Les attentes sociétales et les perspectives de marché
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JUIN 2022
ALIMENTATION
Des solutions
pour faire face
à la hausse
du coût des
concentrés
POSTE-PUBLICATIONS, CONVENTION No 40028511
ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ANNUELLE
Les attentes sociétales
et les perspectives
de marché
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SOMMAIRE
22V O L U M E 4 2 – N U M É R O
juin
9
7
28
CONCOURS LAIT’XCELLENT 2021
ÉDI TO RIAL Volets et critères de sélection . . . . . . . . . . . . . 26
Extrait du discours du président . . . . . . . . . . . . . . 4 La Ferme Denis Desfossés remporte
l’Or et son dixième Lait’xcellent . . . . . . . . . 28
L’Argent pour la Ferme Morine . . . . . . . . . . . 30
ACTUALITÉ Le Bronze pour la Ferme
ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ANNUELLE 2022 13 Marguerite Paiement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
Les attentes sociétales et les
perspectives de marché Liste des gagnants d’un certificat
Les Producteurs de lait du Québec (PLQ) ont tenu leur Très grande distinction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
assemblée générale annuelle (AGA) les 13 et 14 avril dernier
à Saint-Hyacinthe. L’événement a aussi été diffusé en
direct sur les médias sociaux. Les délégués ont adopté
10 résolutions et discuté des défis auxquels fait face le
secteur laitier. Le prix du lait, les attentes sociétales et
la valorisation des solides non gras ont été au cœur RECHERCHE
des discussions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 Les nouveautés du guide Nutrient
Requirements of Dairy Cattle
Le guide alimentaire Nutrient Requirements of Dairy
Cattle du National Research Council américain
ALIMENTATION est une référence internationale. Sa huitième version
Objectif : trois kilos est parue en décembre 2021. Quelles nouveautés au
Les concentrés alimentaires coûtent très cher. Pour sujet de l’alimentation protéique des vaches laitières
réduire la facture sans affecter la production de lait, contient-il?.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .42
18
une des meilleures pistes consiste à augmenter la
consommation volontaire de fourrages. Voici des
conseils pour y arriver . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .13
MÉDECINE VÉTÉRINAIRE
Monstrueusement bovin
54 Les malformations congénitales du veau causent
LACTANET fréquemment des problèmes lors du vêlage et
Des stratégies pour avoir un test nécessitent donc une intervention vétérinaire . . . . . . . . . .46
de gras rentable
À partir du 1er aout 2022, le ratio SNG/G maximum
passera de 2,30 à 2,25. Quelles stratégies peuvent être
mises en place à la ferme pour maintenir un taux de
gras adéquat et maximiser la valeur du lait? . . . . . . . . . . . .18
LES PRODUCTIONS SUPÉRIEURES DE LACTANET .................24
STATISTIQUES ...................................................................................50
LA RECETTE ......................................................................................54
AILLEURS DANS LE MONDE ........................................................56
L’ACTUALITÉ LAITIÈRE EN BREF ..................................................57
JUIN 2022 LE PRODUCTEUR DE LAIT QUÉBÉCOIS 3
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ÉDITORIAL
On ne peut pas revenir sur 2021 sans parler du prix du lait aux producteurs. En
plus des effets de la crise de la COVID-19 et des accords commerciaux, nous avons
été et nous restons affectés par une hausse extraordinaire des coûts de production.
Tout a augmenté : des engrais à l’alimentation animale en passant par le carburant,
ce qui a mis une pression énorme sur nos finances à la ferme.
Les provinces canadiennes ont parlé d’une même voix dans ce dossier pour
demander une hausse à la Commission canadienne du lait. En février, la Régie
des marchés agricoles a aussi accordé une hausse pour le prix de détail. Ça
a fait réagir. Le contexte inflationniste actuel n’est facile pour personne, et la
couverture médiatique est importante. Dans notre cas, le processus est entièrement
transparent, il fait donc plus de bruit, c’est une des obligations d’un système
règlementé. Au bout du compte, le vrai sondage d’opinion, il se fait à l’épicerie,
lors de l’achat.
Près de trois mois après l’annonce, on peut voir que les ventes au détail n’ont pas
diminué. Celles de février 2022 restent plus élevées qu’en février 2020, juste avant
le début de la crise. Selon une étude de Synopsis en 2020, le lait continue de se
retrouver dans 95 % des frigos de la province, ce qui est excellent! Il n’en demeure
pas moins que le marché des hôtels et des restaurants n’est pas encore pleinement
rétabli et que les consommateurs ont entretemps adapté leur comportement
d’achat. Ils posent des questions, mais ils continuent de consommer nos produits.
Dans le contexte de la guerre en Ukraine, le coût des engrais et des herbicides,
du carburant et des aliments pour bovins laitiers a explosé. Cette flambée est
toujours loin de s’estomper à l’heure actuelle, ce qui est très préoccupant pour
les producteurs. À moyen et long terme, nous devons continuer notre travail pour
améliorer nos coûts de production, réduire le surplus de solides non gras (SNG)
En avril 2022,
avec l’abaissement du ratio maximal, développer en filière des marchés qui offrent
Les Producteurs de une meilleure rémunération, en plus de trouver tous les débouchés possibles
pour valoriser les SNG en trop. Les gouvernements devront nous soutenir, car
lait du Québec ont le plafonnement de nos importations lié à l’ACEUM engendre des risques pour
tenu leur première l’investissement dans nos usines de transformation. Ce plafond, il a été accordé
par notre gouvernement. Ce n’est pas un choix de l’industrie.
assemblée générale Sur le dossier de l’ACEUM, nous avons eu une avancée importante : dans son
budget pour la prochaine année, le gouvernement a formalisé son engagement à
annuelle en personne indemniser les producteurs laitiers pour les impacts négatifs liés aux concessions
depuis trois ans. de marchés. C’est plus qu’une promesse électorale. Toutefois, nous sommes
préoccupés de devoir attendre jusqu’à la mise à jour financière de l’automne pour
L’éditorial est un avoir les détails sur les montants qui seront accordés et les modalités de versement.
extrait du discours On ne le répétera jamais assez : les indemnisations seront dépensées et
réinvesties ici, au bénéfice de notre économie, de notre autonomie et de notre
du président. sécurité alimentaire. Pour jouer un rôle dans la relance économique après la crise
de la COVID-19, les fermes laitières doivent demeurer en bonne situation financière
et pouvoir planifier leurs investissements pour des projets innovateurs et durables.
D’ici la mise à jour financière, nous allons continuer à travailler avec le gouvernement
afin d’assurer une indemnisation juste et complète pour les producteurs de lait et
de maintenir ou augmenter la pression si on le juge nécessaire.
Les négociations commerciales pour obtenir un accord avec le Royaume-Uni
sont officiellement lancées. Le gouvernement nous a assuré que le Canada ne
concéderait aucun accès supplémentaire au marché pour les produits soumis à la
gestion de l’offre. Vous savez comme moi que malgré les engagements, on ne pourra
jamais baisser la garde, d’autant plus que d’autres projets de négociations sont
sur la table. On devra toujours rester vigilants pour nous assurer que les accords
commerciaux ne se concluent plus jamais sur notre dos.
4 JUIN 2022 LE PRODUCTEUR DE LAIT QUÉBÉCOIS
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Plusieurs autres chantiers seront amorcés ou se poursuivront en 2022. Au cours des prochains mois,
ensemble, nous aurons à réaliser un exercice démocratique important et porteur : la mise à jour de notre
planification stratégique. Ce sera l’occasion de prendre un pas de recul, de réfléchir et de nous solidariser
autour d’une vision et d’objectifs clairs. La force et le succès de notre organisation ont toujours résidé
dans l’unité et la solidarité des producteurs. Nous nous donnons les moyens, les outils et les expertises
requis pour réaliser nos ambitions. J’espère que vous participerez en grand nombre!
La collaboration n’est pas propre au secteur de la production. Ce sont tous les membres de l’industrie
qui doivent s’unir pour parler d’une même voix. Nous sommes déjà dans la deuxième année de la mise en
œuvre de la planification stratégique de la filière laitière. C’est un défi de travailler dans le même sens,
car nous avons parfois une vision différente des enjeux ou des moyens pour les résoudre. Mais au final,
nous faisons face aux mêmes défis : attentes sociétales, perception des consommateurs, importations,
capacité de transformation, coûts de production… C’est par notre collaboration que nous serons plus forts.
L’environnement et le développement durable prennent aussi une place de plus en plus importante
dans la sphère sociale. De notre côté, plusieurs projets majeurs sont lancés : une analyse de cycle de vie
de toute la filière laitière québécoise, la troisième pour le secteur de la production, et la carboneutralité
comme cible pour 2050. Le défi est ambitieux, mais nous devons y faire face. Les Producteurs de lait du
Québec ont aussi amorcé en 2021 un plan de développement durable. Il s’agit d’une démarche d’évaluation
et de planification de nos actions pour atteindre nos objectifs et toujours améliorer notre bilan.
Lorsqu’on parle de développement durable, on pense tout de suite à la protection de l’environnement.
En tant que producteurs de lait, c’est déjà au cœur de notre travail et de nos préoccupations quotidiennes.
Nous avons diminué l’empreinte environnementale d’un litre de lait dans les dernières décennies grâce à
une plus grande efficacité et à des pratiques plus innovantes. Notre système de gestion de l’offre évite
le gaspillage alimentaire en arrimant la production à la demande et réduit le transport en répondant
aux besoins de notre marché.
Mais le développement durable n’est pas seulement une question d’environnement. Pour
une organisation comme la nôtre, c’est le souci qu’on accorde aux enjeux économiques, sociaux,
environnementaux et éthiques dans nos activités et nos décisions. Au sens large, on parle aussi de
retombées économiques, de gouvernance et de contribution à la société.
Les sondages sont clairs : 86 % des consommateurs s’attendent à ce que les entreprises jouent un
rôle important, non seulement dans la résolution des problèmes liés aux changements climatiques,
mais aussi aux inégalités sociales. Le travail que nous avons entrepris nous permettra de communiquer
de façon objective aux consommateurs les résultats du travail quotidien à la ferme et d’identifier des
aspects sur lesquels nous pouvons travailler pour améliorer notre bilan.
Nous avons, comme producteurs, la volonté de constamment nous améliorer. Mais il serait injuste
que le poids des changements demandés repose uniquement sur les épaules des producteurs. Ce travail
devra se faire en collaboration avec l’ensemble de l’industrie et l’appui du gouvernement. Il faut soutenir
financièrement ces changements qui demandent des investissements, mais aussi l’humain derrière
l’entreprise. Si on veut que nos fermes se maintiennent dans le temps et continuent de nourrir les
Québécoises et les Québécois, les Canadiennes et les Canadiens, on a besoin de producteurs en santé.
En terminant, il peut sembler y avoir de nombreux défis à l’horizon. Mais il ne faut pas oublier que
nous avons déjà beaucoup de chemin parcouru, plusieurs démarches déjà entamées qui vont dans le sens
des changements attendus. Les productrices et les producteurs de lait sont des personnes engagées. Ce
sera un atout déterminant dans notre capacité à relever les défis qui nous attendent, en collaboration
avec tous les acteurs de la filière, incluant la société et les gouvernements. Cet engagement doit aussi
se refléter à l’échelle canadienne, avec nos collègues des autres provinces. Continuons d’unir nos forces
pour défendre notre système et nos produits. Continuons d’innover, mais surtout, restons engagés.
DANIEL GOBEIL
président
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Revue publiée 10 fois l’an par Les Producteurs
de lait du Québec (PLQ)
Tirage : 7 477 exemplaires
Date de parution : juin 2022
DIRECTEUR – PUBLICATIONS ET VENTES
Charles Couture
RESPONSABLE DE LA REVUE AUX PLQ ET
RÉDACTEUR EN CHEF
Yanick Grégoire
SECRÉTAIRE DE RÉDACTION
Audrey Gendron
COLLABORATEURS
Agriculture et Agroalimentaire Canada, CIAQ, CRAAQ,
Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal,
Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation
de l’Université Laval, Grappe de recherche laitière,
Groupes-conseils agricoles du Québec, ITA, Lactanet,
Les Producteurs laitiers du Canada, ministère de l’Agriculture,
des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec, Novalait,
Op+lait, Réseau mammite, STELA/INAF, UPA, Faculté
J’ai tellement hâte d’être de retour en lactation! des sciences de l’agriculture et de l’environnement,
Université McGill
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ADMINISTRATION
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Sonia Boucher, Groupe Charest inc.
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et livraison incluses. Bibliothèque et Archives Canada
Les Producteurs de lait ISSN 0228-1686
Vous pouvez le commander par Poste-publications, convention no 40028511
du Québec Courrier 2e classe, enregistrement no 5066
téléphone au 438 315-9131 Maison de l’UPA Toute reproduction totale ou partielle du Producteur
ou en envoyant un chèque 555, boul. Roland-Therrien, de lait québécois est interdite sans l’autorisation
du rédacteur en chef.
(à l’ordre des Producteurs bureau 415
de lait du Québec) ainsi que Longueuil (Québec)
votre nom, adresse J4H 4G3
et numéro de téléphone
à l’adresse suivante :
6 JUIN 2022 LE PRODUCTEUR DE LAIT QUÉBÉCOIS
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ACTUALITÉ
Par AUDREY GENDRON, secrétaire
de rédaction
ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ANNUELLE 2022
Les attentes
sociétales et
les perspectives
de marché
Les Producteurs de lait du Québec (PLQ) ont tenu leur Dans son allocution, le président des
PLQ, Daniel Gobeil, a parlé de la hausse
assemblée générale annuelle (AGA) les 13 et 14 avril dernier fulgurante des coûts de production qui
affecte les producteurs. Il a mentionné
à Saint-Hyacinthe. L’événement a aussi été diffusé en que l’ajustement de prix obtenu le 1er
direct sur les médias sociaux. Les délégués ont adopté février 2022 et la hausse du prix des
produits laitiers au détail ont suscité
10 résolutions et discuté des défis auxquels fait face le beaucoup de réactions des médias. Il
a tenu à préciser que la couverture
secteur laitier. Le prix du lait, les attentes sociétales et
était majoritairement positive et qu’il
la valorisation des solides non gras ont été au cœur n’a jamais été gêné d’aller expliquer
publiquement les raisons ayant mené à
des discussions. cette hausse. Les consommateurs sont
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d’ailleurs demeurés au rendez-vous. cipé en très grand nombre à la période
« Si on compare les ventes au détail de consultation en vue de la révision
de février 2022 et de février 2020, on du Code de pratiques pour le soin et la
a une croissance de 11,2 % pour la manipulation des bovins laitiers.
crème, 7,5 % pour les fromages, 5,8 % Il a par la suite rappelé que les PLQ
pour le beurre, 4,6 % pour la crème ont amorcé un diagnostic de leurs ini-
glacée, 2,9 % pour le yogourt et 0,7 % tiatives en développement durable et
pour le lait de consommation. […] Et on qu’un plan d’action découlera de cet
attend, au cours des prochains mois, la exercice. C’est une démarche crédible
reprise graduelle du secteur des HRI », qui repose sur des expertises scienti-
a-t-il ajouté. fiques externes et sur les 17 objectifs
Daniel Gobeil a indiqué que les de l’ONU en matière de développement
PLQ amorceront cette année la mise à durable. Daniel Gobeil a aussi révélé
jour de leur planification stratégique. que les bons coups des producteurs
Il s’agit d’un exercice démocratique de lait en matière de développement
essentiel pour s’assurer de répondre durable seront au cœur de campagnes
aux besoins actuels des producteurs publicitaires dans les prochains mois.
et à ceux des prochaines générations. Par l’entremise d’une résolution, les
« Soyez assurés que lors de l’assemblée délégués ont d’ailleurs signifié leurs
semi-annuelle [à l’automne] et tout au attentes quant à la poursuite de la
Dans son allocution, le président des PLQ,
long de l’année, vous allez y contribuer Daniel Gobeil, a parlé des défis que devront
démarche de développement durable :
grandement », a-t-il dit aux délégués. relever les producteurs de lait dans les cibler les objectifs de l’ONU les plus
Le président a ajouté que plusieurs prochaines années. Un abrégé de ses propos porteurs sur lesquels travailler pour
problèmes auxquels le secteur est est publié en guise d’éditorial aux pages 4 et 5. l’avenir de l’industrie, promouvoir
confronté devront être considérés dans et valoriser les produits, les efforts
cette réflexion, notamment les accords et les résultats déjà obtenus et à
commerciaux, la hausse des coûts de venir en matière de développement
production ainsi que la croissance de durable, établir des objectifs com-
la demande en matières grasses qui muns réalistes et harmonisés pour
contribue au surplus de solides non l’ensemble de l’industrie et développer
gras et influence les capacités de su démontrer qu’on est capables de des outils performants pour assurer
transformation. faire du lait de qualité en respectant une atteinte individuelle et collective
M. Gobeil a aussi parlé des attentes le bien-être animal. Le bien-être, c’est efficace des objectifs. Des délégués
grandissantes des consommateurs plus qu’un type de stabulation […] On ont insisté sur l’importance de montrer
quant au bien-être animal et au déve- n’a pas à rougir de notre modèle », a-t-il aux consommateurs les efforts que les
loppement durable. « Au Québec, peu insisté. Au passage, il a remercié les producteurs réalisent déjà quant au
importe le type de stabulation, on a producteurs québécois qui ont parti- développement durable.
Les délégués ont adopté 10 résolutions au cours de l’assemblée générale annuelle. Celles touchant les attentes sociétales, le développement durable
et la production biologique ont notamment suscité beaucoup de questions et de débats. Les résolutions sont présentées dans un cahier ensaché avec
la présente revue.
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Une résolution sur la capacité de
transformation des solides non gras
revenir à leurs tendances d’avant la
crise de la Covid-19. Les ventes de
ÉLECTION DU
en surplus a aussi été adoptée. Cette crème, qui avaient chuté lors de la COMITÉ EXÉCUTIF
dernière exige que les PLQ négocient, fermeture des restaurants, augmen-
À la suite de l’assemblée
à travers les conventions de mise en tent depuis mars 2021. Les ventes de
générale annuelle des
marché du lait, des règles d’approvi- fromage et de beurre connaissent éga-
Producteurs de lait du Québec,
sionnement assurant que les marchés lement une croissance. Par contre, les
le conseil d’administration a
du lait de consommation, du yogourt ventes de lait à boire diminuent. Ces
procédé à l’élection du comité
et des fromages soient comblés et dernières avaient connu une augmen-
exécutif pour la prochaine
évaluent la possibilité d’instaurer une tation durant le confinement. Au total,
année. Les cinq membres sont
contribution pour soutenir la gestion et les ventes ont atteint 2 864 milliards de
Daniel Gobeil (Saguenay–Lac-
la valorisation des surplus structuraux dollars en 2021, ce qui représente une
Saint-Jean), président, Alain
en SNG. Dans cette résolution, les hausse de 4,1 % par rapport à 2020,
Brassard (Centre-du-Québec),
délégués ont aussi demandé aux PLQ, alors que la production a augmenté de
1er vice-président, Jacques
aux PLC et aux associations de produc- 2,7 %, pour atteindre 3 456 milliards de
Lafortune (Lanaudière),
teurs canadiens de travailler conjointe- litres de lait.
2e vice-président, ainsi que
ment pour faire croître les ventes dans M me Bouchard-Santerre a, par
Marcel Blais (Estrie) et
les classes 1 à 3 et aux gouvernements, la suite, parlé des importations qui
Jean-François Morin (Chaudière-
de créer des programmes adaptés pour entrent au pays de manière impré-
Appalaches-Nord), membres.
soutenir financièrement les inves- visible et viennent combler une part
tissements visant à augmenter les grandissante de la demande cana- Outre les membres du
capacités de transformation. Un amen- dienne en produits laitiers. Elle a comité exécutif, le conseil
dement à cette résolution, apporté expliqué que, dans le passé, la crois- d’administration des PLQ est
par des délégués, a longuement été sance des besoins totaux et celle du composé des administrateurs
débattu. L’amendement proposait que quota évoluaient au même rythme, suivants : Michel Robert
les PLQ accentuent l’atteinte du ratio mais que les importations changent (Abitibi-Témiscamingue),
de marché en diminuant à une cadence maintenant la donne. Normand Barriault (Gaspésie-
plus rapide le poids de la rémunéra- À quoi s’attendre en ce qui concerne Les-Îles), Pierre Lampron
tion pour les SNG dans la formule de le prix? En novembre dernier, lors des (Mauricie), Vincent Rainville
paiement du lait. Les délégués ont journées annuelles de réflexion, diffé- (Montérégie-Est), Gabriel Belzile
finalement rejeté l’amendement, mais rents scénarios avaient été présentés (Bas-Saint-Laurent), Peter
le vote a été serré, nécessitant même aux producteurs pour l’année 2022. Strebel (Montérégie-Ouest),
un recomptage. Une augmentation de 5,42 $ à 6,62 $ David Poulin (Chaudière-
L’assemblée a également adopté l’hectolitre moyen avait été envisagée. Appalaches-Sud), Martin
des résolutions sur les compensations Mme Bouchard-Santerre a affirmé que Auclair (Capitale-Nationale–
pour l’Accord Canada–États-Unis– le prix pourrait plutôt atteindre 9 ou Côte-Nord), Pascal Leduc
Mexique, l’ajustement du prix du lait, 10 $ l’hectolitre moyen étant donné la (Outaouais-Laurentides) et du
la conformité et la rétribution face aux hausse appréciable des prix mondiaux membre adjoint Michel Frigon
attentes sociétales, les modifications qui devrait se maintenir au cours des (Saguenay–Lac-Saint-Jean).
des paramètres permettant de res- prochains mois. Elle a précisé que la
treindre l’utilisation de la flexibilité du flambée des coûts de production à la
quota, la mesure d’appui à la produc- ferme demeure préoccupante, même
tion biologique, l’allocation de lait aux si elle est actuellement atténuée par
usines et la protection de la gestion de le revenu obtenu en raison des prix
l’offre, les concessions commerciales mondiaux élevés. aliments à valeur nutritionnelle élevée
et les accès aux marchés. Toutes les va s’accentuer. M. Nantel a expliqué
résolutions sont présentées dans un LES OCCASIONS À SAISIR que l’inflation pousse les gens à revoir
cahier ensaché avec l’actuel numéro DANS UNE ÉCONOMIE EN leurs dépenses. « On peut se passer de
du Producteur de lait québécois. MOUVANCE chips, mais pas de lait », a-t-il résumé.
Jacques Nantel, professeur émérite La carboneutralité va, selon lui,
BILAN DES MARCHÉS ET à HEC Montréal, a offert une confé- également devenir un facteur d’achat
PERSPECTIVES rence fort appréciée sur les défis et incontournable : « Une industrie qui
Florence Bouchard-Santerre, direc- les opportunités dans le contexte éco- ne sera pas carboneutre va devoir
trice de la recherche économique aux nomique actuel. D’après lui, le secteur refiler entre autres la taxe carbone aux
Producteurs de lait du Québec a fait laitier est bien positionné pour tirer son consommateurs. Ça s’en vient, et pas
le bilan de la dernière année laitière, épingle du jeu. D’abord, parce que la dans 10 ans, beaucoup plus rapide-
marquée par la levée graduelle des sensibilité des consommateurs pour ment. » Sans compter que l’empreinte
mesures sanitaires. Elle a mentionné l’achat local est solidement ancrée et carbone des produits est déjà impor-
que le déconfinement fait que les va même s’intensifier. De plus, il pré- tante pour les plus jeunes générations.
ventes de produits laitiers tendent à voit que l’intérêt des familles pour les « Vous avez des atouts précieux et
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un défi. Vous avez un produit de très MARIE-CLAUDE BIBEAU vernement s’est engagé à ne plus
haute qualité, fabriqué localement, RÉITÈRE L’ENGAGEMENT céder de parts de marché des secteurs
produit de manière collective et contri- DE SON GOUVERNEMENT sous gestion de l’offre lors de pro-
butive. Mais, vous allez devoir devenir Marie-Claude Bibeau, ministre de chaines ententes commerciales. Elle
carboneutres, comme toutes les indus- l’Agriculture et de l’Agroalimentaire a aussi rappelé que les détails quant
tries », a-t-il conclu. du Canada, a profité de son passage aux mesures d’indemnisations pour
à l’AGA pour réitérer que son gou- l’Accord Canada–États-Unis–Mexique
HOMMAGES
MERCI BRUNO LETENDRE! MERCI ALAIN BOURBEAU!
Bruno Letendre (à droite) accompagné de sa famille. Alain Bourbeau entouré de ses enfants et sa conjointe
(à gauche) et de Geneviève Rainville et Daniel Gobeil (à droite).
Les délégués ont rendu hommage à leur ancien L’AGA a été l’occasion de rendre hommage à
président, Bruno Letendre, en marge de l’assemblée. Alain Bourbeau, qui a consacré 30 ans de carrière
M. Letendre a été président des Producteurs de à la défense des intérêts des producteurs de
lait du Québec de 2011 à 2020, mais il cumule 18 lait du Québec. Il a été embauché par les PLQ à
ans d’implication au sein de l’organisation. Il a été titre d’économiste principal en 1990, est devenu
élu président des Producteurs de lait de l’Estrie en directeur de la recherche économique en 1995,
2002. Quatre années plus tard, il est devenu puis directeur général de l’organisation en 2008.
2e vice-président des PLQ, puis 1er vice-président Il a quitté ce poste pour prendre sa retraite
en 2009. Dans une vidéo, de nombreux proches, en 2020. Le président des PLQ, Daniel Gobeil, a
collègues et partenaires ont rappelé les grandes vanté ses talents de négociateur et sa grande
réalisations de M. Letendre et raconté des maitrise des dossiers. Il l’a aussi remercié d’avoir
anecdotes. Tous l’ont décrit comme un homme su préparer la relève de son poste et bâtir une
franc, intègre et déterminé qui n’hésite pas équipe solide en le qualifiant de grand leader.
à monter au front pour défendre les intérêts Dans une vidéo relatant son parcours au sein
des producteurs. Il faut dire que ses années de de l’organisation, de nombreux collègues,
présidence ont été mouvementées en raison partenaires et amis ont pris la parole. Tous ont
notamment des ententes commerciales négociées vanté sa grande rigueur, sa capacité à vulgariser
par le gouvernement canadien. C’est d’ailleurs les sujets économiques et sa contribution
M. Letendre qui a négocié avec ses partenaires exceptionnelle au développement du secteur
canadiens les compensations de 1,75 milliard de laitier. La directrice générale des PLQ, Geneviève
dollars versées aux producteurs pour les pertes de Rainville, a notamment souligné que le revenu
marchés reliées à l’AECG et au PTPGP. Daniel Gobeil, à la ferme ne serait pas le même si M. Bourbeau
le président des PLQ, a affirmé que M. Letendre n’avait pas croisé le chemin des producteurs
laisse un héritage énorme à l’organisation, de lait.
rappelant qu’il a participé à l’élaboration de la
stratégie nationale des ingrédients laitiers avec
les transformateurs et aux ententes de mises en
commun de P5 et P10.
10 JUIN 2022 LE PRODUCTEUR DE LAIT QUÉBÉCOIS
PLQP_2022-06-01.indd 10 22-05-18 12:08(ACEUM) seront dévoilés lors de la s’est adressé aux délégués par voix des doigts. Surtout, on ne veut pas
mise à jour budgétaire à l’automne. virtuelle. Il a salué les améliorations mettre les fermes laitières en danger
M me Bibeau a mentionné que des du secteur laitier en matière d’envi- au Québec. On est un fleuron, 37 %
programmes en agroenvironnement ronnement, soulignant la réduction de du lait canadien est produit ici. On
ont aussi été mis sur pied par son l’empreinte carbone de 9 % au cours compte sur le gouvernement pour nous
gouvernement pour aider directement des dernières années. Il a rappelé que soutenir », a-t-il insisté.
les agriculteurs dans l’adoption de le Plan pour une économie verte de son
bonnes pratiques. Elle a notamment gouvernement contient un objectif de DISCUSSION SUR LES GRANDS
souligné que les sommes allouées au réduction des émissions de méthane DOSSIERS DE L’UPA
programme des énergies propres, qui de 6 % d’ici 2030. « C’est une cible Martin Caron, président de l’Union
subventionne une partie des coûts assortie d’une enveloppe de 7 millions de producteurs agricoles depuis
d’achat d’équipement permettant de de dollars sur cinq ans qui va soutenir décembre 2021, a fait état des dossiers
réduire les émissions de gaz à effet les initiatives visant à développer importants pour son organisation. Il a
de serre, ont été triplées. « Le Québec des pratiques et des technologies et notamment mentionné que le panier
n’est pas encore allé chercher sa part ainsi aider à réduire les émissions de d’épicerie au Canada reste un des plus
du gâteau quant à ce programme, méthane des élevages », a-t-il précisé. abordables dans le monde, bien que
alors ça vaut la peine de le regarder Le président des PLQ, Daniel Gobeil les coûts alimentaires aient augmenté
attentivement », a-t-elle ajouté. a profité de la présence du ministre dans les derniers mois. « Il ne faut donc
pour rappeler que les producteurs de pas être gênés d’augmenter nos prix
LE GOUVERNEMENT lait comptent sur l’appui gouverne- pour couvrir nos coûts de production
SALUE LES EFFORTS mental pour répondre aux attentes des et répondre aux attentes sociétales »,
AGROENVIRONNEMENTAUX consommateurs. « Quand la société fait a-t-il dit. M. Caron a affirmé qu’une
DES PRODUCTEURS des choix sur des types ou des modes des priorités de son organisation est
Le ministre de l’Agriculture, des de production, ça prend un soutien d’amener les gouvernements à hausser
Pêcheries et de l’Alimentation du du gouvernement et un délai d’appli- les budgets destinés aux pratiques
Québec (MAPAQ), André Lamontagne, cation. Ça ne se fait pas en claquant agroenvironnementales à la ferme.
JUIN 2022 LE PRODUCTEUR DE LAIT QUÉBÉCOIS 11
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consommateurs et que l’objectif de car-
boneutralité des PLC vient répondre à
cette préoccupation. Le trio a indiqué
ENQUÊTE SUR LES COÛTS DE PRODUCTION 2021 : que la prochaine étape est de déve-
lopper des tactiques concrètes que
MERCI AUX ENTREPRISES PARTICIPANTES les producteurs pourront déployer à la
ferme. Les trois collègues ont aussi dit
Julie Gagnon et Sylvain Ouellet, que le logo de la vache bleue compte
de la Ferme Ciboulette inc., parmi les logos du secteur alimentaire
située dans le Bas-Saint- les plus connus au Canada. Un succès
Laurent, ont remporté le sur lequel il est possible, selon eux,
Prix de reconnaissance en de miser pour faire valoir les efforts
participant à l’enquête sur les déployés par les producteurs dans le
coûts de production 2020. Il cadre du programme proAction.
s’agit d’un prix de 4 000 $ en
argent. La ferme gagnante a LA CCL DÉTAILLE SES
été désignée par un tirage au RESPONSABILITÉS
sort réalisé sous la supervision Jennifer Hayes, nouvelle prési-
du vérificateur interne des PLQ. dente de la Commission canadienne
Ce prix vise à remercier les du lait (CCL) et première femme à la
producteurs et les productrices tête de l’organisation, était présente
qui ont participé, sur une base à l’AGA. Celle qui est aussi coproprié-
volontaire, à l’enquête sur les taire avec son père et son oncle de la
coûts de production. En 2021, ferme PineCrest située dans la Baie-
100 entreprises laitières ont des-Chaleurs a détaillé les mécanismes
accepté de collaborer avec le qui permettent à la CCL de remplir son
Julie Gagnon et Sylvain Ouellet de la rôle. D’un côté, a expliqué Mme Hayes,
Groupe AGÉCO à cette enquête.
Ferme Ciboulette inc. et leurs enfants
la CCL a le mandat de permettre
Maxime, Marie-Pier et Myriam.
aux producteurs « d’obtenir une juste
rétribution pour leur travail et leurs
investissements ». De l’autre, elle a
le devoir auprès des consommateurs
« d’assurer un approvisionnement
Selon lui, les budgets actuels sont net- maux. « Il va falloir aussi travailler avec continu et suffisant de produits lai-
tement insuffisants si on les compare l’Office des professions pour que les tiers de qualité ». Mme Hayes a précisé
à ceux octroyés aux États-Unis. Le actes réservés aux vétérinaires soient que la CCL doit atteindre l’équilibre
président a poursuivi en disant qu’il modifiés », a-t-il ajouté. Il est temps, entre ces deux rôles dans toutes les
trouve inacceptables les processus a précisé Martin Caron, que les tech- décisions qu’elle prend.
administratifs liés aux exigences envi- niciens soient autorisés à pratiquer
ronnementales du gouvernement du certains actes actuellement réservés RETOUR SUR LES
Québec qui s’ajoutent à celles du pro- aux vétérinaires. INNOVATIONS ET LES
gramme proAction. « On est enterrés CHANGEMENTS AU CIAQ
par la paperasse […] J’ai eu une ren- LES DÉFIS ET LES PRIORITÉS Johanne Chartier, la nouvelle direc-
contre avec le ministre et j’ai été très DES PLC trice générale du CIAQ, est revenue
clair. Je lui ai dit que ça ne marchait Pierre Lampron, Jacques Lefebvre sur les décisions d’affaires que son
plus », a-t-il indiqué. et Pamela Nalewajek, respectivement organisation a prises dans les derniers
Martin Caron a pris le temps de président, chef de la direction et vice- mois, comme la délocalisation des
répondre à plusieurs questions. Un présidente marketing des Producteurs taureaux de Sainte-Marie-Madeleine,
délégué lui a demandé comment il est laitiers du Canada (PLC), ont traité le passage de deux à une visite par
possible de faire face à la pénurie de les dossiers prioritaires de l’organisa- jour à la ferme des inséminateurs et la
vétérinaires qui sévit dans certaines tion. L’élaboration de stratégies pour modernisation du laboratoire Boviteq.
régions et qui risque de devenir un l’atteinte de la carboneutralité en 2050, Elle a aussi présenté la boutique en
problème à l’échelle du Québec éven- la réduction du fardeau administratif ligne du CIAQ, qui permet maintenant
tuellement. M. Caron a mentionné des producteurs et les modalités pour d’acheter des semences. Les produc-
que l’UPA, l’Association des médecins l’octroi des compensations en lien teurs peuvent choisir parmi tous les
vétérinaires du Québec, le MAPAQ et avec l’ACEUM, voilà les sujets qui taureaux du CIAQ et filtrer les résul-
l’Ordre des médecins vétérinaires du ont notamment été discutés. Ils ont tats de leur recherche selon différents
Québec se réunissent pour trouver rappelé que l’empreinte environne- critères, comme le prix, la production
des solutions et valoriser la profession mentale des aliments est au cœur de lait et la race. ■
de vétérinaire pour les grands ani- des décisions d’achat des plus jeunes
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Par ANDRÉ PIETTE, journaliste
Objectif :
trois kilos Au sein des troupeaux laitiers qué-
bécois, la consommation volontaire
de fourrages est d’environ 15 kilos
de matière sèche par vache, par jour.
Certaines exploitations font cepen-
dant beaucoup mieux. « Il y en a qui
atteignent 20 ou 21 kilos, rapporte Luc
Morissette, conseiller technique – rumi-
Les concentrés alimentaires coûtent très cher. Pour réduire nants chez Bélisle Solution Nutrition. »
Il précise : « Je vois des troupeaux à
la facture sans affecter la production de lait, une des 40 kilos de lait où la ration comporte
meilleures pistes consiste à augmenter la consommation à peine 50 % de fourrages et d’autres
avec le même niveau de production qui
volontaire de fourrages. Voici des conseils pour y arriver. sont à 80 % de fourrages. »
« Les rations les plus fourragères équivalent à 1,1 % du poids vif de l’animal, indique Luc Morissette. Avec des fourrages de qualité, cela représente
environ 8 kilos par jour de fibre fNDF. Pour une vache de 650 kilos qui consomme un mélange légumineuse-graminée dosant autour de 45 % de fibre
NDF, ça donne environ 18 kilos de fourrages sur base 100 % matière sèche. »
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« Quand tu as un fourrage qui a une qualité
élevée à la récolte et qui est ensuite bien
conservé, tu peux espérer en faire manger
des quantités impressionnantes.
- Luc Morissette.
«
Hausser la consommation fourra- est généralement d’environ 1,0 %. Les lait par vache, par jour, le gain net
gère de trois kilos, passer par exemple rations les plus fourragères atteignent serait de l’ordre de 24 000 dollars par
de 15 à 18, serait-il un objectif réaliste? 1,1 %. Avec des fourrages de qualité, année (voir l’encadré, p. 16).
« Absolument! », répond le conseiller, cela représente environ 8 kilos par Comment s’y prendre pour gagner
qui a fait de la consommation volon- jour de fibre fNDF. Pour une vache de ces trois kilos? Le conseiller se
taire de fourrages son cheval de 650 kilos qui consomme un mélange concentre sur trois éléments de ges-
bataille. « Une vache a la capacité de légumineuse-graminée dosant autour tion qui sont susceptibles, selon lui, de
consommer quotidiennement de 1,2 de 45 % de fibre NDF, ça donne environ générer les meilleurs gains potentiels.
à 1,3 % de son poids vif en fibre NDF, 18 kilos de fourrages sur base 100 %
1
explique-t-il. Il s’agit de la fibre NDF matière sèche. » SOIGNER…
totale, qui prend en compte à la fois Grimper de 15 à 18 kilos peut rap- LA CONSERVATION
les fourrages, les grains et les autres porter gros. Luc Morissette calcule que « La conservation, je dirais que
ingrédients de la ration. La fNDF, c’est- pour un troupeau typique de 90 vaches c’est l’aspect le plus négligé de la
à-dire la fibre provenant des fourrages, produisant en moyenne 31,4 litres de gestion des fourrages, estime Luc
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PLQP_2022-06-01.indd 14 22-05-18 12:10Morissette. Les gens ont amélioré cause par exemple d’une longueur de
beaucoup leur régie de récolte. Ils hachage excessive ou d’un taux de
fauchent au bon stade et organisent matière sèche trop élevé. Les raisons
des chantiers efficaces. Mais un aspect possibles sont nombreuses. Alors, on a
souvent négligé, c’est la conservation. un fourrage qui dosait 20 % de protéine
On met ça dans le silo et on ne s’en brute à la récolte et on se ramasse
occupe plus! Après, malheureusement, avec 15 % et même plus de cette pro-
quand on sort le fourrage du silo, on téine sous forme d’ammoniaque dans
constate avec regret que la conserva- l’ensilage. Ammoniaque que la vache
tion a altéré la qualité initiale. Quand va excréter dans le lait et dans l’urine
tu as un fourrage ayant une qualité pour ne pas s’intoxiquer. »
élevée à la récolte et qui est ensuite Le conseiller croit qu’il y a plusieurs
bien conservé, tu peux espérer en aspects sur lesquels on peut intervenir
faire manger des quantités impres- pour améliorer la conservation d’un
sionnantes. Mais s’il manque un des ensilage. Entre autres, faucher à au
deux aspects, c’est clair que tu pars « Je vois des rations qui auraient le potentiel moins quatre pouces de hauteur pour
avec une prise contre toi. » de soutenir davantage de production, lance ne pas ramasser de terre. Pour la même
Luc Morissette. J’ai l’impression que certains raison, bien ajuster le râteau. Et bien
« Si on n’a pas un beau profil de
producteurs laissent de l’argent sur la table.
fermentation, le pH n’est pas assez sûr, compacter adéquatement le silo.
Je les encourage à approfondir la question et à
bas pour que l’ensilage se stabilise, faire plus confiance à leurs fourrages. »
2
poursuit-il. Alors, la valeur nutritive SI LE VOLUME
se détériore, tout comme l’appétence. DE PRODUCTION EST
Une des façons de mesurer la détério- que la protéine s’est dégradée pendant INSUFFISANT
ration de la qualité de la protéine de le processus de fermentation. Parce On a calculé les besoins fourragers
l’ensilage, c’est par la quantité d’am- que ça a pris trop de temps. Parce du troupeau. On a évalué l’état des
moniaque. Un niveau élevé indique qu’il est entré de l’air dans le silo à prairies. Le diagnostic est clair : la
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récolte fourragère ne suffira pas. Dans
ce cas, même rendu au mois de juin,
Luc Morissette affirme qu’il est encore
UN EXEMPLE DE L’IMPACT possible d’accroître ses volumes four-
DE LA CONSOMMATION FOURRAGÈRE ragers. Il s’attarde sur deux moyens
en particulier. Les deux concernent
SUR LA RENTABILITÉ les vieilles prairies. « On a tendance
Voici une comparaison de rentabilité entre deux entreprises à ne pas renouveler assez souvent
cultivant 55 ha en fourrages et dont le troupeau de 90 vaches nos prairies, constate-t-il. D’où une
produit 31,4 litres lait/va/jour, soit 2 824 litres de lait à 4,39 % perte graduelle de densité, et donc de
gras (124 kg mg/jour). rendement. Dans une telle situation,
certains vont faire la première récolte,
détruire la prairie au glyphosate, puis
CAS 1 : RATION À 20,5 KG MS FOURRAGES/VACHE/JOUR y semer une plante de climat chaud
Le troupeau consomme : comme l’herbe du Soudan ou le sorgho
fourrager. »
- 1 350 kg d’ensilage de maïs/jour (sur base 100 % MS) « Il faut faire un semis direct, pré-
Équivaut à la production de 0,0711 ha à raison d’un rendement cise-t-il, parce que rendu à la mi-juin,
de 19 tm MS/ha tu ne veux pas brasser le terrain pour
- 500 kg d’ensilage de foin/jour. Équivalent de la production éviter de l’assécher. Sinon, la plante
de 0,0556 ha avec un rendement de 9 tm MS/ha fourragère va manquer d’eau. »
Surface totale en fourrages : 0,1267 ha/jour Son autre suggestion concerne l’im-
plantation d’une nouvelle luzernière.
Surface requise pour produire 1 kg gras : 0,00102 ha
Luc Morissette insiste sur le choix
Revenu/jour selon le prix net payé en février 2022 des espèces qui se combineront à la
(87,91 $/hl ou 20,03 $/kg gras) : luzerne. « On parle encore beaucoup
- Brut (124 kg gras/jour x 20,03 $/kg gras) : 2 484 $/jour de fléole des prés en combinaison avec
- Avec marge alimentaire : 1 787 $/jour (basé sur les coûts la luzerne, s’étonne-t-il. C’est peut-être
standard des fourrages et des concentrés disponibles en la pire graminée à combiner avec elle!
février 2022) Dans la luzerne, on parle d’un rythme
de croissance de 28 jours, grosso modo,
et la fléole ne peut pas supporter ça.
CAS 2 : RATION À 17,5 KG MS FOURRAGES/VACHE/JOUR Ni le brome, d’ailleurs. De plus, les
Le troupeau consomme : deux espèces résistent mal à la séche-
resse. On obtient une première coupe
- 1 170 kg d’ensilage de maïs/jour (sur base 100 % MS)
mélangée, puis les suivantes sont
Équivaut à la production de 0,0616 ha à raison d’un
en luzerne pure. Or pour faire du lait
rendement de 19 tm MS/ha
fourrager, ça prend de la constance, de
- 405 kg d’ensilage de foin/jour. Équivalent de la production l’homogénéité tout au long de l’année.
de 0,0455 ha avec un rendement de 9 tm MS/ha Il faut donc être capable de reproduire
Surface totale en fourrages : 0,1071 ha/jour coupe après coupe le même mélange.
Surface requise pour produire 1 kg gras : 0,00086 ha Il y a des graminées qui offrent une
bien meilleure synchronisation et une
Revenu/jour selon le prix net payé en février 2022
repousse supérieure. Les fétuques, par
(87,91 $/hl ou 20,03 $/kg gras) :
exemple. Dans des sols séchants, les
- Brut (124 kg gras/jour x 20,03 $/kg gras) : 2 484 $/jour dactyles sont impressionnants. »
- Avec marge alimentaire : 1 680 $/jour Le conseiller suggère aussi de
grainer le mélange avec de l’herbe
du Soudan : « Je fais beaucoup d’im-
CONSTAT plantation de prairie en juin avec un
La ration plus fourragère procure une économie totale de accompagnement d’herbe du Soudan
39 055 $/an. Par ailleurs, comme la ration moins fourragère exige pour compenser le faible rendement du
moins de surface de culture, soit 7,24 ha, on peut considérer mélange fourrager la première année.
que cette surface en moins sert à la production de maïs grain, Et juin est un bon moment, parce
ce qui génère un revenu net de 15 204 $. Le bilan final demeure que l’herbe du Soudan demande un
néanmoins favorable à la ration plus fourragère par un écart sol chaud. »
de près de 24 000 $. « Par ailleurs, ajoute-t-il, il y a des
régions où la luzerne n’est pas à l’aise.
On règle le problème en la remplaçant
par le trèfle rouge, qui est moins exi-
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