369 ISFM Pour que la formation médicale reste en main des médecins
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
BMS – SÄZ Schweizerische Ärztezeitung – Bollettino dei medici svizzeri – Gasetta dals medis svizzers Bulletin des médecins suisses 365 Editorial 366 FMH 406 «Et encore…» Plafonner les coûts au Glaris plutôt que l’Allemagne par François Pilet 11 13. 3. 2019 d étriment des patients? Myopie ou cécité? 369 ISFM Pour que la formation médicale reste en main des médecins Offizielles Organ der FMH und der FMH Services www.saez.ch Organe officiel de la FMH et de FMH Services www.bullmed.ch Bollettino ufficiale della FMH e del FMH Services Organ ufficial da la FMH e da la FMH Services Published under the copyright license “Attribution – Non-Commercial – NoDerivatives 4.0”. No commercial reuse without permission. See: http://emh.ch/en/services/permissions.html
SOMMAIRE 363 Rédaction Rédaction Ethique Dr méd. et lic. phil. Bruno Kesseli, membre de la FMH (Rédacteur Prof. Dr théol. Christina Aus der Au, p.-d.; en chef); biol. dipl. Tanja Kühnle (Managing Editor); Dr phil., biol. dipl. Rouven Porz, p.-d. Dr méd. vét. Matthias Scholer (Rédacteur Print et Online); Rédaction Histoire de la médecine Dr méd. Werner Bauer, membre de la FMH; Prof. Dr oec. Urs Brügger; Prof. Dr méd. et lic. phil. Iris Ritzmann; Prof. Dr ès sc. soc. Eberhard Wolff Prof. Dr méd. Samia Hurst; Dr méd. Jean Martin, membre de la FMH; Rédaction Santé publique, épidémiologie, biostatistique Dr méd. Jürg Schlup, président de la FMH; Prof. Dr méd. Milo Puhan Charlotte Schweizer, cheffe de la communication de la FMH; Rédaction Droit Prof. Dr méd. Hans Stalder, membre de la FMH; Dr iur. Ursina Pally, cheffe du Service juridique de la FMH Dr méd. Erhard Taverna, membre de la FMH FMH ÉDITORIAL:Jürg Schlup 365 Plafonner les coûts au d étriment des patients? THÈME:Lisa Leonardy 366 Glaris plutôt que l’Allemagne ISFM:Bruno Kesseli 369 Pour que la formation médicale reste en main des médecins L’assemblée plénière 2018 de l’Institut suisse pour la formation médicale postgraduée et continue (ISFM) a, encore une fois, proposé un programme bien rempli tout en faisant une large place aux possibilités de discussion et d’intervention des participants. Le document stratégique qui comprend trois objectifs majeurs, dont le renforcement de la position de l’ISFM en tant qu’institution nationale du corps médical pour la formation médicale postgraduée et continue, a été adopté à l’unanimité. 375 Nouvelles du corps médical Nécrologie 376 In memoriam Paul Werner Straub (1933–2019) Autres groupements et institutions OFAS:Stefan Ritler 379 Le rapport médical international devient numérique TRENDTAGE GESUNDHEIT LUZERN:Anita Rauch 381 Genetik – Chance und Dilemma Courrier / Communications 384 Courrier au BMS 386 Examens de spécialiste / Communications Published under the copyright license “Attribution – Non-Commercial – NoDerivatives 4.0”. No commercial reuse without permission. See: http://emh.ch/en/services/permissions.html
SOMMAIRE 364 FMH Services 388 Praxiscomputer-Workshop 391 Emplois et cabinets médicaux (version imprimée uniquement) Tribune POINT DE VUE: Piet van Spijk 398 Eine neue Theorie des Menschen Horizons SOUS UN AUTRE ANGLE: Dominik Heim 402 G wie Generika oder die pharmazeutische Coverversion SOUS UN AUTRE ANGLE: Erhard Taverna 404 Schwarze Pädagogik VITRINE 405 Atem-Luft / Breathing air Et encore… François Pilet 406 Myopie ou cécité? ANNA Impressum Bulletin des médecins suisses tél. +41 (0)61 467 86 08, ISSN: version imprimée: 0036-7486 / Note: Toutes les données publiées Organe officiel de la FMH fax +41 (0)61 467 85 56, version en ligne: 1424-4004 dans ce journal ont été vérifiées avec et de FMH Services stellenmarkt@emh.ch Paraît le mercredi le plus grand soin. Les publications Adresse de la rédaction: Elisa Jaun, signées du nom des auteurs reflètent «Office de placement»: FMH Consul- © FMH Assistante de rédaction BMS, avant tout l’opinion de ces derniers, ting Services, Office de placement, Le Bulletin des médecins suisses est EMH Editions médicales suisses SA, pas forcément celle de la rédaction du Case postale 246, 6208 Oberkirch, actuellement une publication en libre Farnsburgerstrasse 8, 4132 Muttenz, [BMS]. Les doses, indications et tél. +41 (0)41 925 00 77, accès (open access). Jusqu’à révoca- tél. +41 (0)61 467 85 72, formes d’application mentionnées fax +41 (0)41 921 05 86, tion, la FMH habilite donc EMH à ac- fax +41 (0)61 467 85 56, doivent en tous les cas être comparées mail@fmhjob.ch, www.fmhjob.ch corder à tous les utilisateurs, sur la redaktion.saez@emh.ch, www.saez.ch aux notices des médicaments utilisés, base de la licence Creative Commons Abonnements membres de la FMH: en particulier pour les médicaments Editeur: EMH Editions médicales «Attribution – Pas d’utilisation com- FMH Fédération des médecins récemment autorisés. s uisses SA, Farnsburgerstrasse 8, merciale – Pas de modification 4.0 4132 Muttenz, tél. +41 (0)61 467 85 55, suisses, Elfenstrasse 18, 3000 Berne 15, International», le droit, non limité dans Production: Die Medienmacher AG, fax +41 (0)61 467 85 56, www.emh.ch tél. +41 (0)31 359 11 11, le temps, de reproduire, distribuer et Muttenz, www.medienmacher.com fax +41 (0)31 359 11 12, dlm@fmh.ch communiquer cette création au public. Marketing EMH / Annonces: Le nom de l’auteur doit dans tous les Dr phil. II Karin Würz, responsable Autres abonnements: EMH Editions cas être indiqué de manière claire et marketing et communication, médicales suisses SA, Abonnements, transparente. L’utilisation à des fins tél. +41 (0)61 467 85 49, fax +41 Farnsburgerstrasse 8, 4132 Muttenz, commerciales peut être possible (0)61 467 85 56, kwuerz@emh.ch tél. +41 (0)61 467 85 75, fax +41 uniquement après obtention explicite (0)61 467 85 76, abo@emh.ch «Offres et demandes d’emploi/Im- de l’autorisation de EMH et sur la base meubles/Divers»: Matteo Domeniconi, Prix de l’abonnement: abonnement d’un accord écrit. personne de contact, annuel CHF 320.–, port en sus. Photo de couverture: Bruno Kesseli Published under the copyright license “Attribution – Non-Commercial – NoDerivatives 4.0”. No commercial reuse without permission. See: http://emh.ch/en/services/permissions.html
FMH Editorial 365 Plafonner les coûts au détriment des patients? Jürg Schlup Dr méd., président de la FMH Ceux qui aiment se forger une opinion sur la base «croissance trop élevée [des coûts]» en intervenant de faits ont pu lire un rapport réjouissant fin février: le dans les conventions tarifaires (motion 18.3305). Tout système de santé suisse figure en tête de classement cela sonne bien: il ne viendrait à l’idée de personne de en Europe, grâce à ses standards élevés dans tous les défendre des coûts excessifs. Mais en réalité, ces propo domaines et à son excellente accessibilité pour des sitions visent toutes un seul et même but: soumettre le soins médicaux de très bonne qualité [1, p. 28]. Ce qui système de santé à une enveloppe budgétaire pour éco- explique aussi pourquoi 87% de la population évalue nomiser de l’argent, en laissant au monde politique – positivement notre système de santé; un chiffre record sans consulter les patients – le soin de définir quels [2]. coûts sont «injustifiés» [7]. Un défi important reste son financement, même si la situation est bien meilleure que ce qu’on entend Dire clairement où il faudra faire des éco en général: les coûts de l’assurance-maladie ont nomies risque d’effrayer les électeurs. augmenté de seulement 1,7% en 2017 [3] et ils ont même stagné en 2018 [4]. La part d’assurés qui consi- Evidemment, personne ne s’avance pour expliquer ce dère les primes comme un «problème continuel» a miracle de l’épargne sans douleur. Il ne faut surtout pas chuté à 5%, un taux historiquement bas [2]. Il y a même effrayer les électeurs en leur disant où il faudra faire des propositions concrètes pour utiliser les ressources des économies. On préfère invoquer un hypothétique de façon optimale à long terme sans alourdir les potentiel d’économie de 20% dans le système de santé, primes – et surtout sans restreindre la qualité des soins non étayé. Le PDC renvoie la balle à la Confédération et ou la liberté de choix des patients [5]. aux cantons censés prendre des «mesures» non spéci- Les efforts d’économie impliquent généralement des fiées. Les autres propositions citées ci-dessus feraient conflits, y compris dans le domaine de la santé: si tout porter le chapeau aux médecins en rationnant des le monde s’accorde sur des dépenses et des primes coûts dont la politique ne voudrait pas, par une modifi- aussi basses que possible, la plupart s’oppose à une ré- cation du tarif. duction de l’offre ou à des restrictions d’accès [6]. Cer- Personne ne veut voir la réalité qui dérange et ad- tains acteurs politiques ont d’ailleurs entrepris de réin- mettre qu’il est en général impossible de réduire les terpréter cet éternel dilemme pour s’en servir en vue coûts sans restriction. D’où le souhait exprimé par une des élections: ils promettent simplement le beurre et généraliste du canton de Glaris dans un entretien à la page 366 [8], qui aimerait «que les patients ne se préoc- Derrière de nombreuses promesses cupent pas seulement de leurs primes d’assurance- politiques se cache en réalité un budget global: maladie, et qu’ils s’informent vraiment des modifica- le choc sera grand pour les patients. tions prévues pour le système de santé». Les patients, qui a ujourd’hui «tombent des nues» lorsqu’ils appren l’argent du beurre, c’est-à-dire une diminution sensible nent que la durée de la consultation est limitée, se- des coûts sans restriction visible, ou encore des pres raient d’autant plus indignés des conséquences de tations identiques pour moins d’argent. l’instauration d’un plafond budgétaire. Au premier abord, leur message ressemble à ce que Le fait «qu’il n’y a pas encore de budget global en tout le monde voudrait entendre: les coûts de la santé Suisse» est un grand avantage, pour cette collègue ori- ne doivent pas augmenter plus fortement que les sa- ginaire d’Allemagne. Les classements internationaux laires (PDC), on a besoin d’un «plafond […] pour l’évolu- et la satisfaction générale de la population lui donnent Les références se trouvent tion des dépenses» (experts du DFI), il faut empêcher raison. Nous ne devrions pas abandonner l’excel- sous www.bullmed.ch → Numéro actuel ou une «augmentation injustifiée des quantités et des lence de nos prises en charge pour des promesses → A rchives → 2019 → 11. coûts» (proposition art. 47c LAMal) [7] ou contrer une creuses. BULLETIN DES MÉDECINS SUISSES – SCHWEIZERISCHE ÄRZTEZEITUNG – BOLLETTINO DEI MEDICI SVIZZERI 2019;100(11):365 Published under the copyright license “Attribution – Non-Commercial – NoDerivatives 4.0”. No commercial reuse without permission. See: http://emh.ch/en/services/permissions.html
FMH Thème 366 Pourquoi les médecins allemands viennent à Glaris – et y restent Glaris plutôt que l’Allemagne* Lisa Leonardy Rédactrice et cheffe de service à la rédaction de Glaris, «Die Südostschweiz» L’Allemagne déplore le départ en Suisse de nombreux médecins et soignants. Le ministre de la santé, Jens Spahn, souhaite les faire revenir. S’il y parvenait, ce serait problématique pour le canton de Glaris, car près d’un quart des médecins viennent du pays voisin. Deux médecins allemands, qui se sont eux établis dans le Pays de Glaris après avoir quitté l’Allemagne en raison des mauvaises conditions de travail, sonnent l’alarme: la situation est aussi en train de se détériorer en Suisse. Le ministre de la santé allemand, Jens Spahn (CDU), magne. J’ai passé quatre mois à Glaris et quatre mois veut faire revenir les médecins. C’est ce qu’il affirme à Bâle, comme stagiaire à l’hôpital. A l’époque, les étu- dans une interview avec le SonntagsBlick. Selon lui, les diants aimaient beaucoup la Suisse, car les hôpitaux médecins allemands employés dans les hôpitaux et les les rétribuaient contrairement à l’Allemagne. Après les EMS suisses manquent à l’Allemagne. «Les médecins études, on devait encore travailler 18 mois comme qui travaillent chez nous sont polonais, et c’est alors soi-disant médecin pour obtenir une autorisation en Pologne qu’ils font défaut, ce qui n’est pas juste», d’exercice, avec un salaire de misère et des horaires constate le ministre. difficiles. J’étais déjà contre ce système pendant mes Depuis des années, la Suisse est effectivement, et de études et, comme je voulais faire mon stage à l’étran- loin, le pays d’émigration préféré des médecins alle- ger, j’ai pensé à la Suisse, mais aussi à la Suède et à l’An- mands. Début 2017, la Fédération des médecins suisses gleterre. Pour finir, j’ai accepté le poste que m’a pro- (FMH) a communiqué que 17,7% des médecins travail- posé le chirurgien-chef de l’hôpital de Glaris alors que lant dans ce pays avaient un passeport allemand. j’y étais stagiaire. Manuel Schumacher: Moi aussi, je suis venu en 2010 comme stagiaire à l’hôpital cantonal, puis de nouveau Un système de santé en mutation après mes études. Comme j’ai étudié à Fribourg-en-Bris- Le canton de Glaris n’est pas une exception. Toujours gau, la Suisse n’était pas si loin. Je n’étais pas seulement selon la FMH, plus d’un quart des médecins suisses intéressé par les aspects financiers, mais aussi par la viennent d’Allemagne. Rien qu’à l’hôpital cantonal, possibilité d’acquérir des expériences dans un pays l’ensemble des soignants allemands représente près de étranger tout proche. J’ai donc postulé en Autriche et 30% du personnel. Alors que le ministre allemand réclame une nouvelle réglementation sur la migration des professionnels dans certains domaines, de nombreux médecins n’en- visagent pas du tout de retourner en Allemagne. Bien La Confédération investit dans que le système de santé allemand se soit un peu amé- la f ormation des médecins lioré au cours des dernières années, il présente tou- La bonne nouvelle: d’après les statistiques de la Fédération des jours de nombreux désavantages par rapport au sys- médecins suisses (FMH), le nombre total de médecins augmente tème helvétique, comme l’expliquent Yvonne Züst en Suisse. La mauvaise nouvelle: en raison du travail à temps partiel, cela n’entraîne pas la création d’autant de postes à temps et Manuel Schumacher, deux généralistes originaires plein. De plus, en Suisse, un médecin sur trois vient de l’étran- d’Allemagne qui travaillent dans le cabinet «im ger. Selon la FMH, la Suisse devra former davantage de méde- Sonnenzentrum», à Mollis. cins à l’avenir pour garantir la prise en charge médicale à long terme. La Confédération soutient la formation médicale et a * L’article «Glarus statt Madame Züst, Monsieur Schumacher, pourquoi investi 100 millions de francs supplémentaires. Actuellement, Deutschland» de Lisa dix universités forment des médecins. Les millions débloqués Leonardy a été publié êtes-vous venus en Suisse? le 18 janvier 2019 dans par le Conseil fédéral devraient permettre d’augmenter le le quotidien Die Südost- Yvonne Züst: La première fois que je suis venue en nombre de diplômes en médecine humaine de 800 à 1300 envi- schweiz, édition de Glaris. Suisse, c’était en 2001, pendant mes études en Alle- ron par année. BULLETIN DES MÉDECINS SUISSES – SCHWEIZERISCHE ÄRZTEZEITUNG – BOLLETTINO DEI MEDICI SVIZZERI 2019;100(11):366 –368 Published under the copyright license “Attribution – Non-Commercial – NoDerivatives 4.0”. No commercial reuse without permission. See: http://emh.ch/en/services/permissions.html
FMH Thème 367 budget global en Suisse, c’est-à-dire que les coûts ne sont pas plafonnés, même si une certaine tendance se dessine dans ce sens. Que voulez-vous dire? Y. Züst: Par exemple, jusqu’en 2017, nous pouvions pas- ser autant de temps que nous le voulions avec nos pa- tients et facturer en conséquence. Maintenant, on peut facturer au maximum 20 minutes, et toutes les mi- nutes supplémentaires sont gratuites. Le temps passé dans les EMS à parler du patient avec ses proches ou avec le personnel soignant a également été réduit à une demi-heure tous les trois mois. Pour diminuer les coûts de santé, l’Office fédéral de la santé publique suit malheureusement de plus en plus l’exemple allemand, Les deux généralistes Yvonne Züst et Manuel Schumacher comptent parmi les quelque ce que je trouve vraiment regrettable. Au final, ce sont 27 médecins allemands travaillant dans le Pays de Glaris. les patientes et les patients qui en subiront les consé- quences, et les médecins pourraient être attirés vers d’autres pays. en Suisse après mes études. Finalement, comme ma collègue, j’ai postulé à un poste que l’on m’avait déjà Comment les patients réagissent-ils proposé quand j’étais stagiaire. à ces changements? Y. Züst: Ils ne comprennent pas et tombent des nues. Et pourquoi êtes-vous restés dans le canton de Glaris? J’aimerais que les patients ne se préoccupent pas seule- Y. Züst: Parce que j’y ai rencontré mon mari et nous y ment de leurs primes d’assurance-maladie, et qu’ils avons fondé une famille. Mais même si cela n’avait pas s’informent vraiment des modifications prévues pour été le cas, je ne serais pas retournée en Allemagne à le système de santé. Pour les politiciens, le principal, cause des mauvaises conditions du système de santé. c’est que les primes n’augmentent pas. Et pour cela, le Depuis, la situation a un peu changé, les médecins hos- corps médical est confronté à toujours plus de régle- pitaliers bénéficient de meilleures conditions et il n’y a mentations et de bureaucratie. Si on exige de nous tou- plus de grandes différences au niveau des salaires et jours plus de tâches particulières, cela contribue aussi des horaires. Si je n’avais pas de liens familiaux ici, je à l’augmentation des coûts de santé. pourrais très bien m’imaginer travailler comme méde- cin en Allemagne. M. Schumacher: A l’origine, je ne voulais pas m’expa- trier de manière permanente, mais les postes se sont Dans le canton de Glaris, 27 médecins enchaînés. Depuis l’hôpital, j’ai pu participer au mo- viennent d’Allemagne dèle du médecin de famille, qui m’a conduit au cabinet Selon la Fédération des médecins suisses (FMH), 104 médecins d’Yvonne et de Peter Züst. Ils m’ont ensuite proposé travaillent dans le canton de Glaris, dont 40 femmes et de les rejoindre après l’examen de spécialiste. Entre- 64 hommes (chiffres de 2017). Le secteur ambulatoire en occupe 56, le secteur hospitalier 48. La densité médicale du Pays de temps, j’ai fait la connaissance de ma future épouse à Glaris est de 388 habitants par médecin. Quelque 30% des l’hôpital. Elle est infirmière et vient aussi d’Allemagne. 104 médecins en activité sont titulaires d’un diplôme de médecin Nous avons fondé une famille, avancé dans nos car- étranger. La majeure partie d’entre eux ont obtenu leur diplôme rières, et, subitement, le retour en Allemagne n’a plus en Allemagne (24 sur 31), et la tendance est à la hausse. Une re- été une option. Au fil du temps, Glaris est devenu notre cherche du quotidien Die Südostschweiz a montré qu’en 2019, au moins 27 médecins travaillant dans le Pays de Glaris étaient ori- «pays d’adoption». ginaires d’Allemagne. Selon la statistique médicale 2017 de la FMH, la Suisse compte Vous dites qu’en Allemagne les conditions du secteur 36 900 médecins en activité. Le nombre de médecins n’a cessé de la santé se sont améliorées. Alors, selon vous, quels d’augmenter au cours de ces dernières années et la moyenne avantages la Suisse offre-t-elle encore? d’âge est d’environ 49 ans. Les médecins étrangers représentent 34% du corps médical suisse et proviennent majoritairement Y. Züst: Comme je n’ai jamais travaillé en Allemagne, je d’Allemagne (54%), d’Italie (9%), de France (7%) et d’Autriche peux seulement vous dire ce que j’ai entendu. Un grand (6%). Début 2017, la FMH a indiqué que 17,7% des médecins avantage, c’est certainement qu’il n’y a pas encore de suisses avaient un passeport allemand. BULLETIN DES MÉDECINS SUISSES – SCHWEIZERISCHE ÄRZTEZEITUNG – BOLLETTINO DEI MEDICI SVIZZERI 2019;100(11):366 –368 Published under the copyright license “Attribution – Non-Commercial – NoDerivatives 4.0”. No commercial reuse without permission. See: http://emh.ch/en/services/permissions.html
FMH Thème 368 Les Allemands établis en Suisse font souvent part d’une certaine animosité contre leur nationalité. Avez-vous déjà été confrontés à ce phénomène? Y. Züst:: Non, heureusement pas. M. Schumacher: Moi non plus, je n’ai encore jamais en- tendu de commentaire négatif. Bien sûr, il se peut que ceux qui ont un problème avec ma nationalité évitent de venir me voir. Ce n’est pas exclu, mais, en principe, j’ai l’impression que les gens sont contents de recevoir des soins de qualité. Tant qu’on prend leurs problèmes au sérieux, la nationalité ne semble pas jouer un grand rôle. Y. Züst: Je peux m’imaginer qu’il n’en va pas de même dans les hôpitaux. Il arrive parfois que les patients soient pris en charge surtout par des Allemands ou des Markus Hauser, directeur de l’Hôpital cantonal de Glaris, estime que l’Allemagne personnes d’autres nationalités, de l’infirmière urgen- s’est mise elle-même dans sa situation désastreuse et regrette que la Suisse suive tiste aux assistants en radiologie en passant par le son exemple. médecin traitant. C’est donc tout à fait légitime que les patients se demandent: mais je suis où, ici? Nous nous poserions la même question en Allemagne si M. Schumacher: C’est exact. Malheureusement, en Suisse, nous étions traités par du personnel majoritairement la bureaucratie augmente, sans que cela ait toujours un étranger. sens évident. Il faudrait tirer des enseignements des er- M. Schumacher: Peut-être qu’avec le temps, les patients reurs faites en Allemagne où, selon moi, la condition des glaronnais se sont habitués aux Allemands. En effet, médecins de famille, surtout, reste très peu attractive. les cantons de montagne peinent depuis longtemps à attirer les médecins suisses. Pourquoi en est-il ainsi? M. Schumacher: En Suisse, les médecins de famille Est-ce que les médecins jouissent tout de même peuvent encore faire beaucoup eux-mêmes, par de certains avantages en Allemagne? exemple offrir des soins complets aux patients, faire M. Schumacher: Entretemps, nos collègues allemands des radios ou effectuer des analyses de laboratoire. dans les hôpitaux ont de meilleurs horaires et davan- En Allemagne, c’est différent. De plus en plus souvent, tage de temps libre. Depuis que la loi sur le travail est le médecin de famille n’a plus qu’une fonction de coor- appliquée plus strictement, ils travaillent moins que dination. Il doit se contenter d’adresser les patients leurs confrères suisses et, à ma connaissance, ont plus aux spécialistes. Les tâches administratives prennent de jours de congé. le pas sur le travail médical. Quatre questions à… Markus Hauser, directeur de l’Hôpital cantonal de Glaris 1) Monsieur Hauser, à Glaris, 30% du personnel hospitalier qui ne peuvent plus s’identifier aux conditions de travail et à viennent d’Allemagne. Quel bénéfice retirez-vous de cette situa- l’image du système de santé de leur pays. Le secteur de la santé tion? allemand s’est concentré sur la réduction des coûts, ce qui s’est Il s’agit de professionnels qualifiés germanophones. Sans eux, répercuté négativement sur la sécurité de l’emploi, les salaires, nous ne pourrions pas combler les besoins en personnel médi- les processus de travail comme dans les entreprises de produc- cal, étant donné que la Suisse n’a pas formé suffisamment de tion, la qualité, les relations avec les patients, l’image de la médecins par le passé. branche, etc. Qui souhaiterait continuer de travailler dans un tel 2) Et quels inconvénients? contexte? La main d’œuvre migre, pour la Suisse, ou change de Une petite partie de nos patients aimeraient peut-être pouvoir métier. Correspondance: s’adresser à des Suisses qui parlent leur dialecte. Les ressortis- 4) Que pensez-vous des déclarations du ministre allemand de la Somedia Press AG sants allemands ont parfois besoin d’un peu de temps pour se fa- santé? Zwinglistrasse 6 miliariser avec la culture suisse et avec la culture d’entreprise en Lorsque Jens Spahn demande que l’on comprenne ses projets, CH-8750 Glarus particulier. je n’y arrive pas vraiment. C’est clair, l’Allemagne sera bientôt Tél. 055 645 28 31 lisa.leonardy[at]somedia.ch 3) Qu’est-ce qui rend la Suisse si attractive pour les profession- confrontée à une forte pénurie de professionnels, mais elle s’est www.suedostschweiz.ch nels de santé allemands? mise elle-même dans cette situation désastreuse. Et le pire, c’est www.somedia.ch La Suisse est une bonne alternative pour les citoyens allemands que la Suisse suit son exemple. (leo) BULLETIN DES MÉDECINS SUISSES – SCHWEIZERISCHE ÄRZTEZEITUNG – BOLLETTINO DEI MEDICI SVIZZERI 2019;100(11):366 –368 Published under the copyright license “Attribution – Non-Commercial – NoDerivatives 4.0”. No commercial reuse without permission. See: http://emh.ch/en/services/permissions.html
FMH ISFM 369 L’assemblée plénière de l’ISFM offre l’opportunité d’un échange direct entre la direction et les délégués. Assemblée plénière de l’ISFM du 22 novembre 2018 à Berne Pour que la formation médicale reste en main des médecins Bruno Kesseli Dr méd. et lic. phil., rédacteur en chef L’assemblée plénière 2018 de l’Institut suisse pour la formation médicale postgra- duée et continue (ISFM) a, encore une fois, proposé un programme bien rempli tout en faisant une large place aux possibilités de discussion et d’intervention des parti- cipants. Le document stratégique qui comprend trois objectifs majeurs, dont le ren- forcement de la position de l’ISFM en tant qu’institution nationale du corps médical pour la formation médicale postgraduée et continue, a été adopté à l’unanimité. Après avoir résumé, en introduction, la fonction de Flash d’information abondant l’assemblée plénière, le président de l’ISFM, Werner Bauer, a rapidement donné la parole au tant attendu Une fois ces principes établis, l’attention s’est portée «Osler» [1], qui n’a plus besoin d’êtreprésenté. Le duo sur une sélection de thèmes concrets et importants Osler-Bauer a rappelé ce que doit être un hôpital: a pour l’ISFM. Werner Bauer a présenté un premier place where the best that is known is taught to a group of aperçu de l’enquête annuelle conjointe de l’EPFZ et de the best students, en ajoutant, dans l’esprit d’un ce- l’ISFM et plus particulièrement le module destiné aux terum censeo, le constat suivant: the work of an institu- responsables des établissements de formation post tion, in which there is no teaching, is rarely first class. graduée portant sur la médecine personnalisée et sur le soutien de la formation postgraduée de la part de la direction hospitalière. L’évaluation a révélé que la créa- BULLETIN DES MÉDECINS SUISSES – SCHWEIZERISCHE ÄRZTEZEITUNG – BOLLETTINO DEI MEDICI SVIZZERI 2019;100(11):369–374 Published under the copyright license “Attribution – Non-Commercial – NoDerivatives 4.0”. No commercial reuse without permission. See: http://emh.ch/en/services/permissions.html
FMH ISFM 370 (RCP), et le symposium MedEd. Ces deux manifestations connaissent un vif succès. Les cours Teach the Teachers seront proposés en allemand et en français dès 2020. A cette fin, un pool de responsables de cours et d’ins- tructeurs sera préalablement constitué avec le soutien du RCP. Toute personne intéressée peut se mettre di- rectement en contact avec Werner Bauer. Christoph Hänggeli, directeur de l’ISFM, a informé du remaniement du site Internet de l’ISFM. Dans les en- quêtes clients, celui-ci est souvent critiqué pour son manque de clarté, ce qui en faisait un sujet de préoccu- pation. Le site devrait faire peau neuve en 2019. Chris- toph Hänggeli est ensuite passé à la loi sur les profes- sions médicales (LPMéd), dont la révision cible deux objectifs principaux: un registre des médecins complet et fiable et la garantie des compétences linguistiques Werner Bauer, président de l’ISFM, a passé en revue les nombreux points de l’ordre nécessaires à l’exercice de la profession. Ces deux ob- du jour et présenté entre autres la stratégie de l’ISFM. jectifs sont réalisés depuis le 1er janvier 2018. Divers ac- teurs – dont l ’ASMAC, la FMH et l’ISFM – déplorent que les compétences en langues étrangères acquises avec la tion d’une nouvelle profession non médicale de Gene- maturité ne soient pas prises en compte dans l’évalua- tic Counselor a été rejetée à une large majorité. La tâche tion des compétences linguistiques. Des efforts sont du Genetic Counselor aurait consisté à conseiller, sur actuellement déployés également sur le plan politique mandat médical, les patients sur des questions géné- pour remédier à cette situation afin d’encourager les tiques concrètes. Par ailleurs, les personnes interro- échanges de médecins entre les régions linguistiques. gées dans tous les domaines spécialisés estiment que Christoph Hänggeli a par ailleurs abordé l’arrêt du Tri- les directeurs hospitaliers accordent une grande im- bunal administratif fédéral de décembre 2017. Le tribu- portance à la formation postgraduée. Et Werner Bauer nal avait dérogé à sa pratique habituelle en décidant de commenter que ce genre de déclarations sont lé- que les formations approfondies et les attestations de gion. formation complémentaire, dont la réglementation re- Les autres informations concernaient les ateliers lève du droit privé et non de la LPMéd, tombaient dans Teach the Teachers, organisés depuis quelques années le domaine public, ce qui permettait de recourir contre en collaboration avec le Royal College of Physicians les décisions concernant les formations approfondies et les attestations de formation complémentaire. Esti- mant que cette pratique ne ferait que gonfler l’admi- nistration, l’ISFM a déposé un recours auprès du Tribu- nal fédéral. Budget 2019 et stratégie de l’ISFM Pour Christoph Hänggeli, la situation financière de l’ISFM permet de parler d’une tendance fondamentale- ment positive. Même s’il est difficile de prédire l’évolu- tion des titres de spécialiste, un bilan équilibré a été budgété pour 2019. Selon Werner Bauer, la stratégie de l’ISFM se fonde sur la volonté de maintenir la formation médicale post graduée et continue entre les mains des médecins. Les principaux objectifs, légèrement adaptés, sont les sui- vants: – l’ISFM renforce sa position en tant qu’institution Le directeur de l’ISFM, Christoph Hänggeli, a pronostiqué un bilan équilibré nationale du corps médical pour la formation médi- lors de la présentation du budget 2019. cale postgraduée et continue; BULLETIN DES MÉDECINS SUISSES – SCHWEIZERISCHE ÄRZTEZEITUNG – BOLLETTINO DEI MEDICI SVIZZERI 2019;100(11):369–374 Published under the copyright license “Attribution – Non-Commercial – NoDerivatives 4.0”. No commercial reuse without permission. See: http://emh.ch/en/services/permissions.html
FMH ISFM 371 plénum a décidé de maintenir le nombre des membres à 19 et il a adopté une modification de la composition du Comité (avec deux abstentions et aucune opposition). Dès 2019, le Comité sera composé comme suit: – représentation de toutes les facultés / tous les éta- blissements de formation proposant une formation Master accréditée. Le Collège des Doyens désigne trois représentants avec droit de vote. Les autres comme l’OFSP, la CDS, H+, la Commission des profes- sions médicales, l’Institut d’enseignement médical (IML) et l’association Médecine universitaire suisse, sont des hôtes permanents; – la Société suisse d’anesthésiologie et de réanima- tion (SSAR), en tant que quatrième plus grande so- ciété de discipline, se voit attribuer un siège «ex offi- cio» comme les sociétés suisses de chirurgie (SSC), Les nouveaux élus au Comité de l’ISFM: Daniela Wiest et Marco Zalunardo. de pédiatrie (SSP), de psychiatrie et psychothérapie (SSPP) et de gynécologie et obstétrique (SSGO); – la Société suisse de médecine interne générale (SS- – l’ISFM anticipe les évolutions dans le domaine de la MIG) conserve deux sièges au Comité et au plénum; formation postgraduée, élabore des mesures pro – un maximum de six membres au choix est éligible. actives et les applique; La docteure Daniela Wiest de la Société suisse de neuro- – l’ISFM conçoit une formation continue et une évolu- logie a été nouvellement élue au Comité. Le professeur tion professionnelle tournées vers l’avenir (conti- Marco Zalunardo a succédé «ex officio» au professeur nuing professional development). Tiziano Cassina de la SSAR. Les autres membres du Co- Werner Bauer souligne l’importance d’un positionne- mité dont le mandat de quatre ans était arrivé à ment actif de l’ISFM vis-à-vis de la politique, de l’admi- échéance ont tous été réélus à l’unanimité, comme le nistration et des organisations partenaires, mais aussi vice-président Jean Pierre Keller. au sein du corps médical. Le document stratégique pré- La succession de Werner Bauer a également été abor- senté et les explications du président ont manifeste- dée. Le président de l’ISFM n’étant pas à disposition ment convaincu les délégués, qui ont adopté la straté- pour un nouveau mandat, la Chambre médicale devra gie à l’unanimité. élire son successeur en mai 2020. Au cours de l’été 2019, le Comité de l’ISFM constituera une commission de prospection et publiera l’offre d’emploi. Composition du Comité et élections Après une brève introduction de Werner Bauer, la discus- Logbook électronique en bonne voie sion a porté sur la composition du Comité de l’ISFM. Le Ces dernières années, le logbook électronique s’est as- suré une place de choix à l’ordre du jour de l’assemblée plénière de l’ISFM. Après une adaptation de la roadmap, Assemblée plénière de l’ISFM le projet est désormais en bonne voie, comme le constate Lukas Wyss. Cet informaticien médical qui tra- Organe autonome de la FMH, l’Institut suisse pour la formation médicale postgraduée et continue (ISFM) réunit tous les princi- vaille à l’ISFM comme chef de produit a donné à l’audi- paux acteurs et organismes du domaine de la formation médicale toire un tour d’horizon complet sur l’état des travaux postgraduée et continue, et garantit aux médecins une formation et les étapes prévues. de qualité élevée dans plus de 120 domaines spécialisés. L’as- Parmi les objectifs poursuivis, on peut citer le travail semblée plénière annuelle de l’ISFM remplit différentes fonc- tions. D’une part, les membres du plénum forment un Comité électronique sans rupture de médias (et sans papier), doté d’un pouvoir de décision et d’élection, qui traite les affaires une navigation simplifiée, la standardisation des relevant de son domaine de compétences à l’instar de la Chambre concepts nouveaux ou déjà utilisés (p. ex. les EPA*) et médicale de la FMH. De l’autre, l’assemblée, à laquelle sont éga- l’uniformisation des objectifs de formation sans modi- * Entrustable Professional lement conviés des invités de provenances diverses, constitue Activities, voir le résumé fication des programmes de formation postgraduée. Le des explications de Regula une plate-forme chargée de transmettre des informations sur des Schmid vers la fin du thèmes spécifiques, de garantir l’échange d’expériences entre les projet accorde une place très importante à la sécurité présent article. participants et de débattre de toutes sortes de sujets. et la protection des données. BULLETIN DES MÉDECINS SUISSES – SCHWEIZERISCHE ÄRZTEZEITUNG – BOLLETTINO DEI MEDICI SVIZZERI 2019;100(11):369–374 Published under the copyright license “Attribution – Non-Commercial – NoDerivatives 4.0”. No commercial reuse without permission. See: http://emh.ch/en/services/permissions.html
FMH ISFM 372 Compétent (également) en matière de radioprotection: Manu Kapur a présenté la méthode de «l’échec productif». Hans Rudolf Koelz. Révision des programmes de formation Radioprotection et un «au revoir» postgraduée La radioprotection, évoquée par le professeur Hans Ru- Les délégués se sont prononcés sur des propositions dolf Koelz, a sollicité pas mal de temps. La révision de de révision des programmes de formation postgraduée l’ordonnance sur la radioprotection implique l’adapta- déposées par deux sociétés de discipline médicale. tion des programmes de formation postgraduée en ra- La Société suisse d’hématologie a proposé d’introduire diologie, en médecine nucléaire et en radiooncologie. dès 2019 l’examen de l’European Board comme épreuve Cela vaut également pour certains autres programmes écrite de l’examen de spécialiste en hématologie. Il de formation postgraduée et de formation complé- s’agit ici d’un examen à choix multiples comportant mentaire. De plus, cette révision impose la création de 100 questions. La Société suisse de pédiatrie a proposé, nouvelles attestations de formation complémentaire. quant à elle, de modifier les conditions pour les méde- Les sociétés de discipline médicale concernées en ont cins formateurs, la réglementation actuelle ne répon- déjà été informées. Après une longue séance de ques- dant plus aux nouvelles évolutions. Elle demande «au tions, les délégués ont approuvé à l’unanimité la procé- moins deux ans d’activité dans un cabinet de pédiatre» dure prévoyant la création de nouvelles attestations de au lieu du critère de deux ans d’activité dans un cabi- formation complémentaire et leur adoption définitive net sous responsabilité propre. Les deux propositions par le Comité en mars 2019. de révision ont été adoptées par les délégués. La matinée s’est achevée sur les adieux du Dr Ryan Tandjung, qui a été en contact régulier dans différentes fonctions avec l’ISFM pendant de nombreuses années. Dernièrement, il est intervenu activement au sein du Comité en tant que représentant de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), un mandat auquel il renonce désormais étant appelé à de nouvelles fonctions au sein de l’OFSP. Werner Bauer le remercie pour son enga- gement et lui adresse ses meilleurs vœux pour la suite de sa carrière. «Echec productif» L’après-midi a débuté sur un sujet passionnant grâce à l’intervention du professeur Manu Kapur. Cet ingé- nieur de Singapour occupe une chaire en Learning Sciences and Higher Education à l’EPFZ. Cet ancien foot- balleur professionnel de 43 ans, qui a dû mettre un terme à sa carrière suite à une blessure, s’est fait Werner Bauer remercie Ryan Tandjung (à gauche) pour ses longues années de collabo- connaître grâce à sa méthode pédagogique de «l’échec ration en diverses fonctions. productif». Cette méthode qu’il a présentée au plénum BULLETIN DES MÉDECINS SUISSES – SCHWEIZERISCHE ÄRZTEZEITUNG – BOLLETTINO DEI MEDICI SVIZZERI 2019;100(11):369–374 Published under the copyright license “Attribution – Non-Commercial – NoDerivatives 4.0”. No commercial reuse without permission. See: http://emh.ch/en/services/permissions.html
FMH ISFM 373 Kapur ont déjà été partiellement intégrées dans le Bachelor en médecine de l’EPFZ. Toutefois, son exposé portait sur la collaboration entre l’EPFZ et les sociétés de discipline médicale dans le domaine de la formation médicale postgraduée. L’EPFZ souhaite notamment créer des offres destinées aux médecins en formation postgraduée qui s’intéressent à la recherche. Un pre- mier projet en radiologie sera lancé en 2019. Les socié- tés de discipline médicale qui souhaitent évaluer une éventuelle collaboration peuvent s’adresser directe- ment au professeur Goldhahn. Accréditation et interfaces Un important thème de l’année 2018 a été l’accréditation des cursus de formation postgraduée par l’OFSP. Cette Jörg Goldhahn a expliqué l’engagement de l’EPFZ dans le domaine de la formation accréditation s’est achevée avec succès et, comme l’a médicale postgraduée. souligné Werner Bauer, le conseiller fédéral Alain Berset a certifié du haut niveau de la formation médicale postgraduée en Suisse sur la base des rapports établis ouvrirait, selon lui, des perspectives intéressantes par des experts suisses et étrangers. Quelques sociétés aussi pour la formation médicale. Une intégration de de discipline médicale ont reçu de l’administration des ses méthodes aux études de médecine ou dans la for- consignes qu’il convient désormais d’examiner et de mation postgraduée et continue signifierait de recueil- mettre en œuvre. Dans d’autres cas, des recommanda- lir des expériences pratiques dans certains domaines tions ont été formulées. A ce sujet, l’ISFM devrait rece- avant de les aborder de manière théorique. Manu Ka- voir les rapports des sociétés concernées d’ici le prin- pur accorde une place de choix à ce qu’on appelle le temps. contextualized learning, qu’il oppose à l’apprentissage La bonne collaboration avec les sociétés de discipline fragmenté ou décontextualisé qui est fréquemment médicale est primordiale pour l’ISFM. Werner Bauer et utilisé aujourd’hui. Christoph Hänggeli ont insisté ici sur la fonction d’inter- Comme l’a souligné le professeur Jörg Goldhahn dans face que remplissent la Commission des titres et la Com- l’exposé qui a suivi, les méthodes esquissées par Manu mission des établissements de formation postgraduée. Les délégués sont désignés par les sociétés de discipline médicale, mais collaborent au sein des organes de l’ISFM, remplissant ainsi un mandat étatique. La colla- boration avec l’ISFM est globalement excellente, même si on constate parfois des différences considérables en termes d’efficacité et de communication. Christoph Hänggeli a rappelé que les membres des commissions pouvaient solliciter à tout moment le soutien juridique du Secrétariat général, en cas de besoin. Entrustable Professional Activities (EPA): un instrument pour les sociétés de discipline médicale? La notion d’Entrustable Professional Activities (EPA) dé- finit les compétences professionnelles dont l’excel- lente maîtrise permet aux personnes concernées de les exercer sans supervision. Grâce aux EPA, la formation prégraduée et postgraduée, actuellement basée sur les Regula Schmid dirige le groupe de travail de l’ISFM consacré aux Entrustable Professio- connaissances, évoluera vers la transmission de com- nal Activities (EPA). pétences. Une tendance que l’on constate au plan inter- BULLETIN DES MÉDECINS SUISSES – SCHWEIZERISCHE ÄRZTEZEITUNG – BOLLETTINO DEI MEDICI SVIZZERI 2019;100(11):369–374 Published under the copyright license “Attribution – Non-Commercial – NoDerivatives 4.0”. No commercial reuse without permission. See: http://emh.ch/en/services/permissions.html
FMH ISFM 374 national. Dans les pays comme les Etats-Unis, les Pays- l’ISFM ne voit pas l’utilité de nouvelles mesures régula- Bas et la Grande-Bretagne, les EPA sont déjà intégrées trices et cette position a clairement été exprimée à la dans la formation postgraduée. En Suisse, les EPA font séance de la plate-forme en septembre 2018. Pour dorénavant partie intégrante de la formation médicale l’ISFM, l’aménagement et l’organisation de la forma- prégraduée. tion continue doivent absolument rester sous la res- L’ISFM a constitué un groupe de travail consacré aux ponsabilité du corps médical. Mais cette liberté est as- EPA, qui est dirigé par la vice-présidente Regula Schmid. sortie d’obligations que les médecins doivent prendre Ce groupe est chargé d’élaborer des directives et re- au sérieux. La position de l’ISFM en la matière est consi- commandations à l’intention des sociétés de discipline gnée dans une prise de position [2] disponible sur son médicale et de rédiger une prise de position sur le su- site Internet. jet. L’important, selon Regula Schmid, est que les EPA Garder la formation postgraduée et continue dans les fassent partie intégrante des objectifs de formation mains du corps médical: pas besoin d’être prophète tout en étant intégrées dans un concept générique. pour prévoir que cette thématique restera un sujet ma- jeur de préoccupation pour l’ISFM et les sociétés de dis- cipline médicale. Formation continue entre responsabilité personnelle et obligation Crédits photo Photos: Bruno Kesseli En ce qui concerne le contrôle et la documentation de la formation continue, l’administration exerce ces der- Références niers temps une certaine pression. La nécessité d’une 1 Le médecin canadien Sir William Osler (1849–1919) est souvent dé- signé comme le «père de la médecine moderne» en raison de son réglementation renforcée de la formation continue, influence considérable sur la formation médicale. voire de la recertification des titres de spécialiste, a 2 Dans quelle direction la formation continue évolue-t-elle? Une prise de position de l’Institut suisse pour la formation médicale Correspondance: ainsi été discutée dans le cadre de la plate-forme «Ave- postgraduée et continue (ISFM). Octobre 2018. www.fmh.ch/files/ bkesseli[at]emh.ch nir de la formation médicale». Selon Werner Bauer, pdf21/Fortbildung_POS_PAP_Oktober_2018.pdf BULLETIN DES MÉDECINS SUISSES – SCHWEIZERISCHE ÄRZTEZEITUNG – BOLLETTINO DEI MEDICI SVIZZERI 2019;100(11):369–374 Published under the copyright license “Attribution – Non-Commercial – NoDerivatives 4.0”. No commercial reuse without permission. See: http://emh.ch/en/services/permissions.html
Vous pouvez aussi lire