REPOUSSER LES FRONTIÈRES - ENTREPRENDRE À L'INTERNATIONAL - NOUVELLE ÉDITION 2016 - ING Belgium
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NOUVELLE ÉDITION 2016 REPOUSSER LES FRONTIÈRES ENTREPRENDRE À L’INTERNATIONAL AVEC LA COLLABORATION DE
ÉDITEUR RESPONSABLE Stefan Maes, rue Ravenstein 4, 1000 Bruxelles RESPONSABLE DES PUBLICATIONS Stefan Maes RÉDACTION Werner Lapage, Annemie Nolf, Dirk Vandendaele, Johan Van Praet NOS REMERCIEMENTS À Serge Beke, Liesbeth Broeckx, Carole Dembour, Katleen Engelen, François Gilson, Filip Lapeirre, Frédéric Motte, Christopher Turner, Geert Vancronenburg, Françoise Van De Gaer, Olivier Vanden Borre, Pascale Wauters, Peter Wuyts MISE EN PAGE ET PRÉPRESSE Landmarks IMPRESSION Graphius Group 1re édition : octobre 2014 Update + 2e édition : mars 2016 DÉPÔT LÉGAL D/0140/2016/2 Deze brochure is ook verkrijgbaar in het Nederlands Le contenu de cette brochure est disponible sur le site www.feb.be (Publications > Publications gratuites) Les informations contenues dans la présente brochure ont été rassemblées avec le plus grand soin possible par les experts de BDO et d’ING Belgique. Ni BDO et ING Belgique, ni la FEB ne peuvent en aucune manière être tenus pour responsables d’éventuelles informations incomplètes ou erronées contenues dans la brochure. Ni BDO et ING Belgique, ni la FEB ne peuvent en aucun cas être tenus pour responsables d’éventuels dommages directs, indirects, secondaires, économiques ou consécutifs découlant de l’utilisation des informations ou données tirées de la présente publication. Toute reproduction et/ou publication d’un extrait quelconque de cette publication, par des moyens électroniques ou autres, en ce compris les systèmes d’information automatiques, sont interdites sauf autorisation écrite préalable de l’éditeur, à l’exception de brèves citations aux fins de recension.
REPOUSSER LES FRONTIÈRES Si nos pouvoirs publics veulent favoriser le développement de l’activité économique, avec toutes les répercussions positives que cela entraîne en termes de croissance et d’emploi en Belgique, ils doivent d’urgence prendre des mesures qui permettraient de renforcer la compétitivité, de renforcer l’attractivité de notre pays et d’améliorer le climat entrepreneurial. Nos entreprises doivent en effet pouvoir se battre à armes égales et affronter la concurrence sur les marchés étrangers. Cela va de soi. Au cours de la décennie écoulée, le commerce international est passé à la vitesse supérieure. Les échanges commerciaux de biens et de services se sont intensifiés. Ce n’est plus le marché national, mais le monde qui est le cadre de référence. Les entreprises qui développent des activités internationales créent une nouvelle dynamique qui permet de passer à la vitesse supérieure, que ce soit au niveau de la conception, du développement, de la production ou de la mise sur le marché des produits et services. De surcroît, il est de plus en plus difficile de réaliser seul l’ensemble de la chaîne de valeur. Des clusters spécifiques, liés à des segments d’activités particuliers et regroupant à la fois partenaires (fournisseurs) et concurrents, émergent de plus en plus souvent. S’insérer dans ces réseaux permet entre autres de bénéficier d’un vivier de talents, de coûts salariaux plus faibles et de stimuler l’innovation. Bref, l’entreprise qui veut optimiser son développement et sa croissance doit regarder au-delà des frontières et être attentive aux dimensions mondiales du business. De leur côté, les chefs d’entreprise doivent saisir les opportunités là où elles se présentent. Le commerce international n’est plus une opportunité facultative pour bon nombre d’entreprises, mais une condition irréversible pour pouvoir se développer. Dans le monde tel que nous le connaissons aujourd’hui, en constante mutation, les entreprises qui veulent survivre doivent sans cesse se réinventer. Leur devise doit être : ‘Don’t wait for a miracle, make one !’. 2 FEB REPOUSSER LES FRONTIÈRES
Il n’est cependant pas évident de se tourner vers l’étranger. La route est semée d’embûches. Parmi celles-ci, on peut citer les formalités administratives, la gestion des risques, la gestion des ressources humaines, l’accès au financement, sans négliger les différences culturelles à peine objectivables. Chaque entreprise doit définir la stratégie qui lui convient le mieux : les exportations, des investissements directs à l’étranger, la collaboration avec des partenaires ... compte tenu de la distinction fondamentale entre les échanges internationaux de produits et de services. Dans cette brochure, des experts vous guident et répondent aux nombreuses questions que se pose une entreprise qui a des ambitions internationales. Tout au long de la brochure, sept chefs d’entreprise témoignent de leur savoir-faire international et de leur expérience pratique du business international. Nous espérons qu’ils vous inspireront dans vos projets à l’étranger. Pieter Timmermans Rik Vandenberghe Hans Wilmots Administrateur délégué CEO ING Belgique CEO BDO Belgique de la FEB REPOUSSER LES FRONTIÈRES FEB 3
REPOUSSER LES FRONTIÈRES SOMMAIRE AVANT-PROPOS - REPOUSSER LES FRONTIÈRES 2 LA GLOBALISATION, MOTEUR D’INDUSTRIALISATION 6 COMMENT S’ARTICULE CETTE BROCHURE ? 11 CASE EVS Broadcast Equipment Interaction constante entre marché et innovation 12 01 Une bonne préparation, c’est déjà la moitié du travail 14 CASE Mithra Pharmaceuticals Faire correspondre le modèle belge au marché local 20 02 Une structure juridique pour l’activité étrangère 22 1. Collaboration avec un partenaire local 23 1.1. Représentation locale 23 1.2. Joint venture 24 2. Présence locale propre 25 2.1. Collaborateur 25 2.2. Bureau (ou ‘branch office’) 25 2.3. Filiale (ou ‘subsidiary’) 26 3. Impact comptable et en termes de technique d’audit 27 03 Entreprendre à l’international : quid de l’aspect fiscal ? 28 1. Principes de base 29 2. C ollaboration avec un partenaire local 34 3. Présence directe au niveau local 34 3.1. Collaborateur local 34 3.2. Succursale ou antenne 35 3.3. Filiale 36 CASE Jan De Nul Group La connaissance livresque ne suffit pas 38 04 Travailleurs à l’étranger 40 1. Protection sociale et en droit du travail 41 2. Détachement de travailleurs 41
3. Application de la législation locale 42 4. Office des régimes particuliers de sécurité sociale 43 5. Statut fiscal du travailleur étranger 43 CASE La Lorraine Bakery Group Verrouiller les acquis avant de poursuivre la croissance 44 05 Paiements internationaux & cashmanagement 47 1. Espace unique de paiement en euro (SEPA) 48 1.1. Instruments de paiement identiques 48 1.2. N ouvelles opportunités 48 1.3. Analyse de l’architecture de paiement 48 1.4. Domiciliations SEPA 49 1.5. SEPA, évolutions récentes 50 2. Cashmanagement international 50 CASE TPF Espagnols en Espagne, Brésiliens au Brésil 52 06 Gestion des risques à l’international 54 1. Le risque commercial 55 2. Le risque politique 56 3. Le risque de fabrication 57 4. Le risque de change 58 5. Le risque administratif 60 6. Le risque économique 60 7. Le risque de transport 61 8. Le risque juridique 61 CASE Cartamundi L’Apple de l’industrie de la carte à jouer 62 07 Formes et risques du financement 64 CASE Ter Beke Une expansion en ECE implique davantage qu’un simple ‘copier/coller’ 68 INTERNET ACCROÎT LES POSSIBILITÉS D’EXPORTATION 73 CONCLUSION 75 BESOIN D’AIDE ET D’INFORMATION ? 76
LA GLOBALISATION, MOTEUR D’INDUSTRIALISATION L’économie mondiale et le commerce international ont fortement évolué ces dernières décennies. Le glissement de la richesse est particulièrement marquant. Auparavant, celle-ci était largement concentrée entre les mains du monde industrialisé (80% du PIB mondial et 20% seulement pour les pays en croissance et en développement). On assiste aujourd’hui à un rééquilibrage en faveur de ces derniers, de l’ordre de 60%-40% respectivement (source : Fonds monétaire international, FMI). Et les prévisions montrent que cette tendance va se poursuivre dans les prochaines années. À titre d’exemple, le FMI prévoit qu’en 2020, la part de la Chine dans le PIB mondial dépassera celle de l’Union européenne ainsi que des Etats-Unis, alors que l’écart vingt ans plus tôt tournait encore aux alentours des 15% ! PART DANS LE PIB MONDIAL (EN % ; SOURCE : FMI) 35 30 25 20 15 10 5 0 86 88 96 98 06 08 16 18 80 82 84 90 92 94 00 02 04 10 12 14 20 19 19 19 19 20 20 20 20 19 19 19 19 19 19 20 20 20 20 20 20 20 Chine Inde Japon Etats-Unis UE Autre évolution notable : depuis 1980, le commerce mondial, qui constitue un indicateur de la globalisation de notre économie, a crû deux fois plus vite que le PIB mondial. Sur ces neuf dernières années, et malgré l’année 2009 qui a subi de plein fouet l’impact de la crise financière, le commerce mondial de biens a augmenté de 81%, tandis que celui des services a connu une hausse de 88%, soit une croissance annuelle de 6,8% et 7,2% respectivement entre 2005 et 2014 (source : UNCTAD, United Nations Conference on Trade and Development). 6 FEB REPOUSSER LES FRONTIÈRES
En 2003, l’Allemagne, les États-Unis et le Japon étaient les trois plus grands exportateurs de biens dans le monde. Une décennie plus tard, le centre de gravité s’est déplacé : la Chine s’est emparée de la première place et les pays BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine) sont passés d’une part de marché de 9,8% en 2003 à 18,3% en 2014, tandis que les pays de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) connaissaient généralement un recul de leurs parts de marché à l’exportation de biens. Tout comme les exportations de biens et services, les investissements directs étrangers1 (IDE) ont également explosé. Leur stock est passé d’environ 2.000 milliards USD en 1990 à près de 25.000 milliards en 2014. Plus de 55% des flux d’IDE vont vers des économies en développement (par exemple : Afrique du Sud, Brésil, Chine, Chili, Argentine, Mexique, Thaïlande…), 41% vers des économies développées et 4% vers des économies en transition (par exemple : Russie, Ukraine, Kazakhstan…). En 2014, les premières destinations, représentant 35% du total, étaient la Chine (128 milliards USD en excluant Hong-Kong) et les Etats- Unis (92 milliards USD), suivis par le Royaume-Uni (59 milliards USD), Singapour (55 milliards USD) et le Brésil (49 milliards USD). Ces flux d’investissements directs étrangers sont issus majoritairement des pays de l’Union européenne, et en particulier de l’UE-15. Individuellement, si les USA dominent toujours, on assiste depuis une dizaine d’années à une présence renforcée des économies à fort potentiel de croissance telles que le Brésil, le Mexique, la Turquie ou encore l’Inde. Une troisième tendance marquante de la globalisation de l’économie est le fait que la chaîne de valeur des biens et services soit devenue de plus en plus intégrée au niveau international. On parle d’ailleurs maintenant de ‘Global value chain’ : un produit/service passe par quantité de pays (et de continents) avant d’atteindre le stade fini et d’être proposé sur le marché. Chaque pays contribue à une phase du cycle de production en fonction de ses atouts. Autrement dit, chaque pays ajoute de la valeur en fonction des domaines dans lesquels il est compétitif (manufacture de biens intermédiaires, assemblage final…). 1 L es investissements directs étrangers sont des mouvements internationaux de capitaux réalisés en vue de créer, développer ou maintenir une filiale à l’étranger et/ou d’exercer le contrôle (ou une influence significative) sur la gestion d’une entreprise étrangère. REPOUSSER LES FRONTIÈRES FEB 7
L’internationalisation revêt une importance vitale Ces développements ont pour conséquence que la concurrence, rendue mondiale, s’est également accrue. Les entreprises, qu’elles interviennent en amont ou en aval de cette chaîne de valeur, doivent sans cesse se remettre en question, s’adapter, se développer et continuer à innover pour rester dans le coup. Et dans ce contexte, l’internationalisation des activités est devenue de plus en plus vitale pour une entreprise si elle veut rester compétitive. Ceci est confirmé par un sondage auprès des dirigeants d’entreprise belges2 : plus de 90% sont d’accord avec le fait que faire des affaires à l’étranger est d’une importance stratégique pour leur entreprise ; plus de 95% même estiment que, par rapport à il y a dix ans, il est encore plus important aujourd’hui pour une entreprise d’être active à l’international. En bref, le maintien de la compétitivité est l’une des premières motivations pour développer des activités à l’étranger. Une composante importante à cet égard est la recherche de l’efficience en termes de coûts, de la main-d’œuvre et de l’énergie par exemple. Mais la compétitivité va bien au-delà d’une structure des coûts saine. D’autres aspects sont tout aussi importants. Les entreprises doivent continuer à innover pour consolider un avantage concurrentiel. Elles doivent à cet effet pouvoir disposer notamment de main-d’œuvre qualifiée et d’institutions de recherche de pointe, ainsi que d’espaces et d’infrastructures pour pouvoir grandir. Afin de rester compétitif (ou de l’être encore plus), il est nécessaire d’optimiser le développement de l’entreprise dans une perspective globale. Ainsi, il peut être plus efficient de réaliser certaines activités ou fonctions de l’entreprise dans certaines parties du monde. On pense évidemment en premier lieu à la délocalisation ou à l’externalisation des activités intensives en main-d’œuvre dans les pays où elle est encore bon marché. Mais le prix n’est pas le seul facteur déterminant. Certaines régions du monde se profilent de plus en plus sur des activités à haute valeur ajoutée (par exemple : R&D en Inde). Des clusters spécifiques, liés à des segments d’activités particuliers et regroupant à la fois partenaires (fournisseurs) et concurrents, émergent. S’insérer dans ces réseaux permet entre autres de bénéficier d’un vivier de talents et de stimuler l’innovation. Notamment pour mieux comprendre et ensuite répondre aux demandes particulières de chaque région, puisque les goûts et préférences des consommateurs ne sont pas partout pareils. 2 n mai-juin 2014, la FEB a organisé un sondage auprès des chefs d’entreprise belges. Plus de E 400 réponses ont été recueillies. Parmi les entreprises répondantes, 52% occupent moins de 50 travailleurs, 27% ont entre 50 et 250 travailleurs, et 21% plus de 250 travailleurs. La répartition par secteur d’activités est la suivante : 48% dans l’industrie, 40% dans les services et 12% dans le secteur de la construction. 8 FEB REPOUSSER LES FRONTIÈRES
Le sondage révèle que la proximité géographique de partenaires intéressants est particulièrement importante pour le secteur des services ainsi que pour des petites entreprises : près de 20% de celles-ci la considèrent comme la raison principale pour développer leurs activités à l’étranger, contre 11% pour les moyennes entreprises et seulement 4% pour les grandes entreprises. Par contre, la réduction des coûts représente une plus grande motivation à mesure que la taille de l’entreprise augmente. Choisir les marchés porteurs Pour de nombreuses entreprises belges, la demande interne de biens et services n’est pas suffisante. Vu la relative petite taille du marché belge, une entreprise avec des ambitions de croissance doit se tourner vers l’international et apprivoiser de nouveaux marchés. Le sondage le confirme. Les deux principales raisons qui ont poussé les chefs d’entreprise à se tourner vers l’international sont d’une part, la nécessité d’explorer de nouveaux marchés (pour 52% des sondés) et d’autre part, la saturation du marché belge (16%). Cependant, les entreprises belges ciblent encore trop les pays voisins. Selon les chiffres de la Banque nationale de Belgique, les entreprises belges exportent en majeure partie vers des pays à croissance lente, et en particulier vers la zone euro, qui se caractérise par une très faible croissance (voir graphique ci- dessous). Nos principaux marchés d’exportation sont l’Allemagne, la France et les Pays-Bas, qui représentent plus de 45% de nos exportations. Les entreprises belges devraient donc aller voir un peu plus loin, par exemple du côté des pays asiatiques, qui connaissent des taux de croissance bien plus élevés. CROISSANCE ÉCONOMIQUE EN 2016 (EN % ; SOURCE : PRÉVISION FMI) 8 7 6 5 4 3 2 1 0 UE ro ra Car e s ér -Zé e du e d e d e t t e du le rd M t n du l’Es s be d as ue and nn d in or su -E ue tra rie Eu oy No on In Ch ve auc N aï ie su Sud du riq en -O de l ne ér har C c en ie Zo ie Am bsa ue Am lle et As As iq ie iq le M As ou Af ue nt N ce riq et Af Au sie lie A ra st REPOUSSER LES FRONTIÈRES FEB 9
Un parcours semé d’embûches La route vers l’international est semée d’embûches. 60% des entreprises sondées estiment que de nombreux obstacles freinent toujours leur ambition internationale. Parmi ces obstacles, l’on note surtout : les formalités administratives (26%), la gestion des risques (19%), la gestion des ressources humaines (15%), l’accès au financement (12%) et les différences culturelles (12%). En étudiant d’un peu plus près les résultats du sondage, on peut épingler le fait que les formalités administratives arrivent systématiquement en tête du ‘classement’ des obstacles, quelles que soient la taille ou les activités de l’entreprise. La gestion des ressources humaines semble être un point d’attention en particulier pour les entreprises de taille moyenne. Le financement représente un obstacle d’autant plus important que la taille de l’entreprise est restreinte. Ceci n’est pas surprenant dans la mesure où les entreprises de grande taille disposent en général de plus de ressources propres et ont plus facilement accès à un financement externe. Inversement, la gestion du risque devient plus importante à mesure que la taille de l’entreprise augmente. On peut y voir sans doute un effet du volume d’activités ainsi que du nombre de marchés actifs (par exemple, en matière de risque lié aux taux de change). De nombreuses difficultés dépendent bien entendu de la manière dont une entreprise va pénétrer les marchés internationaux, soit par le biais d’exportations, soit par le biais d’investissements directs à l’étranger. Si elle choisit d’exporter ses produits, elle devra supporter des coûts fixes (tels que les coûts liés à la recherche d’un partenaire local), la réglementation en vigueur sur le marché étranger et la présence de barrières non tarifaires. Elle devra également supporter des coûts variables, principalement les coûts liés au transport et les barrières tarifaires. Par contre, si l’entreprise décide d’établir une unité de production ou une filiale à l’étranger, elle ne devra supporter ‘que’ les coûts fixes liés à l’acquisition ou la construction de celle-ci, mais ces coûts seront généralement plus élevés que dans le cas d’exportations. C’est notamment pourquoi la plupart des entreprises préfèrent tester un marché spécifique par le biais des exportations avant de déterminer leur stratégie d’entrée. 10 FEB REPOUSSER LES FRONTIÈRES
atouts de ces instruments COMMENT S’ARTICULE de paiement. CETTE BROCHURE ? L’entreprise qui se lance sur un nouveau marché étranger atter- Les entreprises belges sont conscientes de l’importance rit sur un terrain inconnu ou moins stratégique croissante de faire des affaires non seulement avec connu et doit donc évaluer correc- l’étranger, mais aussi à l’étranger. Entreprendre à l’international tement les risques possibles. Le comporte de nombreuses facettes dans des domaines divers. chapitre 6 décrit les risques tout Cette brochure vous offre en 7 chapitres un aperçu et des points en soulignant la nécessité de les de repère dans cette matière complexe et riche en défis. Nous maîtriser et en suggérant des illustrons les principes théoriques par les exemples pratiques, solutions concrètes. Nous poin- des témoignages de chefs d’entreprise qui expliquent l’impact stratégique de leur processus d’internationalisation. tons également quelques do- maines apparentés, comme le management de la réputation, Le premier chapitre souligne à l’entreprise et hypothéquer la responsabilité du fait des pro- l’importance d’une bonne les avantages liés aux activités duits, la propriété intellectuelle et préparation et connaissance du étrangères. Le troisième chapitre les contrats internationaux. Que marché. En effet, le mode de ges- commente les points d’attention l’entreprise limite ses activités in- tion belge ne peut être appliqué et les risques, mais pointe aussi un ternationales à l’exportation pure tel quel à l’étranger. De plus, il est certain nombre d’opportunités. ou qu’elle élabore effectivement préférable de connaître à l’avance une structure propre, elle aura la réponse à certaines questions Quelle que soit la manière toujours besoin d’un financement essentielles. Nous énumérons d’aborder le marché étranger, des fonds de roulement ou les principales d’entre elles. les activités ne peuvent se dé- autres actifs. En fonction des op- ployer sans personnel. L’entre- portunités ou risques spécifiques, Un facteur déterminant de la réus- prise qui engage des collabora- il existe de nombreuses formes de site est la structure juridique choi- teurs à l’étranger doit respecter financement et des solutions sur sie pour l’activité étrangère. Dans les règles du jeu internationales mesure. Au chapitre 7, quatre ex- le deuxième chapitre, nous ana- en matière de fiscalité et de droit perts expliquent cette matière. lysons les diverses possibilités social. Nous les présentons au depuis la collaboration avec un chapitre 4. La protection du per- Enfin, vu l’importance croissante partenaire local jusqu’à l’inves- sonnel et le climat social jouent de l’e-commerce dans les affaires tissement direct à l’étranger aussi un rôle dans ce contexte. (internationales), nous consa- (collaborateur local, succursale, crons quelques pages à ce thème. filiale). À chacune ses caractéris- Entreprendre à l’international Quelle est l’influence de l’e-com- tiques et ses formalités propres. s’accompagne de paiements merce sur l’économie belge ? internationaux. Le chapitre 5 Les entreprises belges sont- Le choix de la structure juridique explique entre autres ce elles conscientes de son impact appropriée a également une qu’est le SEPA (Single Euro sur leur activité, leurs outils inter- incidence fiscale importante. Payments Area) qui est net sont-ils adaptés à un contexte Le manque de connaissance devenu la norme en Belgique international et aux moyens de la réglementation fiscale depuis 2014. Nous vous de communication modernes internationale peut coûter cher exposons les opportunités et (smartphones, tablettes…) ? REPOUSSER LES FRONTIÈRES FEB 11
CASE EVS BROADCAST EQUIPMENT INTERACTION de l’entreprise. La présence d’experts EVS un peu partout dans le monde est un must pour CONSTANTE pouvoir répondre au mieux aux exigences des chaînes de télévision, d’autant plus qu’il s’agit ENTRE MARCHÉ essentiellement de retransmissions en direct. ET INNOVATION “Par ailleurs, une interaction constante entre le marché et nos centres d’innovation est En 1994, lorsqu’EVS a lancé sa plateforme essentielle. Chaque chaîne, chaque marché, de diffusion numérique révolutionnaire applique ses propres normes opérationnelles pour l’industrie télévisuelle, le marché et technologiques. Il nous appartient dès mondial s’est imposé comme un objectif lors d’identifier et de proposer les chaînons inévitable. En effet, “la dimension manquants, mais aussi d’être visionnaire et internationale est inhérente à nos de développer de nouvelles applications qui solutions et aux marchés dans lesquels permettront aux clients d’enrichir encore plus nous sommes actifs”, explique la CEO le contenu, en fonction des attentes de plus Muriel De Lathouwer. en plus spécifiques des téléspectateurs.” Cet équilibre entre les attentes spécifiques L’entreprise a véritablement pris son du client et les innovations qu’EVS souhaite envol à l’occasion des Jeux Olympiques introduire sur le marché permet à la société d’Atlanta, en 1996. “Nous transmettions de conserver une position unique. “C’est les images en direct, avec des rediffusions absolument indispensable. Nous avons une instantanées, pour les toutes dernières vingtaine de bureaux à travers le monde, caméras de Panasonic.” Ces JO ont marqué en ce compris 4 centres de développement © EVS le début d’une nouvelle ère télévisuelle et autres que Liège. Ces derniers nous ont permis à l’entreprise belge de permettent également de combler le manque se faire connaître au niveau de personnel qualifié pour des fonctions très international. Un an plus spécifiques dans notre région d’origine, à tard, les premières filiales savoir la région liégeoise.” voyaient le jour aux États- Unis et à Hong-Kong. Partout dans le monde, le client bénéficie du même traitement et de la même expérience CHAÎNONS MANQUANTS EVS. Pour maintenir cette réputation, Savoir-faire, service et “nous travaillons essentiellement avec des qualité constante employés locaux, qui connaissent bien la constituent la force culture et le tissu économique local. Nous du business model avons également quelques expatriés, et Muriel De Lathouwer, CEO d’EVS Broadcast Equipment 12 FEB REPOUSSER LES FRONTIÈRES
ce leadership à force d’innovation et de proximité avec les acteurs de terrain. Dans un monde globalisé qui évolue de plus en plus rapidement, il faut continuellement rester vigilant et anticiper les changements technologiques et de business models afin de préserver cette position de leader.” “Il ne faut jamais considérer promouvons depuis un an une plus grande le succès international mobilité interne, ce qui enrichit les équipes.” comme un acquis. Pour rester au top, la moitié INNOVATION de nos investissements La plateforme d’EVS est pour le moins en personnel sont dédiés innovante. “Pour rester leader, la moitié de nos investissements en personnel sont à la R&D” consacrés à la R&D, par le biais de nos centres d’innovation propres ou de petites acquisitions.” EVS organise la vente et les services en fonction des spécificités du EVS Broadcast Equipment marché, par le biais de filiales propres ou de partenariats. “Masse critique, coût salarial, Activité : télédiffusion politique locale… constituent des facteurs Marchés : sport, divertissement, de décision importants. Ainsi, certains actualité et médias clients préfèrent sous-traiter l’ensemble de Siège : Liège leur investissement à un intégrateur, tandis Effectif (2015) : 495 collaborateurs que d’autres choisissent eux-mêmes leurs Étranger : plus de 95 % du chiffre d’affaires différents fournisseurs, mais font appel à une Chiffre d’affaires (2014) : société pour le support.” 131,4 millions EUR 20 filiales (dont 5 centres Dernier conseil pour conclure: “Notre d’innovation) dans 14 pays succès s’est en partie construit sur une à travers le monde rupture technologique (avec le serveur www.evs.com vidéo qui a remplacé les cassettes) et nous sommes parvenus à développer et garder REPOUSSER LES FRONTIÈRES FEB 13
01 Une bonne préparation, c’est déjà la moitié du travail
Depuis dix ans, les BRIC (que À première vue, l’internationalisation semble attrayante l’Afrique du Sud a rejoint ul- et très simple. Détrompez-vous, c’est une des stratégies térieurement) sont devenus commerciales les plus complexes, car elle a un impact des eldorados économiques. sur tous les aspects de la gestion. De plus, la réussite ne Depuis, les États MINT dépend pas que de la connaissance des règles du jeu et (Mexique, Indonésie, Nigéria des habitudes culturelles. Réfléchissez donc mûrement et Turquie) enthousiasment avant de vous lancer sur un marché étranger. les dirigeants politiques du monde entier, en raison sur- tout de leur situation géo- graphique stratégique. Bref, La mondialisation s’est intensifiée grâce aux évolutions tech- avec l’émergence des BRIC nologiques (comme internet) et à l’affaiblissement des en- et des MINT, ‘l’étranger’ est traves commerciales (songeons par exemple à l’élargisse- devenu littéralement une no- ment de l’UE à 28 États membres). Le centre de gravité du tion très large qui couvre pouvoir économique s’est déplacé. La définition classique de pratiquement le ‘reste du ‘l’étranger’ ne se limite plus aujourd’hui aux pays voisins ou, monde’. De plus, le sché- par extension, à l’UE (région où les entreprises belges sont ma de pensée classique qui les plus actives selon le sondage de la FEB). distingue, d’une part, les ‘économies occidentales’ et, d’autre part, les ‘pays à bas salaires’ n’est plus va- lable. Ainsi l’Inde et la Chine connaissent des évolutions technologiques extrême- ment rapides et rattrapent l’avance occidentale. Théâtre du business, ce monde redessiné crée des opportunités énormes. Le sondage de la FEB montre que quasi tous les chefs d’entreprise interrogés sont convaincus de l’importance stratégique, encore crois- sante, des transactions inter- nationales. À première vue, l’internationalisation semble attrayante et très simple, mais c’est une des stratégies commerciales les plus com- plexes. Les affaires à l’étran- ger et en Belgique ont peu REPOUSSER LES FRONTIÈRES FEB 15
de points communs. Inter- net regorge de conseils aux chefs d’entreprise qui se sont mis en tête de se tour- ner vers l’étranger. Ceux-ci se limitent souvent aux dif- férences culturelles et dans le domaine des affaires. Or, la réussite à l’étranger re- pose sur un bien plus grand nombre d’éléments que la connaissance de quelques règles protocolaires et des habitudes culturelles. BELGIQUE ≠ ÉTRANGER Il est souvent erroné de considérer que les techniques de gestion qui réussissent en Belgique fonctionneront éga- lement à l’étranger. Dans la pratique, les entreprises sont confrontées à des réglemen- tations locales compliquées, à des concurrents locaux forts, à des canaux de distri- bution complexes, à des dif- férences culturelles et linguis- tiques... Ces défis – ou entraves si vous préférez – augmentent à mesure que les affaires avec l’étranger (exportation) deviennent des affaires à l’étranger (investissement direct à l’étranger). Ainsi, une entreprise belge peut limiter son activité internationale à des transactions de marchan- dises (par ex. livraisons à la France, exportations au Canada) organisées depuis le siège belge. 16 FEB REPOUSSER LES FRONTIÈRES
www.bdo-ibc.com 9 Les formalités (TVA, douane...) et les risques (lire le chapitre ÉTUDE PRÉALABLE ‘Gestion des risques internationaux’) peuvent alors être gérés effi APPROFONDIE cacement à partir de la Belgique. Mais lorsqu’elle constate que Opter pour une présence ses produits s’écoulent de mieux en mieux sur le marché français locale à l’étranger néces- et canadien, cette même entreprise peut décider de s’établir sur site une étude préalable ap- place. Il va de soi que ce choix revêt une tout autre dimension et profondie. Voici une liste de a un impact beaucoup plus important sur la gestion. questions que vous devez vous poser. Attention, elle La stratégie menée à l’étranger doit être axée sur une expan- n’est pas exhaustive. sion internationale qui assure à l’entreprise ou au groupe une croissance rentable tout en garantissant la couverture du profil Quelles sont les principales de risque le plus étendu. À cet effet, une connaissance appro- considérations qui me fondie du marché local est essentielle. poussent à investir à l’étranger (avantages par L’outil pratique ‘BDO International Business Compass’ rapport à l’exportation/ 1.1 OVERVIEW (www.bdo-ibc.com) vous permet d’évaluer les opportunités From this point of view, et the IBC isimportation) a construction that ? aggregates the three “pillars” of all countries’ economic, political, legal and socio- entraves The enBusiness International matièreCompassd’investissement (IBC) aims to represent dans the over-174 cultural pays sur la base situations, each of which Qisuelle made upexpérience of a bundle of related ai-je all social and economic development of countries and regions in the indicators. For this, the individual indicators are first subjected to a de paramètres économiques, politiques, juridiques form of a single index value. In this way, a ranking of countries is creat- et socio- de l’internationalisation standardisation procedure and the standardised values within the ? culturels. ed, Il est in terms of their levelaussi possible of development. The de indexcomparer deuxsubcolumns can thus be used pays entre Existe-t-il are then used to calculate un partenaire index averages arithmetically. as a guide for investment by companies and other organizations with Figure 1 shows the selection of indicators and their distribution across eux. Consultez multinational commitments. aussi www.ingcb.com/insights/articles/the- Accordingly, the IBC provides similar sub-pillars. To obtain the overalllocal ? the results of the subpil- index value, view-a-fresh-perspective-on-connected-europe. ranking possibilities as other indicators like the Human Development Cette lars’ columns étude Qu’est-ce are calculated as geometric qui averages. As détermine no changes are Index (HDI) and the Global Competitiveness Index (GCI). A major dif- made with regard to the selection of variables in this update, readers développe ference, dein nouvelles however, lies idées the extent of the sur notre IBC’s perspective. mondeare While complexe asked to referen mon to the last year‘s reportchoix deinformation. for further pays et1 quels these other indices ultimately focus to particular aspects of country mutation rapide. avantages offre le pays (ou development (such as economic, political or social factors), the IBC In the interpretation of the index, the following should be noted: seeks explicitly to combine all of these different dimensions succinctly. its design is based on the assumptionunethat région to achievedéterminée) a high, overall level of development a country needs to pour mon entreprise be internationally competitive in all three ? Figure 1: Composition of the International Business Compass (IBC) A pillars. i-je pris This follows les from bons conseils, the calculation of the geometric average of pillars’ values: a badnon value seulement in one pillar cannot via internet, readily be BDO INTERNATIONAL BUSINESS COMPASS compensated mais aussi by excellent auprès values d’experts in other pillars. As a result, some countries have habitués recorded à la matière a poor performance et in their over- all ranking, despite the fact their level of Economic Political - legal Socio-cultural au pays (autorisations, development would otherwise suggest a conditions conditions conditions highersystème evaluation. juridique, – GDP per capita – Political stability – Population growth – Public debt – Quality of regulation – Unemployment rate financier, In addition fiscal, to the overall assurances, index, the – Per-capita FDI inflows – Rule of law – Per-capita available data also allows personnel, countries to be instances – Inflation – Corruption control consumption assessed on the basis of specific aspects of – Business freedom – Trade freedom – Health publiques, business attractiveness.incitants A distinctionfiscaux, can – Infrastructure – Investment freedom – Education thus be made between the attractiveness – Total tax rate – Work freedom subventions, propriété of a country as a market and its attractive- – Market potential nessintellectuelle…) as a production location. Also,? on the basis of economic theory indicators can be A i-je les collaborateurs together corresponding to these grouped Market Production location (avecaspects component assez(seed’expérience, Figure 1). These Attractiveness Attractiveness subindices are generated by calculating – Population – Total tax rate de arithmetic savoir-faire averages of the et de temps) standardised indicator values. The component indices – Inflation – Infrastructure et les moyens financiers are updated every year. In this way, the – Per capita consumption – Market potential expenditure – Wage costs et techniques development nécessaires of a site in terms of investor- specific characteristics can be assessed in – Political stability – Rule of law pour gérer et addition its overall development. soutenir le – Infrastructure – Work freedom – Trade freedom – Investment freedom projet étranger ? Source: HWWI REPOUSSER LES FRONTIÈRES FEB 17 BDOStudie19_05_2014_englisch.indd 9 21.05.14 13:15
Comment vais-je structurer ma présence Suis-je conscient des risques complémen- à l’étranger ? Vais-je opter pour un taires liés aux activités internationales collaborateur ou un partenaire local, une (risque commercial et économique, risque succursale, une filiale, une joint venture…? de change, risque de transport...) ? Quels sont les formalités et coûts liés à la Comment vais-je rapatrier les fonds et les création, la gestion, la sortie éventuelle bénéfices et est-ce possible sans retenues de la structure (coûts de création, capital et formalités locales ? ou autres exigences de financement, comptabilité, impôts, personnel, Cette brochure examine la plupart des sujets conseillers, liquidation...) ? précités afin de vous guider dans la concréti- Comment vais-je financer la structure sation de vos ambitions internationales. (mix capital/emprunt) et comment Il n’existe pas de réponse globale ou uni- vais-je organiser les flux d’argent (et dans voque à toutes les questions, mais une quelle devise) ? bonne préparation, associée à un business Quel sera le rôle de l’investissement plan motivé et à un suivi précis, est essen- étranger (production, achat ou vente, tielle à la réussite de vos projets. distributeur, commissionnaire, agent, ‘liaison-office’, support...) ? Donc, ‘always be prepared’, car un simple Ai-je analysé le ‘transfer pricing’ faux pas peut vous couler. Faire des affaires en et les aspects fiscaux liés au transfert Chine est une autre paire de manches qu’en de fonctions, de risques et de moyens faire en Turquie ou aux Pays-Bas par exemple. vers l’étranger ? LES ENTREPRISES FAMILIALES ET L’ÉTRANGER Les entreprises familiales sont en général plus conservatrices, plus réticentes face au risque et plus centrées sur le contrôle que les entreprises non familiales. Plusieurs études (et le sondage de la FEB) montrent que la stratégie d’internationalisation des activités présente souvent d’autres accents dans les entreprises familiales : 1. Elles s’internationalisent prudemment (avec une plus grande crainte du risque et sur la base d’une vision à long terme) et plus près de chez elles (plutôt des pays voisins en raison de la faible distance et de la meilleure connaissance de la langue et des habitudes) ; 2. Elles conservent leur indépendance et mettent moins de moyens à disposition (entre autres parce qu’elles sont peu disposées à partager la propriété, à renoncer au contrôle et à attirer du capital à risque) ; 3. Elles s’internationalisent relativement lentement et plus tard (approche plus centrée sur le marché local et management ayant moins d’expérience internationale). 18 FEB REPOUSSER LES FRONTIÈRES
CASE MITHRA PHARMACEUTICALS FAIRE CORRES- différence qui a toute son importance et qui doit-être prise en compte si l’on désire être en- PONDRE LE tendu sur un marché que l’on appréhende. “Ce- lui qui ne comprend pas cela ne pourra jamais MODÈLE BELGE réussir sur un autre marché que le sien.” AU MARCHÉ Près de 17 ans après sa création et une entrée LOCAL remarquée en bourse (plus grande capitalisation boursière sectorielle sur le marché Euronext de- “Le modèle top-down dans lequel les puis 10 ans et près de 72,3 millions EUR levés), géants de la pharmacie imposent leur Mithra est aujourd’hui un acteur de la santé de la conception sur un marché étranger est femme très prometteur, grâce à un portefeuille définitivement dépassé”, lance François R&D innovant, basé sur l’estrogène naturel Es- Fornieri, CEO de la société liégeoise tetrol (E4) et un savoir-faire dans le développe- Mithra Pharmaceuticals, spécialiste de ment des médicaments à effet prolongé issu de la santé féminine. Outre le produit ou la technologie des polymères (implants sous-cu- le service, la stratégie de marché doit tanés, anneaux biocompatibles, dispositifs intra- se greffer de manière innovante sur la utérins). Mithra est aussi leader du marché de la © Mithra Pharmaceuticals culture et les modes de vie locaux. contraception en Belgique, avec près de 47% de parts de marché et un des leaders sur le mar- Un simple exemple : dans le domaine du ché des adjudications aux Pays-Bas. “Mais ce traitement hormonal de substitution de sont de petits marchés dans le secteur pharma- la ménopause (THS), la tendance en Eu- ceutique. Si nous voulons éviter de disparaître rope est à la prescription de trai- tôt ou tard, l’internationalisation est la seule op- tements à base d’hormones tion”, explique Fornieri pour motiver l’expan- naturelles. Ces produits sion internationale de sa société. Mais cela ne contiennent des hormones peut se faire sans une base solide, sans ancrage dérivées de la progesté- local. “Nous devons être en mesure de déve- rone et de l’œstradiol, qui lopper, produire et commercialiser de manière sont dépourvues d’effets innovante nos produits de niche, pour ne plus androgéniques. Au Brésil, dépendre de producteurs qui, au gré de leurs par contre, la ten- stratégies, font varier les prix, et peuvent nous dance est à la mettre en difficulté. Si nous voulons continuer à prescription de exister, nous devons progressivement maîtriser THS légèrement l’ensemble de nos coûts. Mithra construit ainsi androgénique. aujourd’hui une plateforme intégrée de R&D Une subtile et de production à Flémalle. Elle sera à la fois François Fornieri, CEO de Mithra Pharmaceuticals Liège 20 FEB REPOUSSER LES FRONTIÈRES
dédiée à nos efforts de R&D mais aussi ouverte En résumé, Fornieri prend le temps de re- aux partenariats extérieurs qui souhaitent bé- produire à l’étranger – intelligemment, néficier de notre technologie pour des pro- en l’adaptant au marché local – le modèle jets de (co)développement (écosystème phar- éprouvé de Mithra, qui est un succès en Bel- maceutique). C’est fondamental pour moi. Je gique grâce à son ancrage économique, aca- ne cherche pas l’aventure pour l’aventure. Je démique et culturel fort. “Ce qui est pos- souhaite créer, à terme, une structure complè- sible au Brésil ne réussira jamais en Chine ou tement intégrée capable d’affronter les nou- en Inde.” veaux défis de ces nouveaux marchés.” De plus, Fornieri ne se sent pas à l’aise dans INTÉGRER LOCALEMENT UN MODÈLE un modèle qu’il ne maîtrise pas. “Je veux ÉPROUVÉ être sûr de mon affaire, avoir confiance dans Fornieri choisit les marchés étrangers en fonc- la faisabilité et la praticabilité du modus ope- tion de leur stabilité sociale, économique et randi que nous introduisons.” C’est pourquoi politique. Pour lui, il est essentiel de com- Fornieri choisit avec soin ses investisseurs et prendre le marché pour mieux l’appréhender. ses actionnaires. “Rien n’est plus contre-pro- “L’important est de comprendre la mentali- ductif à terme que des partenaires industriels té locale et cela passe toujours par une phase qui veulent croître trop vite et négligent dès de prospection. Nous nous rendons sur le ter- lors des opportunités vraiment valables. rain, le plus souvent dans le cadre des missions C’est pourquoi je préfère m’entourer de per- économiques. Nous rencontrons les ‘opinion sonnes qui croient dans la valeur ajoutée du leaders’, les universités, nous entrons dans les dossier et osent regarder au-delà des chiffres pharmacies et poussons les portes des Mi- des analystes.” nistères, des hôpitaux et des cabinets médi- caux afin de nous familiariser avec les us et coutumes locaux. Notre philosophie de tra- Mithra Pharmaceuticals vail, c’est avant tout notre modèle, le ‘Modèle Mithra’, basé sur les synergies collaboratives et Activité : Pharmacie, leader du marché les partenariats privés-publics. Nous travaillons belge de la contraception orale notre approche corporate grâce aux collabo- Quartier général : Liège rations avec les universités, nous travaillons à la Collaborateurs : 85 sensibilisation des populations locales plus dé- Chiffre d’affaires : 19 millions EUR favorisées aux questions de la santé féminine, Accords de distribution dans plus de nous mettons l’accent sur l’accessibilité de nos 16 pays produits, nous intervenons en tant que société Filiales: Pays-Bas, Brésil, Allemagne, exportatrice citoyenne dans la vie sportive et France, Grand-duché de Luxembourg culturelle, avec toujours ‘les femmes’ au cœur www.mithra.com de nos préoccupations.” REPOUSSER LES FRONTIÈRES FEB 21
02 Une structure juridique pour l’activité étrangère
problème. En cas d’expérience insuffisante, Lorsqu’on se rend sur un marché la collaboration avec un partenaire local étranger, il convient de choisir une peut faciliter le démarrage. Celui-ci structure juridique appropriée. a généralement un meilleur accès aux Ce choix est souvent dicté par clients locaux. Sachant que les règles l’ampleur des activités, la présence diffèrent d’un pays à l’autre, il est important de collaborateurs et (l’expérience de vérifier au préalable quelle est la forme des) conditions de travail locales. de collaboration locale (nature des accords Des facteurs importants sont les conclus et intensité de la collaboration) coûts, le temps et les formalités la plus indiquée. nécessaires pour le lancement et la gestion de la structure étrangère. 1.1. Représentation locale Pour aborder le marché local, on peut faire appel à un représentant externe, comme Les conseils d’un spécialiste ne sont pas un un distributeur, un commissionnaire ou luxe. En effet, tous les pays n’appliquent pas un agent. Il existe de nombreuses autres les mêmes concepts. Diverses restrictions formes de collaboration commerciale peuvent s’appliquer selon la nature des (franchise, concession, licence…) que nous activités (certaines sont simplement n’aborderons pas dans cette brochure ! interdites), la région où vous développez votre activité, la forme juridique choisie (une Un distributeur agit en son nom propre filiale est parfois obligatoire), l’obligation et pour son propre compte vis-à-vis des d’associer des partenaires locaux au capital clients. Les efforts de l’entreprise belge sur (des joint ventures sont parfois nécessaires), place en matière de marketing, livraison des etc. Par ailleurs, il est important d’exploiter marchandises, contacts avec les clients et toutes les opportunités (souvent régionales) perception des factures sont donc minimes. en termes de subventions, de zones de libre-échange... À l’inverse, l’agent (‘disclosed agent’) agit au nom et pour le compte de son Dans ce chapitre, nous examinons les donneur d’ordre (‘principal’). Sa tâche concepts juridiques les plus fréquents pour consiste à négocier avec le client local la structuration d’une activité à l’étranger. pour favoriser la conclusion de contrats de vente. Le client connaît donc le donneur d’ordre (d’où le terme ‘disclosed’). L’agent reçoit une commission en échange de son 1 COLLABORATION AVEC intervention. Les fonctions et les risques UN PARTENAIRE LOCAL afférents à l’activité se concentrent surtout sur le donneur d’ordre. Il faut savoir La connaissance du marché local est vitale que, dans de nombreux pays, les agents pour lancer une activité à l’étranger. La commerciaux sont soumis à un statut légal législation locale peut être extrêmement spécial, assorti de droits et d’obligations complexe (le Brésil en est un bon exemple) spécifiques. et la barrière linguistique peut amplifier le REPOUSSER LES FRONTIÈRES FEB 23
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