Transformation omnicanal : Êtes-vous prêts ? - Hardis Group
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Transformation omnicanal : Êtes-vous prêts ? Avec les témoignages de : Damart | FM Logistic | ISOCEL - Mouvement E.Leclerc | La Halle - Vivarte | Leroy Merlin | SMCP | Viapost - Groupe La Poste
édi to Par Yvan Coutaz, Directeur Général Adjoint, Hardis Group La relation client et les parcours clients se sont largement digitalisés avec l'essor des ventes e-commerce et l’avènement du mobile et des tablettes. Comment les enseignes s’adaptent-elles aux nouveaux usages des consommateurs et mènent-elles cette transformation omnicanal ? Au-delà de l'effet de mode, quelles initiatives sont actuellement déployées (ou testées) pour proposer une expérience client digitale différenciante, sans couture, à travers tous les canaux ? Le niveau d'exigence attendu par les consommateurs est-il correctement adressé ? Les résultats sont-ils au rendez- vous ? Dans ce livre blanc collaboratif, à l'initiative de Hardis Group et IBM, nous avons interrogé des spécialistes du commerce omnicanal, du digital, de la logistique et de l'IT. Nous avons également fait intervenir des experts de la transformation digitale, afin de comprendre son impact sur les hommes et les femmes, clients ou collaborateurs des entreprises. Et nous avons surtout demandé à des entreprises du secteur de la distribution, françaises ou multinationales, de partager leurs expériences. Le courage de se transformer en profondeur Je retiens un enseignement essentiel de ces différents témoignages : dans un monde qui bouge où les usages changent, l'omnicanal est une véritable opportunité, pour les entreprises, de se ré-inventer. Encore faut-il avoir la volonté et l’ambition de se transformer, en profondeur… Car c'est bel et bien l'enjeu : pour tenir la promesse faite aux consommateurs et survivre dans une économie “ubérisée”, les entreprises n’ont pas d’autre choix que de se transformer. Une approche superficielle à coups de
"quick-wins" digitaux est insuffisante. La Et l'innovation dans tout cela ? roadmap omnicanal doit être déterminée L'innovation se concrétise bien évidemment et déclinée au niveau de toute l'entreprise, au contact des clients et des vendeurs, en car elle impacte les organisations, les utilisant ces nouvelles technologies qui processus, les systèmes d'information, les permettent de créer une expérience client RH... et les femmes et les hommes. Les digitale différenciante. Elle passe également expérimentations de type « test & learn » par une exploitation fine des data pour gagnent du terrain car elles permettent personnaliser la relation et maximiser les de valider (ou invalider) rapidement de ventes. Enfin, l’innovation est indispensable nouvelles offres ou des concepts innovants. pour transformer la logistique qui devient Elles intègrent désormais les clients, digitale et connectée : développement de les collaborateurs, et plus globalement micro-services grâce à des applications l'écosystème des entreprises, pour co-créer légères dans le Cloud, automatisation de la valeur. des tâches avec des robots et des drones, Les entreprises qui s'en sortiront le mieux exploitation des données en temps réel seront celles qui auront réussi à créer une grâce à toutes sortes de capteurs et la vidéo, véritable culture de changement agile et etc. de l'innovation, basée sur l’intelligence Au-delà des avancées technologiques, avec collective et l'accompagnement des équipes la multiplication des flux en milieu urbain, sur le terrain. l'omnicanal nécessite également de repenser la logistique pour la rendre plus écologique. Ré-inventer la supply chain Au travers de ces témoignages, il est frappant Replacer l'humain au cœur de nos de voir à quel point cette transformation réflexions omnicanal nécessite de ré-inventer la Et l'humain dans tout cela me direz-vous ? supply chain. Si nous, consommateurs, Et si cette réussite, cette transformation, se nous sommes désormais habitués à être faisait avec les femmes et les hommes qui livrés "dans l'instant" (ou à retirer notre constituent nos entreprises, en misant sur commande dans les 2 heures ou à J+1), les cette formidable intelligence collective ? enjeux pour les logisticiens sont énormes. Ils Cette question est essentielle dans la réussite ne concernent pas seulement les entrepôts de la transformation omnicanal et culturelle où les modes de préparation évoluent, mais des entreprises. C'est pourquoi nous avons aussi les magasins qui deviennent des lieux souhaité conclure ce livre blanc en replaçant de préparation et de retour de marchandises. l'humain au cœur de nos réflexions. Sans compter que le digital vient bouleverser le métier des équipes au contact des clients Pour finir, je tiens à remercier chaleureusement dans les points de vente. tous les intervenants pour le temps qu'ils La logistique du e-commerce et de nous ont consacré et les expériences l’omnicanal se doit d’être plus flexible, plus partagées dans ce monde plus ouvert que intégrée. Les prestataires logistiques se sont jamais. d’ailleurs largement transformés ainsi que les pure-players de la e-logistique. Il est donc indispensable de ne pas sous-estimer, ou traiter tardivement, ces transformations de la chaîne logistique. 5
PARTIE 1 : OMNICANAL, DE LA VISION À LA MISE EN ŒUVRE Distribution omnicanal : quand le commerce se réinvente......................................................... p.9 3 questions à Cécile Laroumanie, Directrice Supply Chain, Leroy Merlin France............. p.12 3 questions à Jérôme Bergeret, Directeur des systèmes d’information, La Halle............. p.14 3 questions à Rida Temcamani, Responsable SI e-commerce et Logistique, Groupe SMCP.............................................................................................................................................. p.16 La digitalisation du point de vente au service de l’expérience client..................................... p.18 Les 10 technologies au service de l’expérience et de la connaissance du client............... p.20 PARTIE 2 : LA SUPPLY CHAIN, PARTIE INTÉGRANTE DE LA PROMESSE CLIENT Logistique : anticiper la montée en puissance des flux omnicanal......................................... p.23 3 questions à Philippe Bourriot, Directeur de la Stratégie, Viapost (Groupe La Poste).....p.26 Logistique omnicanal : les bonnes pratiques................................................................................... p.28 Innovation & Logistique............................................................................................................................ p.31 3 questions à Pablo Gomez, Directeur de l’Innovation, FM Logistic...................................... p.34 PARTIE 3 : LA TRANSFORMATION DES SI AU SERVICE DE L’OMNICANAL La digitalisation conduit à faire évoluer le système d’information mais aussi le « business model » de la DSI........................................................................................................................................p.37 Transformer l’omnicanal en une opportunité maîtrisée et profitable.....................................p.40 3 questions à Olivier Pithon, Directeur Général ISOCEL, Mouvement E.Leclerc...............p.43 3 questions à Pierre Rouxel, Directeur des Opérations, Damart..............................................p.45 Avec l’omnicanal, les retailers doivent transformer leur système d’information................p.47 Smart Data : 8 conseils pour améliorer la connaissance client.................................................p.49 L’orchestration des commandes omnicanal.....................................................................................p.52 PARTIE 4 : TRANSFORMER LES HOMMES ET LES PROCESSUS Les enjeux managériaux de l’omnicanal : l’ère de la « complicité 2.0 » ?............................ p.55 Transformation digitale : l’individu au cœur de la conduite du changement..................... p.58 Témoignages................................................................................................................................................ p.62 7
PARTIE 1 : OMNICANAL, DE LA VISION À LA MISE EN ŒUVRE A l’heure du client connecté, qui souhaite pouvoir acheter quand il veut, depuis où il veut, les entreprises du secteur de la distribution doivent repenser la relation client et les parcours client. Les passerelles entre les canaux de vente se multiplient, le point de vente intègre de nouveaux services et se digitalise, pour une expérience d’achat toujours plus aboutie et personnalisée. De la stratégie omnicanal à sa déclinaison opérationnelle, comment procèdent les retailers ? Quelles sont les bonnes pratiques et les technologies à leur disposition ? 8
DISTRIBUTION OMNICANAL : QUAND LE COMMERCE SE RÉINVENTE Par Marie-Axelle Loustalot-Forest, Associate Partner, IBM Global Business Services, Global Retail Center of Competence La multiplication des canaux de vente Jusqu’au milieu des années 90, les quatre phases du processus d’achat (recherche de produits, sélection d’un produit, transaction et enfin prise de possession du produit) se déroulaient dans un seul et même endroit, le magasin physique, et sur une durée plus ou moins longue, selon qu’il s’agissait d’un achat d’investissement ou d’un achat de valeur moindre et d’une fréquence plus élevée. Seule la vente par correspondance faisait exception au modèle. L’avènement du e-commerce, puis l’adoption rapide des smartphones depuis 2007, ont bousculé ces modes d’achat en faisant exploser le processus linéaire de recherche, sélection, transaction et prise de possession du produit. Les pure players ont ré-inventé la vente à distance. En plus d’une présentation multimedia des produits, les canaux digitaux permettent une animation des ventes et une mise à jour permanente de l’offre produit et des prix, ce qui n’était pas possible avec les catalogues et promotions imprimés. Certains d’entre eux ont ouvert des points de vente physiques. De leur côté, les distributeurs traditionnels ont progressivement développé des canaux de vente digitaux, pour proposer plusieurs canaux d’achat à leurs clients. Le commerce à l’heure du client connecté Les consommateurs, dont les comportements sont souvent en avance sur la proposition des distributeurs, se sont mis à utiliser tous les canaux dans les quatre phases de leur processus d’achat. Ils utilisent les canaux digitaux pour se renseigner sur les produits d’un distributeur avant de décider, ou non, de se rendre dans un de ses magasins. Inversement, ils commandent à distance des produits qu’ils ont vus, testés, touchés, essayés dans des magasins physiques. Et ils passent leurs commandes en dehors des jours et heures d’ouverture des magasins physiques. En France, les canaux digitaux connaissent un pic d’activité le dimanche, quand la plupart des magasins physiques sont fermés. En parallèle, avec l’arrivée des smartphones, de la 3G, puis de la 4G, Internet est entré dans les magasins, dans la poche des consommateurs. Ces derniers s’en servent pour comparer immédiatement pour un produit donné, les prix du magasin avec ceux de la concurrence (que ce soit en ligne ou en magasins). Ou pour consulter, via l’application mobile du distributeur, les promotions en cours dans le magasin. 9
Quand le consommateur est en magasin, il peut se renseigner sur des produits en consultant son smartphone, ou en interrogeant un vendeur. Il peut commander un produit sur son mobile et demander une expédition à domicile, en point-relais ou en consigne, ou bien payer en caisse et repartir tout de suite avec le produit. Comprendre chaque consommateur pour anticiper les flux Avec ces nouvelles façons d’acheter, la logistique du secteur de la distribution se complexifie. Finie l’époque où un entrepôt central poussait des palettes de produits à chacun des points de vente du réseau : il doit désormais préparer des colis pour le consommateur final, en plus des livraisons à destination de ses magasins. Le consommateur peut retourner les marchandises achetées sur Internet en point de vente. Et quand il achète en magasin, il peut décider de se faire livrer à domicile ou dans un autre magasin que celui dans lequel la transaction a eu lieu. Plus qu’auparavant, il devient indispensable de comprendre comment achète chaque client, et ce qu’il achète. C’est la raison pour laquelle l’utilisation des technologies d’analyse fine des données devient incontournable, pour décoder et prévoir le comportement de chaque consommateur. La transformation du rôle du magasin Progressivement, le rôle du magasin se transforme. Son rôle en tant que lieu de mise en scène de la marque et du produit se renforce : il deviendra vraisemblablement de plus en plus un showroom, avec moins de produits en stock que par le passé, où le consommateur pourra voir, toucher, manipuler, essayer un produit, puis le commander et se faire livrer à l’endroit le plus pratique pour lui. A l’avenir, le magasin devrait se faire plus petit, tout en offrant davantage de services. Les gains en loyer seront contrebalancés par les coûts liés aux nouveaux services proposés en magasin et à la logistique omnicanal. Il revient en effet plus cher de servir une commande individuelle, que de préparer et expédier une palette vers un magasin. Inversement, les points de vente dont la surface et les stocks resteraient au niveau actuel pourraient être amenés à devenir des centres de préparation de commandes. En résumé, en quelques années, on a assisté à une multiplication des lieux et des modes de recherche, de sélection, de transaction et de prise de possession des produits. Et, surtout, les barrières entre les canaux physiques et digitaux s’effondrent progressivement. C’est pourquoi on ne parlera bientôt plus de distribution multi-canal, cross-canal ou omnicanal, mais... de commerce, tout simplement ! 10
3 questions à Cécile Laroumanie, Directrice Supply Chain, Leroy Merlin France Mettre en place un parcours client sans couture, capitalisant sur les forces et les complémentarités de l’ensemble des canaux de vente, physiques et digitaux. Tels sont les objectifs omnicanal que s’est donnée l’enseigne de bricolage depuis 5 ans. Quels dispositifs omnicanal avez-vous mis en place et pour quelles raisons ? Implantés à proximité des grandes agglomérations, les 130 magasins Leroy Merlin sont organisés autour de quatre univers : bricolage, construction, jardinage, et décoration. Notre enseigne, qui compte plus de 20 000 collaborateurs en France à ce jour, a commencé à structurer et déployer sa stratégie omnicanal depuis quelques années. Notre ambition est de proposer un parcours client omnicanal sans couture, avec une logique de rebond et de complémentarité entre les canaux. En magasin, malgré une offre large, disponible immédiatement sur nos points de vente, il nous a toujours été impossible de stocker toutes nos références. C’est la raison pour laquelle l’une des forces de Leroy Merlin a toujours été, outre le libre-service, l’assistance et la prise de commande par nos conseillers de vente. Ce système a été dupliqué sur les canaux digitaux. Sur Internet, nous avons porté une attention toute particulière au fait que nos clients soient dans un univers qui ressemble à nos magasins, tout en nous appuyant sur les possibilités offertes par les outils digitaux : informations détaillées sur les produits, tutoriels vidéos, simulateurs… Notre site e-commerce offre de nombreuses possibilités : consulter les stocks disponibles dans le magasin le plus proche, échanger ou se faire rembourser directement en magasin, se faire livrer en magasin (avec une option de retrait 2 heures après un achat en ligne), échanger avec les conseillers de vente, demander des devis… Les informations sont contextualisées en fonction du magasin le plus proche, afin que nos clients puissent également être informés de la vie de « leur magasin préféré » : promotions spécifiques, animations, etc. 12
Quels changements ont été apportés à la gestion de votre supply chain ? Au niveau des modalités de livraison, nos clients ont le choix, quand ils sont sur notre site e-commerce, de se faire expédier les articles chez eux ou dans un Point Relais, ou encore de les retirer dans le magasin de leur choix. Et, quand ils sont en magasin, d’emporter immédiatement la marchandise, de se faire livrer chez eux ou en magasin. Nos 4 entrepôts gèrent tous les canaux de vente sur les produits qu’ils détiennent. Pour certains produits, ce sont nos fournisseurs qui livrent directement le client ou le magasin. Avec la montée en puissance des processus omnicanal, nous avons augmenté le nombre de références en entrepôts pour les produits à forte rotation. Et, comme le facteur “délai de mise à disposition de la marchandise” devient de plus en plus déterminant pour garantir la satisfaction de nos clients, nous avons donc augmenté la fréquence de nos livraisons depuis nos entrepôts vers nos magasins. Quelles sont les facteurs clés de succès pour proposer un parcours d’achat sans couture ? Pour mettre en place un parcours d’achat sans couture, il est indispensable de faire collaborer les équipes magasins et celles du marketing, achat, supply chain afin que les spécificités d’un canal profitent à l’autre. Par ailleurs, il est nécessaire de bien connaître les attentes de nos clients, car nous proposons un nombre très important de références : nous devons être en mesure de faire les bons arbitrages entre les références devant être impérativement disponibles immédiatement et celles pouvant faire l’objet d’une commande avec des délais plus ou moins courts de livraison. 13
3 questions à Jérôme Bergeret, Directeur des systèmes d’information, La Halle Depuis le lancement de son site Internet, La Halle Chaussures et Maroquinerie étend ses dispositifs web to store. Couplée à la mise en œuvre d’un CRM et d’un programme de fidélité, l’enseigne est désormais en ordre de marche pour personnaliser les offres qu’elle propose à ses clients. Quels dispositifs omnicanal avez-vous mis en place et pour quelles raisons ? Filiale de Vivarte, La Halle Chaussures et Maroquinerie s’appuie sur un réseau de 710 magasins péri-urbains et urbains dont la surface va de 300 à 1 200 m². Nous nous sommes lancés sur Internet en 2010, en proposant dès le début de pouvoir retourner ou échanger en magasin les achats réalisés en ligne. Nous avons ensuite ajouté la possibilité de se faire livrer gratuitement en magasin. L’idée était de capitaliser sur le maillage géographique de nos points de vente pour limiter les frais de port et faire venir nos clients en magasin. A l’époque, 80% des clients qui achetaient en ligne ne venaient jamais en magasin. La seconde étape a consisté à donner la possibilité à nos vendeurs de commander, pour un client donné, une référence en rupture de stock ou non présente dans le magasin, avec une livraison en magasin quelques jours plus tard. En effet, la diversité des surfaces de nos magasins ne permet pas, à chacun d’eux, de proposer l’ensemble de nos références et/ou de disposer du même niveau de stocks. Avec notre système de gestion de point de vente et d’encaissement, il n’était pas possible de commander un article pour un client nommé. En 2012, nous avons donc déployé pour nos vendeurs une application qui s’appuyait sur notre plateforme e-commerce. Suite logique dans un contexte de magasins en libre-service, nous avons ensuite décidé d’équiper nos magasins de bornes tactiles pour que le client puisse commander lui-même la référence non disponible en magasin. A ce jour, la passation de commandes depuis les magasins peut atteindre, 14
certains jours, les mêmes volumes que les ventes via notre site e-commerce. Et enfin, depuis début 2015, nous proposons la e-réservation, avec géolocalisation du point de vente le plus proche et paiement au moment du retrait : le magasin doit confirmer la disponibilité de l’article dans les 2 heures et le mettre de côté pendant 3 jours. Qu’avez-vous mis en place pour améliorer la connaissance de vos clients ? Autant sur le canal e-commerce, nous disposions de l’historique pour un client, autant en magasin, nous n’étions pas en mesure de savoir qui avait acheté, retourné, échangé quoi, où et quand. En 2013, nous avons donc déployé un nouveau CRM et un programme de fidélité qui a rencontré un vif succès. Dès le départ, nous avons « encarté » 3 millions de clients. Nous en comptons aujourd’hui 7 millions. L’adhésion ne peut se faire qu’en magasin actuellement, mais nous projetons d’encarter en ligne à l’avenir. La mise en place de ce programme de fidélité nous permet désormais de disposer d’une visibilité à 360° de nos clients, online comme offline. Il nous permet également de mieux cibler les offres que nous faisons à nos clients. A votre avis, quels sont les facteurs clés de succès pour réussir une transformation omnicanal ? Au niveau logistique, nous avons fait le choix d’un seul entrepôt capable de gérer tous les flux. En 2015, nous avons revu nos processus pour regrouper les commandes et réassorts des magasins et les commandes e-commerce, afin de massifier les préparations. Nous avons ainsi réduit par 3 le coût des préparations, gagné en traçabilité et en qualité de service. Nous avons déployé les outils informatiques progressivement et ils sont aujourd’hui opérationnels. Ils vont évoluer mais l’essentiel de notre travail à venir va désormais consister à créer de la valeur autour des données de nos 7 millions de clients encartés. A la fois pour mettre en place de nouveaux indicateurs pour le management, affiner notre stratégie produits, effectuer des campagnes de marketing plus ciblées, ou encore aider nos vendeurs en magasin à mieux comprendre leur clientèle locale. 15
3 questions à Rida Temcamani, Responsable SI e-commerce et Logistique, Groupe SMCP Depuis 2014, le groupe de prêt-à-porter SMCP déploie sa stratégie omnicanal : après avoir revu totalement ses processus et outils e-commerce, ses trois enseignes ont progressivement proposé à leurs clients des services web-to-store. Face à leur succès, ils vont prochainement être complétés par des dispositifs store-to-web. Pouvez-vous nous présenter rapidement le groupe SMCP et sa stratégie omnicanal ? Créé en 1984, le groupe de prêt-à-porter SMCP regroupe trois enseignes : Sandro, Maje et Claudie Pierlot. Notre réseau de distribution comprend plus de 1 000 points de vente dans 37 pays. SMCP a réalisé un chiffre d’affaires de 508,6 millions d’euros en 2014, et connaît une forte croissance aussi bien sur le marché français qu’à l’international. Parallèlement à une politique d’ouverture de magasins ambitieuse, nous avons défini depuis 2012 une stratégie omnicanal, qui comprend plusieurs étapes. Nous avons commencé par ré-internaliser les activités e-commerce pour en avoir la maîtrise de bout en bout et pouvoir les déployer à l’international. Cette première étape a été marquée par la mise en œuvre d’une plateforme e-commerce unique pour toutes les marques et tous les pays. En parallèle, nous avons fait le choix de centraliser et mutualiser nos stocks dans un seul et même entrepôt, quel que soit le canal de vente. Une fois cette phase consolidée, nous avons commencé à déployer progressivement des projets omnicanal : en 2014, nous avons d’abord proposé à nos clients de pouvoir retirer leurs achats en magasin suite à une commande effectuée en ligne, puis de pouvoir changer ou se faire rembourser en magasin les articles achetés sur Internet. Après ces premiers projets web-to-store, nous allons lancer de nouveaux services, store-to-web cette fois-ci : nous comptons ainsi équiper nos vendeurs de tablettes pour qu’ils puissent accompagner le client dans le magasin et le conseiller en temps réel sur les disponibilités des produits. 16
Quels outils ont été mis en place pour accompagner cette stratégie ? Si chaque enseigne a son propre site Internet, nous avons opté pour une seule plateforme e-commerce multi-pays. Nous avons commencé par les boutiques en ligne de Maje et Sandro en 2013. Le site e-commerce de Claudie Pierlot est en ligne depuis septembre 2015. Au niveau du logiciel de gestion des entrepôts, nous sommes historiquement équipés de Reflex WMS (Hardis Group), qui était capable de gérer les flux magasins et e-commerce : nous l’avons donc conservé et adapté à nos nouveaux flux. Au niveau des applicatifs « back office », il nous restait à mettre en place un CRM capable de nous donner une vision à 360° de nos clients : ce projet est actuellement en cours de déploiement. Dans les magasins, nous avons choisi de mettre à la disposition de nos vendeurs une application tactile dédiée pour leur permettre de gérer les commandes qui viennent du Web. Notre objectif était que cette application soit la plus simple d’utilisation et la plus ergonomique possible pour nos vendeurs. Cette application communique avec la plateforme e-commerce, le WMS, le CRM et l’ERP. Selon vous, quels sont les facteurs clés pour réussir une transition vers l’omnicanal ? Une des clés est d’avoir une stratégie précise. Nous avons choisi de créer une direction dédiée, pour accompagner le changement et diffuser une culture différente. La tactique des petits pas est également concluante : chaque étape conditionne la suivante. Cela permet à la fois de changer les habitudes de travail progressivement mais également de ne pas revenir en arrière, puisque chaque phase est préparée et pensée par rapport à celle qui sera déployée ensuite. Il faut également démontrer que tout le monde sera gagnant et le prouver : avec la mise en place du click & collect, les ventes e-commerce ont progressé, le nombre de clients dans les points de vente également, ainsi que les bonus des équipes en magasins. Ce qui nous permet aujourd’hui de financer et d’envisager de proposer d’autres dispositifs omnicanal. 17
La digitalisation du point de vente au service de l’expérience client Par Camille Blanc, Consultante en Transformation Digitale, Hardis Group La digitalisation du point de vente est en marche pour offrir au consommateur une expérience d’achat sans couture. Partie intégrante du parcours client, elle doit s’inscrire dans la stratégie omnicanal des enseignes. Toutefois, le fait de rajouter des équipements et des services, et de multiplier les passerelles entre les différents canaux de vente, peut entraîner une complexification de la relation client, de la promesse et de la lisibilité des services proposés. Cinq points de vigilance pour optimiser l’expérience client en magasin. Choisir des équipements adaptés aux services proposés Bornes, tablettes, géolocalisation Une attention particulière doit être indoor, cabines d’essayage virtuelles…? portée à la pérennité, à la fiabilité et Avant de choisir les équipements, il à la maintenabilité des équipements est nécessaire de s’interroger sur les digitaux. Ainsi qu’à leur capacité à services que l’on souhaite proposer s’intégrer aux systèmes d’administration aux clients. Ces nouveaux dispositifs (notamment de sécurité informatique) doivent s’intégrer naturellement dans et à s’interconnecter aux applications le parcours et être cohérents avec la de gestion du point de vente. stratégie de l’enseigne…! Collecter les données du point de vente Contrairement aux parcours clients de lui offrir une expérience toujours plus e-commerce qui font l’objet de toutes personnalisée. A condition toutefois les attentions depuis de nombreuses de collecter et corréler les données années, les enseignes ont souvent très des équipements connectés et des peu d’informations sur les clients des comportements en points de vente avec magasins physiques. Les outils digitaux les autres sources d’information sur le sur le point de vente permettent client (CRM, plateforme e-commerce…). d’améliorer la connaissance client, afin 18
Offrir un fonctionnement fluide et sans couture Des temps de réponse trop lents, ou que d’éventuelles coupures réseau des informations obsolètes, et c’est ne pénalisent pas les utilisateurs. l’abandon garanti ! Les outils digitaux En parallèle, il est indispensable de doivent d’abord pouvoir s’appuyer centraliser et de mettre à jour en temps sur un réseau performant et sécurisé. réel les informations concernant les D’autre part, le nombre et le poids produits (prix, niveau de stocks, etc.) des requêtes entre les outils digitaux afin de fournir au client des informations et le reste du système d’information fiables. doit être limité au maximum pour Mettre à jour et synchroniser les contenus Afin de personnaliser les équipements mettra en avant les toutes dernières et les rendre attractifs, les contenus promotions, avec des renvois vers des doivent être mis à jour régulièrement pages dédiées, des fiches produits… et automatiquement. Par exemple, une L’ergonomie des écrans devra application mobile ou borne tactile en évidemment être pensée pour être magasin reprendra les grandes lignes responsive, et donc s’adapter à la taille des actualités du site e-commerce, des écrans. Définir des indicateurs clés de performance Si les outils digitaux ouvrent des communiquer sur les performances perspectives intéressantes, encore des dispositifs omnicanal auprès des faut-il s’assurer qu’ils rendent le équipes en magasin et en charge du service attendu. Et pour ce faire, il est développement des outils digitaux, et indispensable d’avoir défini en amont d’identifier les améliorations pertinentes les objectifs business et techniques à apporter aux équipements digitaux de chaque service : taux d’utilisation, du point de vente. comportements attendus des utilisateurs, taux de conversion, taux Enfin, et cela semble une évidence : il d’abandon, pourcentage de ventes faut continuer d’être irréprochable sur additionnelles en magasin… les « services de base » : accueil, sens Ces mesures permettent à la fois du service, disponibilité, conseil… de piloter la qualité de service, de 19
les sites de commerce en ligne sans y faire d’achat. Les internautes visitent en moyenne 5 fois un site avant d’acheter. Si elles ne sont pas récentes, les technologies de ciblage et de retargeting, telles que les cookies et le Javascript sont Les 10 technologies incontournables pour proposer au au service de consommateur une expérience de l’expérience et de la navigation personnalisée (derniers connaissance client articles consultés, publicité ciblée, prix agressif sur un article précédemment Des solutions consulté, etc.) et augmenter le taux proposées par Cédric de conversion visite/achat. Pourtant, Belmont, Business leur potentiel est encore souvent Solutions Manager, sous-exploité sur la plupart des sites Hardis Group. e-commerce… La géolocalisation indoor Contrairement à la géolocalisation outdoor, basée essentiellement sur Le smartphone le GPS, la géolocalisation indoor n’en Adopté massivement par les est qu’à ses prémisses. Elle ouvre, consommateurs, le smartphone elle-aussi, de vastes perspectives est un véritable concentré de en termes de services pour guider technologies au service des le consommateur vers un produit retailers. Il leur permet d’informer le en particulier, ou l’alerter d’une consommateur, d’interagir avec lui, promotion quand il rentre dans une et de lui envoyer des informations zone de shopping (on parle alors de ciblées, au bon endroit et au bon geofencing). A cette heure, plusieurs moment. Véritable couteau suisse, il technologies peuvent être utilisées : est devenu LE support incontournable le beacon (petit badge Bluetooth), du commerce connecté, tant ses le WiFi, l’ultrason, le LiFi (les leds). usages sont étendus : géolocalisation Il n’y a pas de bonne ou mauvaise outdoor du magasin le plus proche, technologie, tout dépend de l’usage géolocalisation indoor d’un produit, cible. envoi de messages informationnels dans le cadre des programmes La détection de mouvements de fidélité, paiement avec ou sans En plus d’une utilisation pour la contact, réception de colis, échanges géolocalisation, les leds peuvent avec le SAV, etc. être aussi utilisées pour détecter le mouvement des produits sur Les technologies de ciblage et les étagères et présentoirs. Ces de retargeting technologies peuvent par exemple être Plus de 9 internautes sur 10 quittent utilisées pour déclencher l’affichage 20
d’informations complémentaires sur le Les « Wearable Objects » produit, ou calculer la popularité de tel Les Smart Watches permettent de ou tel article. déporter l’écran du smartphone pour éviter au consommateur de le sortir La réalité augmentée en magasin : vibrations, notifications La réalité augmentée rajoute des et services peuvent ainsi s’exprimer éléments visuels à ce que l’on voit pour guider, avertir, conseiller le et/ou à la perception que nous consommateur. Quant aux bracelets avons naturellement de la réalité. BLE, cartes fidélités RFID, lunettes Concrètement, elle permet d’afficher et vêtements connectés, ils ouvrent des informations complémentaires sur la voie à de nouveaux services un produit ou un magasin, d’essayer pour optimiser l’expérience et la virtuellement des vêtements, de connaissance client. visualiser un produit en 3D à son domicile... grâce aux potentialités des CRM 360° et Master Data lunettes connectées, des technologies L’ensemble de ces équipements de reconnaissance des sons, formes et génèrent des données, qui viennent gestes. enrichir celles qui étaient disponibles via les canaux physiques, le La réalité virtuelle e-commerce ou m-commerce. Pour Il est possible d’aller beaucoup les centraliser, CRM et Master Data plus loin, en recréant une réalité deviennent des outils incontournables complètement virtuelle, cette fois-ci. Si au service de la connaissance client, les masques de réalité virtuelle comme car ils permettent de le reconnaître et l’Oculus et les jeux immersifs 3D ont d’analyser ses préférences et parcours montré la voie, les solutions pour d’achat. smartphone (Cardboard, Samsung Gear VR...) associées à la 3D ont Le Cloud, au service de permis d’étendre la réalité virtuelle l’innovation et de l’agilité aux espaces de vente, en simulant Pour pouvoir tester ces nouveaux complètement le parcours d’achat. dispositifs, de nouvelles infrastructures informatiques sont nécessaires. Le Le paiement mobile avec ou Cloud permet de réduire à la fois les sans contact délais et aussi les coûts de mise en Qu’il s’agisse d’éviter au consommateur œuvre d’environnements destinés à de faire la queue, ou de créer une tester de nouveaux services connectés. expérience d’achat personnalisée, les technologies de paiement sur mobile sont désormais matures. Apple a été l’un des précurseurs, en faisant de chaque conseiller de vente une caisse de paiement mobile. En parallèle, le paiement sans contact se démocratise grâce à l’adoption globalisée du NFC sur les mobiles. 21
PARTIE 2 : LA SUPPLY CHAIN, PARTIE INTÉGRANTE DE LA PROMESSE CLIENT Avec la montée en puissance de l’omnicanal, la supply chain fait désormais partie intégrante de la promesse client. La qualité des prestations, la fiabilité des préparations de commandes, le respect des délais, la flexibilité des modes de transports et de livraisons, ou encore la facilité pour retourner ou échanger les produits, sont autant de facteurs clés pour attirer et fidéliser les clients. En conséquence, les entreprises du secteur de la distribution repensent ou adaptent leur organisation, leurs flux et processus logistiques, pour se différencier et satisfaire des clients de plus en plus volatiles tout en préservant leurs marges. La nécessaire agilité au changement, combinée à des contraintes économiques, réglementaires et écologiques fortes, induisent un contexte propice à l’innovation, notamment en matière de logistique du premier et dernier kilomètre. 22
LOGISTIQUE : ANTICIPER LA MONTÉE EN PUISSANCE DES FLUX OMNICANAL Par Nicolas Lucas, Avant-Vente, Reflex Solutions Logistiques, Hardis Group Web-to-store, mobile-to-store, web-in-store, store-to-web… L’omnicanalité est en marche, avec la promesse faite au consommateur de commander depuis n’importe quel canal, d’être livré et/ou de retourner les produits selon les modalités de son choix. Pour délivrer cette promesse, la supply chain doit se réinventer pour devenir, elle-aussi, centrée sur le client… tout en maîtrisant les coûts. Disposer d’une visibilité globale des stocks au plus près du temps réel Avec l’omnicanal, les défis à relever par les distributeurs sont nombreux, du fait de la variété des canaux de commande (web, call center, terminaux mobiles, bornes en magasin…), de la multiplication des centres de distribution, de stockage et de préparation (entrepôts, magasins, fournisseurs), ou encore de la diversité des moyens de livraison et de retour des produits proposés (domicile du client, relais colis, magasin, drive…). En d’autres termes, la chaîne logistique en silos n’est plus, vive la supply chain transversale ! Avec pour conséquence la nécessité pour les enseignes de distribution de connaître en temps réel l’état de leurs stocks dans l’ensemble de leur réseau de distribution (entrepôts, points de vente physiques, fournisseurs). De façon à ne proposer à leurs clients, qu’ils se trouvent en boutique, devant leur ordinateur ou leur smartphone, que les options de disponibilité et de livraison possibles au moment de leur commande : acheter ou réserver le produit sur Internet, aller le chercher plus tard dans la boutique la plus proche, commander en boutique et être livré chez soi par un autre magasin disposant du stock ou directement depuis l’entrepôt, etc. Ce qui implique une synchronisation quasi continue d’informations hébergées dans les différents outils des entreprises : systèmes d’encaissement des magasins, de gestion des entrepôts et des stocks, ERP, application e-commerce… 23
Optimiser la préparation des commandes depuis les magasins En parallèle, avec la montée en puissance de l’omnicanalité, le point de vente se transforme : en complément de l’accueil de la clientèle, la vente, la réception des marchandises, les mises en rayon, réassorts et inventaires, s’ajoutent désormais des tâches de gestion des réservations et des commandes (click & collect, reserve & collect), de gestion des retours, de préparation et d’expédition de commandes passées online. Si les flux sont encore assez faibles, il y a fort à parier qu’ils vont prendre de l’ampleur dans les prochaines années, si ce n’est les prochains mois. Ainsi, si les magasins sont en mesure de préparer quelques commandes par jour issues des canaux digitaux, ils ne sont pas aujourd’hui organisés pour en traiter 100. En effet, contrairement aux entrepôts logistiques, le point de vente n’a pas pour vocation première de préparer les commandes des canaux numériques. Pour les enseignes, il va s’agir de doter leurs collaborateurs d’outils pour améliorer leur efficacité dans la préparation des commandes : par exemple, des solutions pour localiser rapidement les produits dans le magasin ou pour optimiser les « tournées » (ramasse des produits) au sein du point de vente, à l’image de ce qui se pratique déjà depuis de nombreuses années dans les entrepôts. Et, en parallèle, elles vont être amenées à procéder à des arbitrages en fonction de plusieurs paramètres : valeur perçue par le client, capacité des magasins à absorber la charge additionnelle liée à l’omnicanal, proximité et maillage géographique des magasins, coûts de préparation et de transport depuis l’entrepôt versus le magasin, volumes à traiter, etc. Anticiper l’augmentation des volumes et optimiser les flux logistiques Or, dans un contexte d’augmentation du volume des flux omnicanal, l’un des facteurs clés de réussite va résider dans la capacité des entreprises à automatiser ce type d’arbitrage pour optimiser les flux logistiques dans une vision croisée satisfaction client/coûts pour délivrer le service. Cela va passer par la mise en œuvre de systèmes capables d’agréger les données provenant des différents systèmes de l’entreprise (ERP, CRM, e-commerce, WMS…), et de calculer à la volée la meilleure solution logistique par rapport aux contraintes de stocks, délais de livraison, spécificités organisationnelles, coûts logistiques et de transport… Pour reprendre l’exemple cité plus haut, quand le système détectera que 100 commandes passées via le site e-commerce seront récupérées le lendemain dans tel magasin, le système pourra décider automatiquement de les faire préparer en entrepôt, de les faire transporter par la « navette quotidienne » entre l’entrepôt et le magasin, pour que les vendeurs n’aient qu’à les mettre à disposition des clients. C’est la raison pour laquelle de plus en plus d’enseignes, essentiellement anglo- saxonnes pour le moment, s’équipent d’Order Management Systems (OMS), capables de piloter le cycle de vie de la commande de A à Z : visibilité en temps 24
réel des ventes et des stocks sur tous les canaux de vente, calcul du meilleur point de distribution, calcul de l’option de transport la plus économique en fonction des modes de livraison proposés, alertes en temps réel sur les éventuels problèmes rencontrés pour avertir le client et trouver une solution de contournement, etc. Si elle permet d’automatiser et d’orchestrer le traitement des flux omnicanal, la mise en œuvre de ce type de solution implique une préparation importante pour intégrer les priorités business, les spécificités, contraintes, modes d’organisation et habitudes de travail de chaque enseigne. Et elle doit être couplée à une conduite du changement et un accompagnement des collaborateurs, depuis l’entrepôt jusqu’aux points de vente, en passant par le service client. 25
3 questions à Philippe Bourriot, Directeur de la Stratégie, Viapost (Groupe La Poste) Depuis 2 ans et les rachats successifs de Morin Logistic et Orium, la filiale du Groupe La Poste muscle ses processus de logistique omnicanal. Avec comme objectif d’aider ses clients à aligner vers le haut leurs pratiques sur chaque canal de vente, d’optimiser la gestion de leurs transports et de piloter l’ensemble de leur chaîne logistique. Pouvez-vous nous présenter Viapost et sa vision en matière de logistique omnicanal ? Filiale du Groupe La Poste et leader de la logistique e-commerce en France, Viapost était historiquement positionné sur la logistique B2C, c’est-à-dire la livraison directe aux particuliers. Depuis 2 ans, nous avons musclé notre offre de services pour les boutiques (BtoB), afin de proposer une prestation logistique globale aux marques, tous canaux confondus. Au niveau de nos implantations, nos plateformes sont basées en région parisienne, lyonnaise et lilloise, ainsi qu’à Angers. Et nous disposons de connexions en Angleterre, Allemagne, Italie et Espagne. La logistique est un des éléments clés pour nos clients du secteur de la distribution. Elle concrétise la promesse faite au consommateur de pouvoir être livré où il veut, quand il veut. Pour garantir la satisfaction du consommateur, elle doit être orchestrée avec les mêmes exigences de qualité de service sur tous les canaux, tout en contenant les coûts. Cela passe par une gestion globale des stocks et une orchestration pointue des flux de marchandises pour enclencher les préparations en temps et en heure et au bon endroit (entrepôts logistiques, boutiques, fournisseurs), optimiser la prise en charge des retours et gérer efficacement les transports jusqu’au point de livraison. 26
Quelles sont selon vous les meilleures pratiques à respecter en matière d’omnicanalité ? Le commerce omnicanal implique de fédérer des processus logistiques qui étaient jusque-là gérés de façon séparée. Dans un premier temps, les enseignes doivent impérativement homogénéiser leur processus : l’alignement doit être réalisé vers le haut, en capitalisant sur les meilleures pratiques de chaque canal. Par exemple, la préparation en J pour une livraison en J+1 du canal Web doit être étendue au réassort des boutiques. Afin de maximiser les ventes mais également de proposer les mêmes conditions de livraison, quel que soit le canal. Car le consommateur ne comprend plus qu’il puisse obtenir son produit en J+1 chez lui et en J+2 auprès d’une boutique d’une enseigne. En parallèle, la boutique devient progressivement un « point logistique » comme un autre, capable de préparer et d’expédier autant que de gérer les retours éventuels. Pour cela, il est indispensable que le système d’information du point de vente soit relié au système d’information logistique général, au travers d’outils simples et ergonomiques pour les vendeurs. Quelles sont vos récentes initiatives pour accompagner vos clients dans leur transformation vers l’omnicanal ? Nous avons lancé en janvier 2016, Maestro, une offre de pilotage global de la logistique. L’idée est de fournir à nos clients (commerçants comme e-commerçants) tous les outils pour surveiller en temps réel les préparations et expéditions des commandes ainsi que la qualité de service des transporteurs et livreurs. Et pouvoir être alerté lorsqu’un imprévu ou dysfonctionnement survient, pour prévenir leurs propres clients et leur proposer des solutions alternatives dans les plus brefs délais. D’autre part, en tant que filiale du Groupe La Poste, nous avons la chance de pouvoir nous appuyer sur un maillage très fin du territoire, efficace et opérationnel depuis très longtemps : nos facteurs. En prise en charge comme en livraison, ces derniers devraient devenir, dès 2016, les bras armés du premier et du dernier kilomètre de la chaîne logistique que nous proposons à nos clients. 27
Logistique omnicanal : les bonnes pratiques Par Nicolas Lucas, Avant-Vente, Reflex Solutions Logistiques, Hardis Group Les transformations à opérer sur la supply chain pour relever le défi de l’omnicanalité nécessitent de revoir les flux de marchandises, les processus de travail des collaborateurs et les outils, à la fois dans l’entrepôt et dans les magasins. La première étape remonte au développement de l’activité e-commerce des distributeurs : pour répondre aux spécificités de la logistique BtoC, il leur fallait soit revoir l’organisation de leurs entrepôts, soit externaliser leur e-logistique. Avec la montée en puissance des flux omnicanal, de nouveaux défis sont à relever. Quelques pistes de réflexion pour concilier satisfaction du consommateur et maîtrise des coûts logistiques. L’externalisation auprès de spécialistes : les 3PL Externaliser ou non les prestations Ils disposent d’infrastructures de logistiques à un 3PL ? La question n’est stockage et d’outils de production pas récente. Si certaines entreprises « prêts à l’emploi » (automates de tris et préfèrent garder la maîtrise totale de d’emballage, WMS, ERP, interfaces avec leur chaîne logistique, d’autres préfèrent les plateformes e-commerce, back- sous-traiter cette activité pour se office magasin, OMS…) et leurs équipes concentrer sur leur cœur de métier. sont rompues aux problématiques Les 3PL sont désormais capables de du commerce connecté (exigences proposer des prestations de logistique du consommateur, complexification omnicanal clés en main, incluant des flux, augmentation du volume l’entreposage, les services de cross- d’informations à traiter, optimisation docking et la gestion des transports. des transports…). 28
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