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OPÉRATIONNELS SOUTIEN LOGISTIQUE DÉFENSE SÉCURITÉ Aviation militaire Le défi de la Covid, par le général (2S) Laurent AUTOMNE 2020 NUMERO #50 Naval « Top Gun Revisited », with Rear-Admiral Brophy Sécurité La lumière, arme de première ligne
... SOMMAIRE ... SOMMAIRE ... SOMMAIRE ...SO SO 4 Editorial Dans l’œil du cyclone Par Murielle Delaporte 6 L’analyse du Conseil éditorial Obligation de permanence ... Les défis de l’aviation militaire face aux effets de la Covid-19 Par le général de corps aérien (2S) Jean-Marc Laurent 12 Formation aéro Pilotes Ecole de l’aviation de chasse de Tours : la fin d’une époque Par Frédéric Lert ESO Aéro Rochefort, creuset de la formation des sous-officiers aéro Par le lieutenant-colonel (R) Pascal Podlaziewiez 24 Naval In English Fop Gun Revisited: Preparing for the Great Power Competition An Interview with Rear Admiral Richard Brophy By Robbin Laird Innovation Par Linda Verhaeghe Rencontres du Morbihan : innovation de défense et technologies duales à l’honneur Entretien avec Jean-Michel Jacques Guerre des mines : du nouveau chez RTsys Menaces ... Effet Covid ... Les voies maritimes de plus en plus prisées par les narcotraficants Par Romain Petit 36 Sécurité Tactique Eclairer pour vaincre : la lumière comme première ligne de défense Dossier de Claude Corse, avec le retour d’expérience de Thierry Delhief Innovation ... En bref ... Axon : la police de demain Tixeo : la vidéo-collaboration en toute sécurité Par Claude Corse L’US Army et SOCOM renouvèlent leurs armes légères BWA : le pari européen du haut de gamme Par Philippe Couvreur Opérationnels SLDS # 50 3 Soutien Logistique Défense Sécurité
N° 50 - Automne 2020 Siège social DIESL éditorial « Chacun est responsable de tous. Défense interarmées et soutien logistique Chacun est seul responsable. Paris, France Chacun est seul responsable de tous. » Dépôt légal / ISSN : 2273-4201 Antoine de Saint-Exupéry www.operationnels.com Directrice de publication / Rédactrice en chef Murielle Delaporte m.delaporte-laird@operationnels.com Dans l’œil du cyclone 06 89 74 24 31 Par Murielle Delaporte Communication Claire Colat-Parros clairecolatparros@gmail.com La crise Covid a vulgarisé l’approche 06 83 50 08 58 d’un « monde d’avant » et d’un « monde d’après ». Si on peut être sceptique sur une Publicité Sylvana Desforges telle rupture et de tels propos tendant à h4com@wanadoo.fr l’exagération, il n’en reste pas moins que 06 10 17 29 41 cette pandémie a au moins deux effets indiscutables : d’une part, l’exacerbation Développement Claude Corse des tendances sous-jacentes avant mars claudecorse.ops@gmail.com dernier et, d’autre part, l’accélération 06 09 17 74 07 du changement de paradigme qui sévit au sein de nos sociétés et au regard des Contributeurs et Interviewés équilibres mondiaux, et que nul ne peut Colonel Guillaume Bourdeloux Raphaël Bourdon contester. Nous sommes dans l’œil du Contre-amiral Richard Brophy cyclone à bien des égards et, comme Claude Corse dans la plupart de ces phénomènes Philippe Couvreur Thierry Delhief météoroligiques extrêmes, nous sommes Lieutenant-colonel G. confrontés en son sein à de multiples Jean-Michel Jacques tornades auxquelles nous devons faire Robbin Laird Général de corps aérien (2S) Jean-Marc Laurent face tant bien que mal. Frédéric Lert Romain Petit Le cyclone, dans le domaine qui nous Lieutenant-colonel (R) Pascal Podlaziewiez préoccupe, quel est-il ? Il s’agit en Linda Verhaeghe l’occurrence du bouleversement de l’équilibre des puissances à l’échelle Relecture & Prepresse Nicole Cointement planétaire et du retour à la compétition Claire Colat-Parros militaire directe entre grandes puissances, Pauline Schaltegger dans laquelle l’Europe se trouve à la fois Impression actrice et spectatrice. Imprimerie de Champagne Les tornades sont multiples et ce numéro Abonnement aborde - au travers de ses reportages et contact@operationnels.com analyses - deux d’entre elles : Site internet Operationnels.com • La première est la transition numérique Murielle Delaporte et le défi qu’elle représente au niveau de Marc Passarelli Romain Petit la formation de militaires « zoomers » que les Armées ont parfois du mal à conserver Vidéos OPS Claude Corse Réseaux sociaux Murielle Delaporte Photo de couverture EFSOAA Les opinions exprimées au sein de cette publication n’engagent que leurs auteurs. Les © Pascal Podlaziewiez, 2020 publicités insérées relèvent de la responsabilité des annonceurs.
dans leurs rangs sur longue période. Les reportages de Frédéric Lert et de Pascal Podlaziewiez mettent en avant une partie des changements et des révolutions discrètes que l’armée de l’Air est en train de mettre en place. Le cursus de formation des pilotes, mais aussi des sous-officiers - c’est à dire tous les maintenanciers aéronautiques , quel que soit leur milieu d’appartenance (armée de l’Air, de Terre, Marine et Gendarmerie nationales) est ainsi en pleine mutation. Une immersion au sein du NAWDS – Naval Aviation Warfighting Development Center - centre d’excellence de l’US Navy pour la formation et le développement des tactiques et procédures de combat (TTPs pour « Tactics, Training and Procedures ») dans le domaine aéronaval et nouvelle école Top Gun depuis les années quatre-vingt-dix – offre un regard croisé sur les thématiques évoquées plus haut, au travers d’un entretien avec son commandant, le contre-amiral Richard Brophy : y est notamment décrite la mise à disposition d’approches numériques récemment défrichées au service de nouveaux scenarii de combat face à un - ou des - adversaires « de haut du spectre ». • La seconde tornade est bien-sûr celle de la Covid-19 qui n’a de cesse de perturber le fonctionnement normal de nos sociétés tout en accélérant la première. Dans le domaine de la défense et de la sécurité, ce sont tout d’abord les menaces qui évoluent malgré, ou à cause de, la pandémie. Un exemple caractéristique est celui de la recrudescence de l’utilisation des voies maritimes – et notamment des narcosubs – dans le traffic de drogue international, dont Romain Petit nous relate l’historique en détail. Ce sont aussi les tests de nos solidarités au sein des alliances internationales, alors que la désorganisation économique actuelle n’a pas fini d’accumuler les conséquences d’ordre budgétaire. Les premières victimes pourraient en être des pans entiers de notre industrie affectant nos capacités de protection contre des prédateurs tirant actuellement profit de cette crise. Le général (2S) Jean-Marc Laurent tire ainsi la sonnette d’alarme en ce qui concerne les attaques en règle contre le secteur aéronautique dans son ensemble et parle du risque d’un véritable « Pearl Harbour stratégique », si l’on n’y prend garde. Contrairement aux sirènes actuelles vantant les mérites d’alternatives sociétales type décroissance, notre première ligne de défense consiste plus que jamais à ne pas baisser la garde en continuant à investir dans nos forces armées et de sécurité, tant sur le plan humain que sur le plan des équipements et des innovations technologiques, dont vous trouverez quelques exemples dans les pages qui suivent au travers de reportages réalisés par Linda Verhaeghe dans le domaine naval (Rencontres du Morbihan) et par Claude Corse, Thierry Delhief et Philippe Couvreur dans le domaine de la sécurité (lampes tactiques et munitions en particulier). Si la Covid agit comme une tornade, c’est à nous tous de veiller à ce qu’elle ne génère pas une lame de fond sonnant le glas de nos démocraties occidentales … Bonne lecture à tous ! Opérationnels SLDS # 50 5 Soutien Logistique Défense Sécurité
... L’ANALYSE DU CONSEIL EDITORIAL ... POSTURE STRATEGIQUE ET COVID ... ... Obligation de permanence ... Les défis de l’aviation militaire face aux effets de la Covid-19
Par le général de corps aérien (2S) Jean-Marc Laurent Crédit photo : permanence au Commandement des forces aériennes stratégiques © Alexandre Beuzeboc, armée de l’Air, BA 125 d’Istres, mars 2018
L’aviation militaire n’a pas échappé aux effets de la COVID-19 L’impact économique et humain de la crise sanitaire de la COVID-19 sur la filière aéronautique est assurément majeur, partout dans le monde et bien entendu en France. Ses effets ont été fortement ressentis dans l’aviation commerciale dont les flottes, brutalement clouées au sol, ne reprennent que progressivement les Airs. Par voie de conséquence, c’est tout l’écosystème du transport aérien qui a dû contracter son activité et certains de ses acteurs ont d’ores et déjà été condamnés à disparaître. Si la loupe médiatique s’est largement portée sur l’aviation grand public, l’aéronautique militaire n’a pas été épargnée par la pandémie. Les forces armées françaises, mais aussi européennes et alliées, n’ont ainsi pas échappé au cataclysme sanitaire et ont été confrontées au double défi de se protéger en adoptant des mesures conservatoires tout en répondant à l’obligation de permanence opérationnelle, que ce soit au titre de la souveraineté (dissuasion, défense aérienne, action outre-mer, etc.) ou des engagements internationaux (Levant, Sahel, Baltique, etc.). Contrairement à l’aviation civile, cet impératif stratégique leur a interdit toute interruption des vols et les a obligés à assurer coûte que coûte une continuité de leur action sécuritaire dans la troisième dimension. La poursuite de ces missions de première ligne n’a pas bénéficié d’un réel éclairage médiatique et est mal appréhendée par une opinion que la réalité quotidienne a détournée vers des préoccupations plus personnelles. Certes, des événements liés à la COVID-19 ont parfois permis aux forces aériennes interarmées de sortir de l’ombre, qu’ils relèvent de la contribution à la réponse étatique (rapatriement de nationaux depuis différentes zones du monde, déplacement de malades entre régions européennes, etc.) ou qu’ils mettent en évidence des situations inhabituelles comme l’épisode de contagion sur le porte-avions Charles de Gaulle. Les manifestations de la fête nationale française ont aussi rappelé le rôle des armées dans la gestion de la crise et le volet aérien n’a pas été oublié. Pour autant, on doit constater que ces événements, médiatisés dans l’instant, n’ont pas empêché l’effet d’occultation de l’immense tension que les forces en général, et aériennes en particulier, ont supportée pour continuer à garantir la sécurité des Français, des Européens et des Alliés. Photos : atelier M88 © SIAE, 2013 Il faut dire qu’il est toujours difficile, pour ceux qui ne les vivent pas directement, de se représenter la réalité des engagements militaires. Leur éloignement, leur 8
dissémination, leur diversité et leur nature confidentielle ne facilitent pas leur appropriation à l’échelle de l’individu. En outre, il est difficile, pour un citoyen, confronté à une crise sanitaire qui peut le mettre personnellement en danger, de s’attarder sur une action militaire vue comme distante. Mais il doit savoir que la communauté de défense, et tout spécialement l’aviation militaire, a dû produire un puissant effort pour répondre aux engagements sécuritaires nationaux, européens et alliés, malgré les mesures sanitaires qu’elle a dû appliquer. Cet effort, dont on se rend mal compte de l’ampleur, aura inévitablement des répercussions humaines, techniques et donc capacitaires à court et moyen termes. Mais cela pourrait arriver à un moment où les esprits verront dans la COVID-19 une crise passée qui ne justifie plus la même urgence. Il est donc essentiel de souligner dès à présent une situation éminemment critique pour ne pas laisser penser que l’aviation militaire sortira indemne de l’épisode. Il s’agit de comprendre la nécessité, comme pour d’autres secteurs d’activité de première ligne, d’une réponse politique, économique, voire juridique à la hauteur, mais aussi du besoin d’un retour d’expérience approfondi sur le concept d’emploi des forces armées, en général, et aériennes, en particulier. La pandémie, révélateur des fragilités du concept d’emploi des forces aériennes Il serait certainement prématuré et présomptueux de vouloir évaluer exhaustivement les conséquences de la crise sanitaire sur l’action des forces aériennes françaises, quelle que soit l’armée qui les met en œuvre. En effet, derrière les impacts les plus manifestes se cachent toujours des contrecoups pervers qu’il est difficile de percevoir et de mesurer quand la crise est encore en cours. Il s’agit donc ici de seulement partager trois réflexions qui me viennent immédiatement à l’esprit et dont la prise en compte me paraît essentielle au regard de l’avenir de ces forces de l’Air. Ma première réflexion concerne la situation organique des armées françaises et de leur composante aérienne. Les profondes transformations qu’elles ont subies depuis une décennie (« subir » est le juste mot) et la forte diminution des effectifs militaires qui en a résulté rendent désormais très laborieuse la gestion opérationnelle et technique des moyens aériens en mode dégradé. Certes, la situation est en voie de redressement depuis la revue stratégique nationale de 2017 et la loi de programmation militaire qui a suivi. Mais son plein effet n’est pas encore atteint – en espérant qu’il le soit à Opérationnels SLDS # 50 9 Soutien Logistique Défense Sécurité
... L’ANALYSE DU CONSEIL EDITORIAL ... POSTURE STRATEGIQUE ET COVID ... terme -, car il est plus facile de « casser » que de « reconstruire ». Ainsi, la remise à niveau du système technico-opérationnel aérien, qui exige la formation d’experts techniques de haut niveau, demandera de nombreuses années. En attendant, la COVID-19 a été un révélateur et a plongé les forces aériennes dans une problématique humaine d’ampleur, en nombre et en expertise. Elles ont ainsi dû combiner l’absolue nécessité de confiner une partie des effectifs pour éviter un effet de contagion massif, tout en palliant une activité industrielle momentanément stoppée en grande partie. Cette situation technique a fortement impacté la capacité de maintien en condition opérationnelle (MCO), tant en métropole que sur les théâtres d’opération, d’autant qu’elle a en outre été soumise à la mise en place d’une logique de « sas sanitaires » (c’est-à-dire des quarantaines) afin d’assurer des rotations sûres de personnels. Il en a découlé une gestion complexe des spécialités et l’aggravation de phénomènes de suractivité sur certaines d’entre-elles qui ont inévitablement perturbé l’activité aérienne. Cette situation, de nature à altérer la capacité de défense et de souveraineté du pays, aurait pu être très critique s’il avait dû affronter un autre événement sécuritaire. Elle montre, si besoin en est, que les effectifs associés à un modèle d’armée ne peuvent se limiter à une « juste suffisance » économique, mais qu’ils doivent être calculés en fonction d’une contingence trop longtemps oubliée ou volontairement occultée, et pourtant intimement associée au monde combattant, qui est l’attrition. Ma seconde réflexion concerne la relation entre armées et industrie. Il faut ici en souligner sa spécificité dans un pays où l’industrie de défense nationale n’est pas seulement considérée comme un fournisseur de matériels, mais, avant tout, comme un acteur à part entière de la posture de défense. Derrière le volontarisme des entreprises de la base industrielle et technologique de défense (BITD), il est un cadre légal qui ne leur permet pas, souvent à leur corps défendant, d’agir dans la même dynamique d’exception que les militaires. La crise de la COVID-19 en a été une démonstration marquante, puisque les règles du confinement et le droit civil du travail ont quasi instantanément figé la capacité d’action des principaux partenaires industriels des forces aériennes. Ces dernières ont alors dû prendre à leur compte une partie du MCO de niveau industriel, en fait celui qui aurait bloqué l’exigence de continuité et de permanence opérationnelles. Cette situation nous rappelle que la capacité de résilience de ce qu’il est convenu d’appeler le niveau de soutien opérationnel et le nécessaire empiètement de ce NSO sur des tâches de niveau industriel ont fait l’objet d’âpres – et hélas vains - débats lors de la transformation de la défense caractéristique de la décennie précédente. Nombreux, hors des armées, ont alors voulu réduire la capacité technique des forces à sa plus simple expression, au nom de l’idée aussi innocente que dangereuse de recentrer le militaire sur le seul emploi des armes, excluant de fait sa capacité technique à les maintenir en situation industrielle dégradée. Heureusement, l’aviation militaire a su habilement garder, contre ces vents idéologiques mauvais, une partie de son expertise avancée et construire une complémentarité résiliente avec ses partenaires industriels. Mais elle n’a pu éviter la réduction des effectifs militaires et l’affaiblissement capacitaire en cas de crise grave. La COVID-19 est aujourd’hui un révélateur du choix à faire entre efficience et efficacité, entre logique économique et robustesse stratégique. La relation Etat- Industrie doit certes se construire sur une complémentarité de compétences, mais aussi sur un recoupement, voire une redondance, qui, si ils ne sont par nature pas les moins coûteux, s’avèrent indispensables à la protection du pays. Ma troisième réflexion concerne les risques liés à la concentration des forces, en général, et celui des forces aériennes tout spécialement. La logique économique - qui ne date pas de la dernière décennie, mais court depuis la fin de la Guerre froide - a conduit à fortement réduire le nombre des bases aériennes et à concentrer les moyens sur quelques emprises. Cette concentration aurait pu être encore plus drastique, puisque l’optimum économique recherché prônait des bases aériennes abritant quatre à cinq mille personnes et non deux à trois mille conformément aux modèles qui prévalent à l’heure actuelle. En effet, pour des raisons stratégiques et 10
FFDJ © Murielle Delaporte, Djibouti, 2014 environnementales – notamment la limitation de l’impact de l’activité aérienne sur les populations -, les armées ont réussi à contenir les tentations technocratiques. Cette réduction a certes été en adéquation avec le nombre des aéronefs qui, lui aussi, a lourdement décru. Elle a également permis de créer des synergies technico- logistiques devenues indispensables. Mais la crise de la COVID-19 a non seulement montré la vulnérabilité des concepts qui favorisent la concentration des forces, mais doit nous servir de guide pour en éviter leur développement à l’avenir. Cette exigence ne se limite pas au seul risque sanitaire et ce qui est vrai pour une pandémie l’est aussi pour d’autres menaces à effet collectif comme celles des armes NRBC ou des attaques par la voie des Airs. Je pense ici aux missiles qui seront les « agresseurs » aériens du siècle et dont on constate à la fois la prolifération et l’augmentation de la précision. Ces risques plaident pour une dispersion des forces, principe militaire qui n’est pas innovant, mais qui a largement été oublié au profit de dispositifs obligeant à les rassembler en un même lieu. Les épisodes médiatisés des porte-avions Charles de Gaulle ou Théodore Roosevelt sont, à cet égard, marquants et instructifs. Réunir autant de personnels sur de tels bâtiments crée un risque majeur face à une menace à laquelle il n’est pas possible d’échapper : aujourd’hui un virus, demain un missile balistique ou armes sous-marines hyper véloces telles que nombre de puissances militaires développent actuellement. La problématique est la même pour certains dispositifs à terre qui, ayant progressivement abandonné les réflexes de durcissement de la Guerre froide, constituent de véritables pièges stratégiques. Je pense ici aux bases aériennes massives, comme celles qui ont été créées en Afghanistan (Kandahar ou Bagram), avec leurs trente mille combattants chacune, ou au centre de gestion des opérations aériennes (CAOC) d’Al Udeid au Qatar qui accueille plus de dix mille militaires et constitue un cœur vital des opérations aériennes. Cette concentration de forces, qui témoigne d’une époque où la supériorité aérienne acquise a écarté la menace venant des Airs, doit être reconsidérée. La probabilité croissante d’un conflit majeur, où les rapports de force seront d’une autre nature que ceux connus depuis trente ans, oblige à refuser les regroupements opérationnels massifs à la portée des menaces que les nouvelles technologies nous font craindre. Elle nous incite, au contraire, à favoriser les dispositifs légers et en réseau dont la force reposera sur les promesses de la connectivité. Sans cette précaution et la prise en compte des autres risques évoqués ci-dessus, nous risquons de nous mettre dans la posture d’un Pearl Harbour stratégique. Opérationnels SLDS # 50 11 Soutien Logistique Défense Sécurité
Formation pilotes AAE
Ecole de l’aviation de chasse de Tours : la fin d’une époque Texte et photos de Frédéric Lert Le 2 juillet dernier, une page s’est tournée sur la base aérienne 705 avec une ultime cérémonie de macaronage au sein de l’Ecole de l’aviation de chasse 00.314 (EAC). La base aérienne perd ses activités aéronautiques, ses Alphajet et son Escadron de soutien technique aéronautique, mais son évolution vers un autre chapitre de son existence devrait lui permettre de continuer à vivre et à prospérer. Le coup d’envoi des cérémonies aurait dû être donné le 14 mai 2020 au cours d’une journée de célébration en présence en particulier des ambassadeurs de l’armée de l’Air et de l’Espace (AAE), Patrouille de France et Rafale solo display. Le Coronavirus a eu finalement raison de ces préparatifs et l’Ecole de l’aviation de chasse (EAC) située sur la base aérienne de Tours a ralenti ses activités dans la plus grande discrétion, jusqu’à la très symbolique mission du 5 juin dernier : ce jour là, un box de quatre Alphajet a été envoyé pour survoler une dernière fois quelques communes emblématiques de la région, telles que Saumur et Cinq-Mars- la-Pile, ainsi que le château de Villandry. Le 2 juillet suivant, douze pilotes et six navigateurs de combat, étaient macaronés en présence du général Lavigne, chef d’état major de l’armée de l’Air et de l’Espace. Fin d’une époque et quasi fin de l’activité aéronautique militaire sur la BA 705, l’EAC a transféré depuis le 16 septembre son activité deux cent cinquante kilomètres plus au sud, sur la base aérienne 709 de Cognac. Les futurs pilotes de chasse y suivent dorénavant, à bord des très modernes Pilatus PC21, la phase III de leur formation. Plus qu’une page qui se tourne, c’est un livre entier qui se referme : l’EAC s’était installée en Touraine en 1961 après sa création en 1943 sur le sol marocain, et les Alphajet, chasseurs franco-allemand fabriqués par Dassault-Dornier, y avaient peu à peu remplacé, dès 1979, les Lockheed T-33 dont elle était dotée depuis 1951. Ce sont ainsi plus de quatre mille huit cent cinquante pilotes de chasse et près de trois cent navigateurs officiers système d’armes (NOSA) qui auront été formés sur la BA 705. Les cinq derniers biplaces encore basés à Tours au début de l’été ont aujourd’hui rejoint la base de Cazaux et sa 8ème escadre de chasse, ainsi que la base de Rochefort comme matériel d’instruction. Un avion devrait se retrouver en stèle à l’entrée de la base afin d’en pérenniser le souvenir. Opérationnels SLDS # 50 13 Soutien Logistique Défense Sécurité
Réallocation de l’ESTA 15.314 Val de Loire Pour les trois hangars emplis d’outillages, la solution En charge de l’entretien et la mise en oeuvre des avions a consisté à placer ces derniers à la disposition des au profit de l’EAC, l’Escadron de Soutien Technique autres bases. Les équipements les plus anciens étaient Aéronautique (ESTA) 15.314 « Val de Loire » a été des plieuses datant de l’arrivée à Tours, en 1961. bien-sûr concerné au premier chef par la manœuvre logistique née du transfert d’activité. « Ces outillages étaient utilisés par les ... FORMATION PILOTES DE CHASSE ... REPORTAGE ... chaudronniers dont les compétences restent « Nous avons eu le temps de nous préparer très recherchées » souligne le lieutenant-colonel à cette situation » souligne d’entrée de jeu le G. « Sur les quatre sous-officiers qualifiés que lieutenant-colonel G., qui commanda l’escadron nous avions, l’un est parti à Solenzara, l’autre jusqu’à l’été dernier. « En 2018 nous étions encore à Orléans et deux resteront ici un peu plus cent soixante au sein de l’ESTA. Au début de longtemps pour participer au démantèlement l’été 2020, nous n’étions plus que cent vingt de nos installations. L’atelier CND (contrôle pour descendre à une trentaine de personnels en non destructif) sera envoyé à Orléans et ses septembre pour former un échelon liquidateur. spécialistes se répartiront entre cette base et Notre personnel a été réparti au sein de bases celle de Nancy ». qui sont en pleine croissance avec l’arrivée d’aéronefs nouveaux, comme Orléans, Cognac La base aérienne 120 de Cazaux, qui doit donc ou Istres… héberger le dernier ESTA dédié aux Alphajet (lequel De nombreux mécaniciens travailleront à entretient à ce titre les appareils de la Patrouille de présent sur MQ-9 Reaper, Airbus A400M, France pourtant basés à Salon-de-Provence), hérite ou A330 Phénix. Quelques-uns gagneront quant à elle de nombreux savoir-faire et équipements. également Cazaux et poursuivront leur « Nous étions par exemple les seuls à disposer carrière sur les Alphajet de la 8ème escadre de de valises de test pour le système de freinage chasse. Depuis mon arrivée au Val de Loire en modistop de l’Alphajet », poursuit notre 2015, j’ai reçu beaucoup de jeunes mécaniciens interlocuteur, et cette compétence sera transfèrée à et j’ai vu le départ de nombreux anciens, ce qui Cazaux. a fait de l’ESTA une unité avec une moyenne d’âge très jeune. Changer d’avion a été pour « La BA 120 recevra à partir de 2021 l’unité tous ces jeunes sous-officiers un vrai défi, d’instruction spécialisée qui disposait de mais les mutations se sont bien passées. La nombreux équipements didactiques ». plupart d’entre eux ont pu rejoindre la base de Depuis septembre, l’échelon liquidateur resté en place leur choix. » démantèle les dernières installations militaires. Il 14
assure également le soutien en oxygène des avions de la pompiers et contrôleurs militaires ainsi que d’une permanence opérationnelle qui sont encore pendant partie du soutien logistique retranchera environ cent quelques mois les derniers aéronefs militaires présents cinquante personnels supplémentaires. sur la base. Il est vraisemblable que l’ESTA sera dissout en juin 2021 à l’issue de cette ultime mission. « En revanche, de nouvelles unités vont venir s’installer sur la BA 705 », poursuit le Horizon 705 : Soutien et Ressources colonel Bourdeloux. « Le Centre de gestion des humaines au programme matériels techniques de l’armée de l’Air et de l’Espace (CGMTAE), qui s’installera dans La fin de l’activité aéronautique militaire ne va l’ancien bâtiment de l’EAC, doit accueillir une cependant pas être synonyme de la fin de l’activité de quarantaine de personnes. Dans les mois à la base, loin s’en faut. Portée par le projet Horizon 705,venir sera par ailleurs créée la Division centre la base aérienne va désormais connaître une nouvelle maintenance radar sol (DCMR), tandis que la histoire : « au 1er juillet 2021, l’affectation des Division des ressources humaines de l’armée de installations aéronautiques sera officiellement l’Air et de l’Espace (DRHAAE), qui regroupait transférée au ministère des transports », souligne déjà quatre cents personnes sur le site avant le l’actuel commandant de la base, le colonel Guillaume transfert de l’EAC, sera densifiée. On prévoit Bourdeloux. « Les collectivités prendront alors la notamment la création d’un centre d’examen main sur les deux-tiers des trois cents hectares unique pour l’armée de l’Air et de l’Espace. de la base et sur onze bâtiments dont la tour de A l’été 2021 arrivera également depuis Dijon contrôle et les hangars. Mais paradoxalement, l’école de formation des officiers RH, soit une l’arrêt de l’activité aéronautique militaire dizaine de personnels supplémentaires ». aura un impact très limité sur le nombre de militaires présents sur la BA 705 ». Et la liste n’est pas close, puisque le chantier interministériel prévoyant de déplacer différents En comptant les unités de soutien et le centre radar services de Paris vers la province intéresse également de Cinq-Mars-la-Pile qui y est rattaché, la BA 705 Tours. Une densification supplémentaire du site est accueillait au premier juillet dernier environ deux donc envisageable à horizon 2023, avec finalement mille deux cents militaires. Le déménagement de à cette date un nombre de personnels sur le site qui l’ESTA et de l’EAC entraîne le départ de deux cents pourrait être, peu ou prou, équivalent à ce qu’il est personnels, tandis qu’à l’été 2021, celui des derniers aujourd’hui. Opérationnels SLDS # 50 15 Soutien Logistique Défense Sécurité
Formation aero interarmees
Rochefort, creuset de la formation des sous-officiers aéro Texte et photos de Pascal Podlaziewiez Créée au début des années 1970, la base aérienne 721 de Rochefort est la seule base construite de toutes pièces sur le territoire français, les autres bases étant issues d’installation déjà existantes et modernisées au fil des ans. La 721 a ainsi la particularité d’avoir été conçue au départ comme un campus universitaire disposant dans chaque bâtiment de salles de cours, de bureaux, de lieux d’études et de chambres d’élèves. Aujourd’hui encore ce principe fait foi et tout est fait pour l’instruction et l’acquisition des savoirs. Creuset de la formation des sous-officiers de l’armée de l’Air et de l’Espace (AAE), la mission première de l’école de formation des sous-officiers de l’armée de l’Air (EFSOAA) est de former tous les futurs sous- officiers de l’AAE à leur nouveau statut de militaire. On y forme d’abord des militaires avant de former des techniciens. En 2020, mille cinq cents élèves sous-officiers (ESO) y séjourneront, soit deux fois plus qu’il y a seulement quatre ans . Au total à ce jour, l’EFSOAA délivre annuellement plus de sept mille actions de formation, au bénéfice de plus de six mille élèves ou stagiaires. Plus de deux mille élèves ou stagiaires suivent ainsi quotidiennement des cours au sein de la base école de Rochefort. L’EFSOAA, maison mère des sous-officiers et épine dorsale de l’AAE Le cursus débute donc par une formation militaire initiale (FMI) d’environ quatre mois, au cours de laquelle le jeune engagé apprend les rudiments du métier des armes. A l’issue de la FMI, les élèves vont poursuivre une formation générale de spécialité dont la durée varie en fonction de la technicité du métier enseigné (de trois mois à un an ou plus selon le cas). Puis, en fonction des résultats obtenus (le choix se faisant par mérite dans l’ordre du classement), les jeunes sergents choisissent leurs affectations lors d’un amphi de garnison et sont affectés dans une unité opérationnelle avec un « certificat élémentaire ». Durant toute sa carrière, le sous-officier revient en formation à l’EFSOAA à chaque phase de son évolution professionnelle pour obtention d’un certificat de spécialiste (chef d’équipe), puis pour attribution d’un certificat de cadre de maîtrise (chef de service), ou encore pour certains stages plus spécifiques. Sur la trentaine de spécialités ouvertes aux sous-officiers dans l’AAE, l’EFSOAA assure la formation d’une dizaine d’entre elles. Ces spécialités concernent les métiers à dominante technique comme ceux de la maintenance des aéronefs (vecteur-moteur, avionique, structure aéronefs, armement bord), ceux liés à son environnement (infrastructure opérationnelle, logistique…), ou encore ceux permettant d’opérer les systèmes d’information, de communication ou de détection. Le volume de personnels formés à l’EFSOAA représente ainsi plus de soixante pour cent de ceux formés dans l’ensemble des écoles de spécialité issues de l’AAE (commandos de l’air, contrôleurs aériens …), d’autres armées (matériels d’environnement ou de transmission de l’information …), ou interarmées (spécialité ressources humaines notamment). Opérationnels SLDS # 50 17 Soutien Logistique Défense Sécurité
soutenue par le campus numérique Rochefort (CNR). Grâce à un réseau d’ordinateurs et de serveurs auxquels ont accès les instructeurs et les élèves (depuis leurs smartphone ou tablettes numériques), un vaste fonds documentaire didactique a ainsi été développé et mis à disposition de tous. Il comporte des cours numérisés, des vidéos, des animations 2D ou 3D, de la réalité virtuelle voire augmentée, des tests pour mesurer ses connaissances et de l’information sur la vie de la promotion, etc… Cette base de donnée est améliorée, complétée et évolue tous les jours grâce notamment à l’implication des instructeurs. Des instructeurs, qui, il est important de le souligner, sont tous volontaires pour servir et partager leur savoir technique, opérationnel et militaire. Ils sont tous au moins BS « breveté supérieur ». Après un acte de volontariat, le futur instructeur voit son dossier étudié ; il est ensuite audité par ses pairs avant d’être affecté pour six ans sur la base, période qui pourra être prolongée sur demande de l’intéressé. Mais affecté ne Outre les sous-officiers de l’AAE, l’école accueille et veut pas dire « être immédiatement devant les élèves forme également des sous-officiers des autres armées ». Avant d’être « lâché » seul devant une classe, il va et de la gendarmerie. En effet l’EFSOAA est le pôle suivre les cours, se remettre à niveau, acquérir les d’excellence reconnu par la Direction de la Sécurité compétences pédagogiques, assurer un cours en duo, des Aéronefs d’Etat (DSAE) – l’équivalent de l’EASA avant de dispenser seul son premier cours sous l’égide (« European Union Aviation Safety Agency » d’un maître-instructeur. ou Agence européenne de la sécurité aérienne) pour les aéronefs mis en œuvre par l’Etat – comme Ces instructeurs sont aussi en charge de rédiger les centre unique de la formation de base de tous les contenus des cours et de les faire évoluer en fonction ... FORMATION SOUS OFFICIERS AERO... REPORTAGE ... maintenanciers aéronautiques de l’armée de Terre, des besoins des « opérationnels » et des nouveaux de la Marine nationale et de l’AAE, ainsi que de la équipements. Plus de mille cinq cents cours sont ainsi gendarmerie nationale. à disposition des instructeurs et des élèves. Des partenariats avec l’étranger sont par ailleurs en Ce réseau « d’aide à la formation » s’est ainsi avéré place avec en particulier la mise en place de sous- particulièrement précieux au plus fort de la crise officiers instructeurs d’échange entre l’EFSOAA et COVID, puisqu’il a permis d’assurer une continuité l’Ecole des sous-officiers d’Appen en Allemagne, ou de formation au profit des élèves grâce à un encore des échanges avec les forces armées espagnoles. enseignement à distance. Durant les mois de mars et L’école vient de se voir agréée « Organisme de avril 2020, environ dix mille connexions par semaine formation certifié EMAR 147 » (label européen de au CNR ont été enregistrées au profit de plus de navigabilité dans le domaine de la formation) lui mille cents cadres et élèves. Cette numérisation permettant de s’ouvrir encore davantage à terme à la de l’enseignement très prometteuse est une petite formation d’élèves étrangers. révolution en marche. La « smart school » Un taux d’échec faible validée par la Covid Lors de la signature de son contrat d’engagement Armée hautement technologique, l’AAE a développé dans un des Centres d’information et de recrutement un ambitieux projet dit « smart school » piloté par des forces armées (CIRFA), le jeune volontaire la DRHAA (direction des ressources humaines de choisit la spécialité dont il a envie. Il arrive que l’armée de l’Air) et pour lequel l’EFSOAA a pris une certains se trouvent en difficulté dans la spécialité part extrêmement importante. Cela consiste, sans initialement choisie ou réalisent que leur choix ne renier le modèle fondé sur les instructeurs issus des correspond pas du tout à leur vision du métier. S’ils forces et l’irremplaçable face à face pédagogique, en s’intéressent à d’autres métiers pendant leur phase de une démultiplication de la capacité d’enseignement formation et s’il s’avère qu’ils peuvent être aptes à le grâce aux bénéfices de la numérisation des formations, pratiquer, des réorientations vers une autre spécialité
sont alors possibles, mais elles sont relativement rares et doivent correspondre aussi aux besoins de l’institution. Associé à l’exemple donné par les instructeurs, le contact avec les unités opérationnelles, lors des stages dits « d’acculturation » réalisés durant la formation initiale ou lors d’exercices réalisés à Rochefort par des unités opérationnelles, est essentiel pour la juste orientation des élèves et l’affermissement de leur choix. Le niveau d’étude demandé pour tous les sous- officiers est le baccalauréat, filière générale, technologique ou professionnelle. Il n’y a pas de prérequis en termes de compétences initiales. S’agissant de la maintenance aéronautique, un bac général avec des options scientifiques, technologique STI2D ou professionnel filière aéronautique est évidemment bien adapté. A ce titre, l’école d’enseignement technique de Saintes - EETAA où résident les fameux Arpètes et qui présente un taux record de réussite au bac -, fournit près de vingt pour cent des élèves sous-officiers avec une quasi-certitude d’aller au bout de leur formation à Rochefort. C’est une excellente voie pour devenir sous-officier dans la maintenance aéronautique. Un nombre important d’élèves titulaires de diplômes d’études supérieures franchissent également la grille de la BA 721 par intérêt pour le métier des armes. Peu d’échecs sont constatés, et quand il y en a, ils relèvent le plus souvent de la formation initiale et rarement de la formation de spécialité. Après avoir suivi les quatre mois de formation initiale, le jeune engagé peut rejoindre un des deux escadrons de formations spécialisées en fonction de sa future spécialité, à savoir l’escadron de formation aérienne des spécialités sol (EFASS) ou l’escadron de formation à la maintenance aéronautique de défense (EFMAD). Après la formation, le sous-officier est affecté sur une base opérationnelle, mais n’est pas pour autant un spécialiste qui sera lâché seul au milieu des aéronefs. L’armée de l’Air et de l’Espace a mis en place dans les unités opérationnelles des phases de parrainage qui visent à consolider l’enseignement initial délivré à Rochefort, en le complétant par des formations - dites de « type » - adaptées au matériel mis en œuvre par l’unité d’affectation et par des formations permettant de connaître les spécificités de l’environnement opérationnel où va évoluer le jeune sous-officier. Ce sous-officier nouvellement affecté effectue
... FORMATION SOUS OFFICIERS AERO... REPORTAGE ... ainsi plusieurs stages au sein de son unité opérationnelle Les besoins de l’AAE, laquelle a beaucoup contribué ou dans des unités spécialisées, pour une durée de aux déflations d’effectifs lors de périodes précédentes, six mois à un an, en fonction de la complexité de la sont par ailleurs importants pour revenir au modèle spécialité et/ou du matériel en service. Ces stages se d’armée que la Loi de programmation militaire déroulent sous la responsabilité d’un parrain aguerri, prévoit d’atteindre en 2025. Elle a dû en effet, ceci formé d’ailleurs lui aussi à Rochefort pour être apte à avant la crise COVID, faire face à des départs cet encadrement et qui l’accompagnera tout au long en quantité non négligeable du fait d’un secteur de cette phase avant de pouvoir le déclarer pleinement industriel aéronautique concurrentiel. Il lui faut donc opérationnel. Cet échelon est alors sanctionné par à présent recruter trois mille cinq cents aviateurs par l’attribution du BE « brevet élémentaire ». an tout statut et spécialité confondus, dont environ mille quatre cents sous-officiers spécialisés à hauteur Un tel encadrement est crucial, car une fois dans le de soixante-dix pour cent dans les filières techniques bain de l’opérationnel, tout va très vite et la réussite de (cyber, informatique, réseaux et télécommunications, la mission, la sécurité aérienne et la vie des équipages mécanique aéronautique et avionique). dépendent des techniciens qui, au sol, préparent et réparent ces aéronefs, monstres de puissance et de Aujourd’hui le déficit en personnel qualifié de technologie et fleurons de nos armées. A titre indicatif, certaines spécialités doit être comblé afin de permettre sur une plateforme armée par soixante aéronefs (de un fonctionnement optimal. L’EFSOAA dispose type Rafale), mille deux cents personnes œuvrent « des capacités d’accueil d’élèves supplémentaires, à 24h/24, 7 jours sur 7 » à son bon fonctionnement. Ces condition d’accompagner cette montée en puissance sous-officiers représentent près de soixante pour cent par des formateurs en nombre suffisant et le maintien de l’armée de l’Air et de l’Espace, dont ils constituent de la qualité aujourd’hui reconnue d’une formation en quelque sorte l’épine dorsale. de haut niveau. L’EFASS Sont formés, au sein de cet escadron de formation aérienne des spécialités sol, les futurs mécaniciens radio et radar, les techniciens des systèmes et des supports de télécommunications, les techniciens réseaux informatiques et de sécurité des systèmes d’information et de télécommunication, ainsi que les logisticiens et les mécaniciens environnement aéronautique (électrotechniciens, électriciens, etc.). Il a paru utile de faire un point sur deux spécialités le mécanicien radio-radar et le mécanicien environnement aéronautique. Ces deux spécialités sont sen effet ouvent méconnues du grand public, ainsi que des personnels les côtoyant de près ou de loin, lesquels n’imaginent l’étendue des domaines de compétences concernés et surtout leur implication sur la vie d’une base. - Le mécanicien radio-radar est chargé de la mise en œuvre des radars et des radios d’une base aérienne, que celle-ci soit d’infrastructure ou projetée. La plateforme aéronautique regroupe un certain nombre de radars et de liaisons radio indispensables à la sécurité et à l’accomplissement de la mission. Il s’agit pour ces techniciens d’installer les radars - qu’ils soient d’approche, d’acquisition, de suivi, de la défense sol-air ou des drones – et d’en assurer la mise en œuvre. Ils ne font pas d’analyse des « spots » et ne sont pas derrière les écrans, ce rôle relevant des contrôleurs aériens et des analystes. Une fois les systèmes fonctionnels, ils en assurent la maintenance préventive et curative et interviennent dans l’immédiateté sur un dysfonctionnement. Sur le plan radio, ils assurent la mise en place et la maintenance des liaisons « opérationnelles » sol-sol et sol-air. Les radars et les radios des aéronefs ne sont pas dans leurs attributions. Ce sont les mécaniciens avioniques qui gèrent ces équipements. La formation de ces « radaristes » dure sept mois durant lesquels ils vont acquérir des connaissances en électronique, en radio, sur le principe de fonctionnement des radars et en informatique (traitement de l’information). Les cours comme dans toutes les spécialités sont dispensés en français, mais aussi en langue anglaise. - Le mécanicien environnement aéronautique, lui, va gérer les moyens nécessaires au fonctionnement de la plateforme, c’est à dire les tracteurs aéro (véhicules permettant de déplacer les avions sur le tarmac), les groupes électrogènes, les monte charges (escalier passager, plateaux élévateurs de bagages et de colis), les portes des abris avions (partie motorisation de portes très lourdes), les abris enterrés (groupes, sas d’entrée…) et les véhicules de servitude (camions des pompiers, camions logistiques et divers véhicules). Pour ce faire il suit une première partie de sa formation en électricité et en électrotechnique et électromécanique, mais également dans des compétences élargies comme l’accueil d’un aéronef sur un tarmac ou encore la sécurité en zone aéroportuaire. A l’issue de cette étape, il part aux écoles militaires de Bourges (EMB), où il va suivre une formation sur la mécanique.
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