Livret d'infos - Producteurs - Agricultures familiales et souveraineté alimentaire

La page est créée Florence Roger
 
CONTINUER À LIRE
Livret d'infos - Producteurs - Agricultures familiales et souveraineté alimentaire
septembre 2012

 Livret d’infos – Producteurs
        Agricultures familiales et
        souveraineté alimentaire
Les producteurs de café AdM.
             Mobilisation oct-nov. 2012

           Crédit Photos : CIRSA - Mexique

                                   Crédit Photos : Tim DIRVEN – Oxfam
                                                                 WW

                            Producteur de CIRSA – Mexique et
                             productrice de SOPACDI - Congo
Livret d'infos - Producteurs - Agricultures familiales et souveraineté alimentaire
SOMMAIRE

FICHE 1 : LE MARCHE CONVENTIONNEL DU CAFE : PARADIS DES TRADERS ET DES FIRMES MULTINATIONALES,
ENFER DES PETITS PRODUCTEURS ___________________________________________________ 5
  Historique du marché du café. __________________________________________________________________ 5
  Le marché du café aujourd’hui : un marché dominé par quelques pays producteurs et une poignée de
  multinationales. _____________________________________________________________________________ 6
  Un marché marqué par une très forte instabilité des prix _____________________________________________ 6
  Un prix du café actuellement très élevé ___________________________________________________________ 6

FICHE 2 : LE COMMERCE EQUITABLE ADM: UNE           ALTERNATIVE CONCRETE AU MODELE LIBERAL _________ 7
  Le commerce équitable du café : évolution et conséquences ! _________________________________________ 7
  Travailler avec les critères Fairtrade International sur le café __________________________________________ 7
  Choisir des organisations de producteurs (versus plantations) engagées dans des dynamiques de durabilité ____ 8
  Se mobiliser pour poursuivre le travail d’éducation et de plaidoyer politique. _____________________________ 9

FICHE 3 : PROCESSUS DE PRODUCTION : L’AGRO-ECOLOGIE POUR ALLIER QUALITE DU PRODUIT ET QUALITE
ENVIRONNEMENTALE __________________________________________________________ 11
  La culture sous ombrage au sein d’un système agroforestier : ________________________________________ 11
  La récolte des cerises ________________________________________________________________________ 11
  La transformation du fruit en café vert. __________________________________________________________ 12
  Le traitement final : obtenir le grain vert _________________________________________________________ 12
  Les phases de torréfaction et de conditionnement en Europe ________________________________________ 12

FICHE 4 : LES ORGANISATIONS DE PRODUCTEURS DE CAFE PARTENAIRES D’ARTISANS DU MONDE ______ 14
  Panorama des filières de café équitables AdM _____________________________________________________ 14
  CECOVASA (Central de cooperativas agrarias cafetaleras de los valles de Sandia) _________________________ 15
  CIRSA : Communidad Indigena de la Region de Simojovel Allende _____________________________________ 15
  SOPPEXCCA : _______________________________________________________________________________ 16
  KNCU : Kilimandjaro Native Cooperative Union ____________________________________________________ 17
  OCFCU (Oromia Coffee Farmers Cooperative Union) ________________________________________________ 17
  SOPACDI/MUUNGANO : une nouvelle filière en Rép. Dém. du Congo! __________________________________ 18

                                                                                        Fédération AdM – Aout 2012 / 2
Livret d'infos - Producteurs - Agricultures familiales et souveraineté alimentaire
Le commerce équitable AdM : soutenir les organisations de caféiculteurs
         familiaux pour promouvoir une souveraineté alimentaire mondiale

Dans un contexte de libéralisation des échanges et du commerce, le monde agricole n’a pas échappé à cette
évolution. Ainsi, les politiques internationales tendent à soutenir et à développer un modèle d’agriculture intensif, qui
s’appuie sur une agro-industrie dominée par de grandes firmes multinationales.

Le modèle ainsi développé cantonne les pays producteurs du sud dans un rôle de fournisseur de matières premières
et maintient cette situation en freinant tout développement des industries locales (barrière douanières sur les
produits transformées, accords commerciaux entre Etats, compétitivité, dumping,…).
Ce modèle nous a non seulement conduit à une situation de faim récurrente pour les paysans de la planète, mais
aussi à une uniformisation des variétés, à des modes de production basés sur la monoculture qui contribuent à une
diminution rapide et inquiétante de la biodiversité ainsi qu’à la dégradation de l’environnement (produits chimiques,
déforestation,…).

Fort d’une conception militante du commerce équitable, AdM tente par son action de proposer à la fois un travail de
plaidoyer contre ces orientations de développement agricole et la construction d’un modèle alternatif basé sur
l’agriculture paysanne, la souveraineté alimentaire, l’autonomisation et le renforcement des capacités des
producteurs et de leurs organisations. Ainsi nous proposons parallèlement :

    • Une mobilisation citoyenne : des campagnes d’éducation et de plaidoyer face à toutes les mesures qui
      favorisent un modèle de commerce et de production agricole, déshumanisé et inégalitaire

    • Une alternative concrète : des relations commerciales équitables pour soutenir un modèle de production basé
      sur les principes de la souveraineté alimentaire qui s’appuie sur une agriculture paysanne et des organisations
      de producteurs

Au travers de notre mobilisation en éducation et en plaidoyer (cf. manuel de mobilisation) mais aussi en soutenant des
groupements de producteurs porteurs d’un modèle agricole soutenable, nous tentons de porter auprès des citoyens
et des décideurs politiques l’idée qu’un commerce international plus juste et plus équitable est possible pour soutenir
une agriculture durable et soutenable, base d’une souveraineté alimentaire nécessaire face aux défis économiques,
sociaux et environnementaux de l’agriculture mondiale.

Pour illustrer cette thématique agricole, nous pouvons donc nous appuyer sur de nombreuses filières AdM
(notamment le Laos avec ses multiples outils et le livret sur l’agro-écologie, les Satéré Mawé et même les filières
artisanales qui contribuent elles aussi à soutenir la souveraineté alimentaire.
Mais nous avons choisi de mettre en avant les filières du café AdM et tout particulièrement celle de notre nouveau
café en provenance du Congo. En effet, les filières du café illustrent parfaitement les différences entre les filières
conventionnelles dominées par des multinationales et des modes production intensifs et les filières du commerce
équitable engagées dans le soutien à des modes production soutenables tant économiquement que socialement et
écologiquement.

Nous souhaitons montrer comment le commerce équitable s’inscrit comme une alternative concrète et viable au
modèle libéralisé du marché du café, surtout lorsqu’elle s’accompagne, comme chez AdM, d’une action de plaidoyer
et d’éducation (cf. manuel de plaidoyer SSA).

                                                                                                                    Bonne lecture,

                                                                                                 David ERHART, responsable
                                                                                   des relations avec les partenaires du sud,
                                                                                             des campagnes et du plaidoyer.
                                                Merci à André et Marie France FRANQUEVILLE pour leur relecture pointue et efficace !!!

                                                                                                      Fédération AdM – Aout 2012 / 3
Livret d'infos - Producteurs - Agricultures familiales et souveraineté alimentaire
Fédération AdM – Aout 2012 / 4
Livret d'infos - Producteurs - Agricultures familiales et souveraineté alimentaire
FICHE 1 : LE MARCHE CONVENTIONNEL DU CAFE : PARADIS DES
TRADERS ET DES FIRMES MULTINATIONALES, ENFER DES PETITS
PRODUCTEURS

Historique du marché du café.
Actuellement le prix du café est fixé par la spéculation qui s’opère dans les deux plus importantes bourses du café
depuis 1882 !!! La bourse de New York (NY Coffee Exchange) pour l'arabica par « Lot de 250 sacs » avec comme unité
de cotation le « cent/ livre » (1 livre = 450g) et la bourse de Londres pour le robusta par « Lot de 5 tonnes » avec
comme unité de cotation le « dollar/ tonne ».

Mais si les cours mondiaux ont depuis ce temps-là été
fixés par les bourses, ils ont été longtemps encadrés par
des accords internationaux entre Etats producteurs et
Etats importateurs. En 1962 a été signé l’Accord
international sur le café (AIC), administré par l’OIC
(organisation Internationale du Café). Par la mise en
place de quotas, il parvenait tant bien que mal à
stabiliser les prix et à assurer une rémunération
satisfaisante pour les pays producteurs. Mais suite à la
libéralisation des politiques et pratiques commerciales
des années 80, le paysage des pays producteurs a été
largement modifié : poussés par les PAS (Plans d’Ajustement
Structurel) à se concentrer sur les cultures d’exportation, les
organes de production publiques se sont privatisés, de nouveaux
pays sont devenus exportateurs de café (Vietnam notamment
devenu l’un des principaux exportateurs mondiaux quelques années
plus tard). Cette opposition d’intérêts divergents entre pays
producteurs a fait voler en éclats l’accord en juillet 1989.

Malgré d’autres tentatives de régulation (plan de restrictions des
exportations pour équilibrer offre et demande et stabiliser les prix)
par les pays producteurs, le marché à totalement été confié aux
fluctuations des cours mondiaux à partir de 1994. Ce processus de
libéralisation a engendré une forte concurrence entre producteurs
dont certains (les plus importants) ont pu tirer leur épingle du jeu
grâce à des fusions et agrandissements (là commence la dynamique
d’intégration des filières par les compagnies multinationales). Pour
les autres cela s’est traduit par une baisse des prix d’achat et par conséquent de la qualité de la production (peu
d’investissement dans l’outil productif et les plants, les engrais, etc…).

Depuis, les cours fluctuent au gré du marché. Le prix du café est influencé par le nombre considérable des contrats
relatifs au café négocié (café « papier » des contrats à termes), qui dépasse largement la quantité physique de café
qui est réellement échangée. D’autre part, les grandes multinationales qui dominent le marché (cf. paragraphe
suivant) possèdent d’énormes stocks tampon qu’elles actionnent au gré des prix du marché pour maintenir un prix
d’achat bas.

Ce mécanisme qui permet au plus gros de jouer sur les prix, empêche parallèlement les producteurs familiaux de
prévoir à quel prix ils pourront vendre à la fin de la récolte. Ce manque d’information est une aubaine pour les
« coyotes » qui achètent alors le café en période de soudure à des prix très bas. Isolés au bout de la chaîne de
commercialisation, les producteurs vivent au jour le jour.

                                                                                          Fédération AdM – Aout 2012 / 5
Livret d'infos - Producteurs - Agricultures familiales et souveraineté alimentaire
Le marché du café aujourd’hui
                  aujourd’ hui : un marché dominé par quelques pays
producteurs et une poignée de multinationales.
                                       ème
Aujourd’hui le marché du café est le 2 marché mondial boursier
                                                                             Pays producteurs (2008
                                                                                                  (2008)
                                                                                                      08)
après le pétrole et la 1ère denrée agricole échangée dans le monde. Il       1. Brésil (2,8 millions de tonnes) - 34% de la
représente 4% du commerce mondial de produits alimentaires. Il               production mondiale
« fait vivre » 125 millions de personnes, dont 20 à 25 millions de petits    2. Vietnam (1,1 million de tonnes) - 13%
producteurs. Une grande partie de ceux-ci est en-dessous du seuil de         3. Colombie (0,7 million de tonnes) – 8%
pauvreté.                                                                    4. Indonésie (0,7 million de tonnes) – 8%
                                                                             5. Éthiopie (0,27 million de tonnes) – 3 %
Du côté des producteurs : il existe 75 pays producteurs dont 70% de la       6. Inde (0.26 million de tonnes) – 3%
                                                                             7. Guatemala (0.26 million de tonnes) – 3%
production est réalisée par de petits producteurs. Les 3 premiers
                                                                             8. Mexique (0.26 million de tonnes) – 3%
producteurs représentent 50% de la production mondiale !

Du côté des importateurs : 5 pays représentent 54% des
                                                                            Part en % du marché mondial (2011) :
importations mondiales de café : 1. Etats-Unis : 22% / 2. Allemagne :        • 15% : Nestlé (Suisse)
11,8% / 3. Japon : 7,1% / 4. France : 6,6% / 5. Italie : 5%.                 • 14,5% Kraft Jacobs Suchard (E. Unis)
5 sociétés achètent à elles seules plus de 50% de la production              • 11% Sara Lee (Pays Bas)
mondiale de café vert (cf. encadré).                                         • 5,6% : Procter Gamble (Etats Unis)
                                                                             • 5,5 : Lavazza (Italie)
En France, Kraft Foods et Sara Lee représentent 60 % ou plus du              • 5%: Tchibo Eduscho (Allemagne)
marché du café torréfié et moulu en volume. Nestlé représente près           • 5% : Segafredo (Italie)
                                                                             • 4% : Legal (France)
des deux-tiers du marché du soluble.
                                                                             • 3% : Malongo (France)

Un marché marqué par une très forte instabilité des prix
(cf. graphiques ci-dessus). A cela plusieurs raisons qui se conjuguent :

    •   Du fait de la position dominante de quelques pays, les variations de production de ces pays peuvent avoir des
        conséquences extrêmes sur les prix (cf. en 1994 et 1995, deux gelées successives au Brésil ont conduit à une
        flambée des prix sur le marché mondial. En 2001, les pluies diluviennes en Colombie conjuguées à une
        demande en hausse – Chine et Russie – ont eu le même effet. Le Vietnam a quant à lui contribué à une baisse
        du prix dans les années 2000 en multipliant par dix sa production en dix ans.
    •   L’instabilité provient aussi de la spéculation sur les Bourses de New York et de Londres. Le spéculateur ne
        travaille que sur papier (contrats) : avec pour seul objectif de gagner un maximum d’argent. En pariant sur
        une hausse ou une baisse future des prix du café, il achète virtuellement de grandes quantités de café lorsque
        les cours sont bas, pour les revendre ensuite en espérant réaliser d’importants bénéfices au passage grâce à
        une remontée des cours (sans jamais avoir vu ni touché le café !).

Un prix du café actuellement très élevé
Cette « embellie » est principalement due à 2 facteurs :
    • La demande mondiale de café augmente. En effet depuis 2001, les besoins sont passés de 6,4 millions de
        tonnes par an à près de 8 millions de tonnes. Ceci est du à la demande des nouveaux consommateurs (Chine
        et Russie) mais aussi à la consommation grandissante des pays producteurs comme le Brésil. La demande
        augmentant, les prix augmentent en conséquence.
    • La spéculation boursière est elle aussi responsable de cette augmentation dans des proportions plus
        importantes que d’habitude. En effet, après l’éclatement de la bulle immobilière, les fonds d’investissement
        se sont tournés vers le café comme nouvel objet de spéculation. Résultat : le café est parfois acheté et
        revendu plus de 14 fois avant d’arriver sur les rayons des détaillants.

Malheureusement, ce ne sont pas les producteurs qui bénéficient de ces augmentations folles : d’une part, parce
qu’après des années de bas prix, ils n’ont plus les capacités de produire autant (baisse des rendements) et de
répondre à cette demande (seules les grandes plantations le peuvent). D’autre part, parce que cette augmentation est
le fait de jeux spéculatifs dont les producteurs sont exclus : en effet, face à leurs difficultés de trésorerie, les
producteurs vendent souvent leur récolte avant les effets spéculatifs et ne bénéficient pas des hausses de prix. Le
temps de produire à nouveau et les cours ont à nouveau baissé par le jeu des stocks des grandes multinationales qui
cherchent à faire baisser les prix…

                                                                                                  Fédération AdM – Aout 2012 / 6
Livret d'infos - Producteurs - Agricultures familiales et souveraineté alimentaire
FICHE 2 : LE COMMERCE EQUITABLE ADM: UNE                                                 ALTERNATIVE
CONCRETE AU MODELE LIBERAL

Le commerce équitable du café : évolution et conséquences
                                             conséquences !
Le premier café négocié à un prix équitable a été importé aux Pays-Bas en 1973 en provenance de coopératives de
petits producteurs guatémaltèques. Trente-sept ans plus tard, presque 250 coopératives de café représentant 720 000
exploitants, plus de 70 négociants et environ 350 entreprises de café travaillent conformément aux principes de FTI
(Fairtrade International ex-Flo).

Mais derrière ces chiffres globaux se cache une autre réalité du        Quelques chiffres sur le café équitable (2012 –
café équitable : le « succès » du café équitable a en effet aiguisé     FTI – filières certifiées)
                                                                         o 104 000 tonnes de café équitables vendues :
les appétits des plus grandes sociétés multinationales qui se sont
                                                                           1,4% du marché mondial du café !) et ont été
introduites dans les filières du commerce équitable avec plus ou
                                                                           cultivés sur qq 718000 ha.
moins d’éthique… Pour autant cet intérêt pour l’équitable n’est-il       o 720 000 producteurs de café équitable : 50 %
pas aussi un progrès pour les millions de producteurs qui vont voir        des producteurs de filières équitables
leur débouchés commerciaux augmenter ?                                     certifiées (FLO)
                                                                         o 243 M€ de ventes de café équitables : 47%
Il faut alors voir la question sous 2 angles :                             des ventes équitables mondiales.
                                                                         o 58% des ventes de produits équitables en
    -   en termes de commerce et d’éthique : plusieurs                     France
        multinationales ont intégré dans leurs matières premières
        des filières équitables certifiées par Fairtrade International. respectant ainsi les critères du commerce
        équitable et notamment le prix minimum, l’engagement, etc. Mais cette implication ne peut pas se faire sans
        modifier sensiblement les modèles existants : comment demander à une organisation de 250 caféiculteurs de
        fournir du jour au lendemain des multinationales ? Il faut nécessairement s’adresser à des structures plus
        importantes et se tourner le plus souvent vers des organisations de type plantations… et oublier alors
        l’objectif du commerce équitable de travailler avec des producteurs autonomes et organisés…
        D’autre part, si certaines multinationales jouent le jeu du respect des critères Fairtarde International - FLO
        (les plus exigeants), certaines n’ont pas hésité face au flou législatif entourant le commerce équitable à
        s’adresser à de nouvelles marques et certificateurs moins exigeants comme Rainforest Alliance, Utz Kapeh, à
        créer des initiatives multi partenariales (gouvernements – ONG – industries comme le code 4C - Common
        Codex for the Coffee Community), de fait très laxistes pour satisfaire l’ensemble ou même à créer leur propre
        certification (Nespresso AAA Sustainable Quality Program)

    -   en termes de politique : que des multinationales entrent dans la dynamique du commerce équitable
        (réellement et pas en inventant de nouveaux labels « light ») est plutôt positif d’un point de vue du
        développement quantitatif du commerce équitable mais se pose alors la question fondamentale de l’objectif
        premier du commerce équitable : est-il de vendre plus d’équitable ou bien de rendre le commerce plus
        équitable ? En d’autres termes, sous prétexte de grossir les ventes équitables doit-on accepter de travailler
        avec les acteurs qui ont engendré le modèle qui est quotidiennement dénoncé par le commerce équitable ou
        bien doit-on continuer de dénoncer leur action et celles des politiques qui les accompagnent ? L’action des
        multinationales est-elle éthique ou opportuniste ?

De ces 2 points de vue-là, Artisans du Monde s’est clairement positionné : pour un travail exclusif avec des
organisations de producteurs (cf. panorama des OP de café partenaires d’AdM) et à l’écart des sociétés
multinationales (industries et GMS – Grandes et Moyennes Surfaces).

Travailler avec les critères Fairtrade International sur le café
Presque tous les cafés Artisans du Monde sont certifiés par Fairtrade International (les organisations le sont toutes
mais nous ne payons pas la redevance sur tous les cafés). Au-delà des divergences d’orientation sur les partenaires
avec lesquels FTI accepte de travailler (cf. multinationales), cet engagement garantit à nos cafés le respect des
critères fondamentaux du commerce équitable : le prix minimum garanti, la prime équitable, le préfinancement, la
transparence, l’engagement dans la durée, le respect des normes de l’OIT, le soutien aux projets de développement,
etc.

                                                                                                Fédération AdM – Aout 2012 / 7
Livret d'infos - Producteurs - Agricultures familiales et souveraineté alimentaire
•   Le prix équitable (lire le manuel de mobilisation) : cet engagement dont nous passons notre temps à dire qu’il
        n’est pas le seul et pas forcément le plus impactant, reste tout de même un énorme pied de nez au système
        libéralisé du commerce du café… Face à l’extrême instabilité des cours, le standard FTI s’impose un prix
        plancher en dessous duquel le prix ne peut être négocié : il s’agit tout simplement d’une forme de régulation
        et d’encadrement des prix qui va totalement à l’encontre du libre marché ! Attention ce n’est pas un prix
        garanti car le prix peut évoluer avec le marché et suivre les cours lorsqu’ils sont hauts. Il s’agit d’un filet de
        sécurité en dessous duquel les acheteurs ne peuvent descendre qui garantit aux producteurs la couverture
        minimale des frais de production et de vie décente.
        Evidemment en période de cours hauts (comme actuellement), ce prix minimum est bien en deçà des cours et
        peut paraitre inutile (il a d’ailleurs été réévalué à la hausse en 2001 de 5 centimes de dollars par livre pour le
        prix, de même pour la prime équitable et la prime bio - FTI révise dorénavant tous ses prix minimum garantis
        tous les deux à cinq ans).
        Mais en période de cours bas, il joue alors pleinement son rôle de filet de sécurité… la difficulté pour les
        coopératives étant de parvenir à convaincre les producteurs de rester dans la dynamique collective en période
        de cours haut…

    •   La prime équitable est aussi un mécanisme à part : pour chaque livre, 5 cents sont payés non pas au
        producteur mais à l’organisation collective (coopératives dans le cas du café) pour financer des projets
        collectifs qui peuvent être de tout ordre (en 2012, selon FTI, 22% des primes versées ont été dédiées à
        améliorer l’outil de production, 21% à l’entreprenariat collectif, 14% aux projets communautaires – eau, santé
        -, et 8% à l’éducation).

    •   Les critères environnementaux : les café AdM sont quasiment tous certifiés biologiques mais il faut savoir
        qu’au sein même des critères FTI, la préservation des milieux est un engagement. Malgré cela, le choix des
        organisations (cf. paragraphe suivant) est pour nous le meilleur garant de ces aspects environnementaux.

Choisir des organisations de producteurs (versus plantations)
                                                 plantations)
engagées dans des dynamiques de durabilité
Le choix des partenaires est déterminant dans l’impact et l’objectif que l’on recherche : suivant les organisations et
les projets qu’elles portent, l’impact du soutien que nous ferons n’aura pas la même portée ni les mêmes objectifs.
C’est pourquoi, nous choisissons les partenaires selon plusieurs critères dont celui du projet social. Artisans du
Monde a pour cela une politique de partenariat qui fixe les critères de choix des organisations partenaires.

Dans le cadre des organisations paysannes, et particulièrement celles des producteurs de café, ces critères sont
clairs : il s’agit de ne travailler qu’avec des organisations de producteurs (donc hors plantations) qui appuient des
dynamiques de production durables (économiques, sociales et environnementales). Ce choix se traduit par des
organisations où les paysans sont maitres de leurs choix collectifs, cherchent ensemble les conditions et outils de
leur autonomie, poursuivent des objectifs d’amélioration des conditions sociales, etc. Cela s’inscrit donc dans les
principes de la souveraineté alimentaire (cf. manuel de mobilisation) et à l’opposé des dogmes de la libéralisation
(spécialisation, moins disant social, compétitivité extrême, etc.). Par ailleurs, ces organisations (cf. panorama des
organisations partenaires) sont souvent des organisations engagées, porteuses d’un projet de développement
économique de leurs membres mais aussi d’un projet de durabilité sociale et environnementale : préservation de
l’environnement, de la culture indigène, de réinsertion des populations rurales, etc. D’un point de vue de la

                                                                                               Fédération AdM – Aout 2012 / 8
Livret d'infos - Producteurs - Agricultures familiales et souveraineté alimentaire
préservation de l’environnement cet engagement intrinsèque (souvent attaché à des pratiques ancestrales) est pour
nous le meilleur label environnemental !!!!

Se mobiliser pour poursuivre le travail d’éducation et de plaidoyer
politique.
Travailler avec des organisations de producteurs engagées dans le cadre des critères de commerce équitable est un
signe fort de lutte contre le système libéralisé du café, mais au regard des chiffres, il ne peut suffire à modifier en
profondeur ce modèle dominant. Comme nous l’avons vu, l’intégration des multinationales dans ces dynamiques est
au mieux un acte opportuniste au pire un acte qui minimise les critères et galvaude le terme de commerce équitable
avec toujours la volonté de maximiser les profits.

Aussi, au-delà de cette action de commerce alternatif, Artisans du Monde porte toujours en complément ses 2 autres
dimensions : éducation et plaidoyer. Et le cas du café est à plusieurs titres, illustratif du combat des idées que nous
menons au sein de notre mouvement :

    •   face au modèle libéralisé de commerce qui réglemente ce marché, nous proposons des filières équitables
        avec des critères de prix minimum, de préfinancement, d’engagement, de partenariat, etc.
    •   face aux modes de production intensifs et déshumanisés exigés par les besoin de productivité et de
        rentabilité, nous proposons un modèle d’agriculture familiale, s’appuyant sur l’agro-écologie et ancré dans
        les principes de la souveraineté alimentaire.

En effet, même si près de 70% des producteurs du marché mondial du café           Artisans du Monde milite pour une
sont des agriculteurs familiaux, nul doute que le modèle des multinationales      économie au service des droits
leur impose des conditions de travail intensives (engrais et intrants             humains.
chimiques), des conditions sociales pénibles et des conditions économiques
très tendues.                                                                       Promouvoir des modes de production, de
                                                                                    distribution et de consommation
                                                                                    soutenables,
Ainsi, nous travaillons aussi dans notre action quotidienne, sur le terrain des
                                                                                    Exiger une régulation du commerce
idées au travers des actions d’éducation et de plaidoyer pour faire connaitre       international vers le respect des DESCE,
les réalités du commerce international, pour faire connaitre les principes de
                                                                                    Défendre un commerce équitable militant
la souveraineté alimentaire en opposition au modèle libéral d’agriculture           (dimensions économiques, éducatives et
porté par les économies dominantes, et pour faire valoir les droits des             politiques).
peuples avant les impératifs économiques du commerce international… (cf.                                Manifeste AdM - 2012
manuel de mobilisation)

                                                                                                Fédération AdM – Aout 2012 / 9
Livret d'infos - Producteurs - Agricultures familiales et souveraineté alimentaire
Fédération AdM – Aout 2012 / 10
FICHE 3 : PROCESSUS DE PRODUCTION : L’AGRO-ECOLOGIE POUR
ALLIER QUALITE DU PRODUIT ET QUALITE ENVIRONNEMENTALE
Que ce soit pour des raisons de qualité du produit ou pour des raisons de durabilité de la production, le choix des
méthodes de production est fondamental. Et pour s’assurer que ces choix se tournent vers l’agro-écologie, il est
important de s’attacher à travailler avec des organisations de producteurs familiaux, impliqués dans la sauvegarde de
leur savoir-faire et de leur environnement.
En effet, le café comme le vin est le résultat d’une combinaison de plusieurs facteurs : le terroir (sols, climat, savoir-
faire locaux), la variété des caféiers et les étapes de production : récolte à la bonne maturité, sélection des fruits et
torréfaction.

Toutes les organisations de producteurs avec lesquelles nous travaillons n’ont pas les mêmes terroirs mais elles ont
en commun le mode de production familiale en agroforesterie (sous couvert pour bénéficier de l‘ombre) qui constitue
un modèle de production soutenable tant environnementalement que socialement et économiquement alliant culture
de rente et cultures vivrières.

Nous allons suivre les différentes étapes du champ à la tasse :

La culture
   culture sous ombrage au sein d’un système agroforestier :
Le caféier pousse sous des latitudes équatoriales, le plus souvent en altitude (arabica), mais à l’ombre d’autres
arbres qui lui assure protection contre soleil. Ce mode de culture sous ombrage permet aux paysans de cultiver
plusieurs espèces végétales et de combiner les effets des unes aux autres, variant aussi leurs sources de revenus et
de nourriture. Les bananiers, agrumes ou avocatier sont d’excellents arbres pour le caféier. Ce mode de production
                                                          est aussi riche d’un point de vue environnemental
                                                          puisqu’offrant une biodiversité naturelle plus grande que
                                                          dans les grandes monocultures de café (cf. livret Laos
                                                          techniques de production sur l’agro-écologie).
                                                          Les café AdM sont quasiment tous certifiés biologiques et
                                                          sont produits selon des méthodes excluant l’usage
                                                          d’intrants de synthèse protégeant ainsi les écosystèmes et
                                                          les producteurs eux-mêmes.

                                                              La culture des caféiers demande une attention régulière
                                                              pour élaguer les arbres, tailler les branches, etc. Ce
                                                              travail est fait manuellement par les paysans qui
                                                              parcourent régulièrement les pentes de leurs
                         Crédit Photos : Tim DIRVEN – Oxfam   exploitations (entre 0,5 et 5 ha selon les pays et les
                                                       WW     organisations).

La récolte des cerises

Le fruit se présente sous forme d’une cerise rouge composée d’une peau rouge, d’une pulpe renfermant les graines
de café elles-mêmes entourées de 2 fines pellicules (appelées « parche » et « argentée »).
                                              Près de 30 000 fleurs blanches peuvent se trouver sur un arbre au
                                              moment de la floraison et se transforment en fruit en moins de 36h.
                                              Ces fruits murissent ensuite lentement durant les 6-8 mois suivants
                                              passant du jaune au rouge vif.
                                              La cueillette se fait manuellement par picking et nécessite entre 3 et 5
                                              passages sur un même arbre pour récolter progressivement
                                              l’ensemble des fruits. Ce travail est évidemment plus long que d’autres
                                              méthodes (secouer les arbres) mais assure une qualité optimale des
                                              fruits ainsi récoltés à bonne maturité.

               Crédit Photos : CIRSA - Mexique

                                                                                              Fédération AdM – Aout 2012 / 11
La transformation du fruit en café vert.

                     Les fruits sont contrôlés, triés et sélectionnés pour ne conserver que les meilleurs grains de café.
                     Les fruits sont ensuite traités selon 2 méthodes : cafés lavés c’est-à-dire qui ont été traités par
                     voie sèche ou cafés secs traités par voie sèches (qui consiste à laisser sécher sur dalles les fruits
                     en les retournant régulièrement). La voie humide plus qualitative est la suivante :

                         •  Flottage : en faisant tremper les cerises dans l’eau, les fruits pas assez murs ou
                            présentant des défauts flottent contrairement aux autres qui coulent. Ils sont ainsi
                            écartés.
          CIRSA
                        • Dépulpage : il s’agit d’enlever la pulpe mécaniquement à l’aide d’une machine le plus
        souvent artisanale et présente dans les exploitations (sinon dans
        les centres collectifs des coopératives). Ces machines sont
        actionnées manuellement ou par moteur.
    •   Fermentation : les grains mouillés sont stockés dans des bacs au
        sec pendant plus de 24h. Pendant ce temps le tégument (peau
        externe du grain ou mucilage) se décompose. Durant cette
        opération, des arômes commencent à naitre…
    •   Lavage : les grains fermentés sont à nouveau trempés dans l’eau
        pour les laver des restes du mucilage.
                                                                                       Crédit Photos : Tim DIRVEN – Oxfam
                                                                                                                     WW
                                      Attention ! Les déchets de cette opération doivent être traités au maximum pour
                                      éviter toute pollution organique des milieux naturels. Le compostage de ces
                                      pulpes reste la méthode la plus utilisée puisqu’elle permet aussi de produire un
                                      engrais naturel pour les plantations de la ferme. Le traitement des eaux usées se
                                      fait le plus souvent par décantation filtration avant rejet dans le milieu naturel.

                                          •   Séchage : les grains sont ensuite séchés au soleil ou sous abri sur des
                                              dalles de béton. Ils pourront, une fois secs être amenés aux centres de
    Crédit Photos : CIRSA - Mexique           conditionnement de la coopérative.

Le traitement final : obtenir le grain vert
                                               Avant d’être conditionné et envoyé en Europe, les grains doivent subir
                                               une dernière étape : enlever la dernière peau, la parche qui est
                                               désormais sèche. Il faut aussi trier les grains en fonction de différents
                                               critères (taille, densité, couleur,
                                               forme, etc.). Cette étape demande un
                                               équipement couteux qui est obtenu
                                               par la mutualisation des moyens au
                                               sein des coopératives. Ce traitement
                                               est important pour la qualité du
                                               produit final mais aussi pour la
            Crédit Photos : Tim DIRVEN – Oxfam
                                          WW
                                               valeur ajoutée du produit qui prend        Crédit Photos : CIRSA - Mexique
au travers de cette ultime étape une valeur entre 25 et 30 % supérieure.

Les phases de torréfaction et de conditionnement en Europe

Cas des cafés torréfiés en France : nous achetons le café vert (via GEPA) et le faisons arriver au Havre. Il est ensuite
livré directement à la maison Lemetais du Havre, notre torréfacteur : c’est une petite entreprise familiale créée en
1900 et qui emploie 6 personnes.

La torréfaction consiste à griller les grains de café pour en développer les arômes. C’est certainement l’opération la
plus délicate dans l’élaboration du café car elle lui donne son goût, sa couleur et son odeur. Un café peu torréfié est
                                                                                              Fédération AdM – Aout 2012 / 12
acide mais si la torréfaction est plus longue il perd de son acidité en gagnant en amertume. Tout est ensuite une
question d'équilibre.

La plupart des grands négociants en café utilisent une méthode rapide qui permet de torréfier en 4 à 10 minutes
seulement, à une température de 800°C, dans des machines énormes jusqu’à 4 tonnes de café à l’heure. Si l’on gagne
énormément en productivité, on perd en qualité car les arômes ont moins le temps de se développer.

Pour nos cafés AdM, la torréfaction traditionnelle est utilisée ; elle est plus artisanale et plus qualitative.

                                       •   La maison Lemetais a deux cuves de torréfaction dont la capacité
                                           d’accueil maximum est de 140kg de café vert. Les grains de café vert
                                           subissent d’abord un réchauffement par un courant d’air chaud à 100°C
                                           qui monte progressivement à 250°C en 20-25 minutes. Les grains sont
                                           brassés     continuellement
                                           sous le regard attentif du
                                           maître torréfacteur qui
                                           souhaite les amener à
                                           dégager le meilleur de leurs
        arômes.
    •   A 160°C, la personnalité du cru se précise : il sera acide ou
        fruité, aromatique ou corsé.
    •   A 230°C, le grain a perdu du poids (jusqu’à 20%), augmenté de
        volume d’environ 60% et a revêtu sa robe brun mat par la
        caramélisation de ses sucres. Le maître torréfacteur juge alors
        de la seconde précise où il faut interrompre la torréfaction et
        faire précipiter le café dans un refroidisseur où un courant d’air puissant vient le refroidir rapidement.
    •   Le café est ensuite moulu et mis en sachet par une ligne automatique.
    •   Les paquets sont ensuite rangés par cartons puis les cartons sont mis sur palette qui sont expédiées à
        Solidar’Monde suivant un plan de commande préétabli.

                                                                                           Fédération AdM – Aout 2012 / 13
FICHE 4 : LES ORGANISATIONS DE PRODUCTEURS DE CAFE
PARTENAIRES D’ARTISANS DU MONDE

Panorama des filières de café équitables AdM

Les cafés d’Artisans du Monde proviennent de nombreux pays et sont transformés dans différentes filières en Europe.

Chaque café Artisans du Monde est d’origine unique (pays et organisation) à l’exception du « Manoubé » qui est un
mélange de cafés du Nicaragua et de Tanzanie. Par contre, selon les années et les importations de notre
intermédiaire (GEPA), les organisations peuvent varier entre « principale » et « secondaire ».

Pourquoi effectuons-
         effectuons- nous la torréfaction en Europe (Belgique ou France) et non dans les pays producteurs ?

En effet, contrairement à la plupart des filières équitables AdM (sauf le chocolat cf. livret cacao – octobre 2011), le
produit acheté aux organisations de producteurs de café est le café vert (cf. chapitre « étapes de production »). Le
reste de la transformation (torréfaction et conditionnement) est réalisé en Europe en Belgique pour les cafés achetés
à Oxfam WW (Ethiopie, Congo) et en France (Torréfacteur LEMETAIS) pour les cafés achetés à GEPA.

A cela plusieurs raisons :
    • Pour garder une qualité gustative maximale (le transport de café torréfié pourrait entraîner une perte de
        qualité importante, la dégradation étant beaucoup plus importante après transformation) et un goût le plus
        adapté à notre marché français (chaque pays torréfie différemment !)
    • Parce qu’il existe des restrictions douanières à l’entrée en Europe sur le café transformé qui ne s’appliquent
        pas au café vert ! Plus le degré de transformation est important plus la taxe est élevée. La grande majorité du
        café est donc importée sous forme de café vert pour réduire les coûts et laisser les entreprises européennes
        (cf. multinationales du café) réaliser leurs marges et profit maximal… Comme quoi, les pays européens,
        pourtant tenants de l’ouverture des marchés savent protéger leurs marchés quand ils le veulent !!!

                                                                                            Fédération AdM – Aout 2012 / 14
CECOVASA (Central de cooperativas agrarias cafetaleras de los valles
de Sandia)
 Carte d’identité

    •    Pays / région : PEROU
    •    Nom : CECOVASA.
    •    Statut :Union de Coopératives
    •    Création : 1970
    •    Nb producteurs : 8 coopératives / 5200
         producteurs (dont 900 femmes).
    •    Nb d’employés : 24 salariés.
    •    Certifications : FLO (1993) et Bio

        Dans un pays où la culture de la coca est très importante, la diversification vers les cultures de café peut
        représenter une véritable alternative. Dans ce contexte, Cecovasa a été créée, à Sandia, en 1970 pour que la
        mise en commun de la production permette une meilleure rémunération.
        Tous les producteurs sont indiens, des ethnies Quechua ou Aymara. Un soin particulier est accordé à la
        qualité du produit et à la promotion de l’image de la coopérative comme une organisation indigène
        performante et avec des valeurs culturelles fortes.
        Le comité de développement des femmes (CODEMU) a été créé par Cecovasa pour être un forum de
        discussions et un lieu de formation aux premiers secours, à la gestion, au rôle de la femme… La coopérative a
        aussi investi dans une usine hydraulique qui permettra de fournir de l’électricité à toute la région. L’achat de
        matériel informatique pour les bureaux a été le moyen de moderniser la structure et de former du personnel
        aux nouvelles techniques de communication.

                  Le café :
                      • Le café 100% Arabica est cultivé entre 1200 et 1800m au-dessus du niveau de la mer.
                      • 1960 producteurs parmi les 4000 participent au programme de développement de café bio.
                      • Transporté à dos d’hommes, sur des barques ou à dos d’ânes, depuis les villages jusqu’à la
                          coopérative où tout le café est rassemblé. Il est ensuite affrété jusqu’à Juliaca par camion
                          puis à Lima d’où il sera exporté.

                  Ressources supplémentaires : site Cecovasa (http://www.cecovasa.com.pe/cecovasa/portada/home)

CIRSA : Communidad Indigena de la Region de Simojovel
                                            Simo jovel Allende

 Carte d’identité

    •    Pays : MEXIQUE
    •    Nom : CIRSA.
    •    Statut : Coopérative
    •    Création : 1992
    •    Nb producteurs : 29 grpts / 580 prod.
    •    Nb salariés : 4 salariés
    •    Certifications : FLO et Bio

        Dans un pays traditionnellement producteur de café (5e rang mondial), la culture du café représente pour les
        petits producteurs de cette région isolée (1/3 du café mexicain provient des Chiapas) une source de revenu
        essentielle pour la subsistance des familles et communautés.
        Ainsi, la coopérative CIRSA a été créée en 1992, sur le modèle de développement communautaire et dans la
        dynamique des première coopératives caféicoles du Chiapas : UCIRI (Unión de Comunidades Indígenas de la
        Región del Istmo) et ISMAM (Indígenas de la Sierra Madre de Motozintla). Les producteurs de café sont
                                                                                            Fédération AdM – Aout 2012 / 15
répartis dans 4 districts de la municipalité de Simojovel (Etat du Chiapas) : Simojovel de Allende, El Bosque,
       Huitiupan, Jitotol, Amatán y Chalchihuitan. CIRSA est constituée exclusivement de petits producteurs (< 10 ha
       et 1,4 ha en moyenne) descendants principalement (+de 60%) des populations indigènes Tzotzil et Tzeltal
       (rattachées aux langues mayas parlées par ces ethnies).
       Parallèlement au soutien technique et économique sur la production de café biologique (achat en commun de
       matériel de transport, assistance technique et formation à l’agriculture bio), CIRSA permet, par la mise en
       commun des moyens humains et financiers d’engager des projets de développement communautaires :
       alphabétisation, frais médicaux jusqu’à 80%, amélioration des habitations (Projet de développement de
       fourneaux économes en bois, latrines sèches,...), un programme spécifique aux femmes de CIRSA a été mis
       en place pour garantir leur participation, projet de radio et de cantine à Simojovel.

                     Le café :
                         • La production se fait sur des terrains situés entre 600 et 1800m d’altitude sur des
                             parcelles présentant un mélange de plants de café et d’arbres d’ombrage (nécessaires
                             à la culture du café et permettant aussi le maintien des sols).
                         • C’est un café 100% biologique (tous les coopérateurs doivent mettre en place une
                             culture respectant les cahiers des charges de l’agriculture biologique) et arabica.
                         • La production du café de CIRSA est entièrement biologique (contrôle par agence suisse
                             Certimex) et certifiée FLO depuis 2003.

SOPPEXCCA :

                                                                  Créée en 1997, Soppexcca est une union de
Carte d’identité                                                  coopératives     qui    regroupe     aujourd'hui   15
   •    Pays : NICARAGUA                                          coopératives  de   producteurs   de   café (Union  de
   •    Nom : SOPPEXCCA.                                          Cooperativas Agropecuarias) dans la région de
   •    Statut : Union de coopérative                             Jinotega, au coeur des montagnes nicaraguayennes.
   •    Création : 1997                                           Cette région produit 65% de la production totale du
   •    Nb producteurs : 15 grpts / 650 prod.                     Nicaragua.
   •    Nb salariés : 158 salariés                                Soppexcca  travaille avec 650 petits producteurs dont
   •    Certifications : FLO (2002) et Bio                        les parcelles  n'excédent pas les 8 hectares et en
                                                                  moyenne d’environ 1,5 ha.
                                                                  L'Union de coopératives prône un fonctionnement
       alternatif, familial et solidaire où la place des femmes est mise en avant
       (40% des associés sont des femmes ayant les mêmes responsabilités
       que les hommes).
       La Soppexxcca s’investit dans la conduite de projets sociaux :
       construction d'une pharmacie de proximité proposant des médicaments
       à moindre coût, constitution d'un fond d'urgence commun pour les
       familles ne pouvant subvenir à leurs besoins, programme
       d'alphabétisation, d'éducation à l'environnement et construction d'une
       école en partenariat avec une ONG (l'école accueille aujourd'hui 46
       enfants de 6 à 13 ans), et le soutien aux paysans pour l'adoption de
       méthodes de production respectueuses de l'environnement (20% en bio,
       insertion de femmes "sans terres").

                   Le café :
                       • Le café est cultivé sur les sols fertiles dans les montagnes fraîches et densément boisées
                           du Nicaragua, à environ 1 200 m d'altitude avec des températures comprises entre 18 et
                           22 C
                       • les parcelles de café, très sombres, offrent un territoire idéal de refuge pour les animaux
                           sauvages. Elles font partie des zones de conservation et des réserves naturelles.

                                    Ressources supplémentaires : site SOPPEXXCCA (http://www.soppexcca.org/ )

                                                                                           Fédération AdM – Aout 2012 / 16
KNCU : Kilimandjaro Native Cooperative Union

 Carte d’identité                                            KNCU       a     été    fondée
                                                             initialement par le protectorat
    •     Pays : TANZANIE                                    anglais (en 1925 la KNPA
    •     Nom : KNCU.                                        Kilimanjaro Native Planters
    •     Statut : Union de coopératives                     Association) et rebaptisée
    •     Création : 1984                                    KNCU en 1932. Reconstruite
    •     Nb producteurs : 92 coopératives                   en 1984 (après avoir été
          / 70000 membres.                                   nationalisée), elle gère depuis une dizaine d’années, 50 à
    •     Nb salariés : 111 employés                         70% de la production de café de la région qu’elle vend à la
    •     Certifications : FLO (1993) et bio                 bourse tanzanienne de Moshi pour le marché local.
                                                             L’Union travaille avec les paysans indigènes des tribus
         Chagga qui vivent sur les pentes du Mont Kilimandjaro. Elle compte 92 coopératives locales regroupant plus
         de 70000 membres dans les districts de Siha, Hai, Moshi Rural and Rombo.
         La coopérative utilise la prime équitable pour alimenter un fonds qui permet de promouvoir l’éducation en
         milieu rural via la création d’écoles et l’attribution de bourses pour les enfants des producteurs. Des projets
         de développement de l’agriculture biologique dans 7 coopératives sont aussi menés avec l’établissement
         d’une pépinière pour approvisionner les fermiers en plants de café. Enfin, elle permet un financement partiel
         de la Kilimanjaro Cooperative Bank qui alloue des prêts aux fermiers et leur permet d’épargner même de
         petites sommes.

                     Le café :
                         • Les plantations de café sont entourées de bananiers qui permettent un environnement
                             ombragé nécessaire à la culture du café. Les sols volcaniques favorisent la culture d’un
                             café pur Arabica de qualité, séché naturellement au soleil.
                         • Le café est cultivé entre 1000 et 2000 m sur les pentes du Kilimandjaro.

                                              Ressources supplémentaires : site KNCU (http://www.kncutanzania.com )

OCFCU (Oromia Coffee Farmers Cooperative Union)
                                                               Berceau historique du café, l'Ethiopie est un pays dont
  Carte d’identité                                              prés de la moitié du PIB est d’origine agricole. L'Ethiopie
                                                                est le premier exportateur d'Afrique et le 6ème
        •   Nom : OCFCU - OROMIA.
                                                                exportateur mondial. La filière fait vivre près de 15
        • Statut : Union de coopératives
                                                                millions de personnes soit
        • Création : 1999
                                                                20% de la population totale
        • Pays / région : Ethiopie
                                                                du pays.
        • Nb producteurs : 217 coopératives /
                                                               L’Union de coopératives s’est
            200000 membres.
                                                                formée     en    1999    mais
        • Nb salariés : 600 salariés
                                                                l’historique de la coopérative
            temporaires
        • Certifications : FLO (2003) et Bio                    remonte à 1975 où le
                                                                pionnier du mouvement coopératif éthiopien (Tadesse
                                                                MESKELA) a su fédérer des petites coopératives pour
          améliorer la production et soutenir de nombreux projets sociaux (plus de 200 projets – écoles, dispensaires,
          adductions d’eau, etc. – bénéficiant à plus de 200000 personnes).
          Les producteurs d'Oromia possèdent en moyenne entre 0.5 et 2 hectares de café par famille et illustrent
          parfaitement les principes de l’agriculture familiale diversifiée : en plus du café ils produisent des bananes,
          du mais, du sorgho et pour certains du bétail

                   Le café :
                       • Sur les régions des plateaux (entre 1200 et 2300m), les caféiers sont cultivés en association
                           avec des arbres autour des maisons selon des méthodes biologiques même si tous ne sont
                           pas certifiés.
                       • Les cafés d’OROMIA sont très appréciés car ce sont des cafés d’origine pure non pas
                           nationale mais régionale (Jimma, Sidama, Limu etc.).

                                                                                               Fédération AdM – Aout 2012 / 17
Vous pouvez aussi lire