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ZOOM
Magazine des entrepreneurs
ALIMENTATION 2/18
A la base de notre alimentation: l’agriculture
La Suisse romande – une riche culture culinaire
Le règne des particularismes alimentaires
Audit | Fiduciaire | Fiscalité | Conseil
ÉDITORIAL
ZOOM
Magazine des entrepreneurs
2/18
Nicolas Duc
Le chiffre du ZOOM Docteur en Droit / Partner / Membre de la direction romande de BDO
Responsable du Conseil fiscal et juridique de BDO pour la Suisse romande
400
ALIMENTATION
A la base de notre alimentation: l’agriculture
La Suisse romande – une riche culture culinaire
Bonjour à toutes et à tous,
Le règne des particularismes alimentaires
La deuxième édition du ZOOM en 2018 se penche sur un A l’heure de la globalisation, l’alimentation est aussi
produits alimentaires
thème qui nous concerne tous, l’alimentation. présente dans les airs. Les chiffres de Gate Gourmet
Audit | Fiduciaire | Fiscalité | Conseil
traditionnels du pays Comme dirait l’adage: «Faut-il manger pour vivre ou donnent le vertige: 61 000 repas préparés par jour
répertoriés par vivre pour manger?» Vaste débat … de pointe à l’aéroport de Zurich, la qualité toujours en
THÈME PRINCIPAL
l’association Patrimoine Le secteur de l’alimentation, comme bien d’autres sec- ligne de mire, Swiss made oblige ☺.
A L I M E N TAT I O N
Culinaire Suisse teurs de l’économie, subit de nombreux changements. L’alimentation, c’est aussi toujours plus de particula-
L’heure n’est plus à la production intensive, à l’appauvris- rismes, que ce soit au niveau des intolérances ou des
sement des sols, mais bien davantage à la consommation allergies, mais aussi des nouveaux modes de consomma-
locale, au retour aux sources. tion, du véganisme au carnivorisme, en passant par le
L’agriculture est à la base du système alimentaire et végétarisme et d’autres variantes.
doit se réinventer. En Suisse également, au diable le A l’heure des Top Chef, MasterChef et autres concours
DOSSIER DOSSIER
4 18 mythe du paysan de montagne qui nourrit trois chèvres et de cuisine, qui ont remis la casserole et l’assiette au
A la base de notre alimentation: l’agriculture La Suisse romande – une riche
deux moutons. Peter et Heidi ont cédé leur place à des centre du petit écran, laissons-nous porter par notre côté
culture culinaire
agriculteurs dynamiques, soucieux de l’environnement et épicurien. C’est une valeur sûre depuis la nuit des temps.
RENCONTRE
8 qui privilégient les contacts directs avec les consomma-
Tristan Carbonatto, artisan chocolatier à Perroy ACTUALITÉ BDO
21 teurs plutôt qu’avec les géants de l’alimentaire. Consom- Alors, santé et bon appétit!
Le Brunch des administrateurs
mer local, c’est aussi faire la part belle aux entreprises
12 PORTRAIT CLIENT
10 traditionnelles et aux produits traditionnels. Chaque can- Nicolas Duc
Gate Gourmet ACTUALITÉ
22 ton, chaque région est fière de ses produits. Au-delà des
Agenda légal
guerres relatives aux AOP, AOC, IGP, etc., c’est avant tout
ZOOM SUR
12 le savoir-faire et l’amour des choses bien faites qui ani-
Le règne des particularismes alimentaires SÉMINAIRES DE
23 ment le maintien de ces traditions culinaires. Il en va de
FO R M AT I O N B D O
même d’icônes de l’alimentation suisse, comme les
14 PORTRAIT CLIENT Les Vendanges fiscales
fameux Basler Läckerli de Läckerli Huus, aussi célèbres
Läckerli Huus
que le gruyère ou le chocolat.
De chocolat, parlons-en, car c’est aussi une source
ACTUALITÉ
16 d’excellence. Dans l’arc lémanique, le chocolatier Tristan
Projet fiscal 17 – et son successeur
Carbonatto est une figure incontournable. De la petite
chocolaterie de village sur les hauteurs de la Côte à la
petite entreprise d’aujourd’hui à Perroy, que de chemin
parcouru! Mais l’objectif est demeuré le même: l’excel-
lence du produit. Pour avoir testé, je pense que l’on peut
dire que la mission est réussie. Dommage qu’il ne soit
Impressum: ZOOM 2/2018, juin 2018, magazine de BDO SA Suisse romande Editeur: BDO SA, Direction Suisse romande, pas possible de retranscrire ici les effluves qui sortent de
CP 7690, 1002 Lausanne, 021 310 23 23, www.bdo.ch Rédaction: Muriel Raemy, Frank-Olivier Baechler, Laurence Moret, Vanessa ce «Charlie» de la chocolaterie artisanale romande, voire
Berger, Nicolas Duc et Joseph Weibel Photos: page de couverture iStock, pp. 4 – 7 Muriel Raemy et iStock, pp. 8–9 Jean-Luc Gross-
mann/Photopulse, pp. 10–11 Bernhard Strahm, pp. 12–13 iStock et Maaike Kruseman, pp. 14–15 Bernhard Strahm et pp. 16–17 Stahl suisse.
Photographie GmbH Mise en pages: Pomcanys Marketing AG, Zurich/Soleure Correction: Monika Schwarzer Imprimerie: ABP
Project Sàrl, Morens (FR).
Paraît trois fois par année. Egalement en allemand.
Reproduction autorisée avec mention des sources.
BDO est membre de .
BDO ZOOM 2/2018 | 3
DOSSIER
À LA BASE DE NOTRE ALIMENTATION:
L’AGRICULTURE
Une population mondiale en expansion, des limites terrestres qui, elles, ne le sont pas. L’agriculture est au carrefour de nombreux défis,
et avec elle notre alimentation. Que veut le consommateur dans son assiette? Quelles politiques façonnent notre agriculture? Où
les agriculteurs trouvent-ils de nouveaux financements? Coup d’œil sur quelques projets qui pensent et mettent notre alimentation
en pratique.
TEX TE DE MURIEL R AEMY, PHOTOS DE MURIEL R AEMY ET D̕ISTOCK
L’agriculture suisse a longtemps été indissociable de la figure folklori- capable de faire face aux défis de la mondialisation et des change-
sée et patriotique du paysan. Les travaux aux champs ont été mis en ments climatiques. Intitulée «Pour la souveraineté alimentaire – l’agri-
chanson, peints et photographiés, véhiculant aussi bien à l’intérieur de culture nous concerne toutes et tous», cette initiative sera soumise à la
nos frontières que vers l’extérieur une identité nationale forgée sur votation en septembre de cette année, conjointement à celle des
l’amour de la terre. Mais l’agriculture est surtout politique. Elle est Verts. Cette dernière, «Oui à des aliments sains et équitables», veut
d’ailleurs le seul secteur économique qui a son propre Office fédéral. favoriser les denrées alimentaires, qu’elles viennent de Suisse ou
La mission qu’elle doit remplir est inscrite dans un article constitution- qu’elles soient importées, issues d’une agriculture respectueuse de
nel, voté en 1999, dont les piliers fondamentaux sont la production l’environnement comme des animaux et produites dans des conditions
durable de denrées alimentaires axée sur le marché et le maintien des justes.
ressources naturelles. Si les signataires ainsi que de nombreux syndicats et sympathisants
investissent leurs forces dans les débats de proximité, des projets
Des lois et des initiatives et des idées essaiment à l’intérieur comme à l’extérieur du monde agri-
En septembre de l’année dernière, la population a accepté d’ajouter la cole afin de réfléchir et de mettre en pratique l’agriculture que nous
sécurité alimentaire dans la Constitution. Ce texte soulève de nom- voulons dans nos assiettes, tout en promouvant la production locale.
breuses questions dans un contexte international où les marchés satu- Des programmes comme «Nourrir la ville», mis sur pied par Genève,
rés et les importations de produits bon marché font baisser les prix et ou les jardins familiaux de Lausanne tentent l’expérience de l’agricul-
augmentent la concurrence entre les agriculteurs. Une initiative lancée ture urbaine. Celle-ci fleurit sur tout le pays, jusqu’à prendre l’assaut
par Uniterre et l’Alliance pour la souveraineté alimentaire vise à mener des toits. En voici quelques échantillons, très succincts au vu de tout ce
le débat sur les rôles du marché et de l’Etat et à soutenir une agricul- qui fourmille et bourgeonne en Suisse. ■
ture paysanne locale, socialement et écologiquement responsable,
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DOSSIER
A Bâle, une agriculture pour la ville
Urban Agriculture Netz Basel est une association qui encourage
la production de denrées alimentaires par les habitants de Bâle
et de sa région. Elle soutient et lie plus de 50 projets qui tous
s’engagent pour la préservation des sols agricoles exploitables
ainsi que l’utilisation des sols dans un but alimentaire. Elle a, par
exemple, convaincu la Ville de transformer un parking en un
jardin communautaire, le Landhof. Cette association a également
donné naissance aux «jardins de Nuglar», sortis de terre il y a
un peu plus de six ans sur les hauts du Jura soleurois, non loin de
Bâle. Des vergers, des jardins et des champs y sont cultivés sur
plus de 6 ha, selon les principes de la permaculture et de la bio-
dynamie. «Nous favorisons la fertilité de nos sols et la santé
de nos plantes en les paillant et en amenant régulièrement du
compost. Aucun produit de synthèse n’est utilisé et la plus grosse
machine que nous avons est ce motoculteur», explique Domi-
nique Oser, l’agricultrice qui porte le projet pour l’association. Les
légumes et les fruits sont livrés chaque semaine dans plus de
80 paniers, selon le modèle de l’Agriculture Contractuelle de
Proximité – connue en Suisse romande grâce aux Jardins de
Cocagne (GE), par exemple, ou La Clef des Champs (JU). «Nous
pouvons compter sur de nombreux stagiaires ainsi que sur
des bénévoles, qui répondent à nos appels lors des gros pics de
récolte ou de travaux plus conséquents.» Un modèle viable?
Dominique Oser n’en doute pas, même si elle avoue que pour
l’instant l’aventure en est au stade de l’expérimentation, autant
économique que sociale. «Il s’agit pour moi d’être cohérente.
2000 m2 L’agriculture intensive utilise une énorme quantité d’énergie fos-
Le nombre d’habitants sur la planète ne cesse d’augmenter, sile pour faire fonctionner ses machines, épandre ses fertili-
alors que la taille de celle-ci reste la même. Est-ce que la sants, etc. Il y a un chemin qui nous permet de produire notre ali-
Terre pourra nous nourrir toutes et tous dans le futur? Cette mentation de manière naturelle.» Une conviction qui anime
question a germé à Berlin, il y a un peu plus de cinq ans. également les nombreuses associations réunies sous la bannière
La Fondation pour l’Agriculture du Futur à Berlin a tenté de la Fédération Romande d’Agriculture Contractuelle de Proximi-
d’y répondre en initiant le projet 2000 m2. Le principe? té, que l’on trouve résumée ainsi sur son site internet: «Paniers Des liens directs favorisés
Lorsque l’on divise la surface totale de terres arables dans le contractuels pour une agriculture locale, écologique, sociale, soli-
monde (environ 1,4 milliard d’hectares) par le nombre daire et à taille humaine pour assurer la souveraineté alimentaire». Vente directe de la ferme, marchés hebdomadaires, paniers sur abonnement (comme illustré avec l’Agriculture Contrac-
d’individus vivant sur cette planète, on obtient le ratio de tuelle de Proximité, ci-contre): les consommateurs et les producteurs cherchent et soignent leur lien direct. Cela permet
2000 m2 par personne. C’est donc sur cette parcelle de terre aux uns de savoir où et comment est produit leur nourriture et aux autres de non seulement valoriser leur travail, mais
que doit pousser tout ce que nous fournit Mère Nature et qui également d’éviter les intermédiaires. Un pari gagnant qui permet le plus souvent d’assurer une production durable et
nous permet de vivre chaque jour: blé, riz, pommes de terre, des prix équitables et compétitifs.
fruits, légumes, huile ou encore sucre, sans oublier l’alimenta- De ces idées et de l’envie de soutenir la production des paysans, de maîtriser les processus de transformation des
tion des animaux en partie issue de terres arables. Nous biens de consommation, de réduire les transports et de créer des liens sociaux est née la coopérative Supermarché parti-
avons également besoin de coton pour nos cipatif paysan La Fève (SPP – La Fève), dans l’écoquartier en construction des Vergers, à Meyrin (GE). Les futurs habitants
vêtements, de tabac pour nos cigarettes ainsi que de cultures ont en effet imaginé leur propre supermarché, autogéré par ses clients et les agriculteurs et artisans (boulanger,
permettant de produire des biocarburants, du diesel et des laitier, charcutier, entre autres) de la région. Un pari qui a séduit de nombreux coopérateurs et qui a vu le jour, dans une
énergies renouvelables. version test, au mois de mai.
Neuf lopins de 2000 m2 sont sortis de terre dans le Dans la même idée, La Ruche qui dit Oui! veut favoriser les circuits courts en donnant aux producteurs, en ligne cette
monde, dont un à Nuglar, dans le canton de Soleure, non loin fois-ci, accès à toute une communauté de clients. Une cinquantaine de Ruches ont essaimé en Suisse romande. Les
de Bâle. Il est cultivé et animé par les «jardins de Nuglar» consommateurs créent un compte et peuvent ainsi commander, sans abonnement, les produits répertoriés à l’aide de
(voir encadré ci-contre). Tout comme à Berlin, les espèces y photos et mis en vente chaque semaine par les agriculteurs et artisans de leur région: fruits et légumes de saison, pains,
sont cultivées proportionnellement aux cultures mondiales, produits laitiers, viandes, bière, cosmétiques, produits d’entretien de la maison, etc. Il s’agit ensuite d’aller récupérer sa
afin de visualiser, de manière locale, la réalité de l’impact de commande au lieu et à l’heure organisés de manière indépendante par chaque Ruche. Ce concept vient de France où plus
notre consommation sur les sols fertiles au niveau global. de 1000 Ruches existent. Un outil un peu plus globalisé au fond, mais qui correspond certainement à la demande d’un
public différent de celui qui s’adresse à l’Agriculture Contractuelle de Proximité.
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RENCONTRE
«JE VIS, JE DORS ET JE VOYAGE EN MODE CHOCOLAT»
Tristan Carbonatto, artisan chocolatier
La minutieuse confection
des lapins de Pâques
Tristan Carbonatto est artisan chocolatier en plein cœur de la Côte. Son envie? Contrôler la qualité des matières premières, de leur enuisier, nous avons trouvé une technique pour façonner un moule
m contacts au fil des rencontres. Je les visite, on passe la journée dans
facile à utiliser.» les champs et on parle produit du matin au soir!»
provenance à leur transformation. Des nouveaux laboratoires aux outils de travail, il dessine, crée et conçoit son activité sur mesure.
C’est que, chez lui, tout tourne autour du cacao et de ses multiples Ces ingrédients servent à la confection des plaques, des feuillan-
Rencontre gourmande à Perroy (VD). dérivés: «Je vis, je dors et je voyage en mode chocolat.» A tel point que tines, truffes et autres pavés, des créations presque toutes réalisées à
Tristan Carbonatto a longuement planifié et dessiné les espaces dont il la main. Seule une machine à drager, achetée à la maison Suchard,
TEX TE DE MURIEL R AEMY, PHOTOS DE JEAN-LUC GROSSMANN avait besoin, du bureau au local d’expédition en passant par les labora- tourne de longues minutes afin de caraméliser les noix du Brésil. Un
toires. «J’ai enfin un outil qui me permette de travailler convenable- jeune chocolatier y est appuyé et disperse le chocolat chaud à l’aide
ment et de créer sans limites», sourit-il. Il évoque sans regret les kilo- d’une spatule, tout en tendant l’oreille pour capter le moment où
Ce jour-là, une bise assidue déchaîne de grosses vagues sur le Léman et tions, le tout en contrôlant constamment la température de la masse mètres parcourus pour rallier la chambre froide et le laboratoire princi- celles-ci seront prêtes. «Même si nous aimons déguster, nous travail-
décoiffe les clients qui se hâtent de franchir les quelques mètres qui en préparation. «Il est là, notre savoir-faire: notre chocolat brille, il a pal, auparavant dispersés dans le village de Bougy-Villars. «Je réalise lons beaucoup au bruit, qui nous indique quand la bonne température
séparent le parking de l’entrée du magasin «Au cœur du chocolat», à de l’arôme et fond dans la bouche. Tout doit être exact: la chaleur am- enfin mon envie de tout faire moi-même, de contrôler la provenance est atteinte», sourit Tristan Carbonatto. Des gestes mille fois entraînés
Perroy. Certains, plus téméraires ou juste très curieux, s’avancent biante autant que celle de la matière, la caramélisation des amandes, des produits, leur fraîcheur et leur diversité. Mon intention n’était pas et répétés: les savoir-faire s’apprennent, tout comme le tour de main
jusqu’aux larges fenêtres qui permettent d’observer les artisans en la qualité gustative de nos noisettes, et même la découpe de notre de grandir, mais de tout mettre en œuvre pour être dans la vérité du du passionné. «Je suis parfois intolérant avec les erreurs, mais je veux
pleine action dans le laboratoire. ganache», commence Tristan Carbonatto. chocolat», continue l’artisan chocolatier. à tout prix transmettre les valeurs rigoureuses du travail bien fait,
des techniques précises ainsi que le respect des matières premières.»
Tout à la main Dessiner, créer, contrôler Valeurs et plaisir Y a-t-il une recette? «Ne pas perdre de vue que notre créativité et nos
La cadence y est élevée: il s’agit d’assurer la confection des plaques, Au moment de passer à côté d’un long comptoir où des lapins de Les pâtes de cacao arrivent sous forme solide, après avoir été malaxées, produits sont là pour faire plaisir aux gens!» ■
des truffes et du «Rêve d’enfance» à tartiner, en plus de la production Pâques tout plats reçoivent un à un leurs yeux, l’artisan chocolatier broyées et conchées. Pistaches de Sicile, amandes espagnoles ou cali-
des articles de Pâques. Les gestes sont précis, rapides. Quatre profes- se saisit d’un moule. «Je l’ai dessiné moi-même. Je voulais un lapin forniennes, poivre de Tasmanie: ces produits proviennent de coins du
sionnels s’activent à former les coques, démouler des lapins, préparer qui ait l’air vrai et que je puisse confectionner le jour même de sa monde où des producteurs ont convaincu l’artisan de leurs méthodes
les douilles pour créer des papillons délicats qui décoreront les créa- vente. J’ai fabriqué d’abord une forme en carton et avec mon ami de travail et des qualités gustatives de leur récolte. «J’ai lié ces
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PORTRAIT CLIENT
GATE GOURMET OFFRE DAVANTAGE QUE DES
SPÉCIALITÉS CULINAIRES
Les jours de pointe, Gate Gourmet produit jusqu’à 61 000 repas à l’aéroport de Zurich. Mais une entreprise de catering aérien fait bien
plus que «seulement» livrer des repas aux compagnies aériennes. Gate Gourmet fournit aussi des boissons, journaux et magazines,
couvertures, coussins, jouets, mais aussi des produits de luxe comme une montre haut de gamme Breitling pour les vols proposant la
vente Duty Free – au total 1500 articles différents pour un vol long-courrier.
TEX TE DE JOSEPH WEIBEL, PHOTOS DE BERNHARD STR AHM
Nous pénétrons enfin dans ce grand bâtiment de 29 000 m2 situé dans le mées de nourriture, comme la confiture ou le fromage. «Dès qu’un
périmètre de l’aéroport de Zurich, qui abrite les cuisines, le cœur névral- produit s’est retrouvé sur le plateau ou dans l’assiette d’un passager,
gique de l’entreprise de catering aérien. Markus Gfeller nous a expliqué tous les restes doivent être éliminés dans l’usine d’incinération, même «La complexité des cadences de production et les exigences strictes
que les jours de pointe, après avoir été soigneusement conditionnées, s’ils n’ont pas été touchés. C’est une exigence légale», commente en matière d’hygiène posent de grands défis aux traiteurs», déclare
triées et enregistrées électroniquement, plus de 60 000 unités de repas Markus Gfeller. Et lorsque le cadre légal le permet, Gate Gourmet Markus Gfeller (à droite)
sortent de production sur les chariots bien connus des voyageurs. Pas attache une grande importance au recyclage. Mais chaque élément Projet d’intégration à Zurich
moins de 79 camions assurent ensuite leur transport jusqu’à leur lieu de récupéré est d’abord contrôlé avant d’être envoyé sur un nouveau vol. Notre visite s’apparente à celle d’une ruche en pleine activité. Tout se
livraison. «Dès qu’un avion a atterri, tout se passe très vite», explique le déroule rapidement, l’évacuation de la vaisselle par exemple. Aussitôt
Managing Director responsable des activités de Gate Gourmet pour la Flexible et rapidement opérationnel nettoyée, elle est déjà préparée pour le prochain vol, avec les couverts
Suisse. Cela fait vingt ans que Markus Gfeller est entré dans l’entreprise A Zurich, 65 nations sont représentées parmi les collaborateurs. Gate et les verres. Il en va de même pour les près de 6 t de linge qui arrive
de catering, fondée en 1992 par Swissair. Aujourd’hui, elle fait partie du Gourmet a besoin d’un solide effectif de personnel, en particulier aux chaque jour et est lavé, repassé et aussitôt prêt à l’emploi.
groupe mondial gategroup qui réunit quelque 200 entreprises dans 60 heures de pointe – afin d’être flexible. Les effectifs varient selon l’heure Il convient aussi de relever un important projet d’intégration de
pays répartis sur tous les continents. de pointe, le rythme hebdomadaire et la saison. Ils comprennent en Gate Gourmet: wisli gate catering propose un environnement idéal aux
partie des employés fixes avec un modèle de temps de travail annuel. personnes désireuses de renouer avec le monde du travail après une
De la restauration à la montre Breitling Cet effectif est complété par un pool de personnel rémunéré à l’heure période de crise psychologique ou une maladie. L’entreprise leur pro-
Pourquoi l’évacuation des marchandises et le chargement dans les et qui est sollicité de manière flexible. Le panachage multiculturel de cure un logement et une occupation dans son atelier à Bülach (ZH). En-
Gate Gourmet en bref
avions doivent-ils se dérouler si rapidement? Maintenir un avion au sol 65 nations exige une formation ciblée et des exigences élevées tant en viron 80 personnes travaillent en moyenne chez Gate Gourmet sur le Gate Gourmet Zurich
coûte cher. Markus Gfeller compare cette opération essentielle à un matière de sécurité au travail que de communication. Les travaux de site de Kloten. «Le projet existe depuis dix ans et son succès ne se dé- Le site de Zurich emploie des collaborateurs de 65 nations,
arrêt au stand lors d’une course de formule 1. Le déchargement et le cuisine et de préparation des portions sont expliqués par des images ment pas», ajoute Markus Gfeller. produit jusqu’à 61 000 repas par jour et dispose d’une flotte de
chargement ne doivent pas prendre plus de 9 à 15 minutes pour un associées à du texte. Pour la seule classe Business, quatre variantes Les services de Gate Gourmet à Zurich ne s’adressent pas seule- 79 camions pour le transport des repas.
court-courrier, et pas plus de 45 à 60 minutes pour un long-courrier. La différentes de menus sont en général préparées, auxquelles s’ajoute ment aux 15 grandes compagnies aériennes, mais aussi aux vols privés Gate Gourmet Genève
logistique doit être parfaitement rôdée. A commencer par la procédure une large palette de plats spéciaux. Pour la First Class, la variété est et aux différents salons de l’aéroport. Outre Zurich, Gate Gourmet Le site de Genève emploie des collaborateurs de 25 nations et
de commande des compagnies aériennes, qu’il s’agisse de Swiss, de encore plus grande. Des commandes de dernière minute sont même possède une plus petite exploitation à Genève, où une part plus impor- produit au maximum 9500 repas les jours de pointe.
compagnies asiatiques, du Moyen-Orient ou d’Amérique du Nord, ou possibles jusqu’à 30 minutes avant le décollage. Cela a de quoi éton- tante du service est consacrée aux vols privés. Genève livre aussi des Volume du recyclage annuel à Zurich
encore de vols court-courriers, comme avec Germania. Tandis que les ner, car les défis imposés par la pression sur les prix, les délais très jets privés qui partent de Berne-Belp et de Sion. 222,8 t de verre, 48,2 t de PET, 752,4 t de papier, 10,8 t d’alumi-
repas chauds sont préparés en quantité nécessaire à Zurich pour les courts, les annulations de vols dues aux intempéries et les exigences nium et 620,8 t de restes de boissons.
clients Business et First Class, ils sont achetés pour la classe Economy. personnelles relèvent déjà de la quadrature du cercle. Comment se présente le futur? Gate Gourmet Suisse
Gate Gourmet se charge de tout ce qui est nécessaire pendant le vol, Markus Gfeller n’est pas seulement le chef de cet orchestre extrême- La société appartient au groupe mondial gategroup. Celui-ci
notamment de l’offre diversifiée de boissons – en petites portions pour Organisé jusque dans les moindres détails ment bien organisé. Il doit aussi réfléchir aux perspectives à court et à emploie 43 000 collaborateurs dans 200 entreprises réparties
la catégorie Economy, ou en bouteilles pour la Business et la First La coordination des repas, les longs trajets d’acheminement, la com- moyen terme du catering aérien. Selon lui, il est clair que la tendance dans 60 pays et offre ses services à quelque 300 compagnies
Class. Et ce non seulement pour les passagers, mais aussi pour l’équi- plexité des cadences de production, le nombre d’équipes ainsi que est à l’individualisation et à la densification de l’offre dans les diffé- aériennes dans le monde.
page. L’offre comprend des couvertures et oreillers, des écouteurs, des les exigences strictes en matière de sécurité et d’hygiène constituent rentes classes de vol. Il envisage aussi la présence d’un cuisinier à bord,
journaux et magazines, des jouets pour les enfants ainsi qu’un assorti- autant de défis que l’entreprise de catering doit relever chaque jour. comme le font déjà certaines compagnies – mais plutôt comme un
ment complet de produits Duty Free. Gate Gourmet propose égale- Aux yeux du visiteur extérieur, tout semble organisé jusque dans les instrument de marketing. Quoi qu’il en soit, l’avenir ne sera pas facile
ment des produits de luxe, comme une montre Breitling, qui sont moindres détails. Gate Gourmet attache une grande importance aux pour le catering. «La concurrence est rude et les marges sont faibles»,
transportés sous clé dans des coffres-forts et compartiments grillagés. préférences culinaires de ses clients dans une optique de qualité et explique Markus Gfeller. Mais Gate Gourmet continuera certainement
La collaboration entre Gate Gourmet et BDO
d’individualité. Elle emploie également des chefs de cuisine des pays de nous étonner par son incroyable efficacité et la précision de son BDO effectue les décomptes de salaire pour les collaborateurs
Contrôle et recyclage efficaces des différentes compagnies aériennes. Gate Gourmet répond notam- exploitation pour faire face à la demande même les jours de pointe – de Gate Gourmet en Suisse. En outre, BDO a soutenu par le
Les restes de repas ainsi que les portions inutilisées sont évacués de ment aux exigences du droit islamique et propose des repas halal à ses ou lorsqu’il faut répondre à un souhait particulier pour un vol privé de passé gategroup dans différents projets spéciaux.
l’avion. De même que les bouteilles ouvertes et les portions non enta- clients du Moyen-Orient. «Un must absolu», souligne Markus Gfeller. Roger Federer. ■
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ZOOM SUR
LE RÈGNE DES Les particularismes alimentaires se définissent avant tout par ce qu’ils
interdisent de consommer. Le végétarisme exclut ainsi la consomma-
tion de viande, de poisson et de crustacés. Si l’origine du terme (sous
Un véritable mode de vie
Tout le contraire des partisans du végétalisme (ou végétarisme strict),
qui rejettent non seulement les viandes, les poissons et les fruits
PARTICULARISMES
sa forme anglaise) date du milieu du XIXe siècle, le recours à cette de mer, mais aussi les produits laitiers, les œufs et d’autres produits
pratique remonterait à plusieurs milliers d’années. D’abord dans le d’origine animale comme la gélatine et le miel. Encore un cran au-
sous-continent indien, puis dans la Grèce antique. Le «régime de dessus, le véganisme (ou végétalisme intégral… il faut suivre!) se base
Pythagore», du nom de son initiateur (né au VIe siècle avant notre ère), sur le refus de l’exploitation animale sous toutes ses formes, bien au-
prône alors le respect de toute forme de vie. Aujourd’hui, les végéta- delà de la seule alimentation. Laine, cuir, produits cosmétiques testés
ALIMENTAIRES
riens le sont avant tout pour des raisons éthiques, religieuses, cultu- sur les animaux, etc., sont donc bannis de ce véritable mode de vie.
relles ou liées à la santé. Récemment, le crudivorisme (consommation exclusive d’aliments
Le végétarisme est parfois divisé en sous-catégories: le pesco-végé- crus, le plus souvent issus de l’agriculture biologique) et le locavorisme
tarisme (maintien du poisson), le lacto-végétarisme (maintien des pro- (consommation exclusive de produits locaux) se sont ajoutés à la
duits laitiers), le lacto-ovo-végétarisme (maintien des produits laitiers nébuleuse toujours plus dense des pratiques alimentaires. Sans parler
et des œufs) ou même … le semi-végétarisme (parfois appelé flexita- bien sûr de l’engouement croissant pour le «sans gluten» ou le
risme). Les adeptes de cette nouvelle doctrine, bien que généralement «sans lactose», régimes sans réel fondement scientifique pour les non-
«Je mange, donc je suis», tel est le mantra d’une époque frappée par les crises alimentaires et la quête frénétique du «bien manger».
fidèles aux principes végétariens, s’accordent tout de même un bon intolérants. ■
Petit inventaire des régimes en tous genres et réactions d’une spécialiste. morceau de viande ou une fondue bourguignonne de temps à autre. Du
végétarisme à temps partiel, en quelque sorte!
TEX TE DE FR ANK-OLIVIER BAECHLER, PHOTOS D̕ISTOCK ET DE MA AIKE KRUSEMAN
«Chacun s’érige trouve fascinant cette propension qu’ont certaines personnes à se pri-
en spécialiste» ver d’aliments parfaitement sains et d’attribuer des vertus à des ré-
gimes «sans». Concernant le gluten, la fréquence d’intolérance
Trois questions à Maaike avérée est restée constante (1 à 4 % de la population), mais de nom-
Kruseman, Professeure HES breuses personnes s’autodiagnostiquent comme intolérantes et disent
associée à la filière Nutrition et se porter mieux en réduisant leur consommation de produits à base de
diététique de la Haute école blé. L’amélioration de leur bien-être est sans doute réelle, mais proba-
de santé de Genève blement sans rapport avec la diminution du gluten dans leur alimenta-
tion. Le seul avantage de cette mode du «sans gluten» est que l’indus-
Comment expliquer la multi- trie alimentaire a flairé le filon – car ces produits sont beaucoup plus
plication des pratiques alimentaires, bien qu’elles ne chers – et étoffé son offre, ce qui facilite la vie des personnes souffrant
concernent encore qu’une petite réellement de maladie cœliaque.
minorité de la population?
Il est probable que les raisons pour lesquelles certaines personnes Quels sont les éventuels dangers de cette cacophonie nutritionnelle?
choisissent une pratique alimentaire ou une autre changent au Les messages des diététiciens et des médecins nutritionnistes sont
cours du temps. Par conviction éthique, pour sa santé, par effet depuis longtemps restés les mêmes, du moins dans les grandes lignes:
de mode… ou un mélange de tout ça. Et les pratiques changent, manger de tout en quantité raisonnable, privilégier les végétaux riches
elles aussi: après avoir vu des images choc tournées dans un abat- en fibres, consommer les produits d’origine animale avec modération
toir, nombre de personnes vont devenir végétariennes, parfois ainsi que des produits le moins transformés possible. Un régime végé-
de manière provisoire. Ou un individu va tester le «sans gluten» tarien, par exemple, est tout à fait compatible avec ces principes. La
pendant quelque temps, peut-être passer au véganisme, avant cacophonie vient du fait que tout le monde s’approprie le thème
de revenir à une alimentation plus variée. Ce qui est certain, c’est de l’alimentation et que de nombreux spécialistes auto-proclamés
que les réseaux sociaux offrent une immense caisse de résonance affirment n’importe quoi. Pour ma part, si j’ai une maladie cardiaque,
à tous ces particularismes alimentaires, même lorsqu’ils sont je vais privilégier l’avis d’un cardiologue sur celui de mon voisin qui a lu
rares! Regardez le véganisme: tout le monde en parle, mais peu y un livre sur la cardiologie ... Pour la diététique, c’est la même chose!
adhèrent. En Suisse, moins de 7 % de la population est Mais sous prétexte que tout le monde mange et que le thème semble
végétarienne et environ 1 % est végane … familier, chacun s’érige en spécialiste. Les conséquences peuvent être
désastreuses, notamment pour les enfants à qui les parents infligent
La crainte des produits potentiellement allergènes, comme un régime végane. J’assimile cela à de la maltraitance! D’une manière
le gluten et le lactose, est-elle disproportionnée? générale, se priver de certains aliments pour ensuite prendre les
Les intolérances au gluten (ou maladie cœliaque) et au lactose nutriments manquants sous forme de comprimés est une aberration.
sont des problèmes bien réels, documentés, mais assez rares. Je Et c’est malheureusement ce que prônent certains «nutritionnistes».
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PORTRAIT CLIENT
DÉLICIEUX ET TOUJOURS APPRÉCIÉS:
à sa succession, mais n’avait toutefois pas envisagé de vendre l’entre- (Basler Läckerli et caramels à la crème) est aussi exporté dans le sud de
prise. Miriam Baumann avait posé la vente comme condition à sa partici- l’Allemagne. «Mais 80 % de nos clients sont des Suisses», souligne Mi-
pation. Et ensuite? «Ils n’ont trouvé personne qui leur convenait, riam Baumann. La société a en outre développé son activité dans le com-
LES BASLER LÄCKERLI
j’ai donc été choisie pour diriger l’entreprise», explique-t-elle en riant. merce en ligne ainsi que dans les cadeaux d’affaires pour les
Elle est ainsi propriétaire de l’entreprise depuis début 2007. entreprises. Sur demande, une carte d’accompagnement individualisée
peut être glissée dans les emballages, qui sont envoyés dans le monde
Le passage de témoin entier. Avant Noël, cela représente jusqu’à 2700 paquets-cadeaux.
Elle n’a toutefois pas acheté la maison du célèbre biscuit les yeux fermés.
«Je ne voulais en aucun cas devoir assumer un assainissement.» Elle a Le style de direction
La simplicité et la saveur exquise des Basler Läckerli sont appréciées depuis plus d’un siècle. Pas uniquement pendant le carnaval ou à donc repris une société bien établie, mais qui avait besoin d’un nouveau A l’intérieur du bâtiment de Frenkendorf, les couloirs ne sont pas inter-
dynamisme pour assurer son succès futur. A l’origine, la maison était minables. «Dans une PME, tout le monde se connaît.» C’est ce qu’ap-
Noël, et pas seulement à Bâle. En effet, ils ravissent les papilles dans le monde entier. Il y a onze ans, Miriam Baumann-Blocher a repris
composée de cinq sociétés différentes, dont le fabricant du bonbon aux précie particulièrement Miriam Baumann. Elle n’est pas faite pour tra-
cette entreprise riche en traditions, à laquelle elle a donné une nouvelle force d’innovation. herbes Halsfeger. Ce produit ne s’intégrait pas très bien dans l’assorti- vailler dans un grand groupe. Les nouveaux produits sont testés «en
ment, c’est pourquoi la marque a été vendue par la suite. Miriam Bau- interne» ou les collaborateurs apportent des échantillons à leurs
TEX TE DE JOSEPH WEIBEL, PHOTOS DE BERNHARD STR AHM mann a estimé qu’il serait judicieux de réunir les deux sites de production connaissances ou les distribuent à leurs proches. Dans les locaux de
de Münchenstein et Gelterkinden en un siège administratif et de produc- vente, les clients sont parfois aussi de bons testeurs. Lorsqu’un préten-
tion. Le chiffre d’affaires de la société, qui employait déjà à l’époque du «produit à succès» ne marche pas, il est retiré de l’assortiment.
150 collaborateurs, provenait à 70 % de la vente des Läckerli. Tout simplement. «En tant que PME, nous pouvons agir ainsi.» Miriam
Aujourd’hui, cette part a été ramenée à 50 % avec la diversification de Baumann apprécie l’agilité d’une petite entreprise. Les voies courtes et
l’offre souhaitée par la nouvelle cheffe d’entreprise. Actuellement, l’entre- directes correspondent à son style de gestion. «Avec moi, chacun sait
prise ne produit pas moins de 1000 t de Läckerli par an. à quoi s’en tenir. Et j’attends la même chose des autres.» Lorsqu’il
s’agit de reconnaître des tendances et de savoir quelle direction suivre
Les fluctuations saisonnières en termes de durabilité, elle recherche toujours le dialogue en interne.
L’assortiment a été considérablement élargi. Outre les caramels à la crème Les défis futurs sont aussi liés aux formes d’alimentation en constante
et gaufrettes, l’offre est complétée par différentes spécialités de chocolat, évolution et parfois à un attachement exagéré aux questions de santé.
avec des emballages toujours très soignés. «Les Läckerli restent la base de «Nous ne pouvons pas éduquer la société, mais c’est à nous de décider
notre activité», confirme Miriam Baumann. Les nouveaux produits ne sont quels mouvements nous souhaitons suivre.» La problématique du
pas encore assez connus. «Notre défi est de gagner de nouveaux clients sucre en est la parfaite illustration: «Même si cela ne nous concerne
Läckerli Huus grâce à nos spécialités de chocolat.» qu’indirectement, il est important de souligner que, dans nos produits,
Qu’il s’agisse des Basler Läckerli Original, des pralinés, des gau- le sucre n’est pas caché, mais joue un rôle important dans la saveur.»
frettes ou des pâtes de fruits (Gelée Russe), tous les produits sont sou-
mis à des fluctuations saisonnières: «Nous réalisons 40 % de notre La saveur
chiffre d’affaires entre octobre et décembre», explique Miriam Bau- Nous pourrions encore écouter longtemps cette entrepreneuse couron-
mann. Läckerli Huus fait aussi de bonnes affaires lors du Carnaval de née de succès. Elle défend clairement ses opinions, même si elle se moque
Bâle et à Pâques. Ensuite vient la période plutôt calme de l’été. parfois des «curieuses tendances» qui laissent penser que «notre société
L’entreprise fournit alors l’industrie des glaces en matières premières: est schizophrène». Miriam Baumann est mère d’une fille de 1 an et d’un
caramel à la crème pour la glace au caramel. garçon de 3 ans et vit avec eux et son mari Matthias à Rheinfelden. Elle
jette un regard pragmatique sur sa vie privée. Les enfants lui demandent
L’exportation beaucoup, ce qui ne laisse pas de place pour des hobbys ou autres activi-
«Le plaisir est une valeur importante de L’assortiment complet est naturellement en vente toute l’année – princi- tés sportives exigeantes. «Chaque chose en son temps», conclut-elle en
notre marque», déclare Miriam Baumann, palement dans les douze magasins de l’enseigne (vente au détail: 40 %) nous conduisant dans le «Monde des saveurs». Ici, happé par l’odeur
qui a racheté l’entreprise en 2007 ainsi que dans le commerce de détail. Le gros des exportations est desti- caractéristique des Basler Läckerli, tout visiteur abandonne ses bonnes
né au Japon. Miriam Baumann explique pourquoi: «Au Japon, la culture résolutions. Et c’est ici aussi que nous comprenons réellement le principe
du cadeau est très marquée et ils aiment le chocolat et nos caramels à la de Miriam Baumann: «Les saveurs sont la valeur de notre marque. Et nous
crème.» Les Basler Läckerli en revanche sont moins appréciés. Les Japo- y restons fidèles.» Pour notre plus grand plaisir! ■
nais ne les trouvent pas assez croustillants. L’assortiment standard
Cela passe inaperçu au premier coup d’œil. Mais lorsque l’on y prête L’assortiment
attention, l’évidence saute aux yeux: le nouveau bâtiment de Läckerli Miriam Baumann nous accueille personnellement à la réception de ce
Huus SA, inauguré en 2014 à Frenkendorf (BL), a la forme de trois magnifique bâtiment et nous conduit dans son bureau – une pièce
La collaboration entre Läckerli Huus SA et BDO
boîtes en fer blanc superposées. Il reflète les principales valeurs de la spacieuse d’une vingtaine de mètres carrés. «Je devrais faire un peu BDO est depuis près de dix ans l’organe de révision de Läckerli
maison Läckerli: tradition, saveur, culture. A l’intérieur du bâtiment, d’ordre», remarque-t-elle en souriant et en nous servant elle-même un Huus SA. Dans ce cadre, BDO effectue le contrôle ordinaire des
d’autres belles boîtes à Läckerli, anciennes ou uniques en leur café. Cette femme sympathique est dotée d’une grande force de comptes annuels. Outre ses prestations de révision, BDO
genre, sont exposées dans le «Monde des saveurs». Le visiteur peut caractère, comme nous avons rapidement pu le constater au cours de conseille Läckerli Huus SA dans des domaines liés à la fiscalité.
aussi y découvrir l’espace de production du célèbre Basler Läckerli notre entretien.
Original ainsi que d’autres spécialités – en live et en images. La Un exemple? Elle avait 31 ans lorsqu’elle écrivit à l’ancien propriétaire Daniela Kaiser et Michael Benes sont respectivement respon-
nouvelle cheffe d’entreprise a souhaité exprimer ainsi son désir de l’entreprise, M. Klein, qu’elle connaissait vaguement, afin de se pro sable de mandat et partenaire-client de ce mandat de la succur-
de transparence et montrer que les produits qui sortent de sa maison poser comme nouvelle directrice. «Je n’étais pas présente lorsqu’il ouvrit La gamme traditionnelle Läckerli a été élargie. L’offre est également sale BDO de Bâle.
sont effectivement confectionnés à la main. la lettre, mais je pense qu’il a été très surpris.» M. Klein réfléchissait bien complétée par différentes spécialités chocolatées
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ACTUALITÉ
LE PROJET FISCAL 2017 –
ET SON SUCCESSEUR
Erich Ettlin et Konrad Graber, tous Différents cantons se sont engagés en faveur de cette déduction, amorties. Ceci constitue une solution adaptée pour le passage au
deux Conseillers aux Etats PDC, ont car ils ne sont pas en mesure de baisser le taux de l’impôt sur le béné- mode d’imposition ordinaire. Cela dit, les détails ne manqueront pas
travaillé sur la réforme fi scale: fice sans léser fortement les sociétés capitalisées avec des fonds de susciter de nombreuses réflexions.
«Nous disposons maintenant d’un propres. Le canton de Zurich serait ainsi particulièrement touché par
projet acceptable pour l’économie» une suppression pure et simple du régime fiscal, car une forte baisse du Projet acceptable
taux de l’impôt sur le bénéfice n’est plus possible d’un point de vue A l’issue de la séance du Conseil des Etats, on arrive à la conclusion
politique, et les autres outils n’apportent pas grand-chose à Zurich. provisoire que le projet fiscal affaiblit les mesures d’encouragement
Un compromis dans l’introduction de cette déduction consistait à prévues alors par la RIE III. Une conclusion logique au vu du rejet sans
ne l’appliquer que dans les cantons à fiscalité élevée. C’est pourquoi la appel du train de mesures par le peuple. Il en résulte néanmoins un
loi sur l’harmonisation des impôts directs prévoit une charge fiscale nouveau projet parfaitement acceptable pour l’économie. Les milieux
minimale de 13,5 % au niveau des cantons et des communes. Dans les économiques exigent à présent une entrée en vigueur dans les meil-
faits, seul le canton de Zurich atteint à ce jour cette limite, du fait des leurs délais afin de rendre la Suisse compatible aux exigences de
mesures mises en avant par les cantons en vue de la mise en œuvre du l’OCDE et de l’UE en matière fiscale.
projet.
Deux milliards dans les fonds AVS
Tout commence par un changement de nom: exit le Projet fi scal 2017 (PF17), place désormais à Resserrement du principe de l’apport de capital La RIE III a été rejetée massivement (60 %) par les électeurs, tandis que
Une des exigences de la gauche a été accordée. Le principe de l’apport la RIE II avait obtenu une toute petite majorité. L’expérience nous
la Loi fédérale relative à la réforme fi scale et au fi nancement de l’AVS (RFFA). L’occasion de
de capital (PAC) introduit dans le cadre de la réforme de l’imposition montre ainsi que les réformes fiscales qui se concentrent uniquement
constater les changements déterminants opérés par le Conseil des Etats par rapport au projet des entreprises II (RIE II) doit être resserré. Le PAC prévoit la possibilité sur les personnes morales ont de grandes difficultés à obtenir les voix
de prélever des fonds apportés par les actionnaires dans une société de des électeurs, et ce, quelles que soient les orientations politiques.
initial du Conseil fédéral.
capitaux sans incidence fiscale, ce qui est juste du point de vue du droit L’analyse, mandatée par le Conseil fédéral, et réalisée après la vota-
fiscal. Malgré cela, on a affirmé que le PAC entraînerait des pertes se tion sur la RIE III a montré que les électeurs de gauche ont voté ferme-
TEX TE DE KONR AD GR ABER ET D’ERICH ET TLIN, PHOTO DE STAHL PHOTOGR APHIE GMBH
chiffrant en milliards et des cas d’évasion fiscale. ment contre la réforme fiscale pendant que les électeurs conservateurs
Désormais, la distribution franche d’impôt aux actionnaires de ré- ont voté de manière plus mitigée. La moitié environ des électeurs de
serves issues d’apports de capital (RAC) doit toujours s’accompagner l’UDC et du PDC ont déposé un «Non» dans les urnes; même chez les
La principale modification concerne le contre-financement du projet cette réduction à 20 %, l’instrument n’est plus utilisé et les cantons d’une distribution de dividendes imposables pour un montant équiva- sympathisants du PLR, 37 % des électeurs se montraient hostiles à la
fiscal. Les «pertes fiscales» résultant de la modification des lois fédé- maîtrisent ainsi l’applicabilité de la «patent box» dans leur canton. lent (règle du 1 pour 1). Ainsi, les RAC restent franches d’impôt tandis RIE III. Pour les responsables de l’analyse, il s’agit là de «valeurs inhabi-
rales et cantonales en matière fiscale doivent être compensées avec le L’introduction par les cantons de déductions supplémentaires en que la distribution entraîne toujours des conséquences fiscales. tuelles pour un projet fiscal principalement combattu par la gauche».
financement de l’AVS. Nous y reviendrons plus tard. matière de R&D est facultative. Le cas échéant, la déduction supplé- Cette règle du 1 pour 1 ne s’applique cependant qu’aux sociétés Beaucoup d’électeurs ayant voté «Non» ont justifié leur décision
Les grandes lignes du projet fiscal restent inchangées. Les régimes mentaire doit être fixée à hauteur de 50 % des coûts. cotées en bourse. Les sociétés avec des RAC venues de l’étranger ne par le fait que la réforme ne profiterait qu’aux riches ou aux entreprises
fiscaux cantonaux (holdings, sociétés mixtes et de domicile, etc.) se- L’imposition des dividendes, en revanche, a connu des changements sont pas concernées. Ce qui contribue à garantir la sécurité juridique tandis que les classes moyennes devraient supporter les pertes
ront supprimés. Les cantons perdront ainsi des avantages fiscaux bien majeurs. Comme dans le projet du Conseil fédéral, les dividendes en pour les entreprises étrangères qui se sont implantée en Suisse après fiscales. C’est pourquoi le Conseil fédéral a proposé dans son message
ciblés. Afin de permettre toutefois le maintien des sociétés concernées, lien avec des participations supérieures à 10 % du capital d’une société la RIE II dans le but de profiter de cette règle relative aux RAC. d’augmenter les allocations familiales. Il a en outre examiné – sans
ces derniers devront pouvoir disposer d’un autre régime fiscal, d’ «ou- de capitaux doivent désormais être imposés à hauteur de 70 % dans le les retenir – sept autres variantes, de l’augmentation des réductions
tils fiscaux» et/ou baisser les impôts sur les bénéfices. cadre de l’impôt fédéral direct. Ainsi, pour des dividendes de Solution transitoire adaptée individuelles de primes à un engagement accru des pouvoirs public
Pour pallier cette baisse de revenus, ils obtiendront une contribu- CHF 100 000, un montant de CHF 70 000 est ajouté au revenu impo- N’oublions pas pour autant l’impôt sur le capital des cantons, qui aug- en matière de formation professionnelle.
tion fédérale plus élevée de l’impôt fédéral direct, une mesure déjà sable. Différence dans les cantons: ces derniers devraient imposer les mente avec la suppression du régime fiscal dans la plupart des cantons Le Conseil des Etats s’est finalement prononcé en faveur de l’équi-
prévue par le projet du Conseil fédéral. D’autres «outils» restent égale- dividendes au minimum à hauteur de 50 %. Le Conseil fédéral souhai- et pour la majorité des entreprises. Les cantons ont toujours la possibi- libre social, fidèle à la devise «chaque franc issu de la réduction fiscale
ment inchangés, à l’instar de la «patent box» et de la déduction sup- tait imposer aux cantons une imposition minimale de 70 %. lité d’accorder des dégrèvements facultatifs dans le cadre de cet impôt, doit être «compensé» par un franc supplémentaire dans les fonds AVS».
plémentaire des dépenses de recherche et de développement (R&D). sur la part du capital issue des participations et des brevets par rapport Ce modèle a permis de rallier les partis de droite comme de gauche
Il en est de même pour l’adaptation de la péréquation financière et la Déduction pour autofi nancement à l’ensemble des actifs. Désormais, les prêts internes aux groupes sont dans un compromis. Car chaque franc obtenu signifie également un
compensation des charges, laissée intacte par le Conseil des Etats. Bien que largement critiqué dans le cadre de la réforme de l’imposition également pris en compte, ce qui s’avère particulièrement avantageux franc pour la partie adverse.
des entreprises III (RIE III), la déduction pour autofinancement a été pour les sociétés de financement de groupe. Ce type de «compensation» est apparu au final comme le plus judi-
Les différentes mesures maintenue. Cet instrument permet ainsi une déduction des charges De même, la possibilité visant à permettre aux sociétés soumises cieux aux yeux du Conseil des Etats, car tout le monde profitera de
Les cantons doivent accorder un allègement maximum de 90 % sur le d’intérêts (théoriques) des fonds propres de sécurité. Ainsi, les sociétés à un régime fiscal de réaliser un «step up» non imposable dans le cadre la stabilisation de l’AVS. Ajoutons à cela que l’AVS a besoin d’argent,
bénéfice net issu de brevets et autres droits comparables. Ils peuvent bien pourvues en capital peuvent faire valoir une déduction d’intérêts de la suppression du régime reste inchangée. Ainsi, les réserves indépendamment des positions politiques. Les deux milliards ne repré-
cependant réduire ce pourcentage afin de rendre l’instrument moins supplémentaire. latentes accumulées par le biais du régime peuvent être dissoutes et sentent donc qu’une contribution avancée. ■
intéressant pour les entreprises. Si, par exemple, un canton abaisse
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