INFOTELLERIE - Association Romande des Hôteliers
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INFOTELLERIE
MARS 2017 – No 89
Hôtellerie : trois enjeux en 2017
Retrouver un peu de liberté celles imposées aux hôteliers, afin de rétablir une concurrence
commerciale loyale entre tous les hébergeurs. Le cas est assez bien réglé
Le lundi 6 mars dernier, le Conseil des dans les cantons de Neuchâtel et Jura. Une subtile modifica-
Etats a adopté par 34 voix contre 5 la tion de la loi vaudoise sur les auberges en 2015 doit permettre
motion Bischof qui demande au Conseil de faire sortir ces loueurs de la clandestinité car ils sont dès
fédéral d’interdire les clauses de parité lors soumis à cette loi. Quelques modifications du règlement
de prix imposées contractuellement par d’application devraient suffire et répondre ainsi aux postulats
les plates-formes de réservation en ligne déposés au Grand Conseil. Dans le canton de Fribourg, de
aux hôteliers. La France, l’Allemagne et petites modifications de la loi sur les établissements publics
l’Autriche ont déjà mis en œuvre une seront vraisemblablement nécessaires. Notre association
telle mesure. L’hôtelier retrouverait ainsi la liberté d’accorder continuera de travailler de manière constructive avec les auto-
de meilleurs prix aux clients qui réservent directement sur son rités et les administrations cantonales pour rétablir l’égalité de
propre site. Ce vote du Conseil des Etats, qui nous réjouit, est traitement entre les hébergeurs de notre région.
le résultat d’un grand effort d’information de hotelleriesuisse
auprès des parlementaires auquel l’auteur de ces lignes a par- Pérenniser le taux réduit de TVA sur l’hébergement
ticipé. Il fallait également contrer l’intense lobbying effectué Le taux de TVA de 3,8% sur la partie « logement » de la fac-
par booking.com. Nous avons gagné une bataille, mais pas ture d’un hôtel répond au caractère exportateur de notre
la guerre car il faudra encore convaincre le Conseil national branche. Or, ce taux réduit est menacé d’une reconduction
pour que l’acceptation de la motion se traduise concrètement pour seulement 3 ans alors qu’il a été renouvelé 5 fois pour
sur le terrain par l’abandon de ces restrictions inadmissibles à une période 4 ans depuis 1995. Aucun investisseur n’est prêt
la liberté de politique commerciale de l’hôtelier. à s’engager, à coup de millions de francs, dans une branche
économique dont une condition-cadre importante peut
Rétablir une concurrence loyale entre les différents
changer radicalement dans les 3 ans. On voit bien les diffi-
hébergeurs
cultés que provoque l’incertitude liée à la RIE III. Il convient
Les chambres d’hôtes, dont internet et la plus grosse plate-
forme, Airbnb, ont permis un développement fulgurant, sont donc d’inscrire le taux réduit de TVA sur l’hébergement dans
souvent inconnues des administrations. Elles représentent, la durée, si ce n’est par une inscription définitive dans la loi,
par exemple, 32% de la capacité des hôtels vaudois à fin jan- au moins par une durée de 15 à 20 ans plus compatible avec
vier 2017 et peuvent, sauf bon vouloir des loueurs, ne payer les investissements à long terme que nécessite un hôtel. Nous
ni taxe de séjour, ni TVA, ni impôts. Elles ne sont soumises à allons mettre le paquet, avec hotelleriesuisse, pour convaincre
aucun contrôle en matière d’hygiène ou de sécurité incendie. nos parlementaires fédéraux du bien-fondé d’une pérennisa-
Enfin leurs employés ne sont certainement pas payés selon tion du taux réduit de TVA, car l’avenir de notre hôtellerie est
la convention collective de l’hôtellerie-restauration. L’hôtelier, en jeu.
lui, ne peut échapper à ces contraintes. 2017 sera donc crucial pour l’amélioration des conditions-
Nous voulons corriger cet état de fait et soumettre ces loueurs cadre de l’hôtellerie.
à des obligations légales et réglementaires comparables à Philippe Thuner, président de l’ARH
Page 2 Pages 8-9 Page 14
L’invité
Max-Hervé George, fondateur de la chaîne D
uchessa et de l’hôtel Ultima à Gstaad
« Il reste beaucoup
de choses à faire
en Suisse »
A 27 ans, Max-Hervé George ne cesse de développer de nouveaux
projets dans la restauration, l’hôtellerie et l’immobilier. L’année der-
nière, il a ouvert à Etoy le concept-store culinaire Duchessa et le
centre de loisirs i.Life. A Gstaad, il vient d’inaugurer l’hôtel d’ultra-
luxe Ultima: un établissement dont la décoration évoque l’intérieur
d’un yacht comptant 10 suites, 7 appartements, un spa, une clinique
esthétique, un fumoir et un restaurant. Dès ce printemps, un autre
Duchessa ouvrira ses portes dans le quartier des banques à Genève
(dans les locaux de l’ancien Buddha-Bar) et deux nouveaux projets
hôteliers devraient voir le jour ces prochains mois.
Originaire de l’Est de la France, le jeune entrepreneur compte diverses
attaches personnelles et familiales en Suisse. Il a vécu auparavant à
Paris – où il a fait des études de droit – et travaillé quelques temps
dans un business familial, avant de se lancer dans le domaine de la
finance et de l’immobilier.
Débutée en 2014, la construction de l’ Ultima s’est terminée en
décembre avec l’arrivée des premiers clients officiels quelques jours
avant les fêtes de fin d’année. Dirigé par Andres Oppenheim, qui a
notamment travaillé à la direction du Grand Hôtel Suisse Majestic
de Montreux et du Beau-Rivage Palace à Lausanne, l’hôtel, construit
comme un chalet, peut accueillir jusqu’à 70 visiteurs. Le restaurant,
qui fait également partie de la famille Duchessa, dispose pour sa part
de 130 places assises. Construit en collaboration avec des équipes
spécialisées dans le yachting, l’établissement utilise divers matériaux
nobles comme le vieux bois, le bronze, le cuir, le daim et l’alcan-
tara (textile de grande qualité utilisé dans l’ameublement). On notera
que le design et l’architecture ont été centralisés auprès du bureau Max-Hervé George, entrepreneur français actif dans l’hôtellerie,
d’architectes Hauswirth, à Gstaad. la restauration et l’habitat.
Au total, l’établissement compte 85 employés, formés en collabora-
tion avec Stefan Fraenkel, ancien responsable du protocole à l’Ecole mer un vin à table au même prix qu’à la boutique (le restaurant est
hôtelière de Lausanne (EHL). De son côté, le Duchessa d’Etoy emploie entouré de divers magasins proposant de la charcuterie, des fro-
une quarantaine de collaborateurs. A cela s’ajoute une équipe de mages, des articles d’épicerie fine et du vin). Dans le même ordre
management d’une vingtaine de personnes, chargée de chapeauter d’idées, les suites présidentielles de l’Ultima restent, selon lui, moins
les différentes exploitations. Si l’on prend en compte tous les projets chères que des suites comparables dans d’autres établissements de
en cours, ce ne sont pas moins de 200 personnes qui collaborent à ce haut standing. « Il reste beaucoup de choses à faire en Suisse, dit-il.
jour dans ses différentes entreprises en Suisse. On peut encore se positionner en-dessous du marché. »
Concernant le positionnement de ses différents établissements – les William Türler
Duchessa s’adressent à un large public alors que l’Ultima vise une
clientèle très aisée avec des prix compris entre 700 et 10 000 francs
par nuit – Max-Hervé George souhaite continuer à proposer des prix Sommaire
légèrement inférieurs à ceux d’établissements comparables. A titre
3 Nyon Hostel
d’exemple, le restaurant d’Etoy propose plusieurs plats, dont les plats
du jour, pour moins de 20 francs, avec la possibilité de consom- 4-5 Actuel – Les news
6-7 Airbnb – Lausanne
Impressum 8-9 L’hôtel du Léman à Jongny
10-11 Innovation
Infotellerie Suisse romande : Magazine trimestriel d’informations touristiques et économiques
de l’Association Romande des Hôteliers. 12-13 Tourisme
Editeur : Association Romande des Hôteliers, chemin de Boston 25, 1004 Lausanne,
tél. : +41 21 617 72 56, fax : +41 21 617 72 27, e-mail : info@hotellerieromande.ch. 14 Fribourg
Site internet: www.hotellerieromande.ch
Impression: PCL Presses Centrales SA, Renens
15 Jura bernois
Rédacteur responsable : William Türler 16 En bref + Agenda
Ont collaboré à ce numéro : Philippe Thuner, William Türler, Miroslaw Halaba.
Adresse de la rédaction : William Türler, tél. +41 79 778 00 10, e-mail : willtuerler@bluewin.ch.
2 Infotellerie – Mars 2017 – No 89
Nyon
« Nous visons les touristes
avec un budget réduit »
Un nouvel établissement destiné ments abordables. Nous travaillons avec des – Combien de temps ont duré les tra-
groupes pour atteindre un meilleur taux vaux ?
aux backpackers vient d’ouvrir
d’occupation et donc une meilleure renta- – Les travaux ont duré une année, ils avaient
ses portes au Nord de la ville bilité. Il faut comprendre que ce projet est commencé début 2016. Notre hôtel est
vaudoise. Baptisé Nyon Hostel, né suite à une initiative de la municipalité: aménagé dans les anciens studios pour per-
il compte 27 chambres pour notre établissement est le fruit d’un partena- sonnes âgées de Bel-Automne, au chemin
riat public-privé entre Nyon Hostel et la Ville des Plantaz 47.
128 lits. de Nyon. Les coûts du projet sont repartis
Depuis le 1er février, Nyon compte un nouvel comme suit : 2,55 millions de francs de Nyon – Quelle est votre capacité et combien
établissement hôtelier, le Nyon Hostel. Fruit Hostel, 2,38 millions de la Ville de Nyon. de nuitées visez-vous ?
– Nous disposons de 27 chambres pour un
total de 128 lits. Nous comptons 14 dor-
toirs à 6 lits avec toilettes dans la chambre
et douche à l’étage, un dortoir deluxe
avec salle de bains dans la chambre, 8
chambres doubles avec salle de bains dans
la chambre, dont une adaptée pour handi-
capés et 4 suites familiales pour 6 personnes
maximum. Nos prix débutent à 35 francs
par personne et nous visons 20 000 nuitées
par an.
Propos recueillis par W.T.
Un nouveau dynamisme
pour la région
Directeur de Nyon Région Tourisme,
Didier Miéville se réjouit de l’arrivée du
nouveau venu : « Cet hôtel nous permet
de remplir un segment plus jeune et de
figurer dans le réseau international des
auberges de jeunesse. Il complète notre
offre actuelle, davantage orientée vers
le tourisme d’affaires. De plus, ce sera
le seul établissement de ce type entre
De gauche à droite : Manuel Arrocho (fondateur et propriétaire de Nyon Hostel), Noémie Lausanne et Genève. »
Duvillard (gérante), Andreas Kappeler (fondateur et propriétaire).
d’un partenariat public-privé, il vise princi-
palement les touristes disposant d’un bud-
get limité désirant découvrir la région. Les
explications de son associé-gérant, Manuel
Arrocho.
Des ... et des
– Quel type de clientèle visez-vous ?
– Notre cible principale sont les touristes
étoiles... casseroles
avec un budget réduit qui désirent décou- … aux touristes suisses … au manque de neige
vrir Nyon, les backpackers, les festivaliers, Alors qu’elles reculaient dans l’ensemble du La durée d’enneigement ne cesse de dimi-
les pèlerins sur le chemin de Saint-Jacques- pays (de 0,2% à 20 millions d’unités), les nuer en Suisse : 37 jours de moins en
de-Compostelle et les groupes d’écoles ou nuitées hôtelières ont augmenté de 3,4% moyenne depuis 1970 selon une étude de
de sportifs voyageant dans la région. entre mai et octobre dernier dans le canton l’université de Neuchâtel et de l’Institut fédé-
de Vaud. Il s’agit du deuxième meilleur taux ral de recherches sur la forêt, la neige et le
– Pourquoi avoir choisi Nyon ? de croissance lors de la saison d’été 2016 paysage. Et la tendance devrait s’accentuer
– Nous sommes convaincus que Nyon dis- derrière celui du Tessin. L’Office du tourisme dans les années à venir. Toutes les régions
pose d’un grand potentiel et qu’une telle vaudois a privilégié la clientèle helvétique entre 1100 et 2500 mètres sont concernées.
structure y manquait. Nous profitons par dans ses efforts promotionnels en misant Les experts insistent sur la nécessité pour
ailleurs de la proximité de Genève et de notamment sur l’œnotourisme. Alors qu’ils les stations de moyenne altitude de trouver,
son aéroport. Nous souhaitons attirer une représentaient 35% des visiteurs en 2010, dès à présent, des alternatives en diversifiant
clientèle qui, jusqu’à maintenant, ne venait les visiteurs suisses représentent aujourd’hui notamment leurs offres.
pas à Nyon car elle n’y trouvait pas de loge- une part de 45%. W. T.
Infotellerie – Mars 2017 – No 89 3
Actuel
Un nouvel appartements-hôtel Base à Vevey
L’entreprise de développement immobilier Norwood a lancé fin janvier la construction de
son nouveau projet d’appartements-hôtel Base Vevey. Situé au Quai de la Veveyse 8, l’éta-
blissement ouvrira ses portes dès janvier 2018. Il comptera 35 suites, ainsi qu’un restaurant
de 40 places réalisé en collaboration avec le cuisinier romand Benjamin Luzuy. Tout comme
la première adresse de Nyon, inaugurée en 2015 et dont le taux d’occupation moyen s’élève
à 70% (pour un tiers de séjours de longue durée), celle-ci s’adressera aux entreprises et aux
touristes de passage.
Ses promoteurs mettent en avant « une offre présentant le confort et la liberté d’un appar-
tement, augmenté par les services d’un hôtel quatre étoiles » pour des séjours de courte,
moyenne ou longue durée. Outre une cuisine équipée, les résidents pourront compter sur
un fitness, une terrasse avec bar estival sur le toit, un sauna et une salle de réunion. La
façade du nouveau bâtiment a été conçue par le bureau Richter Dahl Rocha & Associés, à
Lausanne. Pour son troisième projet, Base mettra le cap sur Vienne avec un nouvel établis-
sement de 120 suites prévu pour novembre 2018.
Façade du Base Vevey
Vues des chambres du Base Nyon.
© Marcel Kultscher
© Marcel Kultscher
Moët Hennessy lance son Des chambres à l’heure dans les hôtels Mövenpick
premier cru chinois Depuis peu, la chaîne hôtelière Mövenpick collabore avec la start-up française Dayuse.com
Le 5 décembre dernier, Moët Hennessy pour générer des réservations facturées à l’heure durant la journée. Tous les hôtels situés
(la branche Vins & Spiritueux du groupe à proximité d’un aéroport (Genève, Zurich et Regensdorf) sont concernés. A travers cette
LVMH) a lancé au Grand Hôtel Kempinski nouvelle offre, le groupe vise essentiellement la clientèle avec des vols de correspondance.
à Genève son premier vin chinois. Nommé D’autres grandes chaînes comme Accor ou Marriott proposent des offres similaires. A condi-
Ao Yun, il provient de vignobles pous- tion d’occuper la chambre exclusivement entre 9 h et 17 h, les tarifs peuvent être jusqu’à
sant à Adong, village chinois isolé à 2500 40% inférieurs à ceux appliqués pour une nuit de sommeil. La plateforme relève que son
mètres d’altitude, au pied de l’Himalaya. offre permet de stimuler le chiffre d’affaires des hôteliers en mettant à disposition les 70%
Les producteurs soulignent que dans de de chambres habituellement vides durant la journée.
telles conditions les cépages sont exposés
à de puissants rayons ultraviolets et à une
photosynthèse permettant une concen-
Christophe Ming, candidat au Grand
tration d’arômes particulière, avec notam-
ment des notes intenses de fruits rouges Conseil vaudois
et noirs interagissent avec de saveurs de Directeur des Hôtels Astra Vevey et du Nord Aigle, Christophe
cannelle, de muscade, de poivre noir et de Ming, 41 ans, est candidat PLR au Grand Conseil vaudois. Parmi
vanille. La bouteille a été montrée pour la ses priorités, il souhaite garantir l’emploi du tertiaire (notamment
première fois à Hong Kong lors de l’expo- les métiers liés au tourisme), la transmission d’entreprises et
sition Vinexpo en mai 2016. Ce vin a été l’éducation. Conseiller communal à Vevey et président de
lancé dans 10 pays (USA, Angleterre, la Fête des Narcisses 2015 et de l’Association Sécurité
France, Allemagne, Suisse, Hong Kong, Riviera 2016, il aimerait réduire la charge administrative
Singapour, Japon, Taïwan, Malaisie, sur les entreprises et limiter les dépenses sociales aux
Chine). La production annuelle s’élève personnes qui en ont véritablement besoin pour privilé-
à 24 000 bouteilles, dont environ 500 gier la formation et les infrastructures utiles aux habi-
destinées au marché suisse. tants. Il propose notamment de développer l’accueil
et le « bien manger » dans les établissements scolaires
et UAPE en mettant l’accent sur la nourriture locale et
de saison. Enfin, il souhaiterait libéraliser les horaires
des commerces afin d’être en adéquation avec les
modes de vie des habitants et assurer ainsi une équité
entre petits commerces et grandes enseignes.
4 Infotellerie – Mars 2017 – No 89
Actuel
Forte croissance des plateformes de réservation
en ligne dans la distribution hôtelière suisse
La part des réservations de chambres d’hôtel suisses réalisées au travers des plateformes
de réservations en ligne (OTA, online travel agencies) a explosé l’année dernière. Selon une
étude de l’Institut de tourisme de la HES-SO Valais réalisée avec le soutien d’hotelleriesuisse,
elle représentait plus de 27% du total des nuitées générées contre 20,6% en 2015. Les trois
OTA principales que sont booking.com, Expedia et HRS totalisent ensemble 93% du mar-
ché des plateformes en ligne. Les réservations directes (client-hôtel) par e-mail ou téléphone
sont passées pour la première fois sous la barre des 60%. Des résultats qui confirment la
dépendance croissante des établissements hôteliers vis-à-vis des plateformes de réservation Les entreprises s’unissent
en ligne et l’importance de l’internet pour les hôteliers. Selon les projections, d’ici 2020, dans la formation
plus de 50% des réservations s’effectueront en ligne et non plus directement auprès des professionnelle
hôteliers.
otel & Gastro Formation Vaud a lancé
H
un projet de formation visant à mettre
en contact des entreprises désirant for-
mer, mais ne disposant pas forcément des
Réza Nahaboo du départements nécessaires dans leur hôtel
ou restaurant pour la formation envi-
Royal Savoy, meilleur sagée. « L’apprenti passera chaque fois
sommelier de Suisse une année dans trois différentes entre-
Responsable de la cave du Royal Savoy, prises du réseau », souligne la présidente
Réza Nahaboo a été élu le 30 octobre Françoise Guilloud. Les jeunes pourront
dernier meilleur sommelier de Suisse. Aux ainsi élargir leurs connaissances profes-
côtés du lauréat figuraient deux autres sionnelles et à terme linguistiques. Des
finalistes: Aurélien Blanc du Baur au Lac échanges avec la Suisse alémanique sont
à Zurich et Fabien Mène du Mandarin en effet envisagés. Le travail adminis-
Oriental à Genève. Agé de 29 ans, Réza tratif de ce nouveau système sera effec-
Nahaboo est originaire de La Réunion. Il tué par les bureaux d’Hotel & Gastro
a notamment travaillé au Pas de l’Ours de Formation Vaud à Pully et plus particu-
Crans-Montana, chez Rochat à Crissier et lièrement par Eric Dubuis, qui entrera en
aux Alpes à Orsières. Afin de constituer fonction le 1er juin prochain. « Les avan-
la carte du Royal Savoy, il devait s’inspirer tages de ce réseau sont pour les entre-
de l’ossature de celle du Schweizerhof de prises un allègement des tâches admi-
Berne, qui appartient au même groupe que nistratives, une plus grande palette de
l’établissement lausannois et rester dans un formations à offrir et pour le jeune une
même esprit de « Suisse ouverte ». La carte ouverture à des savoirs nouveaux avec
compte actuellement 300 références, dont différentes techniques de travail, résume
environ un tiers de vins suisses. « C’est un Françoise Guilloud. Le nouvel appren-
éventail de goût faisant la part belle à l’arti- tissage de spécialiste en communication
sanat », résume-t-il. hôtelière en est un très bon exemple. »
Grand Tour de Suisse :
plus de 290 000 nuitées
supplémentaires
Dans le cadre d’une enquête représenta-
tive, les touristes empruntant l’itinéraire
routier du Grand Tour de Suisse ont été
dénombrés et interrogés l’été dernier. Le
nombre estimé de voyageurs recensés sur
le parcours se situe dans une fourchette
de 45 000 à 55 000 personnes. Par ailleurs,
les touristes suisses et étrangers voya-
geant le long des 1600 km de l’itinéraire
lui consacrent 6,5 jours en moyenne. Au
total, durant la saison estivale 2016, les
voyageurs du Grand Tour ont généré de
290 000 à 360 000 nuitées (hôtellerie et
parahôtellerie) en Suisse.
© Suisse Tourisme/Markus Buehler
Sur la route du Grand Tour de Suisse,
à Airolo au col du St-Gothard.
Infotellerie – Mars 2017 – No 89 5
Airbnb
Concurrence d’Airbnb :
la réflexion se poursuit
Alors que la plateforme de interdire ce type de sous-location, dans le sons (LADB). Un diagnostic de l’offre et de
cas où ses membres se verraient gênés par la demande sur Airbnb sera effectué avant
location entre particuliers ne
ces dernières. toute démarche proactive, en tenant compte
cesse de gagner du terrain en des évolutions sociétales et des modèles
Suisse, autorités fédérales et Paupérisation du patrimoine locatif économiques issus de l’économie 4.0. « En
cantonales songent à instaurer Sur le plan cantonal, la réflexion avance éga- première analyse toutefois, pour autant que
lement. Chef de la police vaudoise du com- l’activité Airbnb soit le fait occasionnel de
un cadre légal. Tour d’horizon. merce, Albert von Braun souligne que les particuliers, dont les revenus additionnels
locations de type Airbnb pourraient, « selon ainsi obtenus se doivent d’être déclarés pour
L’offre d’Airbnb explose en Suisse. Selon leur fréquence et leur intensité, avoir un être imposés comme tels, il paraît délicat
une étude récente réalisée par le cabinet effet de paupérisation du patrimoine loca- d’identifier une concurrence déloyale avec
spécialisé dans l’immobilier Wüest & Partner,
près de 15 000 biens représentant 55 000 lits
étaient disponibles à la location sur la pla-
teforme américaine au mois de mars de
l’année dernière. Un nombre équivalent
à près du quart du marché hôtelier suisse
(240 000 lits en 2015). Quelle réponse en
termes d’encadrement les autorités canto-
nales et fédérales envisagent-elles d’appor-
ter à cette nouvelle offre, considérée comme
une concurrence par le secteur hôtelier ?
Droit du bail et de la propriété
Mi-janvier, le Conseil fédéral a donné son
feu vert à l’établissement d’un rapport sur
l’économie digitale. Concernant la problé-
matique d’Airbnb, l’Office fédéral du loge-
ment (OFL) est chargé d’élaborer diverses
propositions d’ici à la fin de l’année. Un rap-
port intermédiaire est attendu dès cet été.
Les taxes de séjour et le contrôle de l’hy-
giène relèvent des communes et du canton.
La Confédération peut cependant agir sur
divers aspects liés au droit du bail et à celui
de la propriété. Plusieurs pistes sont envisa-
gées. Parmi celles-ci, figure notamment la Près de 15 000 biens représentant 55 000 lits étaient disponibles à la location sur Airbnb
question du consentement du bailleur dans l’année dernière.
le cas de sous-locations. La question se pose,
en effet, de savoir si l’on souhaite à l’ave-
nir faciliter ou non cette procédure et dans tif ». Le dossier a été confié au Service des les hôtels, qui ont un modèle économique
quelles proportions (demande effectuée communes et du logement (SCL). différent et proposent une offre réservée à
pour chaque touriste, interdictions partielles, En ce qui concerne le prélèvement d’une un autre type de clientèle », souligne Albert
etc.) taxe de séjour (plusieurs communes s’in- von Braun. A cet égard, hôtels et Airbnb pré-
« Il est peu probable que l’on aboutisse à une quiètent du fait que les nuitées proposées sentent, selon lui, une certaine complémen-
interdiction complète pour les sous-locations sur la plate-forme échappent totalement à tarité.
régulières comme c’est le cas dans des villes celle-ci), une première séance de réflexion La perception de la situation serait radica-
européennes telles que Berlin par exemple », a eu lieu en 2016. Le prélèvement de cette lement différente s’il venait à être démon-
indique Cipriano Alvarez, responsable du taxe étant de compétence strictement tré que l’activité Airbnb, par sa fréquence,
secteur du droit à l’OFL. Contrairement à communale (la taxe de séjour cantonale son intensité, ou l’identité des bailleurs
d’autres pays, la Suisse adopte tradition- a été abrogée en 2008), c’est également (personnes morales poursuivant un but
nellement une posture libérale dans ce au Service des communes et du logement économique) prenait des atours profes-
domaine. En revanche, des encadrements qu’il incombera d’en coordonner un éven- sionnels : « On pourrait alors constater qu’il
permettant de lutter contre des abus ne sont tuel traitement au niveau cantonal. A noter y a concurrence avec le secteur hôtelier et
pas exclus. que plusieurs grandes communes, comme il serait nécessaire de soumettre le modèle
En ce qui concerne le droit de la propriété Lausanne, ont pris les devants et étudié des Airbnb à des exigences similaires à l’hôtel-
– de plus en plus de loueurs sur Airbnb sont solutions dans leur propre sphère de com- lerie en termes de formation, d’autorisa-
des propriétaires et non des locataires – pétence. tions, de fiscalité, de respect des normes
l’une des questions étudiées concerne les Des réflexions globales sont également en d’hygiène et anti-incendie ou de taxe de
PPE. Il s’agira notamment de savoir si la com- cours dans le canton de Vaud au niveau séjour pour honorer le principe d’égalité de
munauté des copropriétaires pourra ou non de la loi sur les auberges et débits de bois- traitement.»
6 Infotellerie – Mars 2017 – No 89
Lausanne
Un premier hôtel
Cohérence avec la réglementation
imposée
Ailleurs en Suisse romande, le dossier est
Moxy au Flon
également étudié de près. Dans le canton de
Fribourg, où cette thématique a été abordée
en début d’année avec les professionnels du
secteur hôtelier, des moyens nouveaux per-
mettant de garantir une cohérence avec la
réglementation imposée aujourd’hui à l’héber- Le quartier lausannois poursuit « La demande est grande au centre-ville,
notamment la semaine pour le tourisme
gement touristique dans sa forme plus clas- son développement hôtelier.
sique sont envisagés par le Service de la police d’affaires, poursuit Hélène Demont. Le
du commerce. Plus particulièrement dans le D’ici deux ans, il comptera un concept Moxy est très éloigné de l’hôtel-
domaine de l’aménagement du territoire, des nouvel établissement destiné à lerie de tradition du Lausanne Palace et ne
constructions, de la sécurité incendie, mais un public jeune et urbain. vise pas la même clientèle. Quant à Lhotel,
également du tourisme (taxe de séjour) ou il se situe dans une catégorie avoisinante du
encore de la patente. futur Moxy. Force est de constater que le
Dans le canton du Jura, la problématique Dès fin 2019, verra le jour, à l’ouest du succès est au rendez-vous et qu’il ne désem-
d’Airbnb a également été abordée lors d’une quartier du Flon, le premier hôtel Moxy plit pas. Il y a encore peu d’offre 3 étoiles en
récente rencontre avec les professionnels de la de Suisse. L’endroit n’as pas été choisi au centre-ville de Lausanne. » C’est d’ailleurs le
branche, même si, selon Line Gambaro, secré-
taire au Service de l’économie et de l’emploi,
« la situation jurassienne n’est en fait pas
aussi préoccupante qu’elle peut l’être dans de
grandes villes ». A titre de comparaison, dans
le Jura la location par cette plateforme repré-
sente un peu moins de 10% des lits, alors que
dans le canton de Vaud ce taux s’élève à 25%.
En matière de tourisme, la location d’appar-
tements de vacances sans prestations de
service hôtelier n’est pas soumise à la loi sur
les auberges. Cette activité n’est donc pas
contrôlée. « A ce jour, aucune demande de
modification de la loi n’est pendante sur le
plan politique », ajoute Line Gambaro. Elle
souligne, accessoirement, que la location
d’appartements de vacances ou de résidences
secondaires existe depuis toujours, bien avant
l’arrivée de sites internet dédiés.
En ce qui concerne l’imposition des revenus Les hôtels Moxy sont notamment présents à Milan, Munich et Berlin.
tirés de la location d’appartements, celle-ci
incombe au Service des contributions. « On hasard : la marque trois étoiles du groupe succès de cet établissement – dont le taux
peut toutefois se demander si, sur le plan hôtelier américain Marriott vise une clientèle d’occupation dépasse 80% – qui a donné
fiscal, le fait de tirer de telles locations un jeune à la recherche d’un style contempo- l’idée au groupe de lancer un Moxy à l’autre
revenu prépondérant ne doit pas être consi- rain assorti d’un bon rapport qualité-prix. extrémité du quartier. Pour rappel, Lhotel
déré comme une activité indépendante, ce qui Le début des travaux est prévu au premier appartient également au groupe Mobimo et
pourrait alors constituer une source d’inégalité semestre 2018. L’emplacement se situe est géré par le Lausanne Palace.
de traitement avec les autres acteurs hôte- à la rue Vigie 3, où le bâtiment actuel L’investissement pour ce nouveau projet est
liers, relève la secrétaire. A notre avis, c’est sera démoli pour permettre cette nouvelle compris entre 20 à 25 millions de francs.
une question qui devrait être traitée à l’échelle construction. Il occupait auparavant une L’établissement comptera 110 chambres,
nationale. » imprimerie, un bureau d’architecture et un avec un bar pour le petit-déjeuner et un rez-
Du côté de Neuchâtel, enfin, la législation studio d’enregistrement. de-chaussée ouvert au public. L’hôtel propo-
cantonale ne fait pas de différence entre les « Le quartier du Flon a subi une mutation sera à sa clientèle un lobby articulé autour
chambres d’hôtes traditionnelles et Airbnb. très dynamique tout en préservant une iden- du bar, ainsi que des chambres offrant un
Les logeurs Airbnb sont donc soumis aux tité forte grâce à la mixité des locataires, confort ultramoderne.
mêmes obligations que les autres hébergeurs relève Hélène Demont, porte-parole du Du côté de Lausanne Tourisme, on se
en termes d’obtention d’autorisations, de groupe immobilier Mobimo, propriétaire du montre flatté par le choix de Marriott, dont
paiement de la taxe de séjour et des rede- quartier du Flon et du bâtiment dont Moxy la marque Moxy est présente dans plusieurs
vances. Dans les faits, toutefois, la mise en est le locataire. Après une étude de marché, métropoles européennes telles que Milan,
œuvre de cette nouvelle législation est encore il s’est avéré qu’il existait une forte demande Munich, Berlin et bientôt Londres. « Cela va
en cours, tout comme la mise en conformité à Lausanne. De plus, le site sera fortement dans le sens de notre stratégie de dévelop-
des logeurs Airbnb. « Pour l’avenir, nous envi- dynamisé avec l’arrivée prochaine du tram pement de l’offre de loisir, Lausanne étant
sageons une réflexion plus large sur l’écono- à la rue de Genève. » Ce sont la centralité actuellement surtout orientée vers le tou-
mie 2.0 et les nouveaux défis qu’elle repré- du quartier et la vie qu’il génère avec une risme d’affaires », note le directeur Steeve
sente pour les pouvoirs publics, notamment offre diversifiée en matière de loisirs, de res- Pasche. Le nouvel établissement devrait,
en matière d’égalité de traitement avec l’éco- tauration, de commerces, de formation et selon lui, permettre de renforcer la fré-
nomie traditionnelle », souligne Pierre-François de culture, qui ont séduit SV Group, société quentation les weekends et accompagner la
Gobat, chef de service et vétérinaire cantonal. spécialisée dans la restauration et la gestion croissance des nuitées au sein de la capitale
hôtelière qui détient la franchise et sera l’ex- vaudoise, qui s’élevait à 6% en 2016.
William Türler ploitant de l’hôtel. W.T.
Infotellerie – Mars 2017 – No 89 7
Jongny
L’Hôtel du Léman souhaite mieux se
Etabli à Jongny, dans les hau- région. » Alors que le Chalet du Léman et de l’hôtel Les Sources des Alpes à Loèche-
pouvait accueillir jusqu’à 80 personnes, la les-Bains. D’ici une année, le bar, situé à
teurs de Vevey, l’établissement
capacité du nouveau restaurant de l’hôtel côté de la réception, devrait également être
vient de rénover son restau- est de 130 places assises. Aux fourneaux, directement connecté avec la terrasse.
rant. Il sera accompagné pro- on retrouve l’Alsacien Laurent Omphalius, Racheté en 1923 par la Coop, le bâtiment
chainement d’un nouveau deck. ancien de l’Auberge de l’Ours à Vers-l’Eglise principal du l’Hôtel du Léman était autre-
Nathalie Mika-Huys, directrice de l’Hôtel
du Léman.
Essentiellement connu en tant que centre
de séminaires, l’Hôtel du Léman souhaite
poursuivre son ouverture, entamée il y a une
dizaine d’années, auprès de la clientèle indi-
viduelle. Devenu au fil des ans un peu vieil-
lot, son restaurant, rouvert depuis le 9 mars,
a été repensé dans un esprit plus contempo-
rain, avec de larges baies vitrées et quelques
références aux années 1960. Dès cet été, il
sera accompagné d’un nouveau deck per-
mettant aux visiteurs de profiter de la vue
sur la Riviera.
Pendant les deux mois de travaux (entre jan-
vier et mars), l’établissement a installé dans
sa cour un restaurant éphémère, baptisé le
Chalet du Léman. Dans un style alpin-chic,
ce dernier proposait une carte de spécialités
helvétiques privilégiant les produits locaux
élaborés par les voisins de l’hôtel, notam-
ment la Laiterie de Châtel-Saint-Denis et le
vigneron-encaveur Jean-Michel Taverney &
Fils. Habituellement utilisée au marché de
Noël de Vevey, la structure en bois a été
montée par le Garden Centre Brönnimann,
à Noville.
Esprit d’ouverture
« Nous sommes encore trop souvent asso-
ciés à la Coop, propriétaire de notre éta-
blissement, souligne la directrice Nathalie
Mika-Huys. Notre but est de poursuivre
notre ouverture auprès de la clientèle pri-
vée et mieux nous faire connaître dans la
8 Infotellerie – Mars 2017 – No 89
Jongny
e faire connaître
fois la demeure d’une aristocrate russe.
«Initialement, c’était exclusivement un lieu
de vacances pour les cadres de l’entreprise et
leur famille», note Nathalie Mika-Huys. Par
la suite, le lieu est devenu l’un des centres de
formation du géant de la distribution, avant
© Hôtel du Léman
p Dès cet été, l’hôtel comptera un nouveau deck qui permettra aux visiteurs de profiter
de la vue sur la Riviera.
t D’ici une année, le bar devrait être directement connecté avec la terrasse.
qLe restaurant éphémère Chalet du Léman.
de s’ouvrir à d’autres entreprises, puis à une sage. L’établissement accueille également
clientèle plus large. des groupes de visiteurs étrangers et affiche
Au total, l’hôtel basé à Jongny emploie complet durant la période du Montreux Jazz
26 collaborateurs. Il compte 14 salles de Festival. Il est désormais ouvert toute l’an-
séminaires et 64 chambres pour 100 lits, née, sauf entre Noël et Nouvel An. Il fermait
© Hôtel du Léman
avec un taux d’occupation de 60% en 2016. auparavant ses portes durant tout l’été.
La clientèle se compose de personnes suivant
un séminaire et de clients d’affaires de pas- William Türler
Infotellerie – Mars 2017 – No 89 9
Innovation
Des repas à l’emporter
ou à découvrir à domicile
Plusieurs nouvelles offres en commander quotidiennement de bons plats
maison cuisinés par nos chefs avec des pro-
ligne voient le jour en matière
duits de qualité et de saison », souligne le
de restauration et de livraison cofondateur Julien Badan, 29 ans.
de plats. Tour d’horizon. Le concept est basé sur l’économie à la
demande. Les livraisons sont effectuées en
De plus en plus d’entrepreneurs se lancent une vingtaine de minutes ou selon un cré-
dans le secteur de la gastronomie en pro- neau horaire choisi à l’avance par le client,
posant des offres alternatives et inno- avec la possibilité de géo-localiser le livreur
vantes. C’est le cas de la société lausannoise à la manière d’Uber avec ses chauffeurs.
Gookers, qui met en relation acheteurs et « Nous intégrons l’entier de la chaîne de
vendeurs de plats à l’emporter à travers deux valeur, de la production jusqu’à la livraison,
applications. « L’acheteur ne perd plus de ajoute Julien Badan, qui a lancé son site avec
précieuses minutes dans les files d’attentes un associé après avoir travaillé 5 ans dans
et le vendeur peut accepter ou refuser des la finance et obtenu un diplôme à l’Ecole
commandes en un clic », note le corespon- hôtelière de Lausanne. Cela nous permet de
sable Baptiste Mommer. rationaliser les dépenses. Notre structure de
L’idée est née dans la tête des deux cofonda- coût est optimisée, notamment grâce à la
teurs Guillaume Roux (médecin de 28 ans) et technologie. »
Ludivine Roux (ancienne étudiante de l’Ecole
hôtelière de Lausanne et actuelle CEO de
l’entreprise, 27 ans) alors qu’ils se deman-
daient si leur voisine pouvait cuisiner pour
eux sur demande et leur fournir leur repas
lorsqu’ils rentraient chez eux le soir après
leurs cours. La start-up emploie aujourd’hui
8 personnes et compte ses propres bureaux
au parc de l’Innovation de l’EPFL. Elle
dénombre quelques milliers d’acheteurs
pour une centaine de vendeurs répartis dans
les cantons du Valais, Vaud et Genève. Parmi
ses partenaires, on peut mentionner Mauro
Traiteur et Sushi Zen à Lausanne ou Burger
Lounge à Crans-Montana.
« Plus de 2000 plats ont déjà été comman-
dés au travers de nos applications, se réjouit
Baptiste Mommer. Nous nous trouvons dans
une phase de pleine croissance. A court
terme, notre but est de devenir un acteur
incontournable entre le Valais, Lausanne et
Genève, avant de nous attaquer, dès cet été,
aux grandes capitales européennes comme
Paris, Londres ou Berlin. » La société prend
une commission oscillant entre 5 et 15%
sur chaque plat vendu. Elle est prélevée sur
le prix de vente et ce dernier ne peut être
supérieur aux prix affichés sur les menus.
Une autre source de revenus provient des
annonceurs sur l’application, ainsi que des
données collectées.
Restaurant 100% en ligne
Autre exemple, le site lausannois Mium.ch,
lancé en novembre de l’année dernière, se
présente comme un restaurant 100% en
ligne. « Nous offrons via un site web et bien-
tôt une application mobile, la possibilité de
Divers plats proposés par Mium.ch,
notamment des salades de lentilles
et de la soupe à la courge.
10 Infotellerie – Mars 2017 – No 89Innovation
La jeune société, qui enregistre une crois- déjeuners, des brunchs, des apéros, des
sance à deux chiffres de mois en mois, déve- visites de marché, des cours de cuisine,
loppe divers partenariats en Suisse romande des pique-niques ou des promenades culi-
et souhaite, à terme, créer une commu- naires. Dans les années à venir, la plateforme
nauté autour de son site au-delà de la compte focaliser son expansion en Europe,
simple livraison de plats. Elle figure parmi les continent où l’on enregistre plus de la moi-
start-ups sélectionnées pour participer au tié des arrivées de touristes internationaux,
grand prix de Génération Entrepreneur, un selon les données recueillies par les cofon-
concours organisé par l’association Newbiz dateurs.
sponsorisé par de nombreuses entreprises
de la région. Nécessité d’encadrement
Ces diverses offres restent pour l’heure limi-
Restauration à domicile tées. Mais elles pourraient représenter une
De son côté, la plateforme française VizEat, Ludivine et Guillaume Roux, cofondateurs nouvelle concurrence pour le secteur de la
lancée il y a trois ans, souhaite combiner gas- de la plateforme Gookers.com. restauration si elles venaient à se généraliser.
tronomie et rencontres insolites. Le concept D’où la nécessité d’encadrer ces démarches,
est le suivant : on choisit chez qui on veut aiment ou font dans la vie. La start-up pré- notamment pour des raisons d’hygiène et
aller, ce que l’on souhaite manger, à quel lève une commission de 15% sur chaque pour éviter toute concurrence déloyale.
prix et quel jour, sur la base des commen- transaction, qui inclut notamment une L’essor de ces initiatives illustre néanmoins
taires des autres utilisateurs. Le site comptait assurance responsabilité civile pour l’hôte plusieurs évolutions dans les modes de vie
l’année dernière plus de 70 000 membres et et le visiteur. Le paiement se fait directe- et consommation des gens, liées à une plus
15 000 hôtes dans une soixantaine de pays, ment depuis le site et l’hôte reçoit la somme grande mobilité et à des horaires de travail
dont la Suisse, avec une croissance de 20 à convenue le lendemain du repas. Ceux-ci plus flexibles. Des tendances que les restau-
25% par mois. coûtent en moyenne une trentaine de francs rateurs devront continuer à intégrer à leurs
Une fois inscrits, les membres commencent par personne. offres dans les années à venir.
par communiquer entre eux, échanger sur Au-delà des dîners gastronomiques, il est
leurs préférences culinaires et sur ce qu’ils également possible d’organiser des petits William Türler
La start-up collabore notamment avec
Sushi Zen à Lausanne.
Infotellerie – Mars 2017 – No 89 11Tourisme
Un bilan mitigé pour les stations
de montagne
© Maxime Coquard
L’hiver écoulé s’est montré ski, mais aussi beaucoup de demande pour A Chamonix, plus de la moitié de la fré-
des activités annexes telles que le tobogga- quentation est constituée par la clientèle
lobalement peu généreux en
g
ning, la piscine, le tennis, la patinoire ou le étrangère et notamment anglaise. La Suisse
neige. Etat des lieux et tour curling. A Château-d’Œx, où l’arrivée de la constitue le 5eme marché étranger.
d’horizon dans les Alpes neige à basse altitude est de plus en plus
audoises, la Vallée d’Aoste
v tardive, diverses activités automnales sont
proposées aux visiteurs, comme la randon-
et la Haute-Savoie. née et le VTT. A Villars et aux Diablerets, on
vée tardive des premières chutes de neige.
« Le positionnement le dimanche des jours
mise également sur la diversité des offres en
de Noël et de Nouvel An n’a pas aidé non
La Suisse romande vient de connaître son allant des drones pour filmer les prouesses
plus », souligne Arnaud Jamson, chargé
hiver le plus sec depuis une cinquantaine des visiteurs sur les pistes, aux chiens de traî-
des politiques commerciales à l’office de
d’années. Les précipitations représentaient à neau ou encore au ski attelé.
tourisme de la vallée de Chamonix–Mont-
peine 20 à 30% des mesures récentes avec
Des semaines de ski de plus en plus Blanc. Il note cependant des facteurs encou-
des températures dépassant la normale de 2
courtes rageants avec le retour de la clientèle russe
à 3 degrés, selon MétéoSuisse. Conséquence
début janvier. Des séminaires nombreux sur
de cette douceur: le manque de neige. Une Le manque de neige a aussi été ressenti
la seconde partie du mois de janvier et début
situation a priori compliquée pour les sta- du côté de la Vallée d’Aoste. Directeur du
février ont permis de renforcer les remplis-
tions de montagne même si le soleil était au Nira Montana, un hôtel 5 étoiles établi à La
sages.
rendez-vous, après huit années consécutives Thuile, Giuseppe Artolli se déclare cepen-
Les réservations ont tendance à être de plus
d’ensoleillement déficitaire. dant globalement satisfait de la saison, mal-
en plus tardives. « Les clients comparent
A Leysin, l’office du tourisme relève que gré plusieurs évolutions dans les habitudes
énormément à l’aide des outils à leur dispo-
malgré la caractéristique très capricieuse des visiteurs : « La semaine au ski devient de
sition sur le web, poursuit Arnaud Jamson.
de la saison – qui a alterné avec de longues plus en plus courte. Seuls les Anglais et les
Nous avons constaté des réservations à
périodes sèches et chaudes suivies de pluie Suédois viennent encore pour une semaine
J-15 beaucoup plus nombreuses que les
à 1400 m transformée parfois en neige – la entière. Les clients de proximité, en prove-
autres années avant les vacances de février.
clientèle des colonies de vacances était pré- nance de Suisse et de France, ont tendance à
Il y a pas mal d’attentisme pour prendre en
sente au rendez-vous. A Château-d’Œx, la ne rester qu’un long weekend. »
compte le facteur météo et profiter d’offres
saison a également été vécue comme difficile Au sein de cet établissement, la clientèle
de dernières minutes. » Pour ce qui est de
et le bilan est mitigé par rapport à une sai- principale durant la saison d’hiver reste ita-
la provenance des visiteurs, plus de la moi-
son hivernale standard. L’appréciation semble lienne, suivie de près par les Anglais, puis
tié de la fréquentation est constituée par la
un peu plus positive du côté de Villars et les Suisses et les Français. «Les Russes sont
clientèle étrangère, la majorité provenant
des Diablerets, malgré quelques frustrations présents en force, mais uniquement pour les
d’Angleterre. La Suisse constitue le 5e mar-
dues, là aussi, au manque d’or blanc. Malgré fêtes de fin d’année et la première semaine
de janvier, poursuit le directeur. Quant ché étranger avec une forte proportion
la cherté du franc, la fréquentation est restée
aux Suédois, ils arrivent surtout en groupe d’excursionnistes à la journée ou pour les
globalement stable par rapport à l’année der-
durant le mois de mars.» weekends.
nière. Les marchés principaux sont la Suisse,
William Türler
la France, l’Allemagne et l’Angleterre.
En ce qui concerne les tendances observées, Réservations toujours plus tardives
l’office du tourisme de Leysin constate l’essor Du côté de la Haute-Savoie, la saison a
d’une consommation multi-activité avec du également pris du retard en raison de l’arri-
12 Infotellerie – Mars 2017 – No 89Vous pouvez aussi lire
