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EPFL N°23 FÉVRIER 2019 Magazine DOSSIER 50 ANS > P. 4 2020, 2030, 2050 : LES OBJECTIFS DURABLES DES UNIVERSITÉS ACTUS > P. 13 INTERVIEW > P. 16 FORMATION > P. 27 CHIMIOTHÉRAPIE : ANNE MELLANO, DISCOVERY LES TUMEURS ACTRICE DE LA MOBILITÉ LEARNING LABS CONTRE-ATTAQUENT DE DEMAIN RELOADED EPFL MAGAZINE N°23 — FÉVRIER 2019 1
ÉDITO Journal de l’EPFL Corinne Feuz Editeur responsable Mediacom Mediacom Contact de la rédaction epflmagazine@epfl.ch go.epfl.ch/epflmagazine 021 693 21 09 Suzanne Setz, Les universités, creuset Universities are a hotbed secrétariat de rédaction, mise en page et production idéal d’un monde durable of sustainable living Anne-Muriel Brouet, cheffe d’édition Corinne Feuz et Emmanuel Barraud, La récente grève du climat, les slogans rédacteurs en chef Rédacteurs scandés – « On est chauds, plus chauds Today’s youth have taken their climate Sarah Aubort que le climat ! » ; « Changeons le système, change fears to the streets, chanting: Cécilia Carron Sandy Evangelista pas le climat » ; « There is no planet “We’re hot, hot, hotter than the climate!”, Nathalie Jollien B » – témoignent de l’inquiétude de la “Change the system, not the climate!” Clara Marc Nik Papageorgiou nouvelle génération face au changement and “There is no planet B.” Universities Sarah Perrin climatique. Les universités constituent un are fertile ground for cultivating good Sandrine Perroud Laure-Anne Pessina terreau idéal pour faire germer les bonnes practices, and fortunately, most of them Frédéric Rauss, responsable pratiques. La plupart, dont l’EPFL, n’ont – including EPFL – adopted sustainability de la communication interne Correction heureusement pas attendu que les jeunes policies well before the recent school Marco Di Biase descendent dans la rue pour intégrer la strikes for climate. Photographies Alain Herzog, Jamani Caillet, notion de durabilité dans leur quotidien. Take our campus, with its 16’000-strong Murielle Gerber Prenons notre campus, une population community: we launched our Sustainable Infographies Pascal Coderay, de 16’000 personnes, qui bénéficie depuis Campus initiative a decade ago. It Laura Cipriano 10 ans des actions de Campus durable. encourages green transportation; Comic Nik Papageorgiou Encouragement à utiliser des moyens de sustainable restaurant practices; cutting Adresse transport durables, soin particulier pour consumption-related waste; sorting and EPFL Magazine Mediacom – Station 10 la restauration et la réduction des déchets recycling trash at EcoPoints – and more. CH-1015 Lausanne liés à la consommation, tri et recyclage Not only have students and staff made a Délais rédactionnels N° 24 : 25 février 2019 avec les EcoPoints… Au quotidien, habit of using these services, but they take N° 25 : 25 mars 2019 étudiants et collaborateurs profitent de ces those lessons with them when they leave N° 26 : 23 avril 2019 offres et exportent ces bonnes habitudes campus. This helps foster change in society. Parutions N° 24 : 13 mars 2019 au-delà du campus, contribuant ainsi à But our contribution doesn’t stop there. N° 25 : 10 avril 2019 changer la culture de la société. Research – whether it has to do with N° 26 : 8 mai 2019 Contributions A tous ces efforts louables s’ajoute energy, our shared habitat or social Ce journal est ouvert aux naturellement la recherche. Energie, responsibility – also plays a key role. A membres actifs de l’EPFL. Les propositions d’articles doivent habitat, responsabilité sociale : une récente recent survey by Tech4Impact revealed être discutées avec la rédaction enquête de Tech4Impact a recensé que that 115 of EPFL’s 350 labs are engaged une semaine au plus tard avant les délais rédactionnels. La 115 laboratoires sur 350 abordent un ou in research that addresses one or more of rédaction fixe le lignage. plusieurs objectifs des 17 objectifs de the 17 Sustainable Development Goals Merci de nous faire parvenir ensuite les articles avec un développement durable des Nations unies set by the United Nations. Teaching can titre et signés (nom, prénom, dans leurs recherches. Et l’enseignement, make a difference too, as we saw with fonction, unité, section) dans les délais rédactionnels parfois, comme lors du Solar Decathlon NeighborHub, EPFL’s winning entry in ci-dessus. avec la construction du NeighborHub. the Solar Decathlon. This is a good start, La rédaction se réserve le droit de raccourcir les articles C’est un bon début. L’urgence climatique yet the climate is in crisis – we need to trop longs. Elle assume la nécessite toutefois de passer la vitesse kick it up a notch. And EPFL, like other responsabilité des titres et de la mise en page. supérieure et l’EPFL, comme les autres universities, can be both a driving force and Conception graphique universités, a un rôle de moteur et a beacon for others. Bontron & Co, Genève Impression d’exemplarité à jouer. PCL Presses Centrales SA, Renens Papier Cyclus Print, 80 g, 100% recyclé Image de couverture d’EPFL Magazine : © Alain Herzog 2
SOMMAIRE INTERVIEW > P. 16 ANNE MELLANO, ACTRICE DE LA MOBILITÉ DE DEMAIN DOSSIER 50 ANS > P. 4 LES UNIVERSITÉS PRENNENT EPFL FRIBOURG > P. 24 LEURS « LE SMART LIVING LAB A UNE RÉELLE RESPONSABILITÉS OPPORTUNITÉ D’IMPACT INTERNATIONAL » ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES > P. 12 P. 13 – Chimiothérapie : les tumeurs contre-attaquent P. 15 – Un robot reproduit la démarche d’un animal fossilisé VU ET ENTENDU SUR LE CAMPUS > P. 21 COOPÉRATION > P. 27 CULTURE > P. 43 CAMPUS > P. 22 P. 25 – L’EPFL dépoussière les travaux UNE DEUXIÈME VIE ARTLAB SYMPOSIUM pratiques POUR LES ANCIENNES WILL COMBINE P. 28 – Pour veiller à la santé des employés TENUES DE POMPIER CULTURE, LECTURE > P. 41 CULTURE > P. 42 COMPUTATION AND AGENDA > P. 46 CREATIVITY EPFL MAGAZINE N°23 — FÉVRIER 2019 3
Les un CAMPUS RESPONSABLE leurs Manifestation des étudiants pour le climat, Lausanne, 18 janvier 2019. © Jamani Caillet 4
niversités prennent CAMPUS RESPONSABLE s responsabilités Depuis la naissance de l’EPFL, il y a 50 ans, la place et le rôle des universités ont considérablement évolué. Désormais, les hautes écoles ont pris conscience que leur mission doit s’effectuer de manière responsable tant d’un point de vue social qu’environne- mental. Comment relever ce défi qui concerne toute l’institution ? EPFL Magazine a cherché à comprendre l’émergence de cette responsabilité au sein des universités et quelle direction elle prend. Par Sandy Evangelista et Anne-Muriel Brouet EPFL MAGAZINE N°23 — FÉVRIER 2019 5
CAMPUS RESPONSABLE C’est une lame de fond. De la multinationale à l’in- conscience a commencé dans les années 70 et cela dividu, la question de l’impact environnemental et s’est considérablement accéléré dans les années 90 sociétal d’une activité se pose dans toutes les strates avec le Sommet de la Terre à Rio », poursuit le spé- de la société. Les universités, comme les autres, cialiste en organisation d’entreprise. prennent conscience de leurs responsabilités afin « Nous visualisions alors pour la première fois ce que de construire un avenir durable. Elles sont même devrait être le business global. Les business schools acculées à agir. devaient répondre aux craintes de la société – à sa- Depuis de nombreuses années, voire dizaines d’an- voir : quels genres de managers formez-vous ? – car nées, certaines mettent en place des actions le système économique était proche de l’effondre- concrètes afin de limiter leur empreinte carbone, ment. Entre 2005 et 2010, nous avons commencé leurs déchets, de changer les habitudes, de préférer à intégrer cette responsabilité de manière plus les transports écologiques et d’appliquer l’égalité large. » Afin de répondre à la pression grandissante, des chances. Mais la route est encore longue avant la première démarche fut de déléguer la question à d’atteindre les 17 objectifs de développement la communication, aux relations publiques et aux durable énoncés par les Nations unies pour unités spécialisées, libérant ainsi de toute respon- 2030. Pourquoi ? La problématique est sabilité le reste de la communauté. si complexe qu’elle ne peut être réso- lue que par l’addition des forces et Une esquisse de cadre des savoirs. Au Canada, l’Université de la Colombie-Britannique Le doyen ad interim de la faculté (UBC) a été la première à adopter une politique de ENAC Andrew Barry en sait quelque développement durable en 1997, inaugurant l’année chose. Il est expert en hydrologie et suivante un bureau dédié. Il s’est positionné comme a étudié l’impact de l’agriculture et des un chef de file en Amérique du Nord et au Canada villes sur l’utilisation de l’eau, dont 70% et a été récompensé en 2011 par le système inter- est utilisée pour la production alimentaire national d’accréditation STARS (système d’évalua- mondiale et cela malgré des technologies tou- tion et de suivi du développement durable). Cette jours plus efficientes. « La durabilité ne se limite pas attitude avant-gardiste vient aussi d’une volonté à la santé des écosystèmes, elle s’étend à tous les politique forte. En fait, au début systèmes humains et naturels, ainsi qu’aux res- des années 2000, le gouver- sources nécessaires. Si les universités veulent jouer nement provincial a exigé un rôle de premier plan dans les questions de dura- que toutes les institutions bilité, elles doivent, en termes de recherche, mettre du secteur public soient l’accent sur des approches interdisciplinaires per- neutres en carbone dans mettant de résoudre de vastes problèmes multi- leurs activités. Pour formes auxquels l’humanité est confrontée. » C’est Victoria Smith, direc- un des défis que l’EPFL entend relever en cette trice exécutive par inté- année jubilaire avec son initiative Tech4Impact (voir rim du Sustainable Inter- encadré). national Campus Network (détachée de UBC), la res- Le Sommet de la Terre de 1992, ponsabilité des universités est un détonateur grande : « Nous avons 60’000 personnes L’engagement des entreprises et des institutions sur notre campus, si nous parvenons à transmettre dans la durabilité et la responsabilité sociale cette notion de durabilité à tous, notre communau- ne s’est pas fait du jour au lendemain. té universitaire pourrait à son tour changer la culture « Ce sont toujours des pressions venant de la société. Ce serait un grand succès pour nous. » de l’extérieur, de la société, qui in- En 2012, les règles s’établissent, l’EQUIS, European duisent le changement à l’intérieur Accreditation for Business School, fait pression sur d’une entreprise ou d’une universi- les business schools afin qu’elles intègrent la respon- té », explique Thomas Dyllick, res- sabilité et la durabilité dans tous les domaines, les ponsable depuis 1996 de la chaire activités estudiantines, les facultés, l’enseignement, pour la gestion de la durabilité à l’Uni- la recherche et la formation des cadres. Une initia- versité de Saint-Gall. « Cette prise de tive suivie quelques années plus tard par l’aaq – 6
CAMPUS RESPONSABLE l’agence suisse d’accréditation et d’assurance quali- sont ainsi consultés et peuvent s’exprimer sur tous té, pour favoriser la recherche et l’enseignement les domaines qui les concernent. Si les rectorats dans les hautes écoles – qui, en 2016, ajoute une suisses n’ont pas encore institué un dialogue insti- directive de durabilité dans ses critères. Il n’est, dès tutionnalisé avec leurs étudiants, ils reçoivent leurs lors, plus question pour une université ou une haute doléances et les invitent parfois à leurs séances. école de traîner la patte ou de faire la sourde oreille. Enfin, la pression vient aussi de tout en haut. Dans La HES de Berne s’est vu, par exemple, refuser l’ac- l’optique de la stratégie énergétique 2050 qui vise, créditation en 2017 et a dû revoir sa copie en matière notamment, à diminuer la dépendance aux énergies de durabilité. fossiles, le Conseil fédéral a mis en place un Agenda 2030 et renforcé la collaboration institutionnelle Pression de tous côtés en impliquant tous les acteurs de la société en Suisse Parallèlement, les premiers « clients » des universi- et à l’étranger. tés maintiennent une pression croissante. Les ma- nifestations estudiantines se succèdent, jusqu’à la Comparaison difficile en Suisse récente grève du climat qui a rassemblé au début du Cette prise de conscience s’est traduite par quasi- mois plus de 30’000 écoliers, apprentis et étudiants ment autant de stratégies et d’initiatives que d’éta- dans les rues de Suisse. S’ils se mobilisent autant blissements. Les universités du monde entier s’ap- aujourd’hui, c’est pour exiger des mesures plus am- puient essentiellement sur les 17 objectifs de bitieuses et efficaces ainsi qu’une intégration trans- développement durable énoncés par les Nations versale de la durabilité. Cette préoccupation portée unies en 2015. Elles se sont aussi organisées en ré- par les plus jeunes montre l’urgence de la situation seau afin de partager régulièrement leurs informa- et leur détermination à faire bouger rapidement les tions et leurs idées, comme au sein de l’Internatio- choses. nal Sustainable Campus Network (ISCN) dont Des pétitions voient le jour et les étudiants jouent l’EPFL fait partie aux côtés de quelque 70 univer- de plus en plus un rôle actif, notamment via des sités établies dans plus de 20 pays. associations comme la Fédération de développe- Cependant, il reste aujourd’hui difficile de comparer ment durable (FDD) ou l’Union des étudiants de les universités suisses entre elles, car elles ne choi- Suisse, l’UNES, qui bénéficie d’un siège permanent sissent pas les mêmes critères, ne suivent pas les à la Conférence des hautes écoles. Les étudiants mêmes stratégies et ne s’appuient sur aucun plan EPFL MAGAZINE N°23 — FÉVRIER 2019 7
CAMPUS RESPONSABLE Sur le campus de l’UNIL : la moutonnière et ses moutons (d’Ouessant et les Roux du Valais) à l’Unithèque. © Fabrice Ducrest / UNIL projets tentaculaires : « A l’UNIL, la politique de durabilité couvre l’ensemble des processus de l’ins- titution, à commencer par son core business, l’ensei- gnement et la recherche, ainsi que le lien avec la société. Mais les premiers pas de l’UNIL dans le domaine de la durabilité sont bien plus vieux. En 2007, elle lançait déjà un audit environnemental de son fonctionnement. » commun. La France, par exemple, a réglé la question en instituant un Plan Vert des établissements su- L’enseignement, la dernière étape périeurs comprenant un tableau d’évaluation Pionnière encore, l’Université de Lausanne vient de commun à tous les établissements du pays. lancer un Centre interdisciplinaire de durabilité de- « En Suisse, les informations sont telle- vant accomplir trois missions : coordonner la re- ment disparates et hétérogènes qu’il cherche de l’UNIL sur la durabilité, stimuler les est difficile de faire un monitoring enseignements dans ce domaine, animer le dialogue statistique de la durabilité dans les entre les chercheurs et la société civile, et transcrire hautes écoles », précise Léo Gillard. la recherche en actions. Près de 120 personnes is- En charge du domaine des hautes sues de toutes les facultés s’y sont déjà inscrites. écoles au WWF Suisse, il aimerait Grâce à cette structure, elles abordent ensemble la que quelque chose d’approchant durabilité et la transition écologique avec leur sen- puisse se mettre en place en Suisse. sibilité propre, leur savoir, leur prisme. « Pour pallier ce manque, nous avons créé « Les professeurs, souvent isolés les uns des autres, il y a deux ans un réseau avec tous les respon- ne savent peut-être pas comment enseigner la du- sables de la durabilité des universités du pays. Cela rabilité dans leur domaine spécifique. L’idée de ce nous permet d’identifier les « best practices » et nouveau centre est de provoquer la rencontre, d’ai- chaque université a la possibilité de partager son der à comprendre les problématiques des autres et expérience. » de trouver les ressources nécessaires », explique Le WWF Suisse s’est quand même essayé à évaluer Benoît Frund. le degré d’intégration du développement durable « Lorsqu’une institution a passé toutes les étapes et dans la stratégie globale des hautes écoles en 2017. se préoccupe de l’aspect de l’enseignement, je pense Les deux EPF, 10 universités, ainsi que huit hautes qu’elle arrive à la dernière étape de ce développement, écoles spécialisées ont été analysées. L’EPFL et conclut Thomas Dyllick. Il est important qu’une l’UNIL arrivent en tête de cette première étude université se soucie des problèmes sociétaux. Les grâce à leurs fortes stratégies de durabilité. « Malgré professeurs vont devoir développer des compétences la bonne position de l’UNIL et de l’EPFL en com- autres que celles qu’ils ont habituellement, tant dans paraison suisse, il faut comprendre que l’inté- la recherche que dans l’enseignement. A l’avenir, gration de la durabilité par les universités nous aurons besoin de plus en plus n’en est qu’à ses débuts, » conclut d’interactions sociales, d’ être Léo Gillard. capables de coacher des processus, Une mention « très bien » est de mener des discussions ou- attribuée à l’Université de Lau- vertes et d’intégrer ces notions sanne, qui est la seule en Suisse dans le cursus du chercheur. » à avoir nommé à sa direction un vice-recteur Durabilité et cam- pus. C’est Benoît Frund qui mène depuis sept ans et demi des 8
Tech4Impact, pour renforcer CAMPUS RESPONSABLE l’impact sociétal de l’EPFL L’EPFL n’a pas à rougir de ses efforts en matière de 115 laboratoires de l’EPFL en phase responsabilité sociale et environnementale. Les ac- avec les objectifs de l’ONU Des portes ouvertes tions continues de Campus durable depuis 10 ans Tech4Impact a réalisé en 2018 une enquête interne durables Dans le cadre se traduisent dans le quotidien des usagers du cam- sur les 17 objectifs de développement durable des des festivités du pus, du papier de toilette aux EcoPoints (voir page Nations unies (UN SDGs). Sur les 350 laboratoires cinquantième, l’Ecole 36), en passant par les cuisines, les parkings ou les de l’EPFL, 115 ont confirmé qu’ils abordent un ou ouvrira ses portes les espaces verts. A un autre niveau, la responsabilité plusieurs de ces objectifs dans leurs projets de re- 14 et 15 septembre de l’Ecole, c’est l’enseignement à distance avec les cherche. Ce premier bilan très encourageant va 2019, placées sous le signe d’un événement MOOCS ou les cours sur les enjeux mondiaux. Tout permettre à l’EPFL de travailler plus étroitement responsable. comme les recherches menées sur de nombreuses sur la thématique de la durabilité avec le secteur Objectif : zéro thématiques autour de l’énergie à Sion et sur l’ha- privé, les organisations non gouvernementales et plastique et zéro bitat au Smart Living Lab à Fribourg, ou les missions internationales, de créer des groupes de travail liés déchet. En outre, du Centre de coopération et développement, pour aux objectifs en menant des actions précises dans un dispositif renforcé sera offert pour les ne citer que quelques éléments. chaque thématique. transports publics Mais l’Ecole veut aller plus loin. Lancée en 2017, « Tech4Impact propose également, dès ce semestre, et les vélos. Tech4Impact est une initiative placée sous la res- des cours (SHS) d’entrepreneuriat social, ainsi que La restauration sera, ponsabilité de la Vice-présidence pour l’innovation, des formations, des bourses YGrants, Playgrants et elle aussi, durable qui cherche à renforcer l’impact durable de l’Ecole des ateliers afin de s’assurer que les étudiants, cher- avec des produits locaux et de saison. et à accélérer la mise en œuvre de l’innovation dans cheurs, futurs leaders seront personnellement le domaine de la durabilité et de la promotion de concernés par la problématique et sauront que l’entrepreneuriat avec impact sociétal positif (« im- l’on peut mener une brillante carrière en in- pact entrepreneurship ») . Campus durable, Essen- tégrant les concepts du développement tial Tech et Tech4Impact vont travailler plus étroi- durable », explique Julia Binder, cheffe de tement ensemble avec la vision de former projet de l’initiative Tech4Impact. prochainement un « Comité de durabilité ». Des stratégies tournées vers l’action C omment les hautes écoles ont-elles La réduction de l’empreinte carbone passe aussi par traduit au quotidien leur volonté de la bouche. La Copenhagen Business School a initié se comporter de façon responsable ? en 2017 une politique végétarienne dans le service Quelques exemples. traiteur. Elle prévoit que la commande sera par dé- faut végétarienne sauf demande contraire. La Premier axe empoigné par toutes les hautes écoles : consommation d’eau est une problématique empoi- réduire son empreinte carbone. L’Université de Bâle gnée avec succès par l’Université d’Eindhoven. Elle La Copenhagen Business va ainsi interdire les trajets en avion de moins de a réussi à diviser sa consommation annuelle à près School encourage la consommation d’eau 1000 kilomètres pour les sorties organisées par de deux tiers. Elle encourage la consommation d’eau du robinet en plaçant l’Université pour ses étudiants. L’ETHZ a décidé, du robinet en plaçant des bornes dans tout le cam- des bornes dans tout le campus. © DR elle aussi, de réduire les émissions de CO2 de 11% pus. Exit les bonbonnes et leur rafraîchisseur d’eau. d’ici à 2025. L’Université de l’Oklahoma a lancé son La responsabilité sociale n’est pas en reste à l’Uni- propre programme de vélos en libre service en 2017. versité de Manchester qui déploie sa stratégie pour Les étudiants et le personnel sont encouragés à 2020 autour de cet axe. Elle entamera utiliser des alternatives saines au système de na- de nombreux travaux de recherche qui vettes de campus. Une décision qui sera sûrement aborderont des défis de société comme remarquée par le Times Higher Education World Uni- les inégalités, la sécurité et le vieillisse- versity Rankings, le célèbre journal qui établit le ment. palmarès annuel des universités, et qui vient d’in- clure le bilan carbone des écoles dans ses critères de sélection. EPFL MAGAZINE N°23 — FÉVRIER 2019 9
CAMPUS RESPONSABLE « Je ne me suis jamais sentie discriminée » A l’EPFL depuis… 30 ans Kristin Becker Van Slooten, représentante des assemblées d’école EPFL et ETHZ au Conseil des EPF et responsable de projet à l’Egalité des chances « Cela fait très longtemps que je suis à l’EPFL, je 12 ans, je suis dans le corps administratif et tech- n’ose presque pas le dire, c’était en 88. Je suis arri- nique. J’ai l’impression que je peux utiliser mes com- vée pour suivre un cours postgrade en sciences de pétences dans bien des domaines. l’ingénierie et de l’environnement qui, à l’époque, Je ne me suis jamais sentie discriminée et je n’ai pas était un des seuls proposés en Europe. J’avais fait la sensation de n’avoir pas pu accéder à un poste des études de biologie à l’Université de Genève et parce que je suis une femme. J’ai quand même connu je voulais absolument m’investir dans le domaine le « paternalisme » de certains professeurs qui vou- environnemental. Après mon travail de diplôme à laient me prendre sous leur aile et m’expliquer com- Berne, je me suis inscrite à l’EPFL. Je suis arrivée ment ça fonctionnait. Ils n’auraient jamais fait cela en automne, il faisait gris, je voyais ces bâtiments avec un homme. gris et je me suis dit que je n’allais jamais pouvoir Je suis d’origine allemande et le fait de parler plu- rester ici tellement c’était gris. Et puis, j’ai découvert sieurs langues m’a beaucoup aidée dans ma carrière. SAT et j’ai bien vu que le campus était très vivant. J’ai d’ailleurs vécu l’arrivée de l’anglais à l’EPFL et la J’ai enchaîné avec une thèse, terminée en 1994. résistance de certains professeurs qui critiquaient J’étais la première femme dans mon labo à avoir Patrick Aebischer. Ses anglicismes et ses idiomes accompli cela, puis j’ai fait de la recherche et de anglais agaçaient. Avec le temps, de plus en plus de l’enseignement, j’ai constitué mon propre groupe chercheurs ne savaient pas le français et ensei- de recherche. Je pense être une des seules à avoir gnaient en anglais. Heureusement, car en français fait partie de tous les corps, des étudiants puis corps ils étaient incompréhensibles. » intermédiaire, corps des enseignants et, depuis « Développer l’Ecole dans la durabilité était un projet faramineux » A l’EPFL depuis… 23 ans Philippe Vollichard, responsable du développement durable à l’EPFL depuis 1995 «J’ai passé mes cinq premières années à l’EPFL au projets me tiennent aujourd’hui particulièrement à CAST, le Centre d’appui scientifique et technolo- cœur. D’abord recommencer un plan d’arborisation gique. C’était les débuts de l’innovation, des start- du campus. J’ai eu la chance de retourner à la pépi- ups et spin-offs, et je m’occupais de l’euro guichet, nière située au nord de Lausanne pour choisir une où je donnais l’information aux chercheurs qui dé- trentaine de grands arbres qui ont été plantés à la siraient participer aux programmes européens de fin de l’année dernière et seront là pour le cinquan- recherche. tième. En les choisissant, j’ai retrouvé ce feeling : on Parallèlement, je militais dans des groupes informels scrute les arbres et on essaie de comprendre ce qu’ils sur la gestion environnementale. Puis, j’ai travaillé nous disent. Les aménagements extérieurs et la sept ans comme adjoint du doyen de STI, ce qui m’a biodiversité me permettent de me retrouver très permis de comprendre les rouages de l’Ecole. En- près de ma formation de base. suite, j’ai proposé le projet d’accompagnement de Et puis, il y a le projet de la ferme urbaine qui sera la durabilité dans tout le développement de l’Ecole, développé sur notre terrain de Bassenges. J’adore ce qui était un projet faramineux à l’époque. C’est ce projet, à la porte du campus, qui se réalise encore ainsi que cela a commencé en 2007 avec notam- une fois dans un esprit d’exemplarité. Tout le monde ment le parc solaire. pourra comprendre que l’alimentation, les cycles J’ai une formation d’ingénieur forestier et j’ai tou- courts, la production bio apportent un bout de so- jours en moi ce lien indéfectible avec la nature. Deux lution pour l’avenir de cette planète. » 10
CAMPUS RESPONSABLE « Trouver le bon équilibre entre travail et famille » Etudiante aujourd’hui. Et à 50 ans ? Diane Bernard-Bruls, 22 ans, française, en Master en génie chimique et biotechnologie, présidente de l’AGEPoly Comment t’imagines-tu à 50 ans ? du développement durable ne peuvent pas être Quand j’aurai 50 ans, j’espère avoir un poste à res- ignorées. C’est à chacun de nous de prendre ses ponsabilités avec des défis à relever tout en ayant responsabilités, chacun à son échelle. Nous sommes une vie de famille épanouie. Mon objectif serait de d’autant plus responsables ici à l’EPFL, où on ac- trouver le bon équilibre entre les deux. quiert de nouvelles connaissances et développe de nouvelles technologies. Il ne reste plus qu’à les Et ton domaine professionnel ? mettre à profit et les utiliser intelligemment. J’espère qu’à cette époque-là la biotechnologie aura pris le pas sur les méthodes classiques utilisées dans Comment imagines-tu l’EPFL dans 50 ans ? > EN SON ET EN IMAGE : l’industrie chimique. C’est un domaine qui me pas- J’espère que l’EPFL sera tout aussi dynamique et ÉCOUTEZ ET REGARDEZ sionne beaucoup et qui offre des possibilités plus internationale qu’aujourd’hui. Qu’elle aura gardé sa LES INTERVIEWS SUR : CELEBRATION.EPFL.CH écologiques que les pratiques actuelles. Je souhai- créativité, son innovation et toute l’énergie qu’elle terais qu’à l’avenir on se tourne vers des méthodes a actuellement. Qu’elle ne se sera pas assise sur ses plus propres, moins gourmandes en énergies et qui lauriers, mais qu’elle aura continué sur sa lancée. produisent moins de déchets. Les problématiques Propos recueillis par Nathalie Jollien Agenda des événements Semaine de la durabilité & Innovation, Airbus; Leila Date : du 4 au 8 mars La Semaine de la durabilité Lieu : campus UNIL-EPFL Schwery Bou-Diab (CH’99), s’inscrit cette année dans le Infos : unipoly.epfl.ch/semaine-durable VP Value Chain Management, cadre des festivités du 50e Johnson & Johnson; Claudia anniversaire de l’EPFL. de Rham (PH’01), Professor of Organisée conjointement dans Theoretical Physics, Imperial 24 universités de 12 villes Journée internationale College London, et Anne de Suisse depuis sept ans, des femmes Mellano (GC’12), Co-Founder elle a pour but de sensibiliser L’EPFL Alumni et le Bureau & VP of Operations, Bestmile. les étudiants et étudiantes de l’égalité célèbrent la Barbara Haering, membre à la « culture du durable » Journée internationale des du Conseil des Ecoles et de proposer des versions femmes, le 8 mars, sous le polytechniques fédérales, écoresponsables à nos actions signe du 50e anniversaire de donnera également un état du quotidien. La Semaine de l’EPFL. L’événement fera des lieux et sa vision de la durabilité propose balades, revivre « 50 ans de femmes l’importance des femmes dans séances de méditation, EPFL », au travers du regard le contexte du domaine des workshops, tables rondes et de cinq générations de femmes EPF et des sciences. projections de films. diplômées EPFL : Irina du Date : 8 mars 2019, de 17 à 21 h Soirée d’inauguration sur le Bois (CH’70), présidente de Lieu : Forum Rolex Infos : entrée libre, mais sur inscription thème « System change, not la Fondation Pierre du Bois go.epfl.ch/IWD19 climate change » : pour l’histoire du temps jeudi 28 février à 18h30 présent; Laure de Trentinian à l’Unil, Amphimax 350. (MA’85), Head of Academy EPFL MAGAZINE N°23 — FÉVRIER 2019 11
ACTUALITÉS © University of Zurich/ SCIENTIFIQUES Armasuisse L’installation d’essai sur le Totalp, dans les Grisons. © EPFL/CRYOS BRÈVE PHYSIQUE L’exciton, une quasi-particule à haut potentiel ÉNERGIE ROBOTIQUE électronique — Un exciton est une forme que prend Produire plus d’énergie Un drone pliable temporairement un solaire en hiver qui se faufile pour des électron lorsqu’un matériau absorbe grâce à la neige missions de sauvetage de la lumière. Ainsi Installer des panneaux Un drone capable de rétracter « excité », l’électron passe dans un photovoltaïques en haute ses bras en vol et de se rendre degré d’énergie montagne pourrait réduire suffisamment petit pour supérieur, laissant un espace vide, un le déficit d’alimentation pouvoir passer par des espaces « trou d’électron ». L’électron étant que connaît cette énergie étroits et des trous chargé négativement renouvelable en hiver. a été développé. et son trou correspondant Un projet du Laboratoire des sciences cryosphériques Un projet du Laboratoire de systèmes intelligents (CRYOS), développé par Annelen Kahl (LIS), développé par Stefano Mintchev positivement, les L’ I deux entités restent électricité d’origine solaire est soumise nspecter des bâtiments endommagés liées par une force électrostatique. à de fortes variations saisonnières. En après un tremblement de terre ou pen- Cette paire définit été, elle fournit plus d’électricité que dant un incendie : voilà le genre de défis l’exciton. ce que demande le marché. En hiver, on auquel les drones pourraient répondre, au Les chercheurs observe un déficit de production, car le lieu des sauveteurs humains. Un robot vo- du Laboratoire rayonnement solaire est plus faible. Dans lant pourrait ainsi rechercher des personnes d’électronique et structures à l’échelle une étude conjointe entre l’Institut pour bloquées à l’intérieur et guider l’équipe de nanométrique l’étude de la neige et des avalanches (SLF) sauvetage vers elles. Mais il faudrait parfois étaient les premiers et l’EPFL, des chercheurs ont montré que que le drone puisse pénétrer dans le bâti- à contrôler le des installations photovoltaïques en haute ment à travers une fissure dans un mur ou flux des excitons montagne peuvent réduire le déficit d’ali- une fenêtre entr’ouverte – ce que la taille à température ambiante. Ils mentation hivernal, car le rayonnement habituelle d’un drone ne permet pas. sont maintenant solaire y est plus important en hiver que Des chercheurs du Groupe robotique parvenus à contrôler dans les régions souvent enveloppées dans et perception de l’Université de Zurich et certaines de leurs le brouillard du Plateau. du Laboratoire de systèmes intelligents de caractéristiques « Nos travaux montrent que le déficit l’EPFL ont donc créé une nouvelle sorte et à modifier la polarisation de de production qui découlera de la sortie du de drone. Les deux groupes font partie du la lumière qu’ils nucléaire peut être mieux compensé par la National Centre of Competence in Research génèrent. Ouvrant construction d’installations photovoltaïques (NCCR) Robotics. Inspiré des oiseaux, qui ainsi la porte à un en montagne que par des modules sur les replient leurs ailes en vol, le nouveau drone genre inédit de toitures du Plateau, car chaque mètre carré peut se replier pour se faufiler à travers des dispositif électronique qui pourrait limiter les produit non seulement plus d’électricité, brèches, puis reprendre sa forme originale pertes d’énergie et la mais également à un meilleur moment », dit tout en continuant à voler. Il peut même dissipation de chaleur Annelen Kahl, auteure principale. tenir et transporter des objets. que connaissent les Avec une installation d’essai à Davos, A l’avenir, les chercheurs espèrent per- transistors actuels. le SLF et l’EPFL étudient aujourd’hui les fectionner la structure du drone de manière questions pratiques et techniques, notam- à ce qu’il puisse se replier dans toutes les trois ment l’inclinaison que doivent avoir les dimensions. > RETROUVEZ LES ACTUALITÉS COMPLÈTES panneaux solaires pour que la neige glisse. Université de Zurich / EPFL SUR ACTU.EPFL.CH Martin Heggli / SLF 12
ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES Des cellules endothéliales (en bleu/gris) internalisant des exosomes (en rouge) sécrétés par des tumeurs traitées par chimiothérapie. © C. Cianciaruso/ I. Keklikoglou SANTÉ Chimiothérapie : les tumeurs tumeur récidivera dans d’autres par les cellules pulmonaires, de organes. Ce phénomène pourrait CCL2, une autre protéine qui contre-attaquent être dû à des cellules cancéreuses attire les cellules immunitaires Des chercheurs ont découvert que les tumeurs qui résistent à la chimiothérapie appelées monocytes. mammaires traitées par chimiothérapie et migrent vers d’autres organes Cette réaction immuni- pendant le traitement de la tu- taire peut être dangereuse. Des produisent de petites vésicules qui pourraient les meur primaire. études antérieures ont montré aider à se propager à d’autres organes. Ce qui Des chercheurs de l’EPFL que les monocytes peuvent fa- expliquerait pourquoi des métastases peuvent ont apporté un nouvel éclairage ciliter la survie et la croissance sur ce processus. Travaillant des cellules cancéreuses dans le réapparaître après le traitement. sur des modèles de tumeurs poumon, ce qui constitue l’une Un projet du Laboratoire de Michele De Palma expérimentaux, les chercheurs des premières étapes de la mé- ont découvert que deux agents tastase. « En bref, notre étude a chimiothérapeutiques fré- identifié un nouveau lien entre C ertaines patientes at- quemment utilisés, le paclitaxel la chimiothérapie et la métastase teintes de cancer du et la doxorubicine, provoquent du cancer du sein », explique Mi- sein reçoivent une la sécrétion, par les tumeurs chele De Palma. chimiothérapie préalablement mammaires, de petites vési- Les chercheurs ont trouvé à l’ablation chirurgicale de la cules appelées exosomes. Sous des quantités accrues d ’an- tumeur. Cette approche théra- chimiothérapie, les exosomes nexine-A6 également dans les peutique dite « néoadjuvante » contiennent une protéine, l’an- exosomes de patientes recevant contribue à réduire le volume nexine-A6, qui n’est pas pré- une chimiothérapie néoadju- tumoral afin de faciliter une sente dans les exosomes sécrétés vante pour un cancer du sein, chirurgie conservatrice du sein par les tumeurs non traitées. «Il ce qui corrobore les données et peut même éradiquer la tu- semble que le chargement de obtenues en laboratoire. Mi- meur, ne laissant au chirurgien l’annexine-A6 dans les exosomes chele De Palma met toutefois que très peu de cellules cancé- soit significativement accru en en garde contre les conclusions reuses à retirer, voire aucune. réaction à la chimiothérapie», hâtives : « Cette observation tend Dans de tels cas, les patientes explique Ioanna Keklikoglou, à confirmer la portée de nos ré- ont de grandes chances d’être première auteure de l’étude. sultats, mais pour le moment guéries à vie de leur cancer Après avoir été sécrétés nous ignorons si l’annexine-A6 après la chirurgie. par une tumeur traitée par a un quelconque effet prométas- Cependant, toutes les tu- chimiothérapie, les exosomes tatique en cas de cancer du sein meurs ne diminuent pas sous circulent dans le sang. Lors- chez l’humain. » chimiothérapie. Si la tumeur qu’ils atteignent le poumon, les Nik Papageorgiou résiste au traitement, le risque exosomes libèrent leur contenu, d’apparition de métastases peut notamment l ’annexine-A6. être plus élevé. Autrement dit, la Celle-ci stimule la sécrétion, EPFL MAGAZINE N°23 — FÉVRIER 2019 13
ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES © 2019 Skitterphoto © EPFL BRÈVE MICROBES L’EPFL part en ENVIRONNEMENT ESPACE Nouvelle-Zélande étudier la fonte des glaciers Des bateaux de croisière Le plein d’idées pour vivre — Que perdons- qui consomment moins sur la Lune nous d’autre en dehors de l’eau d’énergie Dans le cadre du projet Igluna, lorsque les glaciers Un système de piles à des étudiants de toute l’Europe disparaissent ? C’est la question à laquelle combustible pourrait réduire travaillent à la conception répondra une équipe l’empreinte carbone et d’un habitat lunaire. de scientifiques en explorant les glaciers la consommation des Il sera implanté en juin les plus importants du monde. bateaux de croisière. dans un glacier à Zermatt. Quatre chercheurs Un projet de l’Industrial Process and Energy Systems Un projet du Swiss Space Center, basé à l’EPFL, avec de l’EPFL sont partis Engineering Group (IPESE) le programme Projeter Ensemble et l’Unité d’ensei- explorer pendant Développé par Francesco Baldi gnement Habiter Mars de l’ENAC P S deux mois les ruisseaux de glaciers asser ses vacances sur un navire grand i l’idée de vivre sur la Lune est poé- néo-zélandais, luxe, voilà une perspective qui séduit tique, elle pose dans la réalité de inaugurant la un public toujours grandissant. Mais nombreux défis. Des étudiants de première étape d’un un bateau de croisière nécessite des dé- 13 universités européennes ont décidé de périple planétaire penses énergétiques importantes pour le les relever en prenant part à Igluna, un qui les emmènera à travers 15 pays chauffage, l’électricité, la climatisation et projet du Swiss Space Center, sur la base d’ici à 2021. Les les multiples demandes de la vie à bord. d’une initiative pilote de l’Agence spatiale scientifiques vont Francesco Baldi, chercheur au sein de européenne. En janvier, tous étaient au prélever des micro- l’IPESE, a développé des solutions pour CERN pour un bilan à mi-parcours. Les organismes dans rendre les bateaux de croisière plus écolo- 19 équipes – dont quatre de l’Ecole – ont des cours d’eau alimentés par les giques, notamment avec les piles à com- présenté leurs travaux, qui tendent tous glaciers. En analysant bustible à oxydes solides. vers un même but: la conception d’un ha- leur génome, ils La pile à combustible imaginée pour- bitat dans les glaces des pôles lunaires et espèrent comprendre rait produire soit de l’électricité pour la son implantation en juin dans la cavité d’un comment cette consommation à bord, soit de l’hydrogène glacier à Zermatt. vie microbienne s’est adaptée aux stocké pour un usage ultérieur. L’un des A l’EPFL, on planche sur un système conditions extrêmes avantages des piles à combustible est qu’elles d’impression d’outils en 3D, une serre auto- auxquelles elle a ne brûlent pas de carburant pour obtenir le matisée et la structure architecturale. Dans été exposée au produit final (dioxyde de carbone et eau), d’autres universités, des équipes bûchent fil des millénaires mais produisent de l’électricité au moyen entre autres sur la production d’oxygène ou et comment elle évoluera avec la d’une réaction chimique. Elles sont donc d’électricité, la valorisation de l’urine pour fonte des glaciers, beaucoup plus écologiques que l’utilisation fertiliser des plantes, un laboratoire, un jusqu’à sa probable de carburants fossiles, et également plus ef- système de communication, des modules disparition. ficaces : les piles à combustible développées d’habitat gonflables, un robot pour creuser à l’EPFL atteignent un taux d’efficacité de la glace... 75%, contre moins de 50% pour le moteur « Il y a des architectes, des biologistes, diesel le plus efficace. des géologues, des ingénieurs de toute l’Eu- > RETROUVEZ LES ACTUALITÉS COMPLÈTES Sarah Aubort rope: c’est un projet très interdisciplinaire SUR ACTU.EPFL.CH et multiculturel », s’enthousiasme Tatiana Benavides, responsable du projet. Sarah Perrin 14
ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES BIOROBOTIQUE Le robot OroBOT se Un robot reproduit déplace comme l’aurait fait l’Orobates pabsti. la démarche d’un © Maxime Marendaz animal fossilisé A partir d’un fossile et de traces de pas, une équipe de chercheurs a identifié les BRÈVE démarches d’un animal de 300 CERVEAU Les secrets des millions d’années et développé dernes se déplaçant de la même façon, pour neurones révélés par définir les démarches sans collision entre les un robot qui les reproduit. os ni démembrement. les molécules d’eau — Dans le cerveau, Un projet du Laboratoire de biorobotique (Biorob), Parallèlement, ils ont mis au point un les neurones Développé par le Prof. Auke Ijspeert, Kamilo Melo communiquent en et Tomislav Horvat robot, OroBOT, qui présente la même dy- namique, longueur et distribution de masse envoyant des signaux Q électrochimiques. uelle était la démarche des ver- que l’Orobates. Ils l’ont utilisé pour tester des Pour lancer un tébrés vivant il y a 300 millions centaines de démarches, afin de déterminer signal sous forme de d’années ? Grâce au squelette fossi- les plus probables. Ils se sont basés sur les décharge électrique lisé de l’Orobates pabsti, un vertébré situé principes biomécaniques de démarches et communiquer, le entre les amphibiens et les reptiles ou les d’animaux modernes proches, qu’ils ont neurone permet à des ions de traverser mammifères, et des traces de pas de la analysées et mesurées aux rayons X. sa membrane. même espèce, une équipe interdisciplinaire Les chercheurs ont ensuite déterminé Ces échanges de scientifiques a créé un modèle robotique les allures les plus probables en se basant d’ions modifient le de l’animal et défini les façons les plus pro- sur l’énergie demandée, la stabilité de la potentiel électrique bables qu’il avait de se déplacer. démarche, les forces de réaction et le rap- de l’intérieur et de l’extérieur de Les chercheurs ont tout d’abord déve- prochement avec les traces de pas existantes. la cellule. C’est ce loppé un modèle numérique du squelette de L’Orobates se serait ainsi déplacé un peu que l’on appelle l’animal. Ils se sont basés sur l’analyse du comme le caïman, de façon athlétique. le potentiel de fossile et de la biomécanique d’animaux mo- Clara Marc membrane. L’équipe du Laboratoire de biophotonique fondamentale est parvenue à observer APPLICATION ces changements de potentiel et le flux De l’intelligence artificielle Des étudiants du Laboratoire de trai- des ions, en analysant tement des signaux 5 ont développé une le comportement pour sauver les abeilles plateforme web et une application permet- des molécules Une application permet de tant de comptabiliser automatiquement et d’eau qui entourent les neurones. La comptabiliser automatiquement rapidement les cadavres de varroas. Grâce méthode simple à l’intelligence artificielle, les apiculteurs et non invasive les varroas dans les ruches. Ce peuvent ainsi connaître le niveau d’invasion pourrait remplacer parasite est la principale cause en tout temps et gérer les traitements, qui les électrodes et fluorophores de disparition des abeilles. sont compatibles avec l’agriculture biolo- habituellement gique en Suisse. utilisés. Elle permet Un projet du Laboratoire de traitement des signaux 5 Ce système permettra également de ré- de surveiller Développé par Jean-Philippe Thiran unir des données au niveau national, pour l’activité dans un établir des statistiques, obtenir un panora- neurone unique et L a disparition des abeilles est liée à ma des invasions et évaluer si des souches potentiellement celle de toute une région plusieurs facteurs, dont les pesticides d’abeilles déjà résistantes existent. Finale- du cerveau. et un acarien : le varroa. Il s’installe ment, les données collectées pourraient per- sur les abeilles, les affaiblit et finit par les mettre de visualiser et de suivre les niveaux tuer. En connaissant le niveau d’invasion, d’invasion du varroa en Suisse, afin d’éven- > RETROUVEZ LES les apiculteurs peuvent justement traiter tuellement localiser des souches d’abeilles ACTUALITÉS COMPLÈTES leurs installations au bon moment et éviter qui y seraient naturellement résistantes. SUR ACTU.EPFL.CH la mort des abeilles. Clara Marc EPFL MAGAZINE N°23 — FÉVRIER 2019 15
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