W+B - Wallonie-Bruxelles International
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S ISSN 0773-4301 - BUREAU DE DÉPÔT : BRUXELLES X > AUTOMNE 2019 14 5 W+B WALLON I E + B RUXEL L ES R EVUE TRI MEST RI EL L E IN TER N ATION A L E ÉDI T ÉE PA R LA F ÉDÉRAT I ON WA LLON IE - B RUX EL L ES ET LA WA L LON I E CULTURE FRANCOFOLIES DE SPA, 25 ANS D’EXISTENCE CÉLÉBRÉS DANS LES RÈGLES DE L’ART DOSSIER TRANSITION ÉCOLOGIQUE : INNOVATION LE BELGE NICOLAS GODELET DES ACTEURS A CONSTRUIT LE PONT WALLONS S’Y CHANG’AN À PÉKIN INVESTISSENT
< S > La ville de Spa LA WALLONIE, UN ÉCRIN DE VIE La Wallonie compte en son sein de nombreux endroits qui peuvent se targuer d’offrir une qualité de vie supérieure, tant aux habitants qu’aux touristes qui sillonnent notre belle région. La ville de Spa est un exemple parfait de la multiplicité d’offres touristiques et de loisirs que propose la Wallonie. Située dans un écrin de verdure propice aux balades et à la détente, Spa dispose de nombreux atouts pour attirer le touriste. Qu’il s’agisse de ses Thermes et de ses sources, de son Casino, du Circuit de Spa-Francorchamps, de son festival de théâtre, des Francofolies, des nombreux circuits de balades qui entourent la ville ou de son histoire (dès le XVIe siècle, Spa est devenue LE rdv thermal de la noblesse européenne, jusqu’à la présence de familles royales), Spa est au cœur de la vie culturelle, patrimoniale, historique et touristique de Wallonie tout au long de l’année. De quoi prouver au monde entier que la Wallonie est une terre d’accueil idéale !
< > W+B WA L LO N IE + BRUX E LLES R E V U E T R IMESTRIE LLE IN T E R N AT IO N ALE ÉD ITÉ E PA R L A F ÉD É RATIO N WA L LO N IE - BRUXE LLES E T L A WALLO NIE 04 ÉDITO LA WALLONIE AU CŒUR DE 06 DOSSIER TRANSITION ÉCOLOGIQUE : 14 Innovation LE BELGE NICOLAS GODELET LA TRANSITION ÉCOLOGIQUE DES ACTEURS WALLONS A CONSTRUIT LE PONT S’Y INVESTISSENT CHANG’AN À PÉKIN par Jacqueline Remits par Vincent Liévin S OM M A I R E 18 Culture 22 PORTRAIT 24 ENTREPRISE W+B 145 FRANCOFOLIES DE SPA, ÊTRE. JUSTE ÊTRE I-CARE : « TOUBIB POUR 25 ANS D’EXISTENCE CÉLÉBRÉS par Isabelle Plumhans MACHINES » RECONNU DANS LES RÈGLES DE L’ART DANS LE MONDE ENTIER par Catherine Haxhe par Jacqueline Remits 3 28 COOPÉRATION AU DÉVELOPPEMENT 30 Jeunesse LIBRES ENSEMBLE : LES JEUNES 32 Société GUIDER LES PERSONNES HAN- LA FORMATION EN ALTERNANCE SONT LE FUTUR DONT JE SUIS DICAPÉES VERS LA FORMATION FAIT DES PROGRÈS AU RWANDA FIÈRE DE FAIRE PARTIE par Laurence Briquet par Charline Cauchie par Laurence Briquet Photo couverture : 25 ans d’existence pour les Francofolies de Spa © J. Van Belle - WBI 34 Tourisme TOURISME DE MÉMOIRE 36 mode/design MAXIME JACQUET - BIG IN L.A. 38 survols par Jean-Marie Antoine par Marie Honnay SECRÉTAIRE COLLABORATION CONCEPTION ÉDITRICE DE RÉDACTION Marie-Catherine Polygraph’ RESPONSABLE Emmanuelle Stekke Duchêne, Fanny www.polygraph.be Pascale e.stekke@wbi.be Tabart, Véronique Delcomminette Téléchargez 02 421 87 34 Balthasart et Anne IMPRESSION Place Sainctelette 2 la revue sur Neuville Graphius B-1080 Bruxelles www.wbi.be/rwb/ www.graphius.com
< S > La Wallonie au cœur de la transition écologique É DI TO W+B 145 4 Le pont Chang’An à Pékin, œuvre du Belge Nicolas Godelet
< S > En cet automne 2019, la Revue W+B invite à découvrir les acteurs wallons qui jouent un rôle actif dans la transi- tion écologique, domaine des plus importants à l’heure ac- tuelle. Plongez notamment au cœur du pôle de compéti- tivité GreenWin et du cluster TWEED, afin de comprendre les enjeux qui s’y jouent. É DI TO Nous célébrons également les 25 ans des Francofolies de Spa, pari réussi pour un anni- W+B 145 versaire fêté dignement ! Nous partons aussi à la ren- contre d’Emmanuel Dekoninck, metteur en scène de talent, de Nicolas Godelet, architecte 5 qui s’exporte avec succès en Chine, et de Maxime Jacquet, qui donne vie aux splendides villas hollywoodiennes. Dans d’autres secteurs, nous honorons l’entraide et le par- tage avec le programme de formation en alternance au Rwanda de l’Apefe et les for- mations « Libres ensemble » du BIJ et de l’OIF. Entre autres choses… Bonne lecture !
< S > Transition écologique : des acteurs wallons s’y investissent DOS S I ER W+B 145 6 Les matériaux de construction innovants, un autre point d’ancrage de GreenWin Grâce aux innovations technologiques et à leur créativité, les acteurs industriels wallons peuvent jouer un rôle dans la préservation de la planète. Certaines entreprises l’ont bien compris et prennent déjà une longueur d’avance dans la transition écologique. PAR JACQUELINE REMITS
< S > Selon l’étude européenne Roadmap 2050, les émissions de CO2 émises par l’industrie techno- logique pourraient baisser de 66 % supplémentaires d’ici 2050, soit une réduction totale de 75 % par rapport au début du siècle. Entre 2000 et 2013, les secteurs wal- lons de l’industrie technologique Cédric Brüll, Directeur de TWEED ont diminué leurs émissions de CO2 d’environ 25 % en moyenne. Pour poursuivre dans cette voie, TWEED. Notre métier consiste à de nouveaux engagements ont été soutenir les entreprises, plus spé- pris. En Wallonie, le pôle de com- cialement les PME, dans le mon- pétitivité GreenWin et le cluster tage de leurs projets, d’innovation DOS S I ER TWEED participent activement à ou d’investissement, afin qu’elles cette transition écologique. puissent suivre les dernières in- novations technologiques, car le secteur énergétique évolue très W+B 145 TWEED : TRANSITION rapidement. Les innovations y sont ÉNERGÉTIQUE AU TOP nombreuses que ce soit dans les smartgrids, le stockage d’énergie, Le cluster TWEED (Technologie les voitures électriques… ». Wallonne Energie Environnement et Développement durable) ras- Comment ça se passe ? « Souvent, 7 semble, en Wallonie et à Bruxelles, les entreprises ou les centres R&D 125 acteurs (entreprises, centres viennent à nous avec des idées de de recherche) impliqués dans les projet. Nous les aidons à structurer énergies renouvelables, l’efficaci- leur idée, leur étude de marché, té et la performance énergétiques. leur consortium, afin d’aboutir à « Nous créons le réseautage et un projet qui tienne la route. Nous l’écosystème autour de ces acteurs travaillons avec une entreprise dès afin qu’ils travaillent ensemble, ex- lors qu’elle souhaite travailler en plique Cédric Brüll, directeur de synergie avec d’autres acteurs. »
< S et l’offre au niveau local. » Avec > GreenWin, TWEED a lancé un ap- pel à projets concernant le rôle des bâtiments dans la transition éner- gétique. « Ainsi, dans notre écosys- tème d’entreprises, les acteurs se parlent sur une thématique. Le bâ- timent peut-il produire de l’éner- gie, jouer un rôle de flexibilité ? Nous sommes là pour les aider à structurer des projets d’innovation dans ces thématiques. » TRANSFERT DE COMPÉTENCES VERS L’AFRIQUE Depuis plusieurs années, le cluster développe une stratégie d’expor- tation, mais également de trans- fert de compétences en éner- DOS S I ER gie durable vers l’Afrique. « Nous structurons des entreprises wal- lonnes complémentaires dans les Wal4grid, projet du cluster TWEED secteurs hydraulique, solaire, des W+B 145 batteries, des réseaux… Ensemble, elles peuvent apporter une solu- En transition énergétique, TWEED en effet de créer des communau- tion complète en Afrique, en élec- travaille de concert avec les pôles tés d’énergies renouvelables re- trification rurale, par exemple, de compétitivité MecaTech et groupant des consommateurs, et en travaillant en synergie avec 8 GreenWin. « Avec le premier, nous des entreprises, des citoyens. des entreprises africaines. Nous avons lancé un appel à projets Elles vont gérer elles-mêmes leur offrons aussi des formations aux vers les communautés d’énergie consommation d’énergie et tenter acteurs présents sur les projets. » locales. Un nouveau décret permet de faire un lien entre la demande Pour ce transfert de technologie et Tweed développe une stratégie d’exportation et de transferts de compétences en énergie durable vers l’Afrique.
< S de savoir-faire entre pays, le cluster GREENWIN : BOUCLER LA est soutenu par WBI. « C’est le cas, BOUCLE DE LA MATIÈRE > notamment, au Rwanda où nous avons récemment emmené des Le pôle de compétitivité entreprises wallonnes pour for- GreenWin, dont les maîtres-mots mer des entrepreneurs rwandais sont l’économie circulaire et la à monter des projets d’énergie re- neutralité carbone, se consacre à nouvelable et à réaliser de l’ingé- trois secteurs : la chimie verte, les nierie. Ainsi, depuis des années, la matériaux de construction inno- société Sher travaille sur des pro- vants et les technologies environ- jets hydrauliques. » Au Maroc, la nementales. Il compte plus de 200 société John Cockerill (ex-CMI) membres, dont plus de 150 entre- développe un projet de stockage prises, 4 partenaires et 5 réseaux Véronique Graff, de l’énergie avec l’agence solaire internationaux. Dans ce secteur, où Directrice générale de GreenWin locale. « Avec des experts, nous le taux de croissance de l’emploi aidons ces entreprises en ma- et celui de la valeur ajoutée se si- tière d’efficacité énergétique. Et tuent à plus de 20 %, 110 millions Un appel à projets vient d’être lan- nous offrons ainsi une belle visibi- d’euros ont déjà été investis dans cé dans le domaine de la construc- lité à nos acteurs wallons. » Avec 42 projets. tion et de l’énergie. « L’idée est de Laurent Minguet pour fondateur et développer, à travers l’innovation qui a investi dans différents pro- et les partenariats entre les jets énergétiques en Casamance, entreprises, universités et centres DOS S I ER le cluster est évidemment présent de recherche, tout le potentiel au Sénégal. « Nous y avons effec- du bâti en matière de production tué plusieurs missions et c’est l’un énergétique et de stockage de de nos pays-cibles pour l’avenir », l’énergie, souligne Véronique Graff, W+B 145 confirme Cédric Brüll. Directrice générale de GreenWin. 9 Chez GreenWin, la conservation de la nature passe par les technologies environnementales et la neutralité carbone.
< S doivent permettre de boucler la > boucle de la matière. » Différentes entreprises développent des pro- jets avec GreenWin, notamment Tradecowall, qui traite les déchets de construction et travaille à les va- loriser, et l’Atelier de l’Avenir, spé- cialisé dans les constructions en ossatures en bois, lancé dans des projets de maisons évolutives et durables. DES ENTREPRISES WALLONNES SOUCIEUSES DE L’ENVIRONNEMENT Des entreprises wallonnes jouent déjà un rôle dans la préservation de la planète. Quelques exemples. DOS S I ER La chimie verte, un des secteurs clés de GreenWin BELVAS : CHOCOLATERIE TRÈS ÉCOLO Il s’agit de travailler sur les techno- monté une association internatio- Quand, en 2005, il a repris la cho- W+B 145 logies appliquées dans le secteur nale, CO2 Value Europe, dont l’ob- colaterie Belvas à Ghislenghien, pour amener nos constructions jectif est d’arriver à des entreprises Thierry Noesen l’a fait évoluer en à devenir des maillons impor- neutres en carbone. A partir du un modèle de chocolaterie écolo. tants en matière énergétique et CO2, on peut construire de nou- Elle est ainsi la seule à disposer du de stockage énergétique, avec velles molécules chimiques, fabri- double label Bio et Equitable. Elle 10 de nouveaux types de maté- quer des blocs pour la construc- travaille en effet tous ses ingré- riaux, de toitures, de vitrages... » tion, de nouveaux carburants... » dients bios sans ajout de conser- Pour concrétiser cette belle idée, Le pôle est également très actif en vateurs, colorants, arômes ou ex- GreenWin rassemble les parte- énergie circulaire. « Outre le CO2, hausteurs de goût. Ce qui lui a valu naires qui auraient intérêt à se nous travaillons sur certains types d’être sacrée « microentreprise la rencontrer sur cette thématique. de plâtres, de verres spéciaux, sur le plus écologique d’Europe » par la « Nous travaillons avec eux pour développement de filières d’écono- Commission européenne. « C’est identifier les bons partenaires, mie bio-sourcée… Ces gros enjeux bon pour les consommateurs, pour en priorité en Wallonie, et nous dans la construction et la chimie les planteurs et le maintien de la construisons ensemble le projet. » MISSIONS INTERNATIONALES ET PROJETS EUROPÉENS GreenWin développe un ensemble d’actions à l’international. « Le pôle est au centre d’un réseau de plus de 800 contacts dans le monde. Nous organisons des missions à l’international dédiées aux parte- naires technologiques, ainsi que des conférences sur la chimie verte et les technologies blanches, en Wallonie, en collaboration avec les universités. Nous sommes impli- qués dans des projets européens, dont SCOT sur l’utilisation du CO2, que nous coordonnons. Nous avons La chocolaterie Belvas favorise l’utilisation de panneaux photovoltaïques
< S > DOS S I ER W+B 145 Les fèves de cacao, la base du travail de la chocolaterie Belvas. diversité dans les plantations », souligne Thierry Noesen. La choco- laterie revoit chaque année sa po- 11 litique environnementale. Elle est aujourd’hui autonome en énergie pour 50 % de ses besoins grâce, notamment, à l’installation de 380 panneaux solaires sur l’ensemble de la surface du toit, ainsi qu’à un sys- tème de récupération de la chaleur rejetée par l’air conditionné, l’éner- gie de l’air chaud, transformée en eau chaude, étant ensuite utilisée pour faire fondre le chocolat. « Nos projets dans le Sud sont au-delà La chocolaterie Belvas est la seule à disposer du double label Bio et Equitable. du bio. Nous sommes associés à d’Ivoire il y a un an. Nous reversons l’ONG Grainedevie dans une opéra- une prime aux planteurs via la coo- tion de reforestation à Madagascar. pérative et nous avons créé le pro- En Côte d’Ivoire, nous avons re- gramme directcocoa.org qui va le planté 2 000 arbres d’espèces dif- plus loin dans l’aide aux planteurs Thierry Noesen, férentes et lancé une tablette Côte en Côte d’Ivoire. » Directeur de la chocolaterie Belvas
< S > Comet Traitements DOS S I ER W+B 145 Chez Comet Traitements, on recycle les véhicules. 12 « Comme on le voit, grâce au développement de nouvelles technologies et à leur capacité d’innovation, nombre d’entreprises wallonnes répondent activement aux enjeux climatiques. »
< S administrateur délégué de Comet toirs. Hublet est devenue, au fil des Traitements. En 2014, nous avons ans, une référence dans le recy- > recyclé les 165 premières Prius clage des déchets de construction. Toyota, ce qui nous a permis de Longtemps active sur les chantiers former notre personnel. La grosse de terrassement et de démolition, nouveauté, c’est la mise en sécuri- l’entreprise se concentre désor- té de la voiture, une fois la batte- mais sur le développement des ser- rie enlevée. Mais nous ne recyclons vices de ses centres de traitement pas les batteries. Nous assurons agréés à Floreffe et à Wanlin. Elle leur stockage sécurisé, leur re- a largement contribué au dévelop- groupement et leur transport. » pement des matériaux de remblai Comet Traitements récupère les innovants qui permettent d’évi- matières contenues des batteries. ter la formation de nids de poule. « Un véhicule hybride ou élec- Gerday Recyclage, à Houyet, réa- trique contient plus d’aluminium, lise des travaux de concassage de de cuivre qu’un véhicule classique, déchets de classe 3 généralement et les moteurs contiennent des issus de la construction, des tra- éléments avec des terres rares. vaux de criblage et de broyage de Avec l’Université de Liège, dans déchets de béton. Sede Benelux, le cadre de la Reverse Metallurgy, dans le Parc Crealys à Gembloux et nous avons développé un procédé qui fait partie du groupe Véolia, est pour les récupérer et les valoriser. notamment spécialisée dans le re- DOS S I ER Un pilote métallurgique nous per- cyclage agricole. Egalement basée met de récupérer 5 kilos de terres à Gembloux, Spechim apporte des rares par jour. Comme une voiture solutions innovantes sur mesure électrique en contient 1 kilo, nous pour le traitement des eaux usées, W+B 145 pouvons en traiter 5 par jour. Le les secteurs automobile et du bâ- taux de recyclage des voitures timent, le traitement des métaux, électriques peut aller jusqu’à l’industrie agroalimentaire, le net- 96 %. Le groupe Comet est le toyage des surfaces dures, l’entre- seul en Europe à avoir pu réali- tien sanitaire. L’entreprise familiale ser cette démonstration. Une pre- Weber, à Auvelais, est active dans 13 mière mondiale. » le recyclage des métaux ferreux et non-ferreux et, plus particuliè- rement, dans la démolition métal- STÛV : UN POÊLE TRÈS PEU lique. Le groupe Wilmet, à Namur, POLLUANT est également spécialisé dans le tri des déchets. Le fabricant de poêles de chauf- fage Stûv, à Bois-de-Villers, a Grâce au développement de nou- conçu le poêle à pellets sans doute velles technologies et à leur ca- le moins polluant du marché avec pacité d’innovation, nombre d’en- une production de particules fines treprises wallonnes répondent quatre fois inférieure à la normale activement aux enjeux clima- COMET TRAITEMENTS : et une production de CO vingt fois tiques. DÉMANTÈLEMENT DES inférieure à la réglementation eu- BATTERIES DE VÉHICULES ropéenne qui entrera en vigueur HYBRIDES ET ÉLECTRIQUES en 2022. Dans un autre secteur, le groupe www.greenwin.be Comet, spécialisé dans le recy- DES ENTREPRISES www.clustertweed.be clage, à Châtelet et à Obourg, a QUI RECYCLENT inauguré le premier centre de dé- pollution des véhicules hybrides Les entreprises actives dans le électriques. « Depuis plus de cinq recyclage sont nombreuses en ans, nous avons été les premiers Wallonie. Ainsi, Protelux, à Bertrix, à mettre en place les processus recycle les graisses et les huiles de nécessaires pour dépolluer des friture usagées du secteur horeca, véhicules électriques et hybrides, ainsi que les déchets de bouche- explique Pierre-François Bareel, rie, de poissonnerie et des abat-
< S > Le belge Nicolas Godelet a construit le pont Chang’An à Pékin « La vie est belle, profitez-en et améliorez votre environnement ! » conclut-il après avoir réalisé ce monstre d’acier de 638 mètres de long et 47 mètres de large pour 45.000 tonnes d’acier. I N N OVAT I O N PAR VINCENT LIÉVIN W+B 145 Les liens entre la Chine et la rités à Pékin. Ce pont fait voyager ingénieurs parmi 1500 pour nous Belgique ont traversé les époques l’architecte de la dynastie Ming, à accompagner. » et ont pu notamment bénéfi- l’origine des berges, à nos jours cier du travail incessant d’Henri avec ses 45.000 tonnes d’acier. 14 Lederhandler, à une période où il Prouesse technique, cet ouvrage UN ARCHITECTE IMPLIQUÉ n’était pas nécessairement « res- mesure dans toute sa longueur DANS SON ÉPOQUE pectable » de commercer avec quelque 1.350 mètres (le tablier l’Empire du milieu. Aujourd’hui, un central en acier en fait 638). « Je Nicolas Godelet, belge, est né dans autre homme pose des ponts entre pense être un des plus jeunes ar- les Alpes Suisses en 1976. « Je vis les deux pays : le namurois Nicolas chitectes ingénieurs à avoir gagné à Pékin en Chine depuis 2002, et Godelet. Peu connu du grand pu- un ouvrage de cette taille. Mais je à Dorinne dans le Condroz. Je suis blic, il s’est investi depuis 2010 dans suis bien accompagné, par mon avant tout un voyageur. J’estime la construction du pont haubané collaborateur et ami Bernard Viry, que le voyage m’a au moins en- Chang’An, en Chine, après avoir notre équipe à Pékin, et le bureau seigné autant que mes parents et gagné le concours international d’étude associé BMEDI qui a sé- ma scolarité ». Il a étudié l’architec- d’architecture ouvert par les auto- lectionné pour ce projet 13 jeunes ture et l’ingénieurie. « Mais j’aime Nicolas Godelet
< S à Beijing (Pékin). Il accueillera 8 voies routières. Il doit être inau- > guré en grande pompe pour le 70e anniversaire de la Révolution (1949). « J’ai choisi un mode de vie et de travail que j’appelle « Vinci », du père de mes rêves d’enfance Léonard de Vinci. Notre équipe ne travaille pas que sur l’architecture et le mobilier, mais aussi les trans- ports (nous dessinons un tramway à induction), la dépollution des sols, l’économie d’énergie des bâ- timents, la recherche en matériaux écologiques (étude sur la photo- luminescence)… » Il réfléchit sur la thématique des ponts depuis 2005 : « Mon premier était un pont en béton, pour le passage des pié- tons entre la nouvelle ville et la ville I N N OVAT I O N médiévale de Pingyao (UNESCO), puis en 2008 une passerelle hau- banée très avant-gardiste. Le pont relie une ville. Au-delà de sa fonc- tionnalité, c’est aussi une sculpture, une partie du paysage et le reflet W+B 145 de la culture qui le bâtit. » aussi les langues (j’en parle 6) et AU CŒUR DE LA CHINE, j’ai également étudié les écritures IL AVANCE UN PONT QUI VOLE BREVETÉ anciennes (égyptien, phénicien et surtout les Jiaguwen, anciens ca- Depuis qu’il a posé un pied en Chine, Pour imaginer ce pont, cet homme 15 ractères chinois). » Il adore les ma- il a travaillé au bureau chinois de ouvert, n’a pas hésité à faire appel à tières : « Je suis apprenti coutelier, l’architecte Anthony Béchu et par- d’autres technologies : « La modéli- céramiste, peintre et je travaille ticipé au chantier du futur Opéra sation est intéressante, nous avons beaucoup avec le bois pour mes National et du Grand Stade, sans utilisé Katia, un programme d’aéro- meubles. J’ai choisi une vie qui oublier la réhabilitation en quartier nautique développé par Dassault, me pousse à évoluer sans cesse. » culturel du site métallurgique de qui est pour la première fois utilisé Il travaille pour une cause qui lui Shougang. Aujourd’hui, l’aboutis- en génie civil. Ce programme nous tient à cœur : « La question clima- sement du nouveau pont Chang’An a permis à tous de travailler sur tique et la reconsidération de nos est un projet colossal : il s’agit de une même plateforme: conception, modes de vie, de construire, de la nouvelle porte ouest de la capi- calcul, fabrication, montage, tout consommer, de pratiquer la ville ». tale chinoise qui reliera Mentougou est maîtrisé en trois dimensions, plus de papier nécessaire. C’est une première dans le domaine, pour un pont dont le modèle structure est également une innovation et pour lequel nous avons déposé un brevet. » Il mène une profonde réflexion sur les matériaux et sur l’écologie : « Nous développons des matériaux photo-luminescents pour éclairer les lieux publics en absorbant l’éner- gie solaire. Nous nous investissons dans la dépollution des sols indus- triels (en Chine cela représente 20% du territoire de bord de mer)... » Le pont Chang’An à Pékin, un peu de Wallonie en Chine
S > < 16 W+B 145 I N N OVAT I O N
< S L’URGENCE DU DÉVELOPPEMENT DURABLE > Pour lui, le développement du- rable, « c’est la cause pour laquelle nous travaillons. Les résultats de la dernière COP 24 en 2018 sont désastreux, notre monde et notre planète sont sacrifiés à l’unanimité et il est urgent de passer à l’ensei- gnement. » Son équipe s’associe donc maintenant avec des univer- sités pour enseigner les méthodes de conception durable, « mais ce n’est pas assez, il faut commencer dans les écoles primaires et secon- daires... Personnellement je sais que lorsque ma fille aura 20 ans, je ne serais pas du tout à l’aise de lui avouer que nous avons tout es- I N N OVAT I O N sayé, mais pas assez, pour lui lais- ser un monde sain ». DU JAPON À L’ARABIE SAOUDITE W+B 145 La Chine n’est toutefois pas son seul espace de réflexion : « Je tra- vaille aussi au Japon, à Taiwan, sur des logements denses en struc- ture bois. Je commence un projet 17 en Arabie Saoudite pour la protec- tion d’une ville historique et son lien avec la ville moderne ». Il n’ou- blie pas la Belgique : « Je fais le projet d’un village, si possible au- tonome et lié à un artisanat et un mode de vie contemporain, sans exploitation des ressources, sans déchets… Avec mes confrères de chez AgwA, nous réalisons aussi le projet de l’ambassade de Belgique en Chine : structure bois et maté- riaux recyclés. » Comme la Chine, il ne dort jamais vraiment… www.ng-lab.net
< S > Francofolies de Spa, 25 ans d’existence célébrés © J. Van Belle - WBI dans les règles de l’art C ULT U R E PAR CATHERINE HAXHE W+B 145 25 ans, un bel âge qui se fête ! Et ce fut fait lors de cette dernière édition qui a tenu ses promesses fin juillet. Les Francofolies de Spa n’ont pas failli a leur réputation : festival citadin hétéroclite, familial, d’amoureux et de curieux. En plein cœur de la ville jadis baptisée « Café de l’Europe », les Francos, un rendez-vous d’été incontournable 18 pour les artistes de la Fédération Wallonie-Bruxelles. L’occasion d’un bilan en même temps que de souffler les bougies. Il fut un temps, les Francos et 25 ans plus tard, nous avons fait le Festival International de la le point avec le papa des Francos, Chanson Française… Charles Gardier. C’est en 1985 que Jean-Louis « Il y a des fondamentaux aux Foulquier (journaliste à France Francofolies, aime à rappeler Inter, il fut le fondateur des Charles Gardier, c’est notamment Francofolies de La Rochelle) crée, de faire découvrir des artistes. dans sa ville natale de La Rochelle, Depuis leur création avec toute les Francofolies. Immédiatement l’équipe, Jean Steffens et Marc dédiées à la chanson française et Radelet (attaché de Presse du plus largement à toutes les mu- Kid Noize © J. Van Belle - WBI Festival), nous voulons être une siques de l’espace francophone. Le vitrine de talents en Fédération festival rencontre rapidement un viendra après plusieurs rencontres Wallonie-Bruxelles. Nous aimons vif succès et s’exporte: à Montréal, heureuses, avec Jean Steffens, un surprendre et proposer les artistes Buenos Aires, Berlin, en Suisse et Malmédien lui aussi passionné par de demain. Et pour cela, il faut en Bulgarie. l’organisation de concerts, Pierre être très attentif aux émergences. A Spa, quand le Festival Collard-Bovy et Pierre Rapsat, Notre public le sait, nous avons International de la Chanson alors en contact avec Jean-Louis de vrais amoureux de musique Française tire sa révérence en Foulquier. C’est lui qui va réunir qui viennent en espérant décou- 1984, il laisse un grand vide. Alors toutes les forces en présence. Le vrir des choses, beaucoup sont adolescent, Charles Gardier n’aura calendrier est arrêté : les premières très curieux. Nous sommes aussi de cesse d’imaginer comment re- Francofolies de Spa auront lieu du fiers d’offrir un cadre unique. Une lancer un tel évènement. Il y par- 27 au 30 juillet 1994. ville thermale au passé historique
< S > © J. Van Belle - WBI C ULT U R E W+B 145 © J. Van Belle - WBI 19 riche, dans un écrin de verdure, Place Royale il y a beaucoup plus mation avec plus de 50% d’artistes c’est fabuleux. Spa s’est dévelop- d’espace. Pour un artiste, se pro- issus de la Fédération Wallonie- pée autour de son thermalisme, duire devant un grand public c’est Bruxelles. Dans le même temps des premières destinations de va- une belle expérience. Pour cette nous continuons plus que jamais cances où l’on venait prendre soin deuxième édition, nous avons tenu de croiser les styles et les géné- de soi, des premières manifesta- compte des remarques et amélioré rations, à programmer Lomepal et tions culturelles et sportives avec les détails. Nous sommes en train Sardou, Orelsan, Feu ! Chatterton le Festival de Théâtre et le Grand de reconstruire un festival depuis ou Bruel. Un grand-père et son pe- Prix de Francorchamps. C’est ins- l’an dernier, cela reste un défi, c’est tit-fils peuvent faire découvrir à crit dans ses gênes. En tant que certain » chacun leurs artistes et les voir en- spadois, je voulais à tout prix gar- semble sur un même site. Ces der- der le site au centre-ville. Même Ce qui ne change pas, c’est la nières années, ne nous voilons pas si c’est aussi plus compliqué à or- langue française, dont les organi- la face, on sent quelques crispa- ganiser. Ce serait tellement plus sateurs des Francofolies se font tions sociétales de renfermement simple de faire le festival dans une les ardents défenseurs depuis leur sur soi, on se mélange moins c’est prairie. Nous avons d’ailleurs dû création. une évidence. Aux Francos nous faire évoluer la configuration du combattons cela, nous aimons em- site l’an dernier et forcément cer- « Cela a toujours été notre credo, mener un artiste devant un public tains sont déçus, ils regrettent les précise Charles Gardier, bien sûr si qui n’est pas forcément le sien. » concerts donnés sur la Place de un artiste bruxellois veut chanter en l’Hôtel de ville qui était comme anglais, il le fait, nous ne sommes Toujours à la recherche de nou- une petite salle à ciel ouvert, très pas des radicaux. Nous sommes veaux artistes, les Francofolies de cosy. Dans le nouveau périmètre fiers de proposer une program- Spa sont en perpétuelle connexion
< S > Charlotte © J. Van Belle - WBI Alice on the Roof © J. Van Belle - WBI Claire Laffut © J. Van Belle - WBI C ULT U R E W+B 145 20 Mustii © J. Van Belle - WBI Tanaë © J. Van Belle - WBI avec les « autres » Francos, La vailler, les bloggeurs par exemple. Et ce fut le cas pour Maxence Rochelle ou Québec mais aussi Je loge souvent à Spa lors des Lemaire, dit Løyd, découvert ré- avec les agents, en première ligne Francos, je me prends la semaine, cemment par Laurent Walschot. pour dénicher des artistes puis j’adore le cadre citadin, c’est très Ce jeune bruxellois de 24 ans est les proposer aux organisateurs. confortable. Je me balade, je tends une révélation sur laquelle il faudra Laurent Walschot est un de ces l’oreille, même si cette année avec garder un œil. En pleine prépara- découvreurs. Agent de Mustii, il ar- Mustii je n’ai pas pu autant que je tion de son premier album dont la pente les festivals depuis plus de le voulais tant nous avons été sol- sortie est prévue en octobre, il a 20 ans. licités. Les autres festivals c’est pu goûter cette année à une vraie un peu plus l’usine, les artistes belle scène et un public large, une « Spa reste une date très impor- s’enchaînent sur des scènes gi- expérience cruciale pour lui et son tante de l’été pour les artistes, gantesques au milieu de prairies, groupe. explique Laurent Walschot. Ils ai- ici à Spa c’est plus convivial. Et ment s’y produire. Ce rendez-vous puis, nous avons des artistes for- « J’ai commencé la musique à 16 est très familial mais évolue aussi, midables en Belgique, beaucoup ans, témoigne Maxence Lemaire, on voit de plus en plus de jeunes et de Français nous envient la quali- comme guitariste dans un groupe d’amateurs de musique. Pour nous té de nos musiciens et la folie de rock, je n’aurais alors jamais ima- agents c’est une aubaine, il y a nos créations, nous sommes une giné faire un festival comme les beaucoup de presse et de contacts référence. Quand on découvre un Francos de Spa avec ma musique professionnels, on fait le plein de artiste, on espère toujours qu’il électro. C’est un gros calibre, cela rencontres, on découvre les nou- puisse faire une scène comme les m’a permis de me produire devant veaux médias avec lesquels tra- Francofolies de Spa. » un public large et hétérogène.
< S Les Francofolies furent aussi l’oc- casion de débats et de rencontres. > Ces dernières années, se sont multi- pliés les appels à étudier la place des hommes et des femmes dans les in- dustries créatives et culturelles en Europe. Sans grand étonnement, le secteur musical est marqué par une forte ségrégation entre les sexes, no- tamment en termes de rémunération, d’occupation de fonctions à respon- sabilité et de représentation dans les festivals. Chez nous, les chiffres parlent d’eux-mêmes : sur la totalité des auteurs de musique actifs (au- teurs Sabam) touchant des droits d’auteurs en 2018, la part des au- trices est à peine de 18%, ce qui cor- respond à la moyenne internationale. On est loin du compte mais le milieu de la création en a pris bonne note et tente à l’avenir d’inverser la vapeur. C ULT U R E « Le nouveau règlement Sabam For Angèle © J. Van Belle - WBI Culture contient un critère d’appré- ciation des projets soumis concer- nant l’égalité homme-femme. Nous W+B 145 collaborons aussi au projet « wo- men@cisac » qui œuvre pour davan- tage d’égalité des sexes et d’inclu- sion au sein de la communauté de la création », déclare-t-on à la Sabam. La CISAC (Confédération internatio- 21 nale des sociétés d’auteurs et com- positeurs) est le premier réseau mon- dial de sociétés d’auteurs avec 232 membres dans 120 pays. Elle mobilise toutes les sociétés à travers le monde pour que le secteur de la gestion col- lective fasse de l’égalité des genres l’une de ses priorités. « J’ai assisté aux rencontres autour de la place de la femme dans le milieu artisitique et Orelsan © J. Van Belle - WBI j’avoue que j’en suis resté coi, avoue Charles Gardier, je ne m’attendais pas Faire les Francos, cela donne de rapport à ce qui se fait actuelle- à ces chiffres là, mais sans trop le sa- la légitimité au projet, on vous ment en Belgique. Notre concept voir, cette année notre programma- prend au sérieux. Cette année a est de l’électro dystopique, un tion était plus que jamais “féminine” été extraordinaire, nous avons univers musical et visuel à la avec Angèle, Clara Luciani, Zazie, fait la première partie de Mustii « Black Mirror » qui marie le rock, Alice on the roof, Charlotte, Claire sur sa tournée puis nous termi- ma première passion, avec l’élec- Laffut et bien d’autres. C’est évident, nons par un été aux Francofolies, tro et la technique apprise à l’IAD nous serons davantage attentifs à avant la sortie de notre album (il est ingénieur du son et mixeur cette question-là à l’avenir. » dans quelques semaines, c’est gé- mastering). Cela me permet de nial. On remarque une bien plus proposer un album concept qui se Charles Gardier et Jean Steffens grande visibilité des artistes de découvre chapitre après chapitre, dressent un bilan enthousias- la Fédération Wallonie-Bruxelles avec un début et une fin. A l’heure mant pour cette 26e édition des ces dernières années. Laurent du streaming c’est déjà un pari. » Francofolies de Spa. Un anniver- Walschot nous a immédiatement saire dignement fêté par plus de soutenus dans notre projet pour- Les Francofolies, vitrine de ta- 150 000 festivaliers lors de ces tant complètement décalé par lents… féminins. 4 jours de fête et de musique.
< S > Être. Juste être. Emmanuel Dekoninck est un artiste complet. Formé au jeu, il s’oriente avec les années vers la mise en scène et la médiation théâtrale en parallèle de l’enregistrement de livres audio. On l’a rencontré, devant un café, dans le Brabant Wallon, son fief, l’endroit où il entend se faire entendre. Emmanuel Dekoninck © Dominique Bréda PAR ISABELLE PLUMHANS P OR T R A I T Comment êtes-vous arrivé au Vous vous êtes ré-orienté ? Comment s’est fait l’entrée dans théâtre ? Grâce à Eric De Staercke. C’est fou, la vie artistique ? Je n’étais pas un bon élève, mais ce prof de l’IAD, école qui ne vou- En ’98, je sors du conservatoire. je lisais bien, et voulais faire du lait plus de moi, qui me téléphone Des copains sont figurants sur théâtre. J’étais au collège Sainte et me dit « tu dois continuer ». Les 3 Mousquetaires, qui tournait W+B 145 Croix, à Hannut, loin des théâtres. Je suis entré en déclamation et au Festival de Spa. Un de mes amis Mais j’ai eu un prof d’histoire de art dramatique au Conservatoire ne pouvait pas faire le festival, je l’art qui m’y a emmené. Je ne com- de Bruxelles, préparé par Michel l’ai remplacé. Dans la foulée, Daniel prenais rien mais l’idée de jouer Wright, qui était mon prof à l’IAD. Scahaise, qui mettait en scène, me me plaisait. Pour qu’on m’aime L’IAD et le Conservatoire n’ont pas propose un rôle dans La Mégère 22 parce que je suis sur scène, peut- du tout été la même expérience, j’ai Apprivoisée, en première saison être. Je suis entré à l’IAD, avec des appris qu’on apprend plus de ses des Martyrs. C’était mes débuts personnes super, mais je pense échecs que de ses réussites. Puis avec « Théâtre en liberté ». J’y ai que j’étais immature. D’ailleurs, à la j’ai eu des profs au Conservatoire appris le métier dans sa globalité: fin de l’année, on m’a dit que je ne - notamment Hélène Theunissen je jouais, mais en même temps je pouvais pas continuer. Ce qui est - qui permettaient d’être libre et travaillais dans les bureaux, je pla- marrant, c’est qu’aujourd’hui je suis j’ai fait un travail technique pour çais les décors… En ’99, le direc- prof à l’IAD et dans le jury de l’exa- perdre mon accent. teur de l’IAD m’appelle pour jouer men d’entrée. dans L’Ecume des jours, au Rideau (rôle pour lequel il obtient le prix du meilleur espoir aux Prix de la Critique, ndlr). Votre territoire de jeu, c’est où ? Il y a pas mal de travail à Bruxelles, où je fais des lectures audio. Mais je suis revenu vivre à la campagne: c’est ici que je veux faire mon théâtre sans être noyé par la mul- tiplicité des créations bruxelloises. Ça permet un lien plus proche avec le public et la médiation. Etre ar- tiste associé au Théâtre Jean Vilar me correspond bien. © Véronique Vercheval Comment qualifieriez-vous votre travail, aujourd’hui ? Celui d’un individualiste qui tra- vaille en troupe pour chaque pro-
< S L’œil de Thomas Mustin > C’est génial de travailler avec Emmanuel. Il a une humanité hal- lucinante. Je me sens acteur plus que musicien. Mon rêve d’en- fant c’était être acteur. Mais je ne veux pas devoir me situer: com- biner les deux est une richesse. Emmanuel est une très belle ren- contre parce qu’il crée des équi- tés. Il m’a vu aux examens à l’IAD (où Thomas a fait ses classes, ndlr), puis on s’est surtout retrou- vés quand, maître des Magritte, Thomas Mustin prête ses traits à Hamlet © Véronique Vercheval qu’il mettait en scène, il m’a de- mandé d’y jouer. Puis on s’est re- joints sur ce projet. J’avais peur, jet. Je décide des projets seul, et Prince du Danemark, pièce courte parce que ce rôle est une mon- des gens qui travailleront avec moi, accompagnée d’échanges au- tagne ; Hamlet fait un chemin de P OR T R A I T mais à partir de là, sur un projet, je tour des thèmes d’Hamlet. Puis la dingue. Je ne savais pas si je pou- travaille dans l’échange. pièce, tout public, avec un acteur vais traverser ça. Manu m’a pris jeune, à l’image de l’Hamlet origi- en charge, avec des séances de Et votre projet en cours, Hamlet ? nal (Thomas Mustin, alias Mustii, travail techniques et textuelles, Ce texte m’habite depuis que je l’ai ndlr) qui est aussi musicien. Le on a parlé de ce qu’on voulait par W+B 145 joué au Conservatoire. Après mon côté musical était indispensable rapport au personnage. On vou- parcours d’interprète, j’ai voulu tra- pour moi. Enfin, le livre Pourquoi le lait lui rendre sa fougue et sa jeu- vailler la mise en scène. J’ai fait une théâtre ? à l’attention de ceux qui nesse, dans l’action et pas la sta- demande de contrat programme, s’en fichent complètement. gnation, la dépression. Et c’est ce je me sentais prêt. Je voulais recen- qui fait de cet Hamlet une pièce trer mon activité dans ma région. Et pour ce qui est du futur ? qui parle aux jeunes, aujourd’hui. 23 C’est là que je suis devenu artiste Je suis en création pour Villers-La- Parce que c’est un ado qui cerne associé au Théâtre Jean Vilar. On a Ville. Un sublime lieu dans lequel les masques que chacun porte. travaillé à un projet global, de créa- j’aurai la chance, à l’été 2020, de tion et médiation. Hamlet me sem- créer Lucrèce Borgia, d’Hugo. Mais blait idéal pour ça. Dans ce projet, je veux surtout m’ancrer dans ma Toutes les infos sur les dates à il y a plusieurs réalisations. La pre- région, et poursuivre les média- venir d’Hamlet sur www.lesgens- mière tourne dans les écoles: Le tions. debonnecompagnie.be. Première reprise du 3 au 7 mars 2020 au Théâtre de Namur, puis partout en Wallonie. © Véronique Vercheval © Laetitia Bica
< S > I-care : « Toubib pour machines » reconnu dans le monde entier PAR JACQUELINE REMITS Spécialiste de la maintenance prédictive, médecin préventif des machines en quelque sorte, I-care est devenue en quinze ans une véritable success-story wallonne comptant une dizaine de filiales et exportant E N T R EPR I S E dans 50 pays sur les cinq continents. En signant cette année son plus gros contrat aux Etats- Unis, la société montoise © I-care fait désormais partie des W+B 145 leaders dans son secteur. 24 « Il faut que cela aille vite pour les rait être « mieux vaut prévenir que Coréens ! Une semaine après la guérir ». La maintenance prédictive mission royale en Corée du Sud permet de prévoir la panne d’une en mars dernier, une première machine, et donc, de la réparer à usine était déjà équipée », se ré- temps. La société I-care, dont le jouit Fabrice Brion, fondateur et nom est inspiré de la traduction CEO d’I-care, qui y possède déjà anglaise de « je prends soin », en une filiale. Nous sommes partis a fait sa spécialité. « Le concept avec l’idée de décrocher un gros de maintenance prédictive existait contrat avec un important fournis- déjà aux Etats-Unis et en Europe. seur d’énergie. » Mission (royale) Nous l’avons poussé plus loin et y accomplie. « Comme toujours dans avons apporté beaucoup de pra- ces missions, il y a la face visible Fabrice Brion, fondateur tique. Je dis toujours que nous et CEO d’I-care © I-care de l’iceberg, les relations externes, sommes des médecins pour ma- qui ont abouti pour nous à cet chines. Nos stéthoscopes sont important contrat, mais aussi la démarches pour cette filiale suite l’analyse vibratoire, l’analyse des face moins visible, les relations in- à une visite princière à Texas A&M. lubrifiants et la thermographie in- ternes avec les autres participants Grâce aux bonnes relations, et frarouge. Notre métier consiste à à la mission dont certains nous ont de longue date, entre la Wallonie poser des diagnostics. » Des cap- bien aidés pour faire avancer plu- et cette université, nous avons teurs sont placés sur de grosses sieurs dossiers en Belgique. » constitué un bon réseau pour pou- machines industrielles, essentiel- En janvier dernier, un autre gros voir démarrer là-bas. » lement pour les secteurs phar- contrat, de 4 millions de dollars, a maceutique, agroalimentaire et été signé aux Etats-Unis avec un chimique. Ils permettent de détec- important fournisseur d’énergie. « JE PRENDS SOIN » ter à quel moment une machine « Pour l’aspect commercial, c’est risque de se montrer défaillante, notre filiale de Houston, ouverte La société montoise devient ain- les pannes à venir et de rempla- en 2016, qui a travaillé pour en si l’un des leaders mondiaux dans cer les pièces abîmées avant que la arriver là. Nous avons entamé les son secteur dont la devise pour- panne survienne.
< S CAPTEURS WALLONS AUX 4 COINS DU MONDE > Fabriqués à Mons, ces capteurs sont placés sur les machines aux quatre coins du monde : en Australie, au Chili, aux Etats-Unis, et sont surveil- lés à distance à Mons. « Nous dis- posons de toute la chaîne de valeur pour nos clients. Nous fabriquons les capteurs, développons les lo- giciels et, sur ces bases, nous ré- alisons aussi le diagnostic. » Cette surveillance permet à l’industrie de gagner du temps et d’organiser l’arrêt des machines au moment le plus opportun. Car arrêter une ma- chine pour l’entretenir coûte très cher et pire encore si elle tombe en panne. L’intérêt, pour les clients d’I- care, est de pouvoir décider du mo- E N T R EPR I S E ment le plus adéquat pour arrêter une machine le temps d’effectuer des réparations. Fondée en 2004 par Fabrice Brion, alors jeune ingénieur de 24 ans, W+B 145 l’entreprise vit des débuts mo- destes. Après avoir effectué son mémoire sur le sujet avec le leader mondial d’alors, la société Emerson, il y travaille pendant deux ans et se fait les armes un peu partout 25 dans le monde. « Cela m’a permis de découvrir ce qui se faisait de bien ou de moins bien. » En 2004, il décide de créer sa société. Au cours des deux premières années, I-care développe ses compétences © I-care en vibration, lubrification, thermo- graphie infrarouge et ultrasons. Le début de la consultance en fiabilité démarre en 2006. Savoir quand une machine va tomber en panne n’est pas suffisant pour l’industrie mo- derne. En plus de la maintenance prédictive, la société commence alors à fournir un service de consul- tance en fiabilité et, peu après, à ré- pondre à la demande d’un acteur majeur de la pharmacie pour l’ai- der dans ses plans de maintenance. L’entreprise compte alors 10 per- sonnes. En 2007, convaincu que la révolution industrielle 4.0 en est à ses débuts, Fabrice Brion décide de mettre en place son département recherche et développement et de développer sa propre solution d’ou- til d’analyse de l’Internet industriel © I-care des objets.
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