Triche et plagiat à l'école - No 1 - Septembre 2013 - Résonances
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Se construire et s’épanouir grâce à l’éveil musical ■ 93 titres pour le plaisir de chanter ■ Morceaux connus et traditionnels ■ CD-Audio accompagné de 30 versions orchestrales ■ Dès 8 ans La foire aux chansons Chansons populaires et chansons à texte 14 x 19,5 cm, 256 pages Réf. 935078 ISBN 978-2-606-01282-3 Prix : CHF 32.– En vente en librairie Site Résonances Le site compagnon de Résonances évolue et, nous l’espérons, gagne en clarté et en attractivité, avec des actualités, un agenda, des interviews com- plémentaires, des illustrations multimédia, des archives, une vente en ligne au numéro, les for- mulaires pour s’abonner, changer d’adresse… Le tout dans un souci de complémentarité entre les versions papier et en ligne. A découvrir les nouveautés en parallèle à chaque numéro et entre les éditions papier pour plus de réactivité… Si vous avez des suggestions d’amélioration, n’hé- sitez pas à les soumettre à la rédaction.. www.resonances-vs.ch
L ’Ecole valaisanne au fil du temps Lors de la dernière séance du Conseil de rédaction en mai 2013, nous avons «L’homme qui sait décidé de glisser dans Résonances des citations extraites des ancêtres de lire peut tout votre revue (L’Ami des Régens, l’Ecole primaire et l’Ecole valaisanne), en apprendre; privilégiant les éditions avant 1950 (qui devraient être numérisées et en ligne l’enseignement lui d’ici la fin de l’année scolaire). L’idée était de sélectionner les passages arrive directement mettant en évidence certaines ressemblances ou dissemblances entre l’école sans passer par la d’hier et celle d’aujourd’hui. bouche du maître; les livres sont pour lui Ainsi je commence par feuilleter L’Ami des Régens datant de 1854. Dans mon des écoles toujours esprit, je vais lire le numéro en diagonale afin de dénicher une phrase à ouvertes qui le intégrer dans la présente édition qui pourrait être d’actualité. Que nenni! suivent jusqu’au Me voilà happée par ce pan de l’histoire de l’Ecole valaisanne et je me mets milieu de la solitude, à dévorer les pages de manière méthodique, ne sautant que les PV de séance et qu’aucune volonté et encore. Depuis, je poursuis mon errance de volume en volume. Il est vrai ne peut fermer.» que les premiers numéros sont d’autant plus passionnants qu’ils proposent une analyse des événements d’alors et invitent à la découverte des régions L’Ami des Régens, du canton. J’y découvre un bon moyen d’apprendre à mieux comprendre le journal pédagogique Valais contemporain, mais aussi l’éducation ailleurs, car la revue est aussi pour les écoles fenêtre sur le monde. Côté débats pédagogiques, la profondeur de françaises du Valais, l’argumentation a de quoi laisser pantois. Dès 1854, il est question de l’utilité 1er janvier 1854 ou non de la dictée, de la baisse du niveau due au manque d’attention des élèves, de l’autorité rendue difficile face à des jeunes trop dorlotés et sans savoir-vivre... Selon les périodes, car on y découvre vite les mouvements de l’histoire, les avis pour le moins contrastés sont exprimés, sans qu’il y ait forcément de prise de position conclusive. D’une certaine manière, c’est au lecteur de trancher. En tant que rédactrice, je suis aussi impressionnée par la qualité d’écriture et le rythme de parution, puisqu’au début c’était un bimensuel. Certes l’année scolaire était moins longue, mais tout de même il n’y avait pas l’ordinateur pour simplifier la correction des épreuves. Même si je reste admirative, j’ai résolu une part de l’énigme. A quelques années d’intervalle, je tombe sur deux articles présentant des similitudes troublantes. Je rapproche les deux textes et là je constate que c’est du copié-collé, mot à mot, sans note de bas de page ou autre indication éditoriale. Du plagiat? Pas vraiment, puisque la notion varie dans le temps et selon les lieux. En l’absence de signature de l’article, la reprise, fréquente, devait être perçue différemment. Constatation Nadia Revaz intéressante en regard du dossier du mois. Toutes ces lectures estivales, qui se poursuivront encore pour de nombreux mois (car je n’ai pas abandonné les livres et revues de notre siècle), m’ont d’abord découragée. Ensuite, j’ai été convaincue de la nécessité de relire Résonances dans le miroir du passé pour y apporter certains changements pour 2013-2014. Dès ce mois, la rubrique Le réseau de la formation vise à élargir les horizons hors du premier cercle de l’école obligatoire et du secondaire II. Prochainement s’ajouteront des doubles regards thématiques, etc. Modernité oblige, le site compagnon de la revue (www.resonances-vs.ch) s’étoffe aussi régulièrement. Et là, aucune comparaison n’est possible. Résonances - Mensuel de l’Ecole valaisanne - Septembre 2013 1
S ommaire L’Ecole valaisanne au fil du temps N. Revaz 1 4-9 Résonances en ligne 10 Site compagnon de la revue papier - Résonances Le réseau de la formation 11 Marc-André Berclaz, pilote du Pôle EPFL Valais-Wallis - N. Revaz Balades pédagogiques 13 Prenez la clé des vignes! - A.-D. Zufferey MITIC 14 Les MITIC dans le PER: un an après - S. Rappaz Carte blanche 16 L’Art-monie à Saxon! - La classe de 5-6P Mémento pédagogique 17 A vos agendas - Résonances Education physique 18 Un itinéraire pour la sortie d’automne, en toute sécurité… - Team EP Français 20 Matteo Capponi, coordinateur de la SLFF - N. Revaz Echo de la rédactrice 21 Equilibre instable - N. Revaz Doc. Pédagogique 22 DVD-R documentaires: les suggestions du mois - MV Valais - St-Maurice Education musicale 23 Fête cantonale des enfants 2 mai 2014 - J.-M. Delasoie & B. Oberholzer Idée de projet 24 C’est quoi ce cirque! - N. Revaz Ecole-nature 25 Le CO de Viège et la 3e correction du Rhône - M. Borgeat-Theler Ecole-Culture 26 Journées d’expérimentation au Musée d’histoire - M.-F. Hendrikx Ecole-Culture 27 Reine de l’alpe: archives et créations contemporaines - J. Melchior Concours 28 Les frappadingues de Résonances, édition 2013-2014 - Résonances & Ecole-Economie Exposition 29 Découvrez l’exposition Quality4Children à Ste-Agnès - P. Bonvin Livres 30 La sélection du mois - Résonances Revue de presse 32 D’un numéro à l’autre - Résonances Formation continue 34 Se motiver pour aider l’élève à se remotiver - N. Revaz Economie familiale 36 La mise en application du PER en EF (3CO) - R. Bircher May CPVAL 38 Le lièvre et la tortue: réflexions sur la gestion institutionnelle - P. Vernier Recherche en éducation 40 Informations CSRE - CSRE Fil rouge orientation 41 Infos de rentrée - DFS/NR info DFS 42 Oskar Freysinger: bilan et perspectives - N. Revaz info DFS 45 Infos de la rentrée 2013-2014 - DFS/NR info DFS/SE 48 Les supports d’enseignement à l’épreuve du PER - P. Antille info DFS/OES 50 Scolarisation inclusive et séparative en Valais - Chef DFS/OES info DFS/OES 51 Liste des personnes ressources - M. Délitroz Illustration couverture: E. Fiertants Les dossiers 52 Les dossiers de Résonances 2 Résonances - Mensuel de l’Ecole valaisanne - Septembre 2013
Triche et plagiat à l’école Les formes de triches scolaires ont évolué en partie avec les nouvelles 4 Regard de François Lombard sur le plagiat 8 Regards croisés sur la triche et le plagiat technologies. Dès lors, il semblait intéressant de traiter le sujet dans un 6 Regard de François Guénard 9 La bibliographie de la Documentation mini-dossier de rentrée. Avec internet, le sur la triche pédagogique plagiat, forme particulière de la triche, s’est répandu subrepticement, parfois Infos de la rentrée sans que les élèves aient conscience de A découvrir dès la page 42 les infos de la rentrée, avec frauder. Ce dossier incite à réfléchir sur l’interview d’Oskar Freysinger, chef du DFS. un sujet relativement tabou.
R egard de François Lombard sur le plagiat François Lombard est chargé d’en- vail personnel contenant des sources seignement au TECFA (unité active référencées. Quant à ceux de la der- dans le domaine des technologies nière catégorie, j’ai bien peur qu’ils éducatives), rattaché à la FPSE (Fa- nous échappent définitivement, car culté de psychologie et des sciences ils auront toujours une longueur de l’éducation) de l’université de Ge- d’avance, même avec l’aide des ou- nève. Il enseigne également la biolo- tils technologiques de détection du gie au Gymnase Calvin et est forma- plagiat. Pour les autres – la majorité teur d’enseignants à l’IUFE. En sur- – les enseignants peuvent faire fant sur internet pour trouver des confiance à leur flair pour repérer ce références en lien avec les formes ac- qui est suspect et accompagner les tuelles de plagiat à l’école, il est aisé élèves pour transformer ce qui n’est de trouver la page relative à un François Lombard livre encore qu’une erreur méthodolo- cours donné avec Jean-Pierre Blanc quelques conseils pour gique en une occasion d’apprendre sur ce thème (http://doiop.com/pla- apprendre aux élèves la à citer. giat). Le titre de ces notes a de quoi culture de la citation. interpeller: «Plagiat et internet: faut- Qu’est-ce qui change principalement il combattre ou éduquer?» Contacté pour en savoir avec les nouvelles technologies en matière de plagiat? plus, François Lombard a accepté de répondre à cette L’accès à l’information est beaucoup moins formel interrogation centrale et de livrer quelques pistes de qu’une bibliothèque, avec une illusion de l’anonymat réflexion pouvant intéresser les lecteurs de Réso- et un certain flou des sources dans une grande part nances. Ses conseils sont en effet susceptibles d’être d’internet. L’enseignant sait qu’un document sans au- transposés à tous les degrés de la scolarité. teur clairement identifiable n’est pas sérieux, cepen- dant les élèves ne le savent souvent pas avant qu’on François Lombard, comment catégoriser les élèves qui leur apprenne les critères pour évaluer un document. plagient? Aujourd’hui, ils ont un accès immédiat à énormément Il y a celui qui plagie par flemme, il y a celui qui le fait de documents de qualité extrêmement hétérogènes par naïveté ou ignorance et le virtuose. Pour les élèves sans savoir comment se repérer. A nous enseignants de appartenant aux deux premières catégories, les en- les guider, ou mieux, de leur apprendre comment re- seignants peuvent les éduquer afin qu’ils prennent pérer les sources qui sont fiables et les citer de ma- conscience des avantages qu’il y a de présenter un tra- nière pertinente. Définition du plagiat Le dossier en citations «Il y a plagiat quand un candidat soumet à l’évalua- France vs Angleterre tion des idées, des phrases, des textes ou un travail empruntés à autrui et présentés sans mention des em- «Les Français sont-ils plus discrets quand ils trichent? Les prunts (citations, sources des citations, origine des tra- surveillants sont-ils plus laxistes en France? Ou la pression vaux) comme s’il s’agissait du travail personnel du can- pour entrer dans un établissement supérieur outre-Manche didat (ou d’une partie de ce travail).» est tellement grande qu’elle pousserait les élèves à la Calvin, (2004) le Travail de Maturité, Brochure desti- faute? Dans tous les cas, on ne plaisante pas avec le née aux élèves, Collège Calvin, Genève problème en Angleterre. Très friand de vidéosurveillance, (http://wwwedu.ge.ch/po/calvin/Administration/trav_ le pays avait envisagé de s’en servir pour les examens.» matu/trav_matu.htm) www.letudiant.fr (Lutte contre la triche: comment les Source de cette définition: http://doiop.com/plagiat autres pays s’en sortent) 4 Résonances - Mensuel de l’Ecole valaisanne - Septembre 2013
Vous privilégiez donc la piste de la prévention… Evidemment, je suis enseignant, pas policier. Dans le jeu Pearltrees pour en savoir plus… des gendarmes et des voleurs, les jeunes sont fréquem- Un Pearltrees Triche et plagiat à l'école rassemble quel- ment meilleurs que nous, aussi vaut-il mieux privilégier ques perles pour en savoir plus sur le sujet. Vous y trou- la prévention. Si au terme de son enseignement, l’ensei- verez des documents, des articles de presse, des vidéos… gnant n’a que le choix entre punir ou fermer les yeux http://pear.ly/ceX9T sur un plagiat, c’est un échec du processus pédago- gique. Pour sanctionner, il ne suffit pas de repérer, il faut apporter la preuve du plagiat, ce qui est difficile et quelquefois impossible malgré les soupçons. Il existe des question de sujets controversés. En disant «d’après ce outils technologiques de détection du plagiat, qui doi- qu’a dit x en 1994», je renvoie les critiques vers cet au- vent être utilisés, mais ne suffisent pas. En effet certains teur, et tout au plus on peut me reprocher de ne pas d’entre eux proposent aussi leurs services payants aux avoir recherché un expert plus pertinent ou actuel. Les élèves, ajoutant les références à leurs textes et mettant élèves ignorent souvent que référencer ses sources en évidence ce qui pourrait être repéré par les détec- contribue à l’argumentation et ajoute de la valeur au tra- teurs de plagiat utilisés par les professeurs. Il serait donc vail rendu, ceci du fait qu’ils ne sont pas confrontés régu- illusoire de se reposer exclusivement sur ces logiciels. lièrement à une culture de la citation ni à l’école, ni dans la société. Autre piste, rendre les élèves auteurs sur inter- Oui, mais comment l’enseignant peut-il mettre en net. Leur perception du plagiat évolue et ils réagissent en place une stratégie préventive en classe? général jalousement dès que quelqu’un les copie. Pour faire comprendre aux élèves l’importance du réfé- rencement des propos, il faut que les enseignants mon- La culture de la citation est-elle suffisante pour que trent l’exemple en citant leurs sources très régulière- les élèves modifient leur pratique? ment, par exemple quelques fois par leçon. Les élèves Non, la deuxième stratégie à mettre en place, et proba- doivent d’une part comprendre que la citation permet de blement la plus importante, est un suivi régulier de rendre à César ce qui appartient à César et d’autre part l’élève dans le processus d’écriture. L’enseignant peut qu’elle protège celui qui cite, en particulier lorsqu’il est alors transformer une intuition de plagiat, donner des chances à l’élève pour qu’il change d’attitude. Dès lors, il est essentiel qu’un texte comporte des versions intermé- diaires afin d’éviter que l’erreur méthodologique de dé- PUB part ne devienne plagiat avéré. L’enseignant peut réagir au premier soupçon, sans accuser, mais en demandant à VERCORIN l’élève de préciser ses sources. En le questionnant sur son texte, l’enseignant pourra faire apparaître si l’élève a pour vos élaboré cette connaissance et s’apercevra très vite si c’est rencontres, juste du copié-collé. Ne sachant pas s’il a plagié volontai- camps rement ou involontairement, l’enseignant peut alors of- et séjours frir une porte de sortie digne à l’élève. De manière légè- rement ironique, il peut lui faire comprendre que, s’il n’utilise pas les guillemets pour les passages empruntés, CHARMANT CHALET il plagie et peut alors être sanctionné. N’oublions pas que parfois ce dernier a pris du temps pour trouver des 25 lits + studio indépendant récemment rénové citations intéressantes, les a intégrées dans un texte bien construit et intéressant, mais n’a pas réalisé l’importance • situation centrale de signaler les passages dont il n’était pas l’auteur. • cuisine de saison: demi ou pension complète • infrastructures sportives: ski, luge, Forêt de l’Aventure Votre vision est assez indulgente en somme… • accès pour personnes à mobilité réduite Je ne crois pas que les enseignants ont pour mission de • proximité: balades, découvertes sanctionner les vilains, d’autant que tous les élèves n’associent pas le plagiat à une tricherie. Souvent, avec juste une incitation ferme mais encourageante, on peut leur apprendre à rendre un travail, mêlant ré- flexion personnelle et citations, dont ils seront fiers. Et nous le serons aussi bien plus qu’en sanctionnant, puisque nous les aurons accompagnés dans un proces- sus d’apprentissage respectueux des droits d’auteur. PENSION LA FORÊT - 078 837 25 11 pensionlaforet@asavalais.ch - www.pensionlaforet.ch Propos recueillis par Nadia Revaz Résonances - Mensuel de l’Ecole valaisanne - Septembre 2013 5
R egard de François Guénard sur la triche François Guénard, professeur au Département de Ma- à ce que tout employeur puisse aisément vérifier les ti- thématiques d’Orsay (université de Paris-Sud), est l’au- tres qui lui sont présentés. Certaines triches ne sont teur de La fabrique des tricheurs (Jean-Claude Gawse- pas du ressort de l’enseignant, mais relèvent de l’ad- witch Editeur, 2012). Dans son ouvrage, en se basant ministration, notamment l’organisation matérielle des sur son expérience d’examinateur, il a recensé plus de épreuves et le stockage des données, sachant que cer- 60 types de fraudes, en incluant évidemment les nou- tains élèves sont prêts à pirater les serveurs pour modi- velles méthodes impliquant les outils technologiques fier les notes transmises par les jurys. Aujourd’hui, im- contemporains. Il estime que se donner les moyens primer un faux diplôme est par ailleurs très simple, pour se prémunir de la triche permettrait de ramener aussi il conviendrait d’accroître la vigilance, de façon à le phénomène à un taux résiduel acceptable. Si sa enrayer cette plaie qu’est l’usurpation des titres de recherche a été menée au niveau universitaire, ses formation, en particulier de niveau universitaire, mais conseils pratiques, en grande partie faciles à mettre en pas seulement. Pour les étudiants qui travaillent et œuvre, peuvent être utiles à tous les degrés de la sco- font des efforts, savoir que d’autres fraudent en toute larité et concerner tous les acteurs et partenaires de impunité a de quoi les démotiver. C’est pourquoi l’on l’école. Quelques aspects sont spécifiques à la situa- se doit de réagir. tion française, mais la plupart des suggestions sont va- lables aussi pour l’Ecole valaisanne. Les enseignants et les institutions scolaires et univer- sitaires sont-ils suffisamment au courant des formes François Guénard, quelles sont les différentes formes de triche actuelles pour lutter efficacement? de triche? Non, et c’est pour cette raison que j’ai rédigé cet ou- Il y a trois natures de triche, celle avant l’examen pour vrage qui était d’abord destiné à la formation des pro- essayer d’avoir le sujet, celle pendant et celle qui inter- fesseurs. J’avais constaté que nombre d’entre eux ne vient après. Cette dernière, qui correspond principale- surveillaient pas comme il l’aurait fallu les épreuves, ment à l’usurpation de diplômes, est la plus dévasta- ignorant totalement les stratégies déployées par les trice pour l’institution. Au niveau des formations uni- étudiants pour tricher. J’ai commencé par recenser les versitaires, il serait utile que l’on ait – au moins au types de fraude sous forme de mémo. Ensuite, après niveau européen – un serveur des diplômés, de façon les divers scandales qui ont éclaté en cascade lors des épreuves du baccalau- réat et dans les universi- tés françaises, l’éditeur m’a sollicité pour en faire un livre. De fait, pour être en mesure de lutter contre les fraudes, les en- seignants débutants, à tous les degrés de la for- mation, doivent s’infor- mer sur les méthodes uti- lisées. Les enseignants chevron- nés ont-ils pour autant conscience des formes de triche avec les nouvelles technologies? Pas toujours. Certains se cachent par exemple der- rière le fait que les télé- 6 Résonances - Mensuel de l’Ecole valaisanne - Septembre 2013
phones portables sont interdits, ce qui est une réaction naïve. Ceux-ci peuvent être dissimulés, permettant aux élèves de photographier discrètement le sujet et de re- courir à des complices externes pour les aider. La solu- tion du détecteur est coûteuse et partiellement effi- cace, dès lors il est préférable que les épreuves impor- tantes se déroulent dans des salles isolées du réseau, comme les cages de Faraday. Ne faudrait-il pas plutôt éduquer à ne pas tricher, et ce dès les premiers degrés de la scolarité et donc peut- être évoquer davantage cet aspect en classe? En parler pour rappeler les règles oui, mais jouer sur le Avec «La fabrique des tricheurs», François sentiment moral ne marche plus. Dans les universités, Guénard propose un manuel anti-fraude utile aux entre 2 et 5% des jeunes sont tentés par la triche et enseignants et aux administrations scolaires. ceux-là ne s’arrêteront pas après un discours de pré- vention. Ils vont calculer le bénéfice/risque et c’est pour cela que le mieux est de les empêcher de frauder. tendues dans le cadre d’un travail académique. Si l’on Il faut prendre conscience que la triche, avec le télé- est bien organisé, on détecte facilement la triche, mais phone portable, a profondément changé de nature. c’est un peu plus compliqué pour le plagiat, car c’est Ce n’est plus une antisèche sur laquelle on notait une davantage relatif. Pour exemple, dans la presse, les formule qu’il fallait encore savoir utiliser pour peut- journalistes utilisent les dépêches sans citer systémati- être gagner un point sur vingt, aujourd’hui les tech- quement leurs sources. Un prof de maths va régulière- niques de triche sont à une autre échelle. Le danger ment reprendre des démonstrations et il est admis pour la société est d’avoir des diplômés incompétents. qu’il n’ait pas à mentionner les ouvrages qui lui ont servi de référence. Dès lors, il n’est pas toujours évi- Avez-vous le sentiment que certains enseignants dent de savoir où commence le plagiat. Et pour que les choisissent d’ignorer la triche et le plagiat de leurs étudiants perçoivent la frontière entre ce qui est légal élèves? et ce qui est illégal, il faudrait commencer par leur ex- J’ai des collègues qui ne veulent pas voir la réalité et pliquer les règles de la reprise d’informations en géné- d’autres qui sanctionnent sévèrement. Personnelle- ral et sur internet en particulier. ment, et notamment pour le plagiat, ce sont des atti- tudes qui me paraissent inappropriées, car certains Les sanctions peuvent-elles être utiles dans certains jeunes sont étonnés quand on les accuse de fraude, cas? n’ayant pas conscience de la nature des exigences at- Les sanctions sont à mes yeux un échec du système sco- laire et de l’enseignement et c’est pour les éviter que je préfère une organisation qui prenne en compte la problématique. Il y a une contradiction qui me dé- Le dossier en citations range profondément dans le système de formation. Dans le primaire et le secondaire, les sanctions sont Outils numériques vs outils quasi inexistantes. Ensuite, dans l’enseignement supé- rieur, elles sont lourdes, allant jusqu’à l’interdiction de traditionnels tout établissement public pendant plusieurs années. «Les outils numériques se substituent-ils finalement Et souvent les jeunes n’ont pas conscience du change- aux formes traditionnelles de tricherie que sont ment de règlement, ce qui rend la punition injuste. l’antisèche ou la calculatrice? Les résultats de cette recherche montrent qu’il n’en est rien, même si la Quelles sont les mesures qui vous semblent priori- fréquence de la tricherie avec un téléphone portable taires pour enrayer la triche? et le plagiat de documents sur Internet ne sont pas Je suis d’avis que l’on ne peut pas se plaindre de la négligeables. Les lycéens ont généralement fraude si l’on ne fait rien pour l’éviter. A mon sens, il expérimenté les formes traditionnelles lorsqu’ils est primordial que les enseignants soient attentifs pour étaient au collège et les nouvelles techniques de ne pas laisser aux élèves des possibilités de tricher. De tricherie apparaissent davantage comme des outils leur côté, les administrations doivent prendre leurs res- complémentaires que des substituts.» ponsabilités au niveau de la sécurisation des serveurs, Christophe Michaut in Les nouveaux outils de la sachant que les notes des jurys peuvent être trafiquées tricherie scolaire au lycée (Recherches en Education - après avoir été transmises par les enseignants. n°16 - Juin 2013) Propos recueillis par Nadia Revaz Résonances - Mensuel de l’Ecole valaisanne - Septembre 2013 7
R egards croisés sur la triche et le plagiat Jean-François Lovey, chef du Service de l’enseignement Michel Beytrison (SE), Michel Beytrison, adjoint au SE, Michel Délitroz, responsable de l’Office de l’enseignement spécialisé, Regard sur la triche: «Avec les possi- Daniel Cordonier, directeur de l’Office de l’orientation bilités technologiques actuelles que scolaire et professionnelle du Valais romand, ainsi que nous n’avions pas, j’imagine qu’il y a Danièle Tissonnier, collaboratrice pédagogique au SE, un peu plus de triche. Cependant, je ont accepté de raconter une anecdote en lien avec la doute que cela ait une influence sur thématique et de donner leur point de vue pour savoir le passage d’une année à l’autre, car si l’école est suffisamment consciente des techniques l’enseignant n’est pas dupe et inter- actuelles de triche et de plagiat scolaire afin d’avoir les viendra, en fonction de son curseur personnel, pour moyens de lutte nécessaires. empêcher l’escalade. Il me semble préférable de sanc- tionner l’attitude pour que les élèves comprennent que tricher n’est pas la solution, plutôt que de mettre Jean-François Lovey un zéro. Le plagiat dans le cadre des travaux de mé- Regard sur la triche: «Au “pougnon moires me paraît davantage problématique, car inter- traditionnel“ se sont ajoutées des net a modifié le rapport aux sources. Autrefois, le fait formes sophistiquées de triche. A mon de citer des auteurs en mettant des citations entre sens, l’Ecole valaisanne a conscience guillemets était valorisant. Aujourd’hui, beaucoup du phénomène et lutte de manière compilent en faisant croire que c’est leur réflexion, adaptée, mais en même temps il faut sans avoir forcément conscience qu’ils commettent faire preuve d’humilité et savoir que toute institution une malhonnêteté.» aura toujours un temps de retard dans la vigilance et dans la détection par rapport à certains tricheurs parti- Anecdote: «Pendant la scolarité obligatoire, je ne me culièrement rusés. Pour qu’il y ait une morale, nous de- rappelle pas avoir triché. A l’Ecole normale, je me suis vons espérer que ces derniers ne deviennent pas un jour très occasionnellement “inspiré” du travail du voisin. ceux qui nous dirigent. Pour le solde, la société doit ma En cours de psychologie, régulièrement nous devions foi vivre avec. Les cas de plagiat me semblent nette- répondre à des questions développées en classe. Aussi ment plus inquiétants, car certains élèves n’ont aucun il suffisait de rédiger les trois questions/réponses et scrupule. Et comment devenir avocat, médecin ou pro- d’opérer un échange standard entre la feuille de pré- fesseur avec un tel comportement?» paration et celle de l’examen. Si l’évaluation est peu stimulante, la tentation de la triche est plus grande. Il Anecdote: «Je n’ai jamais été tricheur, non pas en rai- m’est donc arrivé de tricher un peu par sport, mais pas son d’une honnêteté exemplaire, mais parce que je vraiment pour gagner des points.» manquais du culot minimal pour le faire et que j’au- rais été maladroit au point de rendre visible ma nervo- Daniel Cordonier sité. Par contre, j’ai un souvenir particulièrement mar- quant en tant que jeune enseignant dans un CO. Mes Regard sur la triche: «Ma vision phi- collègues m’avaient confié une délicate mission, à sa- losophique sur la triche est assez voir prendre sur le fait un jeune qui à l’évidence tri- ambivalente. D’un côté, si je rai- chait. Voulant relever le défi, je m’étais fait un point sonne en termes de capacités, celui de fierté de pincer cet élève. Cependant, malgré ma ou celle qui est capable de tricher surveillance, je n’ai jamais réussi à connaître le strata- sans se faire attraper et sans prétéri- gème qu’il utilisait. Nous étions tous convaincus qu’il ter l’acquisition globale de ses connaissances a déve- trichait, en raison d’indices concordants, sans pouvoir loppé une compétence. De plus, il doit faire preuve de le prouver. De manière immorale, son habileté et la créativité. Ainsi il peut y avoir des petites triches “in- maîtrise qu’il avait de lui-même suscitaient presque telligentes” qui permettent d’acquérir des aptitudes notre admiration, avant de faire évidemment place à utiles au monde professionnel. D’un autre côté, si l’on la désapprobation.» se focalise sur la notion d’effort nécessaire à l’appren- 8 Résonances - Mensuel de l’Ecole valaisanne - Septembre 2013
tissage, c’est une attitude contre-productive et mora- la classe, ouvrant mon livre sur le dos de mon copain de lement fausse, puisqu’au lieu de transpirer, l’élève classe devant moi. Depuis le pupitre du maître, ma stra- cherche la solution de facilité.» tégie était totalement efficace, par contre je n’avais pas imaginé qu’il regarderait par la fenêtre et verrait le re- Anecdote: «En 1re année du collège, le prof de géogra- flet de mon livre. J’ai donc eu un zéro, donné avec hu- phie nous avait demandé de rédiger un dossier sur un mour et en rimes. Profitant du vol d’un oiseau, le prof a pays et j’avais choisi les Etats-Unis, parce que le sujet alors dit: “Oh oh Délitroz petit oiseau zéro.”» Mes ca- me passionnait. La joie du 5,5 avait été balayée par marades de classe ont ri et moi aussi, car la sanction n’a l’ajout d’un commentaire écrit mettant en doute le pas été dramatisée. Cela a été une jolie leçon qui m’a fait que je puisse être le rédacteur de ce travail. En évité de m’installer dans un comportement de tricheur.» mathématiques, j’avoue avoir occasionnellement tri- ché au collège par désespoir, en copiant sur un cama- Danièle Tissonnier rade. A l’oral final, j’ai par contre eu une note qui cor- respondait à ma valeur réelle. Ensuite, lors de mes Regard sur la triche: «Dans une so- études de psychologie, j’ai renoué avec les mathéma- ciété qui valorise presque les mal- tiques, ayant compris leur utilité.» honnêtetés et à tout le moins ne sanctionne pas vraiment les formes de triche et le plagiat, beaucoup Michel Délitroz d’élèves n’ont plus conscience de Regard sur la triche: «L’enseigne- devoir respecter la propriété intellectuelle d’autrui. ment spécialisé, de par son indivi- Comme tout est accessible facilement sur internet, dualisation, n’est pas vraiment con- nombre de jeunes et moins jeunes estiment que tout cerné par la triche et le plagiat. Sou- peut être repris sans citer ses sources. Dans l’école au- vent les élèves sont tellement de jourd’hui, il n’est pas facile de parvenir à faire prendre bonne foi qu’ils vont jusqu’à se dé- conscience aux élèves que le mérite de leur travail a plus noncer spontanément. Des comportements, comme de valeur que la note. A mon sens, la triche technolo- des stratégies d’évitement pour ne pas se confronter gique va avoir une influence sur la manière d’enseigner aux examens ou la négation de sa propre personna- et d’évaluer pour qu’il y ait appropriation du savoir.» lité, sont nettement plus fréquents et alarmants. En appui pédagogique intégré, on peut avoir affaire à Anecdote: «J’ai quelquefois aidé d’autres élèves à tri- des enfants qui compensent certaines difficultés en cher. Je me rappelle néanmoins avoir triché une fois, utilisant régulièrement des méthodes pas toujours li- mais ensuite j’avais trouvé la bonne note reçue totale- cites et il arrive que ce soit un élément de signale- ment imméritée, ce qui avait gâché mon plaisir. La ment. Au niveau de la formation des enseignants, en question, c’est de savoir à quoi ça sert de voler son ré- particulier avec les plagiats dans le cadre des mé- sultat. Cet été, une jeune voisine, éprouvant notam- moires, nous devrions par contre être certainement ment des difficultés pour rédiger ses dissertations, plus attentifs que nous le sommes.» m’expliquait qu’elle était fière, même si elle était en si- tuation d’échec, de n’avoir pas, contrairement à d’au- Anecdote: «J’avais un prof d’allemand dont l’habitude tres, sollicité quelqu’un pour rédiger à sa place ou était de nous faire une petite feuille d’examen tous les acheté un travail en ligne. Cette étudiante a compris le matins. Un jour, je n’avais pas eu le temps de préparer bénéfice qu’il y a à apprendre par soi-même. Et en se ma fiche de vocabulaire, aussi je me suis assis au fond de confrontant à l’obstacle, sa réussite sera méritée.» La bibliographie de la Documentation pédagogique CESALLI F., ZENDALI M., Plagiat [Enregistrement vidéo]: est-ce MAUREL-INDART H., Petite enquête sur le plagiaire sans scru- que copier c’est tromper?, «Tard pour bar», Genève, TSR pules, «Documents », Paris, Léo Scheer, 2013. Cote: En commande [prod.], 2011. Cote: 347.78 PLAG PECH M.-E., L’école de la triche: document, Paris: l’Editeur, FRANCE A., Apologie pour le plagiat, «La petite collection», impr. 2011. Cote: 371.212 PECH Paris, les Ed. du Sonneur, 2013. Cote: En commande La ruse: entre la règle et la triche, «Cahiers du GERSE », Qué- GUÉNARD F., La fabrique des tricheurs: la fraude aux examens bec, Presses de L’Université du Québec (PUQ), 2012. Cote: En expliquée au ministre, aux parents et aux professeurs, «Péda- commande gogie formation. Synthèse», Paris, J.-C. Gawsewitch, 2012. Cote: En commande www.mediatheque.ch/valais/documentation-pedagogique Résonances - Mensuel de l’Ecole valaisanne - Septembre 2013 9
Résonances en ligne S ite compagnon de la revue papier Sur le site compagnon de la revue des mots. Quatre étudiants se sont Echange entre le Collège papier, vous trouverez quelques ar- ensuite succédé au pupitre pour lire de St-Maurice et l’Ecole suisse ticles publiés exclusivement en ligne des passages du livre primé d’Ar- de Bangkok et parus entre deux éditions… Voici naud Maret intitulé Les Ecumes les résumés de ces textes et/ou dia- Pierre et Samuel, deux étudiants en noires. Quant au lauréat, il a ex- poramas à découvrir intégralement 3e année au Lycée-Collège de l’Ab- primé son émotion particulière en ligne. baye St-Maurice, ont séjourné un se- pour ce Prix décerné à Sion, lieu de mestre en Thaïlande, pour appren- ses études secondaires. dre l’allemand, pendant que simul- tanément Lea et Marvin, eux en 1re année, sont venus étudier dans la cité agaunoise. Ce programme lin- guistique a de quoi surprendre a priori. Cependant, quand on précise qu’il s’agit d’un échange avec l’Ecole suisse à Bangkok, où les cours sont dispensés en allemand et où l’an- glais a aussi une place de choix, l’aventure devient plus raisonnable. www.resonances-vs.ch L’école des Collines Mur’art: l’art dans la cour a joué et mené un projet de récréation Au début de l’histoire, il y avait une Les travaux d’élèves de Sierre/Mu- école primaire, celle des Collines à raz ont été exposés dans la cour de Sion, qui cherchait un projet de l’école en juin 2013. Les différentes centre pour l’année scolaire 2012- classes ont apporté leur touche de 2013… autour du vivre ensemble. créativité. Au final le thème du jeu fut retenu en raison de la large palette exis- tante à découvrir et des 1001 possi- bilités pour en créer de nouveaux, mais surtout pour sa dimension so- ciale et communicative et son côté Le «Prix littéraire des Collégiens rassembleur. de Sion» décerné à Arnaud Maret A l’occasion de la remise du «Prix littéraire des Collégiens de Sion», le recteur du Lycée-Collège de la Planta Francis Rossier, le conseiller d’Etat en charge de la formation Oskar Freysinger ainsi que la libraire et présidente du Jury Françoise Ber- claz-Zermatten ont prononcé des discours mettant en avant le plaisir 10 Résonances - Mensuel de l’Ecole valaisanne - Septembre 2013
Le réseau de la formation M arc-André Berclaz, pilote du Pôle EPFL Valais-Wallis Nadia Revaz Depuis le 1er juillet, Marc-André Un rayonnement hors Valais Berclaz est le directeur opéra- tionnel du nouveau Pôle EPFL Effectuons un retour sur le riche Valais-Wallis qui devrait notam- parcours de Marc-André Berclaz. ment permettre au Valais de de- Après une licence en économie ob- venir le moteur du futur énergé- tenue en 1979 à la HEC de Lau- tique de la Suisse. Ce Sierrois est sanne, il a travaillé au sein de l’en- un homme de défis et de réseaux, treprise familiale de construction largement connu et reconnu au métallique. C’était une expérien- niveau de la formation tertiaire en ce qu’il pensait de 15 jours et qui Suisse, ayant présidé pendant une a duré sept années. Passionné dizaine d’années la Haute Ecole d’informatique, il a ensuite fon- Spécialisée de Suisse occidentale dé, avec un collègue d’université, (HES-SO). Autant dire que ce nou- TI-Informatique. Cette création veau challenge, dont l’enjeu pre- d’entreprise l’a conduit à diriger mier est la synergie entre l’Ecole po- cteur l’Ecole supérieure d’informa- Berclaz, dire lytechnique fédérale de Lausanne et Marc-André is-W al lis tique de gestion à Sierre. «En Vala la HES-SO Valais-Wallis ainsi qu’avec du Pôle EPFL et. quelques jours, j’ai dû appren- r juill depuis le 1e les instituts de recherche du canton, dre le fonctionnement d’une semble taillé sur mesure pour ce ma- école, engager de nouveaux profes- nager à l’esprit visionnaire. «C’est de la HES-SO Valais-Wallis. Le fait seurs, tout en découvrant l’ensei- un projet fédérateur qui, en termes que la conduite du dossier ait été gnement», commente-t-il. Jusqu’en d’image, apportera beaucoup au rattachée sur le plan cantonal au Dé- 2000, il a conservé des heures de Valais et dont la puissance scienti- partement de l’économie, de l’éner- cours, appréciant tout particulière- fique devrait contribuer au dévelop- gie et du territoire n’est à ses yeux ment enseigner aux étudiants qui pement de nouveaux secteurs éco- en rien problématique, d'autant que suivaient une formation en emploi, nomiques», souligne le directeur les enjeux académiques dépendent en raison de leur expérience profes- opérationnel qui gérera l’ensemble de l’EPFL; par contre il aurait dé- sionnelle à faire partager. Se trou- du projet entre Lausanne et Sion, ploré que la formation tertiaire soit vant dans les mêmes bureaux que avec toutes les mises en relation que séparée de la formation profession- Sierre région, il a participé, en qua- cela implique. Son principal interlo- nelle, ce qui n’est pas le cas puisque lité de directeur d’école, à divers cuteur est François Seppey, directeur les deux font partie du DFS. projets, s’investissant notamment dans la création de l’institut de re- cherche ICARE (Institut de recherche en informatique et télématique). Dans la mouvance, il est aussi l’un Le Pôle EPFL Valais-Wallis à Sion des fondateurs du Techno-Pôle, Une partie de l’activité de recherche et de prestations de service réalisée par pôle d’activités technologique de l’EPFL sur le campus de Lausanne sera déplacée à Sion. Certaines parties de Sierre. Et de préciser: «A la fin des formation seront possibles, en particulier pour les doctorats, mais également années 80, les débouchés en infor- au niveau des masters. Le futur campus sédunois accueillera 11 chaires profes- matique étaient rares, aussi il était sorales (ce qui correspond au total à environ 150 emplois) dédiées aux thèmes intéressant de créer un lieu pour im- de l’énergie (hyraulique et turbines, chimie verte et ingénierie et gestion de planter des entreprises et d’inciter l’énergie) et de la santé (biotechnologies et bioingénierie), complété par deux des jeunes à créer des entreprises labos de recherche dans ces domaines, ainsi que des locaux pour l’Ecole d’in- dans une dynamique commune». génierie de la HES-SO Valais-Wallis. Les premières chaires seront transférées Au début des années 90, il a col- dès 2014 dans le bâtiment en construction sous gare. laboré à la réflexion de l’adminis- tration cantonale baptisée A2000. Résonances - Mensuel de l’Ecole valaisanne - Septembre 2013 11
Dès 1994, Serge Sierro, alors (en version papier, même s’il conseiller d’Etat en charge utilise évidemment la tablette de l’éducation, de la culture pour la lecture de revue) et qui et du sport, a réuni les écoles apprécie tout particulièrement d’ingénieur, d’informatique, les ouvrages de science-fiction du tourisme, ainsi que les et d’anticipation, est d’avoir deux écoles supérieures de ca- des occasions de découvrir de dres pour l’économie et l’ad- nouveaux horizons. Avec le ministration de St-Maurice et Pôle EPFL et l’opéra dans le de Viège. En 1995, Marc-André cadre des cinémas sierrois, Berclaz devient directeur ad- Marc-André Berclaz a de quoi joint de la Haute Ecole valai- satisfaire sa curiosité pour un sanne, et en 2000, au départ temps. d’Eric Fumeaux à l’OFFT, il en prendra la tête. En 2003, il de- Trois questions en lien vient président du Comité direc- avec la formation teur de la Haute Ecole spéciali- sée de Suisse occidentale, dont le homme Marc-André Berclaz, quel Berclaz est siège est à Delémont. Une haute Marc-André es. est le dénominateur com- de challeng école qui a intégré le domaine de mun de vos motivations la santé-social, des arts…, autant successives? dire que les gageures n’ont pas tre davantage pour lancer une pre- Je marche au challenge et à la nou- manqué pour parvenir à la nouvelle mière entreprise», constate-t-il. veauté, donc j’aime tout particuliè- convention HES-SO. Marc-André rement les phases de construction Berclaz a de plus été président de la Un nouveau défi sierrois, de projets. A l’école, j’ai d’abord fait Conférence des recteurs des hautes deux ans de latin, avant d’entamer mêlant cinéma et opéra écoles spécialisées suisses et vice- des études scientifiques. Avec la président de Swissuniversities, re- Avec un sens de l’engagement ci- spéléologie pratiquée à l’adoles- groupant les hautes écoles universi- toyen marqué, Marc-André Berclaz cence, je me suis découvert une pas- taires, les hautes écoles spécialisées a aussi toujours été actif sur les sion pour la gestion de groupes et, et les hautes écoles pédagogiques plans politique et associatif. Conseil- ultérieurement, pour le manage- de Suisse. Dès son engagement en ler municipal à Sierre de 2000 à 2003 ment et la gestion d’entreprise. 2003, il avait décidé d’arrêter fin (ayant démissionné pour rejoindre 2013, avec le projet de prendre une la HES-SO), il s’était porté candidat Quel est votre regard sur la forma- année sabbatique. Une idée qu’il PLR à la primaire en vue de l’élec- tion des jeunes en Valais, et ce dès voyait de moins en moins d’un bon tion au Conseil d’Etat de 2013. Une la scolarité obligatoire, sachant que œil, craignant de s’ennuyer, aussi il expérience qu’il juge intéressante, vous connaissez bien le volet ter- commençait à envisager le lance- même si l’issue ne fut pas celle es- tiaire? ment d’une nouvelle entreprise. comptée. Récemment, il a accepté La réputation du système éducatif Lorsque l’EPFL l’a sollicité pour un de livrer un autre combat, en pre- est bonne. Son modèle est globale- défi passionnant, lui permettant nant la tête de l’Association Ecran ment une réussite jusqu’à aujour- d’apporter son sens du manage- Total dont l’objectif est de promou- d’hui. L’école actuelle se trouve tou- ment et son carnet d’adresses tout voir les cinémas sierrois, en partena- tefois face à un nouveau défi ma- en s’immergeant dans un monde riat avec l’Association des cinéphiles jeur, sachant qu’elle doit trouver la qu’il connaît moins, celui de l’Ecole de DreamAgo, connue pour son Fes- bonne mesure pour s’adapter aux polytechnique fédérale de Lau- tival Plumes et Pellicules. Si Marc- élèves ultra-numériques. Face aux sanne, il a évidemment accepté la André Berclaz apprécie le 7e art, il évolutions technologiques, je me proposition. avoue n’être point un fin connais- demande si l’école valaisanne ne seur en matière d’art lyrique, les ci- risque pas de se trouver bientôt en Si d’évidence la réussite de Marc- némas de la Cité du Soleil offrant décalage. Si les jeunes ne sont pas André Berclaz est liée à ses com- désormais un programme de projec- formés à maîtriser les nouveaux ou- pétences et à sa capacité à saisir tion d’opéras en direct du Metropo- tils, dont les réseaux sociaux, cela les opportunités, il parle en outre litan de New York, une des scènes ne les empêche pas de les utiliser, de chance et d’entraide. «A mon d’opéra les plus prestigieuses du parfois en se mettant en danger, ce époque, la Jeune Chambre écono- monde. qui me semble bien plus grave. mique était un ascenseur social qui Dans les HES tout comme à l’EPFL, fonctionnait bien, tandis qu’au- L’essentiel pour ce passionné, qui lit d’importants investissements se font jourd’hui les jeunes doivent se bat- toujours plusieurs livres en parallèle dans ce domaine et on y mène une 12 Résonances - Mensuel de l’Ecole valaisanne - Septembre 2013
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