coïncide avec un élan de éprouvé par la crise. reprise, Lausanne a gardé la tête haute durant la belle saison, notamment suite à la venue de très nombreux concitoyens > suite à la page 8
TOURISME > suite de la page 7 Perte partiellement amortie Au final, s’agissant de 2020, la perte a pu être partiellement de 55 % du nombre total de nuitées », relève Lausanne Tou- amortie en juillet (–46,7 %) et en août (–39,9 %). Toutefois, risme. Une tendance qui semble se confirmer en 2021. l’automne passé, accompagné de la deuxième vague de « Le but est de maintenir le cap, ajoute le patron de l’associa- semi-confinement, a à nouveau freiné les activités et aggravé tion. Tout en sachant que lorsque davantage d’ouverture se la situation, avec des diminutions de plus de 60 % des nuitées manifestera, les Alémaniques iront sans doute en vacances sur la plupart des mois du second semestre. un peu plus loin et qu’il nous faudra compenser cela en « On n’a jamais autant parlé le suisse allemand à Lausanne », redéveloppant nos marchés aux USA, au Moyen-Orient et sourit Steeve Pasche. Le directeur observe quand même en Asie. » Pour cela, il faudra aussi composer avec l’impact que le marché du tourisme de loisirs en ces temps de crise de la baisse des nuitées hôtelières en 2020 sur la taxe de sanitaire se limite pour beaucoup aux visiteurs indigènes ou séjour. Celle-ci a rapporté moins d’un million de francs l’an aux personnes de régions limitrophes pouvant se rendre en passé (–40 % en comparaison au budget), or cette manne est voiture dans notre pays. Sur 100 nuitées, 55 ont été générées dédiée au financement des actions de promotion touristique par le marché suisse. « De facto, les nuitées suisses et fran- de Lausanne Tourisme. çaises renforcent leur importance par rapport aux autres. Le tourisme indigène devient même majoritaire avec une part MAIGRES CONSOLATIONS 8 Avec 55 % de nuitées hôtelières en moins en 2020 par rapport au record historique de 2019, Lausanne a été moins éprouvée que par exemple Zurich (–65 %) et Genève (–67,5 %). Mais d’une manière générale, les régions urbaines ont davantage souffert que celles de montagne (–9 % seule- ment dans les Grisons), phénomène que Lausanne Tourisme explique certes par l’écroulement du tourisme d’affaires dans les villes, mais aussi par le besoin de nature que la po- pulation suisse a exprimé en réaction au semi-confinement. Seconde consolation : l’année 2020 avait plutôt bien com- mencé. Grâce aux JOJ qui ont permis de faire le plein de visiteurs dans les hôtels, ce qui s’est traduit par une aug- mentation de 20 % pour le mois de janvier. Cela a probable- ment contribué à amortir le choc. Puis ce furent les affres de l’effondrement du tourisme d’affaires et de congrès : –92,7 % en avril, –85,6 % en mai, –75 % en juin. Un judicieux repositionnement stratégique vers le tourisme de loisirs a permis de limiter quelque peu les dégâts. © Hugues Siegenthaler
UN PLAN DE RELANCE FÉDÉRAL Suisse Tourisme, l’un des quatre partenaires stratégiques de Lausanne Tourisme avec la Ville de Lausanne, Hôtellerie Lausannoise et l’Office du Tourisme du Canton de Vaud, devrait largement bénéficier du programme de relance décidé le 1er septembre dernier par le Conseil fédéral. D’un montant global de 60 millions de francs, ce programme Par ailleurs, « le plafond actuel de 50 % de la contribution se focalise sur le tourisme d’affaires, le tourisme urbain et la de la Confédération aux projets Innotour sera porté à durabilité en privilégiant essentiellement Suisse Tourisme, 70 % entre 2023 et 2026 afin de réduire les coûts relatifs mais aussi Innotour et la Nouvelle politique régionale (NPR). à l’innovation. Cela permettra au secteur du tourisme de financer l’introduction, le développement et la conception Trois mesures sont envisagées. Premièrement, 30 millions de produits ainsi que d’entreprendre des collaborations supplémentaires sont mis à la disposition de Suisse Tou- malgré la persistance de la crise. La mise en œuvre de cette risme pour stimuler la demande durant les années 2022 et mesure nécessite cependant une modification de la base 2023. « L’objectif est de reconquérir les visiteurs étrangers, légale, mais aussi des moyens supplémentaires s’élevant à de renforcer le développement touristique durable, de 20 millions de francs. » redynamiser le tourisme d’affaires et le tourisme urbain et d’alléger la charge pesant sur les partenaires touristiques. Enfin, la nouvelle politique régionale disposera de 10 mil- Vingt millions seront alloués à des activités de marketing lions supplémentaires pour la période 2020 à 2023 afin de et les 10 millions restants à des allégements financiers en donner un élan additionnel à l’encouragement de projets faveur des partenaires de Suisse Tourisme. » touristiques. 9 www.etcdesign.ch - Photos©Th. Zufferey « PLUS DE 105’000 PATIENTS • 7 salles d’opération à la pointe de la technologie NOUS FONT CONFIANCE • Plus de 560 médecins accrédités indépendants CHAQUE ANNÉE » • Quelque 600 collaborateurs à votre service La qualité au service de votre santé www.lasource.ch Ad_CLS_13-21_institutionnel_184x138.5mm_ERL.indd 1 04.05.21 13:28
CONCURRENCE CHRONIQUE D’UNE TEMPÊTE DANS UN PETIT VERRE DE VIN © Hugues Siegenthaler La polémique de la promo du vin de la Ville de Lausanne en faveur des cafetiers-restaurateurs en septembre 10 2020 a soulevé quelques questions intéressantes sur la vigne vaudoise en général et la gestion de celle de la commune de Lausanne en particulier. L’offre à moitié prix de vins « étatisés » Près de 80 restaurateurs situés sur le territoire de la commune de Lausanne, de la Commune de Lausanne faite aux soit 13 % des cafetiers-restaurateurs lausannois, ont bénéficié en septembre restaurateurs de la ville l’été passé a été 2020 d’une offre irrésistible des vins de la Ville de Lausanne. Inscrite dans le considérée comme une concurrence cadre des mesures de soutien à l’économie locale durement touchée par la déloyale par des vignerons indépen- pandémie, cette action proposant une sélection de huit vins du vignoble com- munal a porté sur 20 000 bouteilles vendues à moitié prix selon le principe dants au motif qu’ils ne pourraient « une bouteille achetée, une bouteille offerte ». prendre le risque d’octroyer de tels Au-delà de la satisfaction des intéressés, on pouvait – ou devait – s’attendre rabais sans risquer la faillite. L’affaire à ce qu’une promotion si généreuse fasse quelques vagues. Elle en a fait. Si était d’autant plus délicate que les l’affaire semble aujourd’hui se résumer à une tempête dans une verre de blanc, vignes communales coûtent davantage elle aura tout de même soulevé quelques questions intéressantes sur la viticul- qu’elles ne rapportent et qu’à la fin ture vaudoise en général, et sur la gestion du vignoble de la Ville de Lausanne c’est le contribuable qui en fait les frais. en particulier. Portée sur le terrain politique commu- La politique s’en mêle nal et cantonal, la cause mérite qu’on Si les cafetiers-restaurateurs lausannois bénéficiaires ont apprécié le geste, s’y intéresse. certains vignerons vaudois y ont vu un acte de concurrence déloyale méritant quelques explications sinon justifications à l’heure où les invendus remplissent les caves. Les relais politiques ont fonctionné et des explications furent deman-
CONCURRENCE dées d’abord dans le cadre d’une interpellation adressée à la production propre et pourraient agacer le marché privé. Les Municipalité sur la gestion du vignoble lausannois, puis par deux autres tiendraient plutôt du « Royal Warrant » de la cou- une interpellation cette fois auprès du Conseil d’État, intitulée ronne d’Angleterre, ces mandats royaux valorisant une foule « Bradage des vins de la Ville de Lausanne ; une concurrence de produits alimentaires ou autres outre-Manche, bénéficiant déloyale assumée par l’ensemble des contribuables vaudois ? ». ainsi d’une image de marque favorisée. Toute la Suisse romande écoutant la RTS a découvert l’affaire De fait, ni le miel communal – 544 kg récoltés en 2020, vente lorsqu’elle a été soulevée dans l’émission La Matinale, où limitée à 1 kg par personne au prix du marché – ni la bière Gilles Cornut, vice-président de la Fédération vaudoise des élaborée par une brasserie de la place ne posent a priori de vignerons, n’a pas mâché ses paroles : « C’est une concurrence problème. Ces secteurs économiques ne sont pas financière- déloyale pour les entreprises traditionnelles du marché. Une ment en péril. Et encore moins le chocolat aux armoiries de la offre de ce type, n’importe quelle entreprise ne peut pas la Ville, commandé à un confiseur local et destiné à des cadeaux faire. Elle se mettrait en danger au niveau de ses coûts et pour- protocolaires. Et nulle voix, bien sûr, ne s’est élevée contre rait rapidement faire faillite si elle continuait dans ce sens-là. l’exonération de loyer et de charges accordée aux cafés et Avoir un service public qui nous fait de la concurrence, c’est restaurants propriétés de la Commune en ces temps de crise très dommageable pour la profession, alors que ça devrait être sanitaire. le contraire. Cette entreprise publique devrait pouvoir faire Il n’en est pas allé de même avec les vins de la Ville lorsque cette d’une autre manière de la promotion pour ses vins. » dernière a décidé, certes pour une noble raison, de lancer son La réplique de Natacha Litzistorf, municipale en charge notam- opération de prix cassés. D’abord parce que la viti-viniculture ment des domaines de la Ville de Lausanne, fut ce jour-là tout indigène, privée et publique, dans le canton de Vaud comme aussi cinglante : « C’est la même action que bien d’autres viti- ailleurs en Suisse, est à la peine en cette année noire 2021 11 culteurs et vignerons ont menée pendant la période du Covid. tout particulièrement. Ensuite parce que les finances commu- Il n’y a donc pas vraiment d’usurpation ou de concurrence nales ne le sont pas moins et que le secteur en question y est déloyale à notre sens. On doit être solidaire pour se battre déficitaire. De fait, la situation financière des vins de la Ville contre l’ennemi commun, qui n’est ni eux, ni les vins de Lau- de Lausanne – 777 270 francs de déficit en 2020 – n’apparaît sanne, mais quelque chose qui vient de l’extérieur, qui vient en guère propice à des remises de prix. pétant les prix sur le marché, avec des produits qui ne sont pas Il est de notoriété publique que la branche d’une manière d’aussi bonne facture que les nôtres et qui ont fait la moitié générale pâtit des importations massives de vins bon marché. du monde en avion ou même en bateau. Ce sont ça les vrais Lorsqu’on précise que le rabais de la Ville de Lausanne émane enjeux, et pas une action des vins de la Ville pendant un mois. » du plus important propriétaire viticole public du pays – cinq La Commune se défend par ailleurs d’être la seule entité domaines totalisant plus de 30 ha dans le Lavaux et à la Côte –, viticole, fonctionnarisée depuis 2014, à avoir lancé des pro- on peut comprendre le dépit des vignerons indépendants. Ils motions destinées à mieux faire connaître ses vins pendant la sont face à une entreprise qu’ils considèrent comme n’étant pandémie. Et de citer notamment la vente à quai des caves de pas vraiment soumise aux lois du marché, dans la mesure où la Côte proposant en mai 2020 « 1 carton acheté = 1 carton elle est à l’abri du risque de faillite au sens commun du terme. offert ou 3 cartons pour 2 », ou l’opération « welQome QoQa » Paradoxalement, les efforts consentis pour réduire la perte lancée par le Canton de Vaud permettant un rabais jusqu’à financière de cette activité municipale accentuent sa position 30 %, à laquelle de nombreux vignerons vaudois ont participé, de concurrente privilégiée à l’économie privée. La nouvelle mais pas les domaines de la Ville de Lausanne. stratégie qu’elle a présentée en juin dernier en témoigne : étiquetage plus clair et webshop repensé avec le soutien de Un domaine sensible macave.ch. Mais aussi retour sur la scène des concours, avec Lausanne, ses vins, son miel, sa bière, son chocolat officiel… La un certain succès, trois de ses vins ayant obtenu une médaille capitale vaudoise appose ses armoiries sur plus d’un produit d’or au Mondial du Chasselas 2021. commercial. Seuls les deux premiers cités émanent d’une > suite à la page 12
CONCURRENCE Les activités à caractère économique organisées par les pouvoirs publics ne font pas toujours bon ménage avec l’économie privée. © Hugues Siegenthaler > suite de la page 11 12 SUR LE FIL DE LA LOYAUTÉ Les activités économiques organisées par les services pu- funèbres s’affrontaient dans un procès pour concurrence blics flirtent parfois avec la concurrence déloyale dans le déloyale. sens où les pertes éventuelles n’ont pas les mêmes effets si elles sont assumées par l’argent public ou les fonds privés. Les Pompes funèbres officielles se défendaient de viser le profit. De fait, elles représentaient en 2018 moins de 10 % La discorde autour de la promotion spéciale des vins de du marché sur la place de Lausanne. Elles ne conservent Lausanne n’en est que le dernier épisode en date. En 2018, aujourd’hui que la mission de service public aux indigents et dans un secteur moins divertissant, la Ville a mis fin à ses isolés. La cessation de l’activité commerciale des PFO n’a Pompes funèbres officielles (PFO), entité créée en 1948 pas été communiquée dans un contexte d’éviter un souci avec pour ambition de réguler un marché entaché d’af- de distorsion de concurrence, mais les protagonistes ne faires pas trop jolies et de prix excessifs. La situation ne se sont pas privés de l’évoquer dans l’article de 24heures devait cependant pas être des plus claires, car en 1954, la consacré à cette annonce. Ville et l’Association vaudoise des entreprises des pompes
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MOBILITÉ DE L’ÉLECTRICITÉ DANS L’AIR DE LA MOBILITÉ INDIVIDUELLE Après la généralisation du 30 km/h dans plus de 120 rues, la Ville de Lausanne compte n’accepter en ses murs que les véhicules électriques à l’horizon 2030. © Hugues Siegenthaler 14 Bannissement annoncé des moteurs thermiques, validation juridique du 30 km/h nocturne, tergiversations sur des projets pilotes de péage urbain et de tarification de la mobilité au niveau suisse : la liberté du choix du mode de mobi- lité individuelle et son utilisation malmenées sur l’autel des mesures de lutte contre le changement climatique et de l’amélioration de la qualité de vie en ville. Les plans climat de la Commune de Lausanne et celui du Canton reposent, entre autres, sur la mise en œuvre de mesures draconiennes pour accélérer le transfert modal vers des transports publics, certes considérés comme très performants, mais actuellement déjà proches de la saturation aux heures où ils seraient le plus utiles. « L’important est de porter un message crédible », soulignait modification des pratiques de mobilité individuelle. Message Béatrice Métraux, la conseillère d’État en charge du plan reçu, et passant de la parole aux actes, le Grand Conseil climat cantonal à 1,3 milliard de francs présenté l’an passé donnait en juin dernier une première impulsion en acceptant aux médias. Crédible à la fois quant à la faisabilité des actions d’allouer un crédit de 50 millions de francs pour améliorer la proposées dans ce plan, et crédible quant à leurs effets sur cadence de 55 lignes de bus déjà existantes dans les zones le changement climatique. Parmi la centaine de mesures périurbaines. La dynamique cantonale se profile donc davan- retenues par le Canton afin de diminuer les émissions de CO2 tage pour le moment par des incitations que des interdictions. figurent inévitablement « un report modal de grande ampleur En janvier dernier, à quelques semaines des élections commu- vers les transports publics et la mobilité douce, une transition nales, la Municipalité de Lausanne présentait son plan climat énergétique des véhicules individuels et la disponibilité de communal pudiquement qualifié d’audacieux. Un premier services permettant d’optimiser la mobilité ». Et de préciser train de mesures sera en effet financé par une augmentation que cela nécessite à la fois une augmentation de la part de temporaire des taxes communales sur l’électricité, passant de véhicules privés et publics à faibles émissions ainsi qu’une 1,30 à 1,90 ct/kWh entre 2022 et 2025.
MOBILITÉ Le plan climat lausannois est le premier du genre en routière ne permet en effet pas de limiter l’accès aux Suisse à comporter notamment un bannissement des routes à certains types de véhicules. véhicules à moteur thermique sur le territoire com- Cela dit, la question est ouverte de savoir comment munal à l’horizon 2030. Une échéance considérée la part modale de la mobilité électrique évoluera au réaliste par la Ville en regard de la durée de renouvel- cours des neuf prochaines années. Selon François lement du parc automobile et du fait qu’à Lausanne Launaz, président d’auto-suisse, la part de l’électrique 15 moins d’un ménage sur deux possède un véhicule dans notre pays devrait passer à 80 % en 2030, et ne motorisé. C’est cette annonce, accompagnée d’une serait pas loin de 100 % en 2035. De quoi souligner réduction de l’offre en stationnement sur le domaine que les défis qui se profilent sont nombreux, tant en public, qui a fait le plus couler d’encre, et gageons matière d’approvisionnement électrique qu’en contri- que cela n’est qu’un début. On est en effet ici un cran bution de ce type de véhicules sans carburant fossile au-dessus des décisions françaises et européennes qui au financement du développement et de l’entretien prévoient certes l’interdiction de la commercialisa- des infrastructures routières. tion de véhicules à essence ou diesel à une échéance Le plan municipal qui vise « zéro véhicule thermique similaire, mais non explicitement l’interdiction de leur à Lausanne en 2030 » ne dit pas grand-chose sur la utilisation. manière d’intégrer les poids lourds dans cette disposi- Questions ouvertes tion. La Municipalité explique en revanche, en termes De fait, aujourd’hui, plusieurs villes suisses et euro- assez vagues en réponse à un postulat, comment les péennes imaginent une telle interdiction, sans qu’on Transports publics lausannois pourraient s’y confor- sache, s’agissant de Lausanne, à la lumière d’autres mer. Il faut en effet savoir que si le parc de véhicules restrictions de circulation, si vraiment c’est l’élimina- des TL était constitué en 2020 de 80 trolleybus, il tion du CO2 qui est recherchée en priorité, ou l’élimi- comportait par ailleurs 135 autobus et 16 minibus à nation de la mobilité motorisée individuelle. Reste à moteur thermique, pour la plupart circulant essentiel- savoir comment une telle interdiction serait accueillie lement hors des limites communales. À terme, toutes au niveau du Parlement fédéral, lequel devrait évi- les lignes urbaines seront électrifiées, espère la Muni- demment mettre en œuvre l’indispensable modifi- cipalité, indiquant que la direction des TL préconise cation de loi que cela impliquerait, celle-ci pouvant notamment l’utilisation de véhicules à batteries qui se être perçue comme une entrave économique et une chargent au terminus ou au dépôt la nuit. Et de préci- discrimination sociale. La Loi fédérale sur la circulation ser que s’il est impossible d’évaluer l’impact financier >suite à la page 16
MOBILITÉ Dès 2025, il n’y aura plus que des taxis électriques à Lausanne. © Hugues Siegenthaler >suite de la page 15 à longue échéance, ces bus du futur pourront bénéficier des 30 km/h entre 22 h et 6 h. Le débouté, un chauffeur de taxi, subventions générées par la fondation Myclimate à raison de a renoncé à soumettre la cause auprès du Tribunal fédéral. 10 000 francs par véhicule. L’arrêt cantonal est donc devenu définitif. Rien ne s’oppose Taxis en pionniers désormais à ce que d’autres communes, fortes de cette juris- Quoi qu’il en soit, l’interdiction des voitures à moteur ther- prudence, fassent la demande d’introduire une telle limitation. mique se concrétisera dès 2025 déjà s’agissant des quelque Les juges cantonaux rappellent que les abaissements de la 400 taxis de la région lausannoise. Cette mesure figure vitesse hors des limitations générales doivent être examinés dans la révision partielle du Règlement intercommunal sur le au coup par coup. Ils considèrent que le 30 km/h de nuit à service des taxis (RIT), laquelle n’a pas fait l’objet de recours et Lausanne permet d’épargner quelque 33 000 habitants de 16 a été approuvée par le Canton. nuisances sonores nocturnes dépassant les valeurs limites de Entré en vigueur le 1er juillet dernier, ce règlement stipule que nuit. Concrètement, les expériences pilotes menées entre « dès le 1er juillet 2025 aucun véhicule ne pourra être affecté 2017 et 2019 à Lausanne sur les avenues Beaulieu et Vinet au service des taxis s’il émet du CO2 ». Et cela vaut non seu- avaient apporté les résultats suivants, certes peu perceptibles lement pour la ville de Lausanne, mais aussi pour les autres mais non moins réels. communes membres de l’association, à savoir Épalinges, Prilly, Sur Beaulieu, il a été relevé une baisse des niveaux sonores Pully, Renens, Chavannes-près-Renens, Crissier, Écublens, moyens lors du changement de régime de circulation située Belmont-sur-Lausanne, Paudex, Le Mont-sur-Lausanne et entre –2,5 et –2,7 dB avec une baisse des niveaux de bruit de Bussigny. pointe de –4,0 dB. Sur Vinet, sachant qu’ici l’effet a été aug- Les modalités du RIT précisent toutefois que « le propriétaire menté par la pose d’un revêtement absorbant en 2018, une d’un véhicule affecté au service des taxis entre le 1er janvier baisse des niveaux sonores moyens entre –1,9 et –2,6 dB avec 2019 et le 1er juillet 2021 bénéficiera d’une prolongation de une diminution des niveaux de bruit de pointe de –3,0 dB. délai au 1er juillet 2027 pour se conformer à cette nouvelle L’histoire dira ce que vaudra à l’avenir le bénéfice d’une telle obligation ». Considérant par ailleurs qu’une voiture électrique limitation, lorsque l’électrification du parc automobile, natu- coûte actuellement bien plus cher qu’un véhicule à moteur relle ou absolue telle que voulue par la Ville, en aura supprimé thermique de même catégorie, une réflexion est menée sur les la majeure partie des nuisances sonores. moyens que l’association pourrait investir afin d’accompagner L’arrêt cantonal indique que pour être éligibles au passage ce changement. C’est ainsi, par exemple, qu’il a été décidé de au 30 km/h de nuit, les axes lausannois doivent satisfaire à pérenniser l’exemption pour les voitures n’émettant pas de un certain nombre de critères objectifs. Il doit s’agir d’axes CO2 de la taxe annuelle de 100 francs prélevée sur chaque taxi. à fort trafic faisant partie du cadastre du bruit routier de 2010 établi par la Commune et être intégrés dans les études 30 km/h la nuit légalisé d’assainissement menées par la Ville. Ensuite, ce doit être des Le Tribunal cantonal a rejeté le recours déposé contre la axes inclus dans la limitation générale de vitesse de 50 km/h. volonté du Canton et de la Ville de Lausanne d’apposer dans Enfin, ils doivent présenter une densité de population en 122 rues de la capitale vaudoise une limitation de la vitesse à >suite à la page 18
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MOBILITÉ >suite de la page 16 dépassement des valeurs limites d’immission (VLI) de plus rappelant que la question a été résolue par des subventions de 200 habitants au kilomètre. Seule exception : « Quelques octroyées aux personnes à revenu modeste. rues passent toutefois à 30 km/h, ceci pour une question de Des études de faisabilité sont attendues pour l’an prochain et cohérence du réseau, bien que le nombre d’habitants touchés les avant-projets ne manquent pas. Ils pourraient bénéficier par le dépassement des VLI soit inférieur à 200 au kilomètre. d’un soutien financier de la Confédération. De nombreux Une alternance de tronçons modérés et non modérés la nuit cantons ont manifesté leur intérêt en invoquant un système ne serait pas acceptable par les usagers et les riverains, ceci censé contribuer à simplifier les problèmes de circulation. pour deux raisons : la mauvaise lisibilité du réseau routier qui Qu’en pense le peuple suisse ? C’est la question à laquelle en résulterait mettrait les usagers dans une certaine difficulté a tenté de répondre une enquête menée par le McKinsey à respecter la limitation et l’alternance d’accélérations et de Center for Future Mobility (MCFM) auprès d’un millier de freinages contredirait les buts visés par la stratégie d’assainis- personnes et d’une quarantaine d’entreprises. Les réponses sement décrite précédemment. » indiquent une proportion identique d’avis favorables que défavorables. « Cela nous a étonnés, observait Thibaut Müller, Ne dites plus « péage urbain » coauteur de l’étude, dans le journal Le Temps. Le fait qu’une Pour le moment, ni Lausanne, ni le Canton n’en veulent. Les moitié se déclare favorable à un tel prélèvement est déjà un velléités de péage urbain, désormais de « tarification de la signe positif. Si l’on regarde le résultat plus en détail, on voit mobilité » selon la terminologie actuelle, ont ressurgi l’été qu’il y a une légère majorité positive de 52 % dans les grandes dernier à l’occasion de la mise en consultation d’une loi agglomérations et de 54 % dans les villes de taille moyenne, fédérale d’une durée de validité limitée à dix ans, destinée à alors que 57 % de la population des régions périphériques y permettre de mener des expériences pilotes. Plusieurs villes est opposée. Les jeunes sont plutôt pour, les plus âgés plutôt suisses se sont déclarées intéressées. Tant Lausanne que le contre. » Quant aux effets sur les habitudes de mobilité, Canton considèrent qu’il s’agirait d’une pratique antisociale l’étude indique que seules 40 % des personnes interrogées dans la mesure où elle pourrait concerner non seulement se déclarent prêtes à utiliser davantage les transports en l’accès aux centres des agglomérations en véhicules indivi- commun tandis que 32 % ne changeraient pas ou peu leur duels mais aussi en transports publics selon une tarification comportement. De beaux débats en perspective… modulable en fonction du moment de la journée. Un argu- ment déjà avancé jadis lors des prémices de l’introduction de la taxe poubelle, rapprochement fait par des Verts vaudois 18 LES PENDULAIRES PRÉFÈRENT LA VOITURE Entre la volonté politique de transfert modal massif de la mobilité individuelle motorisée vers les transports publics et la réalité des habitudes, il y a manifestement un gouffre s’agissant des pendulaires. Au niveau national, l’Office fédéral de la statistique relève dans sa dernière étude sur ce thème qu’en 2019, « plus de la moi- tié des pendulaires (51 %) utilisaient la voiture comme principal moyen de transport pour se rendre au travail ; 31 % prenaient les transports publics pour rejoindre leur lieu de travail, 17 % s’y rendaient à pied ou à vélo ». La voiture reste donc très utili- sée, même par les pendulaires qui n’ont qu’une courte distance à parcourir pour rejoindre leur lieu de travail. En 2019, 44 % d’entre eux y avaient recours pour des trajets de 2 à 5 km, et même 17 % pour de courtes distances inférieures à 2 km. Plus encore, observe l’OFS : « La part des pendulaires privilégiant les trans- ports publics routiers (trams, bus) pour se rendre au travail a légèrement reculé depuis 1990 (à près de 14 % en 2019). » Principal moyen de transport selon la longueur du trajet pour se rendre au travail, en 2019. Source : OFS
ÉCONOMIE Chaque année, près de 600 élèves font la transition entre l’école publique et l’école privée. © Shutterstock L’APPORT ÉCONOMIQUE CHIFFRÉ DES ÉCOLES PRIVÉES VAUDOISES 19 L’impact positif des écoles privées dans l’économie vaudoise est désormais mieux connu. Il s’élèverait à près de 1,5 milliard de francs par année selon une étude réalisée dans les règles de l’art entre avril 2020 et février 2021 par le cabinet KPMG à la demande de l’Association vaudoise des écoles privées (AVDEP). À cette valeur s’ajoutent des économies de dépenses publiques pour la formation, estimées à plus de 150 millions de francs par an, ainsi qu’environ 50 millions de francs par an de recettes fiscales cantonales et communales. Au-delà de ces apports quantitatifs se profile l’apport qualitatif de la présence des écoles privées par leur contribution à créer un environnement favorable aux entreprises multinationales. Autant de données utiles à prendre en compte à la veille d’une refonte de la Loi cantonale sur l’enseignement privé. Selon l’Office statistique de l’État de Vaud, avec 76 établis- ministration cantonale. Nul ne peut encore prévoir quels en sements recensés en 2019 sur son territoire, le canton est seraient les effets sur un secteur d’activité dont l’empreinte le deuxième après Zurich où l’on dénombre le plus d’écoles économique actuelle sur le canton de Vaud est aussi consi- privées. L’activité de ces établissements est régie par la Loi dérable que méconnue. Au moment où les conditions-cadres cantonale sur l’enseignement privé aux élèves en âge de régissant l’activité des écoles privées sont en discussion, cette scolarisation obligatoire, dont l’entrée en vigueur remonte considération ne pourrait être ignorée. à 1986. L’avant-projet de refonte de cette législation a été Analyse globale mis en consultation au cœur de l’été et sera prochainement Une soixantaine d’écoles privées travaillant dans le canton, soumis au Grand Conseil. dont près de la moitié dans la région lausannoise, sont « Cette révision précisera quelles conditions l’enseignement membres de l’Association vaudoise des écoles privées en école privée ou à domicile devra satisfaire pour qu’un (AVDEP). Afin de documenter au mieux les enjeux, l’AVDEP enseignement de base suffisant soit donné », explique l’Ad- > suite à la page 20
ÉCONOMIE >suite de la page 19 a mandaté le cabinet KPMG pour une analyse financière est calculée sur la base de trois composantes : la valeur globale de la branche. Cette enquête a été conduite ajoutée directe, indirecte et induite. pendant onze mois, d’avril 2020 à février 2021. – La valeur directe est celle résultant de l’activité éco- Trente-huit écoles, représentant 20 755 élèves et étu- nomique directe du cœur des métiers des écoles privées diants, ont retourné le questionnaire fouillé adressé aux vaudoises, incluant principalement l’écolage. établissements membres ou non membres de l’associa- – La valeur indirecte résulte de l’activité de la chaîne d’ap- tion. Cela constitue 58,41 % de l’effectif global des élèves provisionnement suisse stimulée par les achats de biens et et étudiants dans les écoles privées vaudoises en 2019. de services des écoles. « Cette étude analyse de manière détaillée les valeurs – La valeur induite résulte, quant à elle, de la réinjection ajoutées directe, indirecte et induite en Suisse pour dans l’activité économique de certains acteurs grâce aux chacun des quatre niveaux d’éducation statistiques, qui activités directes et indirectes des écoles ainsi que des dépenses des étudiants étrangers vivant en Suisse dans le but principal d’y suivre une formation. « Complémentaire de l’enseignement Deux autres aspects financiers doivent être pris en public, parce qu’il propose des compte : les économies que la présence des écoles cursus et des parcours pédagogiques privées permet à la collectivité, ainsi que la manne fiscale adaptés à des besoins spécifiques, résultant des salaires de ses collaborateurs. Bénéfique au contribuable l’enseignement privé est une tradition Non subventionnées, les écoles privées permettent de qui continue d’innover et de miser réduire de quelque 157 millions de francs les coûts de l’en- sur la qualité dans le canton de Vaud. seignement assumés par le contribuable : 94 millions pour Son poids économique quantifié vient la scolarité obligatoire, 38 millions pour la formation géné- rale et 25 millions pour la formation professionnelle initiale. appuyer la nécessité de lui permettre Et l’AVDEP de donner pour exemple Blonay-Saint-Légier de se développer de manière où 20 % des enfants en âge de scolarité fréquentent un 20 harmonieuse et stable, en bonne établissement privé, occasionnant ainsi une économie de 25 millions de francs en infrastructures. intelligence avec le système scolaire Par ailleurs, les rentrées fiscales, calculées pour les impôts étatique. » cantonaux et communaux, sans tenir compte de l’impôt Jean-Louis Dubler, président de l’AVDEP fédéral, sont estimées à 50 millions de francs par année. Elles résultent principalement de la taxation des quelque 520 millions de francs de salaire de plus de 4000 emplois sont divisés entre l’école obligatoire, la formation profes- équivalents plein temps. sionnelle initiale, les écoles de formation générale et les Plus difficile à chiffrer, la contribution des écoles privées écoles de niveau tertiaire », indique le bureau KPMG. Sur en termes d’attractivité économique du canton n’en est la base des réponses obtenues ainsi que des données déjà pas moins considérable. « Elles offrent des cursus interna- existantes et après un calcul d’inférence afin de mesurer tionaux représentant une pièce maîtresse de l’écosystème la valeur ajoutée des écoles privées pour l’ensemble du des entreprises multinationales présentes sur l’arc léma- canton, voici ce qui est ressorti. nique », souligne l’étude KPMG. Leur offre unique de pro- Trois composantes grammes d’enseignement bilingue ou en anglais est pour L’étude de KPMG aboutit à une valeur ajoutée totale l’heure un atout inégalé. Près de 10 % des scolarités sont suisse des écoles privées vaudoises d’environ 1,424 mil- financées directement par les entreprises, ce qui montre liard de francs. Les écoles du niveau tertiaire et la scolarité l’importance de ces écoles dans le tissu économique obligatoire en sont les principaux contributeurs, avec vaudois », observe par ailleurs Baptiste Müller, secrétaire respectivement 604 et 518 millions. Cette valeur ajoutée général de l’Association vaudoise des écoles privées. > suite à la page 23
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