PAC Pac 2020, une réponse au défi européen - DROIT Le droit rural à la croisée des chemins - agriDées
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PAC DROIT SCIENCE Pac 2020, une réponse Le droit rural à la croisée Dénoncer les idées reçues au défi européen des chemins sur l’agriculture T r i m e s t r i e l – J u i n 2 0 1 8 – N u m é r o 2 3 3 – P r i x : 12 €
ÉDITORIAL Quid de notre avenir ? L Damien Bonduelle ’agriculture et les filières alimentaires sont sur le Président d’agridées devant de l’actualité : d’une part, l’examen par l’Assemblée nationale du projet de loi issu des travaux des États généraux de l’alimentation (EGA), de l’autre, la présentation par la Commission européenne de ses perspectives financières et contenus de la PAC pour la période 2021-2027. Il y a des moments où il faut privilégier les travaux et réflexions en arrière-salle plutôt que se trouver exposé sous les feux de l’actualité. Les débats autour des résultats des EGA sont bien loin des attentes des producteurs et de leurs filières : le retour de valeur aux entreprises agricoles n’est pas traité au fond et la qualité de notre alimentation donne lieu à toutes sortes de discussions toujours aux frontières des 3 cœurs de sujets. © M. Dupont-Sagorin Sur la prochaine PAC, comme de coutume, chacun attend les propositions de la Commission pour leur infliger des “” critiques acerbes. À ce jeu, nous arriverons à toujours plus de subsidiarité, toujours moins d’Europe : la compé- tition est désormais à nos portes. Souhaitons de bonnes Notre métier, nos pratiques, nos filières, notre organi- sation économique… sont autant de dossiers qu’il faut décisions prendre à bras-le-corps pour en faire un examen minu- tieux et déterminer des objectifs pour un avenir positif que nous souhaitons tous de nos vœux. Ce n’est peut- être pas dans les grandes envolées médiatiques que nous trouverons ces perspectives indispensables au maintien de nos entreprises et au renouvellement des générations. Nous sommes entrés dans un monde caractérisé par l’in- certitude du présent et la peur de l’avenir. Souhaitons de bonnes décisions à partir de travaux reconnus par tous et préparatoires aux mesures indispensables pour guider notre quotidien avec un horizon bien défini et pourquoi pas ambitieux. #233 Juin 2018
La Revue agridées (publiée depuis 1837 sous les titres L’Agriculture Pratique, puis Agriculteurs de France) Sommaire Sommaire ÉDITORIAL est une publication éditée 3 Quid de notre avenir ? par la Société des Agriculteurs de France : 8, rue d’Athènes, 75009 Paris. PAC Tél. : 01 44 53 15 15 E-mail : 5 PAC 2020, une réponse au défi européen contact@agridees.com Internet : www.agridees.com NOTARIAT Twitter : @ SAFThinkTank 8 Demain, le territoire Forme juridique : association loi 1901 reconnue d’utilité publique SCIENCE Responsable légal et directeur de publication : 10 Dénoncer les idées reçues sur l’agriculture Damien Bonduelle Rédacteur en chef : Patrick Ferrère DIALOGUE Rédactrice en chef adjointe : 11 Le Siècle vert : en 100 ans tout a changé sauf notre mission ! Isabelle Delourme Abonnements : 48 euros TTC/an DOSSIER Transition alimentaire : êtes-vous partants ? Christelle Vasseur : contact@agridees.com Maquette, composition et photogravure : 14 Le Grand Marché, écosystème toulousain au service d’un modèle alimentaire C.A.G., 169, rue du Faubourg- Saint-Antoine, 75011 Paris 16 Herta® lance la Knacki végétale 4 Imprimerie : Apothem, 47, rue Alexandre- 17 Valoriser un art de vivre 18 La transition alimentaire pour tous : le combat de Carrefour Dumas, 59200 Tourcoing Liste des annonceurs : Agridées, Agrica 19 Le bistro-épicerie So France à la conquête de Singapour Crédit photo de couverture : © VICUSCHKA/Fotolia.com 20 Les fromagers-détaillants à la recherche de produits locaux 21 Vers un retour des légumineuses dans nos assiettes Dépôt légal : à parution N° de Commission Paritaire de Presse : 1218 G 83987 Toute reproduction intégrale ou partielle par quelconque moyen que ce soit est FISCALITÉ interdite sans autorisation préalable 22 Favoriser la diversification des activités en société civile agricole ISNN : 0339-4433 Périodicité : trimestrielle DROIT 24 Le droit rural à la croisée des chemins FORMALISME 28 Ne pas oublier le registre des bénéficiaires effectifs ! POINT DE VUE 30 Famine, faim, malnutrition... Les 3 batailles à gagner #233 Juin 2018
PAC P AC 2020, une réponse au défi européen « Avec ses propositions (1) pour la PAC post 2020 publiées le 24 mai 2018, le think tank agridées a choisi de s’inscrire dans le pragmatisme pour mieux légitimer les soutiens et le budget de la PAC, mieux harmoniser la déclinaison d’objectifs communs sur tout le territoire européen, et développer le rôle d’une agriculture multifonctionnelle. » L e moment n’est pas venu de remettre à plat la PAC, au mieux dans les États membres. ses objectifs et ses ambitions. La période 2021-2027 Bien évidemment, agridées ne sous- ne sera pas celle d’une grande réforme ni de fortes estime pas l’accompagnement modifications : trop d’incertitudes (conséquences du Brexit, budgétaire de cette politique. situations économiques et politiques dans les États Le niveau du budget de la PAC se doit membres, avenir du multilatéralisme…) et pas assez de d’être significatif pour que les projets temps. soient correctement financés et que les Alors, dans ce contexte, le think tank agridées entend proposer une consolidation de l’aspect européen et soutiens atteignent la meilleure efficience. 5 intégrateur de la PAC. À trop vouloir donner suite aux Agridées s’inscrit dans plus et mieux demandes pressantes de subsidiarité, il y a risque de d’Europe. dilution, voire de dissolution de la PAC, qui ne sera plus une politique économique mais seulement un budget à dépenser La réflexion d’agridées s’articule autour de trois points : la légitimité de soutiens directs, la définition d’objectifs communs européens, la reconnaissance et la valorisation de la multifonctionnalité de l’agriculture. ➊ Pour une légitimité des soutiens directs Concernant les soutiens à l’hectare, le think tank agridées propose de simplifier les règles en établissant une convergence totale à l’horizon 2027, combinée avec des obligations identiques, et des réductions d’aides identiques sur tout le territoire © Fotolia.com/Grecaud Paul européen en cas de non-respect des règles. Agridées propose d’englober le #233 Juin 2018
verdissement (diversification des conditionnalité et le bien-être animal sur cultures, surfaces d’intérêt écologique, tout le territoire européen. Mais le think et maintien des prairies permanentes) tank estime important que la PAC cible dans la conditionnalité et de ne plus spécifiquement trois objectifs (lutte contre l’affecter budgétairement dans le la déprise agricole, réduction de la 1er pilier. dépendance en protéines, maintien et/ou Le soutien aux jeunes installés est développement des prairies d’autant plus à pérenniser que l’activité permanentes), en permettant aux États agricole a une forte intensité membres d’offrir un soutien capitalistique et une faible rotation des Retrouvez supplémentaire par le biais d’aides capitaux. La disposition décidée en les propositions recouplées. 2013 permettant d’affecter, de manière législatives Toutefois, agridées suggère que, pour les obligatoire pour les États membres, au de la Commission objectifs liés à ces trois actions, une plus 2 % des dotations du 1er pilier pour européenne sur obligation soit faite aux États membres, cette action est à maintenir. la prochaine PAC sur dans la mise en œuvre, de consacrer une En revanche, agridées propose de https://ec.europa.eu/ part définie dans une fourchette du réintroduire des mécanismes de agriculture 1er pilier à ce recouplage, ou sinon de limitation du soutien public, au-delà de perdre un montant plancher de cette 100 000 ou 150 000 euros, pour éviter fourchette dans les dotations du 1er pilier. des attaques en illégitimité de la PAC. ➌ Pour une multifonctionnalité ➋ Pour une définition d’objectifs reconnue et valorisée européens Dans cette note d’analyse, agridées estime Agridées rappelle la nécessité de que la politique de développement rural e compenser par un paiement découplé à (2 pilier) doit conserver son concept l’hectare les surcoûts engendrés par la actuel : cofinancer sur le territoire de 3 questions à Patrick Ferrère, Délégué général d’agridées La Revue agridées : Pourquoi un travail de à 9 milliards d’euros pour l’agriculture française, mais 6 réflexion d’agridées sur l’Europe ? Patrick Ferrère : Effectivement, nos travaux et publications surtout de réfléchir à l’avenir, aux possibilités de conserver une vraie politique commune. En effet, une quinzaine sont centrés sur les sujets agricoles, d’années de subsidiarité exigée par les États ont conduit à de agroalimentaires et agro- fortes distorsions de concurrence entre producteurs et à une industriels nationaux. suradministration dans les entreprises agricoles. Quand on Ceci étant, l’actualité voit que la PAC, première politique européenne intégrée des décisions arrive à une croisée de chemins, nous ne pouvons pas rester concernant la PAC qu’observateur : il nous faut proposer et donner un cap. 2021-2027 ne peut nous laisser LRA : Vous estimez donner un cap ? indifférent : il P. F. : Nous savons que l’Union européenne est entrée dans s’agit non une période de fortes incertitudes internes et externes et que seulement de le temps imparti pour les discussions sur la PAC post-2020 est considérer un très court. Alors c’est vrai, nous n’avons pas renversé la table : budget simplement, en allant au bout de la logique des réformes de annuel 2003, nous avons essayé de mieux légitimer les soutiens et le de 8 budget, mieux harmoniser sur tout le territoire européen la déclinaison d’objectifs communs, et de donner toute sa place aux apports de l’agriculture dans sa dimension multifonctionnelle. Ce travail n’est aucunement en contradiction avec d’autres réflexions qui donnent de nouveaux fondements, de nouveaux objectifs à la PAC en modifiant sa structure, ses outils d’intervention. Nous, nous sommes restés dans le pragmatique, dans ce qui peut être fait sans revenir sur les contraintes imposées par la réforme de 2003 et nos © DR #233 Juin 2018
“ Aujourd’hui, la PAC est à la croisée des chemins : soit nous la laissons se déliter dans un espace de compétition et de politiques nationales, soit nous acceptons une vraie politique européenne, avec un cadre de règles et d’objectifs communs à décliner dans chaque État membre. l’Union européenne des actions sur des thématiques “ devraient intégrer un volet pour les investissements en économiques, sociales et environnementales. Toutefois, les relation avec l’agriculture de précision et le numérique. Un fonds doivent être mobilisés à destination exclusive de la minimum de dotations pourrait aussi être attribué dans le production et des entreprises agricoles. Les mesures agri- cadre du 2e pilier à des actions spécifiques nouvelles en environnementales seraient à destiner aux agriculteurs faveur du climat, pour des programmes obligatoires mettant en œuvre des actions allant au-delà des mesures d’éducation nutritionnelle. er obligatoires du 1 pilier en matière de conditionnalité et Les différents taux de cofinancement selon les territoires bien-être animal. Des actions concernant la modernisation sont à maintenir, mais il faudrait introduire pour ces actions un nouveau critère lié au développement constaté des zones concernées. Il permettrait en fonction de la réussite de ces actions, d’envisager une diminution des soutiens publics. La gestion des risques doit s’inscrire dans le 2e pilier de la PAC, dans la mesure où des compléments nationaux peuvent engagements internationaux. La PAC a été un des éléments être mobilisés. Il est possible de reconduire la possibilité fondateurs de l’Europe depuis son origine ; elle peut le rester à la condition d’être « ré-européanisée ». prévue dans la Pac 2014-2020 d’une dotation supplémentaire maximale provenant d’un transfert du 1er pilier vers le 7 2e pilier, sans obligation de cofinancement. LRA : Vous croyez encore en une volonté commune des Agridées propose enfin la possibilité pour des projets ou États membres sur le devenir de la PAC ? actions agricoles spécifiques d’être insérés et éligibles dans P. F. : Nous ne sommes pas dans le rêve mais face à une d’autres politiques européennes que la PAC. Cela pourrait réalité. Les agricultures européennes sont un patchwork concerner notamment la politique d’immigration. dans lequel les structures, les fiscalités, les régimes sociaux, Ainsi dans les budgets consacrés par l’UE aux les pouvoirs d’achat sont très différents. De fait, la seule accompagnements de migrants, des fonds pourraient être chose qui est identique sur tout le territoire européen avec consacrés à la mise en place et au financement de stocks liberté de circulation, ce sont les produits. D’où la notion alimentaires à partir des productions européennes. Cela peut nouvelle de compétitivité entre les producteurs européens aussi concerner la politique de recherche (filières depuis la mise en place de la réforme de 2003. alimentaires et bio-industrielles), la politique de formation Alors, une volonté commune ? (programmes de découvertes et de formations), ou encore la D’abord, il faut qu’elle soit la conséquence d’une volonté politique de cohésion (infrastructures spécialement dédiées politique d’être commune. Ensuite, il convient que chaque à l’agriculture et à ses filières). ◗ État membre prenne conscience de la situation et des Isabelle Delourme intérêts de ses partenaires. La PAC a été malmenée ces dernières années par la volonté de certains de voir défini au niveau communautaire ce qu’ils voulaient pour leur pays. Note Les évolutions de la PAC sont d’ailleurs représentatives de (1) Retrouvez l’intégralité de la note d’analyse « Pac 2020, la situation politique au sein de l’UE. Je le répète : sans une réponse au défi européen » que vient de publier agridées renverser la table, la PAC 2021-2027 peut être « ré- dans l’espace publication du site internet www.agridees.com européanisée » et laisser le temps, en étant mieux recentrée, de préparer une nouvelle et profonde réforme pour les années 2030. #233 Juin 2018
NOTARIAT Demain, le territoire « L’agriculture, l’énergie, la ville de demain et la fiscalité, quatre clés d’entrée choisies par les Notaires de France pour adapter les outils juridiques à l’évolution du territoire, désormais espace de production et de cohésion sociale. » La Revue agridées : Emmanuel Clerget, vous avez e présidé le 114 Congrès des Notaires de France, qui s’est tenu à Cannes du 27 au 30 mai dernier. En quoi le Congrès des Notaires diffère-t-il des autres rassemblements professionnels ? Emmanuel Clerget : L’Association du Congrès des Notaires de France œuvre chaque année en toute indépendance à améliorer ou dire le droit de demain. Pendant deux années, une équipe de huit notaires bénévoles travaille, sous la direction d’un rapporteur général, pour d’abord rédiger un rapport. Ce rapport, d’environ 1 000 pages fait un état du droit. Il en révèle les faiblesses. Développement durable, vie à deux, transmission... ont ainsi été abordés par nos 8 congrès. Puis, vient le temps des rencontres avec les experts des sujets traités et l’élaboration des propositions. Celles-ci, une vingtaine, sont présentées, débattues et votées lors de notre congrès par les notaires présents. Les propositions des congrès contribuent à la vivacité de notre droit. Depuis 1953, 87 lois, 17 décrets et 8 ordonnances en sont issus. La Revue agridées : Comment avez-vous structuré la réflexion autour du thème retenu : « Demain, le territoire » ? E. C. : J’ai choisi d’articuler notre réflexion sur le territoire de demain autour de deux axes : le territoire vu comme espace de production et le territoire vu comme espace de cohésion sociale. En tant qu’espace de production, notre territoire doit permettre de nourrir les hommes en quantité et qualité satisfaisantes. Il doit également permettre de développer les énergies renouvelables, éolienne, biomasse, notamment. Comme espace de cohésion sociale, le territoire doit répondre à deux défis : accompagner la transformation de nos métropoles pour qu’elles soient plus vertueuses en matière énergétique, moins dévoreuses d’espaces, plus vertes, plus mixtes... et enrayer la désertification Emmanuel CLERGET des territoires ruraux et le déclin des centres des villes Notaire, président moyennes. Logiquement, nous avons abordé l’agriculture, du 114e Congrès l’énergie et la ville de demain. Et dans une quatrième des Notaires de France commission, nous avons recherché la fiscalité adaptée © DR à ces évolutions. #233 Juin 2018
La Revue agridées : Quelle orientation avez-vous La Revue agridées : Quel rôle peut jouer le notariat souhaité donner aux propositions de la commission dans l’accompagnement des transitions à l’œuvre « Demain, l’agriculture » ? dans nos territoires ? E. C. : Le thème du congrès invite à se projeter en 2050. E. C. : Tout d’abord, le notaire est un juriste de proximité, Le modèle agricole d’aujourd’hui est inadapté à cet horizon. installé sur tout le territoire, aux côtés des forts et des Des agriculteurs mal rémunérés et de plus en plus en grande faibles. En ce sens, il participe à la cohésion des hommes difficulté, des demandes croissantes des citoyens en matière et des femmes de notre pays. Ajouter à cela, son de protection des sols et de qualité des produits... et il faut attachement à la paix des familles, qui en constitue son pourtant toujours nourrir les hommes. Les outils mis en ADN. Nous n’avons pas à ce jour tous les outils permettant place au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, statut ces transitions. Nul doute que si les propositions du du fermage, SAFER, contrôle des structures, ont contribué 114e Congrès des Notaires de France sont reprises par au succès de notre agriculture. Ils ne sont plus adaptés et le législateur, le notariat pourra accompagner ces doivent être rénovés pour atteindre les nouveaux objectifs mutations. Des baux ruraux de longue durée, pour asseoir que sont : accompagner l’exploitation des nouvelles énergies la stabilité du preneur, pour inscrire l’agriculture dans et donc redéfinir l’activité agricole, doter l’agriculteur une démarche plus vertueuse dans l’utilisation des sols, d’outils juridiques lui permettant enfin de céder tous les pour sanctuariser la terre agricole… Des baux plus adaptés éléments de son exploitation et en premier son bail, dégager et offrant plus de sécurité en matière de location de terre l’agriculteur du poids du foncier et inventer les conditions à destination d’implantation d’éoliennes... ◗ d’un nouveau partenariat propriétaire-exploitant, dépasser les critères de taille des exploitations et penser les contrôles Propos recueillis par étatiques en termes de projets d’entreprises. Jean-Baptiste Millard Focus sur les propositions agricoles Avec ses cinq des personnes morales dans leur engendrer une telle évolution, il propositions (1), la capital, évolution conditionnée est proposé d’encadrer le montant Commission 1 du 114e Congrès à la préservation à long terme des pas-de-porte et des loyers. des Notaires de France, intitulée de l’usage agricole des terres L’agrément du bailleur à la cession « Demain l’agriculture », s’est voulue et de l’environnement. est maintenu et ce dernier ambitieuse, en proposant notamment ➜ La proposition 3 fait écho à une disposerait d’un droit de reprise une évolution en profondeur des en fin de bail contre indemnité. modes de régulation de l’appropriation réflexion que le think tank agridées avait portée en amont de la loi ➜ Comme évoqué, la proposition 5 9 et de l’exploitation des terres agricoles. d’avenir pour l’agriculture, apparaît la plus ambitieuse en ➜ Le constat est notamment fait l’alimentation et la forêt de 2014, avançant l’idée d’un remplacement que la définition actuelle de l’activité consistant à élargir le champ des des SAFER et du contrôle des agricole à l’article L 311-1 du code bénéficiaires de la subrogation dans structures par un organisme unique rural et de la pêche maritime est l’exercice du droit de préemption doté d’un pouvoir de contrôle, à la fois complexe et trop restrictive. du preneur. Une telle mesure est en notamment en amont des La proposition 1 entend élargir cette effet de nature à éviter au preneur opérations. il se verrait confier le définition afin de prendre en compte d’investir à l’excès dans le foncier contrôle des déclarations préalables la multifonctionnalité du territoire, et donc de conserver ses capacités d’acquisition et d’exploitation, avec notamment la production d’énergie d’investissement pour l’outil de pour objectifs principaux la viabilité renouvelable, les prestations pour production. L’extension de la faculté économique des entreprises services environnementaux et toute de substitution est conditionnée par agricoles, l’évitement des activité connexe ayant pour support l’obligation de consentir au preneur concentrations excessives des terres l’exploitation, non incluse un bail à long terme d’une durée et des exploitations, la lutte contre dans la définition actuelle. minimale de dix-huit ans la spéculation foncière, la promotion ➜ Il ne fait aucun doute que garantissant ainsi à ce dernier de la transition agro-écologique la transition énergétique et l’intégrité de son exploitation. et les activités liées à la la protection du territoire rural ➜ La proposition 4 bouleverse la vieille multifonctionnalité du territoire sont des enjeux majeurs. Aussi la institution qu’est le statut du rural, la lutte contre l’artificialisation proposition 2 porte-elle la création fermage en permettant la cessibilité des sols et le contrôle des d’un groupement foncier agricole de tous les baux qui lui sont soumis. compétences des agriculteurs. dédié à la protection du territoire Cette mesure concourt à la J.-B. M. rural. Et pour donner un nouveau reconnaissance de l’entreprise (1) Vous pouvez retrouver l’intégralité souffle à cette structure, agricole, en permettant l’inscription des propositions adoptées en consultant le il est proposé d’élargir leur objet du droit au bail à son actif. Afin de site internet www.congresdesnotaires.fr et social et de permettre l’entrée contenir la spéculation que pourrait notre analyse sur www.agridees.com. #233 Juin 2018
SCIENCE Dénoncer les idées reçues sur l’agriculture “ “ La Revue agridées : Quelle est la particularité de ce livre ? Catherine Regnault-Roger : Ce livre est le premier ouvrage de la collection « Livres de l’Académie d’agriculture de France » publié par Presses des Mines. Paru en janvier 2018. Il dénonce Être à l’écoute de ce que plusieurs idées reçues qui circulent sur des sujets concernant l’agriculture, notre alimentation ou l’environnement et l’on sait aujourd’hui auxquelles les connaissances scientifiques peuvent apporter une réponse. Il réunit les contributions de dix académiciens sur des sujets au cœur qui s’expriment en leur nom propre. Ils énoncent des vérités, les faits et les évidences par rapport à des sujets qui relèvent du débat sociétal de leurs domaines de compétence et font débat. La Revue agridées : En matière de sécurité alimentaire et de pesticides, comment expliquez-vous que les indicateurs de sécurité alimentaire traduisent un risque bas pour le et françaises. Celles-ci démontrent que la qualité des consommateur européen, alors que les « lanceurs d’alertes » productions européennes en termes de résidus pesticides des ONG crient « au feu » ? s’améliore d’année en année. Notre alimentation actuelle est C. R.-R. : Dans un chapitre intitulé « Sécurité alimentaire bien plus saine que celle du passé. Les ONG dont vous parlez et risque pesticide » l’ouvrage définit en effet les indicateurs rejettent le modèle agricole actuel. Elles organisent de sécurité alimentaire et analyse les enquêtes qui sont des campagnes orchestrées pour créer, à des fins politiques, menées régulièrement par des instances européennes un sentiment d’insécurité vis-à-vis de notre nourriture. La Revue agridées : Une cohabitation est-elle possible Catherine entre agriculteurs et apiculteurs ? REGNAULT-ROGER C. R.-R. : Pourquoi ne le serait-elle pas ? Apiculture et 10 Professeur agriculture sont complémentaires. L’apiculture joue un rôle important dans la pollinisation des cultures, et aujourd’hui des universités. Professeur les abeilles sont traitées comme un véritable cheptel qui émérite à est déplacé dans des camions pour aller sur des parcelles l’Université de Pau qui nécessitent ces insectes auxiliaires précieux. Mais vous voulez parler sans doute de ces accusations dont font et des Pays l’objet certaines familles d’insecticides ? Je vous invite à lire de l’Adour. Membre le chapitre « Abeilles, le miel des médias » d’André Fougeroux, titulaire de l’Académie apiculteur amateur, qui remet en cause nombre d’idées d’agriculture de reçues sur le sujet. ◗ France. Propos recueillis par Isabelle Delourme Vient de paraître Idées reçues et agriculture Parole à la science Catherine Regnault-Roger (Dir.) Paris : Presses des Mines, collection Académie d’agriculture de France, © Michaël Augusto 2018, 222 pages, 25 euros. ISBN : 978-2-35671-504-3. #233 Juin 2018
DIALOGUE Le Siècle vert : en 100 ans tout a changé sauf notre mission ! « L’année 2018 marque le centenaire de notre association, l’UIPP (Union des industries de la protection des plantes), dédiée à la protection des plantes. Elle se manifestera par une prise de parole appuyée de ses acteurs sous la bannière Le Siècle Vert. » L e Siècle vert, c’est une démarche Depuis 100 ans, l’UIPP œuvre aux côtés citoyenne qui a pour objectif de ceux qui produisent pour nourrir d’ouvrir le débat et de mieux l’humanité, réduire leur empreinte faire comprendre l’utilité de la environnementale, participer protection des cultures. Notre à la lutte contre le réchauffement projet vise l’échange éclairé, celui climatique et s’y adapter, grâce qui se noue avec les citoyens pour aux solutions et outils disponibles. coconstruire la feuille de route Ces solutions répondent aux du siècle à venir. exigences d’une agriculture moderne, innovante Rétablir la vérité et durable, qui promeut C’est effectivement des pratiques alliant respect parce que nous sommes de l’environnement et bien conscients des productivité au service de questions, des tous les modèles agricoles. préoccupations voire La mission de l’UIPP pour des inquiétudes que le siècle à venir est de les Français peuvent contribuer à l’élaboration avoir autour des des fondements de produits l’agriculture de demain, phytosanitaires, que nous avons souhaité en développant son approche 11 créer quatre grands pluridisciplinaire de © DR temps d’information la santé des plantes, et et d’échange. Cet échange a commencé Delphine GUEY apporter ainsi des solutions multiples, en février au Salon international de Directrice des affaires durables et performantes à toutes l’agriculture, s’est poursuivi en mai publiques et de la les agricultures. avec la « Cité du Siècle vert » un espace communication de l’UIPP éphémère 100 % dédié à la protection Apporter des solutions des plantes à Paris et continuera multiples, durables cet été, en région. Objectif 2025 : et performantes À travers la démarche du Siècle vert, Multiplier par trois Nous terminerons cette année nous souhaitons engager tous la part du biocontrôle du Siècle vert par la synthèse de les citoyens dans une démarche sur le marché et ces échanges dans un Livre vert en fin de dialogue pour une meilleure atteindre 15 % des d’année, avec sérénité, car en 100 ans compréhension de notre agriculture solutions proposées. tout a changé, sauf notre mission : et avec l’ambition de rétablir la vérité. accompagner toutes les agricultures. ◗ La vérité sur les réels bénéfices des Delphine Guey solutions de protection des cultures, trop souvent ignorés, lorsqu’ils ne sont pas systématiquement décriés avant La main tendue de l’UIPP même de s’y intéresser. Dans le À travers le Manifeste du Siècle vert, l’UIPP respect de nos terres, de nos denrées partage sa vision et les enjeux de la protection alimentaires et des Français, nous avons des cultures pour les 100 prochaines années. Le public est la volonté de construire ensemble ce invité à rallier cette cause, en signant symboliquement prochain centenaire qui s’inscrit dans cette profession de foi sur le site www.lesieclevert.fr une dynamique de progrès partagés. #233 Juin 2018
DOSSIER 12 #233 Juin 2018
Transition alimentaire : êtes-vouspartants? « Alors que les habitants des pays en développement orientent leur consommation vers une alimentation de plus en plus carnée, les populations occidentales sont invitées de plus en plus activement à modifier leur comportement 13 alimentaire. Place à davantage de protéines végétales, réduction du sucre et du sel, diminution, voire suppression des additifs et conservateurs, encouragements à consommer “local”, bio ou même vegan. Les incitations à ces changements de comportements viennent de toutes parts. Les conséquences sont majeures pour les acteurs des filières agro-alimentaires. Certains sont déjà prêts. © Freshidea / Fotolia.com Et vous ? » Isabelle Delourme #233 Juin 2018
DOSSIER MIN Le Grand Marché, écosystème toulousain au service d’un modèle alimentaire « Le MIN de Toulouse et les producteurs de la région Occitanie se sont mis en ordre de marche pour valoriser la ferme France et répondre aux consommateurs. » L es consommateurs, les médias, la transparence. Il paraît également les acteurs publics plébiscitent évident de parler de prix justes, tous l’accès à une alimentation non pas comme une revendication plus transparente, locale, durable mais comme un modèle économique et qualitative. Ce sont des demandes pérenne à mettre en place sans délai. légitimes, presque évidentes Il est enfin désormais inévitable dont on s’est parfois ► 18 ha au sol de mutualiser la logistique, les flux, éloigné à tort. ► 900 emplois directs de ne concevoir qu’un transport Pour y répondre, ► 6 600 emplois doux pour demain. il faut jouer la indirects Un marché d’intérêt national (MIN), désintermédiation ► Chiffre d’affaires : tel celui de Toulouse, est justement intelligente et 333 M € l’écosystème répondant à ces créatrice de valeurs, problématiques. Formidable notamment pour écosystème répondant à un principe nos producteurs. de business d’intérêt général (pour Il est ensuite rappel, les MIN ont une mission impératif de inscrite dans la loi d’approvisionner décloisonner, de les villes et comportent un 14 favoriser la rencontre des actionnariat public) parce que nous regroupons en un seul lieu acteurs afin l’approvisionnement et la distribution de créer de de produits. Un marché de gros est la centrale d’achat des commerces de proximité : restaurateurs, primeurs, marchés de plein vent, fleuristes, charcutiers, épiciers, etc., mais aussi plus minoritairement GMS et restauration collective. Maguelone PONTIER Un lien de proximité Directrice, Le Grand Marché Nous défendons un modèle (Marché d’intérêt national) alimentaire : prendre du plaisir au Toulouse Occitanie restaurant et partager un moment, se faire conseiller par son boucher ou son primeur, sentir et goûter les produits sur son marché, composer son bouquet chez le fleuriste est un véritable mode de consommation au-delà du simple circuit économique. Il représente un art de vivre, un lien de proximité et un modèle précieux à défendre. Nous sommes artisans du maintien des ceintures vertes, les 339 producteurs de notre carreau sont © DR des péri-urbains. #233 Juin 2018
Nous permettons une diversité et “ “ qualité exceptionnelles des produits alimentaires. Le nombre de référence, le sourcing, la maturité des produits sont exceptionnelles car le savoir-faire Sûr de son potentiel, des grossistes, leurs spécialités et la multiplicité de clients (qui ont chacun le Grand Marché souhaite des attentes et besoins) contribue à une grande largeur de gamme. se réinventer pour devenir Nous sommes enfin un outil d’aménagement du territoire en un pôle agroalimentaire concentrant les flux et en mutualisant incontournable. une logistique urbaine au plan local notamment avec notre partenaire La Poste qui construit (livraison en 2020) plus de 16 000 m2 dédiés à la logistique du dernier km en face du marché. Un cash fermier Sa feuille de route repose sur deux leviers principaux : Forts de ces atouts, le Grand Marché reconquérir une clientèle plus large et développer une (nouvelle appellation du MIN depuis stratégie de diversification et de services (voir encadré). le 1er juillet 2017) a été repris dans sa Les premiers résultats se voient déjà. De nouveaux gestion pour 22 ans par le marché producteurs et entreprises s’implantent. Nous nous de Rungis, emblématique vitrine de la apprêtons à accueillir sur le marché une grande école de gastronomie française et navire amiral cuisine, nous organisons un cash fermier (le regroupement des marchés de gros avec ses de produits de toute l’Occitanie pour l’ensemble des 9 milliards d’euros de chiffre d’affaires professionnels des métiers de bouche avec possibilité annuel et 18 millions de personnes de livraison), nous travaillons à la mise en production alimentées chaque jour, à travers une de cultures maraîchères plébiscitées par nos commerçants. délégation de service public confiée Une dynamique est lancée et fédère les acteurs occitans. par Toulouse Métropole. J’enjoins tous les producteurs ou les acteurs de leur aval Sûr de son potentiel, le Grand Marché à prêter une attention différente à ce formidable outil souhaite se réinventer pour devenir un pôle agroalimentaire incontournable. de distribution ; qu’ils viennent visiter le marché et ils seront convaincus ! ◗ Maguelone Pontier 15 Une nouvelle stratégie pour le Grand Marché Elle repose sur deux leviers. Le premier consiste à reconquérir une clientèle plus large et pour cela il faut : ➜ Conforter la clientèle existante tout en attirant de nouveaux segments de consommateurs ; ➜ Grâce à l’expertise des méthodes éprouvées par le Marché International de Rungis, développer des outils pour les acheteurs (portail acheteur, accueil client, carte d’acheteur...) ; ➜ Développer une offre de services pour les acheteurs (possibilité de stockage, livraisons...). Le second levier réside dans le développement d’une stratégie de diversification et de services. Le Grand Marché souhaite pour cela : ➜ Accueillir des opérateurs bio et locaux, produits gastronomiques et laitiers et développer la vente physique notamment en produits carnés et de la mer ; ➜ Devenir le centre de distribution urbaine du frais alimentaire du territoire métropolitain en synergie avec Toulouse Logistique Urbaine ➜ Initier un projet numérique pour un MIN 2.0 à l’orée 2020 ; ➜ Favoriser l’implantation de start-up alimentaires et de formations ; ➜ Instituer une vraie politique de communication, de visites et d’événementiel. #233 Juin 2018
DOSSIER INTERVIEW Herta® lance la Knacki végétale “ A “ près le succès de la marque Le bon Végétal, Herta propose Le blé, le pois, et l’huile de colza : en rayons depuis janvier 2018 la fameuse saucisse Knacki dans de nouveaux ingrédients pour les une version végétale. Décryptage de cette nouvelle approche végétarienne adeptes de saucisses végétariennes. avec le président Arnaud de Belloy. La Revue agridées : Moins grasse, plus riche en protéines par rapport de mars (TV, digital, Affichariot) a été très efficace pour à la version carnée, la Knacki végétale gagner en notoriété sur cette nouvelle gamme. Nous surprend par son goût identique à allons poursuivre ce travail de notoriété pour démocratiser l’« originale ». Comment êtes-vous cette offre végétale au rayon saucisses. parvenus à cela et quel premier bilan dressez-vous de ce lancement ? La Revue agridées : Vos saucisses en version « végétale » Arnaud de Belloy, président d’Herta : sont élaborées à base de pois, blé et huile de colza… Pour avoir un produit aussi proche 100 % français ? de la saucisse Knacki « originale », M. G. : Effectivement, la protéine de blé vient l’aventure aura duré quatre ans. essentiellement de France. Quant à la protéine de pois Il aura fallu 200 à 300 essais et à l’huile de colza, elles sont 100 % françaises. et beaucoup d’efforts et de motivation de la part La Revue agridées : Qui seront, selon vous, de toute l’équipe les consommateurs les plus séduits par cette offre développement Herta. et quels sont vos objectifs en terme de ventes ? 16 Tous ces essais ont été nécessaires M. G. : Nous nous sommes fixés un objectif de 400 tonnes pour cette première année. pour la mise au Nous comptons séduire en priorité nos acheteurs point de la recette Knacki en recherche et du process afin d’une nouvelle variété, mais d’optimiser la également les « flexitariens » texture et le goût. à la recherche d’une offre Le lancement est végétarienne. ◗ prometteur, et en ligne Propos recueil is par Marie-Laure Hustache avec nos objectifs. La vague de soutien du mois Arnaud DE BELLOY président d’Herta © DR Sécurité et traçabilité : Herta s’engage, les éleveurs aussi ! Depuis 2001, Herta® s’engage sur la sécurité et la traçabilité de ses produits de la « fourche à la fourchette » et ce pour l’ensemble de ses filières, avec un souci tout particulier pour les approvisionnements en porcs et volailles. Il est de notre ambition de devancer les attentes de tous nos consommateurs. Depuis 2013, nous avons créé notre propre filière porcine : « Herta® s’engage filière Préférence ». Avec cette filière, Herta® signe les prémisses de l’élevage moderne et plus responsable. Nous avons repensé les relations avec les éleveurs de porcs en privilégiant une relation long terme et de proximité. Nos éleveurs s’engagent à respecter un guide de bonnes pratiques, les abatteurs nous livrent les produits issus de ces élevages et en assurent la qualité, et nous nous engageons sur une durée de trois ans à acheter cette matière première. #233 Juin 2018
DOSSIER PATRIMOINE Valoriser un art de vivre “ L e Club de la Table Française a été créé en 2009 pour valoriser un art de vivre reconnu mondialement. Il promeut notre patrimoine culinaire, notre agriculture, la diversité de nos terroirs et de nos savoir-faire. Le Club réunit et fédère divers acteurs représentant la richesse de notre gastronomie : élus, interprofessions, fédérations, associations, entreprises... Il permet des interactions riches et constructives entre décideurs publics et acteurs économiques. Pour faire vivre ce patrimoine exceptionnel, nous avons à cœur de valoriser la place de la transmission culinaire : celle de l’éducation au goût et “ Prendre le temps de se retrouver Encourager la transmission aux plus jeunes des notions de goût, d’équilibre nutritionnel, d’origine des produits... Le projet de loi issu des États généraux de l’alimentation actuellement en discussion au Parlement en atteste. Cette loi, qui dessine le futur de l’agriculture et de l’alimentation française, pousse à une double responsabilité : rémunérer au prix juste nos producteurs, de façon à pouvoir assurer une alimentation saine et durable pour tous, avec un effort particulier pour les prochaines générations. autour d’une table et à une alimentation durable, qui respecte de partager un repas Le Club de la Table française encourage la transmission aux le cycle de vie et la saisonnalité des ensemble constitue plus jeunes des notions de goût, d’équilibre nutritionnel et de produits ; celle de la valorisation des un repère essentiel. rythme alimentaire, d’origine des produits et de souveraineté savoirs et des savoir-faire territoriaux ; alimentaire. C’est seulement ainsi que les futures générations celle de la reconnaissance du travail de favoriseront à leur tour une alimentation saine, sûre et nos producteurs. Or notre alimentation durable, en meilleure connexion avec ceux qui la produisent. fait aujourd’hui face à de nouvelles problématiques culturelles, Un enjeu culturel, social et politique 17 économiques, sanitaires, C’est pourquoi, dans notre société hyper-connectée où tout et environnementales. est instantané, prendre le temps de se retrouver autour d’une table et de partager un repas ensemble constitue un repère essentiel qui structure nos journées. Loin d’être uniquement une habitude française, le temps du repas est aujourd’hui est un véritable enjeu culturel, social et politique, parce qu’il touche à ce que nous voulons transmettre : convivialité, plaisir du goût et équilibre alimentaire. La France a la chance d’avoir une culture très puissante en matière gastronomique, qui Mathieu LA FAY traverse le temps et se transmet par de nombreux canaux : Secrétaire général famille, école, travail, restaurants… Au cours des derniers du Club de la Table mois, le Club s’est mobilisé pour soutenir le Collectif du Petit- Française, directeur déjeuner à la française, qui contribue à revaloriser le premier associé de Com’Publics repas de la journée auprès des jeunes. Nous avons aussi impulsé le livre À table ! À la découverte du repas gastronomique des Français, édité par les PUG, et nous venons d’organiser un colloque sur le thème « Gastronomie : excellence et savoir-faire ». La transmission est une priorité sur laquelle le Club de la Table française s’engage sur le long terme ; pour l’amour du goût, et pour un héritage culturel © DR sans cesse renouvelé. ◗ Mathieu La Fay #233 Juin 2018
DOSSIER INTERVIEW La transitition alimentaire pour tous : le combat de Carrefour “ “ La Revue agridées : Carrefour a annoncé un grand plan de transformation mais quel est l’objectif poursuivi ? Laurent Vallée, secrétaire général du groupe Carrefour : Nous voulons travailler Carrefour s’est fixé pour ambition de devenir le leader mondial de la transition alimentaire afin de proposer avec les agriculteurs et aux consommateurs une alimentation saine et durable. Pour parvenir à cet objectif, nous voulons travailler avec les développer des partenariats agriculteurs et développer des partenariats sur le long terme en nous engageant sur les prix et sur les volumes. Dans nos sur le long terme en nous magasins, cela se traduira notamment par le développement engageant sur les prix de l’offre bio et des produits issus des Filières Qualité Carrefour (FQC). Nous proposons également de valoriser et les volumes les productions locales dans toute la France, voire de les rendre majoritaires dans certaines zones, car il s’agit d’une attente forte des consommateurs. autres filières animales et végétales comme les œufs, le La Revue agridées : Justement, suite à plusieurs crises fromage, le lait, l’orange, la tomate, le saumon et le steak haché. sanitaires, comment allez-vous restaurer la confiance Un système innovant qui garantit aux consommateurs une des consommateurs ? traçabilité complète des produits et permet, pour les éleveurs, Laurent Vallée : Les consommateurs de mieux valoriser leur production et leur savoir-faire. n’ont jamais été aussi préoccupés par ce qu’ils mangent. Ils veulent à juste La Revue agridées : Vous avez récemment annoncé 18 titre plus d’informations, de qualité et de transparence sur une alliance avec Système U. Quel en sera l’impact pour les agriculteurs français ? l’ensemble de la chaîne Laurent Vallée : Soyons clairs : cet accord de coopération alimentaire. Carrefour, portera sur la négociation à l’achat des plus grandes marques qui a été l’acteur nationales et internationales pour une durée de cinq années. historique de la Nous faisons le distinguo entre un agriculteur et une consommation multinationale de l’agroalimentaire. C’est la raison pour de masse, veut laquelle nous souhaitons également proposer aux filières désormais agricoles un partenariat de référence. Celui-ci sera porter un construit autour des prix et des volumes pour procurer combat : aux exploitants, dans la durée, une juste rémunération. ◗ celui de Propos recueillis par Isabelle Delourme la transition alimentaire pour tous. Proposition Cette ambition Dans la perspective de la réforme de la PAC, s’appuie sur Carrefour souhaiterait améliorer l’information © DR des initiatives des consommateurs. uniques La transparenc e et la traçabilité doivent être améliorées en Europe, pour mieux valoriser les produits issus de l’agroécologie et comme celle encourager les bonnes pratiques agricoles. La modification de la Blockchain du règlement européen relatif à l’information du consom- Laurent VALLÉE alimentaire. Déjà mateur doit être obtenue afin d’imposer sur les produits Secrétaire général appliquée au poulet transformés un étiquetage de l’origine des viandes et du lait du groupe Carrefour d’Auvergne FQC, elle à l’ensemble des pays de l’Union européenne. sera déployée à huit #233 Juin 2018
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