Virus émergents Comment garder le contrôle ? - BPCO - Académie d'Amiens
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N°17 l novembre-décembre 2013 Prix Inserm Don d’organes BPCO Le magazine de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale Les lauréats 2013 Comment changer la donne ? À la recherche d’un second souffle Virus émergents Comment garder le contrôle ?
Sras, grippe aviaire, H5N1, SOMMAIRE ©©François guénet/inserm ou encore coronavirus ➜ à la une ces noms résonnent 4 BPCO À la recherche d'un second souffle depuis une dizaine d’années dans les médias, avec ➜ Découvertes des titres qui sonneraient presque 6 Infarctus du myocarde Agir sur le système immunitaire le glas de l’humanité. Réelle menace 8 R éparation musculaire ou dramatisation médiatique ? Le double jeu des macrophages Quoi qu’il en soit, les pandémies 10 Immunogénétique Des souris et des hommes… Et leurs gènes prédites n’ont pour le moment pas eu lieu, même si la prudence reste de mise ➜ Têtes chercheuses 14 Prix Inserm 2013 Le sens de la recherche selon les spécialistes. Dès les premiers cas, les chercheurs ➜ REGARDS SUR Le MONDE et les autorités sanitaires ont, en effet, 19 Neurosciences Une télécommande cérébrale décidé de prendre les devants et de ➜ Cliniquement vôtre s’atteler à l’étude et à la surveillance de 20 Sclérose en plaques ces virus qualifiés d’émergents. Leur plus Une révolution thérapeutique 22 Tests génétiques grande peur ? Qu’un jour l’un d’entre eux Une checklist pour un meilleur suivi mute et devienne capable de se propager à toute la population, sans que l’on ➜ Grand Angle puisse sauver les patients, ni même les 24 Virus émergents traiter. Pour éviter une telle catastrophe, Comment garder le contrôle ? les laboratoires de l’Inserm, de l’Institut Pasteur ou encore du CNRS sont sur ➜ Médecine générale 36 Maladies chroniques tous les fronts : identifier ces nouveaux Leurs racines plongent dans l’enfance virus, connaître leur origine, évaluer leur dangerosité, déployer des réseaux de ➜ Entreprendre 40 Valorisation surveillance à grande échelle, maintenir Les critères du succès opérationnelles des plateformes et des capacités de recherche, mettre au point ➜ Opinions 42 Dons et greffes d’organes des tests diagnostiques rapides, trouver Comment changer la donne ? des traitements ou des moyens ➜ Stratégies de prévention efficaces. Objectif : garder 44 M édecine personnalisée le contrôle ! Aviesan présente sa stratégie à l’Europe Le dossier de ce numéro de 45 Handicap L’Inserm impliqué ! Science&Santé explore ces différents plans de lutte, avec la vigilance ➜ Bloc-Notes 46 L a recherche de l’art#2 en fil rouge. 48 Thomas Tursz - La nouvelle médecine du cancer Yann Cornillier Rédacteur en chef novembre - décembre 2013 ● N° 17 ● ● 3
➜ à la une • Découvertes • Têtes chercheuses • regards sur le monde • Cliniquement vôtre • Grand Angle • Médecine générale • Entreprendre • Opinions • Stratégies • Bloc-Notes bronches dues à l’inhalation La mesure du débit respiratoire permet chronique de composants de dépister la BPCO. toxiques qui « déclenche une réponse immunitaire mobilisant différents types cellulaires : macrophages, neutrophiles ou encore lymphocytes. Ceux-ci libèrent alors une myriade de médiateurs inflammatoires : cytokines, protéases », explique Jorge Boczkowski * de l’Institut Mondor de Créteil. Cette inflammation entraîne une modification struc- turelle irréversible de l’appareil respiratoire dénommée ©©Patrick ALLARD/REA « remodelage bronchique ». « Au niveau des bronches, il se caractérise notamment par une fibrose péribronchique. BPCO Les tissus deviennent cicatriciels, ce qui se traduit par un épaississement de la paroi des petites voies aériennes, détaille Michel Aubier. En parallèle, le muscle lisse qui aide à la À la recherche circulation de l’air dans les bronches augmente de volume. » Ces deux phénomènes provoquent un r étrécissement du calibre des bronches, d’où la difficulté à respirer. Ce remodelage a aussi des répercussions sur les c ellules d’un second souffle épithéliales qui tapissent la paroi des bronches. « Une partie d’entre elles se mettent à sécréter du mucus visqueux en excès, poursuit Michel Aubier, et les c ellules ciliées, chargées de filtrer les particules et de ramener “ Comprendre Selon l’OMS, la broncho-pneumopathie chronique le mucus vers le larynx, ne les mécanismes obstructive (BPCO) sera, en 2030, la 3e cause jouent plus leur rôle. » Seules physiologiques de mortalité dans le monde. Sans plus attendre, des expectorations peuvent est essentiel pour la recherche s’investit pour mieux comprendre les dégager les bronches. Lorsqu’elles deviennent identifier de mécanismes à l’origine de cette maladie et trouver quotidiennes, on parle alors nouvelles voies de nouveaux traitements. Une Journée mondiale de bronchite chronique - thérapeutiques„ lui est consacrée, le moment de faire le point. ou « toux du fumeur » -, un des premiers signes révélateurs de BPCO. C’est notamment sur ces anomalies épithéliales que travaille l’équipe de Michel Aubier. Elle a montré que certaines B PCO. Derrière ce sigle se cache une maladie protéines libérées lors de l’inflammation, dénommées méconnue et sous-diagnostiquée qui touche HMGB1 pour High-mobility group protein B1, se trouvent pourtant près de 3,5 millions de Français. Causée en plus grande quantité dans les bronches des fumeurs ☛☛Michel Aubier : unité 700 Inserm- par l’inhalation de particules toxiques, la broncho- souffrant de BPCO. En interagissant avec c ertains Université Paris Diderot-Paris 7, pneumopathie chronique obstructive se manifeste équipe Mécanisme du remodelage bronchique dans l’asthme sévère d’abord par une toux expectorante et un e ssoufflement et la BPCO, CIC Bichat à l’effort. Non traités, ces symptômes empirent jusqu’à ☛☛Jorge Boczkowski : unité 955 Inserm- Université Paris-Est-Créteil-Val-de- l’insuffisance respiratoire, voire jusqu’au décès. Marne, Institut Mondor de recherche Près de 16 000 personnes en meurent ainsi chaque biomédicale, équipe Physiopathologie de la BPCO et d’autres conséquences année en France. Or, il n’existe que des traitements respiratoires de l’inhalation de particules symptomatiques prescrits selon la gravité de l’obs- de l’environnement truction bronchique (voir e ncadré). « Comprendre ☛ ☛Vincent Lagente : unité 991 Inserm- Université de Rennes 1, les mécanismes physiopathologiques à l’origine de la Foie, métabolismes et cancer maladie est donc e ssentiel pour identifier de nouvelles ☛ ☛Patrick Berger : unité 1045 Inserm - Université de Bordeaux, équipe voies thérapeutiques », assure Michel Aubier *, de ©©Frederic MAIGROT/REA Remodelage Bronchique l’université Paris-Diderot. N. Ferhani et al. American Journal of Le responsable de plus de 80 % des cas de BPCO est bien Respiratory and Critical Care Medicine, 1er mai 2010 ; 181 (9) : 917-27 connu : le tabagisme. Les autres patients développent M. Dagouassat et al. American Journal of généralement la maladie suite à une exposition à des Respiratory and Critical Care Medicine, poussières ou des polluants dans certains métiers liés à 1er avril 2013 ; 187 (7) : 703-14 S. Molet et al. Inflammation Research, l’agriculture, au bâtiment ou encore à l’industrie minière. 1er janvier 2005 ; 54 (1) : 31-36 Tous ont en commun une inflammation majeure des Principal responsable : le tabagisme 4● ● N° 17 ● Novembre - décembre 2013
à la une ➜ La BPCO, cela se soigne ? Non. Les traitements ne s’attaquent malheureusement qu’aux symptômes en fonction de sa gravité. La Haute Autorité de santé (HAS) a défini quatre stades - léger, modéré, sévère et très sévère - en fonction des capacités et volumes pulmonaires des patients. La première mesure à prendre est d’éviter les composés toxiques responsables de l’inflammation bronchique. « Ce qui, dans la plupart des cas, signifie l’arrêt du tabac », insiste Patrick Berger. À partir du stade modéré (-20 % de la capacité respiratoire), une réhabilitation à l’effort doit être effectuée ©©DR TONY BRAIN/SPL/PHANIE pour réapprendre à respirer et casser ©©JOHN BAVOSI/SPL/PHANIE Mucus bronchique le cercle vicieux du déconditionnement musculaire. Au niveau de la pharmacopée, des bronchodilatateurs peuvent être prescrits avec une durée d’action plus ou moins longue suivant la gravité de l’obstruction bronchique. Les patients les plus critiques, atteints d’insuffisance respiratoire chronique, doivent L’emphysème provoque une augmentation du volume des alvéoles pulmonaires suivre une oxygénothérapie jusqu’à dix-huit Bronchiole heures par jour. Près de 100 000 Français (à gauche schéma d’alvéoles et d’une bronchiole), pouvant aboutir à la rupture vivent sous assistance respiratoire à domicile. de leur paroi. m é d i a t e u r s , de Jorge Boczkowski et Alvéoles comme l’inter leurs c ollaborateurs ont ©©Phototake /Garbera/BSIP leukine I L-1ß, récemment montré que ces protéines c ontribueraient à maintenir l’inflam certains d’entre eux, les mation et donc à accentuer le remodelage bronchique. prostaglandines PGE2, Si elle finit par affecter les alvéoles pulmonaires, ces perpétuent, voire ampli- La ventilation petites poches situées au bout des bronchioles (L), où fient la sénescence des respiratoire est un des s’effectuent les échanges gazeux entre l’air et le sang, un fibroblastes, ces cellules traitements de la BPCO. « emphysème pulmonaire » peut apparaître. « Les parois du tissu conjonctif qui en entre les alvéoles sont détruites par l’activité de protéases, synthétisent les princi- libérées par le système immunitaire suite à l’inflammation. paux constituants (fibres et c ollagène). Et cela accentue Ces enzymes ne sont plus inhibées par les mécanismes l’inflammation des alvéoles et in fine leur destruction. Bronchioles censés les contrôler. On parle de déséquilibre protéases/ Cibler les médiateurs de l’inflammation est donc Petites branches des voies L anti-protéases », explique Jorge une des voies de traitement les plus respiratoires de moins Boczkowski. Parmi elles, on trouve prometteuses. « Il existe des pistes d’un millimètre de diamètre, notamment des métalloprotéinases “ Le but est de trouver en développement qui v iseraient situées dans le prolongement des bronches matricielles (L), comme la MMP- 12. un bloqueur général de certaines des cytokines impliquées Vincent Lagente *, de l’université l’inflammation „ dans la réponse immunitaire comme de Rennes 1, et ses collaborateurs ont montré qu’elle est présente en plus grand nombre dans indique Patrick B les interleukines ou les chimiokines, erger *, pneumologue au Centre Métalloprotéinases matricielles L les poumons des patients. Sans parois alvéolaires, des de recherche cardiothoracique de Bordeaux, dont c’est Enzymes de type protéases, bulles d’air restent prisonnières des poumons, ce qui l’objet de ses travaux. Le but ultime étant de trouver un qui hydrolysent les protéines entraîne une réduction de la surface disponible pour bloqueur général de l’inflammation de la BPCO. » et modifient la matrice absorber l’oxygène. D’où un e ssoufflement, d’abord à La recherche a donc fait et continue de faire de grands extracellulaire dans laquelle nos cellules sont liées. l’effort, puis au repos si rien n’est fait. progrès dans la compréhension des mécanismes et de Suite à l’inflammation, les cellules alvéolaires leurs interactions, et de nouvelles cibles thérapeutiques subissent également une sénescence (L) accélérée. ont été mises au jour. Avec l’espoir d’obtenir prochaine- Sénescence Elles d eviennent métaboliquement inactives tout en ment un traitement efficace. En attendant, les patients Vieillissement naturel des L libérant de nouveaux médiateurs chimiques. L’équipe retiennent leur souffle. n Simon Pierrefixe cellules et des organismes novembre - décembre 2013 ● N° 17 ● ● 5
• à la une ➜ découvertes • Têtes chercheuses • regards sur le monde • Cliniquement vôtre • Grand Angle • Médecine générale • Entreprendre • Opinions • Stratégies • Bloc-Notes Infarctus du myocarde Agir sur le système immunitaire Nouvelle piste thérapeutique dans le traitement de l’infarctus : neutraliser les lymphocytes B lors de la réponse inflammatoire devrait permettre de minimiser les lésions et d’améliorer la survie des patients. L es maladies ischémiques – ©©jean-Sébastione silvestre - Unité 970 Inserm qui entraînent une diminution de l’oxygénation d’un tissu – demeurent une cause de morbi PBS a-CD20 dité et de mortalité importante dans les pays développés, malgré l’amélioration des prises en charge médicamenteuses LAthérome et chirurgicales. Parmi elles, l’infarc- L’administration d’un anticorps qui neutralise les lymphocytes B (à droite) diminue la taille de la zone infarcie (bleu turquoise) après un infarctus Épaississement progressif de la paroi des artères par tus du myocarde du myocarde chez la souris. dépôt de plaques de graisse touche à lui seul 120 000 personnes chaque année en France. Il survient qui attirent sur les lieux des monocytes – les éboueurs du LStaire ystème immuni- adaptatif lorsque le cœur a été privé d’oxygène, quand l’une système immunitaire – ce qui aggrave encore les l ésions. des artères qui l’irriguent est obstruée par un caillot « Cet effet repose sur la capacité des lymphocytes B à libérer Lymphocytes T et B, sanguin ou par une plaque d’athérome (L) érodée ou une protéine, la chimiokine CCL7, qui facilite la mobilisation à l’origine de la détachée. Des cellules musculaires qui permettent la des monocytes de la moelle osseuse vers le sang et ainsi leur réponse immunitaire contraction meurent alors – le cœur est dit « infarci » – infiltration délétère dans le tissu cardiaque », précise Jean- spécifique, fondée sur la reconnaissance des ce qui oblige le tissu cardiaque sain restant à subir une Sébastien Silvestre. « La compréhension fine et complète des antigènes de l’élément profonde réorganisation, non sans interactions entre les différents acteurs étranger risque. Ce r emodelage est dit « hyper “ Les lymphocytes B de la réaction immuno-inflammatoire trophique » : le cœur se dilate au libèrent une protéine qui et les principales atteintes tissulaires du LAnticorps point de provoquer une insuffisance permet une infiltration cardiaque congestive, il ne pompe délétère des monocytes cœur infarci constitue un enjeu théra- peutique majeur et pourrait amener au Protéine capable de reconnaître une autre plus efficacement le sang et ne peut plus assurer un débit suffisant pour dans le tissu cardiaque „ développement de nouvelles approches pour le traitement des patients présen- molécule, et seulement celle-ci satisfaire les besoins de l’organisme. On sait que le tant un infarctus du myocarde », ajoute-t-il. système i mmunitaire est impliqué dans les mécanismes D’ailleurs, en administrant un anticorps (L) qui LLymphome moléculaires et cellulaires à l’œuvre dans ce remodelage neutralise les lymphocytes B, les chercheurs ont réussi post-infarctus, mais son a ction est encore mal connue. à réduire la taille de l’infarctus et améliorer la fonction Cancer du système C’est cette piste qu’explorent les équipes de Ziad M allat cardiaque chez la souris. Chez l’homme, de tels anti- lymphatique qui et Jean-Sébastien Silvestre * au Paris-Centre de corps, comme le rituximab ou le bélimumab, sont se développe aux dépens de lymphocytes. recherche cardiovasculaire, au sein de l’hôpital européen déjà utilisés dans le traitement de certaines affections Georges-Pompidou, à partir de modèles expérimentaux auto-immunes ou de lymphomes (L). « Il semble ainsi d’infarctus du myocarde chez la souris. particulièrement intéressant de tester leur efficacité dans le traitement des patients », s’enthousiasme le chercheur. Les ☛☛Ziad Mallat et Jean-Sébastien Neutraliser les lymphocytes B équipes de Ziad Mallat et Jean-Sébastien Silvestre vont Silvestre : unité 970 Inserm - Les chercheurs sont parvenus à montrer comment le d’ailleurs p rochainement débuter un essai clinique pour Université Paris-Descartes, PARCC système immunitaire adaptatif (L) est impliqué dans en é valuer les effets chez l’homme. n Hélène Perrin Y. Zougarri et al. Nature Medicine, le remodelage cardiaque. Après un infarctus, le tissu cardiaque endommagé est infiltré par des lymphocytes B, 8 www.parcc.inserm.fr septembre 2013 (en ligne) doi:10.1038/nm.3284 6● ● N° 17 ● Novembre - décembre 2013
➜ découvertes Cerveau Immunité Les cohésines se dévoilent Maturation en bandes organisées À chaque infection, le corps Claudepierre * et Ebe 5e jour 7e jour Adulte produit des anticorps ou Schiavo *, de l’équipe immunoglobulines (Ig) de Biologie moléculaire pour lutter contre les des lymphocytes B dirigée agents infectieux entrants. par Bernardo Reina San Ils se répartissent en Martin *, à l’IGBMC, cinq classes : IgM, IgD, se sont intéressés aux ©©Isabelle Arnoux, Etienne Audinat/U603 Inserm IgG, IgA et IgE. Mais au protéines qui s’associent départ, seules les formes à AID. Ils ont montré que IgM et IgD sont produites les cohésines, dont le rôle par les lymphocytes B ; dans la réparation de l’ADN Observation en microscopie confocale les autres le sont après est connu, interagissent un premier contact avec avec la protéine AID. 5e jour 7e jour Adulte un pathogène. Pour les Preuve est faite aussi produire, il est nécessaire qu’elles participent au de rapprocher des régions rapprochement des régions d’ADN qui sont éloignées, d’ADN et à leur réparation les casser, puis les réparer. et qu’elles se révèlent Ce processus, dit de essentielles au processus commutation isotypique, se de commutation isotypique Reconstruction 3D de cellules isolées réalise notamment grâce et donc à la défense de à la protéine nommée l’organisme. F. B. Un corps cellulaire modifications des changements Activation Induced Cytidine ☛ ☛Anne-Sophie Thomas-Claudepierre, qui se réduit, des morphologiques durant de formes observés Deaminase (AID), qui induit Ebe Schiavo et Bernardo Reina San Martin : unité 964 Inserm/UMR 1704 prolongements les premiers jours et de l’expression de des dommages à l’ADN. qui se développent… de la vie postnatale, plusieurs protéines. CNRS - Université de Strasbourg Pour décrypter la régulation A.-S. Thomas-Claudepierre et al. The Journal Les cellules comme l’illustrent Notamment, la précise de ce processus, Anne-Sophie Thomas- of Experimental Medicine, octobre 2013 microgliales du ces images au 5e jour, sous-unité du canal (en ligne) doi : 10.1084/jem.20130166 système nerveux au 7e et à l’âge adulte. potassique Kv1.3, central des souris Ces observations, qui pourrait être en DMLA subissent des notées par Isabelle Arnoux *, étudiante cause dans la migration de ces cellules, Le monocyte inflammatoire en thèse dans l’équipe et des récepteurs LCsensoriel ortex somato d’Étienne Audinat *, font suite à de premiers qui participent aux phénomènes de Partie du cerveau qui travaux de ces chimiotaxie (L) et chercheurs. de phagocytose (L) ©©Florian Sennlaub/Inserm traite les informations relatives au toucher. Ils avaient, en effet, en jeu dans ce déjà prouvé que ces processus. Détection, LChimiotaxie cellules, impliquées dans l’immunité du migration, destruction : la maturation a Mouvement d’une cellule en réponse à un stimulus système nerveux, un véritable plan chimique influençaient l’étape d’attaque. F. B. de maturation des Coupe de rétine d’un donneur sain (à gauche), d’un patient atteint de DMLA LPhagocytose synapses du cortex somatosensoriel (L). ☛ ☛Isabelle Arnoux, Étienne Audinat : unité 603 Inserm/CNRS – Université Paris-Descartes, Neurophysiologie, Capture, ingestion et nouvelles microscopies (à droite) où les monocytes inflammatoires destruction de particules Ils montrent aujourd’hui I. Arnoux et al. GLIA, octobre 2013 ; (flèches) infiltrent la lésion et la rétine. ou micro-organismes qu’elle s’accompagne 61 (10) : 1582-95 Première cause de cécité dans le monde industriel, la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) existe dans deux formes cliniques : n éovasculaire et atro- phique. Celle-ci est caractérisée par une lésion bien monocytes (L) inflammatoires, exprimant fortement le récepteur CCR2 de cette chimiokine, sont recrutés LChimiokine délimitée des photorécepteurs qui s’étend et détruit de la circulation vers la lésion atrophique. Les auteurs Petite protéine fonctionnant la vision centrale. Ses mécanismes biologiques sont ont ainsi démontré chez des souris que ces monocytes par attraction chimique mal compris. Si des progrès considérables ont été inflammatoires sont toxiques pour les photorécep- capable d’activer les cellules accomplis pour traiter la forme néovasculaire, il teurs et que l’inhibition de leur recrutement stoppe du système immunitaire n’existe a ctuellement aucun traitement efficace pour la dégénérescence. Bloquer l’interaction entre CCL2 stopper la lente expansion de l’atrophie dans l’autre forme. Les travaux conduits en collaboration par le et les monocytes exprimant CCR2 pourrait constituer une voie p rometteuse pour e mpêcher l’inflammation LMonocyte laboratoire de Florian Sennlaub *, à l’Institut de la chronique sous la rétine dans la DMLA atrophique.C. G. Type de globule blanc vision, et celui de Christophe C ombadière *, de l’uni- capable de capturer, ingérer té Immunité et infection, viennent de démontrer que le ☛ ☛Florian Sennlaub : unité 968 Inserm - Université Pierre-et-Marie-Curie et détruire des particules ou ☛ ☛Christophe Combadière : unité 945 Inserm - Université Pierre-et-Marie-Curie des micro-organismes taux de la chimiokine (L) CCL2 est élevé dans les yeux F. Sennlaub et C. Auvynet et al. EMBO Mol Med, 21 octobre 2013 (en ligne) des patients atteints d’une DMLA atrophique et que des doi : 10.1002/emmm.201302692 novembre - décembre 2013 ● N° 17 ● ● 7
➜ découvertes •• •• REparation musculaire Le double jeu des macrophages Premières défenses de l’organisme en cas d’infection, les macrophages de notre système immunitaire pèseraient sur la régénération des fibres musculaires, après un traumatisme. Comment ? En déclenchant puis en stoppant l’inflammation. Un changement de profil régi par une enzyme, l’AMPK. Décryptage. L es sportifs le confirmeront : réduire la durée de réaction pro-inflammatoire dure trop longtemps, c ertains l’inflammation après une blessure musculaire produits de celle-ci peuvent devenir toxiques pour les est la clé d’une bonne récupération. Le muscle cellules et les tissus sains risquent d’être détériorés, précise squelettique, qui conserve à l’état adulte la capacité de se Bénédicte Chazaud * de l’Institut Cochin à Paris. régénérer entièrement après un dommage, dispose à cet Diminuer l’inflammation est donc indispensable pour effet d’une batterie d’outils. Parmi eux, les macrophages, que le tissu se régénère correctement. » Or, les macro- des cellules du système phages y détiennent un rôle majeur, en phagocytant immunitaire inné qui, les débris cellulaires et tissulaires présents. Ils basculent Par rapport à une situation en tant que première ainsi d’un profil pro-inflammatoire vers un état anti- contrôle (A), un déficit barrière de défense, inflammatoire et stimulent la différenciation terminale en AMPK chez la souris entraîne un retard de la envahissent rapidement des p récurseurs myogéniques en fibres musculaires. régénération musculaire, le muscle lésé. Sous Afin de mieux comprendre les mécanismes de ce revi- ©©Marine Théret, Institut Cochin avec la formation de leur action, les précur- rement, l’équipe de la chercheuse a étudié l’implication fibres plus petites (B). seurs myogéniques, à d’une enzyme, l’AMPK (5’ adenosine monophosphate- Inversement, la greffe de l’origine des nouvelles activated protein kinase), principale régulatrice du moelle osseuse de souris fibres musculaires, proli niveau énergétique de la cellule. Les travaux réalisés sur normale dans une souris déficiente pour l’AMPK fèrent. S econde étape des souris déficientes en AMPKα1, une des sous-unités améliore la régénération importante : la phase de constitutives de l’enzyme, ont montré que ces rongeurs 50 µm musculaire et la taille des résolution de l’inflam avaient un défaut de régénération musculaire. Leurs fibres formées (C). mation. Car « si la macrophages pro-inflammatoires présentaient, en effet, O Quesaco ? comme Ocytocine La signification de son nom en grec, « accouchement rapide », Malformations cérébrales Un nouveau gène impliqué illustre l’un des premiers effets découverts : déclencher et accélérer Avec la formation d’amas chercheurs, menée par l’accouchement. Depuis, les chercheurs ne cessent de révéler d’autres de neurones dans des Carlos Cardoso *, de fonctions de cette hormone produite par l’hypothalamus, une struc- parties inappropriées l’Institut de neurobiologie ture capitale du système nerveux central impliquée dans les émotions. du cerveau, les de la Méditerranée, a L’ocytocine jouerait ainsi un rôle dans l’attachement entre la mère hétérotopies nodulaires permis d’en identifier un et l’enfant, et participerait au plaisir ressenti lors des interactions périventriculaires (HNP) nouveau : C6orf70. Grâce sociales. Ces dernières seraient d’ailleurs améliorées chez les a utistes peuvent se traduire à une approche combinant de haut niveau après inhalation de l’hormone. À l’Institut de neuro- par une multitude de hybridation génomique biologie de la Méditerranée *, une équipe a récemment démontré troubles : hypotonie, comparative (L) que l’ocytocine entraînait un effet antalgique chez le n ourrisson au déficit intellectuel, et séquençage de moment de la naissance, lui évitant de trop souffrir lors de cet événe- épilepsie. Si l’implication l’exome (L) entier, ment traumatisant. Une autre a également mis en évidence, chez la de plusieurs gènes avait réalisée sur 27 patients, souris, que l’hormone permet de rétablir un réflexe de succion chez déjà été prouvée, la les chercheurs ont montré les nouveau-nés qui en étaient dépourvus. Un espoir pour les bébés collaboration de Renzo que l’absence du gène humains souffrant de troubles du comportement alimentaire ? J. C. Guerrini, de l’Université C6orf70 est une cause ☛ ☛Institut de neurobiologie de la Méditerranée (Inmed) : unité 901 Inserm – Aix-Marseille Université, équipes Impact de la génétique et l’épigénétique sur le neurodéveloppement : investigation du syndrome de Prader-Willi et Activités précoces de Florence, avec une d’apparition d’HNP. dans le cerveau en développement équipe internationale Il code pour une protéine de cliniciens et de impliquée dans le trafic 8● ● N° 17 ● Novembre - décembre 2013
➜ découvertes 1 Les macrophages mu qui envahissent Débris cle lés le muscle lésé Macrophage ont un profil pro-inflammatoire inflammatoire é (en vert) et stimulent Phagocytose la prolifération 3 Les macrophages des précurseurs K adoptent alors A MP un profil anti- myogéniques (en rouge). Kß inflammatoire M CAM ✔ (en bleu), favorisent 2 La phagocytose le développement des débris par les des fibres macrophages est Noyau musculaires et donc associée à l’activation Précurseurs la régénération ©©frédérique koulikoff/inserm de l’AMPK, via la myogéniques musculaire. CAMMK ß, qui va Macrophage é à son tour stopper anti-inflammatoire ar cle p l’expression des scle ré gènes pro-inflamma- Mus toires et stimuler celle des gènes Nouvelles fibres mu anti-inflammatoires. musculaires une activité phagocytaire réduite et échouaient, in vitro l’inflammation. Ils ouvrent également de nouvelles et in vivo, à adopter un profil anti-inflammatoire. pistes pour comprendre les effets de certains composés De plus, il semble qu’une autre protéine intervienne anti-inflammatoires. « Il est encore prématuré d’envi- dans le basculement des macro- sager une application clinique phages vers un profil anti- “ Diminuer l’inflammation car la séquence précise des inflammatoire, la CaMKKβ, qui évènements reste à déterminer. provoque l’activation de l’AMPK en est indispensable pour que On sait juste que donner des anti- amont. Les chercheurs ont montré le tissu se régénère „ inflammatoires trop tôt empêche ☛☛Bénédicte Chazaud : unité 1016 Inserm/ CNRS – Université Paris-Descartes, que l’utilisation d’un inhibiteur le muscle de bien se réparer. Mais équipe Environnement des de la CaMKKβ prévenait ce changement d’état. ces travaux attestent d’un concept en pleine émergence : cellules souches et homéostasie du muscle squelettique Ces travaux témoignent pour la première fois du rôle métabolisme et inflammation sont liés ! », conclut R. Mounier, et al. Cell Metabolism, prépondérant joué par l’AMPK dans la régulation de Bénédicte Chazaud. n Véronique Meder 6 août 2013 ; 18 : 251-64 Cancer du poumon C6orf70, une protéine qui joue un rôle Une capsule qui transporte important dans la aussi de l’espoir migration neuronale. ©©Francois J. Michel /INSERM, INMAGIC Il fut un temps où l’on ne parve- et de la transporter dans le nait pas à administrer la molé- plasma. Cette capsule, deux fois LHgénomique ybridation cule d’étoposide sans altérer son action ou induire de toxicité. Les plus petite que les anciennes (54 nanomètres environ), peut comparative coupables : les composés que l’on être produite à grande échelle et Technique permettant devait ajouter pour l’empaqueter permet de charger et décharger de repérer des variations et la solubiliser. Pourtant, ce davantage d’étoposide que les du nombre de copies produit reste le principal atout précédentes tout en s’affranchis- dans l’ADN pour lutter contre le cancer du sant de leurs inconvénients. Un intracellulaire qui joue poumon. Aujourd’hui, les risques espoir de nouveau traitement un rôle important dans la migration neuronale, LExome sont en voie de disparition puisque Benjamin Saliou * pour cette maladie qui représente la première cause de mortalité Ensemble des parties et va permettre de codantes du génome et l’équipe Micro- et nanoméde- par cancer tous sexes confondus. développer un nouvel cines biomimétiques d’Angers F. B. outil de diagnostic pour ☛ ☛Carlos Cardoso : unité 901 Inserm – ont mis au point une nouvelle ☛☛Benjamin Saliou : unité 1066 Inserm – Université Aix-Marseille Université, Inmed d’Angers une meilleure prise en V. Conti et al. Brain, 20 septembre 2013 nanocapsule lipidique capable, B. Saliou et al. European Journal of Pharmaceutical charge des patients. F. B. (en ligne) doi : 10.1093/brain/awt249 in vitro, de solubiliser la m olécule Sciences, 9 octobre 2013 ; 50 (2) : 172-80 novembre - décembre 2013 ● N° 17 ● ● 9
➜ découvertes •• •• •• •• ImmunogEnEtique Des souris et des hommes… Et leurs gènes Et si l’avenir thérapeutique de l’homme, c’était la souris ? C’est en tout cas le parti pris du centre d’immunophénomique (L) de Marseille-Luminy. Ici, on crée des souris génétiquement modifiées pour, entre autres, tester leur réaction immunitaire face à des agents infectieux. Visite de ce nouveau centre qui fête sa première année. D ans le massif des calanques de Marseille, le long d’une route qui serpente à travers le parc de Luminy, un nouveau bâtiment accueille les visiteurs : 3 500 m2 abritant du matériel de haute technicité, bientôt 50 000 souris et une quarantaine de chercheurs, ©©reportage photo : François guénet/inserm ingénieurs et techniciens. Bienvenue au Centre d’immunophénomique (Ciphe), inauguré en décembre 2012, et qui sur le point de fêter sa première année. Mais il existait déjà dans la génétiquement grâce à un vecteur (L), puis elles sont tête de son directeur, Bernard M alissen *, mises en culture avant d’être micro-injectées dans un depuis 2007. Sa r aison blastocyste, un embryon de quelques cellules. C elui-ci est d’être ? Créer de ensuite implanté dans une souris pseudogestante (L). Si la Bernard Malissen façon standardisée chance est de la partie, certains souriceaux seront p orteurs des modèles murins de la modification génétique souhaitée au n iveau de leurs immunologiste, à l'origine du Ciphe destinés à l’étude du cellules reproductrices. Il ne reste alors plus qu’à les croiser système immunitaire. – naturellement – pour obtenir des souris p orteuses de « Maintenant que le génome humain est séquencé, il s’agit de le traiter massivement et d’identifier la fonction de LIphénomique mmuno chacun des gènes », explique-t-il. La proximité génétique de la souris et de l’homme fait du petit m ammifère un Elle vise à capturer, par des modèle particulièrement approprié pour la recherche approches standardisées sur les maladies touchant l’être humain. L’idée est et massivement parallèles, simple : pour chacun des gènes, créer une souris qui l’état fonctionnel de l’ensemble des cellules en soit dépourvue. Et observer ce qui se passe. « C’est qui composent le système un peu comme avec une voiture, si on enlève une pièce, immunitaire. on voit tout de suite si elle peut continuer à rouler ou pas. Mais le problème peut aussi se révéler tardivement si c’est la roue de secours qui a été supprimée… » ☛☛Bernard Malissen : unité 1104 Inserm/ CNRS - Aix-Marseille Université, Création d'une souris Centre d’immunologie de Marseille- Pour créer une souris, comment s’y prend-on ? C’est très Luminy, US 12 Ciphe ☛ ☛Frédéric Fiore : US 12 Inserm, Ciphe facile… ou presque, si l’on en croit Frédéric Fiore *, Vider la litière sale des cages, c’est le rôle ☛ ☛Nicolas Lévy : unité 910 Inserm – responsable du service Ingénierie génétique. Des du robot-laveur, dont Victor Pierrini, technicien Aix-Marseille Université cellules souches embryonnaires de souris sont modifiées laverie, surveille le bon fonctionnement. 10 ● ● N° 17 ● Novembre - décembre 2013
découvertes M E d eci n e d e d emai n ➜ •• •• Bientôt 50 000 souris dans l’animalerie dirigée par Anne Gillet. LVecteur Molécule d’ADN qui permet Pour faciliter leur la propagation de séquence gestion, elles sont génétique d’intérêt hébergées dans des cages rangées sur des portoirs style bibliothèque. LFpseudogestante emelle À droite, des Femelle accouplée avec souriceaux d’un jour un mâle stérile pour déclencher le programme hormonal d’une grossesse LNucléotide Molécule de base de l’ADN la mutation dans toutes leurs c ellules. « Il faut entre 12 et 16 mois, selon la complexité du modèle, pour livrer une lignée de s ouris correspondant à la demande », précise Frédéric Fiore. En 2013, le Centre a enregistré près de quarante commandes de prestations pour générer des lignées de souris pour des clients extérieurs et en a produit une trentaine dans le cadre de l’infrastructure de biotechnologies Phenomin (voir encadré). ©©reportage photo : François guénet/inserm Un hébergement sécurisé Car le Ciphe est à la fois partenaire d’un programme international et une unité de service qui assure la production de mutations pour des demandes individuelles : « Nous répondons à la commande de laboratoires extérieurs qui souhaitent obtenir des mutations plus précises, comme le remplacement d’un nucléotide (L) par un autre. » Cela a été le cas de Nicolas Lévy *, de l’unité Inserm Génétique médicale et génomique fonctionnelle. Après avoir identifié le gène responsable de la progéria, Les souris qui viennent de l’implantation des embryons l’extérieur n’ont pas forcément dans des mères porteuses maladie qui entraîne un vieillissement prématuré, il le statut sanitaire requis maintenues dans des espaces a pu tester une thérapie ciblée sur des s ouris modèles (SOPF, Specific and Opportunistic confinés, Amandine Sansoni veille créées au Ciphe, alors que le Centre n’avait pas encore Pathogen Free). En pratiquant à obtenir des souriceaux exempts intégré ses locaux. des fécondations in vitro et de pathogènes. novembre - décembre 2013 ● N° 17 ● ● 11
➜ découvertes Toutes les lignées produites National, européen sont hébergées au sein même du Centre. L’anima- et international lerie, le domaine d’Anne Unique en son genre, le Ciphe n’est pas Gillet *, occupe tout le pour autant seul. Avec l’Institut clinique sous-sol. Pour le moment, de la souris (ICS) d’Illkirch (ingénierie seuls 3 981 petits muridés génétique et caractérisation phénotypique) sont enregistrés. « Mais et le laboratoire orléanais Transgenèse et nous pourrons en accueillir archivage d’animaux modèles (TAAM, élevage, imagerie, ingénierie génétique), il constitue jusqu’à 50 000 ! », prévoit l’infrastructure en santé et biotechnologie la responsable. Pour leur Phenomin, sorte de guichet unique à l’attention rendre visite, combinai- de la communauté française de recherche son de coton non tissé, pour l’utilisation de modèles murins. À eux charlotte, masque, chaus- trois, les établissements créent des souris sons de protection et gants Comment savoir les fragments d’ADN modèles, et les hébergent, établissent les si une souris migrent en fonction sont de rigueur. Dans les cartes phénotypiques, les distribuent et même possède la mutation de leur poids sous couloirs ou à l’entrée des requise ? En lui l’action d’un champ les archivent, sous forme de gamètes et sas conduisant aux salles, d’embryons congelés. Leurs clients ? Autant prélevant un petit électrique dans des affichettes rappellent bout de queue et en un gel d’agarose. les laboratoires académiques de recherche les procédures à suivre pour analysant l’ADN de L’observation sous que ceux des industriels pharmaceutiques. éviter les contaminations. ses cellules. Coupés lumière UV permet Lauréate des Investissements d’avenir, par des enzymes, de les visualiser. Phenomin fait aussi partie de l’infrastructure Car l’une des spécialités du européenne « Infrafrontier » et du consortium Ciphe, c’est l’analyse du sys- international de phénotypage de souris (IMPC) tème immunitaire : il serait pour construire une véritable encyclopédie de donc malvenu qu’un patho- à tel ou tel pathogène. Ce qui revient à a nalyser les cellules la fonction des gènes chez ce petit mammifère. gène non contrôlé vienne sanguines contenues dans la rate ou les ganglions. Leur fausser les expériences. arme ? La cytométrie en flux. Cette technique permet de faire défiler les cellules étudiées à grande vitesse dans le faisceau Le passage au laser d’un laser. Celles-ci sont mises en présence d’anticorps, C’est à l’étage du dessus que Marie Malissen *, spécifiques de telle ou telle protéine exprimée à la surface de responsable du module d’Immunophénotypage, leur membrane. Lorsqu’une cellule passe devant le laser, la Hervé Luche *, responsable R&D, et Pierre G renot *, lumière réémise par les marqueurs fluorescents couplés responsable des équipements, caractérisent l’état aux anticorps permet d’indiquer à quelle population elle fonctionnel du système immunitaire des souris, exposées appartient : lymphocytes B CD4, CD8, granulocytes… Pierre Grenot dissèque une rate de souris pour l’analyse des cellules immunitaires contenues dans cet organe lymphoïde secondaire, lieu de passage, d’accumulation, et de rencontre des antigènes (L) et des cellules de l’immunité. ©©reportage photo : François guénet/inserm LAntigène Molécule reconnue par un anticorps et capable de déclencher une réponse immunitaire 12 ● ● N° 17 ● Novembre - décembre 2013
découvertes M E d eci n e d e d emai n ➜ •• •• Mise en place de la ligne Un des enjeux de Ici, Hervé Luche explique variations immunologiques d’injection des cellules l’immunophénotypage : l’intérêt d’un outil de entre deux groupes dans le nébulisateur du présenter les résultats des clusterisation : il permet de souris au sein d’une cytomètre de masse. analyses de façon claire. de mettre en évidence les même population. Un labo de sécurité niveau 3 et d’identifier des molécules par mesure de ©©reportage photo : François guénet/inserm Depuis peu, l’équipe a fait l’acquisition d’un cytomètre de la masse de l’atome auquel est lié l’anticorps masse qui suscite son enthousiasme : « Avec le cytomètre », explique Marie Malissen. Au sein de en flux, on peut prendre en compte jusqu’à 18 paramètres. l’unité de service, la R&D n’est pas absente : Le cytomètre de masse, lui, peut en analyser jusqu’à 50 », pour rester dans la course à la technolo- insiste Hervé Luche. Dans cette machine à l’originale gie et optimiser le temps de traitement, couleur orange saumoné, les cellules défilent à la v itesse les membres du module Immunophé- de 1 000 par seconde, et les anticorps, étiquetés cette fois notypage standardisent les manipula- avec des métaux rares, sont identifiés par un spectromètre tions, mettent au point des combinaisons de masse. « Cette technique d’analyse permet de détecter d’anticorps et marqueurs fluorescents qui font la spéci- ficité du Ciphe… Très bientôt, le laboratoire de Philippe Hoest L’installation sécurité biologique de niveau 3 explique la gestion d’un microscope (BSL3 pour BioSafetyLevel 3), sans faille du biphotonique – traitement d’air correspondant à l’utilisation d’agents pour suivre de pour maintenir biologiques hautement pathogènes le niveau 3 de manière dynamique les événements pour l’homme, sera opérationnel et sécurité biologique. moléculaires à disposera des autorisations régle- Un « étage » l’intérieur d’une mentaires nécessaires à son acti- technique court cellule vivante - vité. « Les lignées de souris pourront ainsi sous tout le en milieu BSL3 alors être soumises à des tests infec- bâtiment, où chaque est une première. gaine et circuit tieux et examinées en toute sécurité sont clairement Pour faciliter dans des zones c onfinées », assurent sa maintenance, identifiés. il a été installé en Philippe Hoest * et Jean-Pierre deux parties : le Gorvel *, les responsables, tableau de pilotage, respectivement Sécurité et Sûreté avec les bancs laser, biologique et scientifique, de la dans une zone plateforme BSL3. Nul doute que ces non classée, et la chercheurs passionnés participeront ☛☛Anne Gillet, Philippe Hoest, partie observation Hervé Luche, Pierre Grenot : en salle blanche à élucider la complexité du système US 12 Inserm, Ciphe (moins de immunitaire, offrant des perspectives ☛☛Jean-Pierre Gorvel et Marie Malissen : unité 1104 Inserm/CNRS - Aix-Marseille 352 000 particules thérapeutiques d’envergure. n Université, Centre d’immunologie de de 0,5 µm/m3 d’air). Julie Coquart Marseille-Luminy, US 12 Ciphe novembre - décembre 2013 ● N° 17 ● ● 13
Têtes chercheuses • regards sur le monde • Cliniquement vôtre • Grand Angle • Médecine générale • Entreprendre • Opinions • Stratégies • Bloc-Notes • à la une • découvertes ➜ Prix Inserm 2013 Le sens de la recherche Avant la cérémonie de remise des prix*, le 2 décembre prochain, au Collège de France, découvrez les huit chercheurs et ingénieurs lauréats des Prix Inserm. Pour la première fois cette année, le prix Opecst-Inserm récompense l’apport socio-économique d’un chercheur. Grand Prix Stanislas Dehaene La conscience des chiffres et des lettres j'ai décidé d’être chercheur… … le jour où mon ©©Inserm/Delapierre Patrick père m’a appris que ce terme remplaçait celui d’inventeur, un métier fantasmé qui m’obnubilait depuis toujours. J’avais une dizaine d’années et j’étais un gamin très Que se passe-t-il dans le cerveau lors d’une opération France, se pique donc bricoleur. Je faisais d’écriture. « J’aime que de la menuiserie, de mathématique ? Comment la lecture ou le calcul façonnent- mes livres aient des réfé- la programmation, ils nos connexions neuronales ? L’état de conscience rences littéraires : Prévert, je démontais tous est-il doté d’une signature cérébrale caractéristique ? Perec, Nabokov… », les appareils qui me Autant de questions qui passionnent Stanislas Dehaene, évoque-t-il, rêvant à tombaient dans les professeur de psychologie cognitive au Collège de France. l’avènement d’une autre mains ! culture, « fusion entre les réflexions philosophiques A près La bosse des maths, Les neurones de la et humanistes et les grandes avancées scientifiques ». lecture et Apprendre à lire, Stanislas Dehaene Pour l’heure, il participe surtout à la synthèse entre finalise son dernier ouvrage, rédigé directement les sciences cognitives et la neurologie, venant ainsi en anglais, Consciousness and the brain, également clore un débat vieux de 25 ans, qui animait ses deux publié en français. Le neuroscientifique, mathémati- maîtres, Jacques Mehler et Jean-Pierre Changeux. cien d’origine, aujourd’hui professeur au Collège de Quand le jeune normalien les a connus, le premier 14 ● ● N° 17 ● Novembre - décembre 2013
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