Rétrospective culturelle - kulturissimo
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2 Sommaire - Editorial N°173 3: Editorial Alvin Sold Accent aigu: Rétrospective culturelle 4, 5: Unesco. 2018: Année du patrimoine cultrurel (Simone Beck et Robert L. Philippart) 6, 7: Culture et déculturation. Héros et bouffons du déclin (Jean Sorrente) 8, 9: Cinéma et société. Stéphane Brizé et le cinéma social (Franck Colotte) 10,: Zwischen Realität und Fiktion. Alles Fakt oder was? (Josiane Kartheiser) 11: Letter from England. Innovative Art (Diana White) Musique: 12, 13: „rainy days“ 2018. Wie wirklich ist die Wirklichkeit? (Martin Möller) La culture, ce n’est pas ce qui reste quand on a Beaux-Arts: 14, 15: 20 années d’art au Luxembourg. Défis et limites - 1re tout oublié, mais au partie (Enrico Lunghi) contraire, ce qui reste à connaître quand non ne Littérature: 16, 17: Prix Nobel ou pas Prix Nobel. Nikos Kazantzakis vous a rien enseigné (Michel Decker) (Jean Vilar) Ici et ailleurs: 18, 19: Billet de Crète. La fin des Mémorandums? (Iraklis Galanakis) 20: Gramma apo tin Ellada. Das ANKAA-Projekt (Linda Graf) 21: Der europäische Krieg 1939-1945 (9). Verteidigungslinien in Westeuropa (Tino Ronchail) 22, 23: Leistung: „sehr unzureichend“. Bilanz der „politischen Kommission“ Juncker (Jim Schumann) 24, 25: Der Bürger, der was vermisst. Robin (Frank Bertemes) 26, 27: Christlichliberaler Sozialismus. Ideologismen zerschellen an der Realpolitik (Carlo Kass) 28: Skizzen aus Paris. Librairie La Musardine (Pascale Velleine) 29: Chroniques parisiennes. De quelle mémoire sommes-nous les dépositaires? (Clotilde Escalle) 30: Impressum: Chères questions et affirmations gratuites. Gnomorrhagie Esprit (Paul Hemmer) Editeur: Editpress Luxembourg S.A. 31: In the air. Books again (Ariel Wagner) Coordination générale: Alvin Sold; Coordination technique: Coryse Koch Coordination extérieure: Ian De Toffoli, Ariel Wagner Toute correspondance est à adresser exclusivement à kulturissimo@editpress.lu Retour sur image Supplément du Tageblatt du 13 décembre 2018 32: By Gado Site internet: http://www.kulturissimo.lu Prochain numéro: 11 janvier 2019 – Clôture rédactionnelle: 20 décembre 2018
Sommaire - Editorial N°173 3 Alvin Sold Elle est vitale Q uel adjectif précise au mieux la Là, nous allumons un brûlot. fonction de la culture? Les concepteurs de l’enseignement actuelle- Réflexion faite: vital. ment prodigué ont un objectif premier: pré- parer les enfants et les jeunes au marché du La culture est vitale, au sens pre- travail. L’économie globalisée, libre, concur- mier, pour l’individu, la communauté, les peu- rentielle, définit clairement ses besoins du ples, l’humanité. moment, et laisse entrevoir ceux du futur proche. Pour „réussir“, l’élève et l’étudiant Que l’aimable lecteur, cultivé sans doute, ne doivent pouvoir se concentrer sur les bran- soit pas saisi d’effroi. Il ne sera pas interrogé sur ches portantes, quitte à laisser de côté ou à les arts, la philosophie, l’histoire, la littérature, réduire celles qui ne servent qu’à la culture les sciences ni même les religions; la seule générale. épreuve qu’il doit subir, se résume à une ques- tion politique. A-t-il, avons-nous envie encore, Or, si l’accomplissement et l’épanouissement après tant d’essais échoués, de réclamer une d’une vie supposent des revenus et des gains fois de plus la montée en grade de la culture décents, ils ne sauraient être complets sans dans la hiérarchie des biens communs? Et l’apport vital de la richesse immatérielle donc, dans l’action publique? qu’apporte l’accès à la Culture. Il y a, évidemment, un ministère de la Culture. Cet accès requiert des connaissances et des capacités qui commencent à être négligées Mais il est toujours en „package“ avec un ou gravement par l’école. L’apprentissage, puis plusieurs autres ressorts. Octavie Modert fut si- l’étude approfondie de l’allemand, du fran- multanément ministre déléguée à la Fonction çais, de l’anglais par exemple est l’indispensa- publique et la Réforme administrative, ministre ble clé à l’initiation aux cultures d’hier et de la Simplification administrative, ministre aux d’aujourd’hui des voisins européens; et l’on Relations avec le Parlement, et ministre de la sait d’expérience que la curiosité, une fois Culture; Maggy Nagel qui lui succéda fut minis- éveillée, conduit de découverte en décou- tre du Logement et de la Culture; Xavier Bettel, verte. premier ministre, ministre de la Communica- tion et des Médias, ministre des Cultes, ministre A la bonne maîtrise des langues, il faut ajou- de la Culture; Sam Tanson est ministre de la ter, évidemment, l’éducation musicale et ar- Culture et du Logement. tistique, disciplines de plus en plus dimi- nuées, hélas! dans les horaires courants. On peut arguer que les ressorts ministériels sont trop nombreux, qu’il faut en regrouper certains Est-il trop tard pour bien faire? Jamais. La pour des raisons pratiques, etc. Oui, mais ne se- soif de culture(s) devra être satisfaite; c’est vi- rait-il pas logique de réunir des domaines vrai- tal pour une société humaine digne de ce ment proches? La culture et l’enseignement pu- nom, donc capable de sortir des schémas pu- blic iraient très bien ensemble ... rement matérialistes du moment.
Accent aigu N°173 UNESCO Ann e d at i oine lt el m e ec ber r ’année européenne du patrimoi- dre de ce nouveau parcours touristique. ne culturel a été très fructueuse La coopération entre les gestionnaires de pour l’ NESCO. Elle fut mar- l’ NESCO des sites de la rande Région quée par le lancement de a été initiée par un colloque organisé le l’ NESCO Site Management septembre à Bourglinster. Le septem- pour „Luxembourg, vieux quar- bre, un premier forum de consultation ci- tiers et fortifications“, la préparation de la toyenne a été organisé à Neum nster pour candidature pour le projet „Man and l’ensemble de la one NESCO „Luxem- Biosphere“, l’examen de la candidature bourg, vieux quartiers et fortifications“. Le NESCO du „ eopark Mullerthal“, le spot „Luxembourg your orldheritage“ lancement d’un inventaire pour le patri- met en valeur le site NESCO de la capi- moine immatériel, le e anniversaire de tale, gr ce au talent des jeunes sportifs l’inscription „The Family of Man“ dans le Alex Pilger, Sven Fielit et Lynn Jung. registre „Mémoire du Monde“, l’organisa- tion du cycle de conférences „Les rende - vous de l’ NESCO“, et l’extension du Ré- seau des écoles NESCO qui regroupe te ain et désormais trois écoles fondamentales et huit écoles secondaires. son ad e de vie La présence de la sidérurgie est encore e ana e ent d n très palpable dans la topographie et la so- at i oine ondial ciété du bassin minier. Suite à l’arrêt de l’exploitation minière, la nature et la végé- tation ont repris leurs droits et de nouve- aux écosystèmes se sont développés. La epuis le er décembre , l’ NESCO réduction progressive de l’industrie sidé- Site Manager travaille à la préparation et rurgique crée des friches dont une utilisa- la mise en uvre d’un plan de gestion tion future gagne à être conçue par un pour la one NESCO à Luxembourg- processus participatif. ans le but de pré- ille. Sa mission va de pair avec des ac- Le parc naturel Mëllerdall server les réserves naturelles, d étudier la tions de sensibilisation et de préparation © Vic Fischbach structure sociale, économique et culturelle du e anniversaire de l’inscription de de la région, et d’encourager enfin un dé- „Luxembourg, vieux quartiers et fortificati- veloppement durable, la Commission lu- ons“ comme patrimoine mondial. n co- tronçon B du tram à travers la one tam- xembourgeoise pour la coopération avec mité de gestion réunissant les responsables pon (Place de Bruxelles - Place de Paris). l’ NESCO et le syndicat intercommunal institutionnels, communaux et du monde ans ces cas, l’accord de l’ NESCO à Pa- ProSud sont en train de préparer une can- associatif culturel et social a été mis en ris a été sollicité, tandis que sur le terrain didature des on e communes concernées place pour étudier des projets importants des forums de citoyens furent organisés au programme „L’ omme et la Biosphè- concernant l’urbanisme de la ville de Lu- avec la ille de Luxembourg. re“ de l’ NESCO. La candidature décrira xembourg et pour formuler des recom- Le second volet de l’ NESCO Site Ma- le rôle des différentes ones, y compris mandations concernant l’observance des nagement comporte la formation continue comment l écosystème protégé contribue à prescriptions de l’ NESCO pour la gesti- et initiale. n E IT a été élaboré à la conservation des paysages et des espè- on des sites à valeur universelle exception- l’usage des écoles participant au Réseau ces et comment la one implique les per- nelle. des écoles associées de l’ NESCO. gui- sonnes vivant dans la région, afin d être à L’ NESCO Site Manager a suivi pro- des touristiques ont été formés pour assu- l échelle des conditions du programme sur jets ou chantiers, allant de la restauration rer la nouvelle promenade „ NESCO“ à l’homme et la biosphère (MAB) de d’immeubles à la consolidation de ro- travers la vieille ville. A noter que dans le l’ NESCO. Le juin dernier, le syndicat chers, tout en passant par la consultation cadre de ce projet, l’Administration des intercommunal ProSud a été d’accord de sur l’emplacement de deux monuments Ponts et Chaussées a aménagé un jardin porter la candidature des on e communes commémoratifs. Les projets les plus rosier en contrebas de la citadelle auban. qu’il regroupe à ce programme fascinant spectaculaires sont ceux concernant l élar- ne brochure et une app avec audioguide de l’ NESCO. La candidature sera soumi- gissement du iaduc et l’aménagement du en cinq langues ont été éditées dans le ca- se à Paris en septembre .
ccent aigu N°173 5 cendants, comme les traditions orales, les Cartier-Bresson, Dorothea Lange, Robert arts du spectacle, les pratiques sociales, les Doisneau, August Sander, Ansel Adams Un géoparc rituels et événements festifs, les connais- sont mises en scène d’une manière moder- au Mëllerdall sances et pratiques concernant la nature et l’univers ou les connaissances et le savoir- niste et spectaculaire. L’UNESCO a mis en place le programme „Mémoire du mon- faire nécessaires à l’artisanat traditionnel. de“ pour renforcer la prise de conscience Le patrimoine culturel immatériel est un de l‘état de préservation alarmant du patri- En novembre 2017, le Parc naturel Mëller- facteur important du maintien de la diver- moine documentaire et de la précarité de dall a soumis sa candidature au program- sité culturelle face à la mondialisation son accès dans différentes régions du me des „UNESCO Global Geoparcs“. Les croissante. Pour réussir cet inventaire, monde. D’importantes collections dans le géoparcs sont des espaces cohérents, où chacun est appelé à inscrire les traditions monde ont souffert des dommages divers: les sites et paysages de portée géologique et patrimoines immatériels qui lui sem- pillage et dispersion, trafic illicite, de- internationale sont gérés selon un concept blent importants dans l’inventaire en ligne struction, locaux et financement inappro- global de protection, d‘éducation et de dé- www.iki.lu, regroupant ce patrimoine en priés ont contribué à mettre ce patrimoine veloppement durable. À ce jour, on comp- cinq catégories (Mendlech Iwwerliwwe- en péril. De nombreux documents ont dis- te 127 „géoparcs mondiaux UNESCO“ rungen an Ausdrocksweisen; Klenschtle- paru à jamais, nombreux autres sont en dans 35 pays qui péril. Il arrive heu- constituent un ré- reusement que des seau mondial qui se documents man- définit par des terri- quants réapparais- toires géologiques sent. La collection reconnus et dont le „The Family of maintien et l‘étude Man“ est mise en sont prioritaires valeur au château pour l’humanité. de Clervaux et gé- Pour devenir „Géo- rée par le Centre parc mondial national de l’Audio- Unesco“, les critè- visuel. res UNESCO sont clairs: La région doit démontrer une collaboration entre Les ren- les acteurs locaux et l’engagement dans dez-vous le sens d’un déve- loppement durable. de Le dossier élaboré par le Parc naturel l’UNESCO Mëllerdall, en colla- boration avec le Ministère du Déve- La Commission lu- loppement durable xembourgeoise et des Infrastructu- pour la coopération res, département de Panorama du Rempart Vic Fischbach avec l’UNESCO, en l’Aménagement du partenariat avec le territoire, et le Cercle Cité et la Ra- Groupe de travail Géologie, aborde tous resch Ausdrocksweeisen virum Publikum, dio socioculturelle 100,7, a organisé au ces aspects. De nombreuses institutions et Gesellschaftlech Gebräicher, Rieden a cours de l’année européenne du patrimoi- organisations de la région et au-delà, ont Festlechketen, Wëssenschätz a Gebrä- ne culturel un cycle de conférences sur la soutenu la candidature soumise le 24 no- icher, Fäerdegkete vun traditionellem notion du patrimoine, qui a pour vembre 2017. Au mois de juillet 2018, une Handwierk). l’UNESCO des connotations très diverses. délégation d’experts venus de Finlande et Des spécialistes luxembourgeois et euro- du Japon a visité la région candidate et péens ont présenté les programmes et les mené des entretiens avec les acteurs. La analyses que la grande organisation inter- décision de l’UNESCO sera publiée en av- Patrimoine nationale consacre aux patrimoines cultu- ril 2019. documentaire rel, naturel, immatériel et documentaire. Ils ont également abordé des aspects qui dépassent la stricte notion de patrimoine: Quelle influence a-t-il sur l’identité des Patrimoine Il y a 15 ans, „The Family of Man“, l’expo- êtres humains qui le partagent? Quel rôle immatériel sition photographique coordonnée par Edward Steichen pour le Museum of Mo- joue-t-il dans la cohésion sociale? Qu’en- tend-on par patrimoine naturel? Com- dern Art de New York, a été inscrite au re- ment gérer patrimoine et développement gistre „Mémoire du monde de durable? Le 10 septembre, le plan d’actions pour la l’UNESCO“. Présentée pour la première Le programme des „rendez-vous de préservation, conservation et la mise en fois en 1955, l’exposition se veut un mani- l’UNESCO“ au Cercle-Cité a connu un si valeur du patrimoine immatériel a été pré- feste pour la paix et l‘égalité fondamentale grand succès qu’un nouveau programme senté au public. Celui-ci comprend les tra- des êtres humains à travers la photogra- est en cours d‘élaboration pour 2019. Les ditions ou les expressions vivantes héritées phie humaniste d’après-guerre. Les images dates en seront annoncées à la presse ou de nos ancêtres et transmises à nos des- d’auteurs tels que Robert Capa, Henri sur www.unesco.lu.
Accent aigu N°173 C os et o ons d d lin e rre e e l’avoue: je ne sais au juste ce velles fictions ou qu’on s’engage dans des inflation et une „fourmilière d’artistes“, que recouvre le mot „culture“. Le voies fécondes. Mais si le nihilisme con- o , remarque Octavio Pa , les différences Petit Robert le définit en plusieurs tredit les exigences de la vie, s’il est un s’annulent et „la diversité se résout en uni- temps. Il fait remonter une pre- épuisement, un „ascétisme“, il peut en re- formité“. François osse, dans La saga des mière occurrence à , en plei- vanche se vivre et se réaliser dans l’excès, intellectuels français - , quand il ne Renaissance française, o il la surabondance, la dépense. C’est l’ironie évoque le phénomène de la culture de désigne un enrichissement de l’esprit à la du nihilisme que d être, pour la civilisati- masse, en parle en termes „d’effondrement faveur de connaissances „variées et éten- on occidentale en phase finale d’anéantis- culturel“: „Le public d’avant-garde récla- dues“. partir de , il est „l’ensemble sement, son propre „pharmakon“, son me la novation constante, mais cette re- complexe des représentations, des juge- poison et son remède. Je pense notam- cherche tourne à vide tant celle-ci est célé- ments idéologiques, brée pour elle-même, aux des sentiments et dépens de son contenu. des uvres de L’industrie culturelle de l’esprit qui se trans- masse, en substituant aux mettent à l’intérieur uvres des produits, semble d’une communauté bien avoir réussi à faire dis- humaine“. Il y a paraître la notion même aussi, plus moder- d uvre, attachée à la durée ne, la notion de cul- et l’exceptionnalité de la ture de masse, singularité.“ Je partage de quand elle se diffu- même le point de vue de se au moyen de annah Arendt quand elle „techniques indus- estime que la culture de trielles“. Littré pour masse ne sait plus distinguer sa part lui associe le beau du laid, que l’indus- une ambition édu- trie culturelle transforme la cative. J’aime bien culture en loisirs et l uvre la définition qu’on d’art en vulgaire marchandi- trouve che Cicé- se, condamnée à n être que ron qui en fait un l’objet d’une surenchère principe civilisa- spéculative extravagante. teur, un „cultus hu- C’est ainsi, puisqu’il en a été manus“, un état de question dans l’actualité ré- civilisation, que cente au sujet du „Bouquet couronne la philo- de tulipes“, que l’on peut sophie, nourriture ressentir les uvres de Jeff de l me. Pourtant oons, ses „Puppy“ et toutes ces précieu- „Rabbit“, ses chiens-bal- ses définitions res- lons, ses homards géants et tent insatisfaisantes. ses tulipes de baudruche ’un côté, on devi- multicolores, le kitsch ac- ne une conception compli dans la laideur et ce verticale, un ordre que Jean Clair appelle la hiérarchisé de va- „niaiserie“, que ne sauve leurs, de l’autre, un peut-être que l’ironie, et qui, nivellement, une pour se faire valoir et se uniformisation, une e ns upp gonfler d’importance, pha- dépréciation de ces gocytent des lieux de préfé- mêmes valeurs. peu près ce que Niet - ment à l’art, en particulier à l’art d’au- rence prestigieux comme ersailles ou le sche entend par nihilisme, dont il se sert jourd’hui. N’y a-t-il rien de plus confor- palais de Tokyo. écouvrir un ballon pour caractériser la décadence propre à la miste, d’éclectique, d’indigent, d’infantili- noué en regard des beaux Lebrun de la ga- civilisation occidentale, un déclin et une sant, que l’art je dirais postmoderne au lerie des laces ou le gigantesque chien régression, o les valeurs suprêmes se dé- sens large, un art o tout se vaut et revient fleuri dans la cour du ch teau de Bad valorisent, sans que soient créées de nou- du pareil au même, un art qui génère une Arolsen, c’est ce qu’un critique à la fois
ccent aigu N°173 Banksy, „Girl with Balloon“ pressé et fatigué trouve un „choc des sty- genre d’opération, quelle élévation ou en- leries, l’étatisation de l’art, l’intervention- les“. Quant à être dérangeant, subversif, à richissement intellectuels, spirituels, mo- nisme et la récupération qu’elles impli- lever des tabous, comme le chantent les raux, elle est censée offrir en dépit du bat- quent, les options et les préférences des „colporteurs culturels“, il suffit d’alléguer tage médiatique et financier. Je croirais vo- commissaires, les partis pris idéologiques, le sextoy d’Anish Kapoor place endôme lontiers que les tribulations spéculatives n’ont-ils pas ce même caractère prescrip- ou son „Dirty Corner“ („c’est le vagin de du graffeur ne sont que la pointe émergée tif? Le champion du pop’art, Jeff Koons, a la reine qui prend le pouvoir“, déclare de l’iceberg. La disparition de l‘ uvre an- donc tout à fait raison, le kitch a gagné la sans rire l’artiste) dans les jardins mis à nonce la dématérialisation en cours. Plus partie et l’art contemporain, avant ex- mal de Le Nôtre, pour se persuader de d‘ uvres, seulement des postures. Plus de tinction des feux, n’est que l’art pompier l’inanité de telles provocations. Mais la réel, rien que des fantômes, voire des fan- de notre époque. isionnaire, c’est en palme revient, sans conteste, à la récente tômes de fantômes. Le pied de nez de 19 1 que, digne héritier de Marcel Du- affaire Banksy, à la vente aux enchères Banksy annonce la couleur et anticipe le champ, Piero Manzoni met en vente 90 chez Sotheby’s de „Girl with Balloon“, un spasme ultime du nihilisme. Mais il est en- bo tes de conserves contenant ses ex- papier peint à l’aérosol et à l’acrylique qui core un autre aspect significatif de l’esprit créments. Il les nomme „Merda d’Artista“. reproduit un graffiti de l’artiste. Une simp- du temps, à savoir l’abandon de toute Dans une vente aux enchères, en 2015, le reproduction qui s’est vendue 1200000 fonction critique et la reprise en mains des une bo te est adjugée à 202980 euros. Que euros et qui, au dernier coup de marteau, courants artistiques par des institutions l’art soit de la merde et que celle-ci vaille s’est autodétruite en fines lamelles, grâce à qui se font prescriptives. Le commissaire a son pesant d’or freudien vérifie on ne peut une broyeuse intégrée. remplacé le critique et l’historien de l’art, mieux l’analyse nietzschéenne du naufrage On a là d’un côté une reproduction, un les foires cuméniques la singularité créa- culturel et civilisationnel qu’il interprète acheteur aguerri dans la spéculation, des tive. dans le sens du nihilisme. On peut y ajou- marchands, des critiques d’art transformés Les grand-messes et l’institutionnalisation ter le triomphe du mauvais go t et le mé- en „médiateurs et courtiers“, comme les de l’art me font penser aux Salons du I- pris du beau. C’est pourquoi je m’en vou- désigne Fran ois Bourricaud, de l’autre un ème siècle, où s’exposait l’art officiel, drais, pour ne pas désespérer tout à fait, public en pâmoison devant tant d’esbrou- académique, grand public, qu’on a bientôt de ne pas citer Nicola Gardini qui dans sa fe. Le graffeur, dit-on, voulait ainsi dénon- étiqueté d’art pompier, comme a été pom- magnifique livraison, ive le latin, histoi- cer le marché de l’art et la spéculation. pier, dans le monde communiste, l’aber- res et beauté d’une langue inutile, écrit: „Going, going, gone“, s’est-il esclaffé pour rant réalisme socialiste prôné par Jdanov. „La beauté est le visage même de la liber- marquer sans doute le ridicule de l’adjudi- Il y a eu plus récemment une période, elle té,“ tandis que „la laideur, répandue dans cation de son uvre. Je ne sais cependant n’est peut-être pas close, où tout devait tous les aspects et les formes de la vie, y s’il a encaissé le chèque, car il para t que être estampillé d’européen, puis de mon- compris dans la nature“, est le propre des la vente a quand même été finalisée. On dialiste. La multiplication des institutions régimes totalitaires. Comme Stendhal, peut se demander de quelle expérience culturelles, sanctionnant soit-dit en pas- Nietzsche trouvait lui aussi que le beau est culturelle, si ce n’est artistique, relève ce sant la disparition du rôle joué par les ga- une promesse de bonheur.
Accent aigu N°173 Cinéma et société St ane i et le in a so ial Franck Colotte e dernier film en date de Stépha- bonheur. „Quelques heures de printemps“ ne Bri é, „En guerre“, nous inci- ( ), quant à lui, met en scène un cou- te à revenir sur les productions ple mère ( vette vrard, interprétée par cinématographiques du en Lo- élène incent) - fils (Alain, interprété ach français, à porter un regard par incent Lindon) contraint à une co- rétrospectif sur les films qui ont habitation forcée qui fait ressurgir toute la contribué à forger une marque de fabrique violence de leur relation passée : à sa sor- : un cinéma social, engagé, militant - qui tie de prison, Alain ( ans), un ex-routier fait souvent l’effet d’un uppercut médiati- bourru, retourne habiter che sa mère, que, mais aussi profondément ancré dans une vieille dame tatillonne atteinte d’un l’incitation à une réflexion de fond sur la cancer au cerveau. Pour eux, vivre ensem- condition humaine ainsi que sur les possi- ble, c’est l’horreur : dans ces derniers mois bles (indispensables ?) transformations de de vie, seront-ils enfin capables de faire notre société. un pas l’un vers l’autre ? Comme elle se sait malade et inguérissable, elle décide, à Le film dramatique et social „En guerre“ défaut d’avoir réussi sa vie, de ne pas rater (sorti en salle en mai ), coécrit, co- sa mort en la provoquant avant l’heure : le produit et réalisé par Stéphane Bri é, met jour J, elle se rend en Suisse o l’accueil- en scène la lutte menée par un syndicalis- lent des spécialistes du „suicide assisté“. te, joué par le talentueux incent Lindon Cette cérémonie funèbre est filmée à la (qui prouve une fois de plus qu’arrivé au fois avec pudeur et rigueur, en insistant sommet de son art, il est encore capable sur le regard du fils accompagnant cette d’étonner même un public de fidèles), mère mal-aimée, mal aimante, jusqu à la contre la fermeture d’une usine. Cette fres- fin qu’elle s’est choisie. que sociale, qui met en avant „les misérab- iche du dernier il Le sixième long-métrage de Stéphane Bri- les“ d’aujourd’hui (pour employer un vo- de t phane ri é, „La Loi du marché“ ( ), se focalise cabulaire hugolien), les petites gens, les sur Thierry, un homme de cinquante et un petites mains (expression qui résonne d’amour sans issue qui, dans les silences et ans, au chômage depuis des mois, à la fois moins noblement que dans le domaine de les regards, gagne en puissance. En s’inté- personnage principal et moteur essentiel la mode), prisonniers d’un système qui les ressant aux tourments du c ur des petites de l’action. Thierry est une sorte de „ a- esclavagise autant qu’il opprime, est une gens, Stéphane Bri é offre au cinéma fran- niel Blake“ (film de en Loach avec dans histoire vieille comme l’inégalité. Elle mé- çais l’une de ses plus belles histoires le rôle principal ave Johns, ) à la taphorise la violence symbolique et le mal- d’amour. Mais qui sont les protagonistes française : père et époux, il doit donc faire être identitaire d’une classe sociale victime de ce drame ordinaire ? Jean, un bon ma- tout son possible pour retrouver un em- de la loi d’airain et de la rentabilité. Qu’en çon, un bon fils, un bon père et un bon ploi, d’autant plus qu’il veut financer les est-il au demeurant des autres productions mari. Et dans son quotidien sans heurt, études de son fils. Or, entre les absurdités cinématographiques de Stéphane Bri é ? entre famille et travail, il croise la route de de Pôle Emploi et l’enfer des entretiens Né en , ce réalisateur, scénariste et Mademoiselle Chambon (Sandrine iber- d’embauche, il se retrouve éreinté par le acteur français, nommé deux fois au César lain, alias éronique), l’institutrice de son système. Il retrouve pourtant enfin un em- du meilleur réalisateur (et qui reçut par fils. Il est un homme de peu de mots, elle ploi : il devient agent de sécurité d’une ailleurs le César de la meilleure adaptation vient d’un monde différent : ils vont être grande surface, mais est contraint de sur- en pour „Mademoiselle Chambon“) dépassés par l’évidence des sentiments. veiller les clients, de les traquer. Cet em- forme avec incent Lindon un tandem qui Leur amour ne va néanmoins pas de soi : ploi le confronte quotidiennement à des a produit plusieurs longs métrages ayant Jean et éronique hésitent, oscillent au situations difficiles, qu’il a de plus en plus fait date dans l’histoire du cinéma fran- bord de l’abîme. L’incapacité de Jean à de mal à supporter. Pour garder son em- çais. Et qui permit à chaque membre d’en- s’exprimer est communicative, et la banali- ploi, peut-il tout accepter ? Comme l’a tre eux de s’affirmer et de trouver une pla- té, l’inanité presque, des échanges verbaux écrit Pierre Murat dans sa critique pour ce de choix dans le monde du septième entre les amoureux est à la fois déchirante Télérama, „La Loi du marché est un film art. Le duo Bri é-Lindon a d’abord été à et comique. Stéphane Bri é, à travers la sur ces humiliés et ces offensés. Sur un l’origine de „Mademoiselle Chambon“ peinture fine d’un milieu social, travaille système qui les pousse à s’humilier, qui ( ), un film d’une grande délicatesse sur la passion malheureuse et la répression s’autorise à les offenser. C’est un film de qui, tout en assumant parfaitement sa con- des sentiments tout en donnant systéma- combat. ne tragédie ordinaire“. dition de spectacle, s’approche au plus tiquement aux deux protagonistes l’im- Le dernier opus de Stéphane Bri é répond près de la vérité d’une magnifique histoire pression révoltante de passer à côté du au nom martial de „En guerre“ ( ) :
ccent aigu N°173 temps que celles du „système social“ qu’il dénonce. Dans les films de Stéphane Brizé, la chaleur des senti- ments et l’énergie extraordinaire que déploient les per- sonnages, même les plus écrasés, évite l’écueil d’un ciné- ma trop démonstra- tif (ou au service d’une idéologie po- litique), bien que toujours militant. La plupart de ses productions, dans lesquelles se conju- guent souvent un humour déconcer- tant et une implaca- ble analyse socio- politique, évoquent des situations con- temporaines à leurs Stéphane Brizé ( gauche) et Vincent Lindon ( droite) tournages : elles sont ainsi ancrées dans une réalité so- dans le cadre de la protestation des ou- L’essai d’Erika Thomas, „Ken Loach. Ci- cio-économique, dans des structures so- vriers de l’usine Perrin d’Agen contre l’an- néma et société“ (L’Harmattan, 2008), ciétales, une hiérarchie sociale familières nonce, par leur direction, de la fermeture analyse onze films du réalisateur britanni- aux spectateurs, qui peuvent par consé- prochaine, Laurent Amédéo ( incent Lin- que Ken Loach dans le but de de cerner le quent assez aisément s’identifier aux per- don), leader syndical à la tête de la contes- discours critique de ce cinéaste engagé sonnages et aux situations. Or, dans une tation, un homme ordinaire, est contraint qui, grâce à ses représentations cinémato- interview donnée au journal „Les Echos“ de se lever avec les siens contre plus puis- graphiques de l’engagement politique, de à l’occasion de la sortie de „I, Daniel Bla- sant que lui, et de devenir chef de guerre. la rencontre amoureuse, du monde du tra- ke“ (201 ), Ken Loach a déclaré : „Par le Placé sous l‘égide d’un aphorisme de vail et de l’univers familial, nous invite à cinéma, j’ai cherché à dire la vérité du pré- l‘écrivain allemand Bertolt Brecht („Celui prendre conscience non seulement des sent, à traduire la complexité de ce monde qui combat peut perdre, mais celui qui ne processus de construction et de décon- le plus simplement et le plus directement combat pas a déjà perdu“), ce film met en struction identitaire (vécus par les person- possible. ( ) Au fond, j‘étais porté par évidence la redoutable mécanique de thril- nages au c ur des conflits qu’ils traver- cette conviction : la meilleure fa on de ler social qui s’appuie sur les conflits, l’af- sent), de la fragilité de l’identité professi- s’impliquer dans son époque, c’est encore frontement (entre les grévistes et la directi- onnelle, la difficulté de l’acquérir et de la de se battre“. Ces mêmes paroles auraient on de l’usine) - ouvrant sans cesse de nou- préserver, mais encore (et peut-être sur- pu être prononcées par Stéphane Brizé, veaux fronts, entre les travailleurs et leurs tout) de l’existence d’univers familiaux op- qui développe, depuis une dizaine d’an- représentants, entre ces derniers et leurs pressifs et répressifs ainsi que de structures nées, une éthique de l’engagement consis- soutiens politiques, jusqu’au sein même sociales se caractérisant par un ensemble tant à promouvoir, par les actes, un cer- des représentants du personnel. Laurent- de procédures destinées à dresser, contrô- tain nombre de valeurs qui lui sont chères. Lindon, qui a troqué la moustache et le ler et punir les individus les plus vulnérab- Comme l’explique l’Encyclopaedia Uni- costume de l’agent de sécurité de „La Loi les. Un constat analogue pour être dressé versalis, „l’engagement peut être entendu du marché“ pour les attributs d’un syndi- pour les réalisations de Stéphane Brizé au sens de „conduite“ ou au sens d‘“acte caliste, incarne, dans ce récit du délite- dans la mesure où ce dernier développe de décision“, selon qu’il désigne un mode ment du combat social broyé par les dés- des thématiques similaires, pose les mê- d’existence dans et par lequel l’individu unions et l’impavidité goguenarde des mes questions dérangeantes mais essen- est impliqué activement dans le cours du puissants, la ligne inflexible d’un refus des tielles, dénonce les mêmes dérives et dys- monde, s‘éprouve responsable de ce qui tractations. À cela s’ajoute le fait que, ré- fonctionnements d’un monde où incom- arrive, ouvre un avenir à l’action, ou qu’il gulièrement, les logos des cha nes d’infor- municabilité entre les êtres et souffrances désigne un acte par lequel l’individu se lie mation reviennent pour scander les étapes au travail se conjuguent, au plus grand lui-même dans son être futur, à propos du conflit : la montée à Paris, les coups dam souvent des petites gens perdues en- soit de certaines démarches à accomplir, d‘éclat présentés comme des actes de van- tre aspirations personnelles et réalités af- soit d’une forme d’activité, soit même de dalisme, les fissures et l‘éclatement du fectives ou socio-économiques. „Stéphane sa propre vie“. Cette définition générale front syndical. L’héro sme sacrificiel qui Brizé. Cinéma et société“ reste à écrire. correspond pleinement au cinéma de Sté- constitue la fin déconcertante d’„En guer- Celui qui déclarait dans un récent entre- phane Brizé, qui s’inscrit avec force dans re“ (Laurent Amédéo s’immole devant tien „Je suis né en colère“, incarne un ci- une démarche de dénonciation de toutes l’usine) constitue le dernier acte d’une tra- néma social à la fran aise qui privilégie les formes de violence (symbolique) et de gédie humaine qui en dit long sur l’insou- une approche dialectique ne condamnant mal-être socio-identitaire, en d’autres ter- tenable politique du chiffre. pas les personnages, mais mettant en évi- mes de tout ce qui dégrade et pervertit la Le cinéma comme arme de combat dences leurs contradictions, en même condition humaine.
ccent aigu N°173 lles a t oder as Josiane Kartheiser enn die eigene kulturel- lau auf, wie diese bewusst und gezielt her- sich ernsthaft mit den von ihm vorge- le Aktivität sich vor al- beigef hrt und ausgebeutet wurde. Dabei brachten Argumenten und Beweisen aus- lem ums Lesen dreht, f hrt auch eine Spur in die eit der deut- einanderzusetzen. geh rt die Entdeckung schen Besetzung Griechenlands im wei- neuer Autoren und er- ten Weltkrieg und die Folgen der nicht zu- ffentlichungen ent- r ckgezahlten wangsanleihen Griechen- rumpiana scheidend zu dem, was man in der Jahres- lands. Direkten Aktualitätsbezug hat aber bilanz zur ckbehält. F r 2018 bedeutet auch der 8. Band „Die sch tzende Hand“, Doch auch politische Sachb cher k nnen das f r mich nicht das eine oder andere in dem es um die rechtsextreme Terror- spannend sein, wie es die neue US-Unter- belletristische Werk, sondern politische gruppe Nationalsozialistischer Untergrund gattung Trumpiana beweist. Hierbei geht Literatur bzw. Sachb cher. (NSU) geht, die in diesem Jahr wegen des es immer wieder um das tägliche und Schuld daran ist Wolfgang Schorlau, der Prozesses gegen die einzige berlebende nicht ungefährliche Chaos im Wei en u.a. auch eine Serie um den Privatermitt- des Trios, Beate schäpe, wieder in die Haus, die Unwissenheit und die Unfähig- ler Georg Dengler ver ffentlicht hat, der Schlagzeilen geriet. Hier ist der dokumen- keit des POTUS, den eigenen Narzissmus schon bei seinem 9. tarische vom politischen Tagesgeschehen zu tren- Fall war, als ich ihn Teil noch nen, die m glichen Auswirkungen seiner in „Der gro e Plan“ stärker Entscheidungen in ihrer ganzen Tragweite kennenlernte und ausgeprägt zu erfassen und nach anderen Kriterien zu sofort beschloss, als bei den regieren als den populistischen erspre- auch die brigen brigen, chen seiner Wahlkampagne. Hinzu kom- Bände zu lesen. u.a. durch men die weitgehende politische Unerfah- Denn Schorlaus Po- den der renheit seiner sich abl senden Berater litkrimis sind keine Taschen- und der enorme tägliche Aufwand, um zu gängigen Span- buchaus- verhindern, dass er total ber die Stränge nungsromane, son- gabe von schlägt und reelle Katastrophen provo- dern als solche ver- 2017 bei- ziert. Inzwischen ist durch die diesjähri- kleidete Recherchen gef gten gen er ffentlichungen eine solche F lle zu Ereignissen der Anhang an Insider-Einzelheiten bekannt, dass der neuen deutschen von Schor- Leser das Gef hl hat, sich ein ziemlich gu- Geschichte, ber die lau und tes Bild machen zu k nnen (was keines- Politiker, Geheim- Ekkehard wegs beruhigend ist) und doch immer wie- dienste und sonsti- Sieker, mit der auf neue Details st t, die f r jeden gen blichen er- reellen rational denkenden Menschen unverein- dächtigen der f- Dokumen- bar sind mit der Macht und Position des fentlichkeit die ten und POTUS. Auch bei der rezentesten er f- Wahrheit vorzuent- Unterla- fentlichung, Bob Woodwards „Fear“, halten versuchen. gen, die berrascht man sich dabei, dass man die Wichtiger als das zeigen, Geschehnisse fast liest wie Fiktion. Nur Spannungsmoment dass der dass kein Autor der Welt einen Hauptpro- ist daher der doku- Tod von tagonisten wie Trump erfinden w rde, mentarische Aspekt, Uwe dass die Realität auch hier die Fiktion bei auch wenn ersterer Mundlos weitem bertrifft. Wobei die Themen ja Schorlau gr ere und Uwe bekannt sind, auch wenn es schockierend Freiheit gibt, weil es B hnhardt ist, in „Fear“ zu lesen, dass Trumps Bera- sich ja, offiziell, um sich nicht ter sogar heimlich Papiere von seinem Fiktion handelt. so zugetra- Schreibtisch verschwinden lassen, damit Das unterstreicht gen haben er nicht berst rzt Direktiven mit verhee- Schorlau denn auch in dem auf jeden Ro- kann, wie es die Beh rden der ffentlich- renden Auswirkungen unterschreibt. Inte- man folgenden Nachwort unter dem Mot- keit zu verkaufen versuchten. Schorlau ressant ist in Woodwards Fall auch, dass to „Finden und Erfinden“, in dem er fest- bem ht sich, detailliert zu rekonstruieren, er seine Quellen zwar anonym lässt, es je- hält, dass die Protagonisten, mit Ausnah- „was tatsächlich geschah und was insze- doch durch die Art, wie er sein Material me der Personen der eitgeschichte, er- niert, erfunden und zerst rt wurde ... Es bearbeitet hat, m glich macht, die wich- funden sind. Aber es geht nat rlich genau ist nur eine Erzählung“, meint er, „aber tigsten von ihnen zu identifizieren. Der Ti- um diese Personen der eitgeschichte und ich halte sie nach allem, was ich heute tel „Fear“ gr ndet brigens auf dem die mit ihnen verbundenen Fakten, die der wei , f r deutlich realitätst chtiger als die Trump- itat „Real power is I don’t even Autor gr ndlich recherchiert hat und auf offiziellen Bekundungen.“ Es liegt auf der want to use the word fear.“ Da bleibt ei- eine andere als die offizielle Lesart zusam- Hand, dass einem wie Schorlau der or- nem nur der Trost, dass wir inzwischen menbringt. In „Der gro e Plan“, wo er die wurf des erschw rungstheoretikers nicht schon die halbe Mandatszeit berstanden Griechenlandkrise behandelt, zeigt Schor- erspart bleibt, ist das doch einfacher als haben.
ccent aigu N°173 E nnovative rt iana hite here are taught at a girls‘ school and many gifts Clifford in the art depart- one can be ment of the technical col- born with, lege. but one in The Bath blitz of 1942 particular changed their lives. Clifford seems to me especially became an air-raid warden wonderful for those and Rosemary’s school mo- possessing it: the abili- ved a safe distance away to ty to draw. Being able the Marquis of Bath’s to bring out paper and home, Longleat. Harrowing pencil and record though the times were, the what you want to re- Blitz gave the couple their member must rank long-awaited chance to be- amongst the most for- come autonomous. Wor- tunate of talents. I, king from various venues in alas, have no such and around the city, inclu- gift, most five year ding the home of the pain- olds are better than ter Walter Sickert, they per- me. suaded men like Nicholas Before photography Edward Bawden: „Pier Front“ (1958) Pevsner, author of that bi- and the Box Brownie ble of architecture, „Buil- camera became popu- dings of England“, Kenneth lar, travellers of the past recorded their ex- but danger haunted him as well. Bawden Clark, whose late-sixties T series on art periences in journals and I have such a re- was a casualty of the troopship Laconia, and architecture „Civilisation“ made com- cord from the 1900s. The woman who torpedoed off the African coast. He drifted pulsive viewing, and John Piper, famous sketched her Isle of Wight holiday may for five days in a lifeboat before being res- for his stained-glass designs, to give talks only have been an amateur, but her draw- cued and imprisoned in ichy France. Af- to the students as part of the school’s ings are competent, and in spite of every- ter his release, he continued chronicling broad-based learning programme. They fi- thing that could have befallen her journal, the war in Jeddah and Europe before re- nally set up independently in Corsham it has survived: I’m not the only one who turning to the UK in 1945. Now he could Court, just outside Bath, offering a two-ye- appreciates the efforts of amateurs. work on the art he loved. His vibrant witty ar teacher-training course. With art as the My grandfather was an artist, my father designs for advertising posters show his starting point, students were encouraged could draw, as can my four daughters, but extraordinary talent; and designs were to question and discover wider aspects of it’s my mother’s work, mostly done during commissioned by public bodies, industry, life, all the time utilising their talents in the 1930s, which catches the eye. Her de- banks and publishing-houses. He provi- everything from puppetry and caring for signs for materials and wallpaper, fre- ded murals for the 1951 Festival of Bri- an animal, to ceramics. This innovative quently printed from woodcuts, were part tain, a foot ferry on the river Lea and the approach to learning included working of a movement following Art Deco. I still reconstructed Morley College on Lon- with children with educational difficulties. have some of her work which is as dyna- don’s South Bank. Bawden turned his The Ellises believed that if failing pupils mic and innovative today as it was then. hand to everything, from book covers and were allowed to work outside the normal Which is why on a summer visit to Lon- illustrations, to Christmas advertisements curriculum they could develop in their don, I went to see the excellent exhibition for the upmarket food-store Fortnum own way and at their own pace a con- at Dulwich Picture Gallery of the works of Mason, his sense of humour and love of cept today’s schools could usefully adopt. Edward Bawden (1903-1989), one of a the natural world shining through all he Like Bawden, the Ellises also recorded the number of artists producing work during did. The Dulwich exhibition did him full war. Clifford’s drawings of the exquisite the 1930s and 40s which is once more at- justice. wrought-iron work threatened with being tracting attention with its colourful bold It was coincidental, or perhaps collective melted down to make weapons saved designs and sense of humour. thinking, that my local gallery mounted an much of it; and Rosemary’s watercolours Bawden was a prolific artist. His distin- exhibition on the work of two other artists of Bath serve as a poignant reminder of guished career saw him involved in every- working in a similar genre at the same ti- the appalling devastation visited on the ci- thing from teaching to recording World me. Clifford and Rosemary Ellis began ty. They were living amidst chaos but still War 2 as an official war artist. From the their careers in London, producing posters managed to continue painting a world evacuation of Dunkirk to the army in for London Transport, the Empire Marke- outside it, producing their own, exciting North Africa, he drew and painted the ting Board and commercial companies li- and positive art to remind a besieged conflict and the people caught up in it in ke Shell. But Clifford’s passion for mo- country that the natural world and a sense horrifying detail. dern art wasn’t welcomed in the school of humour made life still worth living. A This soul-destroying commission alone where he was teaching, so in 193 the reminder for us all that in turbulent times, would have been enough for most people, couple moved to Bath, where Rosemary art can still provide inspiration and solace.
u i ue N°173 ie i li ist die i li eit r er S olch eine Er ffnung hat es bei schichte Europas - mit kirchentonalen n chst einmal raut und R ben vor sich - den Luxemburger „rainy Einschl gen in der moll-ges ttigten ar- ein Foto mit bunter em se-Auslage. In days“ noch nicht gegeben. Es monik, in der iederholungs-Rhythmik diesem ugleich ppigen und unkonven- aren nicht die avantgardisti- und -Melodik mit Ankl ngen an die „Ars tionellen Titelbild irkt der Schrift ug mit sche Spe ialensembles, die im antiqua“ des . Jahrhunderts, die ahlrei- dem diesj hrigen Motto „get real“ einiger- ro en Saal des on erthau- chen, unge hnlichen Percussions-Instru- ma en unauff llig. abei ber hrt das ses die B hne beset ten, es ar mit den mente, die mehr eltmusikalisch und e- Motto eine Thematik von gr ter Aktuali- „Einst r enden Neubauten“ eine deutsche niger klassisch-europ isch sind. nd t t. ie l sst sich Neue Musik anbinden ultband, deren massive B sse und viel- selbstverst ndlich meiden Blixa Bargeld an den akustischen Alltag? ie lassen f ltige Percussions-Instrumente nicht Spe- und seine Mannen alle Formeln ent i- sich experimentelle l nge integrieren in kulation und Reflexion ausl ste, mgebungsger usche. nd sondern unreflektierte Begeiste- as l sst sich von allt gli- rung chen Eindr cken musika- abei hatte genau diese Er ff- lisch verarbeiten? ie „rainy nung reichlich Poten ial u Re- days“ haben da u keine defi- flexion - nicht ulet t ber das nitive L sung parat, aber ei- diesj hrige Motto „get real“, des- ne iel ahl von Anregungen. sen philosophische Aspekte das on eptidee ar es - itat: umfangreiche Programmheft aus- „die irklichkeit in der eit- f hrlich ur Sprache brachte. Im gen ssischen Musik u er- ausladenden Schlag erk-Appa- kunden“. Neue Musik so rat der „Neubauten“, in den me- l sst sich der Einf hrungstext lodischen, rhythmischen und im Programm verstehen harmonischen Strukturen, die soll ausgreifen auf die Reali- diese Formation kultiviert, mani- t t und umgekehrt die Reali- festiert sich nicht ulet t die Fra- t t ahrnehmen und in Mu- ge nach den intergr nden des sik berset en. a ar der scheinbar unreflektiert egebe- Start mit den „Einst r enden nen. F r alle, die im vollbeset - Neubauten“ programm- ten Saal schon nach dem ersten atisch. rei Tage sp ter St ck lautstark jubelten, sind die nahm das „Ensemble Reso- „Neubauten“ in ihrer enormen nan “ unter Emilio Pomarico Pr sen pure egen art. abei mit Jan ceks „Tagebuch ei- steht genau das in Frage: ie ge- nes erschollenen“ und den gen rtig ist die egen art, die „Migrants“ von eorges die „Neubauten“ besch ren? Aperghis historische und ak- nd eiter gedacht: ie irklich tuelle Fl chtlings-Situatio- ist die irklichkeit, die sich in nen ins isier und ar damit ihrer Musik spiegelt? nd brennend aktuell. schlie lich: ie viel hat das on der Er ffnung am . eifellos moderne Lebensge- as i ti a uartett i a er usi saal der hilhar nie November bis um abschlie- f hl, das die „Neubauten“ auf ih- © hilhar nie enden „bal contemporain“ re drastische Art kultivieren mit am . November reihten der aktuellen Realit t u tun? sich eranstaltungen, as aren Themen, denen sich die Mann- ckelter Tonalit t und erset en die durch manche davon mehrteilig. Insgesamt schaft um die Chefdramaturgin Lydia Ril- modale (kirchentonale) endungen. Nur ompositionen urden uraufgef hrt. a- ling stellte. eins bei ihnen ist durchaus ahistorisch: die bei kamen vor allem die omponisten aus ie Spurensuche nach der Realit t in der Bassge alt und die immense Lautst rke. der j ngeren eneration um uge und Musik konnte bereits bei der historischen berhaupt hatte das diesj hrige Neue-Mu- die omponistinnen ebenfalls. So stellte und sthetischen Einordnung der „Neu- sik-Festival f r den Beobachter einige das „ iotima-Quartett“ ei neue om- bauten“ beginnen. eifellos reflektiert berraschungen parat. Man er artet eine positionen von Rebecca Saunders ( ) diese Band auch et as von der Musikge- Pr sentation Neuer Musik und hat u- und Sivan Eldar ( ) vor - entrum ei-
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