Info santésuisse 4 /16 - Santésuisse

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                                            Révision de TARMED avec des forfaits

santésuisse
Le magazine des assureurs-maladie suisses
Info santésuisse 4 /16 - Santésuisse
Page 4                                           Page 11                                            Page 12
La révision complète de TARMED a échoué. Nous    L’application du principe d’économicité            Le Liechtenstein réforme l’assurance-maladie. Une
montrons comment une révision par étapes est     permettrait de faire considérablement baisser le   baisse des coûts de 15 % est possible, explique le
possible, avec des forfaits.                     prix des médicaments, estime le spécialiste des    directeur de l’association des caisses d’assurance
                                                 médicaments de santésuisse, Andreas Schiesser.     maladie du Liechtenstein, Thomas A. Hasler.

Sommaire
 4 Révision du tarif médical ambulatoire TARMED : à petits pas vers le succès                       NO 4, SEPTEMBRE 2016
                                                                                                    Paraît six fois par an
 5 TARMED : création des forfaits
                                                                                                    PRIX DE L’ABONNEMENT
 7 Questions au Dr Markus Trutmann, directeur de l’Union tarifaire fmCh :                           54 fr. par an, 10 fr. le numéro
   structure tarifaire : pas un blanc-seing pour augmenter sans limite les volumes !                ÉDITEUR
 8 Prise en charge Spitex des personnes atteintes de maladies psychiques :                          santésuisse,
   aider à faire face au quotidien                                                                  Les assureurs-maladie suisses,
                                                                                                    responsable : Sandra Kobelt, cheffe du
10 Les prix des médicaments continuent d’augmenter de façon supérieure à la                         département Politique et communication,
   moyenne : il n’est pas tenu compte du principe d’économicité                                     Römerstrasse 20, 4502 Soleure

12 L’assurance-maladie dans la Principauté du Liechtenstein :                                       RESPONSABLE DE LA RÉDACTION
                                                                                                    Paul Rhyn (direction), case postale,
   un laboratoire pour de nouvelles idées
                                                                                                    4502 Soleure, téléphone : 032 625 41 41,
14 Des conseils pour la santé controversés : oubliez l’IMC !                                        courriel : redaktion@santesuisse.ch

16 Primes impayées : un encaissement rigoureux renforce la solidarité                               LES AUTEURS DE CE NUMÉRO
                                                                                                    Markus Baumgartner, responsable des structures
17 125 ans de santésuisse : l’avenir appartient aux jeunes                                          tarifaires ambulatoires, tarifsuisse sa ; Andreas
                                                                                                    Schiesser, chef de projet Médicaments / HTA
19 Cours spécial : indemnités journalières en cas de maladie :
   une assurance importante dont on parle peu                                                       ADMINISTRATION DES ANNONCES
                                                                                                    Toutes les annonces – y compris les offres d’emploi –
                                                                                                    sont à adresser à :
Rubriques                                                                                           « infosantésuisse », Römerstrasse 20,
                                                                                                    case postale, 4502 Soleure,
15   Caricature du mois                                                                             courriel : redaktion@santesuisse.ch
20   Le coin des apprentis
                                                                                                    ADMINISTRATION DES ABONNEMENTS
21   3 questions à                                                                                  Tél. : 032 625 42 74, fax : 032 625 41 51
23   À lire                                                                                         www.santesuisse.ch
24   Graphique du mois                                                                              Photo de couverture : Prisma
                                                                                                    ISSN 1660-7236
Info santésuisse 4 /16 - Santésuisse
Cui bono –
qui profite ?
L’association des hôpitaux H+ a décidé de faire cavalier seul en re-
mettant au Conseil fédéral une nouvelle structure tarifaire pour les
prestations médicales ambulatoires. Les avantages de cette solu-
tion sont vantés dans les termes les plus élogieux : elle serait plus
claire, plus transparente, plus compréhensible, les calculs repose-
raient sur des données, les évaluations seraient mises à jour. Mais
une question essentielle demeure sans réponse : que coûtera-t-elle
aux payeurs de primes ? Le réveil risque en effet d’être douloureux
car la « solution miracle » portée aux nues par H+ cache des surprises
coûteuses. L’initiative des hôpitaux n’est pas sans arrière-pensée
puisqu’ils seraient les principaux bénéficiaires de leur proposition.     Verena Nold
                                                                          Directrice de santésuisse

Nous expliquons dans le présent numéro d’infosantésuisse comment
réviser progressivement et durablement la structure tarifaire ambula-
toire TARMED. Les processus standard de fourniture de prestations,
au premier rang desquels figurent les interventions chirurgicales,
pourraient être indemnisés sur la base de forfaits. Ceux-ci seraient
introduits chapitre après chapitre ; les nouvelles prestations médi-
cales seraient également intégrées dans le tarif sous forme de for-
faits. La mise en œuvre de ces forfaits dans la structure tarifaire ac-
tuelle permettrait de mettre celle-ci à jour en continu. Qui en profi-
tera ? D’une part les médecins car l’ancienne structure pourrait en-
fin être modernisée, d’autre part les payeurs de primes puisque les
incitations à augmenter les volumes seraient réduites dans des do-
maines où les prestations sont coûteuses.

La Principauté de Liechtenstein a, quant à elle, décidé de prendre
le taureau par les cornes dans la lutte contre la hausse des coûts.
Invoquant la baisse des recettes financières, elle introduit des me-
sures qui sont encore controversées en Suisse. Chacun est appelé
à faire des efforts, les assurés qui voient leurs franchises minimales
augmenter et les fournisseurs de prestations qui ne peuvent plus si-
gner que des contrats à durée limitée. Qui en profite ? Tout le monde
dans le meilleur des cas puisque le système de santé liechtenstei-
nois n’est pas confronté à un problème de financement.

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« Le nouveau tarif
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                                                                                   ses effets économiques.»

Révision du tarif médical ambulatoire TARMED

A petits pas vers le succès

Le Conseil fédéral a donné aux partenaires tarifaires            pris le message. Ainsi, en présentant en solo au Conseil
un délai supplémentaire de quatre mois, jusqu’à fin              fédéral sa propre structure tarifaire, l’association des hôpi-
octobre 2016, pour présenter conjointement un tarif              taux H+ a pris de court les autres partenaires.
médical ambulatoire TARMED révisé. santésuisse pro-              Il appartient maintenant à tous les partenaires tarifaires,
pose une alternative pragmatique à une révision totale           mis fortement sous pression par le Conseil fédéral, de pré-
impossible à réaliser durant ce délai par les partenaires        senter d’ici fin octobre 2016 une solution susceptible d’être
tarifaires, à savoir le remaniement par chapitre de la           approuvée. En collaboration avec l’Union tarifaire fmCh
structure tarifaire existante en y introduisant des for-         fondée par l’Association Suisse des sociétés de discipline
faits ; ils devraient permettre de réduire les incitations       médicale avec activité chirurgicale et invasive, santésuisse
à augmenter les volumes et faciliter la facturation.             est en mesure de présenter une alternative. Celle-ci se base
                                                                 sur la version actuellement en vigueur du TARMED 1.08BR
Le Conseiller fédéral Alain Berset a demandé que les par-        et prévoit de regrouper les prestations à l’acte en forfaits.
tenaires tarifaires déposent jusqu’à fin octobre 2016 une
nouvelle version du tarif médical susceptible d’être ap-         Forfaits journaliers au lieu de tarifs à l’acte
prouvée. En même temps, il demande que pour un vo-               pour les interventions invasives
lume de prestations identique, le nouveau tarif n’entraîne       Au printemps 2016, la FMH, H+ et la CTM LAA (Commis-
aucun coût supplémentaire. Il s’agit en particulier de tenir     sion des tarifs médicaux pour la loi sur l’assurance-ac-
compte des impératifs de l’économicité et de l’équité. Le        cidents) ont présenté un projet commun de révision du
terme d’équité recouvre aussi l’aspect économiquement            TARMED, à savoir la « structure tarifaire ats-tms ». Celle-ci
supportable d’un tarif. Le Conseil fédéral stipule qu’il faut    ne répondait pas, et de loin, aux directives de la Confédé-
donner la priorité à un tarif économiquement supportable         ration d’après les estimations de santésuisse. La CTM LAA
plutôt qu’à un tarif obéissant aux règles applicables en         et curafutura sont arrivées aux mêmes conclusions. Dans
économie d’entreprise. En édictant ces directives, l’auto-       le cadre de leur procédure de contrôle interne, elles ont
rité suprême d’approbation des tarifs refuse que certains        donc demandé que la structure tarifaire ats-tms soit fon-
acteurs pensent pouvoir présenter un tarif au mépris de          damentalement remaniée. Quant à la FMH, elle a refusé
ses effets économiques.                                          en bloc cette structure alors que santésuisse n’a pas pris
Même après le rejet du nouveau tarif par la majorité des         part à ce projet de révision. Dans ces conditions, inutile
partenaires de la révision, tous ne semblent pas avoir com-      de songer à respecter le délai fixé par le Conseil fédéral.

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Faisant preuve de pragmatisme, santésuisse a proposé de              • Chapitre 39 : Imagerie médicale
remanier la structure tarifaire existante TARMED 1.08BR.             • Chapitre 8 : Oeil
Bien que cette version présente les faiblesses connues,              • Chapitre 24 : Diagnostic et traitement de l’appareil loco-
elle répond mieux que la nouvelle structure tarifaire ats-              moteur
tms aux exigences de la Confédération quant à l’équité et            • Chapitre 17 : Diagnostic et traitement non chirurgical du
au caractère économiquement supportable de la révision.                 cœur et des vaisseaux
santésuisse et l’Union tarifaire fmCH préparent en com-              Le remaniement des chapitres s’effectue en collaboration
mun une nouvelle proposition. La fmCh milite en faveur               avec les experts médicaux des sociétés de discipline mé-
d’un système de santé libéral et représente actuellement             dicale concernées (radiologie/ophtalmologie/orthopédie/
23 sociétés de discipline médicale.                                  chirurgie de la main/cardiologie). Une fois remaniés, ils
                                                                     seront présentés aux sociétés de TARMED Suisse dans le
Forfaits : un frein à l’accroissement des volumes                    cadre d’une séance du comité de pilotage. santésuisse et
Un tarif à l’acte en fonction du temps consacré, à savoir            l’Union tarifaire fmCh demanderont à TARMED Suisse de
par période de 5 minutes, incite à augmenter les volumes.            soumettre au Conseil fédéral pour approbation la structure
Les fournisseurs de prestations travaillant efficacement sont        tarifaire complétée par les forfaits. Ceux-ci étant intégrés
pénalisés. Quelquefois, la qualité des prestations four-             dans l’actuel TARMED 1.08BR, ils peuvent être mis en vi-
nies en pâtit aussi. Les forfaits, qui reflètent le processus        gueur en tant que nouvelle version chapitre par chapitre.
standard de la fourniture de prestations, réduisent en re-           Une adaptation régulière de la structure est donc possible.
vanche les incitations à augmenter les volumes et simpli-
fient la facturation.                                                Mise en place des modèles de coûts
                                                                     Les modèles de coûts ayant servi à calculer le TARMED
Adaptation en continu de la structure tarifaire                      1.08BR se basent sur les données des années 90. Avec, pour
Les forfaits sont censés couvrir en premier lieu les inter-          conséquence, que les tarifs des différentes unités d’infras-
ventions invasives et doivent être compris comme un for-             tructure, appelées unités fonctionnelles, ne correspondent
fait journalier ambulatoire. Les prestations médicales de            plus à la réalité. Outre la nomenclature des prestations, il
premier recours classiques ne sont en revanche pas re-               faut donc aussi adapter les modèles de coûts.
groupées en forfaits. Les nouvelles prestations médicales            La société simple TARMED Suisse possède les droits d’au-
peuvent également être admises sous forme de forfaits.               teur des modèles de calcul. Il lui incombe donc d’effec-
Ainsi, la nécessité d’une mise à jour pour coller aux « ré-          tuer ce travail de révision ou de le confier à une organi-
alités médicales » est remplie. Actuellement, les consulta-          sation commune qui lui succèdera, composée de tous les
tions des médecins spécialistes et les prestations diagnos-          partenaires tarifaires.
tiques ne font pas l’objet de forfaits.
Dans un premier temps, quatre chapitres du TARMED se-                MARKUS BAUMGARTNER, RESPONSABLE DES STRUCTURES
ront remaniés :                                                      TARIFAIRES AMBULATOIRES, TARIFSUISSE SA.

Création des forfaits
Nombre de positions tarifaires                                       Nomenclature des forfaits
La version du TARMED 1.08BR contient plus de 4000 posi-              A partir des facturations à l’acte les plus fréquentes et sou-
tions regroupées en 38 chapitres. Sur ces 4000 prestations,          vent aussi les plus coûteuses, on détermine pour chaque
moins de 2000 sont facturées plus de cent fois par an.               chapitre les triggers (positions qui servent à identifier clai-
Plus de 80 % de l’ensemble des coûts du TARMED concernent            rement un groupe de prestations et permettent la pondé-
six chapitres. Quinze positions au maximum par chapitre oc-          ration des autres positions facturées à cette occasion) pour
casionnent à leur tour 80 % des coûts du chapitre concerné.          établir les forfaits.
Le tarif au forfait se focalise sur les prestations les plus fré-
quemment facturées dans TARMED. En partant de ces ha-                Structure et contenu des forfaits
bitudes de facturation, il est possible d’élaborer une struc-        Dans un premier temps, les forfaits sont constitués des dif-
ture des tarifs médicaux ambulatoires qui comprend moins             férentes prestations invasives. Le jour de l’intervention, les
de 1000 prestations.                                                 positions triggers sont facturées avec les prestations d’infor-

                                                                    5 | 4/16
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mation au patient, de préparation et de suivi/surveillance.                    Avec la prestation « Opération de la cataracte », nous présen-
Viennent en plus les prestations d’anesthésie et le maté-                      tons un exemple de calcul concret du forfait et la manière
riel à usage unique. Ces prestations sont ajoutées, confor-                    dont il figure dans le tarif (voir tableau).
mément à ce qui est médicalement indiqué, à la position                        A partir de ce groupe de prestations, on obtient le nombre de
trigger. Il est exclu de facturer le même jour d’autres po-                    points tarifaires pour les prestations médicales et techniques
sitions TARMED.                                                                ainsi que pour l’anesthésie. Dans la structure tarifaire, chaque
Des positions supplémentaires éventuelles s’ajoutant à la                      forfait est représenté par deux positions tarifaires.
position trigger sont incluses selon leur part respective.
Le forfait se compose de trois parties :                                       08.5050 Opération de la cataracte 349.67 PT PM      636.11 PT PT
• Part spécifique à la spécialité                                              08.5055 + Anesthésie, cataracte   229.10 PT PM      137.18 TP TL
• Anesthésie (si nécessaire)
• Forfait pour matériel à usage unique                                         Pour les deux positions tarifaires TARMED, on peut facturer
Pour la part spécifique à la spécialité et pour l’anesthésie,                  sous forme de forfait le matériel à usage unique correspondant.
le nombre de points tarifaires (PT) est indiqué séparément
pour la prestation médicale (PT PM) et l’infrastructure ou                     MARKUS BAUMGARTNER, RESPONSABLE DES STRUCTURES
prestation technique (PT PT).                                                  TARIFAIRES AMBULATOIRES, TARIFSUISSE SA.

08.6000 Opération de la cataracte
Part de la prestation spécifique à la spécialité

 Numéro      Texte                                                                  Pondération      PT PM pondéré          PT PT pondéré
 00.0010     Consultation, première période de 5 min.                                   1.0                9.57                  8.19
 00.0030     + Consultation, dernière période de 5 min.                                 1.0                4.78                  4.10
 00.0050     Entretien avant intervention diag. ou /théra.                              1.0                9.57                  8.19
 08.1440     Injection rétrobulbaire                                                    0.3                3.45                  4.26
 08.2760     Extraction du cristallin                                                   1.0             225.50                 243.28
 08.2780     + Implantation lentille artificielle                                       1.0               86.73                124.92
 08.2810     + Pupillotomie ou mise en place de rétracteurs à iris                      0.1                2.26                  3.29
 08.2820     + Mise en place d’un anneau capsulaire                                     0.2                7.81                 10.52
 35.0030     Prestation de base technique pour salle d’op. I                            1.0                   –                164.38
 35.0210     Prise en charge non médicale, première heure                               1.0                   –                 64.98
             TOTAL                                                                                      349.67                 636.11

Anesthésie

 Numéro      Texte                                                                  Pondération      PT PM pondéré          PT PT pondéré
 28.0010     Prise en charge périopératoire par le spécialiste en anesthésiologie      1.0                47.83                 32.00
 28.0020     + Majoration en % pour les patients de plus de 70 ans                     0.7                 3.35                      –
 28.0070     Induction et réveil par le spécialiste en anesthésiologie                 1.0                43.95                 33.71
 28.0020     + Majoration en % pour les patients de plus de 70 ans                     0.7                 3.07
 28.0120     Activité du médecin anesthésiste pendant l’intervention                   1.0                81.40                 45.51
 28.0120     Activité du médecin anesthésiste pendant l’intervention                   1.0                41.80                 23.37
 28.0120     Activité du médecin anesthésiste pendant l’intervention                   0.1                 4.18                  0.62
 28.0120     Activité du médecin anesthésiste pendant l’intervention                   0.2                 3.52                  1.97
             TOTAL                                                                                      229.10                 137.18

                                                                            6 | 4/16
Info santésuisse 4 /16 - Santésuisse
Questions au Dr Markus Trutmann, directeur de l’Union tarifaire fmCh

Structure tarifaire : pas un blanc-seing
pour augmenter sans limite les volumes !

                                                                      Ce sont surtout les hôpitaux qui se plaignent d’une cou-
                                                                      verture insuffisante des coûts. Le tarif ats-tms devait re-
                                                                      médier à cette prétendue sous-couverture des coûts des
                                                                      prestations ambulatoires. Qu’en pensez-vous ?
                                                                      Il s’agit en l’occurrence avant tout de la question des exi-
                                                                      gences en matière de coûts salariaux. Nous faisons preuve
                                                                      quant à nous de pragmatisme. La structure tarifaire doit ga-
                                                                      rantir que les prestations médicales sont correctement repré-
                                                                      sentées et que l’estimation des différentes prestations entre
                                                                      elles est cohérente. Aujourd’hui déjà, les nouvelles presta-
                                                                      tions sont correctement intégrées dans l’actuel modèle de
                                                                      tarification. La question des coûts salariaux doit être clari-
                                                                      fiée au moyen de la valeur du point tarifaire, ce qui permet
                                                                      aussi de séparer la structure et les prix.

                                                                      Qui doit, à l’avenir, être chargé de faire évoluer la nou-
                                                                      velle structure tarifaire ?
                                                                      La gestion du tarif médical ambulatoire pourrait être confiée
Dr Markus Trutmann : « Le tarif forfaitaire est un avantage           à une nouvelle société à fonder, analogue à SwissDRG SA.
pour la qualité. »                                                    Toutefois, les dispositions légales pour le domaine ambu-
                                                                      latoire font encore défaut dans la LAMal. On pourrait tout
                                                                      à fait imaginer une commission paritaire. A l’aide d’un ma-
                                                                      nuel de tarification, elle assumerait la gestion de la struc-
Les médecins spécialistes voient plus d’avantages que                 ture tarifaire élaborée en commun par les partenaires tari-
d’inconvénients dans les forfaits de prestations. Le                  faires. Compte tenu des coûts, cette solution semble être
Docteur Markus Trutmann, directeur de l’Union tarifaire               une voie praticable.
fmCH, nous explique pourquoi il en est ainsi.
                                                                      Dans quel domaine le tarif doit-il s’appliquer ?
Pourquoi les médecins spécialistes de l’Union tarifaire               Comme nous ne collaborons actuellement qu’avec santé-
fmCh sont-ils favorables aux tarifs forfaitaires ?                    suisse, seul le domaine de la LAMal entre en ligne de compte.
La structure tarifaire ats-tms déposée par H+ à l’OFSP est en         Nous espérons cependant que la CTM se joindra au projet.
majeure partie un tarif à l’acte en fonction du temps consacré.       La SUVA a déjà recueilli des expériences correspondantes
Plus le prestataire prend de temps pour fournir une presta-           avec son tarif IAP.
tion, plus il augmente son chiffre d’affaires. Cette forme de
rémunération crée donc de mauvaises incitations. Les mé-              Quelles sont les évolutions envisageables pour
decins expérimentés fournissent les prestations de manière            le tarif forfaitaire ?
plus efficace et rapide, sans perte de qualité. Le contenu de         Comme tout système tarifaire, les forfaits présentent aussi
la prestation à fournir est défini. L’Union tarifaire fmCh est        quelques désavantages, même si nous sommes d’avis que les
donc d’avis qu’un tarif forfaitaire est bénéfique pour la qualité.    avantages l’emportent largement. Côté désavantages, les for-
                                                                      faits se basent sur une valeur moyenne par paquet de pres-
L’Union tarifaire fmCh milite en faveur d’un système de               tations. En cas de valeurs moyennes incertaines, on cherche
santé libéral. Concrètement, qu’est-ce que cela veut dire ?           en principe à les calculer à l’aide de différents forfaits, mais
En ce qui concerne les tarifs, l’Union tarifaire fmCh attend          ce n’est pas toujours possible. Selon les circonstances, l’ap-
par exemple qu’une rémunération correcte de la prestation             plication de forfaits nécessitera d’introduire par forfait une
médicale soit garantie. Et aussi, de manière croissante, que          pondération individuelle, afin de tenir compte de la morbi-
la rémunération par les tarifs soit durable sur le long terme.        dité du patient par exemple.
Concrètement, les tarifs ne doivent pas inciter à augmenter
les volumes sans limite. Or la structure tarifaire ats-tms is-        INTERVIEW : MARKUS BAUMGARTNER
sue du projet TARVISION risque d’entraîner une explosion
massive des coûts dans un délai très court, ce qui met for-
tement en danger notre système de santé libéral. Des tarifs
au temps consacré sans règles de limitation nécessiteront,
à court ou à long terme, un budget global correspondant.

                                                                     7 | 4/16
Info santésuisse 4 /16 - Santésuisse
Prise en charge Spitex des personnes
atteintes de maladies psychiques

Aider à faire face au quotidien
La « déshospitalisation » de la psychiatrie pose de nou-               pétences et personnes de contact, mais définit également les
veaux défis à l’accompagnement ambulatoire extrahos-                   principes, comme la collaboration d’égal à égal. Les besoins
pitalier des personnes atteintes de maladies psychiques.               croissants en soins psychiatriques ambulatoires ne s’expliquent
Des personnels spécialement formés sont dépêchés par les               pas seulement par la mise en œuvre du principe « privilégier
organisations d’aide et de soins à domicile (Spitex) pour              les soins ambulatoires plutôt que l’hospitalisation » en psychia-
aider les personnes souffrant de maladies psychiques à                 trie. Les autorités de tutelle (aujourd’hui APMA) se sont en ef-
faire face aux tâches du quotidien. infosantésuisse s’est              fet rendu compte que la coopération avec les organisations
rendu sur le terrain auprès de l’organisation Spitex Aarau.            d’aide et de soins à domicile pour les personnes atteintes de
                                                                       maladies psychiques leur enlève une grande charge de travail.
« La socialisation précoce améliore l’intégration », ce besoin
exprimé par les services psychiatriques du canton d’Argovie            Une prise en charge plus complexe,
(PDAG) a donné l’impulsion à la mise en place d’une offre              des patients plus jeunes
spéciale de l’organisation Spitex d’Aarau pour les personnes           Il y a d’énormes différences avec les soins Spitex convention-
atteintes de maladies psychiques. Lancée en novembre 2011,             nels qui s’adressent le plus souvent aux personnes très âgées
au démarrage avec un poste à 80 %, l’offre occupe aujourd’hui          en leur proposant une aide à domicile et des services de soins
4 personnes à temps plein. La collaboration avec les services          corporels. Dans les soins psychiatriques ambulatoires, les per-
PDAG est basée sur une convention de coopération qui ré-               sonnes prises en charge sont généralement plus jeunes et les
glemente non seulement les responsabilités mutuelles, com-             cas plus complexes. Comme les patients sont plus jeunes, la
                                                                       prise en charge s’étend sur un grand nombre d’années. Les
                                                                       clients sont en majorité des bénéficiaires de prestations AI et
 Les soins psychiatriques ambulatoires sont réglés par contrat         complémentaires. Ils ont besoin de soins complexes parce qu’ils
 La rémunération des soins psychiatriques ambulatoires est ré-         présentent généralement un double diagnostic, par exemple
 glée par des conventions administratives entre l’Association          lorsqu’un problème d’addiction vient aggraver une démence.
 suisse des services d’aide et de soins à domicile ou l’Association    Andrea Hilfiker, la responsable de l’équipe de soins psychia-
 Spitex Privée suisse et les communautés d’achat des assureurs-        triques explique : « Les problèmes quotidiens des personnes
 maladie, tarifsuisse sa et HSK.                                       atteintes de maladies psychiques se situent à un autre niveau.
 Les évaluations des besoins en soins psychiatriques ambulatoires      Le dialogue et le soutien en cas de crise prennent beaucoup
 doivent être réalisées conformément à l’art. 7 al. 2bis let. b de     de place. Il faut développer une structure de soutien pour as-
 l’Ordonnance sur les prestations de l’assurance des soins (OPAS)      surer une prise en charge pendant la journée et pendant la
 par des professionnels des soins disposant d’un diplôme re-           semaine. L’aide au niveau de la vie quotidienne peut égale-
 connu en soins et d’une expérience professionnelle pratique de        ment consister à aider les personnes à gérer leurs finances,
 deux ans dans le domaine de la psychiatrie.                           par exemple à planifier leur budget. »

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Info santésuisse 4 /16 - Santésuisse
Système de santé
                                                                                                               suisse 2015 – 2017
                                                                                                      Une vue d’ensemble actuelle et objective
                     Nouvelle structure tarifaire pour les prestations de psychiatrie                 du système de santé suisse
                     stationnaires dès 2018                                                           Ce livre est l’ouvrage de référence consacré au système de santé
                     SwissDRG SA élabore actuellement une structure tarifaire harmonisée au           suisse. Dans 39 chapitres rédigés par 61 auteurs, il fournit une vue
                     niveau national pour les prestations psychiatriques stationnaires. La ré-        d’ensemble actuelle et objective du système de santé suisse – une
                     munération au moyen de forfaits journaliers basés sur les prestations            attention toute particulière ayant été accordée à l’objectivité, à
                     est une innovation européenne. Le calcul du forfait s’effectue selon une         des données pertinentes et à une bonne lisibilité. L’ouvrage a été
                     classification réalisée lors de l’admission en fonction du degré de gravité.
                                                                                                      entièrement remanié, complété et mis à jour par rapport à la 4e édition
                                                                                                      (2010 – 2012). L’ouvrage « Système de santé suisse » est une référence
                                                                                                      pour tous ceux et celles qui s’intéressent au système de santé et à
                    Beaucoup de stress pour le personnel soignant spécialisé                          la politique menée dans ce domaine, qu’ils soient des spécialistes
                    La grande complexité des cas nécessite des réunions d’équipe                      du système de santé et des assurances sociales, des scientifiques,
                    plus fréquentes pour examiner les cas. Le personnel soignant                      des journalistes, des politologues, des politiciens, ou bien sûr des
                    a des contacts intensifs dans le cadre de réseaux avec d’autres                   assurés et des patients désireux d’en savoir plus à ce sujet. Il est par
                    experts comme les médecins, les services sociaux, les établis-                    ailleurs un excellent ouvrage didactique à l’attention des étudiants et
                    sements de réinsertion et les services psychiatriques externes.                   des personnes qui suivent une formation de base, complémentaire,
                    Andrea Hilfiker attache beaucoup d’importance à la supervision                    postgraduée ou encore continue dans l’une des différentes filières du
                    et au coaching des spécialistes en soins psychiatriques : « Le                    domaine de la santé, du social et des assurances.
                    stress est élevé, surtout après les situations de crise, lorsqu’il
                    faut surmonter les répercussions émotionnelles d’un suicide
                    par exemple. Pour pouvoir gérer le stress, il est très impor-
                    tant de valoriser la qualité du travail exigeant réalisé par les
                    membres de l’équipe. »

                    Perspective d’avenir : régionalisation des offres
                    Dans le sillage de la « déshospitalisation » de la psychiatrie,
                    les besoins en soins psychiatriques ambulatoires à domicile
                    sont en augmentation. Les offres pour répondre à ces besoins
                    croissants sont encore insuffisantes. Afin de mieux coordon-
                    ner les offres spécialisées et les besoins, l’organisation Spitex
                    d’Aarau plaide en faveur d’une régionalisation. Avec les orga-
                    nisations Spitex des localités voisines de Buchs et Suhr, elle a
                    signé une convention de prestations qui permet à ces deux or-
                    ganisations d’accéder aux soins psychiatriques Spitex d’Aarau.

                    PAUL RHYN
                                                                                                      Commande
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Photo : Paul Rhyn

                                                                                                                 2015 – 2017 », éditeur : Willy Oggier,
                                                                                                                 5e édition 2015 entièrement remaniée
                                                                                                                 488 pages, CHF 39.90

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                    Andrea Hilfiker, responsable de l’équipe Psychiatrie de l’organisation Spitex     Fax 031 300 45 94, courriel : vertrieb@hogrefe.ch
                    d’Aarau : « Les soins psychiatriques ambulatoires : un métier exigeant. »

                                                                                                    9 | 4/16
Info santésuisse 4 /16 - Santésuisse
Les prix des médicaments continuent d’augmenter de façon supérieure à la moyenne

Il n’est pas tenu compte du principe d’économicité

Les coûts des médicaments dans                tré une croissance supérieure à la         férents groupes pharmaceutiques,
l’assurance obligatoire des soins             moyenne au cours du premier se-            l’OFSP a perdu devant le Tribunal fé-
(AOS) ont enregistré une crois-               mestre 2016 : elle avoisine 6,4 % pour     déral en décembre dernier. Qu’en est-
sance supérieure à la moyenne au              les prestations reçues en pharmacie        il dès lors des économies annoncées
cours du premier semestre 2016 :              et 4,7 % pour les médicaments remis        en 2012 suite à l’accord conclu par le
comme le montre le monitoring                 par les médecins, comme le révèle le       DFI avec les associations de l’indus-
des coûts publié en août par l’OFSP,          monitoring des coûts publié en août        trie pharmaceutique ? Cela met une
elle avoisine 6,4 % pour les presta-          par l’OFSP. Cela vient du fait que les     fois de plus en évidence la carence
tions reçues en pharmacie et 4,7 %            bases légales concernant la fixation du    institutionnelle liée au fait que les as-
pour les médicaments remis par les            prix des médicaments sont mal appli-       sociations de consommateurs et d’as-
médecins. Le principe d’économi-              quées voire ne le sont pas du tout. Des    sureurs n’ont pas de droit de recours
cité doit être appliqué de manière            mesures visant à atténuer l’augmen-        pour lutter contre des prix trop élevés.
cohérente à l’avenir.                         tation des coûts dans le domaine des
                                              médicaments ont été prises dès 2009.       Ancrer le principe d’économicité
Cette évolution des coûts supérieure à        Un examen régulier des critères d’ad-      de manière rigoureuse
la moyenne vient du fait que les bases        mission pour tous les médicaments fi-      Si les autorités fédérales s’étaient ali-
légales concernant la fixation du prix        gurant sur la liste des spécialités doit   gnées à temps sur le principe d’éco-
des médicaments sont mal appliquées           notamment avoir lieu tous les 3 ans.       nomicité, qui résulte de l’art. 43, al. 6
voire ne le sont pas du tout. Des me-         Comme le Surveillant des prix l’a lui      LAMal, ce revers aurait pu être évité
sures visant à atténuer l’augmentation        aussi rappelé à maintes reprises, le       et l’augmentation des coûts aurait pu
des coûts dans le domaine des médi-           principe d’économicité ancré dans la       être atténuée efficacement. Le DFI au-
caments ont été prises dès 2009. Un           LAMal n’a malheureusement jamais été       rait pu également éviter les problèmes
examen régulier des critères d’admis-         mis en oeuvre de façon rigoureuse.         actuels avec un examen annuel géné-
sion pour tous les médicaments figu-          L’incohérence du DFI lui vaut bien         ral. Appliqué de manière cohérente,
rant sur la liste des spécialités, autre-     des soucis et des procès.                  le principe d’économicité signifie que
ment dit l’ensemble des médicaments                                                      l’assurance-maladie rembourse uni-
remboursés par les assureurs-maladie,         Déficits institutionnels                   quement la version la moins chère
est notamment prévu tous les 3 ans.           En 2012, le DFI a supprimé la com-         d’une substance active, qui est sou-
                                              paraison thérapeutique (CT) dans le        vent un générique. Si une personne
On a raté l’occasion d’atténuer               cadre du contrôle tous les 3 ans. Cette    veut un autre médicament, elle doit
l’augmentation des coûts                      modification ne reposait visiblement       payer la différence elle-même.
Les dépenses de l’assurance obliga-           pas sur une base juridique suffisante
toire des soins (AOS) ont enregis-            et suite aux recours déposés par dif-      Le projet d’ordonnance ignore
                                                                                         les intérêts des payeurs de primes
                                                                                         Le fait est que les payeurs de primes
                                                                                         continuent de payer des prix excessifs
 Taux de change pour les riches ?                                                        des médicaments. Le nouveau projet
                                                                                         d’ordonnance du DFI prévoit de pon-
 Le taux de change réel avec l’euro est inférieur à CHF 1,10 actuellement. Les prix
                                                                                         dérer de la même façon la comparai-
 des médicaments de la liste des spécialités reposent néanmoins sur un cours de
                                                                                         son avec les prix pratiqués à l’étran-
 CHF 1,26. Les patients et les assurés doivent donc payer près de 15 % de plus pour
 des médicaments fabriqués généralement à l’étranger. S’y ajoutent les majorations
                                                                                         ger et la CT et ignore donc le prin-
 considérables justifiées à tort par le pouvoir d’achat plus élevé en Suisse, mais qui
                                                                                         cipe d’économicité. L’OFSP n’a au-
 portent essentiellement sur des médicaments produits à moindre coût à l’étranger,       cune raison de redouter d’éventuels
 parfois dans des pays à main-d’œuvre bon marché.                                        recours, étant donné que seule l’in-
                                                                                         dustrie pharmaceutique peut en dé-

                                                                   10 | 4/16
poser. Les quelques acteurs qui re-
présentent les intérêts des payeurs de
primes n’ont pas de droit de recours
contre des prix trop élevés des médi-
caments. Suite aux modifications pro-
posées, la comparaison thérapeutique
entraînera de plus faibles diminutions
de prix en moyenne. La Suisse res-
tera un îlot de cherté pour des médi-
caments fabriqués principalement à
l’étranger et les payeurs de primes de-
vront continuer de verser à l’industrie
pharmaceutique une contribution à la
promotion de la place économique.
Les sociétés pharmaceutiques qui es-
timent être traitées injustement en rai-
son de l’échelonnement sur 3 ans de-
vraient faire recours lors de la pro-
chaine baisse des prix en décembre
2017. Il en résultera de nouvelles mo-
difications d’ordonnance au profit des
sociétés pharmaceutiques dans 4 ans.
Un examen annuel de tous les mé-
dicaments pourrait résoudre le pro-
blème, comme santésuisse, le Surveil-
lant des prix et les consommateurs le                                                      Les instruments contre des prix des
demandent depuis des années.                                                               médicaments trop élevés existent,
                                                                                           encore faut-il s’en servir.

L’industrie pharmaceutique
est avantagée
Les intérêts de l’industrie pharmaceu-
tique priment malheureusement sur
ceux des payeurs de primes qui paient      LAMal. L’OFSP n’a aucune raison de       de prix en moyenne. En se fondant sur
systématiquement trop car l’économi-       redouter d’éventuels recours, étant      le taux de change actuel de CHF 1,09,
cité, et en particulier la réduction des   donné que seule l’industrie pharma-      cela correspondrait à un prix à un taux
coûts, ne sont pas suffisamment pris       ceutique peut en déposer. Suite aux      de CHF 1,19. La Suisse restera ainsi un
en compte, comme le nouveau projet         modifications prévues, la comparai-      îlot de cherté pour les médicaments
d’ordonnance l’illustre. Censé amélio-     son avec les prix pratiqués à l’étran-   et les payeurs de primes continueront
rer la sécurité juridique après la déci-   ger va avoir tendance à faire baisser    de verser à l’industrie pharmaceutique
sion du tribunal, il apporte des adap-     les prix, la plupart des médicaments     florissante une contribution à la pro-
tations, afin d’éviter de nouveaux re-     reposant toutefois encore sur un taux    motion de la place économique, en
cours de l’industrie pharmaceutique.       de change avec l’euro de CHF 1,28.       violation des principes de la LAMal.
La pondération équivalente des deux        Le prix de comparaison utilisé dans le
critères d’économicité ignore le prin-     cadre de la CT se situera à ce niveau    ANDREAS SCHIESSER,
cipe d’économicité de l’art. 43, al. 6     et entraînera une moindre diminution     CHEF DE PROJET MÉDICAMENTS

                                                              11 | 4/16
L’assurance-maladie dans la Principauté du Liechtenstein

Un laboratoire pour de nouvelles idées

Proche de la loi suisse et pourtant dif-            plus, ce n’est plus l’employeur qui paie la prime,
férente ! L’assurance-maladie du Liech-             mais directement l’assuré lui-même.
tenstein s’inspire de la loi suisse sur
l’assurance-maladie, mais présente des              Planification des besoins pour les médecins
différences notables. Thomas A. Hasler,             Chez les fournisseurs de prestations, les médecins
directeur de l’Association des caisses              admis ne peuvent plus facturer automatiquement
d’assurance maladie du Liechtenstein                à charge de l’assurance-maladie. Chaque médecin
(Liechtensteiner Krankenkassenverband               passe un contrat individuel avec la LKV, qui règle
LKV), donne un aperçu des particularités de         le volume des prestations à fournir à la charge de
la Principauté.                                     l’assurance. Un contrôle a lieu tous les 2 ans pour
                                                    s’assurer que les contrats sont respectés. Si un mé-
Thomas Hasler connaît la scène européenne :         decin n’honore pas son contrat, la LKV risque de
« Si j’ai une question sur le droit des assu-       ne pas le renouveler. La situation de travail est no-
rances de l’UE (Union Européenne), je sais          tamment prise en considération, en particulier le
où m’adresser à Bruxelles. » Etant membre de        travail à temps partiel du médecin. Il s’agit de ga-
l’Espace Economique Européen EEE, le Liech-         rantir que les capacités autorisées dans le cadre
tenstein fait partie du marché intérieur euro-      de la planification des besoins sont effectivement
péen et il est donc soumis aux dispositions de      disponibles pour les patients.
l’UE en matière de politique sociale. La prise
en charge médicale est également coordonnée         « Il n’y a pas de recette
à l’échelle internationale. Les 40 000 habitants
de ce petit pays trouvent absolument normal         patentée pour freiner
de ne pas être traités uniquement dans l’hô-        la hausse des coûts »
pital de Vaduz, mais aussi à St-Gall, Coire ou
Feldkirch en Autriche.                              Paysage hospitalier modelé en fonction
                                                    des régions
Réforme progressiste de la loi                      Thomas Hasler estime que la planification hos-
Durant la législature en cours, le gouverne-        pitalière du Liechtenstein comporte un atout ma-
ment du Liechtenstein a élaboré un paquet de        jeur : « La proximité des frontières nous oblige à
réforme de l’assurance-maladie, qui est main-       planifier par régions. En faisant cavalier seul, nous
tenant dans sa phase de mise en œuvre. Afin         ne pouvons pas garantir une offre de soins com-
de juguler des dépenses de santé en forte aug-      plète ». Le trajet en voiture dure seulement une
mentation, des mesures ont été prises aussi         demi-heure pour se rendre à l’hôpital à St-Gall ou
bien du côté des assurés que des fournisseurs       Coire. Les médecins spécialistes exerçant au Liech-
de prestations.                                     tenstein travaillent aussi comme médecins agréés
Jusqu’à présent, les contributions de l’Etat ser-   dans ces hôpitaux et y traitent leurs patients de la
vaient à réduire les primes des caisses-mala-       Principauté. La liste des hôpitaux est fournie. Des
die. En lieu et place du principe de l’arrosoir,    contrats de prestations ont notamment été passés
les contributions étatiques alimentent unique-      avec l’hôpital universitaire de Zurich, l’Hôpital de
ment, et c’est nouveau, une assurance pour          l’Île à Berne ou la Clinique Schulthess à Zurich.
coûts élevés – à l’exception de la réduction in-
dividuelle des primes et des contributions de       De tous les pays de l’UE, qui fait le mieux ?
l’Etat pour les enfants. L’assurance pour coûts     Le Liechtenstein étant étroitement lié à l’UE, Tho-
élevés prend en charge les coûts de l’assuré        mas Hasler a une connaissance approfondie des
supérieurs à 5000 francs. La franchise minimale     différents systèmes de santé des Etats membres.
est relevée de 200 à 500 francs. Ce relèvement      Lorsqu’on lui demande si un pays fait mieux que
s’applique à tous les assurés adultes, sauf aux     les autres, sa réponse est négative : « Il n’y a pas de
retraités. La quote-part, actuellement de 10 %,     recette patentée ». Les facteurs de hausse des coûts
passe à 20 % pour les assurés qui n’ont pas         sont partout les mêmes : progrès médicaux, aug-
atteint l’âge de la retraite. Si la franchise mi-   mentation du volume des prestations, exigences
nimale est de 500 francs, les franchises à op-      élevées quant aux soins. Etant donné les prix éle-
tion sont possibles jusqu’à 4000 francs. Des ra-    vés des médicaments, le Liechtenstein va examiner
bais maximaux sont fixés, obligeant ainsi les       prochainement si, en tant que membre de l’EEE, il
assurés qui ont choisi des franchises élevées       peut aussi importer les médicaments de ces pays.
à payer une contribution de solidarité en fa-       Les dispositions légales pour le faire existent de-
veur des assurés dont la franchise est basse. De    puis déjà des années.

                                                                  12 | 4/16
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                                                                                 maladie du Liechtenstein (LKV)
                                                                                 L’Association fondée en 1957 est présidée par Donat P.
                                                                                 Marxer, président du Comité de CONCORDIA Représen-
                                                                                 tation permanente au Liechtenstein.
                                                                                 Thomas A. Hasler (36 ans), économiste d’entreprise, di-
                                                                                 rige la LKV depuis le 1er janvier 2015. Auparavant, il a
                                                                                 occupé dès 2004 diverses fonctions auprès du gouver-
                                                                                 nement de la Principauté, dans les domaines de l’assu-
                                                                                 rance-maladie et accidents, des hôpitaux et de la coordi-
                                                                                 nation des assurances sociales dans l’UE.
                                                                                 La FKB (caisse de santé du Liechtenstein), la caisse-maladie
                                                                                 et accidents CONCORDIA et l’organisation de santé SWICA
                                                                                 sont membres de la LKV et admises à pratiquer l’assurance-
                                                                                 maladie obligatoire dans la Principauté du Liechtenstein.

                                                                             Thomas A. Hasler, directeur de l’Association des caisses
                                                                             d’assurance maladie du Liechtenstein.

                                                                             Un tarif allégé
                                                                             La LKV réclame aussi une fourniture efficiente des
                                                                             prestations. Vu les ressources limitées, Thomas Has-
                                                                             ler se félicite que le Liechtenstein ait adopté le tarif
                                                                             suisse TARMED. Les échanges avec la Suisse se font
                                                                             sur la base d’un contrat de collaboration avec tarif-
                                                                             suisse sa. Thomas Hasler consacre la moitié de son
                                                                             temps de travail à diriger la LKV et l’autre moitié à
                                                                             assumer chez tarifsuisse sa la responsabilité des né-
                                                                             gociations pour la Suisse orientale. « Pour les ques-
                                                                             tions de structure tarifaire et de négociations ainsi que
                                                                             pour les contrôles d’économicité, la LKV profite di-
                                                                             rectement du savoir-faire de tarifsuisse ».

                                                                             Une baisse des coûts de 15 % est possible
                                                                             Les progrès médicaux et les avancées en matière de
                                                                             technologie de l’information offrent aussi des opportu-
                                                                             nités. Thomas Hasler est convaincu qu’en adaptant les
                                                                             processus et en développant la cybersanté au Liech-
                                                                             tenstein, des prestations de qualité élevée peuvent
                                                                             être fournies bien plus efficacement qu’aujourd’hui.
                                                                             « Une baisse de 15 % des coûts est un chiffre réaliste ».
La Principauté du Liechtenstein réforme énergiquement
son assurance-maladie.                                                       PAUL RHYN

                                                                     13 | 4/16
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                                                                                                           tière de santé ? La diabolisation du beurre
                                                                                                           riche en cholestérol a profité surtout aux
                                                                                                           fabricants de margarine.

                                                                                                           geles* a analysé plusieurs valeurs chez
                                                                                                           plus de 40 000 participants : la tension
                                                                                                           artérielle, le cholestérol, la glycémie,
                                                                                                           etc. Elle a comparé ces données aux
                                                                                                           IMC relevés. Or près de la moitié des
                                                                                                           personnes dites « en surpoids » voire
                                                                                                           plus d’un tiers des personnes quali-
                                                                                                           fiées d’« obèses » sur la base de leur
                                                                                                           IMC avaient des valeurs cardio-vas-
                                                                                                           culaires normales. Par contre, chez
                                                                                                           plus de 30 % des personnes avec un
                                                                                                           poids normal, ces valeurs n’étaient
                 Des conseils pour la santé controversés                                                   pas bonnes. Ces constatations re-
                                                                                                           joignent celles d’études précédentes
                                                                                                           qui n’ont pas établi de lien direct entre
                 Oubliez l’IMC !                                                                           un IMC trop élevé et des infarctus ou
                                                                                                           le taux de mortalité. En revanche, le
                                                                                                           taux de graisse abdominale semble
                                                                                                           être plus pertinent comme indicateur
                 L’indice de masse corporelle (IMC)         (OMS), qui considère qu’une personne           d’un risque de développer une mala-
                 ne suffit pas pour évaluer l’état          est en surpoids quand l’IMC est égal           die cardio-vasculaire.
                 de santé d’un individu. Selon une          ou supérieur à 25 et qu’elle est obèse
                 étude publiée en février 2016 par          quand l’IMC est égal ou supérieur à            PAUL RHYN
                 l’Université de Californie à Los           30. Ces valeurs s’accompagneraient
                 Angeles, 74 millions d’Américains          de risques accrus d’être atteint de ma-
                 et d’Américaines seraient consi-           ladies cardio-vasculaires, d’hyperten-         * Tomiyama, A J, et. al. : Misclassification of
                 dérés par erreur comme étant en            sion artérielle, de diabète et de cancer.        cardiometabolic health when using body
                                                                                                             mass index categories in NHANES 2005-2012,
                 bonne voire mauvaise santé si seul         Une étude publiée en février 2016 par            International Journal of Obesity (2016) 40,
                 l’IMC était pris en compte.                l’Université de Californie à Los An-             883–886, doi :10.1038/ijo.2016.17

                 Des millions de personnes font une
                 fixation sur l’IMC et tentent par toutes    Les œufs dédiabolisés
                 sortes de régimes d’atteindre leur          Les hypolipidémiants font partie des médicaments les plus vendus dans le monde.
                 poids idéal. L’IMC se calcule en divi-      Bien que controversés en raison de leurs éventuels effets secondaires, ils sont prescrits
                 sant le poids exprimé en kilogrammes        lorsque le taux de cholestérol est trop élevé. En 2015, l’autorité de santé américaine a
                 par la taille au carré. L’IMC pour un       totalement invalidé le seuil maximum actuel de 300 mg par jour car il n’a pas été dé-
                 homme de 1,80 m pesant 90 kg est            montré qu’un régime comportant moins d’œufs, de beurre et de fromage influerait
                 de 27,8. Sur un site web, ce résul-         sur le cholestérol sanguin. La recommandation faite depuis des décennies de renoncer
                 tat donne lieu au commentaire sui-          aux œufs riches en cholestérol reposait sur des résultats d’études erronés aujourd’hui
                 vant : „Vous êtes en surpoids avec un       contestés. En Suisse, le rapport sur la nutrition 2012 regrettait « le manque d’informa-
                 IMC de 27,8. Vous pourriez courir des       tions exhaustives sur les facteurs de risques pour les maladies cardio-vasculaires dû à
                 risques pour votre santé.“ Cette éva-       l’absence de mesures nationales représentatives – p. ex de la glycémie et du cholestérol.
                 luation correspond à la classification      Il n’existe pas non plus d’informations fiables pour toute la Suisse sur la fréquence des
                 de l’Organisation Mondiale de la Santé      maladies cardio-vasculaires en Suisse. »

                                                                                 14 | 4/16
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