Service de santé : renforcement des capacités biomédicales
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Service de santé : renforcement des capacités biomédicales La recherche biomédicale de défense porte sur les pathologies liées au combat et aux environnements opérationnels ou extrêmes et les atteintes nucléaires, radiologiques, biologiques ou chimiques (NRBC). Elle contribue à la résilience nationale en cas de crise sanitaire. Telles sont les missions de l’Institut de recherche biomédicale des armées (IRBA). Sa directrice, Anne Sailliol, médecin général inspecteur, l’a présenté à la presse, le 21 juin 2018, à l’occasion de la 8ème Biennale de la recherche biomédicale consacrée aux opérations extérieures (26-27 juin). Soins et prévention. Les programmes de recherche de l’IRBA à des fins militaires entraînent des retombées possibles sur la santé publique. Ils portent notamment sur : l’optimisation des réponses à l’entraînement physique et la tolérance au port des charges lourdes ; l’étude des réponses aux milieux d’emploi subaquatique et aéronautique et les climats contraignants (photo) ; la prévention des conséquences de la fatigue et la gestion du rythme veille-sommeil ; la neurobiologie des états de stress et la prévention de leurs conséquences ; le développement de contre-mesures médicales pour les pathologies traumatiques de terrain et l’amélioration des protections balistiques ; la thérapie cellulaire et la réparation tissulaire. En outre, l’IRBA travaille avec les hôpitaux militaires et civils et participe aux plans gouvernementaux Biotox, Piratox et Piratome, face aux menaces et actes terroristes de type NRBC. Pour les aspects nucléaire et radiologique, il étudie les effets biologiques des rayonnements ionisants et des technologies émergentes, comme les rayonnements électromagnétiques et des micro et nano particules. Le risque biologique concerne les menaces virales, bactériennes et parasitaires. Outre le développement de nouveaux vaccins contre les virus émergeants, il faut réagir dans le temps court quand une épidémie se déclare. Ainsi, l’IRBA avait déjà mis en place des procédures lors de l’apparition du virus Ebola en Afrique de l’Ouest en 2016. Il coopère avec les forces armées des Etats-Unis, pour les maladies tropicales, et avec celles de l’Allemagne pour les risques chimiques et radiologiques liés aux agents vésicaux et neurotoxiques organophosphorés.
Concentration des moyens. Installé sur un site de 9,4 ha à Brétigny-sur-Orge (banlieue parisienne), l’IRBA emploie 380 personnes (49 % de militaires et 51 % de civils), dont 64 % de chercheurs, ingénieurs et techniciens. Intégré au grand pôle scientifique et technologique du Grand Paris avec le Génopôle d’Ivry et le Commissariat à l’énergie atomique de Saclay, il a conclu des partenariats avec le Centre national de la recherche scientifique, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale, l’Institut national de la recherche agronomique et l’Institut Pasteur. Cela lui permet d’optimiser l’emploi de ses équipements de haute technologie : microscope électronique Titan Krios à transmission en L-NSB3 ; unité de calcul pour traiter les « mégadonnées » ; centrifugeuse humaine pour la formation des pilotes de Rafale ; plateforme d’irradiation ; laboratoires de sécurité biologique de niveaux 2,3 et 4. L’IRBA est financé à 74 % par le ministère des Armées, le Service de santé des armées, la Direction générale de l’armement, les états-majors de la Marine nationale et des armées de l’Air et de Terre. Pour les 26 % restants, il compte sur l’Agence nationale de la recherche, le Fonds unique interministériel et les industries pharmaceutiques et de biotechnologie. Loïc Salmon Service de santé des armées : garantir aux blessés les meilleures chances de survie Service de santé : traumatismes psychiques dans les armées, problème de santé publique Dissuasion nucléaire : modernisation de la composante aéroportée En raison du retour des Etats-puissances sur la scène internationale, la nouvelle loi de programmation militaire 2019-2025 prévoit 25 Mds€ pour moderniser les
composantes océanique et aérienne de la dissuasion nucléaire française. Le général de division aérienne Jean-Pierre Dupont, commandant en second des Forces aériennes stratégiques (FAS), a présenté cette modernisation à la presse, le 14 juin 2018 à Paris, à l’occasion du retrait du service opérationnel du Mirage 2000 N (nucléaire) le 21 juin 2018, après 30 ans dans les FAS. La complémentarité. Lancée en 1964 pour la partie Air et en 1972 pour la partie sous-marine, la dissuasion nucléaire préserve les intérêts vitaux et la liberté d’action de la France. La permanence à la mer de la Force océanique (sous-marins nucléaires lanceurs d’engins, SNLE) protège contre toute surprise stratégique. Les FAS et la Force aéronavale nucléaire (photo) font partie du dialogue de la dissuasion. La mise en service du missile M51.3 sur les SNLE modernisés sera suivie du développement de la future version du missile M51 et des travaux de conception du SNLE de 3ème génération. La composante aéroportée verra le passage au porteur unique Rafale en 2018, la rénovation à mi- vie du missile air-sol moyenne portée amélioré (ASMPA), la poursuite des études de développement du missile air-sol nucléaire ASN 4 G et la mise en service des avions A 330 ravitailleurs et de transport (MRTT) à partir de 2018. Cette composante forme un ensemble cohérent avec avions porteurs de l’arme nucléaire, avions ravitailleurs, transmissions « durcies » et installations spécifiques. Le renouvellement des avions porteurs commencera en 2035. Le « tout Rafale ». La capacité de pénétration du Mirage 2000 N et son système de suivi de terrain lui ont permis de s’engager au sein de la dissuasion et dans les opérations extérieures « Harmattan » (Libye), « Chammal » (Irak/Syrie) et « Barkhane (Afrique). Les FAS, basées à Saint-Dizier, comptent deux escadrons totalisant 50 Rafale B (biplace, pilote et missilier). Les performances du Rafale sont de 65-85 % supérieures à celles du Mirage 2000 N en matière de vol, capteurs, guerre électronique, réseaux et d’armements (missiles Magic, Mica et Meteor). Elles permettent une « survivabilité » accrue du raid nucléaire, où chaque Rafale participe à la protection des autres avions dans un espace aérien de plus en plus contrôlé. Elles permettent d’entrer en premier sur un théâtre et d’assurer des frappes conventionnelles à longue distance. Vers 2030-2040, le missile ASN 4G bénéficiera du retour d’expérience de l’ASMPA en Syrie et dans les opérations ultérieures, sur le territoire national ou en opérations extérieures, et sera équipé d’un système de guidage amélioré.
Le « Phénix ». L’A330 MRTT « Phénix » emporte 50 t de carburant contre 23 t par l’actuel C 135 FR. Il sert de relais entre chasseurs en vol et structures de commandement/conduite d’opérations et de relais d’informations ISR (renseignement, surveillance et reconnaissance) pour traitement et diffusion. Il reste 4h30 sur zone à 2.000 km d’Istres, de N’Djamena (Tchad) ou d’Al Dhafra (Emirats arabes unis). Il transporte, à 12.000 km, 272 passagers ou, en cas d’engagement de haute intensité, 30 blessés allongés ou 14 blessés dont 6 graves dans 2 kits médicalisés « Morphée ». Les 14 C135 FR en service seront remplacés par 15 Phénix prévus par la loi de programmation, dont 12 livrés en 2024. Loïc Salmon Dissuasion nucléaire : assurer à la France son indépendance Défense antimissile : surtout protection des forces, moins celle des populations Interarmées : anticipation et numérisation, gages de la supériorité opérationnelle Les nouvelles technologies de l’information profitent également aux adversaires asymétriques, qui évoluent plus vite que les armées régulières. Celles-ci doivent s’adapter pour éviter le « décrochage opérationnel ». Ce thème a fait l’objet d’un colloque organisé, le 3 mai 2018 à Paris, par le Commandement pour les opérations interarmées (CPOIA) à l’occasion de son 25ème anniversaire. Y sont notamment intervenus : le général d’armée François Lecointre, chef d’état-major des armées ; le général de corps d’armée Grégoire de Saint-Quentin, sous-chef « opérations » de l’Etat-major des armées ; Olivier Zajec, chef de cours à l’Ecole de guerre et conférencier à l’Institut des hautes études de
défense nationale et au Centre des hautes études militaires. « L’art opératif ». Le niveau opératif d’une opération extérieure se situe entre les niveaux stratégique (autorités politiques) et tactique (manœuvres et combats). Conception française de conduire la guerre, l’art opératif s’exerce sur de nouveaux champs de conflictualité, rappelle le général Lecointre. Aux affrontements traditionnels sur mer, sur terre et dans les airs, s’ajoutent ceux dans l’espace et le cyber et peut-être d’autres qui restent à imaginer. En outre, la portée de systèmes d’armes s’accroît et le nombre de capteurs se multiplie. Par ailleurs, la capacité à manœuvrer sur un champ très large, comme celui de l’opération « Barkhane » en cours au Sahel, implique une approche globale, difficile à mettre en œuvre. De plus, le temps connaît une mutation, où une action continue complète une série d’actions séquentielles. A terme, il faudra résoudre l’équation entre les contraintes des moyens et les objectifs à atteindre dans une crise évolutive. Cela impliquera d’abord une souplesse de l’organisation des forces, qui prendra en compte les évolutions technologiques. Innovation et imagination entreront dans le choix du mode d’action pour obtenir une supériorité opérationnelle, grâce au numérique et à l’intelligence artificielle. En matière d’informations, il faudra empêcher un cloisonnement vertical entre les niveaux stratégique, opératif et tactique, tout en évitant, pour le niveau supérieur, de se substituer au niveau subalterne où chacun doit pouvoir se concentrer sur la tâche de son niveau. Enfin, il ne faudra pas céder au « tout technologique » souligne le chef d’état-major des armées. Conduite et contrôle. La numérisation permet l’enregistrement des données et la vérification du résultat d’une opération pour conduire la manœuvre à tout instant, indique Olivier Zajec. Dès 1973, en pleine guerre du Viêt Nam, le général américain William Westmoreland anticipe le champ de bataille du futur : forces ennemies localisées, traquées et ciblées presqu’instantanément par l’utilisation de liaisons de transmission ; évaluation de l’espionnage assisté par ordinateur ; contrôle automatisé de tirs. Le retour d’expérience français de la guerre du Golfe (1990-1991) préconise : une entité de planification des opérations ; un cycle d’entraînement interarmées pour préparer les opérations majeures ; l’emploi de moyens de communication mobiles, fiables et compatibles avec les systèmes alliés pour permettre l’exercice du commandement ; fluidification de la manœuvre entre les armées de Terre et de l’Air. En 25 ans, l’organisme devenu aujourd’hui le CPOIA a porté ses efforts selon quatre axes : adaptation des structures de
commandement ; recherche de solutions techniques et humaines pour trier les énormes flux de données qui menace de submerger les postes de commandement ; adaptation des boucles décisionnelles au temps numérique pour définir le tempo idéal d’une action de la force ; détermination de la place respective des niveaux stratégique, opératif et tactique dans la conduite des opérations. L’enjeu de demain porte sur l’équilibre entre les technologies de communication en temps réel et la marge d’initiative à laisser au plus bas niveau. Depuis septembre 2017, le groupe de travail sur le commandement interarmées des engagements prend en compte la compression de l’espace et du temps par la révolution numérique et la concentration de l’intelligence pour anticiper, planifier conduire et évaluer une opération. Le filtrage des données et le partage de leur exploitation à tous les niveaux permettent de décider l’action à mener et d’améliorer l’art opératif. Défis technologiques et humains. La révolution numérique vise à améliorer la compréhension de situations complexes et volatiles et à décider dans des délais de plus en plus courts. Enjeu majeur, le filtrage des données en surabondance consiste à détecter les « pépites », accélérer le traitement des données et en extraire des tendances et des « signaux faibles ». Il s’agit d’obtenir la bonne information pour prendre la bonne décision, explique le général de Saint-Quentin. Il convient de se prémunir contrer la désinformation pour contrer une manœuvre très sophistiquée et, par l’anticipation, de discerner les intentions de l’adversaire. Le numérique donne de l’agilité à une « planification sur mesure », car chaque cas appelle une réponse différente. A l’instar du Commandement des opérations spéciales, le contrôle opérationnel doit être dévolu, pour une courte période, à la composante de la force la mieux placée pour fusionner toutes les compétences au poste de commandement. Sont concernées : l’armée de l’Air pour le transport et la frappe ; la Marine nationale pour la permanence sur zone ; une composante alliée, britannique ou américaine. Outre la gestion des équipes opérationnelles et non opérationnelles, la conduite et le contrôle des opérations impliquent de favoriser les initiatives par délégation de commandement. Sur le plan technique, il s’agit d’imposer des normes mais dans un environnement collaboratif et de prendre ce qui existe déjà dans le secteur civil. Toutes les hypothèses doivent prendre en compte les cyberattaques contre les centres de commandement, garants de la « survivabilité » militaire. La simulation de la conduite des opérations permet de valider une hypothèse et de l’appréhender en temps réel. Faute de mise à jour sur le plan numérique, l’interopérabilité disparaît, avertit le
général de Saint-Quentin. Loïc Salmon « Serval » : manœuvre aéroterrestre en profondeur et durcissement de l’engagement Centrafrique : l’opération « Sangaris » au niveau « opératif » Enjeux de guerre : réfléchir à celle d’aujourd’hui et imaginer celle de demain Le commandement de niveau opératif, projeté sur un théâtre, recouvre les dimensions militaire, civilo-militaire et politico-militaire d’opérations planifiées et conduites par une ou plusieurs forces dans un cadre national ou multinational. Ce niveau d’intégration permet d’atteindre les objectifs militaires fixés par le commandement stratégique et de contribuer à la réalisation de l’état final recherché. Le « Commandement pour les opérations interarmées » regroupe 150 militaires issus des armées de Terre et de l’Air, de la Marine nationale, du Service du commissariat des armées ainsi que des officiers des nations alliées et du personnel civil. Il a armé des postes de commandement de niveau opératif au sein de la Force internationale d’assistance à la sécurité en Afghanistan (2002), en République démocratique du Congo (2003 et 2006), au Tchad (2008) sous l’égide de l’Union européenne, en Haïti (2010), en Libye (2011), en Jordanie (2012) et au Sahel (depuis 2013). Marine nationale : groupe aérien aux Etats-Unis, modernisation du porte-avions Pendant l’arrêt technique majeur du porte-avions Charles-de-Gaulle, son groupe aérien s’entraîne aux Etats-Unis pour maintenir ses compétences et accroître son interopérabilité avec l’aviation embarquée américaine.
La partie aérienne a été présentée à la presse, le 29 mars 2018 à Paris, par le contre-amiral Guillaume Goutay, commandant la force de l’aéronautique navale, et le capitaine de frégate Marc Bourdilleau, commandant le groupe aérien embarqué. La partie navale a été exposée par le capitaine de vaisseau Marc- Antoine de Saint-Germain, commandant le Charles-de-Gaulle (CdG) pendant son indisponibilité, lors d’une conférence-débat organisée, le 21 mars 2018 à Paris, par le Centre d’études stratégiques de la marine. Déploiement « Chesapeake ». Pendant le chantier du CdG, les pilotes du groupe aérien poursuivent leur entraînement à terre à la base de Landivisiau, contribuent à la protection du ciel métropolitain et ont participé aux exercices OTAN et à l’opération « Chammal » au Levant, avec l’armée de l’Air à partir de la Jordanie, rappelle l’amiral Coutay. Tous ont suivi une formation de deux ans aux Etats-Unis. En outre, le déploiement « Chesapeake » (3 avril-27 mai 2018) de douze Rafale Marine et d’un avion de guet aérien E-2C Hawkeye, dans deux bases navales américaines et sur le porte-avions George-H-W-Bush, permet au groupe aérien embarqué d’être « au top niveau » sur le plan tactique quand le CdG reprendra la mer. En 2008, 6 Rafale et 1 Hawkeye s’étaient déjà entraînés avec le porte-avions Theodore-Roosevelt. Cette coopération se prolongera dans les opérations conjointes futures, grâce au niveau élevé de confiance réciproque sur les plans technique et tactique, souligne l’amiral. Selon, le capitaine de frégate Bourdilleau les 350 marins déployés dans « Chesapeake », incluant pilotes, préparateurs de mission, mécaniciens et personnels du pont d’envol proviennent des flottilles 4F, 11F, 12F et 17F ainsi que du Centre d’expertise groupe aérien embarqué. Conçue comme une projection opérationnelle, « Chesapeake » a commencé par une manœuvre de convoyage de 3 jours. Le Hawkeye a suivi la route du Nord avec des escales en Ecosse, en Islande, au Groenland et au Canada. Passés par le Sud, les 12 Rafale ont rallié les Etats-Unis, via les Açores, grâce aux 3 avions ravitailleurs KC135 de l’armée de l’Air. Le retour est prévu début juin pour les Rafale et début juillet pour le Hawkeye. Lors de la première phase du déploiement, à terre en Virginie (5 avril-8 mai), les Rafale sont accueillis par l’unité Carrier Air Wing 8 sur la base aéronavale d’Oceana, près de Norfolk, et le Hawkeye sur celle de Chambers, dans l’arsenal de Norfolk. Au cours des appontages simulés sur piste, les pilotes répètent les manœuvres à entreprendre avec un très haut niveau de sécurité. Chacun doit en réussir 8 avant de passer sa qualification sur porte-avions, laquelle exige 10 appontages réussis, de jour et de nuit. La seconde phase (8-18 mai) se déroule à bord du George-H-W-Bush, au
large de Norfolk. Sur les 27 pilotes, 5 auront effectué leur premier appontage à bord d’un Rafale Marine. Les quelque 180 exercices prévus auront inclus 430 vols sur Rafale et 40 sur Hawkeye. Les missions complexes, avec avions français et américains équipés de missiles de croisière, incluent : soutien de troupes au sol ; attaque ou défense de navires ; recherche de cibles défendues par des missiles sol-air ; combat aérien avec un ou plusieurs avions ; bombardement ; défense de zone ; protection de raids dans la profondeur. Toutefois, indique le capitaine de frégate Bourdilleau, les deux parties n’auront pas mis en œuvre tous leurs modes opératoires, par souci de discrétion. Outil militaire à longue élongation. Un porte-avions permet la maîtrise des espaces aéromaritimes et une projection de puissance, qui expliquent sa prolifération avec une variante en porte-aéronefs (voir encadré). Egalement porteur d’une composante arienne de la dissuasion nucléaire, le CdG a été déployé 14 mois en opérations en deux ans, rappelle le capitaine de vaisseau de Saint-Germain. Ses missions portent aussi sur le renseignement. Ainsi son apport de l’information, à traiter en état-major et à exploiter pour l’action, a permis de comprendre la menace, lors de la mise en place du porte-aéronefs russe Amiral- Kouznetsov pendant l’opération « Chammal » lancée en 2014 au large de la Syrie. Stocks de pièces de rechange et bancs de maintenance moteurs et équipements électroniques, mis en œuvre par 450 techniciens dans le grand hangar du CdG, lui donnent une capacité de production d’heures de vol. Son 2ème arrêt technique majeur, sur les 4 prévus au cours de sa vie opérationnelle, commencé au premier trimestre 2017, doit s’achever par une remontée en puissance au début de 2019. L’entretien lourd décennal inclut le maintien en condition opérationnelle, le rechargement des cœurs nucléaires, l’entretien et le contrôle des chaufferies et de la propulsion. La refonte à mi-vie, qui lui donnera 20 ans de potentiel supplémentaire, porte sur le système de combat (dont les senseurs radars et organiques), l’installation d’aide à l’appontage et les réseaux informatiques. Enfin, le groupe aérien embarqué termine sa transformation au format chasse « tout Rafale Marine », équipé du missile air-air longue portée (150 km) Meteor. Au cours du chantier, conduit en partenariat avec le maître d’œuvre Naval Group, l’équipage assure 50 % des travaux. En raison de la même doctrine d’emploi que ses homologues américains, le CdG a déjà remplacé l’un d’eux en opérations dans le golfe Arabo-Persique. Pourtant, il n’est équipé que de 2 catapultes et n’embarque que 24 chasseurs, contre 4 catapultes et 80 appareils, capables de 100 sorties par jour, pour un porte-avions américain.
Loïc Salmon Marines : le porte-avions, outil militaire et diplomatique pour agir loin Marine nationale : opération « Arromanches » en Méditerranée et océan Indien Patrouille de France, la tournée américaine de 2017 Selon le Centre d’études stratégiques de la marine, les 11 porte-avions (PA) américains (330 m de long, 112.000 t de déplacement et 4.500 personnels), actuellement en service, sont à propulsion nucléaire et équipés de catapultes à vapeur et de brins d’arrêt. L’unique PA français (260 m, 42.500 t et 1.950 p) présente les mêmes caractéristiques. L’unique porte-aéronefs (PO) chinois (304 m, 65.000 t et 2.500 p) utilise le fioul pour sa propulsion et est équipé d’un tremplin pour avions à décollage court et appontage par brins d’arrêt. Les 2 PO indiens (273 m, 45.000 t, fioul et 1.600 p) présentent les mêmes caractéristiques. Le PO russe (302 m, 60.000 t, fioul et 1.950 p) dispose des mêmes équipements aviation. L’unique PO britannique (280 m, 65.000 t, fioul et 1.600 p) dispose d’un tremplin, mais pas encore de groupe aérien. Vers 2022-2023, il embarquera des avions américains F35B à décollage court et atterrissage vertical puis sera rejoint par un navire jumeau. A l’horizon 2030, 27 unités devraient naviguer dans le monde : Etats-Unis, 11 PA équipés de catapultes électromagnétiques ; France, 1 PA à catapultes à vapeur et études lancées pour son successeur ; Brésil, 1 PO car le PA Sao-Paulo (ex-Foch français), désarmé, devrait être remplacé après le rachat du porte-hélicoptères britannique Ocean ; Italie, 2 PO qui auront été transformés pour recevoir des F35B ; Espagne, 1 PO ; Inde, 3 PO dont 1 avec catapultes ; Chine, 4 PO et projet de propulsion nucléaire ; Russie, 2 PO. Armée de Terre : 1er REC, projeté dans toutes les Opex Le 1er Régiment étranger de cavalerie (REC) assure des missions de
reconnaissance et d’intervention avec la puissance de feu de chars AMX 10RC-R à roues et canon de 105 mm. Il recueille aussi le renseignement tactique (véhicules blindés légers) et agit contre les chars (missile Milan et successeur). Installé dans les Bouches-du-Rhône sur le camp de Carpiagne (1.600 ha), le 1er REC a accueilli, le 25 janvier 2018 en visite de travail, la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat, avant la discussion du projet de loi de programmations militaire 2019-2025 le 22 mai prochain. Son président, Christian Cambon, a souligné le rôle du Sénat pour éviter, notamment, le contournement des engagements du président de la République en matière de Défense (19 janvier à Toulon) par le ministère de l’Economie et des Finances. De son côté, le général Jean-Pierre Bosser, chef d’état-major de l’armée de Terre, a rappelé que l’entretien de matériels anciens coûte aussi cher que leur remplacement par des équipements modernes protégeant mieux les soldats. Préparation opérationnelle. Un sous-groupement tactique interarmes en opération extérieure (Opex), accroché par un adversaire, l’isole, le neutralise puis se réarticule pour poursuivre sa mission. Le 1er REC a procédé à une démonstration dynamique en plusieurs phases : véhicule blindé léger touché par un engin explosif improvisé et déminage autour (photo) ; évacuation d’un blessé par hélicoptère ; prise d’assaut d’une habitation, dont se sont emparés 10 terroristes, renforcés par 20 combattants en réserve avec des pickups. Alors que l’entraînement réel fait prendre conscience de la réalité du terrain, de l’adversaire et de l’incertitude du combat, la simulation permet de l’optimiser par un gain de temps de formation et une économie de munitions. A cet effet, le 1er REC dispose d’un centre complet de simulation. Une vision globale du champ de bataille est obtenue par sa numérisation par recueil de données en temps réel. La simulation par ordinateur permet d’envoyer des ordres et de recevoir des comptes rendus. La salle de planification organise des exercices où se multiplient les incidents, comme les engins explosifs improvisés ou les évacuations sanitaires. Il s’agit d’intégrer les bons réflexes, de comprendre les mécanismes de combat et d’acquérir des savoir-faire, du niveau d’une équipe de trois légionnaires à celui du colonel chef de corps. La simulation du tir de missile Milan et de canon d’AMX 10 RC-R constitue un entraînement avant la campagne de tirs réels. Le Milan, d’une portée de 1.900 m, présente une période de vulnérabilité de 12 secondes pour le tireur. Son successeur, le MMP (missile moyenne portée), d’une portée de 4.000 m et qui n’a pas cet inconvénient, entre déjà en service dans les unités terrestres.
Arme et équipement individuels. D’ici à 2028, toute l’armée de Terre sera dotée du fusil d’assaut allemand HK 416 F, en remplacement du Famas français amélioré. La version standard, au calibre Otan (5,56 mm) et réglable pour les gauchers, est munie d’une baïonnette, d’un bipied, d’un lance-grenade de 40 mm et d’une aide à la visée. Les légionnaires du 1er REC s’entraînent déjà au tir de cette arme en marchant. Le nouveau gilet pare-balles, plus confortable que les précédents, empêche la perforation mais pas le choc de l’impact. Le « barda », qui inclut musette, gilet, fusil, casque en kevlar, rations de combat et munitions (12 chargeurs à 30 cartouches pour le HK 416 F), pèse 40-50 kg. Enfin, le soldat consomme 9 litres d’eau par jour en opération. Loïc Salmon La Légion étrangère : qualité, commandement et formation Armée de Terre : programme « Scorpion », le GTIA de demain Défense : le futur combattant dans un monde numérisé Forces spéciales Air : allonge, rapidité et puissance de feu Les forces spéciales Air assurent une projection discrète de petits effectifs sur des objectifs à forte valeur ajoutée, constituant un outil de liberté d’action pour le chef d’Etat-major des armées. Leur commandant, le général de brigade aérienne Louis Fontant, les a présentées à la presse le 11 janvier 2018. Un système de forces. Des équipes de 3 à 10 militaires doivent se déplacer sur de longues distances, rapidement et en évitant les voies terrestres propices aux
embuscades et engins explosifs improvisés, explique le général. Leurs missiles portatifs et canons de 20 mm ne leur permettent pas de neutraliser un adversaire bien retranché ou protégé par une épaisse muraille. Elles recourent alors à l’aviation de combat pour un appui feu rapide dans la profondeur. Une opération spéciale sur un théâtre extérieur nécessite des radars embarqués sur des drones, hélicoptères, avions de transport et de chasse. Les forces spéciales air disposent d’une capacité d’action dans des contextes particuliers, mais dépendent des forces conventionnelles terrestres aériennes et navales pour leurs besoins logistiques. L’armée de l’Air fournit les modules d’appui feu aux opérations spéciales. Une formation commune est dispensée aux forces spéciales des trois armées : sabotage, destruction d’objectifs, renseignement et récupération de personnels isolés. Toutefois, les forces spéciales Air constituent un système qui se décline en trois cercles, indique leur commandant. Le premier inclut les combattants au sol, qui totalisent environ 750 personnels, et des hélicoptères. Le deuxième comprend les moyens d’appui : génie, transmissions, largage de commandos en haute altitude et équipes NRBC (nucléaire, radiologique, biologique et chimique). Celles-ci récoltent les preuves d’utilisation de produits chimiques ou bactériologiques et procèdent aux évacuations d‘urgence de victimes. Le troisième cercle inclut l’aviation de chasse dans son ensemble et les unités chargées d’établir les procédures avec les forces spéciales au sol. S’y ajoutent : les drones Reaper (moyenne altitude longue endurance), bientôt équipés de capteurs de communications et d’armement ; le centre de formation des personnels pour la mise en œuvre de drones de toutes dimensions. Les unités. Le Commando parachutiste de l’air N°10 s’entraîne en permanence. Chaque personnel participe à au moins une opération par an. Son effectif de 250 personnes devrait s’accroître de 40 recrues, dont des civils. Il assure la liaison avec l’aviation de chasse pour détecter les cibles, renseigne sur les positions des troupes amies afin d’éviter les tirs fratricides, dirige les frappes sur l’ennemi et évalue les dégâts causés à la cible. Il assure également la liaison avec les avions de transport pour reconnaître les zones de largage ou de poser, examiner les terrains d’atterrissage sommaire ou s’emparer d’une plateforme aéroportuaire (opération « Serval » au Mali en 2013). L’escadron de transport 3/61 « Poitou », basé à Orléans, dépose les commandos dans la profondeur et peut servir de PC volant ou de relais radio. Il sera doté des avions A400M pour la logistique et des KC-160J capables de ravitailler deux hélicoptères en vol dont la livraison est prévue en 2019. L’escadron 1/67 « Pyrénées », basé à Cazaux, regroupe les
hélicoptères Caracal pour la recherche et le sauvetage à terre et en mer. Les autres modules d’appui incluent les équipes cynophiles, les systèmes de communication et de commandement, le génie aéronautique, le déminage et l’infrastructure aéronautique de campagne. Loïc Salmon Forces spéciales : opérations selon le droit de la guerre Forces spéciales : ET «Poitou»/CPA10, binôme avions/commandos Défense : les opérations aéroportées, capacités spécifiques selon les missions Sahel : l’opération « Barkhane », un effet d’entraînement fort La stratégie de la force « Barkhane » consiste à empêcher les groupes armés terroristes de communiquer entre eux, afin de les cloisonner puis de les réduire par des actions successives. A terme, elle vise à mettre la menace terroriste à la portée des armées du G5 Sahel. Trois retours d’expérience ont fait l’objet de deux présentations le 26 octobre 2017 à Paris. Le général de division Xavier Le Pelletier de Woillemont, commandant la force « Barkhane » d’août 2016 à juillet 2017, a exposé son analyse au cours d’une conférence-débat organisée par l’Association nationale des auditeurs jeunes de l’Institut des hautes études de la défense nationale. Le colonel Thierry Crepin, ancien chef de corps du 503ème Régiment du train, et le lieutenant-colonel Pierre de Thieulloy (photo), chef de corps du 4ème Régiment de chasseurs, tous deux sur zone de juin à octobre 2017, ont apporté leurs témoignages lors du point de presse hebdomadaire du ministère des Armées. Menace circonscrite au centre. Le Mali se trouve à l’épicentre du djihadisme au Sahel, rappelle le général de Woillemont. De 500 à 1.000 combattants
attaquent, de façon asymétrique, au moyen de mines, engins explosifs improvisés, tirs indirects et raids terroristes, pour prendre le contrôle de la population. Ils enrôlent peu d’enfants soldats, portant surtout des messages ou transportant des mines, mais recourent de plus en plus aux femmes. Tout enfant mineur qui tire sur un soldat français est considéré comme un ennemi. S’il est capturé, il est remis à l’UNICEF. Ces groupes terroristes, qui disposaient d’un territoire, de ressources et de camps d’entraînement en 2013, sont pourchassés en 2017 mais n’ont pas disparu. Outre l’AQMI (Al-Qaïda au Maghreb islamique), il existe un EIGS (Etat islamique au grand Sahara) et des RVIM (Groupes de soutien à l’islam et aux musulmans), qui concluent des alliances de circonstances pour échanger de l’argent, des ressources et des expertises. S’y ajoutent le risque d’incursions, au Niger et au Tchad, de Touaregs venus de Libye, et la menace persistance de l’organisation Boko Haram, actuellement contenue par les forces multilatérales africaines autour du lac Tchad. Ces deux pays sont surveillés en permanence par les drones, les écoutes électroniques et à partir du renseignement humain obtenu par les armées africaines, qui doivent gagner la confiance des populations…par un comportement exemplaire ! Au cas où Boko Haram attaquerait les forces nigériennes ou tchadiennes, l’aviation française interviendrait à leur profit, indique le général. La force « Barkhane » doit d’abord contenir les raids éventuels en provenance du Nord, après les grandes opérations du premier semestre 2016. Ensuite, le partenariat militaire permet de sécuriser le centre de la bande sahélo- saharienne à trois niveaux : accompagnement des forces africaines au combat par la force « Barkhane » pour apporter confiance et commandement ; préparation à l’engagement opérationnel de tous les éléments de « Barkhane » (encadré) ; construction d’armées nationales africaines, adaptées à la menace terroriste, par les pôles opérationnels de coopération au Sénégal et au Gabon de la Direction de la coopération de sécurité et de défense du ministère français des Affaires étrangères. L’armée malienne, hier battue par les djihadistes mais aujourd’hui en pleine reconstruction, tient le terrain. Les unités en « nomadisation » interviennent loin et longtemps. Une observation de longue durée par les drones et des renseignements précis permettent le montage d’une opération fulgurante par l’aérocombat et l’emploi de blindés légers, en vue de sécuriser une zone. La dynamique de la force régulière doit l’emporter sur celle du terrorisme, souligne le général. Rendre « Barkhane » possible. Sur le plan logistique, la force « Barkhane » bénéficie de l’aide des Etats-Unis pour le transport aérien, de celles de l’Italie,
l’Allemagne, l’Espagne et la Belgique pour diverses prestations de services et de celle de l’Algérie pour le carburant et l’eau. Selon l’Etat-major des armées, l’opération du même nom a connu des relèves majeures en septembre-octobre 2017 : 4.000 militaires remplacés par 4.000 autres ; 52 liaisons par air pour le transport des personnels ; 202 t de fret entre la France et les bases aériennes de Niamey et N’Djamena ; transports maritimes de fret et matériels de France aux ports d’Abidjan (Côte d’Ivoire) et de Douala (Cameroun). L’acheminement terrestre prend la suite, explique le colonel Crepin. Après une préparation de 5 mois, le Groupement tactique logistique « EL Parras » (600 personnels) a transporté des munitions et tout ce qui assure le soutien : conditions de vie, santé, énergie, maintien du matériel en condition opérationnelle, équipements et infrastructures. Pendant des missions d’une journée à trois semaines, il a fait face à un ennemi, fugace mais omniprésent, dans des conditions difficiles : températures de 60°-70°C ; tempêtes de sable ; fortes pluies. En tout, ses 200 véhicules ont parcouru 1,5 Mkm pour transporter 3.600 t de fret et 11.200 m3 de carburant. Selon le lieutenant-colonel de Thieulloy, les 800 militaires du Groupement tactique désert blindé « Edelweiss » ont assuré une présence dissuasive par 500 patrouilles de 3 heures à 3 jours au Mali, Tchad et Niger et effectué 2 opérations majeures pour démanteler des trafics d’armes. Outre la prise quotidienne de risques (mines), ils doivent conserver leur discernement lors des tirs adverses à partir d’habitations, en raison de la présence probable de femmes et d’enfants. L’enjeu de cette mission de guerre porte sur : le maintien de la confiance avec la population, qu’il faut disputer aux groupes terroristes qui en dépendent ; l‘assistance médicale ; la relance de l’activité économique. Approche globale. Militairement et en termes de communications, la force « Barkhane » doit rester discrète pour ménager la fierté nationale des Etats souverains, indique le général de Woillemont. Le niveau opérationnel de la force conjointe du G5 Sahel progresse, mais son financement (200-300 M€) n’est pas encore bouclé. Outre la sécurité, il faudra aussi assurer des revenus aux populations par l’aide au développement, afin de tarir le recrutement de terroristes. Loïc Salmon « Serval » : manœuvre aéroterrestre en profondeur et durcissement de l’engagement
La logistique opérationnelle : intégrée à toutes les opérations militaires, de Verdun aux Opex La bande sahélo-saharienne s’étend sur une longueur de 4.500 km et une largeur de 2.100 km, soit l’équivalent de l’Europe. L’organisation de coopération régionale du « G5 Sahel » regroupe la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad. L’opération « Barkhane », lancée le 1er août 2014 à la suite de l’opération « Serval » (15 janvier 2013), engage 4.000 militaires, 5 drones, 8 avions de chasse, 17 hélicoptères, 6 à 10 avions de transports tactiques et stratégiques, 300 véhicules logistiques et 300 véhicules blindés légers. Elle dispose de : 3 points d’appui permanents à Gao (Mali), Niamey (Niger) et N’Djamena (Tchad) ; 6 bases avancées temporaires à Tessalit et Kidal (Mali), Aguelal et Madama (Niger) ainsi qu’à Faya et Abéché (Tchad). L’opération « Barkhane » a pour missions d’appuyer les forces armées des pays du « G5 Sahel » dans la lutte contre les groupes armés terroristes et d’empêcher ces derniers de reconstituer des bases « sanctuarisées » dans la région. Armée de Terre : faire face à toutes menaces, ici et là-bas Posture dynamique sur le territoire national et recherche de l’innovation dans les engagements de haute intensité sur les théâtres d’opération extérieurs. Cette vision pour l’armée de Terre a été exposée par son chef d’état-major, le général Jean-Pierre Bosser, lors de sa présentation, le 19 octobre 2017 à Satory (banlieue parisienne), devant les officiers stagiaires de l’Ecole de Guerre, les auditeurs de l’Institut des hautes études de défense nationale et la presse. La 3ème Division à l’honneur. Vedette de cette journée de présentation, la 3ème Division fournit des unités entraînées aux 2 division de l’armée de Terre (AdT). Elle comprend 3 brigades (parachutiste, blindée et légère blindée) et 3 régiments organiques des forces terrestres (cavalerie, génie d’appui et artillerie).
Son état-major, basé à Marseille, constitue un centre expert de décision et d’exécution pour la préparation à l’engagement opérationnel et la génération de forces. Les équipements de ses unités seront renouvelés par les systèmes d’armes du programme Scorpion. Sa démonstration du 19 octobre 2017 s’est articulée autour de deux présentations de combat aéroterrestre. La première a mis en valeur les actions menées, contre un ennemi asymétrique, par une approche globale de résolution de conflit dans le cadre d’un partenariat avec un pays ami menacé. Cette approche inclut : l’assistance militaire opérationnelle ; la neutralisation de groupes armés ennemis par les forces spéciales ; les opérations militaires d’influence ; la reconnaissance d’un axe pour un convoi logistique et la réaction à une attaque par engin explosif improvisé. La seconde présentation a montré l’action de l’AdT dans un conflit de haute intensité. Sa capacité porte sur : l’identification de la menace ; le renseignement sur l’ennemi ; la préparation à l’engagement ; l’évaluation de l’ennemi sur le terrain ; l’ouverture du feu dès le contact. Les impératifs d’une ambition. Conformément à l’objectif fixé par le président de la République de devenir les premières en Europe, les armées françaises verront leur budget augmenter de 1,8 Md€ en 2018, puis de 1,7 Md€ par an jusqu’en 2022, en vue d’atteindre 2 % du produit intérieur brut en 2025. Selon le général Bosser, cela implique, pour l’AdT, de maintenir son modèle complet, ou presque, en vue d’intervenir seule en premier et affronter un ennemi conventionnel, hybride ou irrégulier. Cela exige de la « masse » pour durer, pourvoir renouveler hommes, munitions et équipements et enfin de créer un effet d’entraînement vis-à-vis des armées partenaires. Suffisamment aguerris, les soldats français devront combiner haute technologie et rusticité, continuer à combattre malgré les pertes et accepter de payer le prix du sang. La possession des équipements les plus modernes assurera une meilleure protection, permettra de pratiquer un combat interarmes « infovalorisé » (échange automatique des flux massifs d’informations entre systèmes d’armes) et garantira de rester dans la course à l’innovation. S’y ajoute la capacité à constituer ou soutenir une coopération, en la dirigeant ou en lui apportant un concours. De plus, permettre aux soldats et à leurs familles de vivre et travailler dans de bonnes conditions préservera l’attractivité du métier des armes. Par ailleurs, constate le général Bosser, l’adversaire durcit ses modes d’action et les conflictualités se diversifient. Les forces terrestres subissent un étalement, lié au nombre, à la dispersion et aux élongations des théâtres d’opérations, provoquant des tensions sur les hommes,
les compétences et les équipements. De plus, la perception des faits l’emporte de plus en plus sur leur réalité, à savoir l’influence des émotions, idéologies et croyances personnelles sur l’opinion publique. Il s’agit donc, à tous les niveaux de responsabilité, de vaincre et de convaincre, souligne le chef d’état-major de l’AdT. Celle-ci doit retrouver, en 2018, son niveau d’entraînement d’avant les attentats de 2015, qui ont déclenché son redéploiement sur le territoire national pour en renforcer la sécurité. La reprise de la préparation opérationnelle interarmes, amorcée en 2017, sera amplifiée en 2018. En matière d’équipements, le projet MCO-T 2025 (maintien en condition opérationnelle Terre à l’horizon 2025) va séparer l’entretien opérationnel, au plus près des forces, de la maintenance industrielle pour produire simultanément du potentiel et de la disponibilité. L’Adt devra recruter du personnel civil et dégager des financements pour confier davantage de maintenance aux entreprises privées. Les ressources humaines. L’AdT devra aussi recruter des personnels, développer leurs compétences puis les fidéliser. En 2017, l’Adt, qui constitue 42 % de l’effectif total des forces armées, compte : 75 officiers généraux ; 11.000 officiers ; 31.000 sous-officiers ; 56.000 militaires du rang ; 19.000 réservistes opérationnels ; 8.200 civils. Elle emploie surtout des personnels sous contrat dans 400 métiers : 74 % parmi les militaires, dont 100 % chez ceux du rang. Sa moyenne d’âge se situe à 33 ans : 40 ans pour les officiers ; 38 ans pour les sous- officiers ; 28 ans pour les soldats. L’AdT encourage la promotion interne avec environ 50 % des officiers et sous-officiers sortis du rang. Enfin, son chef d’état- major souhaite redonner ses lettres de noblesse à l’Ecole de Guerre, définir le rôle et la place du renseignement de niveau tactique, structurer l’aguerrissement et rénover la doctrine de la cynotechnie. La protection du territoire national. Créé en juin 2016, le Commandement Terre pour le territoire national (Com TN) a pour mission d’optimiser l’engagement de l’AdT en soutien à l’action de l’Etat, en métropole et outre-mer, dans un cadre interarmées et interministériel. Ainsi, en cas de crise, le préfet de département, directeur des opérations, la gère avec les forces de sécurité intérieure. En cas de besoin, il demande des renforts militaires au préfet de zone de défense et de sécurité. Ce dernier et l’officier général de zone de défense et de sécurité formulent une demande de concours ou une réquisition de capacités militaires. Puis le chef d’état-major des armées décide le déclenchement d’une opération ou d’une mission intérieure et la mise à disposition de moyens. L’AdT
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